De la pyramide aux réseaux : une nouvelle architecture pour l'école (rapport d'information)
- Par M. Jean-Claude CARLE
au nom de la Mission commune d'information sur le système scolaire - Notice du document
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Rapport d'information n° 649 (2010-2011) de M. Jean-Claude CARLE, fait au nom de la Mission commune d'information sur le système scolaire, déposé le 21 juin 2011
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SYNTHÈSE DES PROPOSITIONS DU RAPPORT
· l'éducation prioritaire ;
· le service public de l'éducation nationale dans les zones rurales, ou plus largement dans les territoires à fortes contraintes géographiques. Ces zones présentent de facto un surcoût qu'il est nécessaire d'appréhender afin de différencier les moyens en fonction de la nécessaire adaptation de l'Éducation aux réalités locales ;
· la prise en charge d'enfants handicapés. Depuis la loi n° 2005-102 du 11 février 2005 pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, la scolarisation des enfants handicapés en milieu ordinaire a très sensiblement augmenté13(*) obligeant l'Éducation nationale à faire face à des charges nouvelles. La politique du handicap étant devenu une action de l'Éducation nationale à part entière, il est nécessaire de l'identifier ;
· le financement d'établissements spécifiques tels que les internats d'excellence ou les établissements de réinsertion scolaire. Une présentation séparée s'impose compte tenu de leurs modalités de financement - peu claires à ce jour - et la concentration des moyens par élève.
· les bourses et les fonds sociaux des établissements.
Contribution du groupe
socialiste
MISSION « ENSEIGNEMENT
SCOLAIRE » :
TABLES RONDES ET COLLOQUE
ORGANISÉS
Déplacement dans le Val-de-Marne
· Visite du lycée polyvalent Maximilien Perret à Alfortville et table ronde en présence de :
· Réunion au rectorat de Créteil et table ronde, en présence de :
Déplacement aux Pays-Bas
et en Belgique
Déplacement au
Portugal
Déplacement en Suisse et
en Haute-Savoie
Déplacement dans la
Somme
Déplacement à Cambrai
Déplacement à Marseille
Déplacement à Rennes
Déplacement en Pologne
ÉTUDE DE LA DIRECTION DE L'INITIATIVE PARLEMENTAIRE ET DES
DÉLÉGATIONS
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- INTRODUCTION
- SYNTHÈSE DES PROPOSITIONS DU
RAPPORT POUR UN NOUVEAU CADRE DE DÉCISION ET DE GESTION DU
SYSTÈME ÉDUCATIF
- I. « REDONNER SENS À L'AUTORISATION
BUDGÉTAIRE »
- A. DES ARBITRAGES POLITIQUES RÉDUITS À
« UNE PEAU DE CHAGRIN »
- B. UN DÉBAT BUDGÉTAIRE
INSATISFAISANT
- a) Mieux définir et évaluer l'action
publique
- b) Impliquer davantage les parlementaires
- a) Un droit d'amendement limité
- b) Une justification des crédits non
satisfaisante
- (1) L'euro de droit commun versus
« l'euro éducatif »
- (2) Les conséquences de l' « euro
éducatif » : « une alchimie
mystérieuse »
- c) Une évaluation des résultats peu
intégrée au processus décisionnel
- a) Mieux définir et évaluer l'action
publique
- C. CRÉER LES CONDITIONS D'ARBITRAGES
POLITIQUES NATIONAUX
- A. DES ARBITRAGES POLITIQUES RÉDUITS À
« UNE PEAU DE CHAGRIN »
- II. CONSTRUIRE UNE RÉGULATION DES PRATIQUES
ADMINISTRATIVES ET PÉDAGOGIQUES AU SERVICE DES POLITIQUES
NATIONALES
- A. METTRE FIN AU MODÈLE PYRAMIDAL DE
DÉCISION
- B. FAIRE DES ÉTABLISSEMENTS LE CŒUR DU
« MOTEUR SCOLAIRE »
- a) Développer le travail collectif et
l'esprit d'équipe dans les établissements
- b) Jeter les bases d'une évaluation des
établissements
- a) Adapter la régulation des affectations
des personnels
- (1) Mieux prendre en compte l'intérêt
général dans les mouvements inter et intra
académiques
- (2) Revaloriser l'affectation en éducation
prioritaire
- (3) Lutter efficacement contre les
inégalités
- b) Confier au chef d'établissement
l'évaluation individuelle des enseignants
- c) Attribuer la présidence du conseil
d'administration à une personnalité extérieure
- a) Développer le travail collectif et
l'esprit d'équipe dans les établissements
- A. METTRE FIN AU MODÈLE PYRAMIDAL DE
DÉCISION
- III. RESTRUCTURER L'OFFRE SCOLAIRE EN
DÉVELOPPANT LES RÉSEAUX D'ÉTABLISSEMENT
- IV. MOBILISER EFFICACEMENT LA COMMUNAUTÉ
ÉDUCATIVE
- A. OUVRIR LES ÉTABLISSEMENTS SUR LEURS
ENVIRONNEMENTS
- B. COORDONNER L'ACTION DES SERVICES DE
L'ÉTAT : L'EXEMPLE DE LA POLITIQUE DE LA VILLE
- C. ENRACINER L'ÉCOLE DANS LES TERRITOIRES,
PRIVILÉGIER L'INTELLIGENCE TERRITORIALE
- 1. Reconnaître l'indispensable contribution
des collectivités territoriales
- a) L'inévitable extension du champ
d'intervention des collectivités territoriales en matière
éducative
- (1) Un investissement dans le champ
éducatif permis par la clause de compétence
générale
- (2) L'impact de la réforme des
collectivités territoriales adoptée en 2010
- b) Consacrer les collectivités comme
partenaires à part entière
- a) L'inévitable extension du champ
d'intervention des collectivités territoriales en matière
éducative
- 2. Transformer les territoires ruraux en foyers
d'innovation scolaire
- 3. Mettre en place des « contrats de
stratégie éducative au niveau régional »
(CSER)
- 1. Reconnaître l'indispensable contribution
des collectivités territoriales
- A. OUVRIR LES ÉTABLISSEMENTS SUR LEURS
ENVIRONNEMENTS
- I. « REDONNER SENS À L'AUTORISATION
BUDGÉTAIRE »
- EXAMEN EN COMMISSION
- CONTRIBUTIONS DES GROUPES POLITIQUES
- MISSION « ENSEIGNEMENT
SCOLAIRE » :
L'EXERCICE DU DROIT D'AMENDEMENT DEPUIS 2006
- CIRCULAIRES RELATIVES À L'ENSEIGNEMENT
SCOLAIRE PUBLIÉES PAR LE MINISTÈRE CHARGÉ DE
L'ÉDUCATION NATIONALE EN 2010
- LISTE DES PERSONNES AUDITIONNÉES
- TABLES RONDES ET COLLOQUE ORGANISÉS
PAR LA MISSION COMMUNE D'INFORMATION
- DÉPLACEMENTS EFFECTUÉS PAR LA
MISSION
- Déplacement dans le Val-de-Marne
(7 février 2011)
- Déplacement aux Pays-Bas et en
Belgique
(15 et 16 février 2011)
- Déplacement au Portugal
(22 et 23 mars 2011)
- Déplacement en Suisse et en
Haute-Savoie
(28 et 29 mars 2011)
- Déplacement dans la Somme
(12 avril 2011)
- Déplacement à Cambrai
(2 mai 2011)
- Déplacement à Marseille
(5 mai 2011)
- Déplacement à Rennes
(25 mai 2011)
- Déplacement en Pologne
(30 et 31 mai 2011)
- Déplacement dans le Val-de-Marne
- ÉTUDE DE LA DIRECTION DE L'INITIATIVE
PARLEMENTAIRE ET DES DÉLÉGATIONS
SUR L'ORGANISATION DU SYSTÈME ÉDUCATIF
ET LE STATUT DES ÉTABLISSEMENTS
DE L'ENSEIGNEMENT PRIMAIRE ET SECONDAIRE
N° 649
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 2010-2011
Enregistré à la Présidence du Sénat
le 21 juin 2011
|
RAPPORT D'INFORMATION
FAIT
au nom de la mission commune d'information (1) sur
l'organisation territoriale
du système scolaire et sur
l'évaluation des
expérimentations
locales en matière
d'éducation,
Par M. Jean-Claude CARLE,
Sénateur.
