Pierre-Antoine Plaquevent : « C’est le projet de société ouverte de Georges Soros que je m’attache à déconstruire dans mon livre »
Georges Soros et la société ouverte. Tel est
le titre du livre enquête de Pierre-Antoine Plaquevent, paru aux éditions Le
retour aux sources.
Durant les dernières décennies, peu de nations ont été
épargnées par l’action ou l’influence de son ensemble de fondations :
l’Open Society Foundations. Partout où la souveraineté politique et la
stabilité sociale sont attaquées, on retrouve la trace de Georges Soros, de ses
réseaux, de ses militants, de ses milliards. Que ce soit au travers de
l’immigration de masse, de la dépénalisation des stupéfiants, des nouvelles
normes sociétales, de la promotion des théories du genre ou des révolutions
colorées. Dans chacun de ces domaines, Soros œuvre avec une étonnante constance
à la réalisation d’un même objectif : l’avènement d’un nouvel ordre
politique international fondé sur la notion de société ouverte et la
fin des États-nations.
[Interview]
03/12/2018 06:10
L’auteur nous propose une radiographie détaillée de la
méthodologie Soros et de ses divers champs d’action partout dans le monde. Au
travers d’exemples très documentés, cette étude expose au grand jour les
rouages internes des réseaux Soros. Une entreprise de décomposition des nations
dotée d’une puissance et de moyens exceptionnels.
Au-delà d’un travail d’enquête inédit, ce livre se
propose d’exposer la philosophie politique qui anime cette action et d’en
tracer la généalogie profonde. Le lecteur y découvrira comment la notion
de Société ouverte se rattache aux courants les plus puissants et les
plus actifs de la subversion politique contemporaine.
Il s’agit là d’un livre fondamental sur celui qui est
considéré, à juste titre, comme l’ennemi numéro Un de tous les peuples soucieux
de demeurer eux-même. La Hongrie a ainsi parfaitement compris le danger incarné
par Georges Soros.
Ce livre apporte un éclairage indispensable et des
arguments efficaces pour contrer tous ceux qui, aujourd’hui, font l’apologie de
cette société ouverte. Société ouverte qui mène droit au chaos et à la
disparition des peuples du monde entier.
Après une longue période d’engagement politique,
Pierre-Antoine Plaquevent a créé le portail métapolitique les-non-alignés.fr qu’il
anime depuis 2010. Cet outil lui a permis de mener pendant plusieurs années une
activité métapolitique intense et multiforme. Que ce soit par le biais
d’organisation de conférences, de la rédaction d’articles ou encore du
journalisme de terrain et d’interviews d’acteurs politiques et culturels. « Il
est à noter que dans chacun de ses domaines, les non-alignés étaient en
avant-garde dans la formation et la préparation politique des esprits. »
explique Pierre-Antoine Plaquevent, que nous avons interrogé à propos de son
livre « Soros et la société ouverte ».
SOROS et la société ouverte : Métapolitique du
globalisme — Pierre-Antoine Plaquevent — Le Retour aux sources — 25 € (à
commander ci-dessous)
Une interview passionnante, à découvrir ci-dessous :
Breizh-info.com : Qu’est-ce qui vous a conduit à
écrire ce livre ?
Pierre-Antoine Plaquevent : Le travail de
recherche et d’écriture que j’ai mené avec ce premier livre politique en est la
continuation logique par d’autres moyens, mais il vise la même fin : à
savoir comprendre « ce qui nous nie » comme aurait dit
Dominique Venner et le combattre à sa racine même. Cela passe par l’étude et la
radiographie du projet de société que les élites mondialistes veulent nous
imposer. Ce livre politique a une spécificité : il ne s’agit ni d’un
essai, ni d’un pamphlet, mais d’un travail d’enquête et d’analyse qui vise à
déconstruire la déconstruction dans son ensemble. Une déconstruction qui se
déploie dans les domaines de l’immigration de masse, de la dépénalisation de
l’usage des drogues, des nouvelles normes sociétales, de l’influence médiatique
ou des changements de régime politiques.
Il s’agit d’une action de subversion globale qui touche
toutes les sociétés et trouve sa source d’inspiration dans une vision du monde
exposée dans cette étude : la société ouverte comme projet de fin des
nations et de l’Histoire. Une fin de l’Histoire qui doit conduire par étapes à
l’intégration de l’humanité tout entière au sein d’un ordre politique unique et
planétaire.
Ce livre se veut être un outil opérationnel pour toutes les
personnes qui souhaitent comprendre, voire combattre, les attaques portées
contre l’ordre naturel par les forces de la société ouverte. La société ouverte
comme projet métapolitique de transformation et d’ingénierie sociale furtive ;
un projet qui se rattache à un courant d’idées et de pratiques politiques qui
modèlent et traversent toute l’Histoire contemporaine. Il s’agit d’appréhender
comment, à la confluence de la cybernétique, du soft-power et du millénarisme
politique, des pouvoirs non élus ont élaboré un outil de domination des
populations qui n’a pas son équivalent dans l’Histoire. En prendre connaissance
est déjà le début d’une solution.
Breizh-info.com : Pour revenir au sujet principal de
votre étude, qui est Georges Soros et que pèse-t-il au niveau du pouvoir
mondial, international ?
Pierre-Antoine Plaquevent : George
Soros est né en Hongrie en 1930 sous le nom de George Schwartz. De son
père, Tivadar Schwartz, il a hérité une grande vivacité d’esprit et des
capacités d’analyse et d’adaptation hors pair qui lui ont permis de s’imposer
dans le milieu sans pitié de la finance internationale. Tivadar Schwartz était
en outre l’un des rares locuteurs de ce projet de langue universelle qu’est
l’espéranto, il changera ainsi le nom Schwartz en « Soros » dans les années
trente, mot qui signifie en espéranto « monter en flèche ». Le cosmopolitisme
de George Soros plonge ainsi ses racines dans cet héritage familial qui est
celui d’une famille issue de la bourgeoisie juive de Budapest. Dans mon étude
je décris longuement la montée en puissance de la bourgeoisie juive au sein de
l’Empire austro-hongrois déclinant au XIXe siècle. Processus qui va conduire à
l’émergence de figures comme Karl Popper et plus tardivement George Soros
lui-même. Se mêlant à l’aristocratie en déclin, mais ne pouvant accéder au
pouvoir politique, la place ambiguë qu’occupera la bourgeoisie juive au sein de
l’Empire austro-hongrois va lui permettre de forger un regard critique sur
l’ensemble d’une organisation sociale à laquelle elle ne s’assimilait que
partiellement. C’est dans ce contexte sociopolitique que va naître la pensée
radicalement déconstructrice de toute forme de conservatisme et
d’antilibéralisme de Karl Popper ; pensée dont s’inspirera George Soros
par la suite.
