Jean Macé,
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LE DÉPART DE GRAND-PAPA
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— Voilà, mes
chers enfants, l’histoire de mes deux petits marchands de pommes et de leur bonne
petite sœur Pinchinette. Qu’est-ce que vous en dites?
— Elle est
quelquefois bien amusante, grand‑papa; mais il y a des endroits où elle ne
l’est pas beaucoup.
— C’est
cela ! Mettez à ces petits monstres-là de la confiture sur le pain qui
doit les nourrir pour le leur faire mieux manger, ils voudront lécher la confiture
et laisser le pain. Eh bien ! allez chercher ailleurs un autre grand-papa
qui s’amuse à vous faire des histoires pour vous apprendre l’arithmétique :
vous verrez si vous en trouverez beaucoup.
— Voyons, ne
te fâche pas, cher petit grand-papa. Nous avons bien écouté tout le temps; mais
nous n’avons pas pu toujours suivre. Tu comprends, là où il y avait des
chiffres, ce n’était pas trop facile.
— Que l’on me
dise cela, je veux bien. C’est que, voyez-vous, cette histoire-là n’est pas comme
les autres. Ce n’est pas seulement une histoire pour s’amuser: c’est un cours
d’arithmétique. Il ne faut pas lire dedans droit devant soi, comme dans un
conte de fées. Cela doit s’étudier chapitre par chapitre, comme on étudie une
leçon. Je vais vous laisser mon histoire : vous regarderez entre vous là où
vous n’avez pas bien compris,
— Mais, si
c’est un cours d’arithmétique, il me semble que tout n’y est pas. Le maire nous
dit bien plus de choses que ça; et dans les mesures du système métrique, je ne
me rappelle pas bien, mais je suis tout à fait sûr qu’il y en a dont tu n’as
pas parlé.
— C’est que
je n’ai pas voulu non plus que mon histoire pu vous tenir lieu du maître et de son
livre. Je sais bien que je n’ai pas tout dit. Il n’y avait plus moyen de faire
une histoire si je n’avais rien passé; ou bien elle aurait été si longue qu’elle
vous aurait tous endormis. Tâchez seulement de bien comprendre tout ce que j’ai
dit, et vous verrez comme vous apprendrez facilement le reste, et comme vous
pourrez répondre ensuite en personnes raisonnables, au lieu de barbouiller des
mots en vrais petits perroquets. Là-dessus je vous laisse, car je commence à comme
Pinchinette à la fin de sa première leçon. Je me sens tout fatigué.
— Écoute un
peu avant de t’en aller. Ce n’est que le commencement de l’arithmétique que nous
avons eu là. Il y a encore toutes sortes d’autres règles dans la seconde moitié
du livre; est-ce que tu pourrais aussi nous faire une histoire où tu les
mettrais?
— Vous êtes
trop petits maintenant; vous n’en avez pas besoin, et cela vous fatiguerait pour
rien. Si vous profitez bien de celle-ci, et que j’aie de bonnes nouvelles de
vous, je ne dis pas que, l’année prochaine, je n’essayerai pas de vous raconter
le reste dans une autre histoire. Adieu. Travaillez bien.
— Merci, grand-papa. Nous allons bien apprendre.
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