Le texte ci-dessous est la préface du manuel par E. Cuissart.
La méthode que
nous offrons aux instituteurs et aux institutrices diffère un peu de toutes
celles qui existent. Nous en avons conçu l’idée après la lecture du remarquable
rapport de M. Buisson sur l’exposition de Vienne. Mais nous en avions déjà
appliqué les principes, comme instituteur, de 1852 à 1865, en employant
fréquemment le tableau noir, pour l’enseignement de la lecture. Ce système nous
permettait de choisir les mots et les phrases et de les faire servir ensuite à
des exercices d’écriture et de dictée.
Beaucoup
d’instituteurs font de même aujourd’hui. Ils enseignent simultanément
l’écriture et la lecture au moyen d’exercices et de procédés qui leur sont
spéciaux. C’est la meilleure des méthodes.
Pourquoi ?
– Parce que, dans ce cas, on est sûr que le maître se réserve la plus grande
somme d’efforts et de travail, et qu’il tâche d’aplanir à ses élèves les
difficultés de ce premier enseignement, toujours si aride et si ingrat.
Il imite en
cela la mère qui s’ingénie par mille moyens pour que son enfant arrive, peu à
peu, à agir, à bégayer, à se servir de ses organes et de ses membres.
C’est là tout
le secret, tout l’exposé de notre méthode.
Nous traçons
la voie, nous fournissons une partie des matériaux, nous donnons quelques
conseils, mais il faut ensuite que le maître paie beaucoup de sa personne. Du
reste, quelle que soit la matière enseignée, rien ne remplace la parole et les
démonstrations du maître.
Nous nous
servons des images pour plusieurs raisons : elles plaisent aux enfants,
elles attirent leur attention, elles fournissent aux maîtres la matière d’une
leçon orale préparatoire, c’est le moyen de mettre l’enfant en éveil, de la
préparer pour la double ou triple leçon qu’il va recevoir. Les enfants aiment à
crayonner, à dessiner. Les images de
leur livret pourront encore, au besoin, servir d’exercices de dessin, donner matière à une occupation
récréative, ce qui a son importance.
Le son et
l’articulation seront en quelque sorte détachés du nom de l’image et représentés ensuite par l’écriture.
L’intelligence de l’enfant est ainsi tenue constamment en haleine ; on
procède du connu à l’inconnu ; les difficulté sont aplanies, mesurées.
L’écriture vient au secours de la mémoire.
L’enfant retiendra mieux la forme d’une lettre quand il l’aura écrite ; de
même, en écrivant toutes les lettres qui entrent dans la composition des
syllabes et des mots, il sera amené à mettre l’orthographe naturellement et
sans efforts.
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Instructions sur l’emploi de la méthode
La méthode
comprend trois livrets :
1er
livret, étude des voyelles et des consonnes simples ;
2ème
livret, étude des sons et des articulations composées ;
3ème
livret, lectures courantes enfantines.
Les quelques
premières leçons seront consacrées à des exercices préparatoires à l’écriture.
On fera distinguer aux élèves la droite de la gauche, le haut du bas, la ligne
supérieure et la ligne inférieure ; on les exercera à tracer de petites
lignes horizontales, verticales, obliques, etc., de façon à ce qu’ils puissent
bientôt faire ce qu’on est convenu d’appeler des bâtons. Tous ces exercices se feront au tableau noir et sur les
ardoises.
Toutes les
leçons doivent se donner par le maître, du geste et de la voix, au moyen de la
craie, au tableau noir.
Le maître
parlera et fera parler ; il n’abandonnera une leçon pour la leçon suivante
que lorsque la première aura été parfaitement sue. Il ne faut rien laisser
derrière soi. C’est le moyen d’aller vite.
Les moniteurs,
quand on sera dans la nécessité de les employer, ne serviront qu’à faire
répéter les leçons déjà démontrées, expliquées et apprises, à guider une
lecture mécanique au tableau noir ou sur les livrets, à surveiller l’exécution
d’une page d’écriture ou d’une copie quelconque.
