16 juillet 2011

SOS-Education et extrême-droite ? et néolibéralisme ?

Ce recueil de références sur SOS-education comporte 4 parties :  1) SOS-Education par Luc Cédelle, journaliste spécialiste des questions d'éducation et auteur du blog Interro écrite ; 2) SOS-Education par le forum d'enseignants Neoprofs ; 3) SOS-Education par le journal Libération dont un commentaire précieux analysant le fonctionnement de la nébuleuse SOS-Education ; 4) un article du journaliste éducation Davidenkoff avertissant dès 2003 contre le danger que représente SOS-Education. 

 

 

Pour compléter, il est possible de se reporter également à un autre article :  

"SOS-Education : techniques de vente et manipulation marketing"

 

Voir aussi la retranscription de la vidéo sur la grève du 27 septembre :  

Vidéo SOS-Education 27 septembre : retranscription diapo par diapo

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1) L'ultra-vérité sur SOS-Education, par Luc Cédelle  

 

L’ultra-vérité sur SOS-Education (1) 21 avril 2010

 

L’ultra-vérité sur SOS-Education (2) 01 mai 2010

 

L’ultra-vérité sur SOS-Education (3) 05 mai 2010

 

L’ultra-vérité sur SOS-Education (4) 13 mai 2010

 

L’ultra-vérité sur SOS-Education (5) 20 mai 2010

Blog Interro écrite (Luc Cédelle) 

 

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2) Neoprofs

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3) Libération.fr (2006) :

Société Le 6 novembre 2006 à 23h58

1) SOS Education en croisade pour le retour à l'école d'antan

«Un inspecteur insulte son ministre et il ne risque rien, pas même un blâme. Roland Goigoux, lui, continue de former des enseignants. La preuve que l'Education...
 

2) Droit de réponse. L'association SOS Education

L'association SOS Education: «Suite à une mise en cause dans le cadre de l'article intitulé "SOS Education en croisade pour le retour à l'école d'antan" et avec...



3) Commentaire sur Libé (06/11/2006) :

Les nouveaux « entrepreneurs associatifs »

Ou bien

Comment transformer une légitime indignation en une activité lucrative à défaut d’être vraiment efficace ?


Avertissement : L’objet de cet article (deuxième version du 13-12-08) n’est pas de «stigmatiser» des personnes sincères. Nous cherchons à faire réfléchir sur un mode d’action qui ne semble pas en rapport avec les objectifs visés par certaines associations. C’est particulièrement le cas quand on fait appel à la générosité du public sous une forme ou sous une autre. Toute association « a but non lucratif » faisant des appels de fonds importants se doit d’être absolument transparente sur les questions financières et d’être «comptable » de l’utilisation de ces fonds. Cette étude est aussi un projet de conférence que je compte faire à des étudiants.

Nous allons étudier un vrai cas d’école :

Cela fait maintenant plus de 10 ans que nous voyons fleurir en France de nombreuses associations qui lèvent de plus en plus de fonds « à l'américaine » pour faire vivre des activités aussi diverses que :

- La dénonciation de la charge fiscale (ex : contribuables associes.org)
- La dénonciation de la pornographie (« avenir de la culture » )
- La dénonciation des régimes spéciaux de retraite (sauvegarde retraites.org)
- La dénonciation de l’avortement (Droit de naitre )
- La dénonciation des dérives éducatives (sos-éducation)
- La dénonciation des charges des petites entreprise ( le GEFI : c’est nouveau..)
- La dénonciation du laxisme Judicaire ( « l’Institut pour la Justice » une nouvelle activité qui fait parler d’elle en raison de l’assassinat horrible d’Anne-Loraine Schmitt …)
Etc…

Une association est devenue en quelques années très active dans ce secteur : SOS-éducation

Attention ! nous ne faisons pas d’amalgame car nous n’avons pas pu établir de liens familiaux ou autres entre toutes ces nombreuses associations. Enfin, « Droit de naitre » et « Avenir de la culture » citées ci-dessus… sont en particulier des plus suspectes en raison de leurs liens avec FTP.

Toutefois les méthodes marketing de toutes ces associations citées en exemple utilisent les techniques anglo-saxonnes du « fundraising » . Il existe même des associations de « fundraisers », des séminaires, des agences de fundraising, etc .. (voir le site www.fundraisers.fr)

Un précurseur dans ce domaine est M. François Laarman qui est un des fondateurs de «Contribuables associés»,

Nous pouvons lire page 6 sur un document en pdf de la « fédération internationale worltaxpayers » toute la stratégie du « marketing direct » mise en application pour cette l’association « contribuable associés »:
http://www.worldtaxpayers.org/Taxpayer_...


