Auriac Canac Jughon Grammaire française Classe de fin d'études, Certificat d'études primaires (1942)
TABLE DES
MATIÈRES
PRÉFACE
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PRÉFACE
Nous offrons aux maîtres du cours
supérieur, pour l’usage des élèves de 11 à 14 ans, un nouveau manuel de grammaire que nous avons voulu
simple mais complet.
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Nous disons un manuel, c’est-à-dire un ouvrage où les notions grammaticales sont
ordonnées logiquement et forment un système. Tout enseignement qui veut être
efficace doit être systématique. Il en est de la grammaire comme de la morale :
un enseignement occasionnel se fixe mal dans la mémoire et court le risque d’être
sans portée. Cette conception de l’enseignement grammatical n’est pas nouvelle.
Il y a quelque vingt ans, on s’était déjà justement élevé contre la tendance à
faire de la grammaire à propos de l’enseignement du français en général et non
pas pour elle-même.
Pendant de longues années, le livre unique de français a été à la mode
; sur la même page, ou du moins dans la même leçon, toutes les disciplines
étaient rassemblées : vocabulaire, orthographe, grammaire, lecture expliquée...
Méthode dangereuse, où aucune de ces disciplines ne trouvait son compte, même
dans les ouvrages les plus riches de matière. C’était le règne de la confusion,
encore que les auteurs prétendissent se réclamer d’une méthode « unitaire »,
celle des centres d’intérêt.
« Pour bien connaître cette partie
indispensable de la science du langage qu’est la grammaire, il faut se borner à
la grammaire. » (A. FONTAINE : Pour qu’on
sache le français, 1922, p. 10.)
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Comment entendons-nous la simplicité dans l’enseignement grammatical ?
Nous nous référons volontiers aux
Instructions officielles de 1923. Elles condamnent sagement, en effet, l’introduction
dans cet enseignement de notions compliquées, nouvelles, encore sujettes à
controverse. Dans l’enseignement élémentaire, seules doivent figurer les
notions bien établies sur lesquelles les grammairiens s’accordent. Avec les
débutants, un certain dogmatisme un peu simpliste est même nécessaire, bien qu’il
ne faille pas ignorer que la langue n’est pas seulement affaire de logique,
mais aussi d’influences diverses d’ordre psychologique et d’ordre social, où la
logique n’intervient pas et qui donc peuvent changer d’un temps ou d’un milieu
à un autre.
« Jamais nous ne répéterons assez qu’il
faut simplifier l’enseignement grammatical. » Au cours moyen « il ne s’agit
toujours que d’une étude succincte, sans subtibilités d’analyse. » « Même au
cours supérieur, l’enseignement grammatical doit demeurer simple... Peu de
notions, mais des notions précises. » (Instructions
officielles de 1923.)
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Mais il ne faut pas aller trop loin dans la voie de la simplicité; il ne faut, à l’école
primaire, laisser ignorer rien d’essentiel. Surtout au cours supérieur, ne
craignons pas d’aborder tous les éléments d’une science du langage capables d’éclairer
suffisamment les jeunes Français sur la constitution de leur belle langue.
Cette science modeste est la mieux adaptée à l’âge et à la faculté d’assimilation
de l’enfant.
Les Instructions
officielles de 1923 paraissent redouter plus que les instructions
postérieures les exercices purement
formels parce qu’ils comportent un certain degré d’abstraction, qu’ils risquent
de manquer d’agrément et qu’ils exigent un effort. À vrai dire, il n’y a d’acquisition
d’un savoir solide que si toutes les facultés de l’esprit entrent en jeu, même
celles dont l’exercice exclut la fantaisie et le plaisir.
L’enseignement doit viser à créer des
habitudes intellectuelles et même des automatismes.
On n’y peut parvenir que par la multiplication des applications d’une règle ou
d’une formule préalablement expliquée et apprise par coeur.
Nous souhaiterions que le livre de grammaire
du cours supérieur constituât un livre de références, comme le dictionnaire,
auquel aurait recours volontiers l’élève après sa sortie de l’école et l’adulte
lui-même dont l’instruction ne dépasserait pas le stade primaire.