Le maître
n’oubliera pas que chaque leçon doit avoir pour but de faire distinguer un son, une lettre, de les faire lire,
écrire et qu’elle doit, par la
manière dont elle sera donnée, contribuer au développement intellectuel et
moral de l’élève. Il est difficile de préciser complètement à quel genre de questions
chaque leçon doit donner lieu ; nous indiquerons cependant :
1° Exercices de langage, leçon orale sur
l’image.
2° Indication au tableau de la forme de la
lettre, ou écriture des lettres composant les sons ou articulations.
3° Leur reproduction sur l'ardoise un
certain nombre de fois, ou sur des cahiers, au moyen de crayons doux.
4° Exercices d'application au tableau noir,
toujours reproduits sur l'ardoise, des divers matériaux de la leçon, des
devoirs de récapitulation etc.
5° Exercices fréquents de lecture
collective, des syllabes, des mots, puis lecture individuelle par chaque enfant
désigné isolément, au hasard, en ayant soin de s'occuper surtout de ceux qui
vont moins vite.
6° Dictée des mots lus et écrits, dès que
les enfants seront assez exercés à l'écriture.
7° Explication des mots, construction de
phrases orales dans lesquelles entreront les mots étudiés.
8° Culture du
sens moral, qualités du cœur, sentiments de patriotisme, de charité, d'humanité
à développer, etc.
OBSERVATIONS ESSENTIELLES
I. Chaque leçon des livrets pourra faire l'objet de plusieurs leçons ; aller lentement ; revenir souvent en arrière.
II. Les exercices de lecture seront toujours inscrits au tableau noir avant la leçon. Il arrivera que le maître prendra la craie pour écrire des nouveaux mots, indiquer la forme des lettres, la manière de les former, etc.
III. Les leçons seront courtes : un quart d'heure au plus ; il en faut au moins deux par classe du matin et du soir.
IV. Les leçons de lecture seront suivies d'un exercice d'écriture comprenant les matières de la leçon de lecture. Les élèves copieront le tableau noir ou le livret. On lira ensuite la copie. Les moniteurs pourront faire répéter, relire la leçon apprise.
V. Veiller à une articulation nette des syllabes et à une reproduction correcte des mots. Donner peu à écrire afin de pouvoir faire refaire. Revenir souvent sur les mêmes exercices, se pénétrer des conseils et des recommandations indiqués aux procédés.
VI. S'arranger de façon à toujours intéresser ; à tenir l'attention des enfants en éveil ; encourager si peu qu'il y a efforts ; faire que les enfants voient, comprennent qu'ils font des progrès ; procéder avec tact et donner à son enseignement une forme attrayante, récréative. C’est ainsi qu’on doit s’y prendre avec des enfants qui n’ont, et ne peuvent encore avoir ni le goût de l’étude ni l’amour du travail.
É. Cuissart
Procédés : Ces exercices
préparatoires seront tracés, expliqués, démontrés au tableau noir
par le maître, et exécutés ensuite
sur les ardoises par les élèves, autant de fois et aussi longtemps que le
maître le jugera utile. On commencera par la tenue du corps, de la main et du crayon ; on fera distinguer
la droite de la gauche, le haut du bas. On fera remarquer le point supérieur,
le point inférieur ; même remarque pour les lignes. On indiquera ce qu’on
entend par ligne horizontale, verticale, oblique ; on en tracera ; on
tracera des lignes parallèles. En passant et fort accessoirement, on fera
remarquer les figures de géométrie ; on apprendra à les tracer ; mais
il faudra arriver le plus vite possible à ce que les enfants soient à même de
faire ce qu’on appelle des bâtons,
puis des i, des jambages, des u, des n, m.
– Faire faire de nombreux exercices de ces lettres avant d’aborder la première
leçon.
Avis général. – Le maître devra, pour tous les exercices des
livrets, se servir du tableau noir.
Les enfants auront le livret en mains,
mais la leçon leur sera expliquée, démontrée au tableau par le maître.