The name of a person who has been coordinating the direct mail program of the French association is Frank Laarman (flaarman.score@club-internet.fr), probably one of the best experts in Europe on mailings. At our seminar in St. Petersburg (2003) he suggested associations should ask for donations 2-5 times a year. The response rate on his mailings is 2-5% and the response rate on the house file (file of existing members) is 8-12%.The more you tell the more you sell, Mr. Laarman said about mailings, arguing for long letters. He invited the members of WTA to come and see him for a two day free consulting at this company, Score Marketing, outside Paris.”

Le plus étonnant est tout ce « marketing associatif » “marche” ! De plus en plus de grandes associations y ont recours ! Pour donner un simple exemple, SOS-éducation a récolté en 2004 pour 1.930.040 euros de dons ! (Chiffres publiés par eux Bulletin N°12) qui a permis d’acheter des locaux en plein Paris et 2,8 millions en 2006 qui a permis de mettre en “réserve” 750.000 euros. En 2008, ils devraient récolter plus de 3 Millions..( pour donner une idée la fondation Jerome Lejeune qui soutient des centaines de projets de recherche ne récolte que 7 Millions d’euros par an)

Le principe est simple :
Si vous constatez que 10 euros dépensés pour lever des fonds génèrent 20 euros de dons, vous serez content et vous serez tenté de dépenser 100, 1.000, ou 10.000 fois plus … Sauf que la progression n’est pas linéaire mais plutôt géométrique ! Plus « la cible » est lointaine, moins la levée de fonds sera efficace. Et plus le système s’auto-alimentera jusqu’au point-mort de rentabilité pour le plus grand profit de la Poste et de tous les professionnels de cette “industrie”. Cela peut conduire des associations à multiplier sans scrupule les opérations jusqu’à atteindre ce point ! Du coté du donateur, cela signifie qu’il peut aller jusqu’à financer 99 % de la collecte ! Alors qu’il pense naïvement que l’essentiel de son don sera utilisé dans les “grands projets” décrits dans le mailing.

La technique du fundraising s’appuyant sur l’indignation est très bien rodée . En quelques mots :
1. On fait un mailing auprès d’une population bien ciblée (de « droite » et donc de nature à s’indigner, ayant de l’argent, un certain âge, etc…)
2. On y dénonce tous les abus du sujet traité. On fait pour cela appel à des rédacteurs-marketeurs dont c’est le métier. Cela ne s’improvise pas !
3. Le plus important : on joint un « référendum » ou une pétition à renvoyer impérativement à l’adresse de l’association avec un bulletin «de soutien » (et non pas « d’adhésion » au sens juridique du terme) pour faire un don de 20, 40 ou 100 euros ; la formulation est faite de telle façon qu’il est habilement suggéré que le renvoi du « bulletin de vote » doit être accompagné d’un chèque pour être bien pris en compte « oui, je soutiens votre action, etc. »

Les associations achètent (très cher !), et le plus légalement du monde, des fichiers d’adresses postales, notamment auprès d’entreprises spécialisées ayant des sites comme http://www.personnes-aisees.com/ Site sur lequel V Laarman avait fait un témoignage - retiré aujourd’hui de ce site probablement à la suite de l’article de Libération qui le reprenait – en ces termes : « Nous avons besoin d’adresses de femmes de 60 ans et plus, grand-mères, ayant au moins 2 petites enfants scolarisés et donatrices à une cause d’enfant (…) . Nous n’avons pas pu trouver d’autres fichiers capables de fournir un potentiel aussi important pour cette sélection ».


