Le calcul
au Cours élémentaire
1 • ANALYSE
GÉNÉRALE DU PROGRAMME
Le Calcul à
enseigner au Cours élémentaire, fixé par le programme rappelé
ci-dessus, peut se résumer ainsi :
Les nombres
entiers jusqu'à 10 000. Les quatre opérations sur ces nombres
(division
à une unité près).
Il
doit être traité en liaison avec les unités usuelles du système
métrique, c'est-à-dire avec la représentation par des nombres
entiers de certaines grandeurs, ou quantités, et avec l'application
du calcul à des problèmes simples sur ces grandeurs.
On peut diviser ce
programme en trois grandes parties générales :
1.
— À
une collection
d'objets, ou d'unités
d'une certaine espèce, constituant une grandeur, faire correspondre
un nombre entier qu'il faut nommer ou écrire, et dont le nom est
complété par l'indication des objets ou des unités. C'est le
problème du dénombrement, c'est-à-dire, avec nos habitudes
modernes, celui de la numération et de l'écriture dans le système
décimal (Instructions,
III, 1
et 4).
2. —
Si une grandeur est (apparemment) continue, la décomposer en un
nombre
entier d'unités, constituant une grandeur qui lui soit égale (ce
qui peut être fait
seulement d'une façon approchée).
3. —
Certaines transformations ayant été effectuées, ou imaginées sur
ces grandeurs, évaluer ou « mesurer » la grandeur (ou les
grandeurs) résultante; ceci en n'opérant que sur les nombres qui
les représentent (écrits, bien entendu, dans le système décimal).
C'est, d'une part, le remplacement d'un problème concret ou physique
par un problème numérique; d'autre part, un problème de technique
du calcul, ou des opérations numériques.
I. LES NOMBRES ET
LES GRANDEURS
2 • MESURE DES GRANDEURS
Les questions (ou
problèmes) ainsi énoncées concernent, en principe, toutes les
quantités. Il est bon de voir à quelles grandeurs elles
s'appliquent effectivement dans l'enseignement du Cours élémentaire
et de préciser ce qu'elles deviennent pour chacune d'elles.
L'écriture des
nombres
L'expression ou la
représentation d'une « collection » par un nombre (d'objets, ou
d'unités) a été étudiée au Cours préparatoire, pour les nombres
de 1 à
99, écrits
avec un chiffre de dizaines et un chiffre d'unités. L'extension aux
grands nombres ne comporte guère qu'une question de vocabulaire,
mais la vision directe est moins aisée. Il est bon d'utiliser les
dizaines, centaines et mille figurés, ou équivalents aux
collections de 10,
100,
1
000. Ce sont les pièces et billets de 10
F, 100
F, 1 000 F; les multiples décimaux du gramme, du litre et du mètre
désignés par les préfixes déca, hecto, kilo. Il faut aussi
utiliser les dizaines et centaines de centimètres (et de
centilitres), mais il faut réserver pour le Cours moyen
l'explication correcte de leurs préfixes.
Le numérotage
Le nombre peut
résulter d'un numérotage (certains enfants ne l'ont pas appris
autrement et comptent en numérotant, même des nombres de 1
à 20)1.
Sur une route nationale partant de Paris, le kilomètre 95 est la 95e
borne; mais comme les
distances mutuelles des bornes sont toutes de 1
kilomètre ce nombre signifie aussi que la distance de Paris à cette
borne est 95
kilomètres. C'est un numérotage analogue qui est réalisé dans de
nombreux instruments de mesure gradués, le décimètre ou les mètres
usuels; les jauges; les compteurs de distances, de volumes (d'eau ou
de gaz); les balances automatiques... C'est ainsi qu'est « mesuré »
le temps; l'année
1954 est la 1954e,
depuis le début de l'ère chrétienne, la terre a tourné 1954 fois
autour du soleil, il s'est écoulé 1954 durées d'une année (mais
l'égalité de ces unités de temps peut nous paraître moins
certaine que celle des mètres, ou des kilogrammes). On numérote de
même : les jours du mois, les heures du jour, et la durée est «
calculée » (sinon mesurée) par la différence
de deux numéros.
Valeurs
commerciales
Les valeurs en
monnaie sont réalisées (et comptées) par des pièces et des
billets, qui peuvent comporter des représentations conventionnelles
de dizaines, centaines, mille et aussi de leurs doubles et de leurs
moitiés. Mais la valeur d'une marchandise est un nombre de francs,
fixé par avance et qui n'est réalisé que dans le cas d'un achat et
d'un paiement effectifs. On aura encore à s'occuper au Cours
élémentaire
d'autres valeurs exprimées par un nombre et non réalisées : une
dette, une récapitulation de dépenses faites en des jours
différents.
Longueurs et
distances
Les longueurs
et les distances
sont des droites, ou
plus exactement, des segments de
droite, formés de cm, de m, ou de km, placés bout à bout (on peut
donner les noms des autres unités décimales, mais dans les
exercices et problèmes, on peut se borner à des longueurs exprimées
avec l'une de ces 3 unités (Instructions,
III, 2). La
longueur peut être une ligne brisée (périmètre d'un polygone) ou
même courbe (route), on suppose qu'elle est alors « rectifiable »
en utilisant un fil, appliqué sur la longueur et qu'on peut ensuite
tendre pour le rendre rectiligne; en réalité c'est là une
opération réalisable, mais rarement réalisée, et qui est
remplacée par le calcul d'une addition.
Poids, ou masses
Le poids, ou la
masse d'un objet (on peut confondre les deux notions à l'École
primaire) est obtenu, en principe, en équilibrant, sur une balance,
cet objet par un
certain nombre de poids
marqués,
qu'on sait compter,
comme on compte des monnaies. Tantôt on cherche le poids d'une
quantité (morceau de viande découpé) et tantôt on cherche une
quantité dont on connaît le poids (un kilogramme de sel). Le poids
d'un liquide est obtenu indirectement par la différence du poids
brut du vase contenant le liquide et du poids de ce vase vide. Le
poids de l'air d'une salle est obtenu indirectement en multipliant le
poids d'un litre par le nombre de litres. Ce sont là des extensions
des notions de différence et de multiplication, qui nous sont
évidentes, mais qui le sont moins pour les enfants.
Volumes et
capacités
On mesure un volume
de liquide (ou de grains), en le versant dans un ou plusieurs
récipients, calibrés ou gradués. Inversement la capacité, ou la
contenance, d'un récipient
est mesurée par le volume de liquide qu'il peut contenir. On
étudiera au Cours moyen la détermination par un calcul des
capacités, ou des volumes, de récipients ou de corps, de formes
géométriques simples. On remarquera que les mots volumes et
capacités sont ainsi pris dans des sens assez divers ainsi que les
unités correspondantes (le kilolitre est appelé mètre cube et le
millilitre est appelé centimètre cube).
Surfaces
La mesure des
surfaces est limitée, au cours élémentaire, au « calcul
» de
la surface d'un
rectangle pavé, au moins par la pensée, en carrés de 1
cm, ou de 1
m, de côté. Cette surface est encore une « collection » d'unités
(carrés), mais ces unités sont construites artificiellement. On
sait la difficulté qui en résulte pour le calcul de la surface d'un
triangle (qui est considérée comme la « moitié » d'un
rectangle), pour le calcul de la surface d'un polygone (considéré
comme une « réunion » de triangles) et plus encore pour le calcul
d'une aire limitée par une ligne courbe.
3 • ÉGALITÉ
DES GRANDEURS
Deux grandeurs, qui
sont des collections des mêmes objets, ou des mêmes unités, sont
égales lorsqu'elles sont représentées par un même nombre (ou par
des nombres égaux)2.
Cette égalité des nombres exprime qu'il existe une correspondance un par un entre les objets, ou les unités des collections. On pense souvent que cette correspondance résulte d'une possibilité (plus ou moins théorique) de confrontation ou de juxtaposition des deux grandeurs, au moins avec une grandeur intermédiaire3.
Cette égalité des nombres exprime qu'il existe une correspondance un par un entre les objets, ou les unités des collections. On pense souvent que cette correspondance résulte d'une possibilité (plus ou moins théorique) de confrontation ou de juxtaposition des deux grandeurs, au moins avec une grandeur intermédiaire3.
Deux valeurs
commerciales égales peuvent être « réalisées » par le même
nombre de pièces et de billets. Mais les paiements par chèques, les
transactions commerciales et même la comptabilité, rendent cette
réalisation de plus en plus fictive.
Deux maisons ont
des façades de longueurs égales, parce que ces longueurs ont un
même nombre de mètres : mais aussi une corde (ou un double
décamètre) appliquée sur l'une pourra être appliquée sur
l'autre. Les distances parcourues par une voiture automobile en mai
et en juin sont égales parce que les nombres de kilomètres indiqués
par le compteur sont égaux. Sur un dessin, sur un plan, ou sur une
carte, deux longueurs, ainsi que les distances qu'elles représentent,
sont égales parce que leurs mesures ont les mêmes nombres de cm (ou
de mm). Si elles sont rectilignes, on peut les faire coïncider avec
la même bande de papier, convenablement découpée et transportée
de l'une sur l'autre, ou avec la même ouverture de compas4.
L'égalité de
poids ou de masses peut se vérifier directement avec la balance,
elle résulte aussi le plus souvent, en pratique, de l'égalité des
mesures. Il en est de même, à plus forte raison, de l'égalité de
deux volumes de liquides.
On constatera aussi
que la comparaison de
longueurs peut se faire par la comparaison des nombres : une bande de
papier de 6 cm se place à l'intérieur
d'une bande de 8 cm et
la partie qui n'est pas recouverte a une longueur de 2 cm. Pour des
distances, cette comparaison ne peut plus se faire que par les
nombres lus sur la route ou relevés au compteur, ou bien encore par
les longueurs représentatives sur une carte.
On
pourra aussi constater qu'il n'est pas toujours possible de
représenter exactement
une grandeur par un
nombre entier des unités choisies. Une longueur peut être plus
grande que 6 cm et plus petite que 7 cm. Quand on achète 4 kg de
pommes, le marchand est souvent obligé d'en mettre un poids un peu
plus grand, s'il ne vend que des pommes entières. Un seau contient 7
litres d'eau, mais n'en contiendrait pas 8. On arrondit parfois un
paiement à 10
F près. Ces constatations peuvent donner une idée assez grossière,
mais suffisante dans l'enseignement primaire, de grandeurs «
continues »5.
Elles peuvent surtout montrer la nécessité d'utiliser des
sous-multiples des unités, ce qui sera fait au Cours moyen, mais
peut être ébauché au Cours élémentaire (utilisation du
millimètre, pour préciser une longueur de quelques centimètres, ou
de l'hectogramme, pour préciser un poids de quelques kg). On pourra
se borner à dire (sans utiliser la virgule) qu'une longueur est de :
4 cm et 3 mm, ou 4
dizaines de mm et 3 mm, ou 43 mm.
En résumé, on
doit surtout, au cours élémentaire, étudier des grandeurs
représentées par des nombres entiers d'unités et retenir que leur
égalité ou leur comparaison (qui, dans certains cas, peuvent être
constatées directement ou par un intermédiaire simple) résultent
pratiquement de l'égalité et de la comparaison des nombres (ou des
mesures)6.
4
• LES NOMBRES DE 1 À
10 (OU DE 1 À
20)
Il y a lieu de
réviser les notions acquises au Cours préparatoire en faisant
reconnaître de petites collections d'objets, marrons, billes, points
d'un domino ou d'une carte à jouer..., en y associant quelques
manipulations élémentaires de composition et de décomposition,
ainsi que les opérations correspondantes de calcul (additions,
soustractions, multiplication par 2).
Cette révision,
précisée et éventuellement complétée, peut comprendre les 20
premiers nombres et, par suite, la table d'addition. Il est
nécessaire de la faire en liaison avec les premiers exercices de
mesure de grandeurs en unités usuelles : monnaies de 1
F, 10
F, puis 2
F et 5 F; formation d'une longueur avec des bandes de carton de 1
cm, placées bout à bout; utilisation de bandes de 10
cm, puis de
2 et 5 cm; équilibre d'un caillou avec des poids de 1
g (fabriqués éventuellement, en carton, en nombre suffisant); puis
usage de la boîte de
poids de 1
à 10
g;
capacité d'un seau
en litres d'eau. La petitesse des nombres permet d'associer à
l'égalité et à la comparaison des nombres, ou des mesures, la
recherche directe de l'égalité et de la comparaison des grandeurs.
On peut de même illustrer les premiers calculs d'addition et de
soustraction (peut-être aussi de multiplication et division par 2)
par des manipulations collectives ou individuelles7.
Les
résultats des mesures, et éventuellement des calculs, seront écrits
en faisant
suivre le nombre du nom de l'unité, non seulement pour qu'on sache
de quoi il s'agit, mais parce que le nom de l'unité fait
«mathématiquement» partie intégrante de la mesure (Instructions,
III, I).
Lorsque cette
construction d'une grandeur avec une petite collection d'unités (de
1
à 20)
sera suffisamment comprise et acquise par les élèves, on pourra
utiliser les mesures graduées, double décimètre, mètre,
éprouvette graduée en cl, pèse-lettres. On est étonné du nombre
d'élèves du cours moyen qui ne savent pas tracer un trait de 5 cm
de longueur. Ils arrêtent bien leur trait à la division 5, mais ne
savent pas s'ils doivent le faire partir de la division 0
ou de la division i (voir ci-dessus les considérations sur le
numérotage).
— de
revenir à la dizaine inférieure;
5 • LES NOMBRES
AU DELÀ
DE 10 (OU DE 20)
Au delà de 10
et surtout de 20,
se pose le problème de la numération décimale sous son triple
aspect.
1°
Groupement des unités en dizaines, des dizaines en centaines, des
centaines en mille...
