source : Frère Rachid interpelle le roi du Maroc, Mohammed VI, sur les persécutions religieuses subies par les chrétiens marocains
Bezza Amrouche
L’apostasie se dit en arabe Al-Ridda, irtidād*, (recul, défection). Elle se présente dans l'islam comme le rejet de la religion par un musulman, par le fait de renier sa foi publiquement. Même si le Coran* réprouve l’apostasie, il n’accompagne cette condamnation d’aucune peine particulière. Il part en effet du principe que la foi, comme tout ce qui concerne l'être intérieur, est du domaine exclusif de Dieu.
Il n’existe du reste, non plus, aucun verset dans le Coran* qui appelle à condamner ou à punir corporellement, ici-bas, les personnes qui ne font pas la prière ou le jeûne du mois du Ramadan*. Ces domaines, selon la théologie musulmane, relèvent de la relation de l’individu avec son créateur, qui seul en est le juge.
Pour ce qui est de l’apostasie, on dénombre environ six textes abordant ce sujet :
Il n’en va pas de même des autres transgressions reconnues par le Coran, celles en particulier, qui ont été commises à l’encontre d’autrui : vol, meurtre, adultère, etc. Ces fautes exigent, selon le Coran, des punitions corporelles (ici-bas) qui vont du sectionnement de la main pour le voleur à la lapidation pour l’adultère et jusqu’à la mise à mort pour le meurtrier.
- « ...et ceux qui parmi vous abjureront leur religion et mourront infidèles, vaines seront pour eux leurs actions dans la vie immédiate et la vie future ; Voilà les gens du Feu : ils y demeureront éternellement » (Q 2.217b).
- « Ô les croyants ! quiconque parmi vous apostasie de sa religion… Allah va faire venir un peuple qu’Il aime et qui L’aime, modeste envers les croyants et fier et puissant envers les mécréants, qui lutte dans le sentier d’Allah, ne craignant le blâme d’aucun blâmeur. Telle est la grâce d’Allah. Il la donne à qui il veut. Allah est Immense et Omniscient » (Q 5.54).
- « Ceux qui ont cru, puis sont devenus mécréants, puis ont cru de nouveau, ensuite sont devenus mécréants, et n’ont fait que croître en mécréance, Allah ne leur pardonnera pas, ni les guidera vers un chemin droit » (Q 4.137).
- « Quiconque renie Dieu après avoir cru – à moins d’y être contraint tout en demeurant fidèle intérieurement à sa foi –, ainsi que ceux qui ouvrent délibérément leur cœur à l’impiété, ceux-là, la colère de Dieu s’abattra sur eux et ils seront voués à un terrible châtiment » (Q 16.106).
Un premier constat s’impose à la lecture de ces versets : même si les apostats seront rejetés par Dieu au dernier jour, le Coran* n'évoque aucun châtiment corporel qui doive leur être infligé par les autorités musulmanes ici-bas.
- « Ceux qui sont revenus sur leurs pas après que le droit chemin leur a été clairement exposé, le diable les a séduits et trompés. C'est parce qu'ils ont dit à ceux qui ont de la répulsion pour la révélation d'Allah : "Nous allons vous obéir dans certaines choses". Allah cependant connaît ce qu'ils cachent. Qu'adviendra-t-il d'eux quand les Anges les achèveront, frappant leurs faces et leurs dos ? Cela parce qu'ils ont suivi ce qui courrouce Allah, et qu'ils ont de la répulsion pour [ce qui attire] Son agrément. Il a donc rendu vaines leurs œuvres » (Q 47.25-28).
- « Et si quelqu'une de vos épouses s'échappe vers les mécréants, et que vous fassiez des représailles, restituez à ceux dont les épouses sont parties autant que ce qu'ils avaient dépensé. Craignez Allah en qui vous croyez » (Q 60.11).
De nos jours, il n'existe pas d'attitudes punitives homogènes à travers le monde musulman. Rares sont les pays qui ont réellement intégré des sanctions corporelles à leur législation à l'encontre des apostats (uniquement quatre pays ont des lois explicites condamnant à mort les apostats : Mauritanie, Arabie Saoudite, Somalie, Soudan). Globalement la tolérance semble donc plus grande vis-à vis-des personnes qui ont choisi une autre religion que l'islam. C’est le cas des pays de l’Afrique du Nord, d’Asie et de certains pays du Moyen-Orient, sans doute dans le but de montrer patte blanche auprès de la communauté internationale et pour être conformes au droit le plus élémentaire, comme la liberté de conscience.
D’où est donc partie cette idée d'une mise à mort des apostats attribuée à l'islam ? Elle ne figure en fait que dans les hadiths* et en particulier dans un seul rapporté par Ibn 'Abbâs (il n'avait que 13 ans à la mort du Prophète). Il y rapporte que Mohamed* aurait dit : « Quiconque change sa religion, tuez-le ! ». Ces propos rapportés par al-Bukhari(1) ne sont pas, par exemple, repris par Muslim, une autre autorité de la même époque en matière de hadiths*.
Certains événements historiques sont venus conforter l’application de cette sentence.
- Tout d’abord la guerre qui s’est produite après la mort de Mohamed*, et que l’on a nommée « la guerre de l’Apostasie ». Cette guerre a eu lieu sous le premier calife* Abu Bakr ; elle visait ceux qui, après la mort de Mohamed*, s’étaient détournés de l’islam pour retourner au polythéisme.