Le site www.e-marketing.fr nous informe par ex. que l’agence Score Marketing, qui est spécialisée dans la collecte de fonds pour des associations “militantes” - Contribuables Associés, Sauvegarde Retraite et SOS Education - a recours aux services d’IOS pour le traitement informatique de ses fichiers de prospection et la personnalisation. Une simple recherche sur le net nous confirme que la société Score Marketing (RCS Evry B 403 694 623 : 11, rue Eglise 91650 st Yon ) est bien la propriété de l’expert cité plus haut et qu’elle a réalisé 940.000 euros de chiffre d’affaires en 2002… Les neveux de François Laarman travaillent activement à SOS Education. Isabelle, 25 ans, nièce de François, fait partie de SOS Education. Ainsi que Vincent, son frère, qui en est l’animateur principal. Il n’y a rien certes rien d’illégal à cela …

Il faudrait savoir comment est employé cet argent … Les nouveaux entrepreneurs associatifs convoquent-ils leurs « adhérents-donateurs » à une Assemblée Générale Annuelle comme est censée faire une association loi 1901 ? Non ! Car ils déposent des statuts « fermés » cad seul les membres cooptés ou membres participants peuvent y assister et bien sûr y voter : ” La qualité de membre participant s’acquiert, après présentation par deux membres participants précédents, sur agrément du Conseil d’Administration qui, en cas de refus, n’aura pas à motiver sa décision” précise toujours les statuts des différentes associations de cette nébuleuse … Même si ce verrouillage est très fréquent dans le monde associatif confessionnel ou politique, cela ne contribue pas à toute la transparence souhaitable à partir du moment où elle n’ont pas encore la crédibilité des “grandes” ou des fondations …

Bref, si vous avez donné de l’argent à une de ces associations, ne vous attendez pas à être invité à l’AG… Toujours à titre d’exemple, le bulletin N° 12 de SOS-éducation donne un relevé de dépenses qui est en fait illisible car les dépenses sont classées par fonctions (campagne de mobilisation, campagnes de sensibilisation, frais de siège, subventions versées à des associations, recherches, etc.. ;) et non par nature ou par opérations (frais postaux, salaires, amortissement, etc..) Bref bien peu de transparence ! pas de situation active/passive, pas d’organigramme, pas d’explication sur les conventions passées avec les associations et entreprises amies, etc.. On se doute simplement que le cout global de la collecte est considérable. Un « gros bémol » doit aussi être donné sur le fait cette association se réfère au philosophe liberal Philippe Nemo et surtout à la mouvance « libertarienne » Pour plus de détail : http://fr.wikipedia.org/wiki/Philosophi...

Cette forme de pensée philosophique peut conduire à adopter sans difficulté le principe contestable que « la fin justifie les moyens » …Cette forme outrancière du libéralisme a de plus en plus d’influence sur une partie de la « droite » française. En témoigne le mouvement “Liberté Chérie” qui a de nombreux partenaires : l’IFRAP, Contribuables Associés, l’Institut Turgot, les Cercles Libéraux ou l’ALEPS en France. (http://www.liberte-cherie.com)

Reste à savoir surtout (car c’est le plus important !) si cette action est vraiment efficace au regard des sommes considérables allouées par les donateurs.
Une des justifications de cette action marketing consiste à dire que le mailing qui collecte le fond est en lui-même une action de sensibilisation du public. Cet argument ne me semble pas recevable car le contenu du mailing est « très grand public », il a d’abord pour objectif essentiel d’être efficace financièrement. Il sera d’autant plus efficace qu’il assénera des arguments assez primaires car il cible d’abord l’acquisition des futurs sympathisants payants. Il y a même une contradiction entre le fait de prétendre faire du « lobbying » (lequel consiste à toucher les élites politiques ou civiles par des études approfondies, des dossiers sérieux et des arguments nuancés) et agir pour l’essentiel au moyen de mailings aux développements nécessairement simplistes…

Comme sur la plupart des sites sollicitant des dons et des pétitions, il y aussi beaucoup de photos de remises de « référendum », de “contacts” avec des politiques (en fait c’est souvent une lettre de “politesse politique” ou une poignée de main). On retrouve des « justifications » analogues sur le site de « Droit de naitre » : des caisses de « référendums » des banderoles à des manifestations, la présence à des congres ou des manifs à Oslo, Washington, Lisbonne, etc.… On peut s’interroger sur le rapport cout/efficacité que représentent ces voyages en avion de 3 ou 4 “responsables” pour dérouler une banderole “droit de Naitre” à une manif à 5.000 km de Paris ! (DdN fut bien sûr présent en janvier 2009 à la manif pro live de Washington..)

