Et si s’interroger sur la compatibilité entre « l’Islam de France » et « l’Islam du Coran » était une ineptie ? Le seul qui est habilité à pouvoir définir ce que l’Islam est et ce que l’Islam n’est pas, c’est son auteur lui-même !
Du point de vue (mythifié) défendu par les Musulmans, il a bien fallu que Dieu en vienne à transmettre le message du Coran au prophète Muhammad afin que ce dernier puisse informer l’humanité tout entière sur ce monothéisme universaliste et impérieux qu’est l’Islam. Parce que je ne suis plus Musulman depuis une bonne dizaine d’années maintenant, j’ai depuis bien longtemps exorcisé de mon esprit la conviction selon laquelle les versets du Coran seraient une œuvre plus divine qu’humaine. Mais, si l’on croit le Coran, ses propres lois nées de l’esprit d’un être omnipotent, omniscient et à l’intelligence suprême ont vocation à s’appliquer pour tous les hommes, en tous lieux, et ce jusqu’au jour du Jugement dernier.
Pourquoi les Musulmans coranistes d’aujourd’hui ne mangent-ils pas de porc, si ce n’est parce que cet interdit qui concernerait tous les Hommes n’a jamais été limité ni dans le temps ni dans l’espace par le Coran ? Cette prescription coranique est par ailleurs aussi peu conjoncturelle que celle invitant les Musulmans à couper la main du voleur et de la voleuse (Coran, V, 38). Aucun verset coranique ne vient contredire cette autre loi juridique, ni limitée dans le temps ni dans l’espace, et qui fut édictée il y a environ 1.400 ans, quelque part au milieu du désert d’Arabie. Couper la main du voleur et de la voleuse n’est peut-être pas prévu par les lois françaises afin de sanctionner le vol à l’étalage ou le braquage de banque ; mais, du point de vue d’Allah, c’est une sanction judiciaire on ne peut plus légale. Parce que le dieu Allah envoie ceux qui obéissent à ses ordres et croient en lui au Paradis, tandis qu’il envoie tous les autres en Enfer, on pourrait même dire que cette loi est, dans l’absolu, plus une vertu d’égoïste ou une réponse à un chantage mafieux qu’une action purement désintéressée ou altruiste.
« L’Islam du Coran » est ainsi un pléonasme, contrairement à « l’Islam de France », « l’Islam de Mahmoud Benchoukroute, pompiste à La Membrolle-sur-Choisille » ou « l’Islam d’Averroès ».
Il n’y a pas d’autre maître à penser dans l’Islam que le dieu unique Allah, et je ne connais aucun Musulman qui ait déjà été assez audacieux pour oser avancer que le dieu ayant créé le livre du Coran ne serait pas à même de définir le véritable Islam.
Que doit-on par conséquent comprendre de celui qui parle de moderniser l’Islam ou de le réformer en France ? Ignorer certaines lois universelles d’Allah, voire même les contredire (donc les transgresser), ici plus qu’ailleurs ? Aujourd’hui, en France, on peut entendre absolument tout et son contraire sur ce livre du Coran, vis-à-vis duquel je porte plus un intérêt par devoir politique que par plaisir intellectuel. La France n’étant pas encore gouvernée par un président ou une majorité parlementaire jugeant que le Coran est un livre utile, salutaire et divin, ce que bien des observateurs appellent « l’Islam de France » n’est pas (encore) un pouvoir exécutif, législatif ou judiciaire.
L’Islam de France, plus associatif que politique, n’a aucune légitimité juridique à défendre ou à imposer au peuple français. Les millions de mes compatriotes français de confession musulmane ne sont d’ailleurs même pas capables de défendre leurs intérêts politiques autrement que comme des faire-valoir diplomatiques ou des électeurs. Dans une France où le pouvoir politique ne gouverne qu’en fonction d’intérêts communautaristes et de comptes à rendre à ceux qui tiennent les cordons de la bourse, c’est sans doute parfois amplement suffisant…
Contrairement à d’autres pays où la pluralité des opinions est un minimum défendue par la presse au nom d’une liberté d’expression vue comme un droit plus que comme une responsabilité paternaliste, dans ma France où 7 milliardaires contrôlent 95% de la production journalistique, ce sont toujours les mêmes experts qui donnent leur avis sur l’Islam à la télévision, dans les journaux ou à la radio. Je ne suis pas convaincu par les débats « virulents » opposant « les pour » contre « les très pour » qui sont organisés par la presse nationale française, habituée en général à véhiculer l’idée selon laquelle craindre ou mépriser le Coran serait un vice extrême-droitisant.
On y compare tout, sauf la seule et véritable comparaison qui vaille la peine : juger l’arbre coranique aux fruits de la réalité qu’il a produits.
