Source : Figaro.fr
La Turquie, membre de l'OTAN et soutien direct des terroristes de Daech, dont les membres ont commis de nombreux attentats en France et en Europe, soutient toujours l'Etat islamique en soutenant les djihadistes de divers groupes terroristes contre les Kurdes d'Afrine, au nord de la Syrie, à la frontière entre la Turquie et la Syrie. Il est cocasse que le président Erdogan considère les Kurdes comme des terroristes, alors qu'il est lui-même le principal allié de Daech.
Macron est déçu d'Erdogan. Le président de la République française, membre de l'OTAN elle aussi, adresse son mécontentement, mais il ne bougera pas le petit doigt pour aider ceux qui ont versé leur sang depuis des années pour combattre l'un des pires parmi les 200 groupes djihadistes qui sévissent dans le monde, l'Etat islamique d'al-Baghdadi, qui a réussi à infiltrer en Europe des milliers de djihadistes lors des grandes migrations de 2015-2016.
La France peut-elle rester dans l'OTAN ?
Quand l'Europe aux frontières ouvertes et accueillantes envers les migrants d'origine musulmane sera à feu et à sang, il ne faudra pas compter sur les Kurdes de Syrie pour venir nous délivrer. Nous les avons trahis une nouvelle fois. Je pense que ce sera la dernière.
Bataille
d'Afrine : la trahison des Kurdes par les Occidentaux (09.02.2018)
FIGAROVOX/ANALYSE -
Les Kurdes de Syrie sont depuis janvier la cible d'une offensive armée pilotée
par la Turquie et menée par des djihadistes. Pour Gérard Chaliand, nos anciens
alliés dans la lutte contre Daech n'ont plus d'autre choix que de mourir dans
l'indifférence de l'Occident, abandonnés par l'OTAN et par les Russes.
Gérard Chaliand
est géostratège. Il est spécialiste de l'étude des conflits armés et des
relations internationales et stratégiques. Il est notamment l'auteur avec la
collaboration de Sophie Mousset de La
Question kurde à l'heure de Daech(éd. du Seuil, 2015).
Face à
l'intervention turque et de ses alliés syriens, les Kurdes du canton d'Afrine
qui résistent depuis plus de trois semaines, n'ont d'autre perspective que de
vendre chèrement leur peau. En effet les forces russes, après négociations avec
la Turquie, ont quitté l'enclave et les États Unis ne se sont pas opposés à
l'offensive turque.
Les forces alliées
syriennes de la Turquie ne sont, pour l'essentiel, rien d'autre que des
djihadistes, soit de «l'État Islamique», soit d'autres organisations aux
idéologies similaires. Ces alliés sont qualifiés d'«Armée Syrienne Libre», -
une entité plus ou moins fantôme aujourd'hui - et l'intervention militaire
turque s'appelle «rameau d'olivier». On a beau être une dictature, les
apparences sont respectées avec une pointe d'humour noir.
Les Kurdes de Syrie
constituent un mouvement politico-militaire, qui depuis plusieurs années s'est
battu contre l'Organisation de l'État Islamique. Il est discipliné et hautement
motivé (comme j'ai pu le constater sur le terrain en 2016), avec une importante
participation de combattantes, à la fois par choix politique et sociétal mais
aussi pour permettre de quasiment doubler les forces armées d'une communauté
minoritaire. Leur efficacité est perçue haineusement par les mâles d'une
société où la femme est considérée comme un objet, ainsi que le démontrent les
exactions commises à l'encontre de cadavres féminins.
Les forces alliées syriennes de la Turquie ne sont, pour
l'essentiel, rien d'autre que des djihadistes.
Avec leur héroïque
résistance à Kobané, les Kurdes de Syrie (les YPG) apparaissaient aux yeux des
États soucieux de ne pas engager leurs soldats au sol, comme d'idéales forces
de substitution. Américains et Russes se servaient d'elles dans le cadre de
leur lutte contre l'«État Islamique» comme contre le djihadisme.
La Russie tient à
conforter un régime qui lui est favorable et qui constitue son dernier pays
allié arabe, ainsi qu'elle l'a prouvé particulièrement entre septembre 2015 et
le printemps 2016. Elle permettait à Bachar el-Assad de reprendre l'initiative,
tout en épaulant les Kurdes de Syrie. Les États-Unis encourageaient les Kurdes
de Syrie, avec le concours de forces arabes, à éliminer les militants de
l'«État Islamique» de Raqqa, leur capitale proclamée.
Cela fut exécuté au
prix de lourdes pertes, l'an dernier. Les forces kurdes payent ainsi en retour
l'aide américaine, dans des régions arabes où elles n'avaient pas d'intérêts
directs.
Les rapports ambigus
entre la Turquie et la Russie, et leurs alliances circonstancielles, ne datent
pas d'aujourd'hui. Déjà la Turquie, pour s'emparer du verrou de Jerablus, une
zone frontalière contrôlant l'accès au territoire syrien, avait besoin de la
neutralité de la Russie. En échange celle-ci avait les mains libres pour
pilonner les djihadistes à Alep-est.
