Charles Beigbeder
est entrepreneur, élu de Paris et actionnaire de Causeur.
Publié le 23
juin 2017 / Monde
Mots-clés : Bachar Al-Assad, Daech, Emmanuel Macron, Laurent Fabius, Syrie
Il
faut saluer les propos tenus par Emmanuel Macron dans Le Figaro d’hier,
au sujet de la Syrie : « Je
n’ai pas énoncé que la destitution de Bachar Al-Assad était un préalable à
tout. Car personne ne m’a présenté son successeur légitime ! Longtemps, nous
avons été bloqués sur la personne de Bachar Al-Assad. Mais Bachar, ce n’est pas
notre ennemi, c’est l’ennemi du peuple syrien. »
Après six années d’une
politique chaotique qui n’a fait que marginaliser la France dans la gestion du
conflit syrien, nous assistons au retour de la diplomatie, prélude au renouveau
de la France sur la scène internationale.
Hiérarchiser les menaces
La diplomatie ne consiste
pas à échanger entre amis partageant les mêmes positions, elle sert à parler
avec ses adversaires, de manière à éviter, en cas de désaccord, une escalade
qui puisse mener jusqu’au conflit armé. De ce point de vue, Emmanuel Macron a
raison de renouer le dialogue avec Vladimir Poutine qui détient aujourd’hui les
cartes maîtresses sur le terrain pour dénouer le conflit syrien.
Ensuite, un État doit savoir
hiérarchiser ses menaces et ses ennemis. À ce sujet, la France a commis
l’erreur de mettre au même niveau Bachar Al-Assad et l’État islamique, en les
vouant tous les deux aux mêmes gémonies : « Ni Bachar ni Daech » ânonnait
fébrilement Laurent Fabius, qui concentrait tout son fiel sur la Russie.
Assad n’est pas responsable du
Bataclan
Il
a fallu les 130 morts du Bataclan en novembre 2015 pour que la
France infléchisse très légèrement sa position. Or, jusqu’à preuve du
contraire, ce ne sont ni les troupes de Bachar Al-Assad ni les soldats russes
qui tuent nos concitoyens dans les rues. Affirmer cela ne signifie pas donner
quitus à l’un et à l’autre sur tous les aspects de leur politique. En 1941, les
anglo-américains n’ont pas hésité à s’allier avec le régime de Staline dont
personne ne pouvait méconnaître le caractère totalitaire. Interpellé sur ce
point à la Chambre des Communes, Churchill avait répliqué net : « Si Hitler
avait envahi l’enfer, j’aurais cherché à construire une alliance avec le diable
».
Lire la suite :
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Aidez-moi à améliorer l'article par vos remarques, critiques, suggestions... Merci beaucoup.