Tome I : Rapport
(1) Cette mission commune d'information est
composée de : M. Serge Lagauche,
président ; M. Alain Dufaut,
Mme Françoise Férat, M. Yannick Bodin, Mme Brigitte
Gonthier-Maurin, M. Jean-François Humbert et Mme Françoise
Cartron, vice-présidents ; Mmes Colette Mélot,
Maryvonne Blondin et Sophie Joissains, secrétaires ; M.
Jean-Claude Carle, rapporteur ; MM. René Beaumont, Claude
Bérit-Débat, Pierre Bordier, Mmes Bernadette
Bourzai, Marie-Thérèse Bruguière, MM. Philippe
Darniche, Christian Demuynck, Daniel Dubois, Jean-Luc Fichet, Mme Fabienne
Keller, M. Ronan Kerdraon, Mmes Françoise Laborde,
Catherine Procaccia et M. Jean-François Voguet.
|
INTRODUCTION
Jean Monnet : « Il ne s'agit pas d'être
optimiste ou pessimiste, mais déterminé ».
Socrate : « Le savoir est la seule chose
qui augmente quand on le partage »
Mesdames, Messieurs,
Constituée le mardi 14 décembre 2010, sur
décision de la Conférence des Présidents prise à
l'initiative du groupe UMP1(*), la mission commune d'information sur l'organisation
territoriale du système scolaire et sur l'évaluation des
expérimentations locales en matière d'éducation, illustre
une nouvelle fois l'importance que le Sénat et son président
attachent à l'efficience du système scolaire et à la
réussite de tous les élèves.
Cette démarche résulte des diagnostics, tout
à la fois sévères et inquiétants sur l'organisation
et sur les résultats de notre système scolaire, posés
à la fois par la Cour des comptes, le Haut conseil de
l'éducation, les inspections générales de
l'éducation nationale et l'OCDE par le biais des enquêtes PISA.
? L'ambition de la mission d'information
Votre mission souhaite contribuer à la réflexion
collective sur ce sujet essentiel pour l'avenir de notre pays : il s'agit
de permettre la réalisation d'une nouvelle ambition en faveur de
la réussite scolaire de nos enfants, dans une société qui
a considérablement évolué. A cette fin, le
présent rapport, au-delà des constats - le plus souvent
partagés et à bien des égards alarmants - trace les
contours d'un nouveau cadre décisionnel et organisationnel au
service de cette ambition.
Ainsi que l'a inlassablement indiqué votre rapporteur,
ce rapport n'a pas vocation à enrichir les bibliothèques d'un
Nième rapport sur l'éducation - lesquelles n'en manquent pas
- mais d'avancer des propositions concrètes, souvent novatrices, sans
doute dérangeantes pour certaines, dans le souci de
l'intérêt général. Car telle est aussi la vocation
du Parlement : regarder la réalité en face, avoir le courage
d'affronter certains corporatismes, d'enfreindre certains tabous, de sortir de
certains sentiers battus, parfois arpentés sans illusion mais avec plus
de facilité...
? Les travaux de la mission
Pendant six mois, votre mission d'information a pu avoir des
échanges instructifs et constructifs avec près de 300
personnes. Elle a ainsi :
- auditionné 80 personnes au
Sénat, au cours de 21 auditions et 5 tables rondes
(dont 2 ouvertes au public dans le cadre du colloque du 4 mai 2011) ;
- entendu environ 120 personnes dans différentes
régions françaises, lors de ses
déplacements successifs dans le Val-de-Marne, en Haute-Savoie, dans la
Somme, à Cambrai, Marseille et dans l'agglomération de
Rennes ;
- et rencontré plus de 70 interlocuteurs à
l'étranger, à l'occasion de ses déplacements en
Europe : aux Pays-Bas, en Belgique, au Portugal, en
Suisse et en Pologne.
Votre mission a souhaité, en effet, multiplier les
échanges avec les acteurs de terrain, qu'il s'agisse de
représentants ou de membres du système éducatif (recteurs,
inspecteurs d'académie, directeurs d'école et chefs
d'établissement, enseignants...) ou d'élus, de parents et
d'élèves. En outre, ses membres ont bien souvent rencontré
des acteurs du système éducatif dans leur propre
département.
Jugeant qu'il ne suffisait pas d'examiner la situation sur
notre territoire, car les exemples étrangers sont toujours instructifs
en nous permettant d'enrichir le regard que nous portons sur nous-mêmes,
elle a souhaité, outre les déplacements précités,
demander une étude de législation comparée
à la Direction de l'Initiative parlementaire et des
Délégations du Sénat. Elle tient à remercier cette
dernière pour la qualité de cette étude, qui porte sur
l'Australie (Nouvelles Galles du Sud), l'Italie, la Pologne et la
Grande-Bretagne, et est annexée au présent rapport. Enfin, on
rappellera les intéressants rapports de la commission de la culture et
de l'éducation, présidée par notre collègue Jacques
Legendre, élaborés à la suite de ses missions au Canada
(en 2010)2(*) et en
Finlande3(*) (en 2009), qui
sont également venus enrichir les réflexions de la mission.
Ceci étant, la diversité des systèmes
éducatifs sur la planète montre qu'il est nécessaire de
tenir compte des particularités de notre histoire, de notre
société et de nos territoires, si nous voulons assurer la
réussite de nos enfants. Ceci n'empêche pas, bien au contraire, de
nécessaires évolutions dans le cadre d'une vision partagée
des conditions et moyens de cette réussite.
En tout état de cause, le présent rapport
s'appuie largement sur les travaux préalables de diverses institutions
ainsi que sur l'ensemble des auditions et déplacements auxquels a
procédé la mission. Il reflète la diversité des
témoignages recueillis. Le rapport se nourrit aussi des réponses
des rectorats au questionnaire envoyé par votre
rapporteur, et auquel il les remercie d'avoir répondu dans les
délais impartis, afin de l'aider ainsi à préciser les
données nécessaires à une mise en perspective.
