29 août 2011

Totalitarisme, bonjour !

On ne voulait pas le voir, on a voulu l'ignorer. 

Que c'est malpoli ! 

Dites bonjour au néolibéralisme et essayez de trouver votre place dans le nouveau monde qu'il est en train de créer en adaptant la réalité pour la conformer à "la Réalité" :

celle du Marché, qui a toujours raison, qui donne à chacun ce qu'il mérite en toute justice...

Et devenez un homme interchangeable, en inter-relation, sans identité propre : un homme libre !




- Bourdieu (1998), Cette utopie en voie de réalisation d'une exploitation sans limite : l'essence du néolibéralisme

Le mouvement, rendu possible par la politique de déréglementation financière, vers l’utopie néolibérale d’un marché pur et parfait, s’accomplit à travers l’action transformatrice et, il faut bien le dire, destructrice de toutes les mesures politiques (dont la plus récente est l’AMI, Accord multilatéral sur l’investissement, destiné à protéger, contre les Etats nationaux, les entreprises étrangères et leurs investissements), visant à mettre en question toutes les structures collectives capables de faire obstacle à la logique du marché pur : nation, dont la marge de manœuvre ne cesse de décroître ; groupes de travail, avec, par exemple, l’individualisation des salaires et des carrières en fonction des compétences individuelles et l’atomisation des travailleurs qui en résulte ; collectifs de défense des droits des travailleurs, syndicats, associations, coopératives ; famille même, qui, à travers la constitution de marchés par classes d’âge, perd une part de son contrôle sur la consommation.

[...]

On voit ainsi comment l’utopie néolibérale tend à s’incarner dans la réalité d’une sorte de machine infernale, dont la nécessité s’impose aux dominants eux-mêmes. Comme le marxisme en d’autres temps, avec lequel, sous ce rapport, elle a beaucoup de points communs, cette utopie suscite une formidable croyance, la free trade faith (la foi dans le libre-échange), non seulement chez ceux qui en vivent matériellement, comme les financiers, les patrons de grandes entreprises, etc., mais aussi chez ceux qui en tirent leurs justifications d’exister, comme les hauts fonctionnaires et les politiciens, qui sacralisent le pouvoir des marchés au nom de l’efficacité économique, qui exigent la levée des barrières administratives ou politiques capables de gêner les détenteurs de capitaux dans la recherche purement individuelle de la maximisation du profit individuel, instituée en modèle de rationalité, qui veulent des banques centrales indépendantes, qui prêchent la subordination des Etats nationaux aux exigences de la liberté économique pour les maîtres de l’économie, avec la suppression de toutes les réglementations sur tous les marchés, à commencer par le marché du travail, l’interdiction des déficits et de l’inflation, la privatisation généralisée des services publics, la réduction des dépenses publiques et sociales.



- Pasolini (1973) « Le centralisme fasciste n’a jamais réussi à faire ce qu’a fait le centralisme de la société de consommation »
« Le fascisme proposait un modèle, réactionnaire et monumental, qui est toutefois resté lettre morte. Les différentes cultures particulières (paysanne, prolétaire, ouvrière) ont continué à se conformer à leurs propres modèles antiques : la répression se limitait à obtenir des paysans, des prolétaires ou des ouvriers leur adhésion verbale. Aujourd’hui, en revanche, l’adhésion aux modèles imposés par le Centre est totale et sans conditions. Les modèles culturels réels sont reniés. L’abjuration est accomplie. On peut donc affirmer que la « tolérance » de l’idéologie hédoniste, défendue par le nouveau pouvoir, est la plus terrible des répressions de l’histoire humaine. Comment a-t-on pu exercer pareille répression ? A partir de deux révolutions, à l’intérieur de l’organisation bourgeoise : la révolution des infrastructures et la révolution du système des informations. Les routes, la motorisation, etc. ont désormais uni étroitement la périphérie au Centre en abolissant toute distance matérielle. Mais la révolution du système des informations a été plus radicale encore et décisive. Via la télévision, le Centre a assimilé, sur son modèle, le pays entier, ce pays qui était si contrasté et riche de cultures originales. Une œuvre d’homologation, destructrice de toute authenticité, a commencé. Le Centre a imposé - comme je disais - ses modèles : ces modèles sont ceux voulus par la nouvelle industrialisation, qui ne se contente plus de « l’homme-consommateur », mais qui prétend que les idéologies différentes de l’idéologie hédoniste de la consommation ne sont plus concevables. Un hédonisme néo-laïc, aveugle et oublieux de toutes les valeurs humanistes, aveugle et étranger aux sciences humaines. »




- Dany-Robert Dufour (2001), Malaise dans l’éducation
La fabrique d’un individu soustrait à la fonction critique et susceptible d’une identité flottante ne doit donc rien au hasard : elle est parfaitement prise en charge par la télévision et l’école actuelles. Le rêve du capitalisme n’est pas seulement de repousser le territoire de la marchandise aux limites du monde (ce qui est en cours sous le nom de mondialisation), où tout serait marchandisable (droits sur l’eau, le génome, les espèces vivantes, achat et vente d’enfants, d’organes...), mais aussi de faire rentrer les vieilles affaires privées, laissées jusqu’alors à la disposition de chacun (subjectivation, sexuation...), dans le cadre de la marchandise.
Nous vivons à cet égard un tournant capital car, si la forme sujet est atteinte, ce ne sera plus seulement les institutions que nous avons en commun qui seront en danger, ce sera aussi et surtout ce que nous sommes. Plus rien alors ne pourra endiguer un capitalisme total où tout, sans exception, fera partie de l’univers marchand : la nature, le vivant et l’imaginaire.

texte intégral :
LE MONDE DIPLOMATIQUE | novembre 2001 | Pages 10 et 1
http://www.monde-diplomatique.fr/2001/11/DUFOUR/15871



- Vers une école totalitaire ? Liliane Lurçat

- L’abrutissement programmé de la jeunesse et les méthodes managériales

 

- Jared Diamond : De l’inégalité parmi les sociétés - Effondrement

 

- Jared Diamond : Guns, Germs and Steel - Collapse

 

- http://bugbrother.blog.lemonde.fr/2011/07/07/un-fichier-de-45m-de-gens-honnetes/#xtor=RSS-32280322 



 - Puces électroniques sous la peau : big brother est-il parmi nous ? (2008)
- La technologie des puces RFID
Connaissez vous la technologie RFID? L'identification par radio fréquence...
Il s'agit de petites puces électroniques minuscules sur la mémoire desquelles il est possible de stocker quantité de données et d'informations.




Certains les implantent déjà dans le corps humain pour identifier les individus ou pour y intégrer leur dossier médical...


Les puces électroniques vont se multiplier sur tous les produits de la vie quotidienne. Elles seront capables de dresser un inventaire exhaustif de vos habitudes de consommation. Elles pourront élaborer votre dossier médical, mais aussi votre profil judiciaire, fiscal, culturel, voire intime...



Avec quel risque pour la vie privée ?
Avec quel impact pour la démocratie ?

Article complet et reportage : http://blogrtbf.typepad.com/qalu/2008/04/ce-mercredi-23.html

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