On en vient à une nouvelle association « Institut pour la justice » qui fait beaucoup parler d’elle

Un rapide coup d’œil sur les statuts déposés il y a plus de 18 mois (donc avant l’assasinat d’Anne Loraine) à Rambouillet nous indique que cette association est encore contrôlée par les nouveaux « entrepreneurs associatifs » (le siège est au domicile de Vincent Laarmam et la présidente est son épouse Marie Laure Jacquemond )

Une visite sur le blog de l’association nous donne la possibilité de télécharger en ligne le classique « referendum pour la justice » avec le bulletin pour verser le don qui doit en principe aller avec … Il est maintenant possible de “voter en ligne » sans envoyer de don ! Il vous suffit de donner votre email ( ce qui a déjà une valeur … en terme marketing). C’est assez nouveau, mais cela risque d’être moins efficace au niveau financier… Certes l’e-mailing est moins couteux que le mailing postal, mais il est aussi moins “rentable”. C’est aussi une diversification pour toucher une cible plus jeune :
http://www.institutpourlajustice.com/
Damien Thellier, Professeur de Philosophie à Stan, (voir son blog http://nicomaque.blogspot.com qui fait une recension de P. NEMO) ) en est curieusement le “Directeur des Etudes”.

Reste maintenant à savoir pourquoi le Colonel Schmitt, le père d’Anne-Loraine, a accepté de présider le « comité d’orientation » de cette association ? Je peux déjà confirmer qu’il est bien “partie prenante” dans l’association et qu’il fait toute “confiance à l’équipe “… (voir art sur IPJ)

Une dernière nouveauté fait sourire le chef d’entreprise que je suis ! C’est l’association pour les « entreprises indépendantes » qui vient de se créer avec une nouvelle race « d’entrepreneurs associatifs » ! Le GEFI peut-on lire sur leur site : « a été créé en 2008 par trois jeunes entrepreneurs, Vincent Laarman, entrepreneur associatif, Mickaël Saillant, directeur d’une société de marketing direct, et Étienne de Gourcuff (membre actif de sos-éducation- ndlr), exploitant d’une jardinerie (proche de Rambouillet…) . Ils ont tous les trois très bien réussi dans leurs domaines respectifs. Cependant, ils se sont aperçus d’un inquiétant manque d’appréciation des administrations publiques de l’importance des petites organisations pour l’économie d’un pays, et d’un accroissement de la réglementation de plus en plus problématique. Après avoir étudié des organisations à l’étranger étant parvenues à faire une forte différence pour les petites entreprises en Angleterre et au Canada, ils ont décidé de créer un équivalent français, le GEFI ».
http://www.gefi-asso.org/article.php3?i...

Une recherche sur Google nous apprend maintenant que Michel Saillant est directeur de France Adresse (http://www.france-adresses.fr/) qui se présente comme le spécialiste de l’adresse des seniors ! (Encore !) Devinez où se trouve le siège de France adresse ? Réponse au bas du site : 11 bis chemin de l’église à 91 St YON ! (l’adresse de la Sté Score Marketing citée plus haut!).

Nouveauté au 8 fevrier. le GEFI fait appel à la Sté STAREXIS (RCS Paris 508009305) en qualité de prestataire de service qui embauche des jeunes pour démarcher à domicile en porte à porte les artisans et les petits commerces afin de solliciter leur adhésion au GEFI pour la “modique” somme de 230 euros, 500 ou plus. Cette action de « Hard selling »se fait sur le territoire ciblé de Normandie sous la Direction de Vincent Laarman (DG de Starexis) et du Responsable Régional des ventes (sic !) Aldric Boulangé que l’on retrouve comme collaborateur chez SOS éducation. Cette véritable action commerciale permet de titrer dans la lettre N° 3 du Gefi 2008 « spectaculaire percée du Gefi en Normandie ! » . L’actionnaire unique de la SAS STAREXIS n’est autre que Mme Catherine NEMO la femme du philosophe libertarien Philippe NEMO, ancien professeur et ami de V. Laarman

On retrouve des liens croisés entre les deux familles. Ainsi le fils, Jean NEMO, a reçu une récompense (financière) de la part de Sos Education avec le 2 eme prix « de l’excellence éducative ».
http://www.soseducation.com/spip/sos.ph...
pour son action à la “librairie des écoles”. Cette EURL au capital de 1.000 euros dont Jean NEMO est le gérant et le propriétaire, dispose d’un apport en compte courant important ( 250.000 euros en consultant les comptes sur société.com RCS Paris 491016341) et qui bénéficie du soutient tres visible de SOS-Education.