? Des constats largement partagés
Les membres de votre mission partagent pour l'essentiel les
éléments de constat suivants :
- l'Éducation nationale a fait face à la
« massification » du système et a globalement
réussi la démocratisation de l'enseignement, ceci en
l'espace d'une génération. Ainsi, 100 % d'une classe
d'âge est désormais scolarisée jusqu'à 16 ans et
65 % parvient jusqu'au baccalauréat, ce qui est trois fois plus
qu'au début des années 1980 ;
- les enseignants sont les piliers du
système éducatif et, si la mission n'avait pas vocation à
traiter la question de leur formation, elle relève néanmoins que
cette dernière ainsi que les conditions d'entrée dans le
métier sont fondamentales. Votre mission a rencontré des
enseignants extrêmement impliqués et motivés, y compris
dans les établissements les plus difficiles. A l'inverse, nombre d'entre
eux sont lassés et souffrent de certains dysfonctionnements du
système ;
- mais ce système ne
répond plus aux nouvelles exigences de l'idéal
républicain, qui demande de conduire au succès
l'ensemble des élèves et non plus, comme autrefois, de se
consacrer pour l'essentiel aux meilleurs d'entre eux. En outre, l'école
se trouve non seulement témoin mais aussi partie prenante
d'évolutions de la société qui la dépassent et
dont, par certains aspects, elle subit les conséquences ;
- la réussite scolaire est donc
mitigée : elle existe mais pas pour tous les
élèves. Ainsi, les chiffres illustrent une réalité
qui n'est pas admissible, tant pour les jeunes concernés que pour notre
société dans son ensemble :
. un certain nombre d'élèves, à
l'entrée en sixième, ne savent ni lire, ni écrire, ni
compter comme ils le devraient à l'âge de 11 ans, le noeud se
situant bien souvent au niveau de la grande section de maternelle, du CP (cours
préparatoire) et du CE1 (cours élémentaire 1er
niveau), classe dans laquelle ils devraient terminer ces
apprentissages ;
. nombre d'entre eux connaissent des difficultés dans
l'évolution de leur scolarité, souvent en raison des ruptures :
entrée en sixième, en seconde, puis à l'université,
ou d'un mal être à l'école qui peut avoir des incidences
sur leurs parcours et leurs résultats ;
. près de 140 000 jeunes sortent chaque
année du système scolaire sans diplôme, sans compter que
moins de 50 % des étudiants de première année
d'université poursuivent en deuxième année des
études choisies ;
. en résumé, comme l'avait relayé la
commission Thélot4(*)
fin 2004 : « notre école va bien pour les enfants qui
vont bien » ;
. en effet, le système « patine » et
ses résultats se dégradent, comme le montrent tant
l'enquête PISA de l'OCDE que les évaluations nationales. Alors
qu'il nous faut développer ce que l'on appelle une
« économie de la connaissance », entre 2000 et 2009, la
France est restée dans un groupe de pays moyens (à la
15e place sur les 26 pays régulièrement
examinés). Pire encore, la dernière enquête de 2009 montre
que la part des élèves en difficulté s'accroît, de
même que le poids de l'origine sociale dans les inégalités
scolaires, alors que notre pays était dans la moyenne en 2000. En dix
ans, le creusement des inégalités scolaires d'origine sociale est
indéniable. Parallèlement, le nombre de bacheliers stagne depuis
15 ans tandis que le système entretient notre double « handicap
culturel » : nous valorisons insuffisamment les aptitudes et points forts
de nos jeunes et nous n'arrivons pas à promouvoir une orientation
positive et la réussite de tous les élèves, quel que soit
leur parcours ;
- si certains pays ont vécu les enquêtes PISA
comme un « choc » presque salutaire les conduisant à
prendre les mesures leur permettant d'améliorer les résultats de
leurs élèves, la France peine à trouver sa voie :
nous ne manquons pourtant ni de réformes, ni d'expérimentations -
puisque ce thème est au coeur de la mission - ni de ministres. La
multiplication des unes et la succession des autres ne semble d'ailleurs pas
faciliter une évolution harmonieuse de notre système
éducatif ;
- à cela s'ajoutent des disparités
territoriales, comme votre mission a pu le constater sur le
terrain ;
- notre système est caractérisé par une
organisation extrêmement réglementée, pyramidale
et répondant le plus souvent à des injonctions
hiérarchiques (via les nombreuses circulaires et bulletins
officiels). La centralisation est toujours forte malgré les lois de
décentralisation et les déconcentrations, comme nous avons pu le
constater ;
- votre mission a relevé que les
expérimentations imposées du haut,
généralement sans grande concertation ni évaluation,
peinaient souvent à se mettre en place et à produire des
résultats, contrairement à nombre d'initiatives locales,
adaptées aux spécificités du terrain et à la
réalité des élèves concernés ;
- il est difficile d'obtenir une évaluation de
l'ensemble des politiques et expérimentations conduites, tant sur le
plan budgétaire que sur celui des pratiques pédagogiques ou des
contenus ;
- un certain nombre d'actions menées par les
collectivités locales sont très souvent
isolées et n'interviennent pas toujours dans le cadre d'un partenariat
bien compris, alors même qu'elles sont des acteurs utiles et
incontournables ;
- enfin, et c'est essentiel, ces constats nous
accablent alors même que notre pays consacre des moyens croissants
à la politique éducative. Multipliée par 1,8
depuis 1980, la dépense intérieure d'éducation
(DIE)5(*)
représentait 6,9 % du PIB en 2009, soit 132,1 milliards d'euros, ce
qui représente 7 990 euros par élève ou étudiant et
2 050 euros par habitant. À cet égard, la France se situe dans la
moyenne des pays de l'OCDE ; en revanche, la ventilation de ces ressources
entre les différentes catégories d'enseignement est atypique -
dans la mesure où elle fait la part belle à l'enseignement
secondaire - et suscite des interrogations. En effet, en 2007, la
dépense annuelle de la France par élève du primaire
était en moyenne de 11,5 % supérieure à celle des
pays de l'OCDE, tandis que la dépense annuelle par élève
dans l'enseignement secondaire était inférieure de 9,5 %
à celle de ces pays.
L'État est bien sûr le premier
contributeur : la mission « Enseignement scolaire »
regroupe plus de 60 milliards d'euros, soit 21,6 % des crédits
de paiement du budget général ; les collectivités
territoriales étant le deuxième contributeur.
Mais une information lacunaire des autorités
décisionnaires au niveau national, notamment liée aux faiblesses
intrinsèques de l'architecture et des documents budgétaires,
favorisent l'absence du politique. En réalité, force est de
constater que les arbitrages en termes de politiques éducatives sont
réduits à une « peau de chagrin », compte tenu
notamment d'une faible lisibilité des projets de loi de finances, dont
la première et presque unique fonction serait, avant toute
considération d'efficience - et donc d'arbitrage qualitatif sur les
politiques éducatives - d'assurer la rémunération des
personnels qui représentent 49 % des emplois autorisés de
l'État.
En résumé, les incessantes
réformes, l'opacité budgétaire, la gestion « de
masse » des personnels, ne sont
compréhensibles que des seuls initiés et tendent
à reléguer les élus au rôle de contemplatifs du
système, qui, en outre, demeurent étrangers à une culture
de l'évaluation qui est la règle dans les pays
étudiés.
Or, ainsi que Socrate en était convaincu :
« le savoir est la seule chose qui augmente quand on le
partage ». Ce rapport a vocation à partager et à
diffuser du « savoir » sur notre système
éducatif.
? Quinze propositions
Par ailleurs, il avance quinze propositions
articulées autour de quatre grands axes politiques, afin de
répondre au double défi de l'efficience et de
l'équité, et de créer les conditions d'une
école « qui aille bien » pour tous les
enfants :
- donner au Parlement la capacité d'arbitrer la
politique nationale d'éducation ;
- déployer une offre éducative territoriale
fondée sur la complémentarité des réseaux et le
dynamisme des partenariats ;
- acter la responsabilité collective des équipes
des établissements dans la réussite des
élèves ;
- tirer les conséquences de la
spécificité du métier d'enseignant en éducation
prioritaire.
