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4 juillet 2013

Privatisation de l'école

ROYAUME-UNI Les écoles vont devenir des entreprises privées (article du Courrier International)

Le gouvernement britannique cherche à se débarrasser du fardeau budgétaire que représente l'éducation. Selon The Independent, le ministre de l'Education projetterait de transformer les écoles en entreprises à but lucratif.

  
Dessin de Boligan.
"Education à vendre", pouvait-on lire le 2 juillet, en une de The Independent
Selon le quotidien britannique, Michael Gove, ministre de l’Education bien décidé à réformer entièrement le système éducatif britannique d’ici 2015, aurait pour projet de transformer l’ensemble des 30 000 écoles d’Angleterre en "Academy schools". Les "Académies" sont des écoles publiques indépendantes des autorités locales, financées par le gouvernement mais aussi par des fonds privés. Plus encore, le ministre souhaiterait faire de ces "Académies" des entreprises à but lucratif, ce qui signifie que des entreprises privées pourraient fonder des écoles et les revendre plus cher - à condition que ces écoles ne fassent pas faillite avant. Il envisage même un recours à des fonds spéculatifs et à des capitaux à risque pour récolter de l’argent. Le quotidien de Londres rappelle que cette expérience a déjà été réalisée en Suède, se soldant par un échec total.
Le projet encore "secret" a été révélé au journal par des membres du ministère de l’Education qui craignent que "l’argent ne soit détourné des classes, que les matières qui coûtent trop cher soient réduites, comme la musique et les sciences, et que cela mette un terme à la vocation de professeur pour le service public."
Autant d’inquiétudes qui amènent un éditorialiste du titre à comparer Michael Gove au dictateur cambodgien Pol Pot, pour souligner l’absurdité de telles réformes: "pour Michael Gove, le Pol Pot de l’éducation, tous les ans c’est l’Année Zéro", faisant ainsi référence au début du règne des Khmers Rouges au Cambodge.


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Voir aussi notre page école : diagnostic.







































































































ENSEIGNEMENT France – “La voie royale vers la médiocrité”

Christian Rioux, correspondant du quotidien québécois Le Devoir, sur l’enseignement en anglais à l’université.
Christian Rioux, correspondant du quotidien québécois Le Devoir. Christian Rioux, correspondant du quotidien québécois Le Devoir. OCDE
Courrier international – Le projet de loi qui facilite l’enseignement en anglais à l’université suscite un vif débat. C’est un sujet important ?
Christian Rioux – Très important. Il y avait déjà tout ce qu’il fallait dans la loi pour permettre à un professeur étranger d’enseigner dans une autre langue. Cette fois, il en va de la qualité de l’enseignement supérieur en France et de la capacité des chercheurs français à faire de la recherche dans la seule langue où ils excellent vraiment : le français. A qui fera-t-on croire qu’un professeur français enseignera aussi bien en anglais qu’en français ? On veut attirer les meilleurs étudiants du monde et on pense le faire en rabaissant la qualité des cours ! Enseigner en anglais en France, c’est la voie royale vers la médiocrité.

Quel est votre regard de Québécois sur le sujet ?
Cette loi sème le défaitisme dans toute la francophonie. Elle traite le français comme si c’était le suédois ou le néerlandais alors qu’il est la langue d’un bassin de 200 millions de personnes réparties sur tous les continents et la deuxième langue la plus traduite et enseignée dans le monde. Comment voulez-vous ensuite que les Québécois, les Sénégalais, les Roumains résistent à l’anglicisation galopante ? Ce sont eux que la France écarte ainsi d’un revers de la main. Quant aux meilleurs étudiants qui souhaitent étudier en anglais, croyez-moi, ils préféreront toujours l’original à sa pâle copie hexagonale.

Le français est menacé, dit-on. Mais par quoi ?
Puisqu’ils ne craignent pas l’assimilation comme les Québécois, les Français cultivent un faux sentiment de sécurité. Parmi les élites, l’anglais est même devenu un snobisme. Ils ne voient plus les formes syntaxiques anglaises qui pénètrent massivement leur langue depuis une décennie. Or, avec elles, ce sont les idées et une façon de penser qui se répandent. Un jour, nous parlerons de ce que le poète québécois Gaston Miron appelait le “traduit du”, ce sabir vaguement français que l’on entend à Ottawa. A terme, ce qui est en jeu en France comme au Québec, c’est la capacité de nommer le monde et sa modernité en français. Nous avions cru naïvement que c’était çà, “le rêve français”…

DIPLÔME “80 % au bac, c’est une utopie”

Rudolf Balmer, correspondant du quotidien allemand progressiste Die Tageszeitung (TAZ), sur le baccalauréat français.
Rudolf Balmer, correspondant du quotidien allemand Die Tageszeitung (TAZ). Rudolf Balmer, correspondant du quotidien allemand Die Tageszeitung (TAZ).
Courrier international – Comment voit-on le bac français en Allemagne ?
Rudolf Balmer – Il n’existe pas en Allemagne d’examen tout à fait similaire. L’Abitur [le bac allemand] est organisé au niveau des Länder [les régions], et non par l’Etat central. Il n’y a pas cet événement médiatique où toute la nation regarde, mi-amusée, mi-angoissée, des milliers de candidats passer les épreuves. En outre, une partie du bac se passe en contrôle continu, ce qui donne à l’examen moins d’impact et de gravité. Et puis il n’y a pas l’épreuve de philosophie, si attendue et si commentée en France.

Un tel examen se justifie-t-il encore ?
Il y aurait une grande réforme à faire. Le taux de réussite au bac est au-delà de 80 % : l’examen n’est plus sélectif. Dès lors, on se demande si la fin justifie les moyens. Quand on connaît le coût d’organisation du bac, récemment mis en lumière [par une étude du principal syndicat de chefs d’établissement], c’est même assez choquant. Mais les Français sont-ils prêts à accepter un changement ? Le bac fait partie du patrimoine culturel, il paraît très difficile d’y toucher.

“80 % au bac” : cet objectif lancé en 1985 a été atteint l’an dernier. Est-ce une bonne chose ?
C’est une utopie de vouloir amener 80 %, d’une génération au niveau du bac. C’est un idéal qui ne correspond à aucune réalité économique ou sociale. Le bac est dévalorisé et de nombreux jeunes vont perdre deux ou trois ans à l’université avec l’illusion qu’ils auront un diplôme et du travail.

Le système allemand fonctionne-t-il mieux ?
Il n’est pas parfait, mais l’Allemagne n’a jamais dévalué la formation professionnelle et l’orientation y est plus efficace. En France, le bac professionnel a été créé plus tard et concerne une minorité d’élèves. Il reste beaucoup de travail à faire pour trouver le juste milieu entre sélection et droit d’accès à l’université. Les études ne sont pas la seule voie d’accès à la culture et au savoir !

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