Dans ses propos rapportés par Ouest-France,
le chef de l'État a comparé la période actuelle avec celle de
l'entre-deux-guerres. Selon l'enseignante, le contexte est radicalement
différent : les États nations européens ne cherchent pas à s'étendre mais à
conserver leur souveraineté.
Barbara Lefebvre, enseignante et essayiste, est l'auteur
de Génération
j'ai le droit, (éd. Albin Michel 2018).
Voir aussi du même auteur :
Pierre Nora avait mis en garde contre «ce moment
historique habité par l'obsession commémorative» et la captation de
cette belle expression, les «lieux de mémoire», utilisée pour célébrer la
mémoire alors que la profondeur du travail historiographique des trois tomes
qu'il avait dirigés était précisément de composer «une histoire de type
contre-commémoratif». Les historiens scrupuleux, ceux qui écrivent
l'histoire sans tomber dans les pièges idéologiques de leur temps, sont souvent
incompris par les technocrates, qui ne s'embarrassent pas de nuances pour
rédiger les formules-chocs autrement appelées «éléments de langage». Le service
communication de l'Élysée nous a annoncé une semaine «d'itinérance mémorielle»
pour commémorer le centenaire de l'armistice, et elle
s'ouvre par une «itinérance historique» du président Macron dans Ouest France suivant
un chemin tortueux qui le conduit à une impasse comparative!
Dans les propos rapportés par Ouest-France, le
Président Macron se lance dans des comparaisons historiques pour le moins
problématiques: «je suis frappé par la ressemblance entre le moment que
nous vivons et celui de l'entre-deux-guerres». Tout y est : «la
lèpre nationaliste», «la souveraineté européenne (sic) bousculée
par des puissances extérieures», «la crise économique». Et dans
un élan de prophétie, véritable représentation mécaniste de l'Histoire avec son
«H» majuscule grandiloquent, Emmanuel Macron nous révèle sa vision: «on
voit presque méthodiquement se réarticuler tout ce qui a rythmé la vie de l'Europe
de l'après Première Guerre mondiale à la crise de 1929». L'histoire,
éternelle répétition du même? Emmanuel Macron, président-historien après le
président-philosophe? Les permanences et les continuités de l'histoire ne sont
pas des répétitions, Monsieur le Président, et les ruptures ne sont en général
comprises et analysées qu'une fois survenues. Non l'histoire n'a pas le hoquet,
car l'histoire n'est pas une réalité tangible qui s'opère sous nos yeux comme
des bactéries visibles sous la loupe du microscope. L'histoire est modeste,
elle n'est qu'une écriture, un récit humain qui se modifie sans cesse, se
réécrit au fil du temps qui passe. L'histoire n'est pas un point fixe, établie
une fois pour toutes. En revanche, on le sait, elle est fort utile pour servir
les idéologies, servir la politique politicienne, pour jouer le «sachant» qui
éclaire les ténèbres du présent en se donnant des airs de prophète d'un futur,
si possible apocalyptique, sauf à suivre la marche du sauveur.
Comparer l'Europe de 2018 à celle des années 1930 répond à
cette inflation inquiétante de la récupération politicienne de l'histoire
nationale et européenne, inflation qui s'accentue depuis bientôt vingt ans à
mesure que nous produisons des générations d'amnésiques sortis frais émoulus avec
un baccalauréat mais ignorants de leur histoire.
Il faut faire un détour par
l'histoire scolaire actuelle pour comprendre comment de tels propos peuvent
être entendus par l'opinion en dépit de leur non-véracité. En effet, elle
alimente les élèves en simplismes manichéens depuis plus de trois décennies,
depuis que l'histoire postmoderne (donc postnationale) a mis la main sur
l'organisation des programmes officiels. Au lieu de transmettre des
connaissances simplifiées qui rendent la complexité du passé intelligible pour
des élèves âgés de dix à dix-sept ans, on a réduit l'histoire scolaire à une
histoire finaliste. Le passé n'est plus qu'un perpétuel combat entre des
gentils et des méchants. Ce simplisme autorise tous les anachronismes. Or la
simplification n'est pas le simplisme ; la vulgarisation n'est pas la platitude
du binaire. L'histoire scolaire qui avait forgé, pendant près d'un siècle, chez
des générations de Français - autochtones ou venus d'ailleurs - le sentiment
d'appartenance nationale, aussi appelé patriotisme, s'appuyait certes sur des
simplifications historiques non exemptes d'une part de mythes, mais elle ne
versait pas dans les simplismes actuels où l'idéologie postmoderne affleure
sous chaque thématique, où l'histoire nationale n'est plus qu'une histoire
criminelle. La France a une histoire nationale. Les mémoires des groupes
composant notre nation qui n'est pas fondée sur l'homogénéité ethno-religieuse,
ont toujours existé mais jusqu'aux années 1990 elles n'avaient pas été
valorisées au point de supplanter l'histoire nationale. En glorifiant les
revendications mémorielles, souvent réinventions du passé, contre l'histoire
commune, le projet poursuivi est bien la destruction de l'attachement à la
nation, à cet héritage forgé par l'histoire et porté par des mœurs et des
coutumes communes.