2°
Lecture des nombres
suivant les règles de la numération orale.
3° Écriture
de ces nombres suivant les règles de la numération écrite.
Les principes
généraux déjà partiellement indiqués dans l'article sur le cours
préparatoire sont destinés à guider les maîtres.
Formons
progressivement des collections réelles, lisons les nombres,
écrivons-les. Et comme nous devons créer un lien très étroit
entre la collection, le nom du nombre et son symbole écrit afin que
l'une de ces trois données suggère instantanément les deux autres,
nos exercices de numération se rattacheront aux six types suivants :
Premier exercice
:
Une collection
étant donnée, dire combien d'objets elle contient. Exemples
: lecture des points d'un dé à jouer, des points d'un domino,
classement par dizaines des haricots d'un tas donné et énoncé du
nombre de haricots, valeur d'un ensemble de pièces de 10 francs et
de un franc, mesure d'une longueur, pesée d'un caillou.
Deuxième
exercice
: Une collection étant donnée, écrire le nombre d'objets qu'elle
contient. Exemples : reprendre sous forme écrite, les exercices
précédents.
Troisième
exercice
: Un nombre étant énoncé, l'écrire.
Exemple : dictée de nombres à écrire sur l'ardoise (procédé
Lamartinière).
Quatrième
exercice : Un nombre
étant énoncé, réaliser la collection correspondante. Exemples :
Montrer le domino 7. Payer 23 francs. Former 46 avec des
cartes-dizaines et des pions séparés. Dessiner un nombre donné de
cerises. Peser un poids donné de sable. Tracer un segment de droite
de 17 cm.
Cinquième
exercice
: Un nombre étant
écrit, le lire. Exemple :
lecture de nombres écrits au tableau
ou mieux, usage de réglettes
coulissantes, qui
permettent de présenter instantanément aux élèves un grand nombre
de nombres de deux ou de trois chiffres...
Sixième
exercice : Un
nombre étant écrit, réaliser la collection correspondante. Mêmes
exemples qu'au quatrième exercice, la donnée étant écrite au lieu
d'être dictée.
Ainsi, le temps est
révolu où l'enseignement de la numération se bornait à lire des
suites de nombres écrits au tableau (5e
exercice) et à écrire
sur l'ardoise des nombres dictés (3e
exercice) et, plus
sommairement encore, à compter de 1
à 100,
puis de 100
à 1.
Le rôle primordial joué par les collections et les grandeurs est le
premier aspect du « bain de réalisme » dont parlent les
Instructions
officielles.
*
* *
Ce chapitre de la
numération n'exige pas de longs commentaires. Cependant l'attention
du lecteur doit être attirée sur les points suivants :
a)
Une connaissance
parfaite de la structure des nombres en unités, dizaines... est
indispensable pour bien comprendre la suite du programme. Cette
structure est un des éléments fondamentaux du calcul; elle est à
la base de toutes nos explications
du mécanisme des opérations.
b)
Dans
un système de numération de position, les mêmes chiffres (de 1
à 9
dans le système décimal) sont utilisés pour compter non seulement
les unités, mais aussi les dizaines, les centaines... Les dizaines,
centaines... ne sont donc pas seulement des groupements
conventionnels d'unités simples, ce sont des unités
du
second ou du troisième ordre... Le maître de Cours élémentaire
doit donc, dans l'esprit de l'enfant. les promouvoir au rang
d'unités; c'est-à-dire en faire des réalités concrètes que l'on
compte. que l'on additionne. que l'on retranche... au même titre et
de la même manière que les billes, les perles et les cailloux
(unités simples) [voir Cours
préparatoire,
15].
6
• LE MATÉRIEL POUR
L'ÉTUDE DES NOMBRES DE 10 A 199
On
peut utiliser comme matériel :
a)
Un matériel à dizaines réelles :
- — le paquet de dix bûchettes;
- — le collier de dix perles;
- — la carte de dix jetons;
- — l'étui de dix crayons;
- — le décimètre (10 centimètres);
- — le mètre (10 décimètres).b) Un matériel à centaines réelles :
- — le paquet de dix cartes-dizaines;
- — la boîte de dix étuis;
- — le mètre (100 centimètres);
- — le litre (100 centilitres).
c)
Un matériel à dizaines et à centaines figurées ou
conventionnelles :
- — la pièce de dix francs;
- — le billet de cent francs.
Pour la révision
des 100
premiers nombres et l'étude des opérations sur ces nombres, on peut
utiliser les bûchettes, matériel assez pratique, puisque la dizaine
est facile à rassembler et à disloquer suivant les nécessités de
l'explication. Elle présente le grand avantage de prendre rapidement
sa physionomie propre. L'enfant ne tarde pas à ne plus y voir les 10
bûchettes, mais plutôt un bloc, un objet nouveau, une unité
nouvelle.
Bien que les unités
y soient plus apparentes, on peut, pour des raisons de discipline ou
de commodité, utiliser les cartes-dizaines, rectangles de papier
fort sur lesquels l'enfant a collé 10
carrés de papier de couleur en deux groupes de 5.
Chaque carte est à
volonté une dizaine ou 10
unités. Le jeu complet (10
cartes-dizaines et 10
carrés-unités) permet :
— de
compter de 1
dizaine à 9
dizaines et parallèlement de 10
unités à 90
unités;
— d'effectuer les
opérations : 3 dizaines + 4 dizaines ou 30
unités + 40
unités.
— de former tous
les nombres de 10
à 99
en ajoutant aux cartes-dizaines des carrés-unités;
— de
passer à la dizaine supérieure en échangeant 10
carrés séparés
contre une carte-dizaine;
— d'éclairer
le mécanisme de la retenue dans l'addition et la soustraction (voir
Cours
préparatoire, 15).
Cette gymnastique
de substitution de dix unités séparées à une carte-dizaine crée
dans l'esprit de l'enfant la notion d'équivalence, équivalence
réelle dans l'exemple précédent, mais conventionnelle dans
l'échange de 10
pièces de 1
F contre un billet de 10
F. Lorsque cette équivalence conventionnelle sera devenue familière
à l'enfant, il ne sera plus nécessaire de représenter les
centaines par des groupes de cent objets, nous pourrons à ce moment
représenter la centaine par une centaine figurée, telle que le
billet de 100
F. Le matériel individuel et collectif sera moins encombrant, nos
manipulations en seront allégées.
Le
billet de mille francs, le kilomètre et le kilogramme
matérialiseront l'unité de mille.
D'ailleurs, à la
fin de la première année de cours élémentaire, nous devons nous
libérer graduellement des représentations concrètes, ne les
conservant que pour expliquer certains mécanismes des opérations.
Mais sur ce point, le maître de la classe est seul juge du moment
favorable à cet abandon.
Pour terminer ces
remarques sur la numération, notons que le programme limite l'étude
des nombres entiers à 10
000 dans la double intention de ne voir utiliser que des nombres
résultant de mesures réellement effectuées dans la pratique et
d'inviter les maîtres de cours élémentaire à ne pas parler de la
notion de classe.
II. LES
OPÉRATIONS
7
• LA PROGRESSION DANS
L'ÉTUDE DES OPÉRATIONS
Trois petits sacs
renferment le premier 15
billes, le
second 12 billes, le troisième i8 billes. Nous versons
toutes ces billes
dans un grand sac. Combien de billes contient-il alors? Comptons
ces billes en les
groupant par dizaines : nous trouvons 4
dizaines et 5
billes, ou 45 billes.
Sur une ligne
droite, tracée sur le tableau noir, portons
bout à bout une
longueur de 15 cm, puis une longueur de 12 cm, enfin une longueur de
18
cm. Quelle est la longueur du segment unique obtenu? Mesurons
cette longueur avec
une règle graduée, cela revient à compter les centimètres
qu'elle contient; en les groupant par dizaines (ou décimètres),
nous trouvons 4
dizaines de cm et
5 cm, ou 45 cm.
J'ai dépensé 15
F lundi, 12 F mardi et 18 F mercredi. Combien ai-je dépensé en
tout ? Je représente les sommes que j'ai ainsi dépensées
successivement :
Je compte 4
dizaines de F et 5 F, ou 45 F. Dans cette opération, j'ai réuni
des sommes qui
n'existent plus, mais dont je me souviens et que je peux figurer ou
représenter.
Pour
chacun de ces problèmes, ou de ces opérations concrètes, on
dit que :
45
billes est la somme,
ou le total,
de 15, 12
et 18
billes.
45
cm est la somme,
ou le total,
de 15, 12 et 18 cm.
45 F est la
somme, ou
le total, de
15, 12 et 18 F.
D'une manière
abstraite :
le nombre 45 est
la somme, ou
le total des
nombres 15,
12 et 18.
Quelles que soient
les unités (ou les objets) :
45 unités est la
somme, ou
le total de
15,
12 et 18 unités.
On peut faire le
calcul en représentant les unités (les billes, les cm, les F des
problèmes) par des points sur une ligne (droite).
On marque 15
points, puis 12, puis 18; ensuite on compte la collection totale.
Ainsi
l'addition
de trois nombres
(posée ou faite mentalement) est un procédé
rapide et commode qui
permet d'obtenir la quantité (ou le nombre d'unités) obtenue en
réunissant, ou
juxtaposant (réellement, ou par le souvenir) des quantités (ou
nombre d'unités) qui deviennent ainsi les «parties
d'un tout»8
(Instructions
III,
10).
En étudiant ces
problèmes, on peut encore constater qu'il
est possible de faire
l'opération (concrète sur les quantités, ou abstraites sur les
nombres) en réunissant d'abord la première et la deuxième
quantité, puis en ajoutant la troisième à cette réunion
partielle (je fais le calcul de ma dépense mardi soir et je
complète mercredi).
On peut encore constater qu'il est possible de changer l'ordre dans
lequel on verse les sacs de billes dans le grand sac. « Il est
possible » veut dire que, dans l'un et l'autre cas, le résultat
est le même ou est égal au précédent. On reconnaît là les
qualités d'associativité et de commutativité de l'addition, qu'il
est facile de rendre intuitives (sans, bien entendu, les énoncer de
façon abstraite).
On peut associer
de même façon des problèmes ou des manipulations concrètes à
l'étude de la soustraction, de la multiplication et de la division
(avec ou sans reste). Une opération convenable de calcul (sur des
nombres, il vaudrait peut-être mieux dire sur des chiffres)
dispense de soutirer réellement une partie du vin contenu dans un
tonneau, puis de mesurer
ce qui reste; de
payer un à un les livres d'une même commande; de répartir en
parts égales (une par une) les cerises dans quatre assiettes. Nous
connaîtrons, grâce à
des opérations effectuées exclusivement sur des nombres
(abstraits) la
quantité (volume ou poids) du vin qui reste dans le tonneau; le
montant total de la somme à payer; la part de cerises de chaque
enfant.
La progression que
nous avons ainsi exposée pour l'étude des opérations est, en
résumé, la suivante :
a)
L'opération
sur les grandeurs elles-mêmes; c'est
cette opération qu'il s'agit de représenter symboliquement,
opération dont nous voulons retrouver le résultat par une voie
plus rapide.
b)
La
représentation semi-symbolique, au
moyen de points, cailloux ou bûchettes, représentant les unités
réelles. Ce peut être une étape intermédiaire nécessaire pour
les jeunes esprits qui n'appréhendent encore ni pleinement, ni
aisément l'abstrait.
c)
L'opération de
calcul sur les nombres. C'est
l'ensemble des mécanismes qu'il faut faire acquérir aux élèves.
Le résultat final doit être le nombre qu'aurait donné l'opération
sur les grandeurs.
8 • SENS ET
TECHNIQUE DES OPÉRATIONS
Pour chacune des
quatre opérations du programme, nous étudierons trois points.
Le sens de
l'opération étudiée
En fait, c'est la
définition de l'opération, enseignée par l'usage que l'on peut
faire de cette opération. Il ne s'agit surtout pas de faire
apprendre à l'enfant une définition théorique rigoureuse et
précise de chacune de ces quatre opérations. Ce qu'il faut obtenir,
c'est que l'enfant se trouvant en présence d'un problème
élémentaire (problème à une seule opération) pose, autant par
intuition que par un début de raisonnement, l'opération convenable.
Nous pensons que c'est là le problème pédagogique le plus
important et le plus difficile du programme de calcul du Cours
élémentaire. Problème difficile parce qu'il exige de l'enfant un
effort d'abstraction qui, mal présenté, trop souvent le dépasse.
Les quatre opérations s'effectuent toujours, malgré les apparences,
sur des nombres abstraits. A chacune de ces quatre opérations
abstraites correspond un seul verbe : additionner, soustraire,
multiplier et diviser (sous-entendu des nombres). Et ces verbes
s'appliquent rarement, sauf impropriété de termes, aux opérations
sur les grandeurs dont les opérations de calcul ne sont qu'une
traduction symbolique. Il doit donc se faire dans l'esprit de
l'enfant une transposition de vocabulaire parallèle à la
transposition de l'opération concrète en opération de calcul.
Les énoncés de
problèmes sont rédigés en langage courant, les termes employés
sont les termes propres, corrects. On réunit, on achète
successivement plusieurs objets, on verse le vin d'un tonneau dans un
autre qui en contient déjà, on place bout à bout, on parcourt un
certain trajet le matin et un autre le soir... quelquefois on ajoute;
on retranche, on diminue, on coupe, on supprime, on soutire, on
déduit, ...; on compare... On achète plusieurs objets identiques,
on marche pendant trois heures d'un pas égal, on cherche le poids
d'un liquide connaissant son volume et le poids du litre; rarement,
en langage courant, on multiplie ou on divise; mais on distribue, on
partage, on répartit, etc. Et il faut que l'enfant ramène cette
grande variété d'opérations concrètes à l'un ou l'autre des
quatre types opératoires.