Cette fois,
l'entente entre la Turquie - qui estime défendre des intérêts essentiels à sa
sécurité - et la Russie concerne Afrine au premier chef. Les forces russes
consentent à se retirer du canton, et la Turquie renonce en échange à favoriser
la chute du régime de Damas. Il s'agit, à terme, de se débarrasser des Kurdes
de Syrie, perçus comme un appendice du PKK que la Turquie combat depuis plus de
trente ans chez elle.
Par ailleurs
l'offensive sur Afrine ainsi que les déclarations martiales sur Mambij, où sont
positionnées des forces américaines, sont destinées à conforter la popularité
du Président Erdogan auprès des ultra-nationalistes turcs. Quant aux États
Unis, ils n'interviendront pas dans l'enclave assiégée, sauf imprévu. Les
préoccupations de Donald Trump obéissent à d'autres priorités.
Les États,
lorsqu'ils n'ont pas l'intention d'intervenir, dans la mesure où leurs intérêts
ne sont pas directement en cause, se contentent de condamner les comportements
belliqueux en affirmant que ceux-ci sont inacceptables, tout en les acceptant.
Après le dénouement de telles offensives, nous avons pris l'habitude en Europe
de célébrer un In Memoriam suivi d'un «jamais plus».
Ceci rappelle
l'importance, dans les pays démocratiques, des opinions publiques et de celles
des médias, à condition que ces derniers fassent leur travail avec rigueur.
Les États condamnent les comportements belliqueux en
affirmant que ceux-ci sont inacceptables, tout en les acceptant.
En 1991, après la
guerre provoquée par l'annexion du Koweit par l'Irak de Saddam Hussein, les
États-Unis prenaient soin de laisser ce dernier fortement affaibli au pouvoir
afin de ne pas provoquer la chute des sunnites, ce qui aurait favorisé l'Iran.
Le président des États-Unis appelait cependant les chiites et les kurdes à se
soulever en sachant qu'il n'interviendrait pas à leurs côtés. La répression
exercée par Saddam Hussein fut féroce. Les chiites furent massacrés et les
Kurdes, terrorisés, fuyaient par centaines de milliers vers la Turquie et
l'Iran.
Ils eurent pour leur
part la chance d'être filmés par des caméras occidentales. C'est grâce à
l'ingérence française, relayée par les Britanniques, que les États-Unis
consentirent à établir un sanctuaire pour les Kurdes d'Irak.
Il est à peu près
certain que les assiégés d'Afrine n'auront pas cette chance.
La Turquie est
membre de l'Otan, les États-Unis ont d'autres priorités, et les intérêts de la
Russie concernent d'abord la pérennité du régime de Damas, et non le canton
d'Afrine.
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(31.01.2018)
FIGAROVOX/ANALYSE -
Hadrien Desuin s'inquiète de l'intervention truque, principalement par djihadistes
interposés, à l'encontre des Kurdes syriens assiégés à Afrine. Selon lui, il
est urgent que l'OTAN condamne le double-jeu que mène Erdogan à ses frontières.
- Crédits photo :
éd. du Cerf
Spécialiste des
questions internationales et de défense, Hadrien Desuin est essayiste. Il vient
de publier La
France atlantiste ou le naufrage de la diplomatie(éd. du Cerf, 2017).
En Irak comme en
Syrie, les Kurdes peuvent être amers. En 2014, alors que les nations
occidentales laissent Bagdad et Damas à la merci de Daech, le peuple Kurde
résiste. Au point que Kobané devint le «Stalingrad de l'État islamique». La
bataille fut finalement remportée avec l'appui aérien de la coalition
américaine, mais le soutien a été tardif.
Depuis que le Califat s'est effondré, la Turquie a repris
sa politique du pire.
Si elle marque le
début de la fin pour les troupes d'Al Bagdadi, Kobané dévoile au monde entier
le double jeu de l'armée turque. Erdogan a toujours préféré les djihadistes
sunnites aux communalistes kurdes, proches du PKK. Sous pression, la Turquie
finit par fermer sa frontière avec le califat d'Al Bagdadi... un an plus tard.
C'est un tournant. Les Kurdes peuvent reprendre l'offensive vers le sud contre
Daech. Ils prennent Raqqa à l'été 2017. Aujourd'hui, ils sont abandonnés.
Depuis que le
Califat s'est effondré, la Turquie a repris sa politique du pire. Après avoir
conquis Jarabulus et Al Bab, c'est au canton kurde d'Afrine de subir une forme
de siège. Les Turcs se retournent contre les Kurdes syriens avec l'aide des
katibas djihadistes parfois appelés «rebelles modérés» ou «armée syrienne
libre». Comme si Erdogan voulait se faire calife à la place du calife. Ces
milices révèlent l'aspect profondément déstabilisateur de la diplomatie turque
dans la région, à Idlib notamment. Sous couvert de s'assurer une bande
frontalière vierge de toute présence kurde, Ankara a installé des sanctuaires
djihadistes à ses portes. Le nettoyage anti-kurde a passé la frontière turque
et déborde en Syrie. Désormais installé au nord de la Syrie, Erdogan n'a pas
l'intention de renoncer à ses conquêtes.