SYNTHÈSE DES PROPOSITIONS DU RAPPORT
-
POUR UN NOUVEAU CADRE DE
DÉCISION
ET DE GESTION DU SYSTÈME ÉDUCATIF
Axe 1 : Donner au Parlement la capacité
d'arbitrer la politique nationale d'éducation
1. Refondre l'architecture
budgétaire pour permettre au législateur
d'identifier les priorités et de
différencier en conséquence les moyens alloués
grâce à une connaissance précise, à chaque
échelon, du coût des actions éducatives
exprimé en euros et non en heures
2. Organiser, au plus tard six mois
avant la rentrée scolaire, un débat d'orientation
budgétaire sur l'adéquation des moyens de
l'éducation nationale à ses missions et aux objectifs
fixés
3. Limiter le recours aux
expérimentations ministérielles et les soumettre
à concertation préalable ainsi qu'à
évaluation rigoureuse et systématique
Axe 2 : Déployer une offre
éducative territoriale fondée sur la
complémentarité des réseaux et le dynamisme des
partenariats
4. Parachever la réforme
pédagogique de 2005 par la constitution de réseaux du
socle commun pilotés par un comité directeur
composé du principal du collège-centre et des directeurs des
écoles du secteur, et associant les partenaires locaux
5. Sous réserve des
contraintes de la géographie des territoires, favoriser les mises en
réseaux et les regroupements d'écoles en milieu rural
par la concertation avec les collectivités territoriales, l'exploitation
des technologies numériques pouvant en être un levier
6. Mettre en cohérence la
géographie de l'éducation prioritaire et celle de la politique de
la ville afin de concentrer les ressources sur les publics les plus
défavorisés
7. Nommer dans chaque
région des « préfets
éducatifs », chargés de coordonner l'ensemble
des politiques de l'État concourant à l'éducation et
également d'articuler les actions menées sur les trois leviers
interdépendants que sont la famille, l'école et son environnement
socio-économique
8. Conclure des
« contrats de stratégie éducative
régionale » (CSER) pour rompre les cloisonnements et
mettre en cohérence les interventions de l'État et des
collectivités territoriales, reconnues comme partenaires à part
entière
Axe 3 : Acter la responsabilité
collective des équipes des établissements dans la réussite
des élèves
9. Donner corps à la
contractualisation entre rectorats et établissements, en y
assignant une fraction spécifique de leur dotation globale
10. Développer une double
évaluation interne et externe de
l'établissement
11. Confier au chef
d'établissement l'évaluation pédagogique individuelle des
enseignants et en contrepartie, dissocier les fonctions de
chef d'établissement et de président du conseil
d'administration, confiée dès lors à une
personnalité extérieure
Axe 4 : Tirer les conséquences de la
spécificité du métier d'enseignant en éducation
prioritaire
12. Interdire l'affectation de
fonctionnaires stagiaires ou néotitulaires dans un établissement
relevant de l'éducation prioritaire et réguler les
mouvements intra et interacadémiques afin de stabiliser les
équipes pédagogiques
13. Adapter les
différences d'obligations de service entre corps d'enseignants
et entre enseignants du même corps, en fonction du degré
de difficulté de prise en charge des élèves
14. Revaloriser le statut
d'enseignant en éducation prioritaire par la création
d'une classe exceptionnelle accessible après quinze ans de service dans
ce type d'établissement
15. Revenir à une
sectorisation plus stricte des élèves dans l'éducation
prioritaire afin de garantir une politique durable et efficace de
lutte contre les inégalités scolaires
|
I. « REDONNER SENS À L'AUTORISATION BUDGÉTAIRE »
L'intitulé de la présente partie reprend
expressément le titre d'un rapport du Sénat rédigé
en 19996(*) et
consacré aux personnels de l'Éducation nationale.
L'Éducation nationale a connu des évolutions sensibles ;
pour autant, votre mission regrette que l'enseignement scolaire soit
toujours aussi peu au coeur des décisions soumises au vote du
Parlement. Étant donné sa place dans le calendrier et
son architecture, le débat budgétaire, qui dure tout au plus
trois heures, ne pallie pas le caractère infralégislatif de la
matière scolaire. Les politiques éducatives menées par le
ministère de l'Éducation nationale, et les autres
ministères, ne sont que trop rarement soumises aux arbitrages
éclairés du Parlement, dont in fine la première
fonction en matière scolaire est d'autoriser, annuellement, la
rémunération de près d'un million de personnels.
La représentation nationale s'est-elle prononcée
sur le lancement du programme « Clair » qui,
transformé à la rentrée prochaine, devrait tenir lieu de
politique en éducation prioritaire ? Non, deux circulaires ont
suffi. Plus globalement, la représentation nationale connaît-elle
le coût des politiques éducatives ? Non. L'audition de la
Cour des comptes a été sans appel sur ce point :
« L'éducation nationale, qui
« consomme », pour dix millions d'élèves,
61 milliards d'euros par an, n'a pas de problème de moyens. La
vraie question, c'est que, raisonnant en heures et en postes et non en euros,
elle ne connaît pas le coût réel de ses politiques
éducatives ; par exemple, un chef d'établissement ne peut
pas connaître le coût du développement de telle ou telle
option. En outre, si le niveau global des financements est raisonnable, leur
ventilation entre les différentes catégories d'enseignement l'est
moins. Le primaire par exemple, enseignement essentiel, où se
constituent les difficultés, est le moins bien loti. »
Votre mission n'a donc cessé de s'interroger
sur le lien entre débat budgétaire et politiques
éducatives pour conclure qu'étant insatisfaisant, il était
donc indispensable de le redéfinir.
A. DES ARBITRAGES POLITIQUES RÉDUITS À « UNE PEAU DE CHAGRIN »
La mission « Enseignement
scolaire » représente 21,5 % des crédits du budget
général de l'État et 48 % des emplois de l'État
autorisés. Investissement stratégique pour l'avenir du pays,
l'École, au sens large du terme, revêt une dimension
éminemment politique.
Toutefois, les politiques publiques éducatives sont
majoritairement décidées au sein de l'administration de
l'éducation nationale ou à la périphérie
immédiate de celle-ci. A l'heure où l'efficacité de notre
système scolaire se pose avec acuité, ce paradoxe ne peut plus
perdurer.
Parce que chacun d'entre nous a été, est ou sera
un jour élève, parce que la majorité des Français a
été, est ou sera parent d'élève, parce qu'un grand
nombre de nos compatriotes travaille au contact du système scolaire,
l'Ecole est incontestablement un bien commun et un enjeu majeur. Pour autant,
si les questions éducatives ne sont pas absentes du débat
parlementaire, elles ne sont que trop rarement arbitrées par la
représentation nationale malgré une forte attente de la part des
élus.
Cette situation résulte avant tout du
caractère faiblement législatif de la matière
scolaire contrairement à d'autres sujets de politiques
publiques notamment à dimension économique ou sociale. A titre
d'exemple, le statut des enseignants et les obligations de service de ces
derniers sont définis par décrets7(*). Les mouvements de personnels sont encadrés par
des circulaires tout comme la politique en éducation prioritaire, la
définition des programmes ou les rythmes scolaires.
Depuis la loi de décentralisation n° 83-663 du 22
juillet 1983 qui a créé les établissements publics locaux
d'enseignement (EPLE), le Parlement a rarement eu l'occasion de se saisir
effectivement des questions d'organisation scolaire ou de politiques
éducatives : en 1984, avec le débat sur le projet de
« grand service public laïque et unifié » de
l'éducation présenté par M. Alain Savary, en 1989
avec la loi d'orientation n° 89-486 du 10 juillet 1989 qui fait de
l'éducation la première priorité nationale, en 2005 enfin
avec la
loi
n° 2005-380 du 23 avril 2005 d'orientation et de programme pour
l'avenir de l'École qui créé le socle commun de
connaissances et de compétences. Encore faut-il rappeler que la
présentation du projet de loi sur l'avenir de l'école avait
soulevé un certain nombre de critiques compte tenu de la nature
réglementaire de certaines propositions.
Néanmoins, cela ne signifie pas que la
représentation nationale ne s'intéresse pas aux questions
scolaires et éducatives, lesquelles concernent directement chaque
élu local. L'examen des questions posées par les parlementaires
démontrent, bien au contraire, une réelle préoccupation.