Aux islamologues salariés d’État qui prétendent que le Coran défend la liberté de croyance et l’équité sexuelle, j’ai envie de demander : « Alors pourquoi plus un pays dans le monde décide d’appliquer le Coran et plus il est un pays qui asservit les femmes et persécute les apostats de l’Islam ? »
Aux imams costumés et rasés de très près qui passent à la télévision après chaque attentat jihadiste pour nous expliquer que l’Islam est une religion de paix compatible avec les valeurs de la République, j’ai envie de demander : « Bien avant que les royaumes et empires européens ne se répartissent le Maghreb et le Moyen-Orient pour en faire des colonies ou des protectorats, pourquoi l’Islam y ayant fait la loi durant plus de 1.000 ans y a fait perdurer des marchés aux esclaves, des femmes non-scolarisées traitées comme des sous-hommes ainsi qu’un néant démocratique où seule la loi du plus fort régnait ? »
Si le message du Coran impose l’équité sexuelle devant la loi et la liberté de conscience, alors force est de constater que le dieu Allah est un dieu particulièrement inefficace et/ou peu explicite puisque c’est exactement le contraire de ces dogmes que le Monde musulman s’acharne à produire.
Dans la majorité des Corans imprimés, publiés et vendus sur Terre, le verset 34 de la sourate 4 promeut le droit pour le mari de frapper l’épouse dont il aurait à craindre la désobéissance. Ici, en France, ce comportement est un crime. Ailleurs dans le Monde, là où la Charia fait loi, ce comportement est une réponse judiciaire, un droit dont peut user la victime de l’insubordination de son épouse. Pourquoi le dieu Allah laisserait-il donc son Coran être mal compris sans intervenir afin de corriger cela ? Quel est donc l’intérêt pour le dieu Allah d’envoyer un message originel qui finirait par échapper à la vigilance de ses omniscience et omnipotence pour finalement demeurer durablement corrompu ?
Le Coran est un message essentiellement fait de commandements et d’interdits juridiques.
Ce n’est pas « le bouddhisme des Bédouins » que voient en lui tant de bobos parisianistes persuadés que l’interdiction de manger du porc que s’imposent les Musulmans en général serait une simple tradition, aussi peu politique que la fête de la Saint-Valentin ou Halloween.
Ce livre du Coran est politique par essence car il a vocation à encadrer et limiter les libertés individuelles des gens, partout où des Musulmans peuvent appliquer ses lois. Le jour où la France sera devenue une province d’un grand califat islamique ou l’État souverain du Francistan, je ne vois en outre pas pourquoi la source idéologique du Coran ne pourrait pas y produire ce qu’elle a pourtant toujours produit ailleurs, en tous temps et en tous lieux, dans le Monde musulman. L’Islam de France ni politique ni juridique d’aujourd’hui n’a en tous cas pas encore les moyens de prouver sa compatibilité avec le livre du Coran autrement que sous la forme d’un lobbying électoral ou économique.
Dans sa 47ème sourate (une sourate post-Hégire), le Coran demande aux Musulmans de ne pas appeler à faire la paix alors qu’ils sont les plus forts (ils ne doivent donc appeler à faire la paix que quand ils sont en position de faiblesse). Cette doctrine est-elle vraiment contredite par l’attitude de l’écrivain ou militant associatif islamiste qui utilise son droit de cité dans nos médias mainstream afin d’endormir la vigilance des Occidentaux vis-à-vis de vices que lui-même considère secrètement comme étant des vertus ?
Rien ne dit que les déclarations politiquement correctes d’islamistes adeptes du double-discours, car encore incapables de contrôler nos parlements et casernes militaires aujourd’hui, ne sont pas des investissements pour l’avenir. Pourquoi dévoiler ses intentions plus Charia que Charlie, et risquer de donner envie à des Français « mécréants », majoritaires mais divisés sur des questions secondaires ou cosmétiques, de s’unir politiquement afin de faire de la lutte contre l’islamisation politico-juridique de la France une priorité ?
Et si l’Islam de France, incompatible avec l’Islam du Coran, rendait en fait un immense service à ce dernier en l’ignorant, en le cachant ou en le niant ?
Une bonne politique, c’est une politique qui produit des résultats, et pas des bonnes intentions de départ sacrifiées sur l’autel des regrets. L’Islam est un projet politique qui se vit mieux qu’il ne se raconte, quoi qu’en disent des livres ou des hommes à son sujet.
Je n’ai aucune raison de chercher à dénoncer l’incompatibilité entre les lois françaises et un conte de fées destiné à effrayer les enfants, parce que ceux qui croient les contes de fées n’ont en général pas encore l’âge d’avoir des ambitions politiques…
Majid Oukacha