Il
est bien évident que ce n'est ni un hasard ni une convention qui
ramènent tout un ensemble d'opérations concrètes en apparence si
différentes à une même opération de calcul. C'est que, malgré la
diversité des aspects, elles possèdent toutes un
caractère commun, caractère
commun que l'enfant doit sentir s'il veut poser l'opération
convenable.
Nous devrons donc mettre en évidence par la description de l'opération réelle, par un dessin, par une analyse verbale, la caractéristique concrète de chaque opération, de manière que l'enfant puisse la reconnaître dans chacun des problèmes qui lui seront proposés. Nous n'insisterons jamais assez sur ce point : l'élève doit poser, puis calculer telle opération parce qu'il voit ou parce qu'il sent que cette opération convient au problème et non parce qu'il a appris par cœur qu'on pose telle ou telle opération dans telle ou telle circonstance (voir Instructions, III, 10).
Nous devrons donc mettre en évidence par la description de l'opération réelle, par un dessin, par une analyse verbale, la caractéristique concrète de chaque opération, de manière que l'enfant puisse la reconnaître dans chacun des problèmes qui lui seront proposés. Nous n'insisterons jamais assez sur ce point : l'élève doit poser, puis calculer telle opération parce qu'il voit ou parce qu'il sent que cette opération convient au problème et non parce qu'il a appris par cœur qu'on pose telle ou telle opération dans telle ou telle circonstance (voir Instructions, III, 10).
Il achète
5 caramels à 8 francs
et constate qu'il doit donner 5 fois 8 francs soit 40
francs, il achète 2
litres de lait à 46 francs et pose la multiplication 46 x
2 à la place de
l'addition 46 + 46; un autre jour sa maman aura acheté
des poulets ou son
voisin aura acheté du
blé. Chaque fois on lui montrera, s'il ne trouve pas tout seul,
qu'on peut obtenir le prix d'achat
total en calculant une
multiplication. Ce n'est que lorsqu'il aura résolu un grand nombre
de problèmes analogues qu'on pourra généraliser et dire que le
prix
d'achat total
s'obtient (dans certaines circonstances) en multipliant le prix d'un
objet par le nombre d'objets achetés.
Qu'on lui fasse
énoncer de telles règles en guise de conclusion, de résumé, après
qu'il a senti et posé l'opération convenable, pour l'aider
justement à saisir la caractéristique de l'opération et
l'acheminer vers le général et l'abstrait, d'accord, mais que de
tels énoncés ne soient pas au début l'unique raison de son choix.
Trop souvent les maîtres expliquent un seul exemple, énoncent
aussitôt une règle qu'ils demandent à l'enfant d'apprendre par
cœur.
La technique de
l'opération
Les éléments
fondamentaux de cette technique sont :
a)
une connaissance
suffisante de la structure décimale des nombres;
b)
la connaissance des
tables;
c) les
règles particulières à chaque opération, règles permettant de
noter les résultats partiels, de les rassembler ou de les combiner
entre eux pour obtenir le résultat final. Ces règles particulières
sont le plus souvent fondées sur les propriétés associatives,
commutatives et distributives des opérations, propriétés que les
enfants ignorent sous leur forme générale. Nous devrons, dans
chaque cas particulier, nous ingénier à les rendre intuitivement
évidentes.
Nous ne voulons pas
séparer trop nettement calcul écrit et calcul mental, le premier
faisant très souvent appel au second. Cependant, dans un calcul
exclusivement mental, les moyens de conservation des résultats
partiels ne sont pas ceux du calcul écrit. Comme nous le montrerons
plus loin, les procédés particuliers relatifs à chaque opération
ne sont pas les mêmes dans les deux modes de calcul.
En ce qui concerne
le calcul écrit, nous demanderons à notre disposition
graphique d'éviter
les ratures, de réduire l'écriture au minimum de nombres compatible
avec les possibilités de l'enfant, d'être accessible à un adulte
d'intelligence moyenne. Les dispositions traditionnelles remplissent
ces conditions. Nous les conserverons, tout en remarquant qu'elles ne
sont ni absolues ni universelles. Plusieurs dispositions également
valables peuvent être adoptées.
Justification des
règles
Une justification
complète n'est guère possible au Cours élémentaire. Cependant,
dans de nombreux cas, on peut réaliser l'opération matérielle que
traduit l'opération de calcul. Les deux opérations peuvent se
dérouler suivant un parallélisme rigoureux et il est facile de les
mener de front; l'une devenant le calque de l'autre.
Aujourd'hui tous
les maîtres ont éclairci pour leurs élèves le mystère de la
retenue dans l'addition. Ce 1
que l'on reporte dans la colonne des dizaines ce n'est que le paquet
de 10
bûchettes que l'on a pu constituer après avoir rassemblé toutes
les bûchettes isolées, ce
n'est que la pièce de
10
francs que l'on a échangée contre 10
pièces de 1 franc
et que l'on ajoute naturellement aux autres pièces de 10
francs. (Cours préparatoire, 16.) Toutes nos opérations peuvent se
légitimer d'une manière analogue. Les manipulations correspondantes
sont-elles toujours à la portée d'un enfant du Cours élémentaire?
N'exigent-elles pas quelquefois un trop long effort d'attention ? Ne
risquent-elles pas de nous retarder dans l'acquisition des mécanismes
indispensables ou, ce qui serait plus grave, ne risquent-elles pas de
retenir l'enfant trop longtemps sur le plan concret ? Chaque maître
doit sentir les limites de ce qu'il peut faire avec profit dans sa
propre classe. Quelques exemples simples sont suffisants pour
convaincre l'enfant que l'arithmétique n'est pas une science
conventionnelle où il suffit d'être initié à certains rites mais
qu'au contraire tout y est naturel et explicable même si à huit ans
on ne comprend pas encore tout.
9 • MÉCANISMES,
OBSERVATION, RÉFLEXION
Considérations
générales
Avant d'étudier de
plus près chacune des quatre opérations, nous ferons encore
quelques remarques d'ordre général. Ces remarques concernent plutôt
l'atmosphère
générale de toutes nos leçons de calcul, mais c'est à l'occasion
des opérations qu'elles prennent une importance particulière.
Quelle place
accorder, dans l'enseignement du calcul à l'école primaire, d'une
part au mécanisme
et d'autre part aux exercices d'observation, de réflexion et
d'intelligence?
Question qui
dépasse par son ampleur la simple technique des quatre
opérations. Elle
n'est qu'un aspect
particulier de l'opposition traditionnelle entre le dressage
et la spontanéité ou l'initiative de l'enfant, entre un
enseignement autoritaire et un enseignement d'inspiration libérale,
entre l'enseignement strictement utilitaire et la culture
désintéressée.
Cette question se
rattache ainsi à la pédagogie générale; on pourrait même sans
exagération lui trouver des résonances liées aux fins politiques
ou sociales de la formation du citoyen.
Ceux d'entre nous
qui ont appris à lire, écrire et compter à la fin du siècle
dernier se réjouissent d'une évolution des méthodes dont ils ont
été quelquefois les modestes ouvriers et toujours des témoins
bienveillants. Les moniteurs avaient déjà disparu, les exercices ne
se déroulaient plus au coup de sifflet, certains maîtres avaient
déjà des préoccupations de culture générale, mais les classes
gardaient encore de nombreuses traces d'une vieille tradition
d'autorité. L'ambition des maîtres se bornait trop souvent à
monter des mécanismes, à faire réciter des définitions, des
règles et des tables, à faire exécuter correctement et rapidement
des opérations aussi longues que fastidieuses ou à étudier et
retenir les solutions des problèmes-types.
Mais
progressivement un esprit nouveau s'est manifesté dans nos classes.
On a découvert Montaigne et Rousseau, on a relu les Instructions
de 1887 : « L'objet
de l'enseignement étant ainsi défini, la méthode à suivre
s'impose d'elle-même; elle ne peut consister ni dans une suite de
procédés mécaniques, ni dans le seul apprentissage
de ces premiers éléments de communication, la lecture, l'écriture,
le calcul... »
Les Instructions
officielles postérieures
ont chaque fois accentué ce caractère de notre enseignement. Cette
évolution s'est accélérée non seulement sous l'influence de
psychologues et pédagogues modernes français et étrangers bien
connus de nos lecteurs, mais grâce aussi à l'initiative d'une
multitude de maîtres modestes et anonymes. Les idées modernes
étaient semées sur un terrain prêt à les recevoir.
L'étude de cette
évolution n'entre pas dans le cadre de ce cahier. Nous avons
cependant dû y faire une brève allusion pour mettre en garde nos
lecteurs contre les engouements passagers, pour tempérer l'ardeur de
quelques néophytes qui, sous un prétexte louable, certes, de
culture désintéressée, d'épanouissement des facultés de l'enfant
ou de maturation, ne font plus au mécanisme la place qui doit être
la sienne.
« Il y a dans tous
les enseignements une partie mécanique et routinière qu'il faut
accepter avec modestie... Dans tout métier il y a des gestes qu'il
faut apprendre à faire automatiquement et qu'il faut répéter des
milliers de fois avant de les bien faire; que l'on soutienne l'enfant
ou l'apprenti par l'espoir d'un temps où la répétition de l'effort
aura supprimé la difficulté, j'en suis d'avis, mais qu'on se garde
bien de lui inspirer du mépris pour ce qu'il y a de machinal dans
cette répétition. Il faut que le geste soit machinal » (J.
TANNERY)
[Instructions,
III, 5, 6, 7].
En définitive,
notre méthode se tiendra dans un juste milieu, « héritière d'une
riche tradition et protégée contre les engouements par ce sens de
la mesure si
caractéristique de l'esprit français », notre école saura
équilibrer la part du mécanisme indispensable et la part des
exercices d'intelligence; elle ne perdra de vue ni le caractère
utilitaire ni le caractère éducatif des exercices de calcul.
Progression
Nous allons étudier
successivement les quatre opérations dans l'ordre classique :
addition, soustraction, multiplication et division. Mais ce serait
une erreur d'adopter une progression aussi brutale dans la
répartition annuelle. Certains ouvrages, excellents par ailleurs,
consacrent le premier trimestre à la numération et aux divers cas
de l'addition et de la soustraction, ils passent ensuite à la
multiplication et n'abordent la division qu'au dernier trimestre.
Nos maîtres de
Cours élémentaires savent bien que la difficulté est moins de
faire acquérir le mécanisme des opérations que leur sens. Il faut
que le plus tôt possible l'enfant soit mis en présence d'un choix
avec tout ce que ce
mot comporte d'intuition et d'intelligence. Dès les premiers jours
consacrés à la révision des cent premiers nombres et à la
présentation du franc, du mètre, du litre et du gramme, on lui
proposera des problèmes concrets conduisant à l'une ou l'autre des
quatre opérations. Il y a d'ailleurs grand intérêt à ne pas
accumuler les difficultés et présenter les quatre opérations sous
leur forme numérique la plus simple : addition et soustraction sans
retenue, multiplication par un nombre d'un chiffre, division sans
reste qui ne sera qu'un problème inverse de multiplication avec un
diviseur et un quotient d'un chiffre seulement. Ces problèmes de
multiplication ou de division ne concerneront d'abord que les tables
de 2 et de 5. Ils s'étendront ensuite peu à peu et participeront à
l'apprentissage des autres tables de multiplication.
Ainsi, dès le mois
d'octobre, l'enfant devra fournir un effort intelligent et se créer
les images concrètes afférentes à chaque opération. Cette notion
du sens des opérations s'affirmera peu à peu en même temps que le
mécanisme opératoire se compliquera. S'il est tout indiqué de
créer l'automatisme dans l'acquisition de la technique, il faut par
contre briser l'automatisme dans la résolution des problèmes.
L'élève doit poser une multiplication parce que la nature du
problème l'exige et non « parce que l'on est dans la semaine des
multiplications ».
VI. LA DIVISION
Pour un problème du deuxième type : répartir 24 haricots en 6 parts, la manipulation est plus malaisée, sinon à réaliser, du moins à expliquer.
III. L'ADDITION
10 • LE SENS DE
L'ADDITION
Tous les maîtres
de cours élémentaires ont remarqué que les enfants sentent assez
rapidement qu'ils doivent poser une addition pour résoudre les
problèmes concrets qui conduisent normalement à cette opération.
C'est la première et quelquefois la seule opération qu'ils ont
encore étudiée, ils ont déjà traité quelques problèmes
analogues au Cours préparatoire, la question posée comporte bien
souvent l'expression révélatrice « en tout », mais il y a,
semble-t-il, à cette aisance du choix une raison psychologique. En
effet, bien que les verbes employés dans ces problèmes concrets
soient nombreux et variés, — parce que les opérations réelles le
sont elles-mêmes, — toutes ces opérations concrètes ont un trait
commun que l'enfant a vite saisi. Que l'on réunisse
les billes de trois
tas dans un seul sac, que l'on récapitule
les recettes faites
dans la journée ou que l'on évalue
la longueur du
pourtour d'un triangle, on procède toujours à une réunion,
à une
juxtaposition de collections ou de grandeurs continues de même
espèce. Tous ces problèmes se traduisent toujours dans l'esprit de
l'enfant par cette même image très simple de réunion et de son
corollaire, l'image d'augmentation. Et on peut affirmer que
l'enfant ne sait résoudre
ces problèmes d'addition que dans la mesure où lui est suggérée
cette image.
Nous sommes
quelquefois étonnés de voir nos jeunes élèves hésiter à poser
une addition qui nous paraît cependant naturelle. Si nous cherchons
la cause de cette hésitation, chaque fois nous trouverons que
l'image de réunion n'est pas éveillée par la nature du problème.