Entre juin 2010 et juin 2011, 403 questions ont été
posées par les sénateurs au ministre de l'éducation
nationale, contre 272 par exemple pour le Garde des Sceaux ou 58 pour la
ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche. Le débat
parlementaire sur l'éducation s'est également enrichi avec la
mise en place des questions cribles thématiques (QCT) :
organisées au Sénat depuis le mois d'octobre 2009, elles se
déroulent deux fois par mois le mardi. A ce jour, 26 séquences
ont eu lieu. 15,4 % des QCT ont concerné l'éducation et la
formation : l'éducation et l'ascension sociale
(31 mars 2010), la rentrée scolaire (27 octobre 2010),
l'aggravation des inégalités sociales dans le système
scolaire (2 février 2011) et l'apprentissage dans le cadre des
douzièmes journées de l'apprentissage (18 mai 2011).
La faiblesse de la saisine du législateur ne signifie
pas l'absence d'évolutions ou de réformes dans le secteur de
l'éducation nationale. « La Rue de Grenelle » serait
même plutôt atteinte d'une « réformite
aiguë » que d'aucuns ont pu critiquer. La multiplication des
réformes pose, en effet, un double problème de lisibilité
et d'efficience de l'action du ministère. Comme le soulignait la
commission des finances du Sénat, le suivi budgétaire des
réformes annoncées, ou en cours, est
« difficile » : « (...) la
multiplication de telles annonces, peut nuire au bon suivi et au
contrôle des crédits de la présente mission, qui constitue
pourtant le premier poste de dépenses de l'État. Ces
mesures, le plus souvent annoncées en cours d'année, ne font en
effet généralement pas l'objet d'une présentation au sein
des projets annuels de performances et leur impact budgétaire reste mal
connu. 8(*)»
Par ailleurs, votre mission partage le sentiment de certain de
ses interlocuteurs selon lequel trop de priorités tuent les
priorités. Mme Agnès Van Zanten, sociologue de
l'éducation, a ainsi estimé « qu'il faudrait
presque arrêter d'initier de nouvelles réformes, afin de se
concentrer sur l'application effective, sur le terrain, de celles
déjà mises en oeuvre ».9(*)
M. Laurent Bigorgne de l'Institut Montaigne s'est
interrogé sur la faisabilité de telles
réformes : « En France, nous constatons que les
réformes partent de bonnes idées telles que le soutien
personnalisé, la réflexion sur le rythme scolaire ou encore
l'aide aux écoles en difficulté. Toutefois, nous n'avons pas
l'impression d'une réforme en profondeur centrée sur des
priorités. Nous avons créé un « plan
sciences » pour valoriser l'élite. Le gouvernement
français a-t-il suffisamment de ressources pour mener les deux
réformes en même temps ? »10(*). De même, Laurent Cros
de l'association Agir pour l'école s'est demandé si la
réduction des priorités n'était pas prioritaire :
« Compte tenu du nombre et du rythme des réformes
imposées à l'éducation depuis deux décennies, je me
demande dans quelle mesure il ne serait pas utile de se fixer une seule
priorité et de s'y tenir à l'échelle d'un mandat. Ma
réponse est peut-être trop simpliste mais je pense que nous ne
pourrons pas résoudre tous les problèmes
simultanément. »11(*)
Votre rapporteur estime en conséquence
nécessaire de recréer les conditions d'arbitrages nationaux, afin
de clarifier les priorités de l'Éducation nationale qui, comme en
témoignent les circulaires relatives à la préparation des
rentrées scolaires, ajuste annuellement ses objectifs.
Pour la rentrée 2009, le ministère de
l'éducation nationale a identifié 15 priorités !
Votre mission se demande si ce n'était pas davantage une
présentation de l'action du ministère ! En 2010, la
circulaire de préparation de la rentrée a reconnu dix
priorités pour l'ensemble des niveaux scolaires et cinq principes
directeurs déclinés en 23 actions pour l'action du
ministère... Pour la rentrée 2011, trois axes politiques ont
été choisis, déclinés en 16 actions
elles-mêmes décrites par 32 sous-actions. Il est toujours
étonnant, voire inquiétant, de constater la faible
capacité du ministère à hiérarchiser son action,
« l'ambition culturelle et la vie lycéenne »
étant par exemple au même niveau que « la maîtrise
de la langue française et des mathématiques ».
Si la mission comprend la nécessité pour le
ministre de concilier un certain nombre d'intérêts, il lui semble
qu'il est également de sa responsabilité d'être
plus rigoureux et plus sélectif dans le choix de ses priorités,
qui pourrait davantage être stabilisées et discutées par le
Parlement (cf. infra).
Depuis quelques années le débat
budgétaire se cristallise autour des annonces annuelles de suppression
de postes décidées en application de la règle du non
remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite. En
particulier, le maintien de cette règle à la rentrée 2011
ne cesse de soulever des contestations de la part des personnels, des parents
d'élèves et des élus, dont certaines organisations
représentatives ont demandé en mai 2011 l'arrêt des
fermetures de classe dans l'enseignement élémentaire, notamment
en zones rurales.
Après avoir rappelé que la règle du
« un sur deux » constitue une contrainte
exogène au budget de l'Éducation nationale, ne traduisant en
aucun cas une politique éducative donnée mais une volonté
légitime d'assainissement des finances publiques, votre
rapporteur estime que le caractère vertueux de cette règle ne
pourra être conservé que si le ministère
intériorise davantage cette contrainte et
procède à des ajustements structurels cohérents avec les
politiques éducatives qu'il mène.
a) Le non remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite...
La Révision Générale des Politiques
Publiques (RGPP), programme de modernisation de l'action de l'État
touchant l'ensemble des politiques publiques et l'ensemble des
ministères, a été lancée en juin 2007. Parmi les
trois constats qui fondent la RGPP, la taille de l'État, mesurée
par le nombre de fonctionnaires, a conduit à mettre en place la
politique de non remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la
retraite. Rappelons que depuis 30 ans, plus de 300 000 personnes ont
été recrutées, en dépit des transferts de
compétences de plus en plus importants vers les collectivités
territoriales et les opérateurs de l'État. Première
dépense en nature de l'État (117,2 milliards d'euros en 2011,
soit 41 % des dépenses du budget général), les
dépenses de personnel pèsent sur les finances publiques
aujourd'hui, mais aussi demain, car le recrutement d'un fonctionnaire engage
nécessairement ce dernier sur une durée minimum de 42 ans, sans
compter les dépenses liées ensuite au versement des pensions.
La politique de non remplacement d'un fonctionnaire sur deux,
destinée à garantir la soutenabilité financière de
la masse salariale de l'État, aurait conduit entre 2008 et 2011
à la suppression de 115 000 postes portant pour près de
la moitié sur la mission « Enseignement
scolaire ». Ce chiffre s'explique par le fait que
l'Éducation nationale emploie près de la moitié des
fonctionnaires de l'État.
b) ... contribue difficilement à la maîtrise de la masse salariale du ministère de l'Éducation nationale
Entre la loi de finances pour 2008 et celle pour 2011, plus de
56 000 suppressions de postes ont été décidées
au titre de l'application de la règle du non remplacement d'un
fonctionnaire sur deux partant à la retraite. Alors qu'elles sont
sources de nombreuses crispations, la mission souhaite souligner les impacts
budgétaires de ces suppressions qui n'ont en aucun cas conduit
à diminuer les crédits de la mission « Enseignement
scolaire », dont 93 % servent à couvrir les
dépenses de personnel relevant du
« Titre 2 », c'est-à-dire des
personnels juridiquement rémunérés par l'État.
Compte tenu du dynamisme endogène de la masse salariale
du ministère de l'Éducation nationale, la politique du
non remplacement d'un fonctionnaire sur deux a permis tout au plus de
« ralentir » la progression de la masse salariale.