En théorie, la
bataille d'Afrine pourrait devenir le Kobané de l'armée turque. Les Kurdes
n'ont le choix qu'entre la victoire et la mort. Ils sont prêts à se sacrifier
pour un territoire qu'ils défendent avec succès depuis plus de six ans. Déjà,
l'armée turque déplore des pertes. Elle préfère envoyer en première ligne les
troupes djihadistes qu'elle appuie. Depuis deux semaines, le canton d'Afrine
est pilonné mais ne s'effondre pas. Il recule mais résiste. Sans appui aérien,
les Kurdes syriens sont toutefois condamnés. Si le ciel d'Afrine n'est pas
fermé aux avions turcs, Afrine sera le tombeau des Kurdes.
Si les Kurdes veulent sauver Afrine, ils doivent faire un
geste en direction de Moscou et de Damas.
Pour le moment, la
coalition occidentale et sa rivale russo-irano-syrienne laissent l'aviation
turque bombarder. Comme si Erdogan avait obtenu l'aval tacite de Moscou et de
Washington pour frapper. Les soldats russes se sont retirés d'Afrine juste
avant l'offensive turque. L'armée syrienne ne bouge pas, trop occupée à chasser
les filiales d'Al Qaida de la province d'Idlib, un territoire autrement plus
stratégique et central que le canton frontalier d'Afrine. Washington et Paris
protestent. Sans plus. «Macron aurait dû faire davantage pression et
donner un ultimatum de 24h à Erdogan pour se retirer»regrette Patrice
Franceschi, écrivain et militant de la cause kurde depuis des années. Tout le
monde a peur de se brouiller avec la Turquie. Cette dernière, du fait de sa
position centrale dans le conflit, peut faire pencher le rapport de force entre
Russes et Américains d'un coté ou de l'autre.
Le Pentagone a
promis de continuer à financer 30 000 soldats FDS (la coalition arabo-kurde
menée par les YPG). À force de descendre vers le sud, le long de l'Euphrate,
les Kurdes syriens ont vaincu Daech mais se sont frottés aux forces alliées de
Bachar Al Assad dans les régions arabes de Der Ez Zor et Raqqa. Désireux de
peser dans le règlement politique de la Syrie, les Russes ont trouvé un accord
avec les Turcs sur le dos des FDS. Idlib contre Afrine.
Si les Kurdes
veulent sauver Afrine, ils doivent faire un geste en direction de Moscou et de
Damas. La ville de Raqqa est une carte dans leur jeu qu'ils pourraient tout à
fait monnayer. Une négociation qui pourrait forcer les États-Unis à montrer ses
muscles envers son partenaire de l'OTAN: la dangereuse et intraitable Turquie
d'Erdogan.
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Les États-Unis vont
former 30.000 miliciens pour garder la frontière des régions kurdes du nord de
la Syrie avec la Turquie. Paris souhaite que les djihadistes détenus chez les
Kurdes soient jugés sur place. En représailles à ces signaux en faveur de
l'autonomie kurde, la Turquie attaque les positions kurdes.
Que veulent les Kurdes syriens?
Contrairement à leurs
«frères» irakiens, les Kurdes du nord de la Syrie ne réclament pas
l'indépendance. «Nous faisons partie intégrante du territoire syrien», affirme
au Figaro un de leurs leaders,
Eldar Khalil, de passage à Paris. Ils se battent pour la création d'une
«fédération des régions kurdes» de Syrie, qui disposerait d'une autonomie par
rapport au pouvoir central à Damas. Ils n'ignorent pas les contraintes de la
démographie: en Irak, les trois régions autonomes kurdes sont peuplées dans
leur immense majorité de Kurdes. Mais en Syrie, une importante composante arabe
vit parmi les trois «cantons» kurdes du Nord.
Les Kurdes ont
longtemps été opprimés par le pouvoir syrien, qui dès 1961 retira la
nationalité à des dizaines de milliers de Kurdes, qui se révoltèrent en 2004.
Profitant du départ des troupes syriennes au début de l'insurrection contre
Bachar el-Assad en 2012, les Kurdes se lancèrent dans une expérience originale
d'autogestion. Mélange de maoïsme et d'utopie révolutionnaire qui séduit de
nombreux idéalistes occidentaux, via l'établissement de kommunes, de
«quartiers» et de «cantons».
