Depuis près d’un demi-siècle se développe et se répète ce qu’il est convenu d’appeler la « querelle » des méthodes de lecture employées à l’école primaire, opposant principalement les défenseurs des méthodes « globales » et « mixtes » aux tenants des méthodes « syllabiques » ou « alphabétiques ». Le dernier débat en date se déroula lorsque le ministre de l’Education Nationale Gilles de Robien parut vouloir imposer en 2003 un retour pur et simple à la stricte méthode syllabique, restauration finalement avortée…
Pour le dire très – trop – vite, les premières privilégient une entrée dans l’écrit par le « sens », selon une démarche analytique allant des unités complexes (textes, phrases, mots) vers les plus simples (syllabes, lettres), alors que les secondes – symbolisées par le fameux « b, a, ba » -, procèdent en sens inverse en commençant par l’enseignement systématique du « code »[1]. Pour beaucoup l’usage de méthodes dites « mixtes », aujourd'hui dominant, semble avoir le double avantage de constituer une forme de « synthèse » habile et modérée, et de préserver un maximum de liberté pédagogique.
Peu concernés directement, en tant que professeurs de philosophie, par la question de l’apprentissage de la lecture en primaire, nous ne pouvions que constater, en bout de chaine, la mauvaise maîtrise de la langue, tant lue qu’écrite, chez nos élèves, mais sans pouvoir rattacher celle-ci à des causes si lointaines. Sollicités par Marc-Olivier Sephiha, professeur de français au collège et dont nous publions ci-dessous le texte qu’il nous a adressé, nous nous sommes donc penchés sur cette « querelle » pour tenter d’y voir un peu plus clair : interpellés et finalement convaincus de l’importance des enjeux, nous avons jugé utile d’y consacrer un « dossier », dont les éléments sont présentés ci-dessous.
***
De son expérience de professeur de lettres en collège et au terme d’une enquête minutieuse, M.-O. Sephiha dresse ici un état des lieux très alarmant des difficultés de lecture et d’écriture des collégiens qu’il a pu rencontrer. Il en analyse les causes et indique les principes des ateliers de remise à niveau qu’il a mis en place depuis, à titre expérimental.
Institutrice au CP pendant cinq ans, M. Gaubert raconte comment et pourquoi elle est passée des méthodes « mixtes » à une méthode alphabétique.
Qu’est-ce qu’apprendre à « lire » ? En s’appuyant notamment sur les concepts du psychologue russe Lev Vygotski, J. Gautier propose ici une réflexion théorique autour des enjeux tout particulièrement cognitifs de l’entrée dans l’écrit, ainsi que des modalités permettant de les atteindre. Ceci l’amène à plaider pour un solide enseignement explicite des structures de la langue.
===
RépondreSupprimerI’m shocked why this coincidence did not took place earlier! I bookmarked it.
===