C’est le seul moyen de faire comprendre, d’intéresser, et d’enlever à l’étude
des éléments cette abstraction et cette monotonie si rebutante pour les
enfants. – Les exercices du tableau, lettres,
syllabes, mots seront toujours reproduits par les enfants sur l’ardoise
d’abord et, plus tard, sur le papier.
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Eugène Cuissart sur le blog :
Notice nécrologique lue sur le site La Vie Rémoise maintenu par Jean-Yves Sureau :
CUISSART (Eugène Philippe).
Député de l’Aisne, chevalier de la Légion d’honneur, officier de l’Instruction publique, ancien membre du Conseil supérieur de l’Instruction publique, président d’honneur des associations républicaines des cantons de Laon et Marle, conseiller général du canton de Rozoy-sur-Serre, né le 24 septembre 1835, au Thuël (Aisne), décédé à Paris, chez les Frères de Saint-Jean de Dieu, le 14 décembre 1896.
D’une humble et laborieuse famille d’ouvriers agricoles, il n’avait suivi que les classes de la petite école de son hameau, lorsqu’il se destina à l’enseignement. Dès l’âge de 16 ans, nous le voyons instituteur-adjoint à Liesse, et bientôt, par son travail opiniâtre et personnel, il obtint tous les titres de l’enseignement primaire, et même le baccalauréat ès-sciences. Il fut successivement professeur, puis directeur de l’école primaire préparatoire du lycée de Saint-Quentin ; M. Duruy, ministre de l’instruction publique, le nomma, en 1865, inspecteur primaire à Nyons. Il passe à Grenoble de première classe en 1872, puis à Lyon en 1873, et enfin à Paris en 1880. Par trois fois, il est élu membre du Conseil supérieur de l’instruction publique. Il est auteur de nombreux ouvrages d’enseignement primaire très estimés et fort répandus ; il a aussi écrit, sous le pseudonyme de Jean-Louis, des articles de vulgarisation politique. Enfin, le 20 août 1893, les électeurs de la première circonscription de Laon l’envoyèrent siéger à la Chambre des députés. Sa vie honorable, toute de travail, son dévouement sans bornes, son caractère facile et désintéressé lui avaient acquis une juste popularité. Aussi ses obsèques (16 et 17 décembre 1896) eurent le caractère d’un véritable deuil public, tant la foule était nombreuse et contristée. Quatorze discours furent prononcés :
* À Paris, par MM. :
- le Dr Laurens, sénateur ;
- Drouard, inspecteur primaire délégué ;
- Boudréaux, maire de Lislet ;
* Au Thuël, par MM. :
- Macherez, sénateur, au nom du parti républicain de l’Aisne ;
- Morlot, au nom des députés de l’Aisne ;
- Malézieux, au nom du Conseil général ;
- Brasseur, conseiller d’arrondissement du canton de Rozoy ;
- Babillot, au nom du conseil municipal et des habitants du Thuël ;
- Proriot, inspecteur primaire, au nom du corps enseignant ;
- Laureau, au nom de l’Association amicale des anciens militaires ;
- Tranchart, instituteur à Rozoy-sur-Serre ;
- Caustier, au nom de l’Union de l’Aisne, de Paris ;
- Bellard, au nom des associations républicaines de la première section de Laon ;
- le Dr Gérard, maire de Montcornet, ami particulier de M. Cuissart.
Source : AMB 1898. (lu sur http://picardie.genfrance.org/index.php?showtopic=287)
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É. Cuissart
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Eugène Cuissart sur le blog :
1) Manuel de lecture Cuissart
2) Cuissart, Trois Conférences pédagogiques (1894)
!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!Notice nécrologique lue sur le site La Vie Rémoise maintenu par Jean-Yves Sureau :
CUISSART (Eugène Philippe).
