Le projet de loi
Peillon est maintenant connu. Sous couvert de servir l’intérêt des élèves, il
confirme les craintes exprimées par FO. Il s’articule avec le projet de loi de
décentralisation (« acte III de la décentralisation ») et le décret
sur les rythmes scolaires, eux aussi connus. Faire de nous des « profs de
socle » dans les « territoires », pourrait résumer les intentions
ministérielles sans fard.
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M. Peillon se targue
d’avoir obtenu le consensus : c’est faux ! Pour sa part, FO a voté contre.
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PROF DE SOCLE 25 HEURES PAR SEMAINE ? PROF DE TOUT, PROF DE RIEN... ET LES SALAIRES TOUJOURS BLOQUES ! |
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Le lundi 10 décembre, sur RMC, Vincent Peillon déclare qu’il est prêt à parler argent… mais « en changeant aussi la nature du métier.[…]. Ma porte est ouverte, je suis prêt à partir de janvier à ouvrir la grande négociation qui n’a jamais eu lieu dans ce pays sur la refondation du métier d’enseignant. Il y aura bien entendu les contenus. Qu’est-ce qu’on fait quand on enseigne, on vient de mettre en place les écoles, la deuxième phase c’est les carrières, le développement de carrière… » « Vous prenez le modèle allemand, qu’est-ce qui se passe en Allemagne ?
Les professeurs travaillent en moyenne 25 heures par semaine, 50 % de plus que notre temps de travail dans le secondaire. Ils enseignent souvent deux disciplines, les chefs d’établissement eux-mêmes enseignent. Alors pourquoi garde-t-on uniquement le salaire et pas tout ce qui justifie le salaire ? »
Que deviennent les statuts ?
Le rapport de l’inspection générale sur les livrets de compétences, se concluait par l’apologie du socle et maintenait le LPC simplifié en précisant : « Objectif central de la scolarité obligatoire, le socle commun doit être acquis par tous dans une personnalisation des parcours scolaires. Cette personnalisation fondée sur une approche pédagogique implique, sur la base d’un diagnostic, une refonte du concept même de parcours et de l’unité classique de lieu et de temps héritée des collèges Jésuites (une heure, une salle, une discipline, un groupe-classe avec son professeur). Elle ne peut être pensée en termes de dispositifs et a donc ses retombées en termes d’organisation : la réorganisation qui découlera de cette approche devra traverser et transcender les dispositifs, quels qu’ils soient, et s’appuyer de plus en plus sur une nouvelle représentation de la notion de cursus, de groupe, de niveau d’enseignement, de calendrier et d’emploi du temps. » (p.39) Le ministre précise ses intentions dans le projet de « Référentiel de compétences professionnelles de l’enseignant » Citons page 9 : « Confronter ses pratiques à celles de ses collègues, coopérer avec eux dans la mise en place de projets interdisciplinaires, participer à l’élaboration d’actions, de travaux et d’évaluations collectifs. Pour remplir la mission assignée à l’école, l’enseignant agit en partenariat avec les parents d’élèves et les partenaires extérieurs. En particulier, il participe aux rencontres auxquelles les parents d’élèves sont associés au sein de l’école ou de l’établissement, il contribue aux actions éducatives, sportives et culturelles, notamment artistiques et scientifiques, en collaboration avec les partenaires qualifiés dans les champs concernés. Pour l’enseignement professionnel, il inscrit aussi son action dans le cadre des partenariats avec le monde économique et professionnel. »
Tout conduit à une augmentation du service : École du socle / Conseil école-collège / Échanges de service / Conseil pédagogique. Un alignement des professeurs des lycées et collèges sur les professeurs des écoles est à craindre.
Au nom de l’acquisition du socle commun, un cycle CM2 / 6ème est créé (p33). L’article 36 rend possible les échanges de services entre professeurs des écoles et certifiés et agrégés. Il met les enseignants du collège (qui assurent 18h de service) à disposition de l’école (où les PE assurent 24h de service) et inversement par le recours au conseil école-collège : « chaque collège et les écoles dont les élèves résident dans la zone de desserte du collège déterminent conjointement des modalités de coopération et d’échange ». Le conseil école-collège propose au conseil d’administration du collège et aux conseils des écoles que certains enseignements ou projets pédagogiques soient communs à des élèves du collège et des écoles. Une fois décidés, ils sont « mis en oeuvre dans les collèges sous l’autorité du chef d’établissement et dans les écoles sous la responsabilité des directeurs d’école. » « Les modalités de mise en oeuvre et de suivi de cette coopération et de ces échanges sont inscrites dans le projet d’établissement du collège et dans le projet des écoles concernées. » Le projet d’établissement impose localement des obligations qui dérogent aux obligations de services statutaires des enseignants.
Le livret de compétences consacré comme l’outil du socle (page 36) aussi bien pour le DNB que pour le BAC (l’article 34 introduit le contrôle des « compétences » au Bac.
