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CHAPITRE II
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SYSTÈME MÉTRIQUE |
Il y avait en
France, avant la Révolution de 1789, autant de poids et de mesures que de
provinces, de villes quelquefois. De là un embarras universel, qui embrouillait
tous les comptes et donnait prise à la fraude.
C’était une
réforme à faire, réclamée depuis longtemps, que le respect des vieux usages et
l’amour-propre local, sans parler des intérêts en jeu, avaient empêchée jusque-là
d’aboutir, absolument comme aujourd’hui dans les pays encore rebelles au
système métrique, qui s’obstinent à repousser un progrès auquel ils
n’échapperont pas.
Les hommes de
la Révolution française, résolus d’en finir avec un état de choses condamné par
la raison, conçurent l’idée, aussi hardie que généreuse, d’établir un système
de poids et mesures à l’usage, non seulement du peuple français, mais de tous
les peuples, et une commission de savants fut nommée à cet effet.
Ne voyant
rien de plus acceptable pour le genre humain tout entier que le globe même sur
lequel il est dispersé, elle imagina d’aller lui demander le point de départ de
son système de poids et mesures.
Je
n’entreprendrai pas de vous expliquer comment, et à la suite de quels tâtonnements,
les astronomes sont parvenus à mesurer le globe terrestre avec plus de précision
qu’un marchand ne mesure une pièce d’étoffe : il faudra m’en croire sur parole.
Or, la mesure de longueur, base fondamentale de tout le système de poids et mesures
imaginé par les savants français, est la dix millionième partie de la distance
entre le pôle et l’équateur.
On lui donna
le nom de MÈTRE, du mot grec, metron,
qui signifie mesure, et de là le nom de système métrique.
L’échelle des
mesures dans le système métrique a été établie sur le plan de la numération
décimale.
Partant du
mètre qui est l’unité première de longueur, on a fait :
En montant,
des unités supérieures de dix mètres, cent mètres, mille mètres, dix mille
mètres;
En
descendant, des unités inférieures d’un dixième de mètre, d’un centième, d’un
millième : il a été jugé inutile d’aller plus loin dans ses subdivisions.
Les noms des
unités supérieures ont été empruntés au grec : déka, dix ; hecto, cent; kilion, mille ; myria, dix mille.
Les noms des
unités inférieures ont été empruntés au latin : decem, dix ; cenftun, cent ; titille, mille.
Voici donc
l’échelle complète des mesures de longueur, en commençant par le haut.
Myriamètre,
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dix
mille mètres.
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Kilomètre,
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mille
mètres.
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Hectomètre,
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cent
mètres.
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Décamètre,
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dix
mètres.
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MÉTRE.
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Décimètre,
|
dixième
de mètre.
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Centimètre,
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centième
de mètre.
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Millimètre,
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millième
de mètre[1].
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Ce sont là
les multiples et les sous-multiples du mètre[2].
Nous
retrouverons les mêmes noms, grecs et latins, employés aux mêmes places dans
toutes les autres séries de mesures.
Le myriamètre,
le kilomètre et l’hectomètre s’emploient seulement pour mesurer les distances.
Quatre kilomètres font la lieue métrique.
Pour mesurer
les surfaces, grandes ou petites, on les évalue par carrés ayant pour côté une des mesures énumérées ci-dessus, depuis
le myriamètre jusqu’au millimètre, et contenus chacun 100 fois dans le carré
d’ordre supérieur, dont le côté est dix fois plus grand. Ainsi le décamètre
carré est contenu 100 fois dans l’hectomètre carré, et contient 100 fois le
mètre carré. On peut, en effet, se le représenter comme une rangée de dix
bandes juxtaposées, dont chacune serait de 10 mètres
carrés accolés à la file : 10 X
10 = 100.
La superficie
des terrains a pour unité de mesure l’aire qui est un carré de 10 mètres de côté, autrement dit,
un décamètre carré valant 100
mètres carrés.
Cent ares font
un hectare, un carré de 100 mètres de côté,
autrement dit un hectomètre carré, valant 1000 mètres carrés.