3- Peut-on considérer les chrétiens d’origine musulmane comme des personnes qui ont abandonné Dieu ? Dans ce cas, comment expliquer le titre de « Peuple du Livre » accordé par le Coran* aux juifs et aux chrétiens ? Que vaut alors le statut de "religions monothéistes" que la théologie musulmane reconnaît au judaïsme, au christianisme et à l’islam ?
- Le deuxième exemple s’est également produit sous Abu Bakr. On rapporte « qu’on avait amené une femme qui s’était détournée de l’islam, et Abu Bakr aurait ordonné qu’on la tue » conformément au Hadith* cité plus haut.
En fait, la majorité des gouvernements musulmans misent sur la pression que pourrait exercer la famille et la société. Ainsi dans plusieurs des cas, l’apostasie entraîne automatiquement des conséquences civiles qui peuvent rendre la vie impossible : la dissolution du mariage, le retrait de la tutelle sur les enfants, la perte du travail, la privation du droit à l'héritage... Faute de pouvoir tuer les apostats, l'éloignement de l'islam, dans la majorité des pays musulmans, mène à une mort civile.
Face à l'absence de texte explicite dans le Coran* condamnant à mort celui qui quitte l’islam, plusieurs questions peuvent être relevées :
1- Si le Coran* s’est abstenu de demander la mise à mort ici-bas des apostats, laissant entendre qu’il s’agit d’une affaire qui se réglera à la fin des temps entre l’homme (désobéissant) et Dieu (son créateur), pourquoi les théologiens ont-ils pris la liberté de condamner à mort toute personne qui quitterait l'islam ?
Qu'est-ce qui est le plus précieux pour Dieu, avoir foi en Lui, ou adhérer à une religion précise ? N'est-il pas écrit dans le Coran* : « Nulle contrainte en religion ! Car le bon chemin s’est distingué de l’égarement » ? (Q 2.256) Ou encore : « Est-ce à toi de contraindre les gens à devenir croyants ? » (Q 10.99).
2- Pourquoi n’existe-t-il qu’un seul hadith*, d’ailleurs controversé et appuyé par aucun verset coranique, pour une question aussi capitale ?
Les versets du Coran* ne semblent-ils pas plutôt viser ceux qui ont abandonné définitivement Dieu pour devenir athées (quand il parle de mécréance "Kufr",) plutôt que ceux qui se seraient convertis à une autre religion monothéiste tout en continuant à croire au Dieu Créateur ?
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" Même si le Coran* réprouve l’apostasie, il n’accompagne cette condamnation d’aucune peine particulière."
Qui est apostat n'est plus musulman, et on sait le traitement que les musulmans réservent aux non-musulmans dès qu'ils parviennent au pouvoir : c'est écrit noir sur blanc dans le coran :
sourate 9 v29 : "Combattez ceux qui ne croient pas en Allah, qui ne considèrent pas comme illicite ce qu'Allah et son prophète ont déclaré illicite (...) jusqu'à ce qu'ils paient, humiliés et de leurs propres mains le tribut."
sourate 2 v216 : "Le combat vous est prescrit et pourtant vous l'avez en aversion. Peut-être avez-vous de l'aversion pour ce qui est un bien et de l'attirance pour ce qui est un mal. Allah sait et vous ne savez pas"
sourate 9 v5 : "lorsque les mois sacrés seront expirés, tuez les infidèles partout où vous les trouverez. (...)"
sourate 8 v17 : "Vous ne les avez pas tués (vos ennemis). C'est Allah qui les a tués. Lorsque tu portes un coup, ce n'est pas toi qui le porte mais Allah qui éprouve ainsi les croyants par une belle épreuve" [évacuation de responsabilité]
sourate 47 v35 : "Ne faiblissez pas et ne demandez pas la paix quand vous êtes les plus forts et qu'Allah est avec vous ! (...)"
►Concernant la provocation à la discrimination et à la haine des non-musulmans (athées ou membres des autres confessions) :
sourate 5 verset 33 : "la récompense de ceux qui font la guerre à Allah (...) c'est qu'ils soient tués ou crucifiés, ou que soient coupés leurs mains ou leurs pieds (...)"
sourate 9 verset 28 : "les infidèles ne sont que souillure"
sourate 9 verset 30 : (les juifs et les chrétiens) "Qu'Allah les maudisse (...)"
(Remarque : dans l'Islam, maudire quelqu'un ou l'accuser d'être impur sont ce qu'on peut porter de pire comme attaque verbale ; un peu l'équivalent de notre moderne "salafiste de pute")
Les juifs sont décrits comme des êtres injustes, des pervers sans foi ni loi (sourate 2 verset 89/95, sourate 2 verset 79/85, sourate 2 verset 73/79, sourate 5 verset 41). La sourate 4 est un torrent d’animosité envers les juifs (versets 154, 155, 156, 157) tandis que la sourate 62 verset 5 les compare à des ânes. Concernant certains, il n’a pas tort, mais tous, c’est excessif.
► Concernant la liberté de croyance, vous savez, le fameux « pas de contrainte en religion » pour les gogos :
sourate 4 verset 89 : "(ceux qui tournent le dos à l'Islam) saisissez-les alors, et tuez-les où que vous vous trouviez."
Alors NO COMMENT !!!