Député de l’Aisne, chevalier de la Légion d’honneur, officier de l’Instruction publique, ancien membre du Conseil supérieur de l’Instruction publique, président d’honneur des associations républicaines des cantons de Laon et Marle, conseiller général du canton de Rozoy-sur-Serre, né le 24 septembre 1835, au Thuël (Aisne), décédé à Paris, chez les Frères de Saint-Jean de Dieu, le 14 décembre 1896.
D’une humble et laborieuse famille d’ouvriers agricoles, il n’avait suivi que les classes de la petite école de son hameau, lorsqu’il se destina à l’enseignement. Dès l’âge de 16 ans, nous le voyons instituteur-adjoint à Liesse, et bientôt, par son travail opiniâtre et personnel, il obtint tous les titres de l’enseignement primaire, et même le baccalauréat ès-sciences. Il fut successivement professeur, puis directeur de l’école primaire préparatoire du lycée de Saint-Quentin ; M. Duruy, ministre de l’instruction publique, le nomma, en 1865, inspecteur primaire à Nyons. Il passe à Grenoble de première classe en 1872, puis à Lyon en 1873, et enfin à Paris en 1880. Par trois fois, il est élu membre du Conseil supérieur de l’instruction publique. Il est auteur de nombreux ouvrages d’enseignement primaire très estimés et fort répandus ; il a aussi écrit, sous le pseudonyme de Jean-Louis, des articles de vulgarisation politique. Enfin, le 20 août 1893, les électeurs de la première circonscription de Laon l’envoyèrent siéger à la Chambre des députés. Sa vie honorable, toute de travail, son dévouement sans bornes, son caractère facile et désintéressé lui avaient acquis une juste popularité. Aussi ses obsèques (16 et 17 décembre 1896) eurent le caractère d’un véritable deuil public, tant la foule était nombreuse et contristée. Quatorze discours furent prononcés :
* À Paris, par MM. :
- le Dr Laurens, sénateur ;
- Drouard, inspecteur primaire délégué ;
- Boudréaux, maire de Lislet ;
* Au Thuël, par MM. :
- Macherez, sénateur, au nom du parti républicain de l’Aisne ;
- Morlot, au nom des députés de l’Aisne ;
- Malézieux, au nom du Conseil général ;
- Brasseur, conseiller d’arrondissement du canton de Rozoy ;
- Babillot, au nom du conseil municipal et des habitants du Thuël ;
- Proriot, inspecteur primaire, au nom du corps enseignant ;
- Laureau, au nom de l’Association amicale des anciens militaires ;
- Tranchart, instituteur à Rozoy-sur-Serre ;
- Caustier, au nom de l’Union de l’Aisne, de Paris ;
- Bellard, au nom des associations républicaines de la première section de Laon ;
- le Dr Gérard, maire de Montcornet, ami particulier de M. Cuissart.
Source : AMB 1898. (lu sur http://picardie.genfrance.org/index.php?showtopic=287)
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Copies (Usage et abus des)
Nouveau dictionnaire de pédagogie et d'instruction primaire publié sous la direction de Ferdinand Buisson (1911)
Les
copies jouent un grand rôle dans l'enseignement primaire. Il n'y a même
pas longtemps qu'on fait autre chose que des copies dans les écoles. On
copie moins depuis que le maître parle davantage. Mais on copie encore,
et on copiera toujours beaucoup, au début de l'enseignement. Faut-il le
regretter, faut-il viser à la suppression totale de la copie? Nous ne
le croyons pas. Nous approuvons au contraire cet exercice, mais à une
condition, c'est que la copie soit tout à la fois un exercice
d'écriture, de lecture, d'orthographe, de récitation même au besoin, et
que toujours il ait pour résultat de meubler l'intelligence des enfants
de faits et de connaissances à leur portée. Voilà un lourd programme
pour un exercice en apparence si modeste. Nous nous expliquons.