Ni de Gaulle, ni Mitterrand n'auraient osé une
comparaison aussi manichéenne.
Ni de Gaulle, ni Mitterrand n'auraient osé une comparaison
aussi manichéenne, simpliste, que celle opérée par Emmanuel Macron. Et pour
cause, les deux seuls «vrais» Présidents d'après-guerre avaient une vision, car
ils étaient d'abord «enracinés» par une ample culture littéraire et historique
- la composition de la bibliothèque de François Mitterrand en est
l'illustration frappante - et ensuite parce qu'ils avaient connu
l'entre-deux-guerres et la guerre. Cela fait toute la différence. Cela explique
leur hauteur de vue, eux qui étaient passés par cette épreuve de la guerre,
qu'ils connaissaient la complexité de cet avant-guerre, qu'ils ne réduisaient
pas cette période à des caricatures binaires. L'un comme l'autre ont vu monter
les périls, ils ont eux-mêmes fait des choix politiques qui ne suivaient pas
toujours la ligne droite que les politiques actuels ont réinventée pour trier
dans cette époque troublée les bons des méchants, pour juger les hommes du
passé au regard du confort dans lequel est plongée notre Europe pacifiée,
abrutie par la société de consommation.
Personne ne viendrait nier que Staline, Hitler et Mussolini
étaient des dirigeants néfastes pour leurs peuples et pour la paix du monde,
que les idéologies portées par les deux premiers en particulier ont conduit à
des ravages d'une ampleur inédite en Europe et au-delà et que nous sommes
encore héritiers des ravages moraux qu'ils ont constitués pour l'humanité.
Néanmoins oser les comparer à Orban, Salvini et pourquoi pas Morawiecki en
Pologne et Kurz en Autriche, est non seulement une absurdité historique, mais
une opération politique profondément anti-européenne qui attise les colères.
Anti-européenne car celui qui aggrave les tensions entre partenaires européens
en insultant les peuples qui ont élu les dirigeants précités, c'est le
président français. Cette montée en tension n'est pas imputable au seul
Emmanuel Macron, elle est à l'œuvre depuis que les progressistes autoproclamés
ont décidé que l'Europe se ferait contre les peuples, c'est-à-dire depuis le
non au référendum sur la Constitution européenne en 2005 qui ne fut pas
respecté. Le mépris du «non», pourtant majoritaire, par les présidents Chirac,
Sarkozy, Hollande et Macron est fondamental pour comprendre la défiance des
Français à qui on dénie toute forme d'intelligence politique quand ils ne
votent pas comme on le leur prescrit. Cette atteinte profonde au contrat civique
fondateur de la démocratie n'est pas le fait des partis «lépreux» que je sache.