Jean Nemo est aussi un ami de Damien Thellier de l’IPJ. Le hasard faisant bien les choses, il se trouve que Mme Nemo est aussi le patron d’une presse « populaire » et très florissante avec le titre « Horoscope » et …« Le Nouveau Détective » qui vient de faire paraitre en décembre l’appel de Cynthia SARDOU pour soutenir …l’institut pour la Justice ! Le monde est petit chez les NEA…

Si vous avez une « entreprise associative » à monter, vous savez maintenant comment faire et où louer des milliers d’adresses de qualité… Vos parents seront peut-être dans ce fichier … Pour donner un ordre d’idée le tarif du marché d’une adresse postale bien ciblée va de 0.2 à 0.6 euros (Et parfois plus ! Et il ne s’agit que d’une location ! )

En conclusion, face à l’invasion du marketing dans les débats d’idée, il est devenu toujours plus urgent et nécessaire de « penser l’action » comme le répétait Jean Ousset ! La professionnalisation du secteur associatif ne doit pas nous dispenser de faire du discernement dans nos engagements y compris financiers… Et faire trop de quantitatif à la place du qualitatif.

4) SOS Education, attention danger

L'association dissimule ses liens avec les officines ultralibérales.

Le 1er avril 2003 à 22h31
Par NIEPCE Airelle
 DAVIDENKOFF Emmanuel

Sur l'enveloppe, la mention «SOS Education». En dessous : «L'Ecole est en train de mettre en péril l'avenir de milliers d'enfants : IL FAUT AGIR VITE !» Cette enveloppe, plusieurs centaines d'enseignants l'ont reçue, à leur adresse personnelle, notamment dans l'Hérault, la Charente-Maritime, l'Eure-et-Loir, la Lozère et le Doubs. Les envois ont commencé il y a plusieurs mois. A l'intérieur, un courrier signé Martine Duverger, secrétaire générale de SOS Education. «J'ai besoin de votre opinion (votre souligné, ndlr) sur ce que je crois être la pire catastrophe qui menace notre pays (...) : la crise dramatique qui frappe l'Education nationale et, avec elle, toute une partie de notre jeunesse.» Suit un constat au vitriol sur les raisons pour lesquelles «l'avenir de millions d'enfants est aujourd'hui gravement compromis», comportant une violente charge contre les syndicats, qui «font la loi» à l'Education nationale. Le courrier appelle à un «référendum national sur l'école» et «à rejoindre SOS Education, une association totalement indépendante». Il est également précisé que l'association est déclarée «d'intérêt général» (1).

Duperie. Une présentation de l'association, disponible sur le web (2), est jointe. Ainsi que le n° 3 du bulletin de liaison. Titre en première page : «Le ministre délégué Xavier Darcos s'explique devant SOS Education.» Plus bas, la photo d'un jeune homme, visage tourné vers Xavier Darcos : «Vincent Laarman et Xavier Darcos : la voix des parents enfin entendue par l'Education nationale.»

Or l'association, en tant que telle, n'a jamais rencontré Xavier Darcos. La photo a été prise fin novembre lors d'un petit-déjeuner du Club Concorde, un think tank fondé par Jérôme Monod. Rendez-vous fut bien pris avec deux membres du cabinet du ministre délégué à l'Enseignement scolaire, mais pas avec ce dernier. L'un d'eux se souvient avoir reçu des représentants de SOS Education le 14 janvier : «Je me suis fait traiter de gauchiste pour la première fois de ma vie ! Ils m'ont insulté pendant une heure, m'ont accusé d'être un collabo des syndicats.» Deux mois plus tard, le même conseiller a la surprise de recevoir un courrier très cordial faisant état «de l'accueil et de l'intérêt [qu'il a] manifesté pour SOS Education».

Nébuleuse. L' association est indépendante au plan légal, mais pas neutre au plan politique : elle se rattache à une nébuleuse parfaitement identifiée. On la retrouve sur le site Internet conscience-politique.org pour lequel elle a réalisé l'analyse d'un manuel d'histoire jugé trop complaisant sur les morts du communisme. Que trouve-t-on sur ce site ? Des références aux ultralibéraux tendance Reagan, aux mouvements antiavortement et à la mouvance des évangélistes américains, le tout nimbé d'une proximité assumée avec l'extrême droite. Et des références appuyées à Claude Reichman, seule «personnalité politique» dont le site Internet est recommandé.