Dès
qu'un enfant commence à tenir une plume et qu'il cherche à imiter tant
bien que mal une lettre, une syllabe, un mot, une phrase, il est
essentiel qu'il sache quelle lettre il fait, quel mot il écrit, quelle
phrase il reproduit. Il faut que ce qu'il trace soit pour lui autre
chose que des traits, il faut en un mot qu'il puisse lire son écriture. Ce n'est qu'à cette condition seule que les premiers exercices de copie seront fructueux.
Quand
les enfants commencent à lire couramment les histoires de leur premier
livre, ils doivent être déjà exercés à l'écriture. Si, à mesure qu'ils
ont parcouru les cahiers de leur méthode, le maître a eu soin d'agir
comme il vient d'être dit, ils doivent savoir lire l'écriture lisible, à
peu près comme ils savent lire le livre. Alors, il est bon de leur
faire copier avec soin quelques phrases, une courte leçon déjà lue,
expliquée et comprise. La leçon de lecture suivante, au lieu d'avoir
lieu sur le livre, sera donnée au moyen des copies. Chaque enfant lira
son travail. Puis tous les enfants d'une même division, échangeant leurs
cahiers, liront la copie de leurs camarades, de telle sorte qu'ils
auront eu une leçon de lecture sur les manuscrits.
Si
le maître appelle l'attention des élèves sur la manière d'écrire
certains mots, sur leur signification, sur les fautes commises dans le
devoir, il peut faire servir le simple exercice de copie à une leçon de
révision, en faire un véritable devoir d'orthographe d'usage. Que le
maître écrive au tableau noir quelques vers d'un morceau de poésie,
qu'il les explique, qu'il en exige une copie nette, exacte, et il aura
encore fourni à ses élèves la matière d'une leçon de récitation, d'un
exercice de mémoire. Les copies, on le voit, bien surveillées,
corrigées, expliquées, peuvent fournir les éléments de tout un
enseignement pour les petites classes. Et ce serait bien à tort qu'on
croirait, en les proscrivant, réaliser un progrès, surtout dans les
écoles à classe unique, où le maître n'a pas d'autre expédient pour
utiliser toujours, quoique diversement, le temps de tous les élèves. Ce
qu'il faut blâmer et arrêter impitoyablement, c'est l'abus de la copie
inintelligente, machinale et monotone. Dans quelques écoles,
heureusement de plus en plus rares, on retrouve encore des cahiers
entiers remplis par des copies que le maître n'a jamais vues. C'est tout
le fruit qui reste de longues heures pendant lesquelles les enfants
n'ont pas employé, mais tout simplement perdu, leur temps à griffonner
au hasard, sans soin comme sans intérêt de leur part ni de la part du
maître. C'est ce qu'on appelait faire des pages, c'est-à-dire
ne rien faire : le seul but de la copie et sa seule raison d'être a été
de laisser au maître quelques instants de répit en donnant aux élèves un
semblant d'occupation. Mieux eût valu les envoyer jouer dans la cour.
L'exercice
de la copie n'est bon dans une classe que s'il y est aussi
méthodiquement réglé que les autres exercices scolaires, s'il a son
heure et son programme comme les autres, s'il a sa marche graduée, s'il
est précédé des explications et suivi des corrections qui donnent du
prix à tout travail de classe, s'il ne tombe jamais ni au rang de
remplissage dans les moments perdus, ni à celui de pensum avoué ou déguisé.
Savoir
bien copier, c'est tout ensemble savoir bien lire et bien écrire ;
c'est savoir aussi bien voir, bien retenir, bien fixer son attention et
bien comprendre ce qu'on fait. Ne savoir que copier et n'apprendre en
copiant qu'à copier, c'est ne se préparer qu'aux emplois les plus
restreints, c'est rétrécir et paralyser en soi-même pour l'avenir
l'esprit d'initiative, de juge ment, de raisonnement. Que nos élèves
d'école pri maire soient donc d'habiles copistes, il le faut, mais
qu'ils le soient en quelque sorte par surcroît, et sans avoir payé cet
apprentissage ni par une trop grande dépense de temps, ni surtout par le
sacrifice d'aptitudes supérieures.
Good luck to the author! all the best!
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