Des opérations de déstabilisation monétaire massive dans
les années 80 et 90
La force de George Soros lui vient de sa fortune colossale,
une fortune qui résulte d’un parcours assez exceptionnel dans le domaine de la
finance. Un parcours qui doit sa réussite à son intégration dans l’élite
financière et politique de l’hyperclasse mondiale dès ses études au sein de la
prestigieuse London School of Economics, véritable pouponnière à
élites mondialistes depuis la fin du XIX ème siècle. Rappelons que la London
School of Economics a été fondée en 1895 par plusieurs membres de la
célèbre Société fabienne — Fabian Society, célèbre club de pensée de l’élite de
l’anglosphère. Surtout, dès son arrivée à New York au début des années
soixante, Soros bénéficiera de l’appui de cercles financiers influents comme
par exemple le réseau bancaire des Rothschild. Ces soutiens lui permettront de
devenir pionnier dans le domaine des fonds d’investissement (les fameux hedge-funds).
Un outil avec lequel il mènera des opérations de déstabilisation monétaire
massive dans les années 80 et 90, engrangeant ainsi des milliards. En septembre
1992, George Soros réalise son attaque boursière la plus retentissante :
l’attaque contre la banque d’Angleterre. Une attaque spéculative au cours de
laquelle il empochera 1,1 milliard de dollars en 24 heures grâce
à une opération menée contre la livre sterling. En 1993 sa fortune
atteindra 1,1 milliard de dollars. Elle ne fera dès lors que
croître, passant de 7,2 milliards de dollars entre 2004 et
2006, à 24,9 milliards pour l’année 2016 selon le
classement Forbes. Fin 2017 il transmettra 18 milliards d’euros
de sa fortune personnelle vers l’Open Society Foundations.
Cette puissance financière difficilement imaginable pour le
commun des mortels lui donne une force d’influence que peu de personnalités
possèdent. Une force qu’il ne dissimule pas, lui qui se définit par ailleurs
comme « un homme d’État sans État ».
Breizh-info.com : On taxe volontiers les détracteurs
de Georges Soros de complotistes, parfois même d’antisémites ? Pour
quelles raisons ? Ces critiques sont-elles justifiées ?
Pierre-Antoine Plaquevent : Il ne s’agit
pas d’un complot au sens où ses intentions seraient dissimulées. George Soros
ne se cache pas, dans ses écrits ou dans ses interventions, de vouloir conduire
l’humanité vers un monde sans frontières et sans États-nations. Un monde où une
gouvernance mondiale régulerait l’économie et la politique d’une humanité enfin
unifiée et indifférenciée. Il s’agit d’un idéal millénariste dont je trace la
généalogie dans mon étude. Un projet d’ingénierie sociale planétaire qui
réalise les vues de plusieurs courants de pensée tels que le cosmopolitisme
popperien, le freudo-marxisme et la cybernétique, mais aussi le messianisme
religieux sécularisé. La spécificité de George Soros est d’être un ardent
militant de la cause mondialiste, mais aussi de posséder des velléités de
marquer l’Histoire de par son action dans le monde. Il use ainsi de sa fortune
non pas juste pour son bon plaisir, mais réellement dans un esprit globaliste
missionnaire. Pour ce faire il dispose d’un outil de dimension planétaire au
travers de son réseau l ».Open Society Foundations : les fondations
pour une société ouverte.
Un budget colossal au service de son projet de société
ouverte
À nouveau pas de complot ici, il suffit de se pencher sur le
budget officiel de l’Open Society Foundations pour comprendre
l’étendue de sa force d’influence. Pour 2018, ce budget a rejoint les 1,
005 milliard de dollars, ce qui représente une augmentation de plus de
60 millions de dollars en un an. Les dépenses totales de l’OSF depuis sa
création sont estimées quant à elles à 14 milliards de dollars
pour ses 33 années d’activité. Cela donne une idée de l’ampleur démesurée des
moyens dont dispose le réseau Open Society Foundations. Comme
l’indique le site de l’Open Society, George Soros a fait don à l’OSF depuis
1984 de 32 milliards de dollars sur sa fortune personnelle si
on inclut les derniers 18 milliards de dollars qu’il a légués en 2017.
Les fondations Open Society comptent officiellement plus de
40 fondations nationales et régionales interconnectées à travers le globe, mais
elles sont en fait beaucoup plus nombreuses, car chaque branche de l’OSF
entretient elle-même son propre réseau d’associations de terrain et finance de
nombreuses autres ONG, alors où est le complot ? Il suffit de s’informer sur
les seuls sites et publications de l’Open Society pour comprendre qu’elle est
son action et son influence dans le monde. Il y a éventuellement un complot des
grands médias pour ne pas informer les populations de l’existence et du rôle
réel que jouent de telles organisations dans la politique contemporaine… La
rhétorique autour du « complotisme » vise en fait à anesthésier toute
critique sérieuse du projet globaliste. En termes de « complotisme »,
que penser par exemple de cette citation de David Rockefeller qui affirmait
lui-même dans ses mémoires :
« Quelques-uns croient même que nous faisons partie
d’une cabale secrète travaillant contre les intérêts des États-Unis, nous
appelant ma famille et moi des “internationalistes” et nous accusant de
conspirer avec d’autres pour construire une structure politique et économique
globale plus intégrée — un monde uni, si vous voulez. Si c’est là l’accusation,
je plaide coupable et j’en suis fier. »
Il n’y a pas de complot, mais un projet de société bien réel
qui avance comme un rouleau compresseur au Moyen-Orient ou dans les Balkans et
plus insidieusement en Occident. Un projet que George Soros, à la suite de Karl
Popper, désigne en tant que « société ouverte » et qui nous concerne
tous. C’est ce projet que je m’attache à déconstruire dans mon livre.
