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modèles
d’écriture compliqués et bizarres,
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textes de leçons
démesurés,
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séries d'analyses
et de conjugaisons écrites,
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définitions
indigestes ;
* ménager les préceptes et
multiplier les exercices ;
* ne jamais oublier que le
meilleur livre pour l'enfant, c'est la parole du maître;
* n'user de sa mémoire si
souple, si sûre, que comme d'un point d'appui, et faire en sorte que l'enseignement
pénètre jusqu'à son intelligence, qui seule peut en conserver l'empreinte
féconde ;
* le conduire du simple au
composé, du facile au difficile, de l'application au principe ;
* l'amener, par des
questions bien enchaînées, à découvrir ce qu'on veut lui montrer ;
* l'habituer à raisonner, faire
qu'il trouve, qu'il voie ;
* en un mot, tenir
incessamment son raisonnement en mouvement, son intelligence en éveil ;
pour cela,
¤ ne rien laisser d'obscur
qui mérite explication, pousser les démonstrations jusqu'à la figuration matérielle
des choses, toutes les fois qu'il est possible ;
¤ dans chaque matière,
dégager des détails confus, qui encombrent l'intelligence, les faits caractéristiques,
les règles simples qui l'éclairent;
¤ aboutir en toutes choses
à des explications judicieuses, utiles, morales ;
—
en lecture, par exemple, tirer du morceau
lu toutes les explications instructives, tous les conseils de conduite qu'il
comporte;
—
en grammaire, partir de l'exemple pour
arriver à la règle dépouillée des subtilités de la scolastique grammaticale,
choisir les textes de dictée écrite parmi les morceaux les plus simples et les
plus purs des œuvres classiques; tirer les sujets d'exercices oraux, non des
recueils fabriqués à plaisir pour compliquer les difficultés de la langue, mais
des choses courantes, d'un incident de classe, des leçons du jour, des passages
d'histoire de France, de géographie, récemment appris ; inventer des exemples
sous les yeux de l'élève, ce qui pique son attention, les lui laisser surtout
inventer lui-même et toujours les écrire au tableau noir;
—
ramener toutes
les opérations du calcul à des exercices
pratiques empruntés aux usages de la vie;
—
n'enseigner la géographie que par la carte, en
étendant progressivement l'horizon de l'enfant de la rue au quartier, du
quartier au canton, à la commune, au département, à la France, au monde ;
animer la description topographique des lieux par la peinture des
particularités de configuration qu'ils présentent, par l'explication des productions
naturelles ou industrielles qui leur sont propres, par le souvenir des
événements qu'ils rappellent;
—
en histoire, donner aux diverses époques
une attention en rapport avec leur importance relative et traverser plus
rapidement les premiers siècles pour s'arrêter sur ceux dont nous procédons
directement ; sacrifier sans scrupule les détails de pure érudition pour mettre
en relief les grandes lignes du développement de la nationalité française;
chercher la suite du développement moins dans la succession des faits de guerre
que dans l'enchaînement raisonné des institutions, dans le progrès des idées
sociales, dans les conquêtes de l'esprit, qui sont les vraies conquêtes de la
civilisation ; placer sous les yeux de l'enfant les hommes et les choses par des
peintures qui agrandissent son imagination et qui élèvent son âme; faire de la
France ce que Pascal a dit de l'humanité, « un grand être qui persiste
perpétuellement », et donner par là même à l'enfant une idée de la patrie, des
devoirs qu'elle impose, des sacrifices qu'elle exige :
tel doit être l'esprit des leçons de l'école.
La méthode naturelle qui
convient à l’enseignement primaire
O. GRÉARD.
Extrait
du Rapport sur l'instruction primaire à Paris, 1871-72.