Le centième
de l’are est le centiare, un carré de
l mètre de côté, autrement dit un mètre carré.
L’are,
l’hectare, son multiple, et le centiare, son sous-multiple, sont les seules
mesures employées pour la superficie des terrains.
Pour évaluer
l’étendue des pays, on se sert du kilomètre carré et de la lieue carrée. La
lieue carrée contenant 16
kilomètres carrés (4 X 4 = 16) et le kilomètre carré
contenant 100 hectares
ou hectomètres carrés, il y a donc 1 600 hectares dans
une lieue carrée.
Le volume des
corps s’évalue par cubes ayant pour mesure
de longueur, de largeur et de hauteur l’un des termes de l’échelle des mesures
de longueur. C’est un volume ayant la forme d’un dé à jouer.
10 multiplié
deux fois par lui-même, ou pris 3 fois comme facteur, donnant 1000, un cube
métrique quelconque est donc contenu 1 000 fois dans le cube de l’ordre
supérieur. Ainsi le décimètre cube est contenu 1000 fois dans le mètre cube, et
contient 1 000 fois le centimètre cube.
Le mètre cube
prend le nom de stère quand il sert à
la mesure du bois de chauffage. Le stère n’a qu’un seul multiple, le décastère — dix stères — et qu’un seul
sous-multiple, le décistère — dixième
de stère — qu’il ne faut pas confondre avec le décimètre cube. Celui-ci étant contenu
1 000 fois dans le stère, ou mètre cube, le décistère, qui est le dixième du
stère, contient le dixième de 1 000 décimètres cubes, c’est dire 100. L’on a
donné le nom de voie métrique au double stère.
La contenance
des vases a pour unité de mesure le litre qu’on peut définir : un vase
quadrangulaire dans lequel viendrait s’emboîter exactement un décimètre cube.
Le litre a
deux multiples :
le décalitre valant dix litres,
l’hectolitre valant cent litres,
et deux
sous-multiples :
le décilitre ou dixième de litre,
le centilitre ou centième de litre.
Le litre, qui
représente le volume d’un décimètre cube, contenant 1000 centimètres cubes, le
centilitre, qui est la centième partie du litre, en contient le centième de 1000,
ou 10.
C’est le
centimètre cube qui a servi pour établir l’unité de poids, le gramme, lequel est le poids d’un
centimètre cube d’eau distillée, à la température de 4 degrés centigrades
au-dessus de 0. C’est un poids facile à vérifier dans tous les pays du monde,
où il est toujours le même.
Les multiples
du gramme sont :
le
décagramme valant dix grammes,
l’hectogramme valant cent grammes,
le
kilogramme valant mille grammes.
Ses sous-multiples
sont
le décigramme dixième de gramme,
le centigramme centième de gramme,
le milligramme millième de gramme.
Le kilogramme
contenant 1000 grammes,
c’est-à-dire le poids de 1000 centimètres cubes d’eau, il en résulte qu’un
litre, ou un décimètre cube d’eau, dans les conditions énoncées ci-dessus, pèse
exactement un kilogramme, et qu’un mètre cube d’eau, qui représente 1 000 litres, pèse 1000 kilogrammes.
C’est ce
dernier poids qui a reçu le nom de tonne métrique
dans le commerce et l’industrie, et de tonneau
dans la marine. Un vaisseau dont la coque plongeant dans l’eau jusqu’à sa ligne
de flottaison déplace 1 000 mètres cubes d’eau, est un navire de
1000 tonneaux[3].
100 kilogrammes font ce qu’on appelle un quintal métrique pour le distinguer de
l’ancien quintal qui était de 100
livres. La livre actuelle vaut 500 grammes ou un demi-kilogramme.
Enfin, pour
compléter le système, l’on a fait dériver du gramme l’unité monétaire qui est
le franc, pièce d’argent du poids de 5 grammes[4].
Le franc n’a
pas de multiples. Il se compte dans les conditions ordinaires de la numération
décimale : dix francs, cent francs, mille francs, oie.
Il a deux
sous-multiples :
le décime ou dixième de franc,
le centime ou centième de franc.