Par exemple la relation entre le prix de vente, le prix d'achat et le
bénéfice peut être introduite de deux manières différentes. Dans
la première on présente d'abord la notion de prix d'achat, puis
celle de bénéfice. Le prix de vente apparaît alors comme la somme
du prix d'achat et du bénéfice. Dans la deuxième le bénéfice
résulte de la comparaison d'un prix d'achat à un prix de vente
supérieur au prix d'achat. L'analyse prévoit et l'expérience
montre que le premier procédé n'est pas heureux. S'il est exact que
le commerçant, possédant de longue date la notion de bénéfice
peut se fixer a priori ce bénéfice et l'ajouter à son prix d'achat
ou de revient pour calculer son prix de vente, l'enfant qui, pour la
première fois, suit attentivement le scénario d'une vente fictive
joué par deux ou trois camarades sous la direction du maître, ne
voit à aucun moment se réunir deux sommes d'argent représentant
l'une le prix d'achat, l'autre le bénéfice. L'étude de ce problème
doit être reportée après l'étude complète de la soustraction,
car le bénéfice doit
apparaître à la suite d'une soustraction-comparaison et c'est
l'inverse de cette soustraction qui nous conduit à poser l'addition
bien connue de l'adulte.
Au contraire cet
enfant n 'hésitera pas à traduire par une addition le problème
suivant qu'une lecture superficielle laisserait croire identique au
précédent. « Jean est descendu en récréation avec 12 billes en
poche, il en a gagné 6. Combien en a-t-il maintenant ? » Certes, ce
dernier problème est plus proche de ses « intérêts », il l'a
sans doute joué réellement, mais surtout il voit Pierre le
malchanceux donner 6 billes à Jean, et il voit ces 6 billes venir se
réunir, s'ajouter aux 12 billes que Jean possédait déjà. On
pourrait dire que ces 6 billes sont une donnée première de sa
conscience, tandis que le bénéfice est d'essence conventionnelle et
abstraite.
En résumé, ne
proposons jamais de problème d'addition sans avoir créé d'une
manière ou d'une autre (croquis, schémas, graphiques, scénarios)
cette image de réunion. L'enfant sentira l'opération à faire, et
cela nous dispensera de seriner quelques règles superflues ou de
rabâcher des problèmes types dont l'enfant apprend par cœur
la solution, ne pouvant s'accrocher à une vision simple de la
réalité.
11
• LA TECHNIQUE DE
L'ADDITION
1° Additionner
deux nombres inférieurs à 10
Les résultats
doivent être sus par cœur;
nous ne disons pas « appris » par cœur,
ce qui sous-entend une acquisition purement mécanique par récitation
de la table. Cette récitation au Cours élémentaire ne doit être
qu'un moyen de contrôle
et de stabilisation.
L'acquisition a dû se
faire au Cours préparatoire par des procédés concrets mettant en
évidence la décomposition des nombres inférieurs à 20 (voir
Instructions,
Cours préparatoire,
II, 3 et 4).
Bien que ces
additions n'exigent pas de transcription graphique, il est d'usage
d'adopter dès ce moment la disposition classique en colonne.
L'habitude en sera prise et ce sera un point acquis lorsque d'autres
difficultés se présenteront.
2° Additionner
plusieurs nombres inférieurs à 10
3° Additionner
deux ou plusieurs nombres de deux chiffres sans retenue
Il est naturel de
grouper les bûchettes isolées ou les jetons séparés d'une part,
les paquets-dizaines ou les cartes-dizaines d'autre part, donc de
calculer une addition
du premier cas dans chaque colonne.
4° Additions
avec retenue
L'étude de la
numération a fait acquérir quelques réflexes. Dès que l'on a 10
bûchettes isolées, on forme un paquet-dizaine; dès que l'on a 10
jetons
séparés, on les échange
contre une carte-dizaine. Ce réflexe est la traduction concrète du
principe fondamental de la numération décimale. Le passage de la
dizaine ainsi constituée dans la colonne des dizaines ne présente
pas de difficulté tant il est naturel.
Pas de difficulté
non plus dans l'addition des nombres de 3 chiffres avec centaine de
retenue.
Preuve de
l'addition
On peut faire
constater que
le résultat d'une addition ne change pas si on intervertit l'ordre
des termes. Il suffit de poser et d'effectuer les deux additions.
Mais l'identité
des deux résultats est-elle une heureuse coïncidence, un heureux
effet du hasard, et pouvait-il en être autrement ? L'adulte sait que
cette invariance est un des éléments fondamentaux de la notion de
nombre, quelques enfants ne le sentiraient-ils pas déjà? Quand papa
et maman font séparément un cadeau à Jean, peu importe lequel des
deux le fait avant l'autre. D'ailleurs, au cours préparatoire, le
domino 7 a montré que 4 + 3 = 3 + 4. Il suffit de faire tourner le
domino de 180°;
il est évident que dans cette rotation le nombre total des points ne
change pas.
IV.
LA
SOUSTRACTION
12 • LE SENS DE
LA SOUSTRACTION
L'usage concret de
la soustraction est plus difficile à acquérir que celui de
l'addition. C'est qu'en effet l'opération de calcul de la
soustraction est la solution numérique de problèmes de types
différents, au moins en apparence. Les Instructions
(III, 1)
indiquent d'ailleurs trois
«
points de vue»
possibles : les deux premiers peuvent
se résumer en :
Rendre la monnaie
et chercher un reste
chercher un reste,
d'une grandeur, dont
on enlève une partie;
rendre la
monnaie, ou
former le complément,
qu'il
faut ajouter à une grandeur (somme à payer) pour obtenir une
certaine grandeur plus grande (pièce ou billet, trop élevé, offert
en paiement);
Ces points de vue
correspondent d'ailleurs aux deux techniques de la soustraction
numérique, indiquées ci-dessous (en cherchant ce qu'il faut
additionner (procédé
de l'Europe centrale). ou en ôtant
(ce
qui utilise une
table de soustraction apprise plus ou moins méthodiquement).
Le troisième point
de vue, comparer,
puis préciser
cette comparaison, en disant ce que l'une des grandeurs a en
plus; ou ce que
l'autre grandeur a en
moins,
est en quelque
sorte intermédiaire entre les deux précédents et peut faciliter la
compréhension de leur « équivalence ». Mais il faut bien se
rendre compte que si cette équivalence est familière à notre
mémoire, sinon à notre raisonnement de grandes personnes, c'est à
la suite d'un automatisme longuement pratiqué et à la possibilité
d'un raisonnement intuitif rapide. Il en est tout autrement pour les
enfants qui ont besoin d'acquérir cet automatisme ou cette facilité
de raisonnement, beaucoup plus par des exercices convenablement
commentés que par des règles dont l'énoncé est plus ou moins
clair pour eux.
Comparons
des problèmes simples qui
mettent les mêmes nombres en jeu :
1.
— Pierre avait
24 billes. Jean lui en prend 18. Combien en reste-t-il à Pierre ?
2.
— Pierre a 18
billes. Il lui en faudrait 24 pour les échanger contre un beau
crayon. Combien
lui en manque-t-il?
3. — Pierre
a 24. billes. Joseph en
a 18. Quel est celui
qui en a le plus et combien en plus:
Quel est celui qui en a le moins et combien en moins?
4.
—
Je numérote de
haut en bas les lignes de mon cahier qui sont espacées de 1
centimètre Je
repère la ligne numérotée 24 et celle numérotée 18. Quelle est
celle qui est
au-dessus,
celle qui est au-dessous et quelle est leur distance ?
Ces quatre
problèmes évoquent dans l'esprit de l'enfant des images, des
gestes, des situations différentes et cependant la solution de
chacun comportera la même soustraction 24 -
18 = 6. Dans les deux
derniers il faudra remarquer en outre que cette soustraction est
possible, 24 étant plus grand que 18 (la même question aurait pu
être posée utilement dans les deux premiers).
Pour le premier
problème l'élève
voit, ou sait, de suite, qu'il faut soustraire (surtout si on
lui a enseigné la technique française du calcul). Il y a, à vrai
dire, le mot reste;
mais il peut évoquer
aussi « l'histoire du voleur », racontée au cours préparatoire;
il y avait huit bonbons sur la table, le voleur est passé, il en a
pris (ou ôté)
trois, combien en
reste-t-il? Il dira aujourd'hui 18 ôté de 24, comme il disait hier
3 ôté de 8; dans les deux cas le geste de retrait est analogue, ou
le même (à l'intention près, vol ou don consenti). Il résoudra
avec autant de facilité les problèmes où il verra enlever
une partie d'un tout : ruban
que l'on coupe, vin que l'on soutire, réserve de sucre, dont on vend
un certain poids.
L'enfant pourra
peut-être aussi « voir » le deuxième
problème s'il a
appris à rendre la monnaie (et surtout s'il a appris à soustraire
en «complétant» : soustraire 8 de 15, c'est se rappeler que 8 et 7
font 15). Rendre la
monnaie sur un billet de 10
F, donné pour payer un achat de 7F, est le même problème (sauf
changement des nombres) que compléter 18
billes jusqu'à en avoir 24.
Mais l'équivalence
des deux problèmes n'apparaît pas; on ne peut en vouloir à
l'enfant s'il ne comprend pas que « le
nombre de billes qui manquent à Pierre, c'est justement le nombre de
billes qui lui resteraient, si on
lui enlevait, des 24
billes (qu'il n'a pas), les 18 (qu'il garde). »
La notion de
différence et de comparaison
Le troisième
problème se rattache
à la « définition » suggérée par les Instructions (III, 11)
: pour trouver la
différence de deux nombres, on cherche celui qui est le plus petit,
puis on le soustrait du plus grand. Le
problème peut servir d'intermédiaire entre les deux autres.
On peut figurer les
données avec des dizaines (ou avec des longueurs, comme ci-dessous)
:
Il est « visible »
que 24 billes est plus grand que 18 billes et qu'il est « équivalent
» de dire :
Jean a 6 billes en
plus que Joseph;
ou :
Joseph a 6 billes en
moins que Jean;
ou bien encore :
Si Jean donne à
Pierre autant de billes qu'en a Joseph il lui en
restera 6
(premier problème).
Pour que Joseph ait
autant de billes que Jean, il faut lui donner 6 billes (en plus)
(deuxième problème).
L'équivalence est
plus nette si ce troisième problème est mis sous la forme d'une
correspondance plus tangible, par exemple :
J'ai 24 billes et
j'ai fait 18 trous; je veux placer une bille dans chaque trou. J'ai
trop de
billes et il m'en restera 24 — 18 = 6 (premier problème).
Je n'ai pas
assez de trous, il
faudra en faire 24 — 18
= 6 nouveaux (deuxième
problème), ou en plus.
Voici
une représentation
graphique où des problèmes de longueurs illustrent peut-être mieux
ces constatations, sinon ces raisonnements.
Problèmes
inverses de soustraction
On peut encore
considérer le second problème comme un « problème
inverse de soustraction
» :
24 billes — ce qui
manque à Pierre = 18
billes.
On connaît
la différence et le «
grand nombre » (celui
dont on retranche) de
la soustraction. Quel est le petit nombre ? Le
« raisonnement » et la réponse de l'élève dépendront de ce
qu'il sait déjà. Le plus simple est peut-être de transformer la
relation en :
24
billes = ce qui manque +18 billes.
Il est, en effet,
probable que l'élève a déjà fait au cours précédent des
exercices du genre : « 18 +... = 24; mettre un nombre à la place
des points ».
Il y a un deuxième
problème inverse de soustraction, par
exemple : j'ai 18 F, il
me faudrait 6 F de plus pour acheter un cahier, quel est le prix du
cahier ? Il est
exprimé par l'équation
:
prix du cahier — 6
F = 18 F.
On connaît
la différence et le « petit nombre » de la soustraction (celui
qu'on retranche). Quel
est le grand nombre? La
réponse est peut-être plus aisée : on connaît les deux parties du
prix, celle qu'on retranche et celle qui reste. On aurait aussi bien
pu écrire : prix du cahier — 18
F = 6 F (je paye i8 F et il reste à payer 6 F).
Ces problèmes ont
une forme « commerciale » courante. La notion la plus familière de
bénéfice (ou
de perte)
est la différence
qui résulte de la comparaison entre prix
d'achat et prix
de vente.
C'est une forme du
troisième problème, dont on peut déduire une forme du premier
problème (recherche du bénéfice) et une forme du second problème
(recherche du prix d 'achat) .
Mais on peut
considérer la recherche du bénéfice comme un problème de
soustraction, que reste-t-il
quand on retranche du prix reçu en vendant, le prix avancé
en
achetant ? La
recherche du prix d'achat (connaissant bénéfice et prix de vente)
est le premier problème inverse; la recherche du prix de vente
(connaissant bénéfice et prix d'achat) est le second problème
inverse.
Problème
du numérotage
Le
quatrième problème énoncé se rattache à la notion de nombre
ordinal et conduit à une
« règle » (qui est
aussi celle du changement d'origine)9
: la longueur est la
différence
des deux numéros.
Cette règle
s'applique au jalonnement des routes : entre le kilomètre 102
et le kilomètre 205,
il y a une distance de 205
– 102 = 103 km. Elle
s'applique surtout au temps : une
durée est la différence de deux époques : je
suis arrivé à 9
h (époque marquée par
la pendule), je suis reparti à 18 h (époque marquée par la
pendule), je suis resté 18
— 9 = 9
h. Entre le premier janvier 1889 et le premier janvier 1934, il s'est
écoulé 1934 —
1889
= 45
ans. On remarquera que les termes de la soustraction sont des époques
ou des
numéros, la
différence est une quantité.
L'exemple du cahier
permet peut-être d'expliquer la règle par un des problèmes
précédents de soustraction; on peut comparer les distances du
premier trait au 18e
et au 24e.