Breizh-info.com : Justement, que désigne précisément
ce terme de « société ouverte » ?
Pierre-Antoine Plaquevent : Dans mon étude
j’interroge longuement cette notion. Je suis arrivé à la conclusion que cette
notion désigne pour ceux qui y ont recours, le projet de modification
permanente et furtive de l’ensemble de la société pour le compte des intérêts
de la haute finance mondialiste. Un projet de domination et de transformation
sociale à grande échelle camouflé en une utopie internationaliste, similaire en
cela aux objectifs du communisme des origines, mais usant de moyens plus
sophistiqués. Comme il l’expose lui-même au début de son livre « La
Société ouverte et ses ennemis », Karl Popper se veut le promoteur d’une
ingénierie sociale fragmentaire, c’est-à-dire d’une ingénierie sociale qui
progresse et transforme la société par étapes et par « interventions
limitées » ; cela de manière quasi furtive et par touches
imperceptibles. Il s’agit d’une forme de constructivisme sociopolitique qu’il
oppose à l’ingénierie sociale utopique et révolutionnaire de type marxiste. Le
mode opératoire de George Soros et de l’Open Society s’avère être en fait une
reconfiguration permanente et extrêmement bien maitrisée des processus
sociopolitiques contemporains selon la méthodologie Popper ; une
méthodologie que Soros a radicalisée. Dès lors, l’idée de « société
ouverte » se présente comme un outil d’ingénierie sociale
incroyablement efficace : un prétexte démocratique et une idée-force
mobilisatrice dont l’horizon d’attente est l’intégration de toute l’humanité
sous la forme d’un œkoumène mondial intégré ; une seule terre pour une
seule humanité, tel est le crédo « planétarien » de la société
ouverte.
Si le but des réseaux Soros est d’arriver à une « société
ouverte » planétaire selon cette définition, pour ce faire il leur
faut fluidifier et dissoudre les agrégats humains rétifs aux changements
impulsés par la chaîne du pouvoir politique réel. Chaîne du pouvoir politique
réel constitué par (dans l’ordre d’importance) : 1 — la finance
internationaliste (la matrice du projet cosmopolitique) ; 2— les médias de
masse (l’église de l’opinion public) ; 3— la technocratie et les
organisations non gouvernementales (le pouvoir politique réel et
non-élu) ; 4— la politique spectacle du parlementarisme ; et enfin, 5
— les populations — le cheptel humain — c’est-à-dire nous, les sans-dents, les
« gilets jaunes ».
Le moyen pour y arriver en est la subversion politique qui
s’appuie pour cela sur tous les relais possibles. J’expose dans mon ouvrage
certains des relais d’influence privilégiés des réseaux de la société ouverte,
comme par exemple ce que je désigne comme des « armes d’immigration
massive ». Autant de technologies politiques perfectionnées qui
visent à recomposer les équilibres géopolitiques contemporains selon les
objectifs stratégiques, économiques et idéologiques de l’hyperclasse
mondialiste dont le clan Soros est l’un des moteurs les plus importants. Le
cosmopolitisme est une guerre permanente contre les populations qui dure depuis
plus d’un siècle et qui est menée par une faction très organisée des élites
bancaires, médiatiques, culturelles et politiques internationales. La
démolition contrôlée de nos sociétés fait partie des moyens et des conséquences
de cette guerre contre les peuples.
Breizh-info.com : Vous parlez d’« armes
d’immigration massive » ; quelle est la responsabilité de
Soros et de sa galaxie dans la déstabilisation migratoire que nous connaissons
actuellement en Europe ?
Pierre-Antoine Plaquevent : La puissance
d’influence sur la question migratoire des réseaux Soros est gigantesque.
J’expose dans mon livre comment George Soros a exercé un rôle crucial dans la
manière dont l’Allemagne et l’UE ont traité l’arrivée massive des migrants
depuis 2015. Ceci au travers de ce que l’on peut appeler le plan Merkel/Soros.
Ce plan Merkel était en fait directement inspiré par un plan que George Soros
avait lui-même proposé sur son site officiel, un plan ambitieux d’échelle
continental intitulé « Rebâtir le système du droit d’asile ». Le
plan de Soros donnait en fait les directives à suivre pour que l’Europe ne soit
plus qu’un couloir de passage ouvert à toutes les migrations venues d’Afrique
et d’Orient. Le Pape François aussi a proposé récemment un plan d’intégration
des migrants similaires qui prévoit d’organiser les déplacements de population
directement depuis les pays en crise jusqu’en Occident. Ce qui est logique
compte tenu de la force d’influence que possède l’Open Society sur l’aile
gauche de l’Église catholique conciliaire comme je le montre dans mon étude.
Le budget que l’Open Society consacrait à la seule question
migratoire en 2018 était de 63,3 millions de dollars. Aussi,
en septembre 2016, George Soros promettait d’investir 500 millions de
dollars de placements en actions dans des investissements qui
bénéficient aux migrants. Pour avoir une idée de la puissance de l’Open Society
en matière d’immigration, on comparera les sommes investies par L’OSF avec le
budget de « Frontex » (l’agence pour la surveillance des frontières
européennes) qui est évalué quant à lui à 300 millions d’euros
pour 2017. L’ensemble des pays européens investissent donc moins pour la
défense de leurs frontières maritimes que les moyens mis en œuvre par Soros,
l’Open Society Foundations et l’ensemble de leurs soutiens privés. Cette
puissance financière permet en outre d’effectuer d’importantes campagnes de
lobbying en faveur des changements juridiques dans le droit international sur
le statut des migrations. Un travail d’influence qui se situe en amont du « Pacte
mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières » que
la plupart des États membres de l’ONU sont censés valider au Maroc ce mois-ci.
Le chapitre sur l’immigration est l’un des plus longs de mon
étude, j’y développe l’ensemble des moyens dont usent les réseaux Soros pour
imposer leur agenda migratoire. Cela depuis les hautes sphères des institutions
internationales jusqu’au soutien aux associations immigrationnistes de terrain
telles celles qui chapeautent le fameux « no borders » et
autres activistes.
Breizh-info.com : Qui sont ses principaux opposants ?