Troisième
voie entre dictatures et islamistes qui permet en réalité un
fichage de la population au profit du PYD, la branche syrienne du PKK, le Parti
des travailleurs kurdes, qui mène une guérilla sur le territoire turc, où il
est considéré comme une organisation terroriste. Mais le PYD n'a jamais coupé
les ponts avec Damas, dont le retrait de ses forces a été négocié avec les
Kurdes.
À terme, la
«Fédération kurde» de Syrie pourrait se joindre à celles d'Irak et de Turquie,
si celles-ci devaient voir le jour. Un positionnement «in et out» pas facile à
tenir pour les Kurdes syriens.
Comment l'opération turque peut-elle se terminer?
L'objectif de guerre
affiché par Ankara depuis le
lancement, samedi 20 janvier, de son offensive militaire est
d'établir en secteur kurde syrien une «zone de sécurité» d'une trentaine de km
de profondeur, pour éviter justement la création d'une «fédération des régions
kurdes autonomes».
Ankara combat le
projet kurde de relier le «canton» d'Afrine au nord-ouest, cible des
bombardements turcs, à ceux plus à l'est de Kobané et de Jaziré. À l'été 2016,
les forces turques ont déjà lancé une première opération militaire, reprenant
ainsi le contrôle d'une portion de territoires entre Djarabulus et Azaz. Leur
nouvel allié russe dans la guerre en Syrie avait alors avalisé l'opération en
échange de quoi, la Turquie retira d'Alep les rebelles anti-Assad qui lui sont
proches, facilitant ainsi la reprise emblématique de la seconde ville de Syrie
par Damas et ses alliés russe et iranien.
Les Turcs ont
commencé leurs attaques contre l'enclave d'Afrine le 21 janvier. «C'est un
test pour voir si les Kurdes peuvent garder leurs positions gagnées sur le
régime de Damas», affirme depuis le Liban un expert du conflit syrien. «Si les
Kurdes tiennent tête aux Turcs, ajoute-t-il, leurs ambitions seront
consolidées. Mais s'ils perdent, cela donnera des idées au régime syrien qui
pourra aller les affaiblir dans leurs autres cantons de l'Est». D'où l'appel
lancé jeudi par l'un des responsables kurdes d'Afrine qui exhorte Assad
d'empêcher les bombardements turcs contre la poche kurde. Damas n'est pas
pressé de répondre. «Assad espère que Turcs et Kurdes laisseront des plumes
dans la bataille», ajoute l'expert.
La veille du
déclenchement de l'opération turque, la Russie a proposé d'aider les Kurdes
d'Afrine, à condition qu'ils abandonnent l'enclave à Damas. Les Kurdes ont
refusé. Mais le pourront-ils encore longtemps face à la puissance de feu
turque? «Nous faisons face à une agression féroce», dénonce Eldar Khalil.
«Comme si les Turcs voulaient détruire les routes, les ponts, en fait les
institutions bâties par les Kurdes depuis 2012», décrypte l'expert au Liban.
Quelles options pour les États-Unis?
Alliés de la Turquie
au sein de l'Otan, mais aussi des Kurdes que 2000 soldats américains
conseillent, les États-Unis ont fini par choisir les Kurdes comme levier pour
se réinvestir dans le chaos syrien. Cinq jours avant le lancement de
l'offensive turque, Washington a annoncé la formation de 30.000 miliciens -
moitié kurdes moitié arabes - qui deviendraient les gardes-frontières des zones
autonomes kurdes du nord de la Syrie. Ce qui provoqua la colère turque.
Les objectifs
américains visent à contrer l'influence iranienne dans cette région limitrophe
de l'Irak, où Téhéran est déjà influent, et barrer la route à la reconquête de
ces territoires par Assad. Au-delà, les États-Unis tiennent à être partie
prenante des accords locaux que les Russes imposent aux rebelles, comme à Alep,
fin 2016. Entre Moscou et Washington, un accord de déconfliction a été établi
au terme duquel les Russes restent à l'ouest de l'Euphrate - vers Afrine donc -
et les Américains à l'est - vers Manbij et au-delà Raqqa, reconquise sur Daech
par leurs alliés arabo-kurdes avec l'appui aérien de la coalition
internationale. L'offensive turque ne remet pas en cause le fait que les
Américains n'ont pas d'ambitions vers Afrine. Mais leur projet de
gardes-frontières ne revient-il pas à reconnaître cette «Fédération» des
régions kurdes du nord de la Syrie que la Turquie combat? «Oui», répond un
diplomate onusien en charge du dossier syrien, qui parle déjà de «frontières
administratives» comme au Kosovo, jadis. Washington, qui entend mettre l'accent
sur la reconstruction de la zone, compte également dépêcher des diplomates.
«Après des
hésitations, nous considérons que c'est l'acceptation d'un projet fédéral pour
toute la Syrie», se félicite Eldar Khalil. Problème: l'insistance turque à
aller à Manbij «nettoyer» d'autres secteurs kurdes risque de provoquer des
affrontements avec les troupes américaines déployées. Pour éviter un tel
scénario, Américains et Turcs négocieraient l'établissement de ladite «zone de
sécurité» autour d'Afrine en échange de quoi les Turcs feraient des concessions
aux États-Unis sur la force de gardes-frontières. Mais de nombreux experts
doutent qu'Ankara accepte une «force kurde» dans les cantons de l'Est syrien.
