20 avril 2012

L'apprentissage des gestes de l'écriture liée, par Catherine Huby

Ce texte est la deuxième partie et dernière partie d'un texte de Catherine Huby consacrée à l'apprentissage de l'écriture liée de la petite section au Cours préparatoire.  La première partie est consacrée aux prérequis à acquérir avant d'aborder l'enseignement de l'écriture liée : "L'écriture liée, les prérequis".

Celui-ci devrait normalement constituer l’un des enjeux majeurs de la MS et de la GS (ce qui n’est pas le cas avec les programmes actuels), avec des enfants ayant atteint tous les prérequis cités en première partie:

-> Les gestes de l’écriture liée :

Ceux-ci nécessitant l’acquisition des trois groupes de prérequis cités plus haut, on adoptera une progression permettant aux enfants ne les ayant pas réellement atteints de continuer à progresser tout en commençant à s’entraîner à écrire : on partira donc de la motricité large dans le milieu réel en verbalisant les actions, puis on passera à la représentation sur grande feuille non lignée permettant des mouvements partant de l’épaule sur plan vertical ou légèrement incliné pour arriver progressivement à la production entre deux lignes, avant-bras posé sur la table pour obtenir au mieux le seul mouvement des doigts et au moins un mouvement ne partant que du poignet.

Les « outils » utilisables sont l’index (trempé dans la peinture ou non), une toute petite éponge humide sur tableau « noir » (à tenir entre le pouce et le majeur, l’index reposant dessus), le pinceau, le feutre moyen, le crayon à papier ni trop sec, ni trop gras (uniquement pour les « grands » afin d’éviter les crispations des doigts dues à la nécessité d’appuyer pour arriver à écrire).

-> Les « familles de gestes » à étudier sont :

- les lignes droites (verticales en partant du haut, horizontales de gauche à droite, obliques montantes et descendantes de gauche à droite)
- les vagues (bien creuses)
- les ponts à l’endroit (mmmmmm)
- les ponts à l’envers (uuuuuuuu)
- les boucles rondes (eeeeeeeee)
- les boucles longues au dos bien droit (lllllllll)
- les rotations vers la gauche (o) amorcées par les spirales vers la gauche
- les « créneaux de château fort » (rrrrrr)
- les combinaisons de plusieurs gestes (exemple : boucle longue + ½ créneau : b, rotation + ½ pont à l’envers : a, oblique montante + verticale + pont à l’endroit : p)

-> Progression pour un geste

a) motricité large :
L’enfant est en situation réelle (il est le crayon) et opère lui-même le déplacement.
Par exemple, pour les vagues, il slalomera lui-même entre des obstacles, pour les ponts, il sautera pieds joints obstacle après obstacle, pour les ponts à l’envers, il rampera sous un obstacle puis se lèvera et sautera en se tenant bien droit bras en l’air pour toucher un objet suspendu avant de ramper à nouveau sous l’obstacle suivant…

Ceci permettra à l’enfant de conceptualiser le geste, le déplacement nécessaire à son exécution tout en finissant d’assurer la motricité large et l’orientation dans l’espace.

b) travaux sur feuille :
On part de situations réelles où l’élément à reproduire fait partie du décor puis se conceptualise progressivement.

En GS, la conceptualisation peut arriver assez vite puis très vite dès lors que l’enfant a compris qu’il travaillait ce geste pour apprendre à écrire ; en MS, on reste plus longtemps dans la représentation du réel par le dessin.

Ainsi, si l’élève de MS a besoin de rester très longtemps sur « la fumée qui sort des cheminées », « la laine du mouton », « les cheveux de Boucle d’Or », l’élève de GS doit plus vite passer de cette représentation de files de boucles au tracé raisonné de lignes de boucles régulières (« qui touchent le plafond et le plancher » de l’interligne) sans lever le crayon d’un bout à l’autre de la feuille de plus en plus rapidement.

Les travaux obtenus peuvent servir d’éléments du dessin (fumée de la cheminée pour la boucle, bordure du massif de fleur pour le pont à l’endroit, tête et corps des personnages pour les rotations , etc.), mais aussi d’éléments décoratifs (décorer la robe de la petite fille par des lignes de boucles, des ronds collés les uns aux autres, des petits traits verticaux) ou des bandelettes de papier que l’on collera ensuite pour encadrer un dessin, un collage, un coloriage.