Ont-ils les moyens de parvenir à leurs fins ? Peut-on imaginer l’émergence
d’une sorte de « dragon noir » de Georges Soros, c’est-à-dire un milliardaire
qui œuvrerait pour l’inverse de l’open society voulue par Soros ?
Pierre-Antoine Plaquevent : En fait c’est
déjà le cas, même si nous ne sommes pas ici dans la configuration d’une lutte
manichéenne et tranchée entre le bien et le mal. Comme toujours en politique,
tout est une question de rapports de force et de luttes féroces d’intérêts,
mais aussi de projets de société divergents. On a par exemple le cas
emblématique de Robert Mercer, ce milliardaire sans qui l’élection de Trump
aurait été impossible. Robert Mercer, surdoué de l’informatique et passionné
par le « big data », est ce grand financier gérant de fonds
spéculatifs (tout comme Soros) qui a financé la société Cambridge Analytica à
hauteur de 15 millions de dollars. Une société d’analyse de données qu’il
gérait avec Steve Bannon et qui est accusé d’avoir « siphonné » les
données de 50 millions de profils Facebook afin d’élaborer des « profils
psychographiques » types, basés sur les valeurs, les centres d’intérêts,
les opinions ou les personnalités des électeurs. Un ciblage très précis qui
aurait eu un impact significatif dans l’élection de Trump d’après les mauvais
perdants démocrates qui pensent toujours que les gens de droite ne votent pas
pour des idées ou des projets, mais qu’ils se trompent de colère…
Anti-avortement, proche des libertariens et « climatosceptique »,
Robert Mercer est un grand donateur du parti républicain et de diverses
organisations conservatrices américaines, et aussi l’un des financiers
principaux de Breitbart News.
Il est intéressant de noter que Facebook n’a été seulement
accusé de laxisme dans cette affaire, mais bien de complicité partielle avec
Cambridge Analytica dans l’utilisation des données de ses utilisateurs. Lors du
Forum économique mondial, George Soros a lui-même attaqué Facebook, l’accusant
d’influencer « la façon dont les gens pensent et se comportent
sans même en être conscients », ce qui aurait des conséquences « sur
le fonctionnement de la démocratie, en particulier sur l’intégrité des
élections ». Pour Soros, Facebook et Google constituent « des
menaces contre la société » dont il souhaite plus de régulations. Le
15 novembre dernier, l’Open Society Foundations accusait en outre Facebook
d’avoir sollicité les services d’une société de relations publiques proche du
Parti républicain — la société Definers — afin d’enquêter sur
le rôle de Soros dans les attaques médiatiques contre Facebook. Durant
l’été 2018, Definers aurait aussi ainsi « suggéré à des
journalistes que George Soros aurait un rapport avec les groupes et
personnalités formulant des critiques contre Facebook », ce qui
aurait conduit Definers à mener : « une campagne pour
discréditer les critiques formulées contre Facebook après le scandale Cambridge
Analytica ».
Soros est inquiet du rôle que jouent les réseaux sociaux
dans la contestation politique de son projet de société ouverte au niveau
mondial
Clairement, Soros est inquiet du rôle que jouent les réseaux
sociaux dans la contestation politique de son projet de société ouverte au
niveau mondial. Comme on le voit, la médiasphère contemporaine est le lieu d’un
affrontement planétaire entre d’une part une gauche globalisée qui veut
dissoudre les États-nations au sein d’instances de gouvernances internationales
type société ouverte et de l’autre, une forme de « droite » d’argent
qui veut s’émanciper du carcan mondialiste pour revenir à des formes dures et
concurrentielles de capitalisme ainsi qu’à un réalisme géopolitique au niveau
des relations internationales. C’est la ligne Trump, mais aussi celle d’une
grande partie des « conservateurs » dans le monde entier avec des nuances
selon les histoires politiques de chaque pays. Les illibéraux me semblent
surtout « illibéraux » politiquement et non pas économiquement. Ca
n’est pas la ligne des nationalismes européens de troisième voie ou même du
Gaullisme historique, mais c’est l’axe actuel de l’affrontement entre société
ouverte d’un côté et capitalisme conservateur de l’autre partout en Occident.
Dans cette guerre politique mondiale de l’information, les
réseaux sociaux comme Facebook sont utilisés par les stratèges conservateurs
comme Steve Bannon afin de contrer les outils mis en place par les forces de la
société ouverte. Autant de technologies politiques par lesquelles les
populations désorientées par la mondialisation sont bombardées à feu nourri.
Breizh-info.com : Vous voulez dire que les
conservateurs disposent aussi désormais de telles « technologies
politiques » comme vous les désignez ? Verra-t-on émerger dans les
prochaines années des « révolutions colorées »
anti-globalistes et anti-Soros ?
Pierre-Antoine Plaquevent : Ce serait de
bonne guerre ! Si l’on suit cette logique, on ne peut pas ne pas voir le
rôle que joue en ce moment même Facebook quant aux possibilités d’organisation
et de rassemblement du mouvement des gilets jaunes face à la censure
macronienne. Un mouvement que je soutiens pour les possibilités de rupture avec
le projet globaliste qu’il ouvre. Mais peut-être aussi que dans quelques mois,
nous découvrirons le rôle qu’aura joué ce mouvement dans une tentative de
déstabilisation du principal concurrent économique des États-Unis avec la
Chine : à savoir le couple franco-allemand, cœur de l’Union-Européenne.
Le couple franco-allemand, dernier rempart du
projet de Soros ?
Le problème pour nous autres Européens est le suivant :
si l’Europe des Orban, Poutine et maintenant Salvini s’émancipe de la société
ouverte comme projet de société et si l’Amérique de Trump tente de maitriser le
« marais » de la société ouverte alors, naturellement, ses réseaux se replient
et se déploient dans leur dernier rempart, le cœur de l’Union européenne :
le fameux couple franco-allemand. Le récent Forum de Paris sur la Paix organisé
avec le soutien de l’Open Society tend à montrer cette intention de faire du
couple France-Allemagne un rempart de la société ouverte face à
l’internationale souverainiste et à son Konservintern. L’Amérique
trumpienne est aussi en friction régulière avec l’ONU, là où le couple
Macron/Merkel accélère la reconnaissance par l’ONU du couple franco-allemand
comme une entité politique à part entière. Les lignes de démarcation
géopolitiques se font toujours plus lisibles. Dans ce contexte, une
« révolution jaune » contre la société ouverte appuyée par l’ingénierie sociale
conservatrice « trumpienne » serait une bonne chose pour les souverainistes
face au projet de « forteresse Europe » de la société ouverte que veulent
ériger les Macron, Merkel, Attali, Soros, etc.