Il n’est pas remisé au placard puisque ce sont les compétences qui prennent le pas sur les connaissances. « La difficulté d’évaluer les élèves avec des dispositifs lourds et peu coordonnés entre eux » (exposé des motifs de l’article 6) est pointée pour faire évoluer la « notation sanction » vers « une évaluation positive simple et lisible valorisant les progrès » (p32). Ce qui se traduit, pour le DNB, par une menace transparente : « L’évolution du socle commun nécessite en effet de repenser le rôle de ce diplôme, qui intervient au terme de la scolarité obligatoire et de l’acquisition théorique du socle. » (motifs article 32) Le DNB ne consisterait plus qu’en une vaste validation sans distinction de disciplines. Et le baccalauréat ? Sous les mêmes prétextes, ne faut-il pas s’attendre à une tentative de généraliser le CCF ? Pour atteindre le socle, on casse le thermomètre !
Lycée : la réforme Chatel maintenue et aggravée
Toutes les réformes antérieures (lycée, STI, masterisation) sont confirmées. Le baccalauréat sera redéfini et une nouvelle réforme est annoncée : « A partir de 2014, des évolutions substantielles seront menées. Elles porteront notamment sur des pratiques pédagogiques innovantes (travaux personnels encadrés en terminale, projets interdisciplinaires, amélioration de l’accompagnement personnalisé…) l’aide à l’orientation et l’articulation avec l’enseignement supérieur et sur des parcours plus diversifiés et des séries rééquilibrées. » (p. 38). Au lieu de rétablir les heures de cours supprimées, V. Peillon poursuit leur suppression. La seconde deviendrait un palier d’orientation entre les 3 filières générale, technologique et professionnelle.
Le Bac
Son objectif devient : « expliciter les objectifs du diplôme, communs aux trois voies : sanctionner une culture et des compétences » (art. 34). « Il comporte la vérification d’un niveau de culture défini par les enseignements des lycées, ainsi que le contrôle des connaissances et des compétences dans des enseignements suivis par l’élève en dernière année. » ( art.34) Le contrôle des « compétences » est introduit dans le Bac.
Rythmes scolaires : un allongement du temps de travail des enseignants
« La durée de l’année scolaire reste fixée à 36 semaines à la rentrée 2013. Elle pourra évoluer au cours des prochaines années. » (p. 36 annexe à la loi). La menace est claire, éclairée par la campagne médiatique contre nos vacances !
Les programmes d’enseignement, de la maternelle à la Terminale, ne seraient plus annuels et changent de nature
Dans la loi Peillon, il n’y a plus de progression « annuelle » des programmes nationaux mais une progression « régulière » (article 18). Lisons l’article 19 : « Les programmes définissent les connaissances qui doivent être acquises au cours du cycle, les compétences attendues et les méthodes qui doivent être assimilée. Ils constituent le cadre national au sein duquel les enseignants organisent leurs enseignements en prenant en compte les rythmes d’apprentissage de chaque élève » Le mot « essentielles » a été retiré à « connaissances » et les « compétences attendues » sont introduites dans les programmes. Le cadre des programmes nationaux par niveau disparaît. Avec, par exemple, le cycle CM2 / 6ème, à cheval donc sur le 1er et le 2nd degré, la disparition du cadre du programme annuel par niveau de classe va de pair avec les échanges de services entre professeurs des écoles, certifiés ou agrégés.
Dans le même temps, les établissements disposeraient « d’une marge de manoeuvre dans la gestion de leur dotation afin que les équipes pédagogiques puissent concevoir des actions pédagogiques et des parcours scolaires favorisant la réussite de tous » (annexe p. 37). Sous couvert de pédagogie, toujours plus d’autonomie pour déroger aux horaires et aux programmes nationaux. Si les programmes ne sont plus annuels, c’est la porte ouverte aux horaires globalisés.
Les programmes n’incluraient plus l’acquisition de connaissances, ils seraient redéfinis sur la base des compétences. La loi renverse le principe : les compétences ne font plus partie des enseignements, ce sont les enseignements qui concourent à acquérir les compétences. « La scolarité obligatoire doit au moins garantir à chaque élève les moyens nécessaires à l’acquisition d’un socle commun de connaissances, de compétences et de culture, auquel contribuent l’ensemble des enseignements dispensés au cours de la scolarité. » (article 6). Le ministre a beau avoir ajouté « et de culture » au socle commun, l’ensemble du projet est construit avec les compétences comme principale référence. Pour se conformer aux engagements européens, les programmes d’enseignement et l’évaluation des élèves seraient repensés à l’aune du socle commun et des compétences (exposés des motifs de la loi p. 4) Les éléments constitutifs du socle seraient définis par un décret. On retrouve la soumission aux engagements européens (que reconnaît l’exposé des motifs p.2) de développer les compétences au nom de l’employabilité tout au long de la vie (cf : http://ec.europa.eu/education/lifelong-learning-policy/treaty_fr.htm).
source FO : Projet de loi : Argumentaire FO - Pourquoi avoir voté contre ?
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