20 juillet 2011

L'imposture pédagogique, par Bernard Berthelot (les présupposés de la pédagogie par objectifs)


Je fais remonter cette référence. La pédagogie par objectifs n'est plus à l'ordre du jour mais ses concepts et principes continuent d'irriguer (ou d'empoisonner) la réflexion pédagogique.

En même temps qu'on se tourne vers la pédagogie par objectifs, on parle de plus en plus, dans les milieux de la formation, et l'initiale rejoint sur ce point la permanente, en termes de gestion. C'est bien la formation elle-même qui est conçue en termes de gestion. Le discours industriel moderne envahit le discours éducatif. La notion d'objectif trouve alors la signification de sa fortune. Car chacun sait qu'elle joue, dans une conception gestionnaire et managériale, un rôle déterminant, à la jonction même de l'axe des projets et de l'axe des moyens. (...) Il n'est pas douteux que, chez Ralph Tyler, rationaliser le processus enseigner-apprendre constitue la transposition, dans le domaine de l'école, des exigences qui se font jour dans l'univers des entreprises. (...) La fonction enseignante peut être rendue "rentable" par la pédagogie par objectifs, comme la direction par objectifs rationalisera la production. Le parallèle est clair. 




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par E. D. Hirsch.










































































"Il faut former les profs comme des cadres !"

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Ex-enseignante et proviseure de lycée, Nelly Guet appelle ses confrères à assumer ce qu’ils sont - des cadres - pour sauver un système scolaire en perdition.

 (A.G.)
(A.G.)
Dans les conférences très policées consacrées au système éducatif français, elle est du genre à prendre le micro et à ne plus le lâcher. Nelly Guet dénonce, tempête, martèle. Puis jette un regard alentour et paraît stupéfaite que personne dans l’assemblée ne semble aussi indigné qu’elle. Reconnaissons qu’en matière d’indignation, il est difficile d’égaler la responsable d’AlertEducation, une SARL avec laquelle elle fait de la formation, anime des colloques et rédige des rapports sur les questions scolaires. Au journaliste qui l’interviewe, cette quinquagénaire toujours agitée de fébrilité et de colère, demande : "Vos lecteurs ont-ils bien conscience que l’éducation nationale va dans le mur ?" C’est son leitmotiv. Cette conviction que l’école de la République a pris du retard sur ses voisins européens et qu’elle engage les élèves sur la voie du désastre.

Ecorchée vive

Le collège, le lycée, elle ne les a pas côtoyés depuis les bureaux capitonnées des rectorats ou des ministères : elle les a vécus sur le terrain, d’abord comme prof d’allemand, "dans 24 établissements", puis comme principale adjointe de collège et comme proviseure en Allemagne, en Suisse et en France, notamment à Verrières-le-Buisson (Essonne), zone pas vraiment favorisée. Là où tant de fonctionnaires finissent par opter pour un fatalisme tranquille, elle n’a cessé de s’écorcher vif au fil des ans. Jusqu’à se mettre en disponibilité de l’Education nationale en 2011, en guerre contre les syndicats enseignants et excédée que sa hiérarchie ne la soutienne pas suffisamment.
Ses convictions ? Elles tiennent en quelques mots. "Il faut que les enseignants soient formés pour ce qu’ils sont, des cadres et qu’ils fournissent un travail de cadres." Des cadres, c’est-à-dire des salariés responsables, ambitieux, capables de se donner des objectifs, de nouer des partenariats et de monter des projets, y compris avec des entreprises. Nelly Guet emploie des vocables comme "leadership" ou "social skills", rares jusqu'à l’incongruité dans la bouche d’un membre du corps enseignant. Mais ce n’est pas vers les pays anglo-saxons qu’elle lorgne. "Les réformes qu’il faut accomplir ne sont pas utopiques : elles sont une réalité en Allemagne, aux Pays-Bas ou en Finlande." Des pays mieux situés que la France dans le classement PISA, qui mesure l'efficacité et la justice des systèmes scolaires des pays de l’OCDE. Et qui devraient inspirer non pas le ministère de l’Education nationale, mais celui "de l’Education européenne", dit-elle.

Objectifs mesurables

Pour Nelly Guet, il s’agit d’abord de "recruter les enseignants moins sur leurs capacités à l’écrit et leurs savoirs disciplinaires que sur les qualités qui leur seront nécessaires sur le terrain". C’est-à-dire le dynamisme, le sens de la pédagogie et surtout le talent pour "apprendre à apprendre". Elle pourfend ainsi le "modèle consécutif" à la française, où l’on se forme jusqu’au master dans une matière, avant de se consacrer aux études d’enseignement. Elle prône de recruter sur des compétences humaines, et ensuite de former les futurs profs à la mobilité en leur demandant de passer "huit semaines en entreprise et un semestre  à l’étranger".
La boss d’AlertEducation a elle-même fait ses études supérieures en Allemagne, et défend un modèle dans lequel les profs verraient leur carrière comme une suite de missions de quelques années, avec des objectifs mesurables, fixés par un chef d’établissement. Lequel ne serait plus "recruté sur une dissert’" comme elle le déplore, mais, délesté des tâches administratives, serait investi du pouvoir de recruter et même de donner des primes. Elle aimerait aussi qu’à l’école française, les enseignants envisagent couramment d’exercer à l’international et seraient encouragés à monter des projets avec des acteurs locaux, voire des entreprises. Elle-même est fière, alors qu’elle était proviseure, d’avoir créé "Entreprendre au lycée" en 1991, qui offrait la possibilité à des lycéens de lancer des entreprises.

Le loup ultralibéral tapi dans la bergerie

Fière aussi d’avoir convaincu certains profs d’être évalués par leurs élèves et les parents de ceux-ci. "Il y a 30% de gens formidables dans les écoles françaises, enseignants et personnel, estime-t-elle. C’est grâce à eux que le système n’explose pas." Reste que Madame la proviseure a dû composer avec les 70% restants, notamment les profs syndiqués qui, comme on l’imagine, n’ont goûté que modérément les "initiatives" de Nelly Guet. Serait-elle un loup ultralibéral tapi dans la bergerie enseignante ? "J’ai voté socialiste moi aussi, avant de comprendre qu’ils ne feraient rien pour les gamins à l’école", dit celle qui milite aujourd’hui à l’UDI de Jean-Louis Borloo.
Qu’on partage ou non ses idées, il ne fait aucun doute que l’engagement de Nelly Guet repose sur une noble obsession : la nécessité de faire réussir les élèves - tous les élèves - plutôt que de les classer et les sélectionner, comme le fait le système français. "Mes chers collègues veulent des pommes golden, voilà le problème". C’est-à-dire des profils calibrés, scolaires, attentifs, des graines de classes prépa, en somme. "Des fils d’enseignants et de cadres, quoi !" résume celle qui n’a pas oublié qu’elle est fille d’un ouvrier boulanger et a grandi dans les barres HLM d’Orly (Val-de-Marne). Et dit n’avoir brisé sa destinée sociale que grâce à "l’engagement de quelques enseignants extraordinaires qui ne laissaient pas les gamins sur le bord de la route". Elle aimerait leur rendre ça.
 

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