Mais si la révolte des « gilets jaunes » amène à
un changement de régime nécessaire en France, il faudra être très attentif à
l’alternative de retour à l’ordre qui nous sera proposée. C’est pour l’instant
une simple hypothèse, mais d’aucuns suggèrent déjà que la récente médiatisation
du général de Villiers nous prépare à une transition de régime politique. Une
transition de type national-atlantiste au vu du passage du général au sein de
l’entreprise de conseil américaine : Boston Consulting Group (BCG).
Une sorte de faux De Gaulle et de faux retour à l’ordre pour nous sortir du
projet macronien.
Il faut constamment avoir en tête qu’à notre époque tous les
affrontements politiques importants ont une portée et des ressorts planétaires
qui nous dépassent, mais que l’on doit chercher à appréhender si l’on veut
jouer un rôle non pas seulement d’objet, mais de sujet politique. Il faut
savoir aller au-delà des apparences et du brouillage médiatique constant. C’est
cela la base d’un véritable souverainisme.
Dans cette optique, c’est à nous souverainistes
authentiques, d’aider le mouvement des gilets jaunes à s’orienter dans de
bonnes directions et d’éviter ainsi les pièges qui se préparent. Je travaille
d’ores et déjà avec quelques autres à construire un outil métapolitique qui va
dans ce sens et dont j’annoncerai prochainement le lancement.
Propos recueillis par Yann Vallerie
Crédit photos : DR
[cc] Breizh-info.com,
2018, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de
lien vers la source d’origine
Interview de Steve Bannon : « Soros est l’ennemi de tous les
Nationalismes »
Nov 15, 2018
Traduction et publication par Pierre-Antoine
Plaquevent pour le site Les non-alignés de l’entretien exclusif accordé par
Steve Bannon à Gianluca Savoini lors de sa récente tournée européenne à la
rencontre des mouvements populistes européens.
Journaliste et conseiller politique de Matteo Salvini,
Gianluca Savoini est un cadre de la Lega expérimenté. Il dirige
l’association Lombardie-Russie, association très impliquée dans le
rapprochement entre la Lega et la Russie. Il était par ailleurs présent au
forum eurasiste de Chișinău.
Cet entretien me semble important par les perspectives
politiques qu’il soulève. Steve Bannon y aborde par ailleurs de
nombreux thèmes développés dans mon étude sur la société ouverte à
paraître prochainement, tels que la planification mondiale en matière de
légalisation des stupéfiants ou encore le rôle clef joué par l’Ecole de
Francfort et le marxisme culturel dans la subversion métapolitique de
l’Occident. Aussi ai-je augmenté cet entretien de quelques questions en direction
de Gianluca Savoini en conclusion.
Pierre-Antoine Plaquevent est l’auteur de « George
Soros et la société ouverte, métapolitique du globalisme » (à
paraître aux éditions « le retour aux
sources »).
Gianluca Savoini : Le Conseil
européen des 28 et 29 juin derniers a encore exacerbé les tensions internes au
sein de l’UE. La chancelière Merkel voit son énorme pouvoir décroître alors
qu’en Italie, nous avons pour la première fois un gouvernement «populiste». La
ligne politique de ce gouvernement peut-elle changer l’histoire européenne ?
Steve Bannon : Le début de la fin du règne de
Merkel en Europe est maintenant proche, je crois aussi que la fin de son règne
en Allemagne est déjà arrivé. La chancelière est en guerre avec son propre
parti, elle souffre d’une hémorragie de votes vers l’AFD – Alternative für
Deutschland – et n’a pas été en mesure d’obtenir un véritable accord lors des
réunions de l’UE la semaine dernière.
En réalité, son problème le plus sérieux est son partenaire
de coalition (la CSU bavarois) avec des gens comme Horst Seehofer, le ministre
allemand de l’Intérieur, qui s’organisent contre elle. Elle devrait être le
chef et donner la ligne du parti.
Au lieu de cela, sa politique d’immigration est
totalement sans règles. Il est clair que seuls ceux qui agissent commandent
réellement en Europe. Comme Salvini en Italie, Orban en Hongrie, ou encore les
dirigeants de l’ensemble du groupe Visegrad et des gens comme Seehofer en
Allemagne.
Cela va-t-il aussi éroder l’axe entre l’Allemagne et
la France ?
La question est maintenant celle-ci : Emmanuel Macron – en
tant qu’héritier du trône européen de Merkel – continuera-t-il à être le
capitaine d’un navire qui prend l’eau tout en continuant à aller vers une
intégration européenne toujours plus forte ? Ou bien va-t-il réaliser
que de plus en plus d’Européens se réveillent ?L’idée d’avoir des
frontières fortes et un leadership fort, comme celle de Matteo Salvini et du
gouvernement populiste italien, progresse partout.
Matteo Salvini et Luigi Di Maio, qui ont signé le
contrat gouvernemental en Italie travaillent-ils correctement selon vous ?
Ils sont incroyablement intelligents, habiles politiquement
et travailleurs. Tant que les hommes de ces deux partis continueront de
travailler dans l’intérêt du peuple italien, je ne vois pas pourquoi ils
devraient avoir des problèmes ou perdre leur consensus dans un proche avenir.
Mais la Ligue ne pense pas que sa popularité actuelle
devrait l’amener à exiger des élections anticipées. Je crois que ce que Lega et
5 Stelle ont fait est historique : unir le nord et le sud, la gauche et la
droite, les populistes et les nationalistes dans le premier vrai gouvernement
unitaire du monde.
La Lega et le M5S sont critiqués par les grandes
puissances internationales et surtout contre Salvini, la colère des représentants
de l’establishment mondialiste comme George Soros se déchaîne. Quel conseil
voulez-vous donner au ministre de l’Intérieur ?