Plus grave, l'énormité historique suivante: l'Europe de l'entre-deux-guerres
n'est évidemment pas lisible en termes politiques comme l'Union européenne des
28. Elle était composée d'États-nations souverains qui n'obéissaient pas à une
entité supranationale comme c'est notre cas. En outre, aujourd'hui, l'hégémonie
mondiale de l'idéologie capitaliste ultralibérale est telle qu'aucun modèle
n'émerge pour s'opposer sérieusement à elle, alors que dans l'Europe
d'entre-deux-guerres, des idéologies concurrentes puissantes avaient pris forme
parmi les peuples (communisme, fascisme, nazisme) et se sont cristallisées
politiquement dans trois pays, la Russie, l'Italie puis l'Allemagne. Autre
différence et non des moindres s'agissant de menaces pour la paix: l'URSS et le
IIIe Reich avaient des ambitions d'expansion territoriale, sinon d'hégémonie
planétaire, et il s'agissait de nations hyper militarisées. En quoi les
«lépreux» Orban et Salvini - pour ne retenir qu'eux - ont-ils une quelconque
ambition belliqueuse de cette nature? Ils souhaitent simplement se concentrer
sur leurs intérêts strictement nationaux, protéger leurs frontières de flux
migratoires incontrôlés par l'Europe de Schengen, refuser la société
multiculturelle dont ils observent les échecs en France, en Allemagne, au
Royaume-Uni, en Belgique. C'est un choix de souveraineté politique, leurs
citoyens les ont élus pour cette politique et peuvent se dédire aux prochaines
élections puisque ni Orban ni Salvini pour l'heure n'ont remplacé la démocratie
par l'autocratie.
Autre aspect de cet absurde raccourci comparatif: dans les
trois cas, URSS, Italie fasciste, Allemagne nazie, la prise du pouvoir n'a rien
eu de démocratique à la différence des gouvernements italiens, autrichiens ou
hongrois vilipendés par Emmanuel Macron. La Russie est devenue l'URSS à la
suite de la révolution bolchévique qui fut pour le moins un coup de force,
venue d'une minorité politique extrémiste, favorisé par le contexte tragique
des défaites militaires russes, la Russie de Nicolas II étant membre de la
Triple entente. Staline prit le pouvoir après la mort de Lénine en 1924 après
avoir éliminé tous ses concurrents, tout aussi violents politiquement et
antidémocrates que lui, mais probablement moins malades mentalement que le
Petit père des peuples. Mussolini accéda au pouvoir après une forme d'itinérance
au demeurant ratée, la marche sur Rome d'octobre 1922. Cette démonstration de
force maquillée a posteriori par le Duce en coup d'État, aura suffi à vaincre
une démocratie italienne sans boussole, minée par les conflits internes, qui
s'effondrera d'elle-même laissant Mussolini instaurer sa dictature fasciste,
qui servira en partie de modèle à Hitler.
Dans les trois cas, URSS, Italie fasciste, Allemagne
nazie, la prise du pouvoir n'a rien eu de démocratique.
Ce dernier n'a pas été élu démocratiquement, contrairement à
la doxa qui sert le discours sentencieux actuel envers les citoyens-électeurs,
à grand renfort de «retour des heures sombres» et d'entrisme par les Forces du
Mal au sein de notre vertueuse machine démocratique. En effet, dans l'Allemagne
de la jeune République de Weimar, née de l'effondrement du Reich en 1918,
l'assemblée était élue à la proportionnelle intégrale et jusqu'aux élections de
1932 le NSDAP, le Parti des Travailleurs allemands Socialiste et National, ne
dépasse pas les 20 %. Hitler échoue également à l'élection présidentielle de
1932 qui voit la réélection d'Hindenburg. Cette campagne aidera en effet le
NSDAP à engranger des voix aux législatives suivantes puisque le parti dépasse
les 30 % des suffrages, pour autant il n'est pas majoritaire. La majorité était
composée par une coalition de centre-gauche qui n'échappa pas aux luttes
intestines largement alimentées par la gauche (SPD et KPD), et empêchera la
nomination d'un gouvernement d'union nationale qui aurait peut-être pu réduire
la puissance montante du NSDAP. C'est l'incapacité des forces politiques
démocratiques (cet adjectif est-il seulement admissible pour le KPD…) à
s'entendre pour gouverner ensemble qui explique aussi qu'Hindenburg dût se
résoudre à nommer Hitler. Il était après tout le chef du parti qui avait
obtenu, seul, 33 % des voix aux législatives, mais les démocrates, en se coalisant
durablement, pouvaient faire obstacle à sa nomination au poste de Chancelier.
C'est leur faiblesse qui fit sa force, et non pas un imaginaire raz-de-marée
électoral laissant penser que le peuple allemand aspirait unanimement à suivre
Hitler dans les années 1930.