Car, en face côté
turc, des Kurdes sont installés. Ankara veut briser le spectre de leur
éventuelle jonction. Autre écueil pour les États-Unis: la persistance d'un
profond sentiment antikurde chez les Arabes de ces régions kurdes, comme en
témoignent des manifestations à Manbij récemment. «Les Arabes attendent le moment
opportun pour se retourner contre les Kurdes», déclare un chef tribal joint au
téléphone. D'où les efforts américains pour restructurer au profit des Arabes
leurs alliés des Forces démocratiques syriennes. Bref, les Kurdes se seraient
étendus trop loin de leurs bases.
Les Russes ont-ils lâché les Kurdes?
Les Kurdes accusent
les Russes de s'être entendus avec la Turquie. Juste avant l'offensive turque,
Moscou a retiré ses troupes stationnées près d'Afrine. Jusque-là, Russes et
Kurdes coopéraient. Moscou avait arraché à Assad un certain degré d'autonomie
kurde dans la prochaine Constitution syrienne. En cas de conflits entre
combattants kurdes et pro-Assad dans les zones kurdes où le régime garde
quelques points d'appuis, les Russes jouaient les médiateurs pour apaiser les
tensions. Mais aujourd'hui, «les Russes soupçonnent les Kurdes de jouer à fond
la carte américaine», estime un diplomate arabe.
Avec l'affaire des
30.000 gardes-frontières. Mais pas seulement. Le contrôle des puits pétroliersPremium990915
majoritairement situés dans les zones kurdes oppose Kurdes et Russes. «Les
Russes ont demandé aux Kurdes que les sociétés pétrolières russes puissent
opérer sur ces champs, comme elles le font dans les zones prorégime, explique
le diplomate, mais sous la pression des États-Unis, leurs alliés kurdes ont
refusé.» Depuis, furieux contre les Kurdes, la Russie se rapproche de la
Turquie - d'où le retrait de ses hommes d'Afrine - tout en poussant Ankara à se
détacher encore plus de son allié américain avec lequel les relations sont
désormais extrêmement tendues.
Une reconnaissance française des régions kurdes?
Les responsables
kurdes s'en félicitent, mais en privé seulement: le fait que la France
encourage le jugement des djihadistes français détenus par les Kurdes équivaut
à «un début» de reconnaissance de leurs aspirations fédérales. En fait, «cette
question fait toujours débat», relève un diplomate de haut rang au Quai
d'Orsay. Interrogé par Le Figaro, Jean-Yves Le Drian, ministre des Affaires
étrangères, est resté vague. La France de François Hollande était très amie
avec les Kurdes irakiens ou syriens. Celle d'Emmanuel Macron, probablement un
peu moins. Mais sur ce dossier-là également, la priorité va au réalisme. Quitte
à slalomer entre les écueils. Paris, qui a placé le PKK sur la liste des
organisations terroristes, n'ignore pas les relations ambiguës des Kurdes avec
son ennemi, Bachar el-Assad. Et dans le même temps, la France ne peut
mécontenter la Turquie, maillon indispensable pour empêcher le retour de
djihadistes dans l'Hexagone. Conscients de ce faisceau de contraintes, les
Kurdes disent qu'ils ne veulent pas utiliser la carte djihadiste pour que Paris
aille plus loin dans sa reconnaissance de leurs aspirations fédérales. À voir.
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(26.01.2018)
INTERVIEW - De
passage à Paris, Eldar Khalil, dirigeant influent des Kurdes syriens visés par
une offensive militaire turque, estime que les «Kurdes font partie intégrante
du territoire syrien». Sur place, à Afrine, un autre responsable exhorte Damas
à intervenir contre Ankara.
Au sixième jour de
l'opération militaire turque contre les Kurdes de l'enclave d'Afrine, au
nord-ouest de la Syrie,
Eldar Khalil, haut responsable des combattants kurdes, accuse Ankara de
collusion avec les djihadistes de Daech. «Alors que la guerre
contre Daech en Syrie était presque terminée, Erdogan (le
président turc) vient au secours de Daech pour nous attaquer»,
dénonce le dirigeant kurde de passage à Paris, dans le cadre d'une tournée
européenne d'explication de la cause kurde.
«Sur le terrain,
ajoute-t-il devant quelques journalistes réunis à la représentation des Kurdes
syriens dans la capitale, des groupes de djihadistes, mais sous d'autres
appellations que Daech, mènent le combat aux côtés des forces turques». «Une
guerre atroce nous est livrée», dit-il. Eldar Khalil accuse la Turquie de mener
des frappes contre «des civils, des écoles et des hôpitaux», ce que dément
Ankara.