La principale menace pour les partis et les gouvernements
nationaux-populistes en Europe n’est pas Bruxelles mais les ONG et leurs
appareils médiatiques financés par George Soros, véritables armes
contre l’information libre. Chaque populiste et chaque nationaliste en
Europe devrait identifier ses ennemis. Des gens comme George Soros ne se
soucient que d’une chose : le pouvoir et donc la possibilité de
l’aligner sur leur avantage personnel et l’argent qui rentrera dans leurs
poches. Soros lui-même l’a dit dans l’une de ses interviews infâmes. Il ne
se soucie pas des conséquences sociales de ses projets, il le fait
seulement pour l’argent.
Le président Trump a rencontré le Premier ministre
italien Conte au G7, il semble y avoir beaucoup de sympathie entre les Etats-Unis
et le nouveau gouvernement italien. Sympathie qui n’existe plus entre Trump,
l’Allemagne et la France. Comment le gouvernement italien est-il vu aux
États-Unis ?
Vous devriez demander à l’administration américaine quelle
est sa position officielle mais d’après ce que je comprends, il y a
beaucoup d’harmonie entre les efforts déployés à Washington pour sécuriser les
frontières des États-Unis et ce que font Salvini et d’autres dirigeants
européens. Mais le gouvernement américain n’a aucun intérêt à prendre parti
directement (d’où le rôle officieux de Bannon ? – NDT).
Il veut surtout servir les meilleurs intérêts du peuple
américain. D’autre part, le peuple américain – en particulier « les déplorables », cette large base populaire du
mouvement qui soutient Trump – suit attentivement le nouveau gouvernement
italien et soutient cet exécutif.
Que pense Trump de la Russie ? Le président américain
a déclaré que Moscou devait revenir au sein du G8. Restera-t-il en faveur des
sanctions contre Moscou ?
Quand vous avez un président qui fait face à une menace
existentielle pour nous comme la Chine et son Etat vassal, la Corée du Nord, un
Etat qui fait face à une crise frontalière (celle avec le Mexique) et mille
autres problèmes nationaux et internationaux, il est parfaitement logique
d’éviter de relancer la guerre froide avec Moscou.
Mais nous avons une classe politique et des médias
tellement habitués à diaboliser certaines nations qu’ils ne peuvent pas voir
au-delà de leur nez. Les gens savent bien que Poutine n’est pas un « gentil
garçon » – c’est un ancien officier du KGB – mais Trump ne voit pas la
nécessité de déclencher une guerre avec lui.
Je crois aussi que le président Trump comprend que le moment
est venu de mettre fin à la guerre froide, tout comme il essaie de mettre fin à
la guerre de Corée. Les élites européennes et américaines détestent Poutine
parce que c’est un nationaliste qui encourage l’Église orthodoxe et qu’il a le
soutien de la société civile russe. Ceci est contraire à tout ce en quoi les
« élites » croient.
Non seulement sur la question de l’immigration, mais
aussi sur d’autres sujets importants, la position italienne deviendra décisive
pour l’ensemble de l’UE. Quel est votre espoir ? Celui de la chute de l’UE
grâce à l’Italie, comme vous l’avez déjà dit parfois ?
Nous ne devons pas nécessairement envisager une chute de
l’UE. Au lieu de cela, nous devons plutôt envisager une plus
grande place pour les États-nations et leurs gouvernements qui travailleraient
ensemble dans le meilleur intérêt de leurs peuples. Si la Commission
européenne et le Conseil des ministres (Conseil de l’Union
européenne – NDT) veulent changer l’UE, ils peuvent le faire et, ce
faisant, ils la sauveraient probablement.
Mais à l’heure actuelle, ils ont seulement
l’intention de créer une Europe à leur image. De plus, je ne vois pas
comment les gens pourraient finalement obtenir leur liberté et leur
indépendance, alors qu’ils ont une union non politique basée exclusivement sur
une union monétaire. Je pense qu’à la fin, les États-nations devront récupérer
leur monnaie. Le Royaume-Uni n’a pas adopté l’euro, il a donc ainsi
maintenu un contrôle monétaire et fiscal. C’est un point fondamental.
Est-ce que les mots «droite» et «gauche» ont encore un
sens aujourd’hui ? Ou bien devons-nous penser à deux grands blocs opposés :
d’une part, le bloc mondialiste et anti-souverainiste ; d’autre part, le front
« populiste », souverainiste, identitaire, fondé sur la défense des valeurs
chrétiennes et traditionnelles ?
Il existera encore des partis, des idées politiques et des
figures de droite et de gauche, mais ils commencent à avoir de moins en moins
de signification. « Gauche contre droite » est un moyen
simple d’opposer les gens entre eux. Le vrai combat sera celui des démunis
contre les nantis. Des gens contre les classes politiques. Des
nationalistes contre les globalistes. Des personnes avec des valeurs
traditionnelles face aux gens qui veulent voir ces valeurs jetées à la
poubelle.
L’école de Francfort et son marxisme culturel ont
infiltré presque toutes les institutions en Europe. Bien sûr, dans l’Union
européenne, mais aussi dans l’Église catholique où la « théologie de la
libération » radicale des jésuites des années 60 et 70 s’est répandue comme une
contagion à travers l’Amérique latine et a maintenant atteint les plus hauts
niveaux de Église catholique, dirigée par un pape jésuite argentin.
En ce qui concerne l’Italie, « l’Etat profond » (comme
vous définissez le conglomérat des pouvoirs énormes opérant dans les coulisses)
existe également ici, comme aux États-Unis et dans d’autres pays du monde.
C’est une structure très forte parce qui sert à gouverner l’économie, les
gouvernements et les parlements. Voyez-vous le risque d’une chute future du
gouvernement Lega-M5S, frappé précisément par l’attaque de « l’Etat profond» ?
Que pourrait-il arriver ensuite, dans ce cas ?
Ils ont déjà essayé quand Matarella a tenté de mettre
« M. Ciseaux » comme premier ministre (jeux de mots avec Cottarelli,
ndt), malgré le refus clair de la technocratie par les électeurs italiens. Je
ne pense pas qu’ils oseraient réessayer très bientôt, du moins pas ouvertement.
Une des choses que ce nouveau gouvernement italien doit
faire est de veiller à ce que les fonctionnaires et les responsables de la mise
en œuvre de la politique gouvernementale mettent fin à la crise des migrants,
mettent en œuvre la « flat tax » et se concentrent sur la croissance
économique.