Quant à réduire la montée des totalitarismes dans
l'entre-deux-guerres à une conséquence de la crise de 1929 comme le laisse croire
le président Macron, c'est encore ne voir l'histoire par le petit bout de la
lorgnette. Ce genre de raccourci ne sert à faire comprendre ni le passé, ni le
présent, il sert à manipuler l'opinion pour une politique à venir décidée sans
le consulter. La crise de 1929 a montré pour la première fois à l'échelle
mondiale, où conduisaient le capitalisme financier et sa spéculation sans
limite, les prises de bénéfices indignes des gros opérateurs financiers en
plein cœur d'une crise sans précédent, son culte de l'argent-roi et déjà
l'économie ouverte à tous les vents mauvais. La critique de ce capitalisme
amoral, contraire aux intérêts des peuples souverains, destructeur de la
nature, asservi aux machines et transformant l'homme lui-même en machine, fut
étouffée pendant des décennies par les délires des théoriciens de la lutte
prolétarienne. Ils ne firent qu'alimenter la puissance capitaliste qui conduira
à la multiplication des crises économiques jusqu'à celle de 2008 dont aucun
dirigeant n'a réellement tiré la moindre analyse qui se transformerait en
action politique. Au contraire, comme dans une course vers l'abyme on alimente
plus que jamais la destruction de tout ce que l'humanité a forgé en plus de
cinq mille ans d'histoire. L'homme atomisé machine à consommer est le produit
de cette crise, on l'endort en lui promettant comme seul horizon de bonheur
«plus de pouvoir d'achat». Emmanuel Macron est l'homme de ce système: la
société ouverte, inclusive, du village global, des flux sans contrôle de
marchandises et des hommes - catégories bientôt synonymes. Et pourtant il ose
accuser dans ces propos les «grands intérêts financiers qui dépassent
parfois la place des États». On peut être stupéfait quand cela est dit par
le fondé de pouvoir de la Commission de Bruxelles! Mais c'est habile pour
convaincre une opinion publique rendue amnésique qu'on la protège des petits
Hitler à nos portes, elle qu'on a rendue aveugle aux conséquences de
l'irréparable. Cet irréparable est né quand l'économie industrielle au XIXe
siècle prit le pas sur la politique au nom du Progrès, quand le capitalisme
financier décréta la mise à mort des nations européennes seules capables de
circonscrire sa dangerosité tant pour l'humanité que les écosystèmes. Cet
irréparable est né quand des experts-comptables au service d'une oligarchie
financière mondiale prirent la place des hommes d'État soucieux de défendre les
intérêts de leur nation et de protéger leurs citoyens, tous leurs citoyens.
La rédaction vous conseille :
Au secours, les années 30 reviennent… dans la bouche de
Macron
La ficelle est grosse et
inefficace
Par Anne-Sophie Chazaud - 2 novembre 2018
Dans un entretien au quotidien Ouest France,
le président de la République a comparé l’époque actuelle avec la montée du
péril fasciste des années 1930. On ne saurait dire ce qui de la naïveté (pour
rester respectueux) ou de la grossière manipulation l’emporte. Question
subsidiaire : qui peut encore être dupe de ce procédé, sinon quelques
malheureux castors égarés en plein champ ?
« Je suis frappé par la
ressemblance entre le moment que nous vivons et celui de
l’entre-deux-guerres » a donc déclaré Emmanuel Macron. Et le
voilà amalgamer dans un même fourre-tout anachronique la désormais célèbre
« lèpre nationaliste » et le spectre fictionnel d’une perte de
« souveraineté » de l’Europe. Jusqu’ici, on ignorait que cette
souveraineté eût jamais existé et encore moins qu’elle avait été désintégrée
dans les années 30.
L’imposture du front
républicain
Fustigeant le « repli
nationaliste » (ne jamais, au Dictionnaire des idées reçues,
oublier d’accoler les deux termes), le chef de l’Etat ne manque pas d’évoquer
les fameuses peurs qui agiteraient les nations, dans un propos qui serait pour
le coup lui-même effrayant et vaguement apocalyptique s’il n’était pas drôle,
et qui permet de se demander qui des peuples européens ou de certaines de leurs
élites déconnectées se plaisent à agiter les peurs. Une technique usée jusqu’à
la corde qui a permis aux actuelles élites de se maintenir au pouvoir
grâce au « barrage » dit « républicain »
On ne pensait pas que quiconque
d’un peu réfléchi oserait encore pratiquer la fameuse comparaison entre tel ou
tel climat socio-politique et les années 30, leurs heures sombres et autres
effrayants bruits de bottes tant cette figure rhétorique de l’antifascisme
post-moderne est éculée..