L'aviation et
l'artillerie d'Ankara, appuyées par des rebelles syriens anti-Assad,
concentrent leurs opérations dans les villages autour d'Afrine, le long de la
frontière avec la Turquie, notamment jeudi contre la localité de Jaidaris.
«Dans ces villages, souvent peuplés de Yézidis, la situation change d'heure en
heure», rapporte Eldar Khalil, confirmant les informations sur l'incapacité de
la Turquie de conserver ses gains territoriaux.
Depuis samedi, près
de 100 combattants kurdes et des groupes rebelles syriens pro-turcs ont été
tués, ainsi que 33 civils, la plupart dans des bombardements turcs, selon
l'Observatoire syrien des droits de l'Homme. L'armée turque a déploré trois
morts, mais hier encore le président Tayyip Recep Erdogan, en visite près du
front, a promis de «mener à terme» cette offensive.
L'opération turque
perturbe la guerre contre Daech que continuent de mener sur le front de Der
Ezzor, plus à l'est, d'autres combattants kurdes qui doivent désormais se
mobiliser contre l'«ennemi» turc à Afrine.
«L'agression turque
met en danger les opérations de libération contre Daech», affirme Eldar Khalil,
vétéran de la rébellion kurde, comme en témoigne sa blessure à un bras
désormais paralysé. Eldar Khalil appartient au PYD, la branche syrienne du PKK,
le Parti des travailleurs du Kurdistan, qui mène depuis de nombreuses années
une guérilla en Turquie et qu'Ankara considère comme terroriste.
Dans des territoires
du nord de la Syrie, le PYD a établi, depuis 2012, une autonomie de gestion,
réussissant jusqu'à maintenant à entretenir de bonnes relations avec les
États-Unis et la Russie, sans fermer la porte au pouvoir syrien.
Mais depuis le
lancement de l'offensive turque, le responsable kurde est également en colère
contre son ex-allié russe. Selon lui, «l'offensive turque contre Afrine s'est
faite avec une entente russe», dictée par le calendrier.
Mardi prochain sera
lancée à Sotchi, en Russie,
«une conférence du dialogue national syrien» avec, face aux représentants du
régime de Damas, plus d'un millier d'opposants, dont un grand nombre, proches
d'Ankara. «Les Russes ont besoin de la Turquie, fait valoir Eldar Khalil.
Poutine veut que Sotchi soit une réussite, et pour cela il a besoin de la
présence à Sotchi des opposants proches de la Turquie». «Les Russes,
poursuit-il, ne nous font pas la guerre directement, mais ils nous menacent via
les Turcs». Le responsable kurde est convaincu que la Russie, principale alliée
de Bachar el-Assad, «veut faire revenir le régime dans la région d'Afrine», que
les troupes syriennes ont dû évacuer en 2012 au début de la révolte contre
Damas.
En écho à ce
qu'Eldar Khalil lui-même affirmait, un responsable de l'enclave kurde d'Afrine
a appelé jeudi soir le régime de Damas à intervenir pour empêcher l'aviation
turque de survoler le canton d'Afrine. «L'État syrien, avec tous les moyens
qu'il a, devrait faire face à cette agression et déclarer qu'il ne permettra
pas aux avions turcs de survoler l'espace aérien syrien», a indiqué à l'AFP
Othmane al-Cheikh Issa, coprésident du Conseil exécutif du canton d'Afrine.
«Nous faisons partie intégrante du territoire syrien», plaide, de son côté,
Eldar Khalil.
Le leader kurde
s'est entretenu à Paris avec François Hollande,
ami de la cause kurde. Il a eu également des contacts avec des «hautes
autorités»,mais refuse de dire si c'était au ministère des Affaires étrangères
ou à l'Élysée. Interrogé sur le point de savoir s'il n'était pas déçu par la
réaction assez tiède de Paris face à l'offensive turque, Eldar Khalil répond
que «la position de la France était bonne. Les Français ont promis de faire des
efforts pour que les combats cessent».
«Ce que nous avons
dit à tous nos interlocuteurs européens, c'est que nous sommes dans une
alliance commune contre Daech. Nous espérons la poursuivre et sauvegarder les
acquis obtenus grâce à cette coopération». Mais, souligne le dirigeant kurde,
«toutes les puissances de la coalition (internationale contre Daech, conduite par
les États-Unis) devraient renforcer leurs positions» contre la Turquie.
Interrogé sur
l'éventualité que ses alliés américains négocient dans le dos des Kurdes la
cession d'Afrin à la Turquie, en échange du déploiement autorisé par Ankara
d'une force de 30.000 garde-frontières formée par les États-Unis, Eldar Khalil
est resté vague, même s'il est convaincu que l'offensive turque ne s'arrêtera
pas à Afrin, mais se poursuivra plus à l'ouest vers Manbij, où des troupes
américaines sont déployées. «Manbij est menacé, prévient-il. Si le projet turc
aboutit, le plan de la coalition anti-Daech s'effondrera».