Le philosophe russe Alexander Dugin a déclaré
apprécier beaucoup vos idées et qu’il est convaincu que la victoire de Trump
aux Etats-Unis constitue un événement historique et une victoire pour le peuple
américain contre les élites. La même chose peut-être dit pour l’Italie avec les
élections du 4 mars ? Etes-vous d’accord avec lui ?
Je pense que tout le monde s’accorde à dire que la victoire
du Brexit et celle de Trump en 2016 ont été des événements révolutionnaires et
que nous assistons maintenant à des bouleversements dans toute l’Europe. Quant
à Dugin, je l’ai étudié intensément et je connais bien son travail. Bien que je
ne sois pas d’accord avec tout ce qu’il dit, Dugin est l’un des penseurs les
plus importants au monde en ce moment.
Le Nouvel Ordre Mondial, qui a surgi après 1989,
est-il enfin terminé ? Que va-t-il naître maintenant ? Et quels sont les vrais
adversaires de l’Amérique ? La Russie, la Chine ou qui d’autre ?
Je ne sais pas si le «Nouvel Ordre Mondial» est une
représentation fidèle de la politique consensuelle que nous avons observée au
cours des dernières décennies. Je préfère être plus précis à ce sujet. Nous
avons eu un système global de gouvernement d’après-guerre, fondé sur certaines
règles, qui a été imposé à la fois par la planification centrale, par l’apathie
politique et par un manque de confiance dans la classe des travailleurs.
Leurs droits ont été effacés progressivement parce que les
technocrates croyaient qu’il n’y avait pas d’autre option et aucun choix alternatif
n’a été étudié. Maintenant tout change. Quant aux adversaires américains, nous
devons toujours être à l’affût, à 360 degrés. Il y a des menaces physiques et
informatiques partout dans le monde. C’est naturel quand vous êtes la seule
superpuissance. Mais à l’heure actuelle, les menaces critiques
auxquelles nous sommes confrontés proviennent du commerce chinois et de leurs
plans d’hégémonie mondiale, ainsi que de l’islam radical et de notre frontière
méridionale.
Nous ne devons pas oublier que l’une des choses les plus
dommageables pour le peuple des États-Unis n’était pas nécessairement la guerre
ou la menace de guerre mais plutôt une attaque contre notre secteur
manufacturier et un assaut contre nos jeunes à travers la « crise des opiacés
», la propagation massive des drogues.
Obama croyait que les « bons idéaux » globalistes des
élites resteraient toujours vivants en Europe. Au lieu de cela, après les
États-Unis, ils perdent un peu partout en Europe. Vous suivez avec intérêt la
politique européenne et italienne en particulier. Serez-vous bientôt de retour
en Italie ?
J’aime l’Italie et spécialement Rome. Je reviendrai très
bientôt et j’ai hâte de me plonger dans cette atmosphère politique fascinante,
ainsi que dans l’histoire et la culture de l’Italie. L’Italie est le
centre actuel de la révolte national-populiste.
Source Geopolitica
Suite : Entretien Gianluca Savoini / Pierre-Antoine
Plaquevent
Plaquevent : Cher Gianluca Savoini, vous venez de
rencontrer Steve Bannon qui a vous a accordé une interview qui soulève des
perspectives politiques importantes. J’aimerais vous poser quelques questions
en complément de cet entretien.
Voici ma première question : Pourquoi le gouvernement
italien ne s’est-il pas opposé à la reconduction des sanctions
économiques contre la Russie alors que Matteo Salvini et la Ligue du Nord
militent depuis des années pour la fin des sanctions ? L’association
Lombardie-Russie que vous dirigez effectue par ailleurs un important travail en
ce sens.
Savoini : La priorité numéro 1 du
nouveau gouvernement était de freiner l’immigration, promesse pour laquelle il
a été élu par le peuple italien. A seulement un mois de sa prise de fonction et
après une crise institutionnelle grave, il était très difficile, voire
impossible, pour le gouvernement de mener une nouvelle confrontation avec
l’Union Européenne conjointement avec le bras de fer sur la question
migratoire.
La priorité absolue de ce gouvernement et de Matteo
Salvini sont la fermeture des ports italiens aux ONG
immigrationnistes et le gel de nouvelles arrivées massives de clandestins.
Deux objectifs du programme de la Lega que le nouveau gouvernement est en train
de valider.
En ce qui concerne la question du rapport avec la Russie,
tant Matteo Salvini que l’ensemble de la Lega continuent de militer en faveur
de la fin des sanctions et plus largement d’un rapprochement Italie-Russie
comme nous l’avons toujours fait. Il faut voir maintenant ce qui ressortira de
la rencontre entre Poutine et Trump, cela peut débloquer beaucoup de choses.
Depuis des années, les USA utilisent tous les
moyens directs et indirects afin d’empêcher une coopération rapprochée
entre Europe et Russie et plus largement entre Europe et Eurasie; ceci sur tous
les fronts possibles : Ukraine, Irak, Syrie etc.
Comme on le sait, la crainte fondamentale des
géostratèges anglo-américains réside depuis toujours dans la possibilité
d’une entente continentale eurasiatique qui permettrait à l’Europe de
bénéficier des ressources quasi infinies de pays comme la Chine ou l’Iran.
Coopération qui rendrait périphérique l’Amérique et acterait la fin de
l’ »Amérique-monde » pour longtemps.
Lors de sa tournée européenne, Steve Bannon aurait
exposé à des officiels Hongrois la possibilité prochaine d’une guerre
contre la Chine et l’Iran. L’idée d’une guerre contre la Chine est par
ailleurs une thématique récurrente dans son
discours. Dans cette perspective, les populistes européens peuvent-ils
avoir confiance dans les discours souverainistes de l’administration Trump ou
même dans ceux de Bannon ?
C’est une question épineuse. Ce qui est clair c’est que,
comme l’explique bien Bannon, Trump défend en premier lieu les intérêts de son
pays et qu’il a été élu pour cela. C’est ce que doivent faire les hommes
politiques responsables. C’est ce que font Poutine en Russie, Orban en Hongrie
ou encore Salvini à son poste dans le nouveau gouvernement italien.
