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CHAPITRE XII
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Calcul des monnaies anglaises -Nombres complexes |
source : http://www.woodlands-junior.kent.sch.uk/customs/questions/moneyold.htm |
Les Anglais ont des livres sterling, dont chacune vaut
20 shillings, et chaque shilling vaut 12 pence.
Ce sont là des nombres complexes. Les subdivisions de la monnaie anglaise ne rentrent pas dans le cadre si simple de la numération décimale, comme la monnaie française, par exemple, où le franc se divise en 10 décimes, subdivisés eux-mêmes en 10 centimes. Aussi les sommes énoncées en monnaie française se prêtent-elles aux opérations de l’arithmétique avec la même facilité que les nombres abstraits. 375 et 3 fr. 75 c. se comporteront dans un calcul exactement de la même manière, qu’il s’agisse d’une addition, d’une soustraction, d’une multiplication où d’une division. L’opération faite, le résultat sera ramené d’un trait de plume à sa véritable valeur, au moyen de la virgule.
Il n’en serait pas de même avec 3 livres, 7 shillings, 5 pence.
Les chiffres ici ne représentent plus des valeurs de dix en dix fois plus
fortes ou plus faibles, selon qu’on va de droite à gauche ou de gauche à
droite. Le 7 des shillings représente des valeurs 12 fois plus fortes que le 5
des pence, et 20 fois plus faibles que le 3 des livres, et la virgule, dont le
déplacement transforme à si peu de frais 3 fr. 75 c., en 37 fr. 50 c., en 375
francs, cette virgule si commode n’a plus d’emploi possible.
Tout notre système de calcul a l’air de crouler ici
par sa base, et pourtant il est plus facile qu’on ne pourrait le croire, au premier
abord, de l’appliquer à ces nombres fantasques sur lesquels il semblerait qu’il
n’a pas de prise.
Pour s’en convaincre, il suffit de considérer que
cette progression régulière des nombres décimaux ne les empêche pas de
représenter des valeurs différentes; que dans tous les calculs d’addition, simple ou abrégée, les
dizaines, par exemple, se groupent à chaque instant pour produire des centaines
; que dans tous les calculs de soustraction, simple ou abrégée, les centaines
se décomposent à leur tour pour produire des dizaines, et qu’il en est ainsi
pour les unités de tout ordre. Rien de plus aisé que de mettre les nombres
complexes à ce régime, si l’on veut se donner la peine de les suivre dans leurs
caprices.
Soit à additionner[1] :
Vous ne reconnaissez rien à ce total. Examinons comment
il a été obtenu :
L’addition des pence a donné 20, à savoir 1 shilling et
8 pence.
L’on a mis 8 sous la colonne des pence, et l’on a reporté
1 à la colonne des shillings, comme dans l’addition ordinaire, avec cette différence
que c’est une douzaine qui a été reportée, au lieu d’une dizaine.
Les 21 shillings, total de 7, 9 et 5, augmentés de
l’unité venue de la colonne des pences, ont fait 22, à savoir 1 livre et 2 shillings.
L’on a posé 2 et augmenté d’une unité le total des
livres sterling : 3, 2 et 4 = 9 ; 9 + 1 = 10.
L’on s’y prend de la même façon pour la soustraction.
Retranchons l’un de l’autre nos deux premiers nombres :
Ici nous avons opéré comme à l’habitude, avec cette différence
qu’au lieu d’emprunter des dizaines et des centaines, nous avons emprunté des
douzaines et des vingtaines.
Les 12 pence du shilling emprunté joints aux 5 existants
ont fait 17, réduits à 10 par la soustraction de 7.
Il ne restait plus que 6 shillings au grand nombre.
Ils sont devenus 26 par l’emprunt d’une livre, 26 diminué de 9 a donné 17.
Les 3
livres réduites à 2 ont été annulées par les 2 du petit
nombre. Il y a un zéro à la colonne des livres.
Les choses se sont passées, en définitive, comme pour une
soustraction ordinaire.
La multiplication
des nombres complexes se fait par une série de multiplications, avec un
report semblable à celui de l’addition, par chaque produit partiel.
Soit £ 3 7 sh. 5 p. à multiplier par 6 :
£ 3.7.5
6
£ 20.4.6
6 fois 5 pence donnent 30 pence, à savoir 2 shillings et
6 pence.
6 fois 7 shillings donnent 42 shillings qui deviennent
44, grâce aux 2 venus des pences. Cela fait 2 livres et 4 shillings.
6 fois 3
livres font 18 qui deviennent 20, grâce aux 2 venues des
shillings.
Les choses se sont passées encore cette fois comme dans
la multiplication ordinaire, qui se fait aussi par une série de multiplications
partielles, avec reports d’une colonne à l’autre.
La division des
nombres complexes reproduit également celle des nombres décimaux. Comme
avec ceux-ci, elle commence par les valeurs supérieures du dividende se
réunissant à leurs voisines si leur chiffre est insuffisant pour contenir le
diviseur.
Si l’on avait affaire au nombre décimal 375, les 3
centaines se changeraient en 30 dizaines qui feraient 37 avec les 7 dizaines
existantes. L’on dirait 6 est contenu dans 37, 6 fois pour 36, et il resterait
1 dizaine qui se transformerait en 10 unités.
Ici les 3
livres sterling sont devenues 60 shillings qui ont fait
67 avec 7 shillings existant.
L’on a dit 67 contient 11 fois 6 pour 66 shillings et il
reste un shilling qui se transforme en 12 pence devenus 17 avec les 5 pence
existant.
6 est contenu 2 fois dans 17 pour 12. Restent 5 pence dont
on fait 5/6 de pence pour compléter le quotient.
Il faut renoncer aux fractions décimales avec les nombres complexes, mais il ne faut pas
oublier qu’il y a des cas de divisions ordinaires, celui des décimales
périodiques par exemple, où l’on se rabat aussi sur une fraction ordinaire pour
compléter le quotient.
L’addition, la soustraction, la multiplication et la
division des nombres complexes peuvent encore se faire en employant le procédé
qui nous a déjà servi pour le calcul des intérêts (voir ici)
: convertir en jours les mois qui appartiennent aussi à la catégorie des
nombres complexes, et prendre l’intérêt des jours.
On peut convertir les livres en shillings, les
shillings en pence, additionner les pence qui retombent, étant seuls, dans les
conditions des nombres décimaux, les soustraire, les multiplier, les diviser à
la manière ordinaire. Les résultats obtenus sont ensuite ramenés aux conditions
des nombres complexes, en divisant les pence par 12 pour en extraire ce qu’ils
contiennent de shillings, et les shillings par 20, pour en extraire ce qu’ils
contiennent de livres.
Essayez de ce procédé sur les trois nombres que nous avons
additionnés en commençant :
Vous arriverez au total que nous avons obtenu 10.2.8 et
de même pour les autres opérations.
Ce procédé-là est plus long et plus compliqué que
l’autre. Je vous l’indique seulement pour mémoire. Il est inutile de vous dire
que les calculs faits tout à l’heure avec les livres sterling, les shillings et
les pence peuvent se faire avec tous les nombres complexes quels qu’ils soient.
C’est trop facile à comprendre.
[1] Les Anglais emploient le signe £, mis en avant du
nombre, pour indiquer qu’il exprime des livres sterling. Les chiffres des shillings
et des pence viennent à la suite, séparés chacun par un point.
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