18 octobre 2011

Leçon d'écriture au CE1-CE2 (7-9 ans) par André Casteilla


LA LEÇON D’ECRITURE AU COURS ELEMENTAIRE

     C’est au cours élémentaire (de 7 à 9 ans) que commenceront les véritables leçons d’écriture.

     Nous avons déjà vu que de nombreux maîtres, sans toutefois négliger cette discipline, n’y attachent pas toute l’importance qu’elle mérite.

     L’écriture est révélatrice du psychisme : elle est le reflet du développement mental et intellectuel de l’enfant. Chez un enfant normal, elle présente un rapport certain avec les acquisitions de lecture : c’est la raison pour laquelle les enseignements de la lecture et de l’écriture doivent rester liés et aller de pair.

     Pour lire il est nécessaire de former d’abord la représentation mentale du mot que l’on regarde avant de le prononcer. L’enfant qui apprend à lire est d’abord incapable de former d’un bloc cette image mentale du mot tout entier : il le décompose soit en syllabes, soit en deux ou trois parties selon sa rapidité d’assimilation.

     Pour écrire, le même processus est nécessaire : l’image mentale du mot à écrire vient commander les gestes de la main. Cette image se forme plus facilement dans le cas de la copie puisque la forme graphique du mot se trouve sous les yeux de l’élève. Dans la dictée, l’enfant doit d’abord faire appel à sa mémoire pour former l’image du mot ; l’acte d’écrire est alors une anticipation mentale du tracé qui prévoit les lettres à écrire, leur ordre et la manière de les tracer.

     On est capable d’écrire rapidement un mot si l’on peut former d’emblée l’image mentale de ce mot.

     C’est pourquoi nous ne saurions trop recommander même dès le cours préparatoire, l’enseignement de la lecture silencieuse et de la dictée silencieuse afin d’habituer l’enfant aux représentations mentales des syllabes et des mots que l’on choisira très simples au début afin qu’ils soient parfaitement accessibles aux enfants.

LECTURE SILENCIEUSE
    
     Le maître écrit par exemple le mot ROBE au tableau ; les élèves regardent le mot ; le maître l’efface et interroge un élève qui doit prononcer à voix haute le mot que le maître vient d’effacer.

DICTEE SILENCIEUSE

     Le maître écrit le mot ROBE au tableau, puis il l’efface. A son signal, les élèves doivent l’écrire rapidement sur leur ardoise et la montrer afin que le maître puisse contrôler le résultat.
     Le maître montre l’image d’une robe ; les élèves doivent écrire le nom sur l’ardoise ou le cahier. Il est nécessaire de présenter des images ne permettant aucune équivoque quant au nom de l’objet représenté.

     Ces exercices de lecture et de dictée silencieuses seront gradués afin de suivre les progrès de l’élève. Il appartient à chaque maître qui connaît les limites intellectuelles et les connaissances de sa classe d’en doser progressivement les difficultés (du mot simple à la phrase).

     L’enseignement de la lecture et de la dictée silencieuse facilitera l’acquisition des automatismes de lecture, desquelles dépend en premier lieu l’automatisme de l’écriture.

     L’enseignement d’une écriture rationnelle viendra immanquablement faciliter cette coordination, car il permettra à l’enfant de s’exprimer au moyen d’une graphie avec autant de facilité qu’il s’exprime par le langage.

     C’est pourquoi l’éducation gestuelle de la main est essentielle. L’éducation du langage se fait depuis la plus tendre enfance : progressivement l’enfant répète les mots qu’il entend autour de lui, les assimile, et s’en sert pour exprimer sa pensée. L’éducation du geste graphique commence beaucoup plus tard avec les gribouillis, puis les dessins. L’apprentissage des lettres et leur assemblage vient apporter au petit homme un nouveau moyen d’expression : le langage graphique qui lui servira toute la vie. Il est donc extrêmement important que l’éducation de sa main lui permette d’acquérir l’habileté et la rapidité qui lui donneront la possibilité de s’exprimer facilement au moyen de l’écriture.

     C’est pourquoi nous ne saurions trop souligner l’importance de la méthode.

