Le projet de loi
Peillon est maintenant connu. Sous couvert de servir l’intérêt des élèves, il
confirme les craintes exprimées par FO. Il s’articule avec le projet de loi de
décentralisation (« acte III de la décentralisation ») et le décret
sur les rythmes scolaires, eux aussi connus. Faire de nous des « profs de
socle » dans les « territoires », pourrait résumer les intentions
ministérielles sans fard.
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M. Peillon se targue
d’avoir obtenu le consensus : c’est faux ! Pour sa part, FO a voté contre.
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LE SOCLE, UNE MACHINE DE GUERRE CONTRE LES DISCIPLINES, CONTRE LA TRANSMISSION DES CONNAISSANCES |
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Les « nouveaux contenus d’enseignement » (p. 32) : parcours de découverte du monde économique et professionnel (rentrée 2015 de la 6ème à la 3ème), « éducation aux médias numériques » ; « enseignement moral et civique » ; « l’éducation artistique et culturelle » ; « parcours individuel d’information, d’orientation et de découverte du monde économique » ont comme point commun de ne plus appartenir à une discipline mais de toutes les traverser. Ils s’ajoutent aux enseignements antérieurs comme l’histoire des arts. L’enseignant n’est plus professeur de sa discipline mais prof de socle. Ce à quoi prépareront les ESPE qui doivent « encourager le développement de projets transversaux et interdisciplinaires ».(p30), préparer au métier d’enseignant et non plus à enseigner une discipline.
Si les enseignants échangeaient leurs services avec les professeurs des écoles, cela occasionnerait une charge de travail supplémentaire, une réunionnite aiguë, une redéfinition des services et du temps de travail.
Les professeurs d’EPS
Dans la loi Peillon, le socle est le seul horizon, le DNB n’atteste donc plus « la maîtrise des connaissances et des compétences définies à l’article L. 122-1-1 », il n’intègre donc plus « les résultats de l’enseignement d’éducation physique et sportive ». Ces formules ainsi retirées permettent de valider par le DNB tout et n’importe quoi. Le DNB devient une validation globale et non plus par discipline Dans le cadre de l’école du socle, les PEPS peuvent intervenir aussi bien dans les 1er que le 2nd degré.
Dans le plan national de développement du sport scolaire, parmi les 101 propositions, celles qui concernent la gestion des AS conduisent toutes au désengagement de l’Etat. Les difficultés de financement rencontrées par les AS risquent de remettre en cause leur existence et les 3 heures de service du forfait AS intégré au service des enseignants d’EPS. « Des activités sportives sont proposées à tous les élèves volontaires, notamment dans les territoires prioritaires, tout au long de l’année en complément des heures d’éducation physique et sportive. Ces activités doivent avoir un sens pédagogique autour des valeurs transmises par le sport comme le sens de l’effort et du dépassement de soi, le respect de l’adversaire et des règles du jeu. » (p. 46 annexe)
Les professeurs d’arts plastiques et d’éducation musicale Ces disciplines sont directement menacées.
Dans la loi Peillon, le terme « enseignements artistiques » disparaît au profit de « l’éducation artistique et culturelle » (article 9) qui n’est donc pas nécessairement « enseignée ». De même, « création et techniques » disparaissent pour leur substituer créativité et pratiques. Le mot « disciplines » disparaît carrément .
Mise « en place d’une véritable éducation artistique et culturelle tout au long de la scolarité des élèves ». Volonté « d’adopter une approche globale d’éducation, artistique et culturelle, qui couvre l’ensemble des enseignements mais aussi les actions éducatives qui les complètent sur les temps scolaire et péri scolaire » « Ce parcours peut s’inscrire dans le cadre d’un partenariat avec les collectivités territoriales et les organismes oeuvrant dans le domaine artistique et culturel. » (art 9, exposé des motifs). La distinction entre l’enseignant, l’animateur et l’intervenant extérieur devient difficile tout autant que la définition du temps de travail de l’enseignant. Ces enseignants peuvent intervenir indistinctement en école comme en collège.
Les professeurs de technologie
D’un côté, l’enseignement au numérique envahit tous les programmes : « La formation à l’utilisation des outils et des ressources numériques est dispensée progressivement à l’école, au collège et au lycée. Elle s’insère dans les programmes d’enseignement et peut également faire l’objet d’enseignements spécifiques. » (article 11) De l’autre, les « enseignements de technologie et d’informatique » sont remplacés dans la loi par une section consacrée à « la formation à l’utilisation des instruments et des ressources numériques ». Il ne reste dans la loi que « l’initiation technologique » (art 31) complétée par « l’éducation aux médias numériques ».
Les professeurs d’histoire-géographie
L’enseignement moral et civique est introduit. Il s’agit « d’introduire un objectif de développement du sens moral et de l’esprit critique de l’enfant, là où la rédaction actuelle a une approche fondée principalement sur l’acquisition des connaissances et des instruments du savoir. » Cette modification fait glisser l’éducation civique de l’enseignant d’histoire à tous les enseignants tout comme l’éducation aux médias numériques.
Une bombe à fragmentation De la même manière que la loi Fillon d’avril 2005, la loi Peillon de « refondation de Ecole » pose un cadre législatif très large ouvrant la porte à une multitude de décrets d’application. Le principe directeur de la loi Peillon est de permettre la redéfinition locale de tout ce qui auparavant était protégé par un cadre national. Les décrets permettraient de décliner la loi en autant de dérogations aux horaires et programmes nationaux, aux diplômes et aux statuts des personnels. Ainsi la loi Fillon, par son article 34 (intégralement maintenu dans la loi Peillon), a permis au ministre Chatel de décréter le recrutement des enseignants par le chef d’établissement, la dérogation aux horaires et programmes nationaux dans les ECLAIR. Le dispositif ECLAIR ne figure pas dans la loi Fillon, mais celle-ci le rend possible. Selon la même méthode, la loi Peillon ouvre la porte à des dérives beaucoup plus importantes. La lecture comparative avec la loi Fillon fait apparaître que la loi Peillon n’apporte aucune amélioration au cadre réglementaire mais enlève de nombreux principes de droit. Ainsi, la notion de scolarité obligatoire jusqu’à 16 ans disparaît avec la loi Peillon. Derrière ces cadres réglementaires, il y a d’une part le droit à un égal accès des élèves à l’instruction, d’autre part les statuts des personnels. Pour FO les choses sont claires, ce projet de loi doit être retiré, le ministre doit y renoncer. |
source FO : Projet de loi : Argumentaire FO - Pourquoi avoir voté contre ?
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