Certes, l’accès massif d’enfants de pauvres à l’enseignement secondaire pose des problèmes nouveaux, tout simplement parce qu’il est tendanciellement plus difficile à un enfant de pauvres de s’approprier une culture scolaire ou classique qui lui est largement étrangère, c’est une question de distance. Ce constat est trivial, il ne mérite même pas une page de journal. Etait-il nécessaire de convoquer toute la science sociologique pour mesurer ce que chacun savait déjà ? Cette obsession de la mesure objectivante est, elle aussi, connue. Cela dit, par exemple, les rapports que les jeunes entretiennent avec la mort, avec le (son) désir... ne sont pas moins fait d’inquiétude chez les pauvres que chez les riches.
Simplement, il est autrement difficile d’enseigner un savoir scolaire à un enfant de pauvres, parce qu’il doit tout apprendre, même ce que les autres savent déjà. A résultats égaux, sa performance est donc plus remarquable. Enseigner est alors une question de temps et de patience ; Kant faisait déjà cette remarque que « La lenteur n’est pas un défaut de l’entendement. »
Cependant, les échecs
scolaires ne commencent pas à l’entrée au lycée mais dès les premières classes
de l’école primaire, lors des apprentissages de la lecture, de l’écriture et
des opérations arithmétiques élémentaires. On peut constater après-coup que les conditions à partir desquelles il est possible de recevoir un enseignement, notamment
celle, contraignante de rester assis, n’ont pas été imposées dans les classes
primaires. Ces échecs conduisent à d’autres échecs massifs cumulés au collège
d’abord, puis au lycée.
Aujourd’hui, l’école échoue là où elle avait remporté des succès. Qui peut sérieusement prétendre qu’il est si difficile à un enfant de pauvres de savoir lire, de savoir l’orthographe ou la grammaire élémentaires après cinq années passées à l’école primaire pour cette raison qu’il est enfant de pauvres ?
Aujourd’hui, l’école échoue là où elle avait remporté des succès. Qui peut sérieusement prétendre qu’il est si difficile à un enfant de pauvres de savoir lire, de savoir l’orthographe ou la grammaire élémentaires après cinq années passées à l’école primaire pour cette raison qu’il est enfant de pauvres ?
Pourquoi un si grand nombre d’enfants entrant en
sixième ne savent-ils pas encore lire ? Peut-être leur a-t-on appris à
ne pas savoir lire ? Comment se fait-il que de si nombreux élèves de terminale
ne puissent pas construire par écrit ou oralement une phrase simple et encore
moins l’articuler logiquement avec une seconde ? On ne peut s’empêcher de poser
la question : « Et si l’école avait pour objectif de fabriquer des
ignorants »
? Il faut dépasser le niveau de l’analyse sociologique et poser la question
des finalités de l’école. Pour quoi les enfants de pauvres
devraient-ils, ou non, savoir lire et écrire ?
Lire le texte intégral : Remarques sur la
"massification de l'enseignement"
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