"En tout cas, il est clair d’une part que les efforts dans cette direction, pour être efficaces, devraient être concentrés sur les premiers degrés de la scolarité : c’est là en effet, comme on l’a vu, que les contraintes socio-culturelles pèsent le plus fortement et directement sur la réussite des élèves, cette influence ayant au contraire tendance à décroître dans le temps." (Julien Gautier, En quoi l'école est-elle inégalitaire ?)
Voici des extraits de la note 04.10 de la DEP du MEN, autrement dit d’une note de la Direction de l’Evaluation et de la Prospective (DEP) du Ministère de l’Education Nationale (MEN) en date du mois d’octobre 2004 (04.10).
Cette note s’intitule « La maîtrise du langage et de la langue française en fin d’école primaire » et en voici le résumé :
« Environ un tiers des élèves ont des performances qui permettent de considérer qu’ils maîtrisent de façon satisfaisante les compétences attendues par les programmes de l’école primaire – ils sont capables d’exploiter les informations d’un texte pour en dégager le sens et l’interpréter avec finesse, d’en faire un résumé ou une synthèse.
À l’opposé, 15% sont en difficulté, voire en grande difficulté pour 3% d’entre eux, et on peut considérer que ces élèves ne maîtrisent pas – ou très mal – les compétences qui seraient nécessaires à l’entrée en sixième. Ils sont capables de prélever dans un texte des informations facilement repérables, données explicitement, mais sont en difficulté face à des tâches plus complexes. Les 3% des élèves (11% en zones prioritaires) en grande difficulté peuvent répondre ponctuellement à quelques questions, mais ne maîtrisent aucune des compétences attendues en fin d’école primaire. »
Donc 33 % ont le niveau fin CM2 et 15 % n’ont pas le niveau fin CM2. Que dit la DEP des 52 % restants ?
« Entre les deux, un peu plus de la moitié des élèves ne maîtrisent certainement pas toutes les compétences attendues par les programmes, mais devraient pouvoir profiter de l’enseignement du collège. Cependant leurs performances révèlent des compétences mal assurées, donc fragiles : ils ont du mal à percevoir et exploiter tous les aspects d’un texte, et sont mis en difficulté par des textes qui exigent une lecture suivie. »
Extraits pertinents par rapport à l’extrait commenté de l’article de Julien Gautier :
Extrait 1 : Des performances qui varient selon les conditions de scolarité…
Les résultats du secteur public hors ZEP et du secteur privé sont très proches, avec cependant des proportions plus importantes d’élèves dans les groupes 0 et 1 dans le secteur public hors ZEP.
En ZEP, 35,1 % des élèves font partie des groupes 0 et 1 (soit presque 3 fois plus que dans l’ensemble de la population, 4,5 fois plus pour le seul groupe 0) alors qu’ils ne sont que 13,4% dans les groupes 4 et 5 (soit 2,5 fois moins que dans l’ensemble de la population, 4 fois moins pour le seul groupe 5).
Extrait 2 : Le niveau des élèves en fin de CM2
« Les élèves des groupes 4 et 5 seraient ceux dont leurs performances peuvent permettre de considérer qu’ils maîtrisent de façon satisfaisante, ou à peu près satisfaisante, les compétences attendues par les programmes en fin d’école primaire dans le domaine de la maîtrise du langage et de la langue française. (30,7% de la population).
Les groupes 0 et 1 montrent des élèves en difficulté, voire en grande difficulté (groupe 0). Ces élèves représentent 15% de la population de CM2 et constituent 12,3 % des entrants en sixième générale. Ils sont majoritaires chez les élèves maintenus en CM2 (54%) ou entrant en SEGPA (84,4%).
Les élèves du groupe 2 (25,8%) sont des élèves qui ne maîtrisent que très partiellement les différentes compétences retenues dans cette évaluation-bilan.
Quant aux élèves du groupe 3 (28,5 %), ils maîtrisent des compétences comme le prélèvement
d’une information explicite ou implicite mais sont moins à l’aise lorsqu’il s’agit de compétences comme la synthèse ou l’analyse. »
(France : ministère de l’Éducation nationale : Direction de l’évaluation et de la prospective (2004). Note d’information, n° 04.10, « La maîtrise de la langue en fin d’école primaire », rédigée par F. Gilbert, J.-M. Levasseur et J.-M. Pastor. » (Terrail, p.134-135) http://educ-eval.education.fr/pdf/eva0410.pdf
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Maintenant, voici des extraits d’un article de J.P. Terrail, intitulé « La syllabique est-elle réactionnaire ? »
« La massification a conduit à peupler les étages supérieurs du système éducatif d’élèves qui y survivent avec beaucoup de difficultés, en raison essentiellement des limites de leurs acquisitions cognitives de base, celles qui auraient dû être réalisées à l’école élémentaire. Ce processus est au cœur de ce qui fait crise aujourd’hui dans l’école, des entrées illettrées au collège à la nécessité d’ateliers d’écriture à l’entrée de l’université, de la souffrance des élèves à celle de leurs maîtres, qui protestent contre la « baisse du niveau » et imputent au collège unique, qui n’en peut mais, la responsabilité de la situation.
À cet égard, on ne saurait réduire les problèmes que doit affronter l’école aujourd’hui aux quelque 10 % d’élèves « en grande difficulté ». Ce serait occulter la réalité que signale une autre étude de la DEP sur les évaluations en français à l’entrée en 6e : seuls 30 % des entrants ont une maîtrise de la langue écrite correspondant aux objectifs assignés par le ministère à notre enseignement primaire ; à l’autre pôle, 15 % n’ont pas les compétences requises pour suivre une scolarité secondaire ; et parmi les 55 % restants, un élève sur deux dispose de compétences qui sont loin de lui assurer une scolarité normale au collège. » (Terrail, La syllabique est-elle réactionnaire ?, p.133-134)
« Pour l’essentiel, si l’on préfère, les futures sorties du système sont préfigurées dès la fin du primaire : les 30 % de meilleurs élèves obtiendront un bac général à l’âge normal ; les 15 % les plus en difficulté, à l’autre pôle, fourniront les sorties sans diplôme ; dans l’entre-deux, la moitié des meilleurs pourra décrocher un bac professionnel, technologique ou un bac général obtenu avec retard, l’autre moitié se contentant des filières professionnelles et des premiers niveaux de diplôme. La force prédictrice des apprentissages élémentaires est telle que, à partir du collège, une grande part de la fameuse corrélation entre l’origine sociale et les performances scolaires a disparu : celles-ci dépendent de plus en plus exclusivement de la qualité des acquisitions antérieures. » (Terrail, La syllabique est-elle réactionnaire ?, p.134, note 15)
Dans le même recueil d’articles L’école en France : Crise, pratiques, perspectives, Sous la direction de J.-P. TERRAIL, La Dispute/SNEDIT, Paris, 2005, on pourra lire aussi avec profit Colette Ouzilou, « Ce qu’apprendre à lire » veut dire http://michel.delord.free.fr/co-apprendre-a-lire.pdf (source : Textes de Colette Ouzilou chez Michel Delord : http://michel.delord.free.fr/co.html)
Spinoza1670 Références sur La force prédictive des apprentissages élémentaires
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