Il vaut peut-être mieux raisonner de « proche en proche » : entre
le 18e
et le 19e
traits, il y a 1
cm; entre le 18e
et le 20e,
il y a 2 cm10
...
Quoi qu'il en soit
on estimera peut-être, en accord avec les Instructions
(III, 17), que ces
notions de numérotage et par suite de temps sont prématurées pour
des élèves de Cours élémentaire, et peuvent être reportées soit
à la fin de la deuxième année, soit au Cours
moyen.
V. LA
MULTIPLICATION
13 • LE SENS DE
LA MULTIPLICATION
Au Cours
élémentaire, on ne doit encore multiplier que des nombres entiers.
Il
importe cependant que les maîtres se rendent compte du sens général
de la multiplication
qui interviendra au Cours moyen avec l'emploi d'un multiplicateur
décimal (et même dans la multiplication d'un nombre ou d'une
grandeur par une fraction). Dans une multiplication de deux nombres
(qui sont, en général, des mesures de grandeur), l'un d'eux, appelé
multiplicateur, indique une « transformation
» à
faire sur l'autre,
appelé multiplicande. Le résultat de cette transformation est le
produit qui est construit
avec le multiplicande
comme le multiplicateur est construit avec l'unité11.
Si le multiplicateur est un nombre entier d'unités, il est construit
par la « réunion »
de ce nombre d'unités;
le produit est construit par la
réunion du même nombre de
grandeurs égales au multiplicande.
Les Instructions
disent qu'il est
fréquent de
considérer une multiplication comme une « addition
abrégée ».
C'est en réalité
une considération qui n'est vraie que pour un multiplicateur entier.
La propriété essentielle de la multiplication,
qui est vraie pour
tous les nombres (décimaux, fractionnaires, irrationnels,
imaginaires), et qui s'étend même à des cas plus généraux, est
la distributivité
relativement à
l'addition pour chaque facteur :
(a + b) x c = (a x
c)
+ (b x c); a x (b + c)
= (a x b) + (a x c).
Dans le cas des
nombres entiers, en admettant, en outre, que a
x 1
et 1
x a
sont égaux à a,
on retrouve la définition par une addition abrégée, et, par suite,
la commutativité et l'associativité. On retrouve aussi la
définition de la multiplication d'un nombre, ou d'une grandeur, par
une fraction (considérée comme un quotient exact de deux nombres
entiers).
Bien entendu, il ne
s'agit pas de faire une telle théorie au Cours élémentaire; on
peut toutefois être moins affirmatif dans l'utilisation de
«l'addition
abrégée
» !
D'autre part, l'un
des facteurs est bien un opérateur
et il indique une
opération à faire sur l'autre facteur, mais il n'en est pas, pour
autant, abstrait. Un nombre abstrait est un nombre qui ne dépend pas
des unités choisies, rapport de deux grandeurs de même espèce (par
exemple les fractions et les «pour cent» du Cours moyen). Or, dans
la recherche du prix d'un poids de marchandise, ni le prix ni le
poids ne sont abstraits et, au contraire, il faut prendre soin de
préciser l'unité de poids et l'unité d'argent.
Dans certains cas,
chacun des facteurs peut être pris comme opérateur, et c'est cette
considération qui fournit les justifications, plus ou moins
concrètes, ou plus ou moins intuitives, de la commutativité.
Exemples : le calcul du nombre des mains indiqué ci-dessous.
L'exemple typique
et très général est la recherche d'une valeur
totale d'un certain
nombre d'unités (ou d'une grandeur construite avec une certaine
unité), dont on connaît la valeur individuelle. Par valeur, on peut
entendre la valeur marchande en monnaie, mais aussi le poids, la
longueur, le volume... (Instructions,
III, 13).
La multiplication se présente ainsi comme une « similitude » de
construction, et ceci permet d'expliquer plus ou moins la technique;
exemple :
1 1 d'huile pèse
850 g (on dira au
Cours moyen o,85o kg), quel
est le poids de 25 1?
Pour former 25 l,
je peux prendre 5 l,
puis 2 dizaines de 1 (ou 2
dal); pour former le poids, je réunis 5 poids de 850
g, puis 20 poids de 850
g.
Il n'est pas utile
de passer par l'intermédiaire du nombre abstrait 25 et on peut
écrire (voir Instructions)
: 850
g par l
x 25 1.
Exemples de
multiplications
On a dû, plus ou
moins, apprendre au Cours préparatoire la table de multiplication de
2; on sait au moins que 8 est 4 couples, ou 4 fois 2, mais qu'il est
aussi 2 rangées de 4, ou 2 fois 4 (le huit du jeu de cartes montre
cette double décomposition).
Je fais lever les
mains de 4 élèves successivement, j'ai fait 4
fois lever deux mains,
je compte, ou j'additionne les mains levées, il y en a 8; en abrégé
: 4 fois 2 font 8.
Les mains étant
abaissées, je fais lever les 4 mains droites, puis les 4 mains
gauches, j'ai fait
2 fois lever 4
mains; il y a encore 8 mains levées, je dis en abrégé : 2
fois 4 font 8. L'abréviation
consiste dans la suppression de l'acte qualifié par le mot fois, «
lever » 4 fois, ou 2 fois.
Un exercice
analogue peut être fait avec 7 pièces de 2 F (placées 7 fois), que
l'on remplace par 2 rangées de 7 pièces de 1
F. 7 fois 2 et 2 fois 7 font chacun 14.
Il est plus malaisé
de montrer la commutativité dans la recherche du prix de 7 objets
dont chacun vaut 2 F; on donne 7
fois 2 F. À
la rigueur, on peut supposer que les objets sont des couples de deux
billes, dont chacune vaut 1
F. Mais quelques exemples suffisent qui seront complétés par la
construction et la récitation de la table de 2; compter de 2
en 2 ou x
fois 2; former les
doubles ou 2 fois x.
L'examen du damier
de 100
cases, montre immédiatement la commutativité de la multiplication
par 10.
Trois lignes contiennent 3 fois 10
cases, mais c'est aussi la juxtaposition de 10
colonnes de 3 cases. 3 objets de 10
g pèsent autant que 10
objets de 3
g. La
table de 5 peut être aussi étudiée, ou révisée, en l'associant à
l'examen d'un demi-damier de 10
lignes de 5 colonnes, numérotés de 1
à 50,
et lu par lignes : x
lignes de 5 cases, x
fois 5; puis par
colonnes : 5 colonnes de x
lignes, 5 fois x.
Le vocabulaire et
la commutativité peuvent s'affirmer pendant toute la période
d'apprentissage de
la table de multiplication. On peut faire réciter simultanément :
x fois
6 = ... et 6 fois x
=
...
On peut reprendre,
sur des exemples isolés, une illustration de la commutativité : 7
paquets de 6 cartons, numérotés dans chaque paquet de 1
à 6; il y a 7 fois 6 cartons, mais il y a aussi 6 fois 7 groupes de
même numéro; dans 6 semaines il y a 6 fois 7 jours, mais il y a
aussi 7 fois 6 jours de même nom (6 dimanches, 6 lundis...); les
mains de 15 élèves, 15
est un opérateur pour le multiplicande 2 mains; mais 2 est un
opérateur pour le multiplicande 15 mains d'un même côté.
Dans la
distribution de 6 cerises à chacun de 15 enfants, 15 est un
opérateur pour le multiplicande 6 cerises. Mais en donnant
successivement une cerise à chaque enfant, il faut faire 6
distributions et 6 est un opérateur pour le multiplicande 15
cerises.
Dans la surface
d'un rectangle de 6 cm sur 5 cm, 5 est un opérateur pour une ligne
de 6 cm2,
mais 6 est un opérateur pour une colonne de 5 cm2.
De ces
considérations théoriques sur le sens général de la
multiplication et de sa forme particulière dans le cas d'un
multiplicateur entier, nous déduirons quelques remarques relatives à
la conduite de la classe :
1° Le problème le
plus urgent est d'amener l'enfant à poser à bon escient une
multiplication. Nous lui proposerons d'abord des problèmes simples à
multiplicateur inférieur à 10
(2 et 5 pour commencer, puisque les tables de 2 et de 5 ont dû être
apprises au Cours préparatoire). Ces problèmes peuvent se résoudre
soit par une addition de nombres égaux, soit par une multiplication.
Distinguer ces problèmes de problèmes analogues, mais qui ne
peuvent se traiter que par une addition (parce que les nombres
additionnés sont inégaux), c'est une première étape dans
l'acquisition du sens de la multiplication. Nous établissons par là
même une sorte de diagnostic
différentiel valable
pour le Cours élémentaire.
Pour calculer le
périmètre d'un champ quadrangulaire à côtés inégaux, je ne peux
faire qu'une addition; pour calculer le périmètre d'un champ carré,
je peux poser soit une addition (de nombres égaux), soit une
multiplication par 4.
2° Mais cela ne
suffit pas. L'idée générale de la multiplication, c'est que « le
produit (de la multiplication) est au multiplicande comme le
multiplicateur est à l'unité », conception dans laquelle ce que
nous appellerons beaucoup plus tard le rapport
du produit au
multiplicande joue un rôle fondamental.
C'est cette
nouvelle conception que nous essayons d'introduire par le vocabulaire
« double, triple », etc., qui met plus l'accent sur le rapport
entre le produit et le multiplicande que sur l'addition qui peut
aussi servir à former le produit.
Le passage de la
première présentation à la deuxième ne présente pas de
difficulté. Si j'achète 3 oranges à 8 F, le prix total est le
triple de 8 F parce que les oranges sont de même prix. Si j'achète
une orange à 8 F, une pomme à 10
F et une poire à 13 F, le prix total n'est évidemment le triple ni
de l'un ni de l'autre de ces prix.
De même nous
dirons que le prix de 5 oranges est de « 5
fois »
le prix d'une orange.
C'est d'ailleurs cette notion que l'on essaie d'exprimer par
l'expression incorrecte
«
5 fois plus grand »
que l'on veut synonyme de « quintuple ».
Pratiquement, c'est
par additions successives que nous formerons les tables de
multiplication, mais, les résultats étant acquis, nous réciterons
nos tables sous la forme habituelle qui met bien en évidence le
passage du multiplicande au produit par une multiplication et non par
une addition. Quand nous disons 5 fois 6 nous ne voyons plus que les
facteurs de la multiplication et le produit. Les sommes successives
6, 12, 18... ont disparu.
14
• LA TABLE DE
MULTIPLICATION
Nous ne croyons pas
que des maîtres puissent sérieusement penser qu'on peut se
dispenser d'apprendre par cœur la table de multiplication. «Et la
table d'addition ? De
nombreux maîtres ne la font pas rabâcher. Pourquoi ne ferait-on pas
de même pour la table de multiplication ? » Les arguments à
opposer à cette thèse sont nombreux, nous n'en retiendrons qu'un.
Pour l'addition, le problème est simple : un même domino présente
à la mémoire visuelle à la fois les données et le résultat.
L'enfant perçoit simultanément le groupe 4, le groupe 3 et le
groupe 7. Il est impossible d'obtenir la même vision synthétique
dans le cas de la multiplication.
En effet, 6 fois 7
et 42 correspondent à deux modes différents de groupement des 42
unités
(Instructions,
III, 5). 6 fois 7,
c'est un ensemble de haricots en 6 groupes de 7, sans reste. 42,
c'est un ensemble de haricots en 4
groupes de 10
et 2 unités isolées.
Quand l'enfant voit
un des groupements, il
ne peut pas voir
l'autre.
La mémoire
visuelle étant impuissante, nous sommes bien obligés de nous
rabattre sur la mémoire auditive. Faites réciter les tables, on n'a
encore rien trouvé de mieux; s'il existait un meilleur procédé, on
ne nous aurait pas attendus pour le découvrir.
Bien entendu, on ne
se bornera pas à cette récitation. On commencera par construire les
tables l'une après l'autre, moins pour convaincre l'élève que 3
fois 6 font 18
que pour donner son vrai sens à l'expression 3 fois 6.
Le même nombre, 3
par exemple, pouvant être tantôt multiplicande, tantôt
multiplicateur, on construira la « table des 3 » (3 multiplicande)
et la « table par 3 » (3 multiplicateur).
Pour la première,
on aura successivement 1,
2, 3, 4... 10
récipients contenant chacun 3 haricots.
Pour la deuxième,
on aura toujours 3 récipients, mais chacun d'eux contiendra
successivement 1,
2, 3... 10
haricots.
Si les haricots
sont peints en 3 couleurs, on peut faire voir que 6 fois 3 haricots
c'est 3 fois 6 haricots (6 rouges, 6 blancs et 6 bleus).
Il est essentiel de
dire que la table de multiplication :
n
fois a ou a
fois n, n
de 1
à 10
donne les multiples de
a.
Au besoin, faire
placer ces multiples sur une droite (ceci pour la division avec
reste).
L'ordre des tables
peut être l'ordre normal des nombres. Cependant, il nous paraît
profitable de grouper les tables suivant leur parenté (Instructions,
III, 5) :
1er
groupe : 2-4-8;
2e
groupe : 3-6-9.
Dans chaque groupe,
certains nombres se retrouvent dans les trois tables. L'effort de
mémoire paraît diminué.
La table de 5 est
généralement sue depuis le cours préparatoire. D'ailleurs les
produits terminés alternativement par 0
et par 5 sont facilement retenus.
Nous gardons pour
la fin la table de 7 qui ne s'apparente à aucune autre. Mais si
l'enfant sait bien les précédentes, il n'a qu'un seul résultat
nouveau à retenir :
c'est 7 fois 7
→ 49.
15 • LA
TECHNIQUE DE LA MULTIPLICATION
Il faut habituer
les élèves au mécanisme de la multiplication en leur en donnant
peut-être quelques justifications. A cet effet, il semble nécessaire
de multiplier les étapes, ou les cas particuliers. Chaque
difficulté, qu'elle soit d'essence théorique ou qu'elle résulte
d'une légère variation de présentation ou d'écriture, doit être
spécialement présentée et expliquée (Instructions,
III, 7).