Ce dernier n'est pas un inconnu, et c'est bien le mouvement qu'il tente de fédérer qui inspire directement SOS Education. Il se présente comme «ancien candidat à l'élection présidentielle de 2002», à laquelle il n'a pas concouru, faute de signatures suffisantes. Reichman a néanmoins créé un «cabinet fantôme» à la mode anglaise. Avec un «ministre de l'Instruction publique et de la Civilisation» (l'universitaire Guy Millières). En matière d'éducation, le programme présente des parentés avec ceux du FN et surtout du MNR de Bruno Mégret, mais il se rattache surtout aux idées défendues par Charles Millon, ex-président de la région Rhône-Alpes élu avec les voix du FN. Un autre site assure la promotion de Claude Reichman : les4vérités.com, qui renvoie dans sa rubrique «Partenaires» aux sites de National hebdo et de Présent. Elle incite à ne pas manquer l'émission de Reichman sur Radio Courtoisie. les4vérités.com sont publiées par l'ancien journaliste Alain Dumait, qui a successivement travaillé, entre 1970 et 1979, à Valeurs actuelles, au Figaro, à France-Soir, à Antenne 2 et à l'Express avant de créer «Contribuables associés», association violemment anti-service public. Adjoint d'Alain Dumait est François Laarman, impliqué dans des actions de lobbying pour la défense du libéralisme, des consommateurs et des contribuables.

Or, la famille Laarman est intimement liée à SOS Education. Isabelle, 25 ans, nièce de François, était dans la délégation de SOS Education qui a été reçue au ministère. Ainsi que Vincent, son frère, qui apparaît sur la photo aux côtés de Xavier Darcos. Par ailleurs, Isabelle résidait encore fin 2002 dans le XVe arrondissement de Paris, dans le logement qui a servi de premier siège social à SOS Education. Enfin, Vincent Laarman est présenté comme un des correspondants de l'organisation américaine The Separation of School and State Alliance (Alliance pour la séparation de l'école et de l'Etat). Cette dernière ne réclame rien moins que le renvoi complet de l'éducation à la sphère privée.

Concordance. Cette offensive de lobbying venant des ultralibéraux a inquiété l'Unsa-Education. Le syndicat relève en effet une troublante concordance entre les annonces de Raffarin en matière de décentralisation ou d'autonomie des établissements et certains points du «programme» de SOS Education. Idem de la tonalité générale des discours de l'Education nationale depuis huit mois sur une école qui serait «en panne» et manquerait «d'efficacité». Pour autant, les réseaux libéraux qui s'étaient structurés voici dix ans à l'Education nationale, et dont Xavier Darcos était un des animateurs, semblent étrangers à la nébuleuse dans laquelle s'inscrit SOS Education. A ce jour, l'association, qui revendique entre 18 000 et 20 000 adhérents, n'a pas répondu à nos questions.

(1) Disposition fiscale qui n'implique aucun contrôle a priori. Cette mention n'a rien à voir avec la déclaration dite «d'utilité publique».
(2) www.soseducation.com

Critiques de Luc Cédelle, journaliste spécialisé sur les questions d'éducation : 

1) sur le fundraising :  
Les méthodes employées par SOS education et toute la galaxie associée sont celles du marketing direct, qui n’est qu’une des innombrables méthodes utilisées dans tous les domaines pour vendre un produit ou pour lever des fonds. A ce titre le fund raising, passant ou non par le marketing direct, est pratiqué par toutes sortes de structures ou d’institutions, notamment les ONG et les universités. Les jeunes aux carrefours avec un t-shirt Unicef, c’est du fund raising.



L’originalité de SOS education & co est d’appliquer le marketing direct à la politique jusqu’à créer une véritable confusion entre finalité commerciale et finalité politique. Confusion qui leur est d’ailleurs de plus en plus reprochée dans leur camp politique, où certains trouvent que le business développé par ces associations est devenu une fin en soi et une cause privée, au détriment du « vrai » message politique.

2) sur la responsabilité des antipédagos :
Malgré toutes les dénégations de Sauver les lettres, Reconstruire l’école et, au-delà, de l’ensemble de la mouvance « antipédago », j’observe néanmoins que si SOS Education exploite de manière éhontée un message simpliste (grosso modo : on n’apprend plus à lire à l’école à cause des cinglés de la globale) c’est à la base parce ce message simpliste a été mis à sa disposition par des enseignants, relayés par des intellectuels. C’est aussi une constante du marketing de se mettre à la remorque d’un phénomène plus puissant (exemple : le type qui sort innocemment un journal sur les dinosaures 15 jours avant la sortie de Jurassic Park).

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