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À Afrine,
les combattants kurdes résistent farouchement à l'offensive turque (24.01.2018)
Depuis samedi,
malgré un appui aérien et d'artillerie, les forces envoyées par Ankara
n'auraient repris que deux ou trois villages.
Même si la Turquie a
adressé aux États-Unis des «signaux contradictoires», selon Washington, sur
l'étendue de son offensive militaire dans le nord de la Syrie,
l'heure est à la mobilisation chez ses ennemis kurdes. Y compris dans les
régions encore épargnées par les bombardements d'Ankara.
Alors qu'à l'ouest,
dans le «canton» d'Afrine, cible des frappes turques, les combattants kurdes
affichent une résistance opiniâtre, plus à l'est, les autorités du «canton» de
Jaziré ont appelé la population à prendre les armes pour défendre Afrine. La
«mobilisation générale» vise également les volontaires américains, britanniques, allemands et
français qui avaient combattu les djihadistes de Daech, à Raqqa
notamment.
«Dès qu'il y a conquête d'un village, il y a
automatiquement une contre-offensive des Kurdes qui reprennent le contrôle de
ce village»
Rami Abdel Rahmane,
directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'homme
«Ils mèneront des
batailles contre l'invasion turque», assure Redur Xelil, responsable des Forces
démocratiques syriennes (FDS), majoritairement constituées des miliciens kurdes
YPG (Unité de protection du peuple) que la Turquie considère comme une
extension du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) et une organisation
terroriste. Ces volontaires se compteraient par dizaines et auraient déjà manifesté
l'envie d'aller défendre Afrine.
Depuis le début de
l'offensive samedi, les forces turques et les rebelles syriens pro-Ankara ont,
en fait, peu avancé dans la région d'Afrine. «Dès qu'il y a conquête d'un
village, il y a automatiquement une contre-offensive des Kurdes qui reprennent
le contrôle de ce village», affirme le directeur de l'Observatoire syrien des
droits de l'homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane. Ce fut le cas lundi de la colline
stratégique de Barsaya, dans le nord de la région d'Afrine, repassée aux mains
des Kurdes quelques heures après sa conquête par les forces turques.
Depuis samedi,
malgré un appui aérien et d'artillerie, les troupes turques n'auraient repris
que deux ou trois villages aux Kurdes. Au total, plus de 80 combattants kurdes
et des groupes rebelles syriens pro-Ankara ont été tués, ainsi que 28 civils,
la plupart dans des bombardements turcs, selon l'OSDH. Ankara dément avoir
touché des civils.
Le spectre d'affrontements turco-américains
Mercredi, les
frappes turques se sont concentrées sur les zones près de la frontière, dans le
nord-ouest et le nord-est de la région d'Afrine. «L'objectif est de faire
reculer les combattants kurdes et d'ouvrir la voie à une avancée terrestre»,
selon l'OSDH. Une colonne de chars et des centaines de soldats turcs
s'apprêtaient à entrer en Syrie, à partir de la localité frontalière de
Kirikhan, dans le sud de la Turquie.
Dans la région de
Manbij également, à 100 km à l'ouest d'Afrine, les miliciens kurdes se
préparent à affronter les forces turques et leurs alliés anti-Assad. Des forces
ont déjà été déployées aux limites de la région. Mais à Manbij, l'équation est
encore plus complexe. Contrairement à Afrine, les États-Unis disposent de
militaires sur place, en soutien des FDS. Ce qui laisse planer le spectre d'affrontements
turco-américains. La présence de troupes américaines - pourtant alliées
de la Turquie au sein de l'Otan - n'a pas empêché Ankara de menacer
Manbij.
L'offensive turque
«pourrait s'étendre à Manbij (….) voire à l'est de l'Euphrate» dans la Jaziré,
a affirmé mardi sur France 24 le ministre turc des Affaires étrangères, Mevsut
Cavusoglu. Quelques instants auparavant, le premier ministre turc, Binali
Yildirim, assurait que «cette opération se poursuivra jusqu'à ce que le dernier
terroriste soit éliminé». Mais certaines sources estiment que faute d'avancée
en direction de la ville d'Afrine, les Turcs pourraient se retourner vers
Manbij.
«Nous sommes clairement en état d'alerte, spécialement
dans la région de Manbij où nos forces patrouillent depuis un an»
Colonel Ryan Dillon,
porte-parole de la coalition internationale anti-Daech
Jusqu'à maintenant,
un accord américano-russe permettait aux Américains d'être à l'est de
l'Euphrate et aux Russes à l'ouest vers Afrine, d'où ces derniers se sont
retirés juste avant le lancement de l'offensive turque. D'où la frustration
kurde à l'égard de leurs alliés russes, accusés d'avoir avalisé l'offensive
anti-kurde d'Ankara.