Explication
générale de la technique
Il
est bon de se rendre compte, d'une façon générale, de ce qui, dans
la technique courante, est conséquence des propriétés de la
multiplication, ou convention de langage ou d'écriture. On va le
faire sur un exemple; soit à multiplier 724 et 436. On distingue le
multiplicateur, qui
n'est pas nécessairement celui du problème concret, mais celui qui
donnera les calculs estimés plus simples; on applique ainsi la
commutativité.
On pose
la multiplication :
724
x 436
Cette première
écriture est entièrement différente de celle de l'addition posée;
elle deviendra la même lorsqu'on écrira, sous la barre, les
produits partiels. Il n'y a notamment pas nécessité d'aligner les
unités, ni les virgules, quand on multipliera au Cours moyen des
nombres décimaux.
1.
— On multiplie 724 par 6, on effectue pour cela des multiplications
partielles (des unités, dizaines et centaines du multiplicande par
6) et on additionne ces produits partiels :
4 x 6 + 20 X 6 + 700
x 6 ou 4 x 6 + (4
x 6) diz.
+ (4
x 6) cent.
ou :
ou :
(4
+ 2
diz.)
+ (2
diz. + 1
cent.) + (2 cent.+ 4 mille).
On additionne au fur
et à mesure les retenues :
4 + 4 diz. + 3 cent.
+ 4 mille = 4 344.
On a ainsi appliqué
la distributivité,
pour l'addition,
dans le multiplicande.
(On remarquera
qu'en se plaçant à un point de vue concret, cette distributivité
ne
s'explique pas de la même façon que celle de l'addition dans le
multiplicateur.)
Le calcul des
dizaines est une conséquence de l'associativité
:
20 x 6 ou 2 diz. X
6 = 12 diz.
est exprimé, avec
la notation des parenthèses (familière en calcul algébrique) :
(10
x 2) x 6 = 10
x (2 x 6) = 10
x 12.
Le fait d'employer
le terme dizaines (jouant en quelque sorte le rôle d'une unité
concrète) paraît rendre cette associativité évidente.
On remarquera une
difficulté de mécanisme : les calculs se font des unités aux
centaines, dans l'ordre inverse de l'écriture, de droite à gauche.
2. —
Pour multiplier ensuite 724 par 30,
on multiplie 724 par 3 et on place un zéro à la droite du produit
(ce zéro qui vient s'aligner sous les unités du premier produit
partiel, est parfois sous-entendu). Ceci revient à calculer :
724 x 3 diz. ou 724
x (10
x 3) = 10
x (724
x 3);
= (724
x 3) diz.
On a ainsi appliqué,
à la fois la
commutativité et l'associativité (au
moins du nombre 10).
Les ouvrages courants ont l'habitude d'en donner une justification
(voir ci-dessous les étapes 4 et 5).
3. —
On multiplie 724 par 400; on applique à nouveau la commutativité
et l'associativité,
mais pour le nombre
100
:
724 x (100
x 4) = 100
x (724 x 4) = (724 x 4)
centaines.
4. —
On inscrit chaque produit partiel sous la barre de la multiplication
posée, en alignant
les unités, dizaines... de ces produits. C'est une addition posée,
dont on calcule la somme :
Habituellement on
supprime les zéros (comme dans la disposition de droite); c'est une
faible simplification d'écriture et une source d'erreurs (notamment
quand le multiplicateur comporte des 0);
les Instructions (III, 7) conseillent de les maintenir. On a
appliqué ainsi la distributivité
pour l'addition dans
le multiplicateur, en
calculant :
724 x 6 + 724 x30
+ 724 x 400 = (724 x 6) + (724 x 3) diz. + (724 x 4) cent.
Comme il a été
dit, cette distributivité résulte de la conception de la
multiplication : on construit le produit avec le multiplicande, comme
le multiplicateur est construit avec l'unité.
Cette fois encore
l'opération est faite en sens inverse de l'écriture,
multiplications par 6, puis par 30,
puis par 400.
On va maintenant
détailler les étapes possibles en étudiant chaque fois un problème
concret. Il appartient à chaque maître de voir comment il doit
diminuer, modifier ou compléter les explications; réduire ou
augmenter les étapes, ou encore en changer l'ordre. Les Instructions
(III, 7) conseillent
seulement de « graduer » les exercices.
Cas particuliers
de multiplications
LES FACTEURS N'ONT
QU'UN CHIFFRE
Il suffit
d'appliquer la table de multiplication.
Problème. —
Une boîte d'allumettes coûte 5 F. Quel est le prix de trois boîtes?
On peut se borner à
la réponse :
3 fois 5 F font 15
F;
ou à écrire (ou
faire écrire) :
5 F par boîte x 3
boîtes = 15 F.
Cette « formule »
a l'avantage de rappeler l'énoncé dans l'ordre où il a été
proposé. Il n'est pas nécessaire de « poser » la multiplication12.
MULTIPLICATEUR DE 1
CHIFFRE SANS RETENUE
Un cahier coûte
23
F. Paul a acheté
3 cahiers, combien doit-il payer?
La représentation
des valeurs par des pièces de monnaie rend la distributivité
intuitive :
Pour payer un
cahier, on peut donner 3 pièces de 1
F et 2 pièces de 10F.
Pour payer 3
cahiers, on pourra donner 3 fois 3 F ou 9
F; puis 3 fois 2
pièces de 10
F, ou 60
F; donc 9 F et 6o F, ou 69 F.
On peut écrire,
comme pour le problème précédent :
23 F par cahier x 3
cahiers = 69 F.
Il y a cette fois
intérêt à poser l'opération; il n'est pas nécessaire d'y
rappeler la nature de l'unité (franc), mais dans l'énoncé de la
règle de calcul on peut laisser dizaines
:
23
x
3
|
On
compte : 3 fois 3 font 9, j'inscris 9 ; 3 fois 2 (dizaines) font 6
(dizaines), j'inscris 6 à la gauche du chiffre 9, déjà inscrit.
|
69
|
Le
produit est lu maintenant de gauche à droite) : 6 dizaines et 9,
ou 69.
|
LE MULTIPLICANDE EST
TERMINÉ PAR UN ZÉRO
Le
multiplicateur n'a qu'un chiffre. — Problème. Un objet pèse 30 g.
Quel est le poids de 4 objets semblables?
On peut compter
(comme dans le premier problème) : 4 fois 3 dizaines de g (ou 3 dag)
font 12 dizaines de
g (ou
12 dag), donc 120 g. On peut aussi reprendre la disposition et le
calcul du deuxième problème :
30
x
4
|
4
fois 0
g font 0
g, j'inscris 0;
4 fois 3 (dizaines) font 12 (dizaines),
j'inscris 12 à la gauche du chiffre 0.
|
120
|
Le
produit est 12 dizaines et
0,
ou 120. On peut de même calculer 500
x 6.
|
MULTIPLICATEUR DE 1
CHIFFRE AVEC RETENUE
Le multiplicande
a deux chiffres, le multiplicateur n'en a qu'un, il
peut y avoir une retenue (ou des dizaines à reporter). Problème.
— Un livre coûte 68 F. Paul achète 3 livres semblables. Combien
doit-il payer?
On applique encore
la distributivité. Pour payer un livre, on peut donner 8 F et 6
dizaines de F. Pour payer 3 livres,
on peut
donner : 3 fois 8 F, donc 24 F, ou :
|
2
diz.
|
et
4 F
|
|
puis : 3
fois 6 dizaines de F, donc 18 dizaines, ou :
|
1
cent.
|
et
8 diz.
|
|
en tout :
|
2
cent.
|
0
diz.
|
4
F
|
On utilise la même
disposition, mais le calcul comporte un report
des dizaines du premier
produit sur le second :
68
x
3
|
3 fois 8
font 24, j'écris 4 et je retiens 2 (diz.); 3 fois 6
(diz.) font 18 (diz.),
18 et 2
retenues font 20 (diz.), j'écris 20 à la gauche (du chiffre
déjà écrit).
|
204
|
Le produit
est 204 F.
|
Le multiplicande
a plusieurs chiffres et le multiplicateur n'en a qu'un. La
règle s'étend facilement, même si l'un des chiffres du
multiplicande est 0.
Exemple :
405
x
5
|
5 fois 5
font 25, j'écris 5 et je retiens 2 (diz.);
5 fois 0
(diz.) font 0 (diz.); 0 et 2 retenues font 2 diz., j'écris 2 à
la gauche (du chiffre déjà écrit);
5 fois 4
(cent.) font 20 (cent.), j'écris 20 à la gauche du nombre (de 2
chiffres) déjà écrit.
|
2025
|
Le produit
est 2 025.
|
On peut aussi dire 5
fois 5 font 25, je retiens 2, 5 fois 40 font 200 et 2 retenues
font 202.
MULTIPLIER PAR
10
Dans le cas d'un
multiplicande de 1
chiffre, la commutativité résulte de la table
de multiplication ou de l'examen du damier (voir ci-dessus) :
10
fois 7 = 7 fois 10,
ou 7 dizaines, ou 70.
Pour multiplier 7
par 10,
ou 10
par 7, on met un zéro
à droite de 713.
Reste
à montrer que cette commutativité, ou cette règle, est vraie pour
un nombre
quelconque :
27 x 10
est égal à 10 X
27, ou à 27 dizaines, ou à 270.
Voici deux
justifications possibles données dans des ouvrages usuels.
a) On peut le
justifier, d'une façon analogue à ce qui a été fait pour un
nombre de 1
chiffre. Problème. —
Je fais des piles de livres de chacune 27 livres. Combien y a-t-il de
livres dans 10 de ces piles ?
Il y a 10
fois 27 livres. Mais si je prends un livre dans chaque pile, je forme
une dizaine de livres. Je puis faire cette opération 27 fois et
j'aurai pris ainsi tous les livres. J'ai formé 27 dizaines; il y a
270
livres.
b)
La commutativité étant acquise pour des nombres de 1
chiffre, on peut l'étendre par distributivité à un nombre de
plusieurs chiffres. Problème.
— Un rouleau de fil de fer en contient 27 m. Quel est la longueur
du fil de fer contenu dans 10 rouleaux ?
Cette longueur est
10
fois 27 m. Je calcule 10
fois 7 m, puis 10
fois 2 dizaines de m (ou 2 dam) :
10 fois 2 dam =
|
2 dizaines de dam, ou
|
200 m
|
10 fois 7 m =
|
7 dizaines de m,
ou
|
70 m
|
270 m
|
Pour multiplier par
100,
on peut multiplier par 10,
puis multiplier le produit obtenu par 10
(ce calcul apparemment évident est une conséquence de
l'associativité). Par suite 100
fois 44 est égal à 44 centaines, ou 4 400.
Il est sans doute
utile d'énoncer et de faire appliquer la règle : pour
multiplier un nombre par 10, ou par 100, ou par 1 000..., on met un,
ou deux, ou trois... zéros à la droite de ce nombre.
MULTIPLIER PAR 20,
30
Problème. —
Un verre coûte 27
F. On achète 60
verres. Quelle est la dépense?
On peut payer 60
fois 27 F. Mais on peut supposer que les verres sont répartis en 6
boîtes de 10,
ou en 6 dizaines. On calcule d'abord le prix d'une dizaine (ou d'une
boîte) d'après la règle précédente :
27 F par verre x 10
verres, ou 10
fois 27 F = 270 F.
On calcule ensuite
le prix de 6 dizaines (exemple 3 bis),
d'où la règle :
27
X 60
|
Je place un zéro
sous la barre d’opération ; je multiplie 27 par 6 et
j’écris le résultat (chiffre par chiffre, à gauche du zéro,
déjà placé)14.
|
1620
|
MULTIPLIER PAR UN
NOMBRE DE DEUX CHIFFRES
Problème. — Un
verre coûte 27
F. On
achète 64
verres. Quelle est la dépense?
On
calcule le prix de 4 verres, puis celui de 6o verres, ensuite on
additionne ces prix (ceci peut sembler naturel; on a dit que c'est
l'application de la distributivité pour l'addition dans le
multiplicateur). Les résultats des deux multiplications se placent
sous la barre d'opération, en ayant soin d'aligner, cette fois, les
unités, dizaines...; c'est une addition posée, dont on calcule
ensuite la somme :
LE
MULTIPLICATEUR A UN ZÉRO INTERCALAIRE
(Le produit a au
moins 5 chiffres; ce cas peut être reporté au cours moyen.) C'est
une extension, assez intuitive, du cas précédent.
LES DEUX FACTEURS
SONT TERMINÉS PAR DES ZÉROS
Ce n'est pas un cas
nouveau, il suffit d'appliquer les règles précédentes.
2 700
X 60
|
On
place 0,
puis on multiplie par 6 en comptant : 6 fois 0
font 0,
j'écris
0;
6 fois 0
font 0,
j'écris 0;
6 fois 7 font 42, j'écris 2, je retiens 4; 6 fois 2 font
12, 12 et 4 retenues font 16,
j'écris 16.
|
|
162 000
|
Les images
fondamentales de la multiplication
et des deux types
de la division
Multiplication
|
Division 1er
type
|
Division 2e
type
|
On forme un tout
en réunissant des
parties égales
|
On partage un tout
en parts de valeur
connue
|
On partage un tout
en un nombre connu
de parts égales
|
VI. LA DIVISION
16 • LE SENS DE
LA DIVISION
Deux types de
problèmes concrets
La table de
multiplication de 2 a fourni, sinon au Cours préparatoire
(Instructions,
II, 13),
du moins dans les premiers exercices du Cours élémentaire, des
exemples typiques des deux types de problèmes de division :
Dans une classe
il y a 14 élèves. On les place par rangs de 2.