Pour les américains, la Chine est bien l’ennemi numéro 1 des
Etats-Unis dans la guerre économique mondiale actuelle. La Chine qui tient les
Etats-Unis par les obligations du Trésor américain qu’elle possède en masse. Ce
qui rapproche Bannon des populistes européens c’est son rejet viscéral des
élites de la finance mondialiste malgré (ou grâce à) sa carrière dans la
banque.
Un monde qu’il connait bien et qu’il méprise. Bannon a
clairement identifié les dangers qui guettent le monde occidental : la finance
sans contrôle et le chaos migratoire. Ce qui le rapproche de nous c’est cette
volonté de vouloir maîtriser les flux migratoires et de vouloir rétablir la
centralité de l’Etat-nation dans le système des relations internationales.
Avec plus de soixante bases américaines en Italie,
est-il possible pour l’Etat italien d’être réellement souverain ?
On peut réellement se questionner sur la pertinence du maintien
de ces infrastructures étrangères sur notre sol dans l’après guerre froide.
Maintenir un tel dispositif a-t-il encore un sens même pour les américains ? Là
encore certaines déclarations de Trump laissent penser qu’il ne serait pas
contre un certain replis de l’implication américaine au sein de l’Otan. Par
ailleurs Matteo Salvini rappelait récemment que l’Otan aurait un meilleur rôle
à jouer dans la protection des frontières du sud de l’Europe face à
l’immigration de masse que face à un hypothétique danger russe.
Les américains n’ont-ils pas intérêt à favoriser
l’euro-scepticisme et les populismes intra-UE dans la guerre qu’ils mènent
contre le rival économique allemand, leur principal adversaire économique
continental ?
Le vraiproblème de l’Europe actuelle ce sont les
orientations que lui donne le couple franco-allemand et
malheureusement pour l’Italie, la France de Macron est un adversaire politique
et économique encore plus immédiat que l’Allemagne. L’Italie, plus encore que
la Hongrie et que l’Autriche de par sa taille et sa puissance économique,
peut devenir le centre de gravité d’une orientation nouvelle de la
politique européenne.
Une politique qui serait enfin celles des Européens pour les
Européens. Cela Bannon l’a bien compris, il partage avec les Européens le souci
de la préservation de notre continuité historique et civilisationnel. Il est
représentatif d’un courant qui existe dans toutes les nations du monde : le
populisme conservateur qui veut stopper l’utopie mortifère du globalisme sans
frontières.
Merci M.Savoini et à bientôt.
Merci à vous.
Source Eurolibertés
Les vrais ennemis de l'Occident: Du rejet de la Russie à l'islamisation des sociétés ouvertes Poche – 14 mars 2018
Alexandre del Valle fut précurseur en évoquant dès 1997 le totalitarisme islamiste et en annonçant la dérive de la Turquie néo-ottomane. Trente ans après la dissolution de l’ex-URSS, il montre que les pays de l’OTAN n’ont pas toujours changé leurs « logiciels » hérités de la Guerre froide, désignant la Russie comme l’Ennemi suprême. A cette erreur sur l’Ennemi correspond une erreur sur l’Ami, l’Occident demeurant allié aux « pôles de l’islamisme sunnite » (Arabie saoudite, Qatar, Koweit, Pakistan, Turquie, OCI, Frères musulmans) qui oeuvrent, dans le cadre d’un projet d’expansion planétaire, à saper de l’intérieur les valeurs des sociétés ouvertes sous couvert de défense de la religion.
Del Valle dresse un bilan des « révolutions de couleurs » appuyées par nombre d’ONG américaines en Europe de l’Est et les relie à l’interventionnisme occidental en Irak ou en Libye puis au printemps arabe, devenu « hiver islamiste ». Il dévoile de façon détaillée les stratégies et buts de guerre des islamistes, qu'il s'agisse des pôles « institutionnels » et étatiques, véritables ennemis, ou des djihadistes, simple face immergée de l'iceberg. Après avoir exposé leur double matrice théocratique et totalitaire, l’auteur démontre que pour résister à cette offensive bien plus planifiée et massive qu’on l’imagine, l’Occident doit de toute urgence définir la Menace et l’Ennemi dans leur globalité puis revoir totalement ses alliances et visions stratégiques.
L’enjeu n’est autre que de préserver les valeurs des sociétés ouvertes sans renier leurs racines civilisationnelles. La priorité est de les défendre chez nous avant de donner des leçons de droits de l’homme ou de démocratie au reste du monde
Les vrais ennemis de l'Occident: Du rejet de la Russie à l'islamisation des sociétés ouvertes Poche – 14 mars 2018
Alexandre del Valle fut précurseur en évoquant dès 1997 le totalitarisme islamiste et en annonçant la dérive de la Turquie néo-ottomane. Trente ans après la dissolution de l’ex-URSS, il montre que les pays de l’OTAN n’ont pas toujours changé leurs « logiciels » hérités de la Guerre froide, désignant la Russie comme l’Ennemi suprême. A cette erreur sur l’Ennemi correspond une erreur sur l’Ami, l’Occident demeurant allié aux « pôles de l’islamisme sunnite » (Arabie saoudite, Qatar, Koweit, Pakistan, Turquie, OCI, Frères musulmans) qui oeuvrent, dans le cadre d’un projet d’expansion planétaire, à saper de l’intérieur les valeurs des sociétés ouvertes sous couvert de défense de la religion.
Del Valle dresse un bilan des « révolutions de couleurs » appuyées par nombre d’ONG américaines en Europe de l’Est et les relie à l’interventionnisme occidental en Irak ou en Libye puis au printemps arabe, devenu « hiver islamiste ». Il dévoile de façon détaillée les stratégies et buts de guerre des islamistes, qu'il s'agisse des pôles « institutionnels » et étatiques, véritables ennemis, ou des djihadistes, simple face immergée de l'iceberg. Après avoir exposé leur double matrice théocratique et totalitaire, l’auteur démontre que pour résister à cette offensive bien plus planifiée et massive qu’on l’imagine, l’Occident doit de toute urgence définir la Menace et l’Ennemi dans leur globalité puis revoir totalement ses alliances et visions stratégiques.
L’enjeu n’est autre que de préserver les valeurs des sociétés ouvertes sans renier leurs racines civilisationnelles. La priorité est de les défendre chez nous avant de donner des leçons de droits de l’homme ou de démocratie au reste du monde
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