Entre 2008 et 2011, cette progression est de 3,7 % si l'on prend
uniquement en compte la masse salariale hors contribution au compte
d'affectation spéciale (CAS) Pensions. Si le CAS Pensions est
intégré au périmètre d'analyse, la masse salariale
a augmenté de 5,5 % comme le montre le tableau ci-dessous.
Évolution de la masse salariale 2008/2011 avec
et sans CAS pensions
(en millions d'euros)
|
||||
Évolution à périmètre constant
|
2 008
|
2 009
|
2 010
|
2011 (LFI)
|
CAS pensions compris
|
53 244
|
54 518
|
56 037
|
56 714
|
Hors CAS pensions
|
39 712
|
40 217
|
40 688
|
40 642
|
Source : ministère de l'Éducation
nationale
|
La différence sensible résultant de
l'intégration ou non du compte d'affectation spéciale s'explique
par les relèvements successifs des taux de contribution de l'État
employeur à ce compte afin d'assurer la couverture des retraites. Pour
le ministère de l'Éducation nationale, qui représente
près de la moitié de la fonction publique d'État, ces
modifications de taux ont eu un impact important. Pour mémoire, son taux
de contribution est passé de 55,74 % en 2008, à 62,14 % en
2010 et à 65,39 % en 2011.
Le dynamisme de la masse salariale du ministère
de l'Éducation nationale s'explique par différents
facteurs :
- d'une part, l'importance des mesures
générales qui, chaque année, compte tenu du
nombre de personnels, représentent des charges supplémentaires
conséquentes. A titre d'exemple, l'augmentation du point de la fonction
publique en 2010 a représenté une dépense
supplémentaire de 282 millions d'euros pour le ministère de
l'éducation nationale ;
- d'autre part, la revalorisation des mesures
catégorielles, l'État s'engageant dans le cadre de la
RGPP à reverser aux personnels la moitié des économies
résultant de la politique de non remplacement d'un fonctionnaire sur
deux afin de modifier qualitativement la rémunération des membres
de la fonction publique d'État. Selon les chiffres communiqués
à votre rapporteur par le ministère de l'éducation
nationale, entre 2008 et 2011, les mesures catégorielles ont
représenté chaque année des dépenses nouvelles
à hauteur de 150,7 millions d'euros, compte non tenu de l'augmentation
de la rémunération liée à l'accomplissement
d'heures supplémentaires.
Au total, les « économies »
des schémas d'emplois, et donc intégrant la politique de non
remplacement, sont plus qu'absorbées.
Source : à partir des données du
ministère de l'Éducation nationale
Toutefois, il convient de noter qu'en 2011,
compte tenu du gel du point de la fonction publique et du non accroissement des
heures supplémentaires, pour la première fois, les
économies liées au schéma d'emplois pourraient être
supérieures à l'évolution de la masse
salariale.
Votre mission tient à rappeler que si les
données ci-dessous semblent démontrer les limites de la politique
du non remplacement, qui n'aurait pas permis de contribuer autant que
souhaité à l'assainissement des finances publiques, elles ne
fournissent pas d'éléments sur ce qu'aurait été la
courbe théorique de la masse salariale du ministère en l'absence
des suppressions de postes réalisés entre 2008 et 2011.
Or, en établissant une telle courbe
théorique, il convient de relever que la politique de non remplacement
aurait déjà permis une économie de l'ordre d'environ 1,45
milliard d'euros entre 2008 et 2011, soit un montant supérieur
par exemple aux crédits de paiement accordées en 2011 à
l'enseignement technique agricole (1,3 milliard d'euros).
Source : à partir des données du
ministère de l'Éducation nationale
c) Une contrainte exogène dont le caractère vertueux s'épuise
A maints égards, la mission
« Enseignement scolaire » a pu apparaître comme
l'instrument central d'une politique nullement corrélée à
une stratégie éducative mais à un objectif
d'assainissement des finances publiques. Les différentes
déclarations des plus hauts responsables politiques, que ce soit le
Président de la République, les différents ministres du
budget et des comptes publics ou les ministres de l'éducation nationale,
soulignent le caractère exogène à l'Éducation
nationale de la politique de non remplacement.
Mais pour reprendre l'expression de M. Claude Thélot,
il existe « une certaine fécondité de la
contrainte ». A ce titre, la politique du non
remplacement a certainement permis, dans ses premières
années d'application, de procéder à un certain nombre
d'ajustements nécessaires dans l'Éducation nationale, et
d'amener cette institution à être davantage transparente
et soucieuse de l'emploi de ses ressources humaines. Le rapport
précité de la mission d'enquête du Sénat sur la
gestion des personnels en 1999, puis le rapport de la Cour des comptes en 2005
sur les personnels enseignants ont souligné les défaillances du
ministère, notamment en matière de décompte des
personnels.
Par ailleurs, cette politique a certainement fait
prendre conscience que l'augmentation continue des moyens de
l'Éducation nationale au cours des deux dernières
décennies n'avait pas empêché la dégradation des
résultats scolaires et qu'il était
nécessaire d'envisager une politique plus qualitative. Le
diagnostic posé par le conseil de modernisation des politiques publiques
dans son rapport de juin 2008 indiquait : « alors
même que le budget de l'éducation nationale a fortement
progressé depuis quinze ans, des études récentes,
nationales ou internationales, ont mis en lumière la dégradation
des performances du système éducatif
français » ; « continue depuis 20 ans,
l'augmentation des moyens et des horaires n'a pas été une
réponse adaptée ».
Néanmoins, le caractère vertueux de
cette politique de non remplacement tend aujourd'hui à disparaître
car, selon votre mission, les décisions de suppression de postes qui la
traduisent ne sont pas suffisamment corrélées aux politiques
éducatives. L'examen de la ventilation des suppressions de
postes donne à penser qu'une certaine prime à la facilité
existe : votre mission forme ici notamment l'hypothèse que les
fermetures de classes dans l'enseignement primaire, aujourd'hui fortement
contestées, permettent de répondre plus rapidement à la
contrainte que la mise en place de l'annualisation du temps de travail des
enseignants ou une remise en cause de la carte des options au lycée.
D'une manière générale, la
mission regrette que la politique de non remplacement n'ait pas conduit,
jusqu'ici, à engager des réformes structurelles.
L'exogénéité de la contrainte, en ne rendant pas
obligatoire ces dernières, a facilité l'apparition des points de
tension et le sentiment « d'être à l'os »
selon l'expression d'un acteur du terrain.
Il serait donc pertinent que l'application future de
la règle du non remplacement prenne davantage en compte les
nécessaires efforts structurels afin d'engager une politique
éclairée de différenciation des moyens au service de
l'égalité des chances.