Sont à proscrire catégoriquement dans les exercices :
- les tracés en pointillés (les enfants ont une imagination délirante quant au suivi de ces tracés : voir message de V. Marchais sur les barres des t)
- le hachage des gestes (« Tu fais un pont, tu lèves ton crayon, tu fais le deuxième pont, tu lèves ton crayon, tu rajoutes une petite queue. »)

L’écriture liée (cursive) proprement dite :


En GS, l’apprentissage du tracé des lettres sera intercalé entre les différentes familles de gestes.
En famille, si ce travail n’est pas mené en classe, et que l’enseignant introduit une nouvelle lettre sans les travaux préparatoires cités plus haut, les parents pourront aider l’enfant à tracer facilement la nouvelle lettre en l’entraînant au geste qu’elle nécessite grâce aux exercices proposés en 2).

Si l’enseignant semble ne respecter aucune progression et se contente de faire recopier en cursive sans aucune préparation préalable la date, le prénom, les noms des héros des albums lus en classe, la famille a tout avantage à « faire tout le boulot » à la maison.

(Prière d’être indulgent avec mes jeunes collègues, ils sont allés à l’IUFM, eux ! A l’IUFM, les recettes, on n’aime pas ça ! Et il me semble que l’on y nie vigoureusement le fait qu’il existe un « monde de l’enfance » où l’on se contrefout complètement des grands problèmes de l’humanité et où, en revanche, l’on a impérieusement besoin d’exercer ses sens et sa motricité à l’aide d’exercices soigneusement calibrés en fonction de ses capacités actuelles).

Ainsi, suite à l’apprentissage du geste des « ponts » (« On saute, on saute, on saute ! Attention, on touche le plafond ! On redescend et on s’arrête au plancher ! ») et de celui des vagues, l’enfant peut tracer d’un seul geste, les lettres m et n en cursive (« Je saute, je saute, je saute, je passe sous le pont » et « Je saute, je saute, je passe sous le pont »)

Argh !
J’ai oublié un prérequis fondamental : le RYTHME ! Normalement travaillé depuis la TPS par les chants, les comptines, les frappés de mains, continué en PS et MS en y ajoutant les algorithmes répétitifs (collages de gommettes rouges, bleues, rouges, bleues ou carrée/ronde/ronde, carrée/ronde/ronde et autres coloriages et enfilages de perles répétitifs) et finalisé en GS/CP par l’apprentissage de l’écriture (entre autres) : « une pointe, deux pointes, la queue », voilà un « u », « boucle longue, ½ créneau, petite boucle, boucle longue, ½ créneau, petite boucle, accent, accent », ça y est, tu sais écrire « bébé » sans lever le crayon !

Pour l’intégration de ce rythme, les lettres rugueuses Montessori citées par Lunelaure plus haut peuvent être d’un grand secours. L’exercice consiste à faire suivre le tracé (à l’endroit bien sûr, et sans lever l’index) à l’aide de l’index dans un premier temps, à de très nombreuses reprises, puis à l’aide d’un bâtonnet tenu comme un crayon.
Il est préférable d’avoir des lettres sur des petits cartons que l’on peut rapprocher les uns des autres, plutôt que collées sur un livre, ce qui empêche de faire le tracé d’une syllabe ou d’un mot d’un seul geste lorsque c’est possible (les seules lettres qui exigent de lever le crayon sont celles contenant une rotation vers la gauche : a, o, c, d, g, q et la lettre suivant la lettre s).

Normalement, en GS, pour que cet apprentissage soit fructueux et « fasse sens » chez l’enfant, il doit impérativement être lié à l’apprentissage du code alphabétique et à la combinatoire.

Actuellement, la mode est plutôt à la dissociation des activités d’écriture et de lecture (ces dernières étant elles aussi complètement dissociées les unes des autres en petites tranches de saucisson très finement découpées et placées chacune dans un conteneur hermétiquement clos ; mais ça, c’est une autre histoire, très édifiante d’ailleurs et qui démonte complètement les théories sur la méthode globale et la méthode syllabique, je vous la raconterai un jour, si vous voulez).

A la maison, on peut rétablir facilement le nécessaire soutien apporté par la lecture aux activités d’écriture. C’est en effet très simple et cela peut être mené en une quinzaine de minutes lors des jours de congé.

Imaginons par exemple que l’enfant ait appris à tracer les lettres m, n, i, u et t, chacune de celles-ci étant une combinaison de ponts (à l’endroit ou à l’envers) et de vagues.

Après des jeux où l’on a sauté par-dessus ou par-dessous des obstacles représentés par des gros points sur la feuille, l’on a appris à rythmer son travail en répétant « je saute, je saute, je saute, je passe sous le pont » et à reconnaître alors la lettre « m » qui fait « mmmmm », on est même capable de dire : « je vais écrire « mmm » » et de faire ensuite le tracé correspondant. On sait aussi faire la même chose pour la lettre « i ». et l’on peut enchaîner sans lever le crayon des suites de m et de i (le point sur le i se fait une fois le tracé du mot fini).