Éviter tous les devoirs qui
faussent la direction de l’enseignement sous prétexte d’en élever le caractère
: modèles d’écriture compliqués et bizarres, textes de leçons démesurés, séries
d'analyses et de conjugaisons écrites, définitions indigestes ; ménager les
préceptes et multiplier les exercices ; ne jamais oublier que le meilleur livre
pour l'enfant, c'est la parole du maître ; n'user de sa mémoire si souple, si
sûre, que comme d'un point d'appui, et faire en sorte que l'enseignement
pénètre jusqu'à son intelligence, qui seule peut en conserver l'empreinte
féconde; le conduire du simple au composé, du facile au difficile, de
l'application au principe ; l'amener, par des questions bien enchaînées, à
découvrir ce qu'on veut lui montrer; l'habituer à raisonner, faire qu'il
trouve, qu'il voie; en un mot, tenir incessamment son raisonnement en
mouvement, son intelligence en éveil ; pour cela, ne rien laisser d'obscur qui
mérite explication, pousser les démonstrations jusqu'à la figuration matérielle
des choses, toutes les fois qu'il est possible ; dans chaque matière, dégager
des détails confus, qui encombrent l'intelligence, les faits caractéristiques,
les règles simples qui l'éclairent; aboutir en toutes choses à des explications
judicieuses, utiles, morales ; — en lecture, par exemple, tirer du morceau lu
toutes les explications instructives, tous les conseils de conduite qu'il
comporte; — en grammaire, partir de l'exemple pour arriver à la règle
dépouillée des subtilités de la scolastique grammaticale, choisir les textes de
dictée écrite parmi les morceaux les plus simples et les plus purs des œuvres classiques;
tirer les sujets d'exercices oraux, non des recueils fabriqués à plaisir pour compliquer
les difficultés de la langue, mais des choses courantes, d'un incident de
classe, des leçons du jour, des passages d'histoire de France, de géographie,
récemment appris ; inventer des exemples sous les yeux de l'élève, ce qui pique
son attention, les lui laisser surtout inventer lui-même et toujours les écrire
au tableau noir; — ramener toutes les opérations du calcul à des exercices
pratiques empruntés aux usages de la vie; — n'enseigner la géographie que par
la carte, en étendant progressivement l'horizon de l'enfant de la rue au
quartier, du quartier au canton, à la commune, au département, à la France, au
monde ; animer la description topographique des lieux par la peinture des particularités
de configuration qu'ils présentent, par l'explication des productions
naturelles ou industrielles qui leur sont propres, par le souvenir des
événements qu'ils rappellent; — en histoire, donner aux diverses époques une
attention en rapport avec leur importance relative et traverser plus rapidement
les premiers siècles pour s'arrêter sur ceux dont nous procédons directement ;
sacrifier sans scrupule les détails de pure érudition pour mettre en relief les
grandes lignes du développement de la nationalité française; chercher la suite
du développement moins dans la succession des faits de guerre que dans
l'enchaînement raisonné des institutions, dans le progrès des idées sociales,
dans les conquêtes de l'esprit, qui sont les vraies conquêtes de la civilisation
; placer sous les yeux de l'enfant les hommes et les choses par des peintures
qui agrandissent son imagination et qui élèvent son âme; faire de la France ce
que Pascal a dit de l'humanité, « un grand être qui persiste perpétuellement »,
et donner par là même à l'enfant une idée de la patrie, des devoirs qu'elle
impose, des sacrifices qu'elle exige : tel doit être l'esprit des leçons de
l'école.
Extrait de :
MODES, MÉTHODES ET PROCÉDÉS D'ENSEIGNEMENT
F. Brémond, Lectures de pédagogie pratique, Librairie Delagrave , Paris, 1931, pages 39-61 :
La méthode intuitive, F. BUISSON
La méthode active, H. MARION
Comment doit-on interroger ? E. BOUTROUX
De la manière d’interroger, E. CAZES
Chapitre disponible en entier : http://michel.delord.free.fr/bremond_37-61-methodes.pdf
Présentation d'Octave Gréard sur le site de l'INRP :
http://www.inrp.fr/edition-electronique/lodel/dictionnaire-ferdinand-buisson/document.php?id=2826
Notice biographique sur le site de l'Académie française :
http://www.academie-francaise.fr/immortels/base/academiciens/fiche.asp?param=464
Octave GRÉARD
(1828-1904)
Élu en 1886 au fauteuil 34 Grand-croix de la Légion d'honneur Prédécesseur : Frédéric-Alfred de FALLOUX Successeur : Émile GEBHART |
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Œuvres |
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Haut fonctionnaire, historien de la littérature, critique littéraire | ||
Biographie
Né à Vire (Normandie), le 18 avril 1828.
Professeur-inspecteur général honoraire, recteur de l'Académie de Paris, il avait été élève de l’École normale, directeur de l'Enseignement primaire de la Seine. Il eut le prix Halphen à l'Académie des Sciences morales et politiques et fut reçu à cette Académie en 1875. Vice-recteur pendant vingt-trois ans, Octave Gréard a créé les lycées de jeunes filles ; a présenté en 1893 un exposé des réformes orthographiques proposées par la Commission du Dictionnaire dont il fit partie, a complété la réforme du baccalauréat ; il a écrit des ouvrages d'enseignement et de critique : L'Enseignement secondaire des Filles, L’Éducation des Femmes par les Femmes, Étude sur les Lettres d'Abélard et d'Héloïse. Grand-croix de la Légion d'honneur. Il fut élu à l'Académie française le 18 novembre 1886 en remplacement du comte de Falloux et reçu le 19 janvier 1888 par le duc Albert de Broglie. Il a répondu au discours de réception de MM. de Freycinet et Jules Lemaître. Mort le 25 avril 1904. |
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