14 septembre 2011

La probité scientifique, par Teluq

La probité scientifique désigne l'attitude qui consiste à respecter l'éthique scientifique, c'est-à-dire les valeurs, usages, obligations et règles, tacites ou formelles, reconnues par la communauté scientifique, ou par la société plus large, comme devant régir le travail et les comportement individuels des scientifiques.
Un comportement ou une action qui va à l'encontre de la probité est qualifié d'inconduite scientifique.
L'inconduite a non seulement pour conséquence de nuire au fonctionnement général de la communauté scientifique, mais elle peut dans certains cas brimer les droits fondamentaux d'individus, leur causant parfois des torts irrémédiables.

Selon la nature et la gravité des gestes posés, on distingue diverses catégories d'inconduite scientifique : la négligence, le non-respect des droits individuels, le conflit d'intérêts et la fraude scientifique.




Nous reproduisons ici un texte paru sur le site Teluq à l'adresse : http://benhur.teluq.uquebec.ca/~mcouture/sci1013/textes/sci1013TdM.htm


E1 La probité et l'inconduite scientifiques


Sommaire
1. Introduction
2. La négligence
3. Le non-respect des droits individuels
4. Le conflit d'intérêts
5. La fraude scientifique
6. La prévention et la sanction de l'inconduite scientifique


[ sommaire ]
[ suivant ]

1

Introduction
La probité scientifique désigne l'attitude qui consiste à respecter l'éthique scientifique, c'est-à-dire les valeurs, usages, obligations et règles, tacites ou formelles, reconnues par la communauté scientifique, ou par la société plus large, comme devant régir le travail et les comportement individuels des scientifiques. Un comportement ou une action qui va à l'encontre de la probité est qualifié d'inconduite scientifique.
L'inconduite a non seulement pour conséquence de nuire au fonctionnement général de la communauté scientifique, mais elle peut dans certains cas brimer les droits fondamentaux d'individus, leur causant parfois des torts irrémédiables.
Selon la nature et la gravité des gestes posés, on distingue diverses catégories d'inconduite scientifique : la négligence, le non-respect des droits individuels, le conflit d'intérêts et la fraude scientifique.



[ sommaire ] [ précédent ] [ suivant ]

2

La négligence
La notion de négligence recouvre une série de comportements qui, même s'il sont généralement effectués moins par malveillance que par insouciance, peuvent nuire aux autres membres de la communauté scientifique, en leur faisant perdre un temps précieux à tenter de répéter en vain des expériences, ou en les entraînant dans des pistes de recherche sans avenir. Cette négligence peut prendre différentes formes, par exemple :
- un manque d'esprit critique face à ses propres résultats, que l'on accepte sans contre-vérification;
- le laxisme dans la gestion des données, à l'étape de la prise de données, dont on ne contrôle pas suffisamment les conditions, ou à celle de la conservation des données, où l'on ne s'assure pas du maintien de leur intégrité;
- le manque de rigueur dans le choix des méthodes ou outils d'analyse, ou dans l'interprétation des résultats fournis par ceux-ci;
- la non-divulgation, dans le compte rendu de travaux de recherche, d'informations utiles, voire essentielles au succès d'une expérimentation.



[ suivant ]


3

Le non-respect des droits individuels
On parle ici de comportements qui sont de nature à brimer les droits à l'intégrité ou à l'équité d'autres personnes, ou qui visent simplement à nuire à leurs intérêts professionnels ou financiers. Des exemples :
- la non-mention, tant oralement que dans des ouvrages publiés, de ses sources d'inspiration ou de la contribution de collaborateurs;
- l'attribution injustifiée de crédit, notamment par les pratiques de cosignature, de reconnaissance de collaboration et de remerciement;
- souvent en lien avec les pratiques en matière de reconnaissance de contributions, l'accaparement injustifié et (ou) l'exclusion de la propriété intellectuelle et des retombées financières qui en découlent;
- le non-respect de la confidentialité, en rapport avec des informations obtenues durant des processus qui prévoient cette confidentialité : évaluation de travaux, de demandes de financement, etc.;
- le non-respect des règles s'appliquant à la recherche avec des humains.