Combien y
aura-t-il
de rangs?
On partage 18
noix entre 2
enfants, en
donnant le même nombre de noix à chacun. Quel est ce nombre (ou
quelle est la valeur des parts)?
Ces deux énoncés
peuvent être exprimés par l'indication de multiplications :
2 élèves par rang
x
nombre de rangs
= 14 élèves;
part d'un enfant
x 2 enfants = 18
noix.
Dans les deux cas,
on connaît le résultat (ou
le produit)
de la multiplication.
Dans le premier cas, on connaît le multiplicande (2 élèves par
rang) et on cherche le multiplicateur. Dans le second cas, on connaît
le multiplicateur (2 enfants) et on cherche le multiplicande. C'est
encore « répartir en
couples »
et « chercher
la moitié
».
On imagine aisément
de nombreux exemples de ces deux types de problèmes :
PREMIER TYPE. —
J'ai 30 billes. J'en
fais des tas de chacun 5 billes. Combien y aura-t-il de tas?
J'ai un ruban de
20 m de longueur. Je découpe dans ce ruban des coupons de 4 m.
Combien aurai-je
de coupons?
Dans un petit
tonneau il y a 20 1 de vin. Je remplis avec ce vin des bonbonnes,
dont chacune contient 5 1. Combien pourrai-je remplir de bonbonnes?
Une pierre pèse
24
kg. Je lui fais
équilibre avec des briques dont chacune pèse 8 kg. Combien faut-il
de briques?
DEUXIÈME TYPE. —
J'ai 30 billes. J'en
fais 6 tas, contenant chacun le même nombre (ou des nombres égaux)
de billes. Quel est ce nombre?
J'ai un ruban de
20 m de longueur. Je le partage en 5 coupons de même longueur (ou
de longueurs égales). Quelle
est cette longueur?
Dans un petit
tonneau il y a 20 1. de vin. Avec ce vin j'emplis 4
bonbonnes de
même capacité (ou
de capacités égales). Quelle
est cette capacité?
Une
pierre pèse 24
kg. Je peux lui
faire équilibre avec 3 briques de même poids (ou
de poids égaux). Quel
est ce poids?
Tous ces problèmes
sont des partages d'une
valeur (ou quantité) en valeurs (ou
parties) égales. Dans chaque énoncé, on indique d'abord la
valeur à partager
(nombre
de billes, longueur d'un ruban, volume de vin, poids d'une pierre).
Dans les problèmes
du premier type, on
indique ensuite la
valeur commune de chaque part et
on demande de chercher le nombre
de parts
:
5 billes par tas x
nombre de tas = 30
billes;
4 m par coupon x
nombre de coupons = 20 m;
5 1 par bonbonne x
nombre de bonbonnes = 20 1;
8 kg par brique x
nombre de briques = 24 kg.
Dans les problèmes
du second type,
on indique ensuite
le nombre de parts,
en spécifiant que
leurs valeurs sont égales (ou qu'elles ont la même valeur), et on
demande de chercher leur
valeur commune.
nombre de billes par
tas x 6 tas = 30
billes;
longueur d'un coupon
x 5 coupons = 20
m;
capacité d'une
bonbonne x 4 bonbonnes = 20 l;
poids d'une brique x
3 briques = 24 kg.
Le sens général
de la division (même avec reste) est un partage
en parties égales. Les
problèmes qui semblent les plus simples sont ceux où ce partage est
possible (comme dans les exemples précédents) sans laisser de
reste. La division peut alors se faire
exactement; c'est une
« opération inverse»
d'une multiplication
(comme la soustraction est l'opération inverse de l'addition). Pour
une multiplication concrète, il y a deux opérations inverses,
suivant qu'on cherche le multiplicateur, ou nombre de parts (1er
type), ou qu'on cherche
le multiplicande, ou valeur commune des parts (2e
type).
On peut encore
exprimer ces deux problèmes de division en utilisant le mot «fois»
employé dans la table de multiplication :
en 30,
combien de fois 5 ?
dans 30,
quel est le nombre qui est contenu 6 fois?
Un seul problème
opératoire
La commutativité
de la multiplication,
vérifiée dans la table de multiplication (et vraie pour tout couple
de nombres), montre que :
x fois
un nombre = ce nombre de fois x.
Au point de vue du
calcul abstrait, on ne distingue pas la nature des deux facteurs
d'une multiplication;
il n'y a qu'un problème inverse :
On connaît
le produit d'une multiplication et l'un des facteurs, on cherche
l'autre. Cette
recherche est une division, le produit connu est le dividende,
le facteur connu
est le diviseur, le
facteur cherché est le quotient.
Pour exprimer ce
problème abstrait, on peut employer l'une des interrogations :
1. —
En 54, combien de fois 6 ?
2. —
Quel est le quotient (de la division) de 54 par 6 ?
3. —
Quel est le (plus grand) multiple de 6, égal à (ou contenu dans) 54
?
4. —
Quel est le sixième de 54 ? ou 54 : 6 ?
Les trois premières
formules restent valables pour la division avec reste; la première
(qui semble la plus usitée) a l'avantage de rappeler le vocabulaire
usuel de la table de multiplication, mais le désavantage de ne
rappeler qu'une de ses formes
(x fois
6, et non 6 fois x).
La dernière amorce
l'étude des fractions, mais lorsqu'elle est utilisée dans un
problème concret, elle suppose que le diviseur 6 est abstrait
(c'est-à-dire
indépendant des unités), le quotient étant alors de même nature
que le diviseur.
Réalisation
expérimentale de
divisions
Il est plus simple
de réaliser expérimentalement les problèmes du premier type.
Soit à partager 24
biscuits en parts de 6 biscuits. N'ayant
pas en classe de biscuits, nous compterons sur le bureau 24
haricots et nous
inviterons un enfant à faire des tas de 6 haricots. (Je préférerais
que chaque enfant disposât de 24 haricots et d'un nombre suffisant
de récipients pour recevoir les parts). L'expérience renouvelée
chaque année dans nos écoles annexes montre que n'importe quel
enfant de première année de cours élémentaire réalise le partage
sans aucun secours du maître. Il compte 6 (soit 1,
2... 6; soit 3 et 3; soit 5 et 1) et il a un premier tas, il
recommence et ainsi de suite jusqu'à épuisement des haricots. Cette
manipulation répond à la question : en 24 haricots, combien de fois
6 haricots ?
Pour un problème du deuxième type : répartir 24 haricots en 6 parts, la manipulation est plus malaisée, sinon à réaliser, du moins à expliquer.
On peut faire
préparer 6 récipients qui recevront les parts égales. On met un
haricot dans chaque récipient. Il existe encore des haricots non
répartis, on en met à nouveau un dans chaque récipient. Et ainsi
de suite jusqu'à épuisement des 24 haricots. On a fait ainsi 4
distributions et ce
nombre de distributions est égal au nombre de haricots,
placés dans chaque
récipient.
Problèmes
simples de divisions
Nous consacrerons
le plus tôt possible quelques leçons à des problèmes de division
ne nécessitant que des calculs très simples (diviseur et quotient
d'un chiffre; reste nul) pour qu'il ne se pose que des difficultés
de sens et non de technique opératoire.
La progression
pourrait être la suivante, tenant compte du fait que les tables de 2
et de 5 sont déjà connues.
1°
Divisions du premier
type.
Manipulation. —
Comptons
8 jetons en les plaçant par couples. Combien de couples
obtenons-nous?
Problème. —
La maîtresse a 8 images. Elle en donne 2 à chacune de ses
meilleures élèves. Combien de fillettes pourra-t-elle récompenser
?
Si l'enfant a
étudié consciencieusement le nombre 8 au cours préparatoire ou
s'il pense à la manipulation précédente, le partage réel n'est
peut-être pas nécessaire. L'enfant sait que « 8 c'est 4 fois 2 »,
énoncé équivalent au suivant : « En 8 combien de
fois 2 ? 4 fois. »
Lorsque nous
apprendrons au Cours élémentaire les tables suivantes, dès
qu'elles seront à peu près sues dans les deux sens :
« 5 fois 7
--> 35 » et « 7 fois
5 -->
35 »,
nous associerons à
chacun de ces énoncés sa réciproque :
« En 35 combien de
fois 7 ? 5 fois. »
« En 35 combien de
fois 5 ? 7
fois. »
Bien que le calcul
puisse se faire entièrement de tête, nous croyons utile d'en donner
la transcription graphique :
Aussitôt que
l'avancement du programme le permettra, le dividende sera une valeur
totale (en francs, en centimètres, en litres ou en grammes), le
diviseur sera la valeur d'une unité et le quotient le nombre
d'unités.
2°
Divisions du second
type.
Manipulation. —
Plaçons
devant nous 15 jetons en essayant d'en faire 5 tas égaux. Combien de
jetons avons-nous dans chaque tas?
Si l'enfant ne se
contente pas de compter ses 15
jetons un à un, mais les dispose
en 5 rangs de 3 ou en 3 rangs de 5, le problème est à peu près
résolu. Il est alors visible que 15, c'est 5 tas de 3 jetons.
Sinon, on invitera
l'enfant à faire des distributions de 5 jetons, plaçant
successivement 1,
puis 2, puis 3 jetons dans chaque part.
Problème. —
La maîtresse veut partager 15 images entre les 5
meilleures
élèves de la classe de manière que chacune en ait le même nombre.
Combien d'images pourra-t-elle donner à chacune ?
Ici encore la
connaissance de la table par 5 : « 5 fois 3 →
15 » donne la solution du
problème, et nous
écrirons :
Aussitôt que
l'avancement du programme le permettra, le dividende sera une valeur
totale (en francs, en centimètres, en litres ou en grammes), le
diviseur sera un nombre d'unités et le quotient sera la valeur de
cette unité.
3° Divisions
avec reste.
Manipulation. —
Comptons
11
jetons en les plaçant 2 par 2. Combien de paires avons-nous pu faire
? Que reste-t-il ? Pouvons-nous faire une sixième paire? Pourquoi?
Problème. —
Pierre a
17 F. Combien de
sucettes, à 5 F l'une, pourra-t-il acheter ?
Calculons
successivement le prix de 1,
2, 3... sucettes ou mieux, dessinons et indiquons les prix.
Et nous voyons
qu'avec 17 F nous avons assez d'argent pour acheter 3
sucettes et que nous n'en
avons pas assez pour en acheter 4.
Combien
donnerons-nous au marchand ?
Combien nous
restera-t-il ?
On écrit 17 : 5 =
3, reste 2.
Le problème est
donc d'insérer 17 entre deux multiples
consécutifs de 5.
Il est donc nécessaire
que l'enfant possède parfaitement son tableau des nombres de
1 à 100 et
la place, dans ce tableau
d'ensemble, des produits trouvés dans ses tables de multiplication.
Ceci est indispensable pour pouvoir dire : « En 17 combien de fois 5
? 3 fois ; 3 fois 5
→ 15 ;
15
ôté de 17 il reste 2. »
Nous
avons pris comme exemple de division avec reste un problème du
premier type ; on
traitera de la même manière les problèmes du deuxième type.
17 • LA
TECHNIQUE DE LA DIVISION
Le diviseur et le
quotient n'ont qu'un chiffre
Ce cas vient d'être
longuement étudié.
Le diviseur n'a
qu'un chiffre. Le quotient en a autant que le dividende
a) Chaque
chiffre du dividende est un multiple du diviseur.
Partager 96 F en
trois parties égales.
Manipulation. —
Prendre
9 pièces de 10
F et 6 pièces de 1
F. En faire trois tas égaux.
Mécanisme. —
Il
résulte immédiatement de la manipulation. Bien que ce ne soit pas
nécessaire, mais, en prévision de la suite, on peut « abaisser »
le 6.
b) Un des
chiffres du dividende donne un reste.
Partager 72 F en
trois parts égales.
Manipulation
préparatoire. -
Prendre une pièce de 10 F et deux de 1 f et essayer d'en faire trois
tas égaux. Il faut au préalable « faire la monnaie de 10F ».
Mécanisme.
Les trois
opérations se condensent en une seule :
Les 12 unités de la
manipulation sont obtenues en « abaissant » le 2 à la droite du 1.
Le diviseur n'a
qu'un chiffre,
le quotient a un
chiffre de moins que le dividende
Effectuer la
division : 156 : 2.
Manipulation. —
On
ne peut donner un billet de 100
F à chacun des deux enfants, on l'échange contre 10
pièces de 10
F. On en a donc 15
à partager. Pas de nouvelles difficultés pour la suite du partage.
Mécanisme. —
La
division de 1
par 2 est impossible, je prends deux chiffres au dividende. Le nombre
15 est le nombre de pièces de 10
F qui est apparu dans la manipulation.
Diviser par 10,
100, 1 000
Rappelons que le
principe de la numération décimale est un rangement par 10,
il se traduit par une succession de divisions par 10.
Il est donc normal que les règles de l'écriture décimale donnent
la solution du problème :
Manipulation
|
Mécanisme
|
a) Payer
240 F en pièces de 10 F ou 24 dizaines de F avec des dizaines de
F. Il en faut évidemment 24.
|
Supprimer
un zéro à la droite du dividende. On obtient le quotient.
|
b) Payer
247 F en pièces de 10 F. Après avoir donné 24 pièces de 10 F,
il reste à donner 7 F.
|
Supprimer
un chiffre à la droite du dividende. On obtient le quotient. Le
nombre supprimé est le reste de la division.
|
En essayant de payer
1
200 F, puis 1
237 F avec des billets de 100
F, on obtiendrait deux résultats analogues.
Le diviseur est
un chiffre significatif suivi d'un zéro
a) Le
dividende est terminé à droite par un zéro.
