Il est courant d'opposer à une pédagogie dite
traditionnelle, définie péjorativement, la plupart du temps, comme
magistrale et abstraite, une pédagogie active concrète, par laquelle l'élève
construit son savoir ou au moins participe à son élaboration. On utilise
alors parfois, pour désigner cette dernière approche conçue comme supérieure
la première, l'expression de méthode
inductive. Alors que la méthode déductive consisterait à transmettre à
l'élève des connaissances toutes faites, théoriques et générales, la méthode
inductive permettrait à l'élève d'élaborer progressivement des concepts à
partir de l'observation active d'objets concrets ou de documents. Cette
conception est invoquée essentiellement dans l'enseignement des sciences (de
la matière ou de l'homme) et prétend tirer sa légitimité d'un principe
d'analogie : de même que le savant effectue une observation rigoureuse et
systématique de phénomènes naturels et induit à partir d'elle, par des
procédés logiques non moins rigoureux, des lois générales et abstraites,
et que ce fondement empirique ou expérimental garantit le caractère objectif
et scientifique des résultats de cette recherche, de même l'enfant doit, en
classe, s'élever de l'observation concrète vers les notions abstraites qui
constituent le savoir de la chose observée.
Ce principe d'analogie a été formulé en premier
lieu sans doute par Bruner : celui-ci écrit en effet, dans son livre Le
processus de l'éducation, que "ce qu'un savant fait dans son bureau
ou dans son laboratoire (…) est du même ordre que ce que fait n'importe qui
d'autre quand il est engagé dans de semblables activités (…) La différence
est de degré, et non de nature. L'écolier qui apprend la physique est un
physicien".
Ce principe est affirmé aussi par exemple par Astolfi et Develay dans leur
livre consacré à La didactique des sciences : la fonction de
l'enseignement scientifique est, selon ces deux auteurs, de transmettre aux élèves
des connaissances qui leur permettent de mieux comprendre le monde qui les
entoure, mais aussi de développer en eux "des méthodes de pensée qui
s'apparentent à celles que les scientifiques mettent en œuvre dans leur
laboratoire. Dans son approche du réel, l'apprenant devrait alors se
comporter de manière voisine à celle du savant".
Mais ce raisonnement, pour être formellement valide sans doute, ne peut être
matériellement juste qu'à la condition que ses prémisses le soient également,
et c'est précisément là que le problème semble se poser : "il apparaît
que les principes psychopédagogiques sur lesquels s'appuie l'école pour
mettre en place des apprentissages scientifiques sont caractéristiques d'une
épistémologie aujourd'hui largement remise ne cause".
En d'autres termes, si la méthode inductive de la science n'est pas autre
chose qu'un mythe, quelle est alors la légitimité de la méthode pédagogique
qui s'en réclame ?
Conclusion : La méthode inductive est un mythe ou un préjugé dans le domaine de la science : comme l'affirme François Jacob : "pour qu'un objet soit accessible à l'analyse, il ne suffit pas de l'apercevoir. Il faut encore qu'une théorie soit prête à l'accueillir. Dans l'échange entre la théorie et l'expérience, c'est toujours la première qui engage le dialogue". Par conséquent "le caractère principal de l'élaboration scientifique apparaît de nature hypothético-déductif. C'est l'hypothèse, enserrée dans un cadre théorique, qui dirige les calculs mais aussi les observations, et donc les conclusions à confronter éventuellement avec les données expérimentales".
Mais cette pseudo-méthode est aussi un danger en pédagogie : les exemples un peu caricaturaux cités plus haut, heureusement, appartiennent pour la plupart sans doute au passé, en tout cas dans le domaine de la didactique des sciences, mais ils renvoient sans doute aussi à une tentation permanente de la pédagogie, que les enseignants doivent toujours savoir exorciser. Mais certains de ces exemples sont empruntés à des ouvrages assez récents pour qu'on aperçoive la nécessité d'une certaine vigilance encore aujourd'hui, notamment en philosophie.
Les enseignants ont en fait "la responsabilité d'organiser des situations d'enseignement réputées favorables aux apprentissages" des élèves et permettant à ceux-ci "de s'emparer d'un problème" dont la résolution, par une recherche méthodique et guidée, les conduira au savoir. La pédagogie active, sans doute féconde, ne doit donc pas être confondue avec la méthode inductive.
Existe-t-il une
méthode inductive en pédagogie ?
Plan
11 Même la philosophie
!
Voir aussi : http://www.didaquest.org/wiki/Inductivisme
http://www.itereva.pf/disciplines/philo/Sommaire.htm |
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