Or, le problème avec les
analogies historiques qui font bondir à juste titre n’importe quel historien
scrupuleux, c’est que, comme l’indiquait Paul Valéry « L’histoire
justifie ce que l’on veut. Elle n’enseigne rigoureusement rien, car elle
contient tout et donne des exemples de tout ». Outre les
approximations contenues dans le propos du président, le piège analogique se
referme sur son émetteur, puisque, si l’on commence à entrer dans le détail
desdites années 1930, la comparaison tant exploitée pourrait bien se retourner
dans le sens contraire de celui souhaité.
On peut faire dire n’importe
quoi au passé
Si l’on considère par exemple le
fait majeur de la sinistre période, à savoir la persécution antisémite, et
qu’on la reporte à l’époque actuelle, on pourrait alors se demander ce qui est
véritablement mis en place pour lutter contre les promoteurs contemporains,
principalement islamistes, de cet antisémitisme. Où est, par exemple, le fameux
discours sur la laïcité, républicain et ferme, tant attendu depuis des
mois ? S’est-il perdu dans les brumes accommodantes du dialogue qu’en
d’autres époques on qualifiait de collaboration?
On le voit, chacun peut faire
dire ce qu’il veut à n’importe quoi au grand jeu de la manipulation des interprétations.
Pareillement, le peuple supposé nationaliste et replié sur lui-même avait voté
en 1936 en faveur du Front Populaire, dont de nombreuses conquêtes en matière
de droit social et de droit du travail sont des obstacles clairs face au néo-libéralisme
actuellement au pouvoir et à la conduite des affaires européennes. La
haute finance, les grands entrepreneurs ne se sont pas distingués par leur
esprit de résistance, c’est le moins qu’on puisse dire, quand le peuple fumant
des cibiches et roulant probablement déjà à l’essence polluante permettait,
lui, l’accession au pouvoir d’un Juif en la personne de Léon Blum, alors même
que beaucoup d’élites n’hésitaient pas à scander « plutôt Hitler que le
Front populaire ». Pour être juste, ajoutons que c’est la chambre du Front
populaire qui votera les pleins pouvoirs à Pétain en 1940. Une énième preuve
que l’histoire est complexe.
D’une Allemagne l’autre
D’autres pourraient se demander
où est le Churchill contemporain, celui qui avait compris que sans résistance
on n’évitait ni le déshonneur ni la guerre, face à la déferlante totalitaire et
obscurantiste qui recouvre de son voile noir des pans croissants de la planète.
Par quelles actions les élites européennes luttent-elles contre cette
blitzkrieg contemporaine ? Comment par ailleurs comparer une époque où
l’Allemagne avait été diminuée et humiliée avec une période où au contraire
elle est en situation hégémonique au point d’étouffer ses partenaires européens
?
Enfin, si Emmanuel Macron est
fasciné par les ressemblances hypothétiques avec les années 1930, d’autres
pourraient vouloir pareillement, au gré de leurs convictions idéologiques
personnelles et de leurs petites lubies subjectives, vouloir comparer la
période actuelle avec celle de la chute de l’Empire romain, ou encore avec les
invasions barbares, la Grande Inquisition, ou l’entrisme guerrier d’Al-Andalus…
Passéistes vs progressistes,
la grande mystification
On le voit, toutes ces
comparaisons ne sont pas raison, ou alors il faudrait les accepter toutes au
même niveau de légitimité, ce qui bien sûr est inenvisageable puisque le but
ici est de livrer une vision binaire et manichéenne de la situation actuelle
afin de criminaliser toute critique de l’Union européenne et de l’ouverture des
frontières qui la caractérise.
Par-delà la grossière
manipulation visant à faire passer les résistants d’aujourd’hui pour de
dangereux passéistes et les accommodants d’aujourd’hui pour d’éminents
progressistes, il est enfin une curieuse et naïve croyance qui voudrait que
l’on tire de quelconques leçons de l’Histoire. Outre que c’est un sujet
régulièrement traité depuis des décennies dans les dissertations du bac, on
rappellera donc, avec Louis-Ferdinand Céline, que « l’histoire ne repasse
pas les plats ».
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