«Nous sommes
clairement en état d'alerte, spécialement dans la région de Manbij où nos
forces patrouillent depuis un an», reconnaît le colonel Ryan Dillon,
porte-parole de la coalition internationale anti-Daech. Mardi, des dirigeants
américains ont mis en garde contre les risques d'une déstabilisation d'une zone
relativement épargnée en sept ans de conflit.
Mais le contact
entre Ankara et Washington reste établi. Selon certains experts, le ton jusqu'à
maintenant relativement modéré des États-Unis vis-à-vis de la Turquie
s'expliquerait par leur désir de négocier l'établissement d'une «zone de
sécurité» turque d'une trentaine de km en territoire syrien - l'objectif de
guerre affiché par Ankara - en échange d'un déploiement de 30.000
garde-frontières kurdes pro-américains dans le Nord syrien, le nouvel objectif
des États-Unis en Syrie. «Mais Manbij sera la pierre d'achoppement», reconnaît
sur Twitter le chercheur Charles Lister.
Damas rejette les «mensonges» français et américains sur
les armes chimiques
Le gouvernement
syrien a rejeté mercredi les accusations des États-Unis et de la France, selon
lesquelles il aurait eu recours récemment à des armes chimiques. Mardi à Paris,
dans le cadre du «Partenariat international contre l'impunité d'utilisation d'armes
chimiques», le secrétaire d'État américain, Rex Tillerson, a déclaré que
l'armée syrienne avait vraisemblablement lancé lundi une attaque au chlore dans
une ville de l'enclave rebelle de la Ghouta orientale, près de Damas.
«Mensonges», a
répondu le ministère syrien des Affaires étrangères, pour qui de telles
allégations visent à «faire obstacle aux efforts pour trouver une issue à la
crise». Sous la pression d'une intervention militaire des Occidentaux, la
Syriea officiellement renoncé à son arsenal chimique en 2013. Mais au cours des
deux dernières années, l'ONU et l'OIAC (Organisation pour l'interdiction des
armes chimiques) ont accusé Damas de plusieurs attaques au gaz sarin et au
chlore. La Syrie nie systématiquement ce genre d'accusations.
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Allemagne:
manifestation kurde contre l’offensive turque en Syrie (27.01.2018)
Par AFP — 27 janvier
2018 à 11:17
Manifestation de Kurdes anti-Erdogan le 26
janvier 2018 à Berlin Photo John MACDOUGALL. AFP
Allemagne:
manifestation kurde contre l’offensive turque en Syrie
Au moins un millier
de kurdes manifestaient samedi à Cologne, dans l’ouest de l’Allemagne, pour
protester contre l’offensive turque visant une milice kurde dans le nord de la
Syrie, alors que Berlin redoute une importation du conflit dans le pays.
La police de Cologne
a avancé le chiffre provisoire d’un millier de personnes au début de la manifestation,
peu après 09H00 GMT. Selon un journaliste de l’AFP, ils étaient plusieurs
milliers.
Les organisateurs
ont tablé sur environ 20.000 personnes pour ce rassemblement sous haute
surveillance qui sera encadré par plus de 2.000 policiers afin d’éviter tout
débordement.
Les «risques de
conflit sont considérables», a prévenu le chef de la police de Cologne, Uwe
Jacob.
Les manifestants,
rassemblés place Ebert, dans le centre de Cologne, brandissaient des pancartes
réclamant la «Liberté pour le Kurdistan» ou d’autres proclamant «Honte à toi,
l’Europe», selon un journaliste de l’AFP.
Une manifestation
dans le nord du centre-ville était ensuite prévue.
Ankara a lancé
samedi ses troupes dans l’enclave d’Afrine, dans le nord-ouest de la Syrie,
contre les Unités de protection du peuple (YPG), une milice kurde jugée
terroriste par Ankara mais soutenue par Washington dans le cadre de la
coalition contre le groupe Etat islamique (EI). Et vendredi, le président turc,
Recep Tayyip Erdogan, a promis d’intensifier l’offensive, en dépit des appels
internationaux à la retenue.
Depuis, l’inquiétude
monte en Allemagne, où les autorités redoutent une importation du conflit sur
leur territoire où vivent environ un million de kurdes et quelque 3 millions de
personnes turques ou d’origine turque, ce qui en fait la plus grande diaspora
turque dans le monde.
Des échauffourées
entre membres des deux communautés et des actes de vandalisme contre des
mosquées turques ont d’ores et déjà eu lieu ces derniers jours.
«La Turquie a commencé
une guerre d’agression contraire au droit international», a martelé samedi le
co-président de la Communauté kurde d’Allemagne, Mehmet Tanriverdi, dans le
journal régional Heilbronner Stimme.
L’appel à manifester
contre l’offensive turque avait été lancé par Nav-Dem, une association jugée
par les services de renseignements allemands comme proche du Parti des
travailleurs du Kurdistan (PKK), classé parmi les organisations terroristes par
les Etats-Unis et l’Union européenne et interdit depuis 1993 en Allemagne.
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