« Sous prétexte de simplification, il
ne faut pas que l’enseignement grammatical reste superficiel, reprenant
purement et simplement chaque année les mêmes notions élémentaires. » (Instructions officielles de 1938.)
Mais, malgré notre désir d’être
complets, nous nous sommes appliqués à exclure
toutes les notions encore discutables, nous contentant d’en renvoyer l’examen
au Livre du Maître où il nous arrive
aussi de justifier certaines prises de positions touchant des questions encore
litigieuses chez les grammairiens, car notre désir est que les maîtres n’ignorent
pas que la grammaire est une science en formation, comme toutes les sciences d’ailleurs,
science difficile et attrayante à la fois et qui est loin de mériter l’espèce
de discrédit où elle est tombée chez certains esprits.
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Nous pensons qu’elle n’est pas une science rebutante, et si nous avons cherché à
rendre ce livre attrayant, ce n’est pas par de vaines fioritures, mais par une
présentation des leçons où la symétrie, la variété des caractères, la présentation matérielle, en un mot,
sollicite l’attention de l’élève et facilite son effort de compréhension et de
rétention.
Ajoutons que nous avons eu recours à
une illustration sobre, en accord étroit avec le sujet traité, et que les exercices
eux-mêmes, très abondants, comme il convient, comportent tous des exemples
toujours empruntés à de bons auteurs, en sorte qu’ils constituent déjà une
excellente préparation à la recherche de l’expression juste ou pittoresque.
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Disons un mot de la manière dont il
nous semble que le maître doit se servir de ce livre.
Ce manuel devant rester entre les mains
des élèves jusqu’à la fin des études, il n’a point paru opportun de disposer
les leçons de telle sorte que, chacune d’elles fournissant la matière d’un seul
exposé du maître, celui-ci se trouvât dans l’obligation de répéter aux mêmes
élèves les mêmes leçons pendant trois ans.
Nous avons donc traité chaque point du
programme en un certain nombre de paragraphes nettement séparés et, dans chacun
d’eux, distingué, par des caractères différents, les notions les plus
importantes et les remarques de détail. Selon l’âge des élèves et le niveau de
sa classe, le maître pourra donc choisir le paragraphe sur lequel il fera
porter, en un ou plusieurs exposés, son
principal effort.
Nous avons groupé, en tête de chaque
leçon, les notions fondamentales. Il
s’agit là le plus souvent de notions élémentaires acquises au cours moyen ou
même au cours élémentaire et qui n’appellent qu’une revision rapide avant que
soient abordées, dans les paragraphes suivants, les notions nouvelles ou
difficiles. Plus rarement, lorsque le sujet de la leçon est entièrement
nouveau, ce premier paragraphe constitue une sorte de résumé où se trouvent ramassées les notions essentielles à dégager au cours de la leçon et à faire
retenir.
À chaque paragraphe de la leçon répond
un groupe d’exercices. Le maître qui n’aura traité dans son exposé qu’une
partie de la leçon trouvera donc, sans difficulté, les applications
correspondantes.
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Ce manuel comporte un Livre du Maître. Celui-ci est destiné à
permettre un usage commode du manuel à ceux qui voudraient poursuivre seuls l’étude
de la grammaire et même aux parents qui auraient le désir de diriger le travail
de leurs enfants. Mais nous pensons qu’il sera utile aux maîtres eux-mêmes.
Ceux-ci y trouveront le moyen d’accélérer la préparation de la leçon toutes les
fois qu’ils seront pressés par le temps; et les débutants y pourront faire leur
profit des directions pédagogiques et des suggestions qu’il contient sur les
différents problèmes grammaticaux et les auteurs les plus nouveaux qui en ont
traité. C’est à ce titre, pensons-nous, un instrument de culture supplémentaire.
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C’est aux usagers qu’il appartiendra de
dire si, en composant ce nouveau manuel, complété en quelque sorte par le Livre
du Maître ainsi compris, nous sommes parvenus à faire un livre à la fois simple,
complet, modestement à jour de la science grammaticale, original et intéressant.
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