[ suivant ]


4

Le conflit d'intérêts
Le conflit d'intérêts survient quand une personne, à qui un groupe ou une organisation a confié un rôle dans une décision en s'attendant à ce que celle-ci soit prise dans l'intérêt collectif, trahit la confiance qu'on lui a accordée en laissant ses intérêts personnels influencer ses jugements et ses actions. Dans tous les cas, une personne qui se trouve dans une situation où un conflit d'intérêts pourrait survenir (on parle alors d'apparence de conflit d'intérêts) doit divulguer ces intérêts potentiellement conflictuels aux autres participants et(ou) à ses mandataires.
Pour des décisions lourdes de conséquences (par exemple quand la carrière de quelqu'un peut être affectée, ou que d'importantes sommes d'argent sont en jeu), même l'apparence de conflit d'intérêts doit être évitée, et il est alors sage que la personne concernée se retire du processus de décision.
Voici quelques exemples de conflits d'intérêts.
- Dans un processus de décision relative à un individu ou à son travail, être influencé par le souci de maintenir de bonnes relations, par des liens affectifs ou familiaux, ou encore par la possibilité d'en tirer un avantage personnel (financier ou professionnel).
- Dans un processus de décision ayant des incidences, financières ou autres, sur l'organisation, se laisser influencer pas ses propres intérêts financiers ou professionnels.
- Dans l'organisation de son travail, choisir ses priorités en fonction de ses propres objectifs plutôt que des objectifs que l'organisation qui nous emploie nous a confiés ou s'attend de nous voir respecter.
- Dans l'analyse de résultats de recherche, se laisser influencer par les demandes ou les attentes des commanditaires qui l'ont financée.



[ sommaire ] [ précédent ] [ suivant ]

5

La fraude scientifique
La fraude est la catégorie la plus grave d'inconduite scientifique. Elle fait intervenir des gestes ou des comportements carrément malhonnêtes, voire illégaux. Des exemples :
- le « tripatouillage » de données, incluant la troncation, la falsification et la fabrication de données, pour améliorer les résultats d'une recherche;
- le plagiat, c'est-à-dire la reproduction intégrale d'une œuvre d'un autre, ou d'extraits de telles œuvres, sans les présenter comme des citations;
- l'autoplagiat, c'est-à-dire la présentation du même texte ou de textes quasi-identiques en plusieurs lieux (par exemple dans des revues différentes) avec des titres différents et sans que les diverses versions fassent référence les unes aux autres (geste visant à augmenter son nombre de publications, qui constitue un critère important, bien que parfois contesté, de notoriété dans le monde scientifique).



[ sommaire ] [ précédent ]


6

La prévention et la sanction de l'inconduite scientifique
Les organisations à caractère scientifique, notamment les universités et les centres de recherche, ont adopté des mesures visant à prévenir l'inconduite scientifique et à sanctionner les personnes qui s'en rendent coupables. D'une part, elles ont adopté et diffusé auprès de leur personnel des codes de déontologie indiquant clairement quels gestes et comportements seront jugés inacceptables.
D'autre part, elles ont mis en place des politiques indiquant les types de comportements ou d'attitudes jugés inacceptables et décrivant les rôles et les responsabilités de chacun en matière d'éthique. Ces politiques prévoient également des procédures très détaillées devant être suivies lorsqu'une personne est soupçonnée d'inconduite.
Dans ces politiques, on insiste en particulier sur l'importance de la divulgation, c'est-à-dire la communication aux responsables de l'établissement des informations concernant les situations où des questions d'éthique pourraient être en cause.
D'un autre côté, ces procédures doivent impérativement protéger les personnes contre qui pèsent des soupçons d'inconduite, car même des accusations non fondées ont ruiné des réputations, voire des carrières. Elles doivent également protéger les personnes qui portent à l'attention des autorités des situations d'inconduite contre de possibles représailles; là aussi, des carrières ont été mises en péril, même quand les allégations se révélaient fondées.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Aidez-moi à améliorer l'article par vos remarques, critiques, suggestions... Merci beaucoup.

Follow on Bloglovin
 

Archives (2011 à 2014)

Vous aimerez peut-être :

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...