Manipulation. —
Payer
180 F avec des pièces de 20 F ou 18 dizaines de F avec des pièces
de 2 dizaines de F.
Mécanisme. —
En
180 F combien de fois 20 F ou en 18 (dizaines) combien de fois 2
(dizaines)?
Donc
diviser les dizaines du dividende par les dizaines du diviseur (en
vue du cas suivant, ne pas supprimer les zéros).
|
b) Le
dividende est quelconque.
Problème. —
On dispose de 197 F; combien peut-on acheter de cahiers à 60 F l'un?
Manipulation. —
Prendre
19 pièces de 10
F et 7 F. Essayer de faire des tas de 60
F (ou de 6 pièces de 10
F). Il reste 17 F.
Mécanisme. —
En
197 combien de fois 60
ou en 19 dizaines combien de fois 6
dizaines?
Quel est le prix de
3 cahiers? Combien reste-t-il?
Le diviseur a
deux chiffres, le quotient n'en a qu'un seul
Problème. —
On
dispose de 197
F; combien peut-on acheter de cahiers à 64 F l'un?
C'est le problème
de division le plus délicat à comprendre et à expliquer.
Je cherche le plus
grand nombre de cahiers à 64 F l'un dont le prix total est inférieur
à 197 F :
64 F x nombre de
cahiers ≤
197 F.
Il n'y a qu'un
chiffre au quotient, puisque 10
cahiers coûtent
640
F. Je pourrais donc calculer les multiples de 64 F (9 au maximum),
mais pour faire moins
d'essais j'arrondis à 60 F et je cherche :
d'essais j'arrondis à 60 F et je cherche :
60
F x nombre de cahiers ≤
197 F.
C'est le problème
précédent. Je trouve 3.
Je peux donc
acheter 3 cahiers à 6o F. Si les cahiers sont plus chers, avec la
même somme je pourrai en
acheter autant ou moins. Quel est donc le prix de 3 cahiers à 64 F
l'un ?
64 F x 3 = 192 F.
Le quotient de 197
par 64 est donc 3. Le reste est : 197 — 192 = 5.
Si chaque cahier
coûtait 67 F, nous calculerions le prix de 3 cahiers :
67 F x 3 = 201
F.
3 est trop fort. Le
quotient est 2.
Mécanisme. —
« En 197 combien de
fois 64, ou en 19 combien de fois 6 ? » Dans l'exemple actuel, pas
de difficulté pour continuer l'opération, qu'on l'écrive sous
la forme (1) ou sous la forme (2).
la forme (1) ou sous la forme (2).
Dans le deuxième
exemple, la forme (3) suit de très près l'explication : on est
amené à retrancher 201
de 197.
Sous la forme
(4), 201 n'apparaît
pas; l'impossibilité se manifeste lorsqu'on doit soustraire 20 de
19.
S'il y avait eu une
retenue dans la soustraction des unités,
on aurait même été amené à retrancher 21, nombre qui n'apparaît
nulle part dans l'explication. Mais cela est de peu d'importance; il
y a impossibilité,
c'est l'essentiel.
Le diviseur et le
quotient ont deux chiffres
a)
Partager 987 F
entre 21 élèves.
Ne pouvant donner
un billet de 100
F à chaque élève, je partage les 98 dizaines (« le diviseur a 2
chiffres, j'en prends 2 au dividende »). Division du cas précédent
: nous savons la calculer.
Nous savons
transformer 14 dizaines en 140 unités et partager 147 unités.
Les deux
divisions et la conversion des dizaines en unités peuvent se
condenser selon la disposition classique.
|
b)
Partager 4 375 F
entre 51 élèves.
Ne pouvant donner
une centaine de francs à chaque élève, je partage les 437
dizaines.
Zéro intercalé
au
quotient
Aucune difficulté
théorique, se méfier simplement de l'étourderie des élèves qui
oublient un zéro aux dizaines du quotient.
Manipulation. —
Faire
partager 204 F (2 billets de 100
F et 4 pièces de 1 F) entre deux élèves et 315 F (3 billets de 100
F, 1
pièce de 10
F et 5 F) entre 3 élèves. Faire écrire la part de chacun.
Mécanisme. —
Partager 7 600 F en 25
parts égales.
Puisqu'on
ne peut répartir dix pièces de 10
F entre les 25
personnes, on inscrit un zéro aux dizaines du quotient, on
abaisse le chiffre suivant et on continue l'opération.
|
VII. RÉPARTITION
MENSUELLE
Il
nous paraît difficile de dresser une répartition mensuelle
convenant à la fois aux classes urbaines homogènes et aux classes
rurales à plusieurs divisions. Chaque maître reste seul juge de sa
propre allure en fonction du niveau de ses propres élèves et ne
saurait être enfermé dans un cadre trop rigide.
On
ne peut pas non plus tracer avec trop de rigueur les contours du
programme particulier à chacune des deux années de Cours
élémentaire.
En
première année, nous pourrons consacrer deux ou trois mois à
l'étude des nombres de 1
à 100 ;
une semaine ou deux suffiront en deuxième année.
Par
contre, nous réserverons à cette deuxième année certaines
questions difficiles. Les exemples suivants ne sont pas limitatifs,
ils traduisent simplement une intention : la division par un nombre
de deux chiffres, les calculs de prix de vente, de prix d'achat ou de
perte, la mesure d'une surface et le calcul de la surface du
rectangle et du carré.
Mais
la plupart des questions inscrites au programme seront étudiées
deux fois, les deux études se différenciant par le rythme et le
niveau. En première année, on fera largement appel à l'intuition,
les manipulations individuelles seront aussi nombreuses que possible,
les unités, dizaines, centaines seront toujours présentées sous
leurs diverses formes concrètes, on multipliera les exercices de
mesures et de pesées, les problèmes proposés n'exigeront qu'une
seule opération et seront des applications immédiates de la
définition concrète de l'opération. L'addition et la soustraction
avec ou sans retenue, la multiplication par un nombre de deux
chiffres, la division par un nombre d'un seul chiffre ouvrent des
possibilités suffisantes pour une première année d'études.
Les
mêmes questions seront reprises en deuxième année. Une
manipulation collective suffira le plus souvent. On reprendra les
leçons sur le sens des opérations, les mécanismes seront appliqués
à des nombres plus grands, les problèmes pourront comporter deux
opérations successives. On se montrera plus exigeant dans la
rapidité et l'exactitude des calculs, dans la présentation
matérielle, dans la propriété du vocabulaire, etc.
En
résumé, pendant la première année s'attarder au concret, cheminer
lentement, laisser mûrir les notions fondamentales; en deuxième
année, se préparer graduellement et prudemment à se libérer du
concret.
Mais
pour décider du maintien d'une question en première année ou de
son report en deuxième, le meilleur guide sera une fois de plus
l'observation attentive des réactions et du comportement des élèves
moyens.
*
*
*
La
répartition mensuelle que nous donnons ci-dessous n'a qu'une valeur
d'exemple. Nous la proposons aux maîtres et maîtresses qui mènent
de front dans leur classe les deux divisions de cours élémentaire.
Nous nous sommes attachés à placer le plus grand nombre possible de
leçons communes. C'est facile en système métrique et en géométrie,
mais c'est presque impossible en calcul, car il ne faut ni accélérer
l'allure des plus petits, ni attarder les grands sur des mécanismes
trop simples.
Nous
avons imprimé en gras quelques titres de leçons de système
métrique et de géométrie qu'il est prudent de réserver à la
division des grands.
1.
Il
faut alors leur faire acquérir, au Cours élémentaire, la notion
de nombre cardinal (avec ou sans ce nom) et il n'est peut-être pas
trop tard
pour les habituer à la reconnaissance globale des nombres de 1
à 5, à celle des nombres de 6 à 10
composés avec 5, ainsi qu'à la connaissance de quelques
décompositions de nombres, géométriquement évidentes.
2.
L'égalité des
nombres peut résulter d'un calcul : deux rectangles de 4
cm sur 6 cm et de 8 cm sur 3 cm ont des surfaces
égales,
parce que 4
x 6
est égal à 8 x 3.
3.
On applique ainsi
la qualité de « transitivité
» de
toute égalité : deux
grandeurs, égales une troisième, sont égales entre elles. Cette
qualité est « évidente », lorsqu'il y a correspondance un par un
de collections. (Cette évidence est, en réalité, une «loi» du
raisonnement, ou de la logique.)
4.
Cette estimation
d'une longueur par une ouverture de compas, ou une bande de papier
est un cas particulier de « l'égalité
géométrique ». La
notion précise de cette égalité, possibilité de superposition
par un « déplacement », me paraît bien abstraite pour un élève
du cours élémentaire, même s'il sait dessiner des lettres à
peu
près égales au
modèle de son cahier d'écriture. Cette notion peut être étudiée
en géométrie, mais sa relation précise avec le calcul et même
avec la mesure en cm d'un segment de droite ne me parait pas
présenter un grand intérêt pédagogique (à cet âge). A.C.
5.
On remarquera
d'ailleurs que, bien souvent, on ne compare pas des objets, mais des
qualités de
ces objets. On ne compare pas une motte de beurre et un paquet de
sel, mais leurs poids ou leurs masses. On ne compare pas la route de
Paris à Lyon avec celle de Carcassonne à Bordeaux, mais les
longueurs de ces routes. « Un nombre concret n'est qu'un
renseignement sur une grandeur,
qui doit être complété par l'usage qu'on veut en faire
(Instruction,
III, 1).
6.
On vérifiera que
deux longueurs superposables (bandes de papier) sont mesurées par
le même nombre de centimètres, que deux cailloux qui se font
équilibre sur la balance font aussi équilibre au même nombre de
grammes et réciproquement. On procédera de même avec des
longueurs et des poids inégaux, la plus longue dépassant l'autre
et le plus lourd faisant pencher la balance de son côté. On
mesurera la longueur de deux bandes placées bout à bout, ou d'une
bande dont on aura retranché un morceau. On pèsera deux objets,
séparément, puis réunis (voir ci-dessus l'égalité
des grandeurs et
ci-dessous la
progression dans l'étude des opérations).
Tous ces
exercices qui
peuvent paraître superflus à certains, en raison de nos habitudes
acquises, sont d'une importance capitale pour asseoir l'enseignement
du calcul sur des bases concrètes solides; pour mettre dans
l'esprit et la mémoire de l'enfant, des réalités derrière les
mots,
les nombres et les techniques; pour l'obliger à s'instruire
simultanément par l'oreille et l’œil;
par la main, par l'outil et par l'action.
On pourra en même
temps développer la sensibilité visuelle et tactile en faisant
évaluer, ou comparer des longueurs, des capacités et des poids, et
en faisant toujours contrôler ces évaluations par des mesures.
7.
8.
On remarquera, mais
ceci dépasse, bien entendu, le Cours élémentaire, que cette
conception de l'addition s'accompagne souvent d'une « loi
physique »;
en
un même lieu le « poids » d'une réunion d'objets, mesuré, avec
un peson à ressort, est la somme des poids, mesurés
individuellement; de même pour des courants électriques de même
sens réunis en un seul conducteur (loi de Kirchoff); des masses
électriques introduites dans un cylindre de Faraday; de la masse
d'un composé chimique (loi de Lavoisier).
9.
Les maîtres rattacheront
aisément ces considérations à la « formule de Chasles », qui
donne la distance de deux points donnés par leurs coordonnées sur
un axe et reste valable avec l'emploi de nombres négatifs.
10.
On remarquera que
c'est par des raisonnements analogues de « récurrence » qu'on «
démontre » des propriétés des nombres entiers. C'est ainsi que
la définition (ou la construction) et les qualités de l'addition
résultent de la règle :
a + suivant
de b = suivant de (a + b);
on sait aussi que
le suivant de a est a + 1,
on en déduit de proche en proche la construction de a + 2,
a + 3.
11.
Le terme «
construit » peut paraître vague; il peut être précisé par la
condition de distributivité
:
si
le multiplicateur est une somme de parties non nécessairement
égales, le produit est égal à la somme des produits (partiels) du
multiplicande par chaque partie du multiplicateur. Pour un
Multiplicateur entier, ceci entraîne la construction du produit
comme une somme de termes égaux au multiplicande; mais aussi comme
la somme des produits du multiplicande par les unités, puis par les
dizaines... du multiplicateur; c'est la technique habituelle de
l'opération, Si le multiplicateur est un dixième d'unité, le
produit est le dixième du multiplicande a,
car:
a x
(0,1 +... + 0,1) = (a
x
0,1 +... + a
x
0,1) = a
a
est égal à la somme de 10
nombres égaux à a
x
0,1.
On voit comment on calculerait a
x
0,35.
12.
Il nous semble
préférable d'adopter le même ordre dans l'énoncé des premiers
problèmes de
multiplication
(au C. E.) : d'abord le multiplicande ou prix de l'unité, ou valeur
de la part; ensuite le multiplicateur, ou nombre d'unités, ou
nombre de parts. On évitera, en tout cas, pour les débutants, des
formules du genre : quel est le prix de 3 boîtes d'allumettes, «
sachant
que » une
boîte
coûte 5 F.
13.
Il faut réagir contre l'expression « ajouter un zéro », car
ajouter c'est additionner et l'addition de zéro ne change pas le
nombre. Il
faut dire mettre ou placer, à la droite.
14.
Pour multiplier par
60,
on a ainsi multiplié par 10,
puis on a multiplié le résultat obtenu par 6 (comme il avait déjà
été indiqué pour multiplier par 100);
c'est encore une application de
l'associativité, évidente ou intuitive.
On pourrait aussi
bien supposer les verres répartis en 10
boîtes de 6, ce qui conduirait à multiplier 27 par 6, mais à
placer un 0
à la droite. L'ordre inverse semble plus conforme aux habitudes.
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