13 juillet 2012

Utilité pratique et morale du calcul, par A. Lenient (6/6 c)

source de l'image : Ardiot, Wanauld, Budin, Cahier de calcul CE livret 3.

Un autre caractère que doivent présenter à l’école primaire les exercices d’application, c’est, comme nous l’annoncions au début de notre étude, de pouvoir servir au développement moral, à l’éducation de nos élèves.
C’est surtout par le choix des problèmes que nous atteindrons ce but, et pour cela les guides et les modèles ne manquent pas.
« Le résultat de l’arithmétique, dit le P. Gi­rard[1], lorsqu’elle est bien conduite, est d’introduire cet esprit de calcul qui manque souvent dans nos ménages, et qui est la cause d’une infinité de méprises très nuisibles pour l’économie domestique, et qui, par contre-coup, amène le dérangement des familles, la perte de leur patrimoine et tous les désordres qui s’ensuivent. L’esprit calculateur vient à l’appui de la sagesse, en ce qu’il fait voir que les écarts dans la conduite détruisent la prospérité temporelle, tout en nous éloignant de notre salut. Ce même esprit calculateur, en établissant l’ordre dans les recettes et les dépenses, facilite l’observation des grands préceptes de la morale, qui sont la justice et la bonté. Sous le rapport de la justice, le débiteur voit ce qu’il a à faire pour acquitter ses engagements ; sous le rapport de la bonté, il voit comment il faut se conduire, non seulement pour n’être à charge à personne, mais encore pour aider ceux qui ne peuvent pas s’aider eux-mêmes.
« Les instituteurs peuvent atteindre facilement ces divers buts, en choisissant bien leurs sujets de calcul. Qu’ils aient soin de faire travailler les enfants sur des objets d’économie domestique, d’économie rurale, en montrant les avantages des bonnes pratiques en ce genre, les inconvénients des mauvaises. Si, outre cela, ils ont soin de faire calculer aux enfants les tristes résultats économiques que produisent les vices,  et les effets avantageux d’une conduite régulière et sage, ils contribueront à l’amélioration des mœurs, ce qui finalement est le but principal de tout enseignement. »
« Les maîtres, dit M. Ritt, que nous avons déjà cité, auront soin de choisir de temps en temps des questions morales que leur intelligence et leur amour du devoir ne manqueront pas de leur suggérer. Les bonnes qualités, comme les vices des hommes, en dehors de toute considération religieuse et morale, sans doute la plus grave, ont aussi leur côté positif et peuvent être appréciées sous le rapport du bénéfice ou de la perte. On ne saurait apprendre de trop bonne heure que la bonne conduite, l’ordre, l’économie sont les véritables sources du bien-être domestique; que la mauvaise conduite, le désordre, l’imprévoyance, les mauvaises habitudes, sont des causes de ruine et de déshonneur. »
Que l’instituteur donc, par les problèmes qu’il choisit, fasse voir aux enfants ce que produisent au bout d’un an, de dix ans, de trente ans, deux ou trois sous dépensés chaque jour inutilement ; qu’il leur fasse calculer combien, avec cette somme ainsi gaspillée, une famille aurait pu avoir de pain, de viande ou de vin. Puis, plus tard, lorsqu’ils seront arrivés aux règles d’intérêt, il leur fera chercher ce que produiraient an bout de dix ans, de vingt ans, de trente ans de travail, 1 franc, 2 francs, 5 francs mis de côté chaque semaine et placés à la Caisse d’épargne, etc.

Voilà d’excellentes leçons de calcul, et qui fourniront naturellement au maître l’occasion de donner à ses élèves d’utiles et sages conseils pour leur conduite future.
Qu’il ait donc ainsi, devant les yeux toujours, ce double caractère d’utilité pratique et morale que doivent présenter les leçons d’arithmétique, et il aura bien fait de cet enseignement ce que demandait M. Rouland, dans sa circulaire du 20 août 1857 :
« Une sorte de cours de logique populaire appliquée aux besoins et aux relations de chaque jour. »

                                                                       A. L.


[1] Éléments de calcul à l’usage des écoles de campagne.

De l’enseignement élémentaire de l’arithmétique
dans les écoles primaires

Des bouliers-compteurs ou numérateurs
et du calcul mental 6/6

par A. Lenient

Journal des instituteurs, 11 mars 1877

La publication s'étale sur 6 n° :
1) 4 fév 1877 ; 2) 11 fév 1877 ; 3) 18 fév 1877 ; 4) 25 fév 1877 ; 5) 4 mars 1877 ; 6) 11 mars 1877

L'original est à : http://www.inrp.fr/numerisations/ 


L'article BOULIER du Dictionnaire de pédagogie et d'instruction primaire Buisson 1887 reprend massivement les analyses développées dans cet article par Lenient :

Pour un recueil d'articles du Dictionnaire Buisson de 1887, consulter la page

LIRE ÉCRIRE COMPTER ; LA PÉDAGOGIE OUBLIÉE (site de michel Delord)
ou

LIRE ÉCRIRE COMPTER ; LA PÉDAGOGIE OUBLIÉE (site du SLECC)


TROISIÈME PARTIE. COMPTER-CALCULER : « LA CONNAISSANCE INTIME DU NOMBRE »

Introduction

Compter-Calculer jusqu’en 1970
L’enseignement simultané de la numération et de la mesure                       
L’enseignement simultané de la numération et des quatre opérations   
L’importance du calcul mental                                        
Depuis 1970
Rupture de la liaison entre l’apprentissage de la mesure et l’apprentissage du calcul
Réduction du calcul au numérique                     
Rupture de la liaison entre l’apprentissage du calcul et de la numération
Destruction de la notion même de calcul mental
Faut-il savoir calculer à la main ?                

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