Si papa et maman, contrairement à la maîtresse, veulent réellement « donner du sens » à l’activité produite et sortir du « tournage à vide » d’une toute petite partie du cerveau consacrée au tracé orienté, ils apprendront à leur enfant qu’en disant l’un après l’autre les « bruits » des lettres, il peut lire ce qu’il est en train d’écrire, lui apprenant ainsi à globaliser son effort en mobilisant plusieurs parties de son cerveau en même temps : « MMMmmmiiiiiiiimmmmmmmiiiiiiiii ! Tu sais qui on appelle Mmmiiiimmmiii ? Un petit chat, par exemple, ou ta tante Michelle, ou le cousin Jérémie, ou ta petite sœur Noémie. »

Ces parents auront ainsi réussi à lier dans un seul effort la maîtrise du geste, le déchiffrage de mot inconnu et la compréhension de texte sous son aspect explicite et implicite ! Un véritable miracle que l’école primaire actuelle met 8 ans à obtenir (3 ans de maternelle et 5 ans d’élémentaire, avec les tous les ratés que l’on connaît !)

A l’aide de ces cinq malheureuses lettres, leur enfant pourra ainsi lire et écrire ou écrire et lire sans aucune difficulté : mimi, mi, nu (et ça, à cinq ans, ça fait beaucoup, beaucoup rire), nuit, titi, tu, uni et tous les nini, nunu, tutu, mumu que l’on trouva ringard et que l’on évacua de l’école maternelle alors qu’ils réjouissaient tant les enfants en leur rappelant leur petite enfance lorsqu’ils ne savaient pas encore bien parlé et qu’ils appelaient ainsi le cousin Nicolas, l’ours en peluche adoré, la sucette qu’ils traînaient partout ou la tatie Muriel.

Télécharger « Ecrire sur le cahier seyes 4 mm.doc »

Télécharger « graphisme et preparation a l-ecriture.doc » (progression période 1)

Télécharger « graphisme et preparation a l-ecriture2.doc » (progression période 2)

Télécharger « livret 1 - les lignes.pdf »

Télécharger « livret 2 - vagues et ponts.pdf »

Télécharger « livret 3 - pointes- i- u- t.pdf »

Télécharger « livret 4 - boucles rondes.pdf »

Télécharger « livret 5 - boucles longues- l- b.pdf »

Télécharger « livret 6 - rotations- o- a- c - autres lettres.pdf »

Télécharger « conscience phonemique 2.doc » (hors-sujet)

Principes pédagogiques pour l'apprentissage de l'écriture cursive :

1) Deux ou trois petites choses pour bien démarrer l’apprentissage de l’écriture liée.

2) L'apprentissage des gestes de l'écriture liée.

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Manuels de Catherine Huby

1) à paraître en juillet 2012
Se repérer, Compter, Calculer en GS, Catherine Huby, Sophie Wiktor Extrait >>>
Extrait du livre du maître semaine de la première période >>> 

2) déjà paru :
Après la méthode qui ne découpe pas les petits enfants de GS en oreilles sans yeux ni doigts, en doigts sans yeux ni oreilles et en yeux sans oreilles ni doigts (cf. Thierry Venot, De l'écoute des sons à la lecture), le GRIP propose aujourd'hui deux méthodes d'apprentissage de la lecture au départ différent.

La première, Ecrire et lire au CP, par Catherine Huby, est analytique : elle présente une phrase, la fait analyser en mots, en syllabes, en lettres qui seront ensuite réutilisés pour écrire et lire de nouvelles syllabes, de nouveaux mots, de nouvelles phrases.

La deuxième, Mon CP avec Papyrus, par Muriel Strupiechonski, est synthétique : elle présente les lettres, apprend aux élèves à les écrire, les reconnaître, entendre leur son, les associer entre elles pour écrire et lire des syllabes, des mots, des phrases.

Les deux méthodes emmènent les élèves vers la lecture et l'écriture courantes et fluides qui sont leur objectif commun pour la fin du CP.

Les deux méthodes sont accompagnées d'un livre du maître précis et détaillé qui sera téléchargeable gratuitement sur le site du groupe pédagogique SLECC (acronyme de Savoir Lire Écrire Compter Calculer).






 

ATTENTION: ce manuel est en cours d'impression et sera disponible fin juillet.
Néanmoins, les commandes sont d'ores et déjà possibles et seront expédiées dès la sortie du livre pour les commandes de particuliers et la dernière semaine d'août pour les commandes d'écoles. 


