Leo Strauss
« Pour commencer à étudier la philosophie médiévale », in La renaissance du rationalisme politique classique, Paris, Gallimard, 1995, p. 286.
§ 1 – Comment étudier l’histoire intellectuelle en
générale ?
§ 2 – Aussi exactement et intelligemment que possible.
§ 3 – Une compréhension an-historique ou
« idéalisante » : il est possible de comprendre un philosophe
mieux qu’il ne s’est compris lui-même.
La compréhension historique
suppose qu’on comprenne un auteur exactement comme il s’est compris lui-même.
§ 4 – Souvent l’interprète présuppose qu’il dispose d’un
point de vue supérieur à celui du vieil auteur (progressisme). Aussi
interprète-t-il la pensée du vieil auteur dans les termes de la pensée
d’aujourd’hui.
Notre compréhension du passé
tendra à être plus adéquate, à mesure que nous nous intéresserons plus au
passé ; mais nous ne pouvons nous intéresser sérieusement, c’est-à-dire
passionnément, au passé si nous savons à l’avance que le présent est, sur le point décisif, supérieur au
passé.
La tâche de l’historien de la
pensée est de comprendre les penseurs du passé exactement comme ils se sont
compris eux-mêmes ou de faire revivre leur pensée selon l’interprétation qu’ils
en donnaient eux-mêmes.
§ 5 – L’infinie variété
des manières de comprendre un texte ne supprime pas le fait que l’auteur du
texte, en l’écrivant, ne le comprenait que d’une seule manière.
§ 6 –
L’historicisme : toutes les époques sont également « proches de
Dieu ». La pensée de toutes les époques est également vraie, car chaque
philosophie n’est essentiellement que l’esprit de son temps. Mais tous les
philosophes du passé ont prétendu avoir trouvé la vérité et non
simplement la vérité de leur temps.
§ 7 – Ne poser a priori
au texte du passé que la question générale de la vérité sur le tout.
§ 8 – Liberté d’esprit,
savoir que je ne sais rien : En s’engageant dans l’étude de la philosophie
du passé, l’historien doit cesser de se repérer par rapport aux signaux
modernes, au milieu desquels il vit depuis sa plus tendre enfance ; il
doit essayer de se repérer par rapport aux signaux qui guidaient des penseurs
du passé.
§ 9 – Accorder le
bénéfice du doute aux penseurs du Moyen-Age n’est pas possible.
§ 10 et 11 – L’influence
de la philosophie sur le judaïsme du Moyen-Âge fut loin d’être salutaire.
§ 12 – Dans une certaine
mesure, Scholem ne fait que dire explicitement ce qui est contenu dans
l’opinion généralement acceptée sur le sujet.
§ 13 – La philosophie
médiévale s’interroge sur les fondements de la religion.
La philosophie moderne
est distincte de la science. Sa critique de la religion repose sur ce
présupposé.
Querelle des anciens et
des modernes.
§ 14 – La philosophie
classique (antique et médiévale) s’interroge sur sa propre nécessité ou
légitimité.
§ 16 – Approfondissement
du § 8.
§ 17 – Combiner le devoir
d’exactitude (ne pas se contenter de connaissances par ouï-dire) et le devoir
tout aussi contraignant d’appréhension globale (ne pas se spécialiser
aveuglement dans un seul domaine restreint).
Comment faire ? A.
On doit commencer par des observations détaillées à des points stratégiques. 1)
Hayy ibn Yaqhân et Robinson Crusoé ; 2) Commentaires
modernes sur des textes du Moyen-Age ; 3) Polémiques modernes contre les
enseignements du Moyen-Age.
§ 18 – B. Comparaison
précise des divisions les plus typiques de la philosophie et de la science au
Moyen-Age et à l’époque moderne. Philosophie de la religion =/= théologie
naturelle.
§ 19 – La conception
médiévale et la conception moderne de la poésie.
§ 20 – La terminologie
est d’une importance capitale. Chaque terme désignant un sujet important
implique une philosophie tout entière.
La question des
traductions.
§ 21 – Il faut réfléchir
de façon cohérente sur la différence entre la scolastique chrétienne et la
philosophie islamique et juive.
§ 22 – La différence
entre Islam et judaïsme d’un côté et chrétienté de l’autre : D’un côté, la
religion est une foi formulée dans des dogmes élaborés par la théologie ;
de l’autre, c’est une loi, un code d’origine divine dont s’occupe la science de
la loi, halaka ou fiqh.
La
science de la loi ainsi comprise est beaucoup moins proche de la philosophie
que ne l’est la théologie dogmatique. Par conséquent, le statut de la
philosophie est en principe beaucoup plus précaire dans le monde islamique et
juif qu’il ne l’est dans le monde chrétien.
Maïmonide
et Averroès font une justification légale de la philosophie.
§ 24 – La situation
précaire de la philosophie dans le monde juif ou islamique rendait nécessaire
ou garantissait son caractère privé et donc un degré plus élevé de liberté
intérieure.
§ 25 – La religion est
conçue par les musulmans et les juifs comme une loi avant tout. Aussi la
religion entre-t-elle dans l’horizon des philosophes comme fait politique avant
tout. Par conséquent la discipline philosophique traitant de la religion n’est
pas la philosophie de la religion mais la philosophie politique ou la science
politique, celle de la République et des Lois de Platon. Ils
n’ont pas La Politique d’Aristote.
§ 26 – Le prophète est
interprété conformément à la problématique du philosophe-roi chez Platon,
c’est-à-dire du fondateur de la communauté politique parfaite.
§ 27 – Lois naturelles ou
rationnelles =/= opinions généralement acceptées.
§ 28 – Doctrine de la
double vérité (averroïsme latin) =/= enseignement exotérique fondé sur des
arguments rhétoriques, et enseignement ésotérique, fondé sur des arguments
scientifiques ou démonstratifs. Cf Phèdre : supériorité de
l’enseignement oral sur l’enseignement écrit ; La République et Les
Lois : la nécessité des mensonges pieux ; la technique littéraire
utilisée par Platon lui-même dans ses ouvrages.
Lire la présentation par les éditions Beauchesne + table des matières
Lire 2 recensions de Foi et raison.
Lire 2 recensions de Foi et raison.
Chirine Raveton (Paris IV), Pourquoi et comment étudier la philosophie médiévale ?, in KLĒSIS – REVUE PHILOSOPHIQUE : 2009 = 11
Laurent Jaffro, Léo Strauss : art d'écrire, politique, philosophie ; Texte de 1941 et études
L'ambition de cet ouvrage est d'examiner la pensée de Leo Strauss
(1899-1973) et d'étudier à partir d'elle les stratégies d'exposition et
de dissimulation de la philosophie. Strauss demeure en France un
philosophe peu connu et parfois mal compris. Il a pu être considéré
comme l'auteur d'un seul livre, Droit naturel et histoire, dont les
thèses ne peuvent être évaluées qu'à partir de l'art d'écrire qu'il
pratiquait et auquel il avait consacré un livre, Persecution and the Art
of Writing (1952), qui ne doit pas être tenu pour un simple manuel de
lecture des textes classiques, ni séparé de tout enjeu politique et
philosophique. Les études ici réunies s'attachent à reconstituer l'idée
straussienne de la philosophie. Elles mesurent la portée de l'hypothèse
d'un " art d'écrire oublié " et examinent la fécondité et les limites de
la conception straussienne de l'écriture philosophique. Ces études sont
précédées d'une traduction de la première version de l'article "La
persécution et l'art d'écrire" (1941).
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