B. UN DÉBAT BUDGÉTAIRE INSATISFAISANT
a) Mieux définir et évaluer l'action publique
Dans la lignée de la réflexion engagée
par les pays de l'OCDE et des théories du « new public
management », la loi organique relative aux lois de
finance (LOLF), adoptée le 1er août
2001, cherche à modifier sensiblement les
pratiques budgétaires afin de substituer une logique de résultat
à une logique de moyens :
- d'une part, la LOLF a renforcé
la lisibilité de l'action publique grâce à une
nouvelle nomenclature budgétaire privilégiant la cohérence
des approches budgétaires et politiques. Aussi, le budget
n'est-il plus présenté seulement par nature de dépense
(d'investissement, de fonctionnement...), mais également par politiques
publiques, ce qui a conduit à créer des missions
interministérielles comme la mission « Enseignement
scolaire » regroupant le ministère de l'Éducation
nationale et le ministère de l'agriculture. Le périmètre
optimal de cette mission aurait d'ailleurs du intégrer les
établissements scolaires sous les tutelles des ministres de la
santé, de la justice et de la défense. Les missions sont
elles-mêmes divisées en programmes et en actions. La nouvelle
architecture budgétaire vise à permettre une appréciation
de l'adéquation des moyens aux actions conduites ;
- d'autre part, l'efficacité et l'efficience de
l'action publique sont mieux contrôlées et articulées avec
les décisions budgétaires. Des projets annuels de
performance sont ainsi présentés en annexe du projet de loi de
finances et retracent les stratégies, assorties d'objectifs ainsi que
d'une série d'indicateurs pour chaque programme. Les
rapports annuels de performance (RAP), présentés au moment de
l'examen de la loi de règlement permettent aux différents
ministères de rendre compte de leur action au regard de trois
critères : efficacité économique et sociale,
qualité du service, et efficience. Cet examen des résultats des
politiques publiques, réalisé en juin, est censé
éclairer le vote du Parlement lors de la discussion du projet de loi de
finances suivant ;
- enfin, l'autorisation budgétaire
donnée par le Parlement est plus large dans le sens où
elle ne se limite pas aux seules mesures nouvelles. L'introduction de la
justification au premier euro conduit le Parlement à se
prononcer sur l'ensemble des crédits accordés à telle ou
telle mission.
b) Impliquer davantage les parlementaires
La LOLF, qui résulte d'une initiative parlementaire,
avait également pour objectif de revaloriser le rôle du Parlement.
Elle a donc sensiblement rénové le droit d'amendement des
parlementaires lors de la discussion budgétaire. L'article 47 de la LOLF précise ainsi
qu'« au sens des articles 34 et 40 de la
Constitution, la charge s'entend, s'agissant des amendements s'appliquant aux
crédits, de la mission. ». Concrètement,
pour les amendements relatifs aux crédits, les parlementaires peuvent,
depuis l'entrée en vigueur de la LOLF, déposer des amendements
modifiant la répartition des crédits entre les programmes au sein
d'une même mission, sans augmenter les crédits de
celles-ci. Auparavant, ils ne pouvaient déposer que des amendements de
suppression des crédits.
a) Un droit d'amendement limité
L'architecture budgétaire retenue suite à la
mise en place de la LOLF n'est pas optimale dans la mesure où elle
restreint les arbitrages pouvant être présentés par les
parlementaires.
En effet, la nécessité de proposer des
amendements de crédits entre programmes conduit à faire de
l'opposition entre enseignement public et enseignement privé, ou entre
enseignement agricole et enseignement général, une ligne
directrice des interventions des parlementaires. Cette situation
crée des tensions peu propices à la sérénité
de la réflexion sur les évolutions nécessaires de
l'Éducation nationale, et en particulier sur la pertinence de la
complémentarité des enseignements sur notre territoire.
Annexé au présent rapport, un tableau présente l'ensemble
des amendements discutés sur la mission « Enseignement
scolaire » depuis la loi de finances pour 2006. Outre le tarissement
inquiétant du nombre d'amendements présenté annuellement,
il convient de constater la prédominance des sujets relatifs à
l'enseignement technique agricole et à l'enseignement privé.
Par ailleurs, il convient de souligner la limite qui
résulte de la taille du programme relatif à l'enseignement
scolaire public du second degré : ce dernier comprend, en
2011, environ 29,4 milliards d'euros de crédits de paiement, dont la
quasi-totalité concerne la couverture des dépenses de personnel.
Aucun amendement ne pouvant être proposé sur la
ventilation des crédits au sein d'un programme - qui constitue
l'unité d'autorisation parlementaire -, cette masse
budgétaire peut difficilement être l'objet d'un arbitrage par le
Parlement...
Afin de situer l'enjeu, il est utile de rappeler que le
montant de ce programme est supérieur au montant total des
crédits de paiement de 27 des 32 missions du budget
général de l'État ! Seules les missions
« Défense » et « Engagements financiers de
l'État » détiennent des crédits
supérieurs au seul programme relatif à l'enseignement scolaire
public du second degré ; même la mission
« Recherche et enseignement supérieur » - qui
comptabilise 25,2 milliards d'euros de crédits de paiement en 2011
- est moins importante, en termes budgétaires, que l'enseignement
secondaire.
Au-delà des difficultés posées par le
périmètre des programmes, les conditions d'arbitrage des
parlementaires sont également rendues difficiles par une justification
insuffisante des crédits demandés au Parlement, résultant
notamment des pratiques administratives non adaptées aux
nécessités d'une politique efficiente d'allocation des moyens,
ainsi qu'une évaluation des résultats encore insuffisante et peu
intégrée au processus décisionnel.
b) Une justification des crédits non satisfaisante
Votre mission regrette que l'information donnée
à l'occasion de la présentation du projet de loi de finances ne
permette pas aux parlementaires d'apprécier pleinement la gestion de
l'Éducation nationale. En effet, ils peuvent difficilement
évaluer l'adéquation des moyens ou identifier le coût des
actions conduites. Or cette situation devient critique lorsque la situation
générale des finances publiques nécessite de conduire une
allocation des moyens appropriée aux enjeux éducatifs.
Plusieurs éléments techniques peuvent être
cités pour témoigner de la carence de la procédure
budgétaire. Notamment, la présentation transversale et
synthétique des dépenses de personnel ou des plafonds d'emplois
est insuffisante pour apprécier la réalité des
décisions qui seront ensuite prises sur le terrain.
S'agissant de la définition du schéma
d'emplois, un pas supplémentaire a été franchi
lors de la discussion de la loi de finances pour 2011 : défini
quantitativement par le Parlement à partir d'un nombre estimé de
départs à la retraite mais non qualitativement, le schéma
d'emplois a été traduit concrètement cette année
sous la responsabilité des recteurs, qui ont eu la charge de calibrer
les différents leviers dont ils disposent pour réduire le nombre
de postes à partir de septembre 2011.
On peut louer les avantages de la
déconcentration mais on peut aussi s'étonner de ne pas
connaître ex ante la répartition de l'effort de
l'Éducation nationale (le potentiel de remplacement, sur les enseignants
surnuméraires, sur les décharges, sur la pré-scolarisation
à deux ans, ou sur le nombre de classes ?), alors même qu'il
s'agit là d'arbitrages essentiels aux politiques éducatives.
S'agissant de la justification des crédits
alloués à la masse salariale, votre mission souligne les
insuffisances comptables du système scolaire
et la complexité de la
présentation des dépenses de personnels : les
modalités de gestion de ces dernières sont à la fois
différentes entre catégories de personnels au niveau
budgétaire national et, entre échelons administratifs, au niveau
budgétaire déconcentré.
(1) L'euro de droit commun versus « l'euro éducatif »
L'euro n'est pas nécessairement une monnaie
unique pour l'ensemble des administrations. Ainsi, l'Éducation nationale
se distingue dans sa gestion des personnels et ses modalités
d'organisation par un recours quasi exclusif aux
« heures/élèves », notion que la Cour des
comptes a baptisé « l'euro éducatif ».
L'heure d'enseignement est donc l'unité de compte.
Cette méthode se justifie par les contraintes de la
gestion de masse qui s'imposent à l'Éducation nationale :
chaque rentrée, chaque matin, elle doit assurer la présence
d'enseignants devant des élèves dont la présence à
l'école est rythmée par des programmes définis en heures
de cours. La domination de « l'euro éducatif » sur
l'euro de droit commun explique les difficultés à
développer des politiques éducatives définies au regard de
critère d'efficience, puisque le lien entre les masses
budgétaires votées, la répartition des moyens et l'analyse
des résultats est quasiment inexistant.