La monnaie
d’or comprend des pièces de 10, 20, 50 et 100 francs, frappées à raison d’un
kilogramme d’or, au titre de 0,900 pour une somme de 3 100 francs, en n’importe
quelles pièces.
Le kilogramme
d’argent monnayé valant 200 francs — 1 000 : 5 = 200 — la valeur de la monnaie
d’or est à celle de la monnaie d’argent dans la proportion de 3100 à 200,
c’est-à-dire qu’elle est 15 fois et demie plus grande.
La monnaie
d’argent comprend des pièces de 5, 2 et 1 francs, de 50 et 20 centimes, dont
chacune peut servir de poids dans une balance, à raison de 5 grammes pour une valeur
de 1 franc. La pièce de 20 centimes, cinquième partie de cette valeur, pèse
donc 1 gramme.
100 francs pesant 500 grammes
représentent juste une livre ou un demi-kilogramme.
Le poids de
la monnaie de bronze, alliage de cuivre, d’étain et de zinc, est de 1 gramme par centime. Il y
a des pièces de 10, 5, 2 et 1 centimes, dont chacune pèse, en conséquence,
autant de grammes qu’elle représente de centimes. Ainsi le poids est le même
pour une pièce de 2 francs pesant 10 grammes et une pièce de 10 centimes ; 10
francs en sous, pour nous servir du vieux nom conservé par l’usage à la monnaie
de bronze, et 200 francs en argent, ont juste le même poids de 1 kilogramme, sauf le déchet
possible produit à la longue par le frottement.
Tout se
tient, comme vous le voyez, d’un bout à l’autre du système métrique. Le franc
dérivant du gramme, et celui-ci d’une subdivision du mètre, l’on peut remonter régulièrement
de la valeur monétaire au poids, du poids au volume et du volume à l’unité de
longueur. C’est une série complète de mesures déduites méthodiquement les unes
des autres, chacune avec son nom raisonné, taillé sur un modèle commun ;
mesures qui offrent, par-dessus tout, cet avantage inappréciable d’être en
harmonie parfaite avec la numération décimale, base uniforme de tous les
calculs de l’arithmétique.
À cause de
cela, le système métrique s’est imposé déjà aux savants de tous les pays, dans
leurs communications entre eux. A cause de cela aussi, il deviendra forcément d’un
usage universel, ayant été conçu et exécuté précisément à cette intention.
Voir également le chapitre 12 du même volume :
in Jean Macé,
[1] S’il y a lieu de pousser plus loin la division, on
dit : un dixième de millimètre, un centième, un millième au besoin; mais il ne
peut s’agir là que de mesures scientifiques, sans application dans les usages de
la vie.
[2] On donne le nom de multiple d’un nombre à celui qui
le contient exactement un certain nombre de fois, et de sous-multiple à celui
qui y est contenu exactement un certain nombre de fois. Le décamètre contient
le mètre juste 10 fois : c’est un multiple du mètre. Le décimètre y est contenu
juste 10 fois : c’est un sous-multiple du mètre.
[3] L’évaluation n’est pas scientifiquement exacte parce
que l’eau de mer est un peu plus lourde que l’eau distillée; mais il y a en
général compensation par une élévation de température au-dessus de 4 degrés, l’eau
devenant plus légère à mesure qu’elle se chauffe. La différence qui peut
exister n’a pas assez d’importance dans la pratique pour qu’on ait renoncé à un
moyen si commode d’évaluer le poids d’une masse qui ne tiendrait dans aucune
balance.
[4] Le titre légal de la monnaie d’argent est de 0,900,
c’est-à-dire que l’alliage dont elle est faite ne contient qu’un dixième de
cuivre. Ce titre légal n’est obligatoire, bien entendu, que dans les pays qui
ont adopté la monnaie métrique. Il ne s’applique qu’à la pièce de 5 francs. Le
titre est de 0.835 pour les pièces de moindre valeur, ce que l’on appelle la
monnaie divisionnaire. Une convention Internationale a réglé sur le chiffre de
l’émission monétaire de chaque pays la quantité de monnaie divisionnaire qu’il est
permis d’y frapper.
Source : acoeuretacris.centerblog.net. |
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