QI, handicap culturel, fossé
social : l’institution scolaire ne peut corriger toutes les inégalités de
départ. Pourtant, certains lui demandent l’impossible. Mise au point.
Extrait : "La France, depuis au moins les trois dernières livraisons des évaluations internationales PISA, serait le pays des inégalités.
Quand on y va voir d’un peu plus près, c’est une autre histoire. A l’appui de cette condamnation, on attribue aux seules différences de statut économique, social et culturel (SESC) la production des inégalités en ignorant notamment les facteurs ethniques.
Or la France se caractérise à la fois par l’importance de ses flux migratoires et par leurs origines : les immigrés d’Afrique ont des résultats scolaires inférieurs aux autres immigrés et à la population majoritaire après prise en compte du statut socio-économique."
On connaît la chanson : les
inégalités scolaires s’accroissent ; l’école française accroît les
inégalités scolaires, étant plus inégale que les autres. De ces trois constats,
souvent éplorés, parfois révoltés, seul le premier est à peu près vérifié.
Quels que soient l’âge et la matière – mathématiques ou maîtrise de l’écrit -,
les écarts entre les meilleurs et les plus faibles se creusent sans que
les meilleurs progressent pour autant ; cela dépend et c’est aussi bien
l’amélioration de l’efficacité du système (en permettant à tous de donner le
meilleur d’eux-mêmes les élèves favorisés apprennent plus) que sa détérioration
(en étant moins performante l’école va laisser plus de poids aux transmissions
familiales) ou qu’un effet de composition (l’évolution des flux migratoires
notamment) qui pourraient en être la cause.
L’école face aux inégalités de
QI
En revanche, alors que la
scolarité s’accompagne d’un accroissement des écarts, il est aberrant d’en
imputer la responsabilité au système éducatif. Prétend-on vraiment que s’il n’y
avait pas de scolarisation les écarts diminueraient ? Le QI et les
résultats scolaires sont pour une large part génétiques et héréditaires (entre
30 % et 70 % selon les sources) et le capital socio-culturel se
transmet aussi bien que le capital économique. Ces deux puissants facteurs
continuent de produire leurs effets tout au long d’une scolarité qui ne peut
que partiellement les compenser.
L’objectif d’une disparition de
ces inégalités est donc une chimère. Elle est de surcroît une chimère
pernicieuse pour deux raisons : d’une part, parce qu’en insinuant qu’il
serait possible de les annihiler, on véhicule aussi l’idée que le système est
biaisé en faveur des possédants, ce qui nourrit les ressentiments qu’on
constate tous les jours. D’autre part, parce qu’inférer de la seule
constatation des inégalités d’arrivée la preuve d’une discrimination c’est
inciter à des politiques alternatives non seulement coûteuses mais inefficaces
voire néfastes : Les méthodes idéovisuelles d’apprentissage de la lecture,
les expérimentations et les innovations incontrôlées ont souvent pour premières
victimes les enfants des milieux défavorisés.
Mais dès lors qu’il subsistera
toujours des écarts, quels objectifs fixer et comment paramétrer les
efforts de promotion des élèves défavorisés ? Les comparaisons
internationales peuvent fournir des éléments de parangonnage. Encore faut-il ne
pas leur faire dire n’importe quoi…Et les discours tenus autour des évaluations
PISA sont à cet égard inquiétants : la France depuis au moins les trois
dernières livraisons serait le pays des inégalités. Il est très curieux que
l’Allemagne qui scolarise les enfants tardivement et met en œuvre des filières
précoces d’orientation en ressorte plus égalitaire avec il est vrai un profil
migratoire différent.
Ce que dit l’OCDE
Quand on y va voir d’un peu plus
près, c’est une autre histoire. A l’appui de cette condamnation sans équivoque,
on nous sert, en effet, la plus défavorable des corrélations et indicateurs
calculés. Cette corrélation emblématique fait bon marché du caractère
multifactoriel des apprentissages et attribue aux seules différences de statut
économique, social et culturel (SESC) la production des inégalités en ignorant
notamment les facteurs ethniques.
Or la France se caractérise à la
fois par l’importance de ses flux migratoires et par leurs origines : les
immigrés d’Afrique ont des résultats scolaires inférieurs aux autres immigrés
et à la population majoritaire après prise en compte du statut
socio-économique.
On confond donc potentiellement
effet de rendement de l’école et effet de composition de ses publics. Et
lorsque l’OCDE intègre l’ensemble des facteurs explicatifs et les met en
relation avec les inégalités de résultats, le poids du SESC n’est pas très
différent en France de la moyenne et significativement plus faible… qu’en
Finlande qui nous était encore il y a peu donnée en exemple pour la pertinence
de ses méthodes pédagogiques. Il est extrêmement troublant que ces données ne
soient pas publiées mais seulement accessibles.
Pour ce qui concerne les
immigrés, les données OCDE montrent une autre réalité : si les immigrés de
première génération ont des performances inférieures en France, cet écart s’y
réduit beaucoup plus fortement qu’ailleurs pour ceux de seconde génération, si
bien qu’il n’est pas exclu que l’école républicaine parvienne tout de même à
certains résultats !
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