Huitième chapitre de
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CHAPITRE VIII
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RETOUR SUR LA MULTIPLICATION ET LA
DIVISION.
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— Enfin !
soupira Ramasse-Tout, j’espère que vous y avez mis le temps !
— Tu es un
égoïste, répliqua vivement Partageur. Je n’ai rien dit, moi, pendant que l’on faisait
ton opération, qui a été encore plus longue; et la mienne n’a pas pris bien sûr
trop de temps pour ce qu’elle vaut. Elle est bien plus belle que la tienne.
— Peut-on dire
cela, par exemple! La multiplication est bien plus belle que la division : elle
n’est pas si entortillée. Après cela, tu auras beau dire, qu’elles soient
belles toutes les deux tant qu’elles voudront, c’était plus amusant au commencement.
On avait sous les yeux ce que l’on faisait, et l’on comprenait mieux.
— Oh ! tête
paresseuse ! s’écria en riant Pinchinette. À quoi sert donc d’avoir une intelligence
dans la tête, si l’on ne peut comprendre que ce que l’on a sous les yeux ? C’est
juste ce que dirait ton âne, s’il pouvait parler.
Mais voyons,
puisque tu regrettes mon ancienne manière, nous allons recommencer avec les
sacs et les boîtes.
Prenons
chacun 5 pommes, 4 sacs et 6 boîtes.
Voilà
maintenant nos trois parts bien alignées. Tu es content; tu les vois.
Il y a là 3 lignes
contenant chacune 645 pommes. Il s’agit de voir combien feront 3 fois 645
pommes.
3 est le
multiplicateur, 645 le multiplicande; le nombre que nous allons trouver sera le
produit.
3 fois 5 font
15. Je commence par mettre en place les 5 pommes, et j’ai de quoi faire 1 sac que
je garde dans la main.
3 fois 4 font
12. Avec le sac de tout à l’heure, nous avons, à nous trois, 13 sacs,
c’est-à-dire 3 sacs et 1 boîte. Mettons les 3 sacs à côté des pommes, et
gardons la boîte.
3 fois 6 font
18. Une boîte de plus, cela fait 19. Voilà 9 boîtes qui vont aller à côté des
trois sacs, et les 10 autres feront un panier.
Qu’avons-nous
en tout? 1 panier, 9 boîtes, 3 sacs et 5 pommes.
Vous savez
comment cela s’écrit ?
1.935
Voilà le
produit de la multiplication de 645 par 3.
Es-tu
satisfait?
— Tu es
vraiment trop complaisante, chère Pinchinette. Si j’oublie cela maintenant, je
te permets de me gronder.
— Et la division?
dit Partageur, qui était jaloux des droits de son opération, est-ce qu’on pourrait
aussi la faire de cette façon-là?
—
Certainement. Tu vois ces 1.935 pommes que je viens de réunir, amusons-nous
maintenant à les partager entre nous trois.
1.935 sera le
dividende, 3 le diviseur. Le nombre des pommes qu’aura chacun de nous sera le
quotient.
Il n’y a
qu’un panier. Il ne faut pas être bien malin pour voir que nous ne pouvons pas
en avoir chacun un.
Le panier
vidé de ses boîtes, nous avons 19 boîtes. 3 fois 6 font 18. Partageons 18 boîtes
entre nous trois, nous en aurons chacun 6, et il en restera une.
Cette boîte-là
vidée de ses sacs, nous ayons 13 sacs. 3 fois 4 font 12. Partageons 12 sacs entre
nous trois, nous en aurons chacun 4 et il restera un.
Ce sac-là
vidé de ses pommes, nous avons 15 pommes. 3 fois 5 font 15. Nous aurons juste chacun
5 pommes, et il ne restera plus rien.
Notre
division est faite. Le tas de 1.935 pommes a complètement disparu, et nous en
avons chacun 645. C’est là notre quotient.
— Bravo!
Pinchinette, dit Partageur en se frottant les mains de plaisir. Maintenant
c’est tout à fait clair pour moi. Mais nous t’avons gardée assez longtemps.
C’est le moment de nous mettre en route, si nous voulons arriver dans les
maisons avant l’heure du dîner. Je suis pressé de raconter aux gens tout ce que
nous savons faire, grâce à toi. J’en connais qui vont ouvrir de grands yeux.
Les deux
garçons embrassèrent tendrement leur sœur, qui reprit le chemin de la demeure de
sa marraine, la figure un peu rouge, pour dire la
vérité, car vous pouvez penser qu’elle avait fait joliment travailler sa tête
depuis qu’elle était avec ses frères. Mais comme il arrive toutes les fois
qu’on a bien travaillé, elle se sentait légère comme une plume. La chanson des
petits oiseaux lui donnait des envies de danser. Les fleurs du chemin lui
semblaient plus belles et sentaient meilleur que jamais. Tout lui riait autour
d’elle, comme au fond de son cœur; et les passants qui la rencontraient ne
pouvaient s’empêcher de dire, en se retournant pour la suivre du regard :
« Voilà une petite fille qui est bien heureuse. »
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