     Cette méthode d’écriture-lecture pour le CP a été conçue à l’origine pour prendre la suite du manuel De l’écoute des sons à la lecture destiné à la Grande Section de maternelle. Néanmoins, afin de convenir à tous les cas de figure, une progression spécifique, plus lente et accessible à tous les élèves de CP dès les premiers jours de classe, est exposée dans le livre du maître qui fournit par ailleurs un mode d’emploi détaillé des activités à mener autour du livret, du cahier du jour et du cahier d’exercices.


     La méthode comprend deux livrets, un livre du maître et un cahier d’exercices.

     Le premier livret raconte la vie quotidienne de quatre enfants de l’âge des élèves de CP, dans des lieux connus de tous : le quartier, la fête foraine, l’école ou le zoo, et dans un environnement affectif familier : amis, animaux de compagnie, jouets, enseignants et parents.
     C’est sur cette trame que les élèves vont - très progressivement et dans un va-et-vient permanent entre l’oral, l’écriture et la lecture - apprendre à analyser de plus en plus finement ce qu’ils entendent, ce qu’ils écrivent, ce qu’ils voient, ce qu’ils comprennent. Ils pourront alors réutiliser ce matériau pour le synthétiser en syllabes, mots, phrases et textes divers qu’ils écriront ou liront seuls.
      À la fin de ce premier livret, par la lecture autonome, une ouverture culturelle sur la littérature et le documentaire les entraînera vers le monde de l’écrit.
      L’enseignement des premières règles de grammaire et d’orthographe, garantes d’une expression écrite d’emblée correcte, est intégré à la méthode. Tout en suivant une progression rigoureusement construite, cet enseignement adopte une démarche inductive se basant sur l’expression orale, l’observation et l’analyse de la phrase de base, écrite avec l’aide des élèves. Il débouche sur l’automatisation des règles par l’écriture, la dictée et la pratique d’exercices de rédaction. Ces derniers seront facilités par la publication prochaine d’un « cahier de rédaction » reprenant les thèmes et personnages de la méthode.

      Le deuxième livret, dont les leçons suivent bien sûr la progression et les acquisitions successives des graphèmes, leur fait aussi effectuer un autre pas en avant. Les textes s’écartent du cercle quotidien ; retrouvés de loin en loin, les amis ont grandi et leur horizon s’est élargi. En outre, sont proposés de plus en plus souvent des écrits de fiction créés pour la méthode ou empruntés au répertoire traditionnel (Grimm, Collodi, Daudet) et des textes initiant à la lecture documentaire : histoire de Guignol, fabrication du pain, observation d’un animal, observations et découvertes géographiques.
      Une nouvelle étape est également franchie en ce qui concerne l’écriture, la grammaire et l’orthographe. Les exercices à trous du cahier d’exercices cèdent la place à la copie des consignes (page de droite du livret) et à la rédaction des réponses sur le cahier du jour. Le bénéfice des dictées quotidiennes et celui des leçons de grammaire et de conjugaison est ainsi conforté. La mémorisation des mots, des structures de la langue écrite et de ses règles s’effectue de manière durable et intelligente par l’action et non par une répétition mécanique déconnectée de la compréhension.

      Avec cette méthode à la fois classique et active, nous espérons aider à conduire les élèves à une écriture et à une lecture naturelles, intelligentes et expressives.

3)

Auteurs : Catherine HUBY et Pascal DUPRE,   
Ed. GRIP – 2009
Ce livre est largement utilisable par les parents.

Après l'initiation du CP, l'ouvrage reprend systématiquement et progressivement toutes les notions, à partir de la numération de 1 à 9 et des lignes en géométrie. 

Chaque leçon associe les notions de numération, les mesures qui concrétisent la numération, les opérations, le calcul mental, la géométrie, et les exercices adaptés.

Les élèves acquièrent ainsi selon des progressions logiques, une masse impressionnante de notions et de connaissances. 

D'autres textes de Catherine Huby :








Le constructivisme et la main à la pâte sont les deux mamelles de l'échec scolaire en science, telle est la thèse défendue par Catherine Huby dans ce texte polémiquement jouissif.
Pauvre Shéhérazade ! A propos de l'article "L’écrit douloureux de Shéhérazade, candidate à l’enseignement"  (blog Interro écrite) qui montre les difficultés de maîtrise de la langue française d'une étudiante préparant les concours de professeur des écoles, Catherine Huby propose un commentaire passionnant. 

Lecture en grande section : présentation du manuel de Thierry Venot, De l'écoute des sons à la lecture (GS).
L'école maternelle : une proposition de programme d'enseignement ambitieux pour l'école maternelle.

Nuls en maths ! (les élèves n'apprennent pas bien à calculer à l'école)

Manuel Compter, Calculer au CE1 




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