     L’apprenti qui veut acquérir un métier ne l’apprend pas n’importe comment : une mauvaise formation professionnelle ne produit p s de bons ouvriers. Une formation professionnelle mal conduite se traduit par une perte de temps considérable pour arriver au résultat.

     Il en est de même pour l’écriture. Une méthode d’écriture ne s’improvise pas : elle ne dépend pas de la fantaisie du maître ou de la succession des chapitres d’un livre de lecture courante ; elle ne s’acquiert pas avec le certificat d’aptitude pédagogique. Trop de maîtres « enseignent » l’écriture sans avoir pensé le problème, sans avoir réfléchi à toutes ses conséquences : l’enseignement que l’on donne à l’enfant doit avoir pour but de former l’homme ; sa justification lointaine doit être présente à l’esprit de l’éducateur.

     Il est certain qu’à sept ans l’enfant n’a pas besoin d’écrire vite : sa perception visuelle graphique est lente ; il n’a pas encore assimilé toutes ses connaissances de lecture ; il n’a pas acquis entièrement les automatismes nécessaires.

     Il est pourtant indispensable de lui apprendre à écrire cursivement. L’apprenti chauffeur acquiert d’abord les mécanismes qui lui permettent de conduire l’automobile lentement ; ces acquisitions lui permettront, plus tard, de conduire la voiture à cent à l’heure ; de même l’enfant ct besoin d’apprendre à sept ans, les principes d’une écriture qui lui permettront, plus tard, d’écrire rapidement et lisiblement.

     Le maître du Cours élémentaire doit donc d’abord se soucier de la méthode. Il ne devra pas être trop exigeant quant aux résultats. Il y a toute une évolution dans l’éducation de la main pour l’acquisition de la maîtrise du geste ; d’abord malhabiles, les tracés se perfectionneront et s’affirmeront avec le temps. L’enfant s’en rendra compte lui-même, et comme il est amoureux de la perfection, il voudra faire des progrès et réussira à toujours mieux faire.

     Jean Le Gal, dans l’ « Éducateur », conseille d’établir un planning-lancement comme le fait Le Bohec, instituteur du C.P.-C.E. 1 (Voir supplément à l’Educateur du 10 février 1964 : « L’écriture »).

     Les leçons d’écriture devront être courtes : l’enfant se fatigue vite d’écrire. La première ligne est souvent plus appliquée que la dernière et l’on connaît le « truc » de cet instituteur qui faisait commencer ses élèves par la dernière ligne, puis l’avant-dernière etc., pour que l’on puisse croire à un progrès au cours de la leçon.[1]

     Il est préférable de ne pas punir l’élève dont l’écriture est défectueuse : une telle écriture est révélatrice de troubles que le maître devrait analyser et corriger (s’ils sont de son domaine). Il est absurde de punir l’élève dont l’écriture est mauvaise en lui donnant des pages d’écriture à faire, ou des lignes : c’est aller à l’encontre du résultat recherché, car il est certain que ces pages seront de plus en plus mal écrites, et l’élève prendra en horreur les leçons d’écriture qui lui valent ces punitions.

     Enfin il nous faut également combattre l’habitude de certains maîtres : donner des « lignes » à faire pour punir les élèves indisciplinés. De très jeunes enfants ont ainsi parfois vingt-cinq, cinquante ou cent lignes à écrire, travail qui est au-dessus de leurs forces. Donner des lignes est le moyen assuré de gâter l’écriture des enfants : les bons éducateurs ont à leur disposition d’autres moyens pour obtenir une bonne discipline.

     Nous avons vu que dans notre méthode, les lignes d’écriture précédées d’un astérisque doivent être tracées en levant la main le moins possible. Ce sont presque de véritables « graphismes » (dans le sens où nous l’avons déjà défini).
     Il n’est pas interdit, afin de faire acquérir à l’élève du cours élémentaire une sûreté de main plus grande, de lui donner à exécuter de temps en temps une série de graphismes tels que nous les avons conçus dans notre cahier n° 0.

     Il conviendra de les choisir de manière qu’ils se rapprochent de la graphie de la lettre étudiée. Certains peuvent être compris comme une composition décorative.


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