Un exemple peut être donné s'agissant de
l'éducation prioritaire, dont le coût est toujours imprécis
30 ans après la mise en place de cette politique : la masse
salariale par élève dans les académies de Versailles et de
Créteil (qui concentre plus du quart de l'éducation prioritaire)
est inférieure à la moyenne nationale, ce qui peut paraître
étonnant compte tenu des objectifs de cette politique qui se base sur
une inégalité de traitement. Pour autant, le ministère de
l'Éducation nationale affecte bien des moyens supplémentaires
comme peut en témoigner le nombre d'emplois ou le nombre d'heures
supplémentaires affectées à des dispositifs propres
à l'éducation prioritaire. Toutefois, en affectant les
enseignants les plus jeunes dans les établissements en
difficulté, on diminue le coût de l'éducation prioritaire,
ce qui rend difficile l'appréciation de l'investissement dans ces
territoires.
|
Si la quasi totalité des dépenses de personnel
et des emplois de la mission « Enseignement scolaire »
votées par le Parlement sont converties en « euro
éducatif », il convient néanmoins de préciser
que l'euro de droit commun reste utilisé tout au long de la chaîne
administrative pour les dépenses liées aux personnels
d'assistance éducative, soit entre 90 000 et 100 000 personnes
selon les années. Ils ne relèvent pas techniquement des
dépenses de personnel de l'État au sens strict de la LOLF qui ne
comptabilise dans cette catégorie que les personnels
rémunérés juridiquement par l'État. Or, ces
personnels sont recrutés par les établissements publics locaux
d'enseignement. La masse financière concernant ces emplois, qui ne font
pas partie du plafond d'emplois du ministère, est donc
déléguée aux académies puis aux
établissements, en euros.
(2) Les conséquences de l' « euro éducatif » : « une alchimie mystérieuse »
La conversion en « euro éducatif »
de l'autorisation parlementaire exprimée en euros et en emplois
équivalent temps plein travaillés (ETPT) relève d'une
« alchimie mystérieuse » que le rapport de la
commission d'enquête du Sénat en 1999 avait déjà
relevée. Cette expression souligne le fait que la gestion des personnels
est l'objet d'une suite complexe de réactions et de transformations. Le
caractère « alchimique » de la gestion des
personnels intervient au cours du processus de transformation des emplois
inscrits en loi de finances, en emplois attribués aux
établissements scolaires. Suite au vote de la loi de finances, qui
autorise un certain nombre d'emplois équivalent temps plein
travaillé (ETPT), le ministère délègue aux
académies une enveloppe également exprimée dans cette
unité de compte assortie des crédits correspondants. Au
niveau déconcentré, les emplois vont alors subir une
transformation. En effet, la dotation d'emplois reçue
par les recteurs va être convertie en une dotation globale horaire
affectée à chaque chef d'établissement. C'est à ce
stade du processus, lorsque l'on passe d'emplois indifférenciés
à une dotation globale horaire, que « l'alchimie »
devient mystérieuse et où le lien entre masse financière
et gestion se dilue. Enfin, les établissements transforment
leur dotation globale horaire en postes pédagogiques qui sont
occupés par des personnes physiques.
c) Une évaluation des résultats peu intégrée au processus décisionnel
Les indicateurs des projets annuels de performance et des
rapports annuels de performance du système scolaire sont encore mal
renseignés. Ils sont surtout insuffisamment en lien avec les actions
menées, notamment en termes de personnalisation de la pédagogie.
Votre mission estime qu'à ce stade, l'évaluation de la
performance ne peut que très partiellement appuyer la prise de
décision au niveau parlementaire.
Au demeurant, la mission constate que le développement
de l'analyse de performance n'a pas modifié substantiellement
l'allocation des moyens aux académies. Les conclusions du 7e
rapport d'activité du comité interministériel d'audits des
programmes (CIAP) indiquent que la répartition des ressources entre les
académies ne s'appuie pas sur l'analyse des fonctions et des
résultats d'indicateurs développés dans le cadre de la
LOLF. D'une manière générale, cette commission a
constaté une certaine réticence de l'Éducation nationale
à procéder à des évaluations rigoureuses de son
action, notamment expérimentale (cf. supra), et à en
tirer les conséquences. Ceci est paradoxal pour une institution qui ne
cesse de noter ses élèves et ses personnels.
Extrait du rapport d'activité du comité
interministériel d'audit des programmes (CIAP)
7e cycle d'audits (septembre 2009-septembre 2010)
« Les équipes qui ont audité ces
programmes [programmes 141 et 230 de la mission Enseignement
scolaire »] ont tout d'abord souligné un réel
effort de transparence de l'administration centrale sur les
critères d'analyse des fonctions des services et les résultats
des indicateurs :
- création d'un outil informatique en ligne
permettant aux académies d'accéder à l'ensemble des
indicateurs des programmes qu'elles mettent en oeuvre, avec leurs propres
résultats et ceux de toutes les autres académies ;
- constitution d'un tableau de bord académique,
à partir des indicateurs des programmes et des indicateurs
complémentaires fixés au niveau des BOP ;
- analyse des charges et fonctions en services
académiques, permettant d'identifier les emplois par fonction et de
rapprocher chaque fonction de critères de charges (nombre
d'élèves, d'agents gérés,
d'établissements...).
Mais les auditeurs ont ensuite noté
- que la répartition des enveloppes
budgétaires entre les académies ne prenait pas en compte ces
différents critères d'analyse ;
- et que, par ailleurs, les marges
dégagées par certaines académies étaient quasi
systématiquement captées par les responsables de programme, pour
couvrir les dépassements d'enveloppes effectués par
d'autres. »
|
C. CRÉER LES CONDITIONS D'ARBITRAGES POLITIQUES NATIONAUX
1. Améliorer la justification des crédits, privilégier la « monnaie unique »
Afin de renforcer la capacité d'arbitrage du Parlement,
votre mission fait sienne les recommandations de la Cour des comptes de
généraliser à l'ensemble des échelons du
système éducatif une comptabilité en euros
malgré la difficulté de la tâche comme l'a souligné
le CIAP : « Une analyse fine des coûts implique de
substituer à ce système en
heures/élève une comptabilité en euros, à
partir d'un plan comptable offrant la lisibilité nécessaire au
niveau des établissements, ce qui constitue un chantier
d'envergure. »
Ce changement de référentiel,
qui n'empêche pas au demeurant de conserver - pour des raisons
matérielles bien comprises - « l'euro
éducatif », devrait permettre de mieux
apprécier l'efficience du système et mettre fin à cette
désagréable impression que le budget de l'Éducation
nationale serait par certains côtés une « boîte
noire ».
Cette évolution qui se traduira dans les documents
budgétaires par une meilleure justification des crédits devrait
s'accompagner d'une réflexion sur les modalités aujourd'hui trop
transversales de présentation des dépenses de personnel. Il
serait notamment opportun, comme le rappelle le CIAP dans le rapport
précité, qu'un certain nombre d'indicateurs
génériques relatif à la masse salariale
(coût par élève, par enseignant, par personnel
d'orientation...) soit calculé par type d'établissements
(écoles élémentaires, collèges,
lycées).
Ceci implique notamment que chaque
établissement connaisse sa masse salariale, ce qui n'est pas le cas
aujourd'hui. Votre mission espère que le chantier en cours sur
le plan comptable des EPLE permettra de combler cette lacune, qui ne permet ni
aux chefs d'établissement ni aux conseils d'administration d'avoir une
vue exhaustive de la situation. Elle a pris bonne note des engagements de M.
Pierre Laurent Simoni, adjoint au directeur des affaires financières du
ministère : « Dans les mois à venir, nous
allons produire un nouveau cadre budgétaire et comptable des
établissements publics locaux d'enseignement (EPLE), en
adéquation avec les principes de la LOLF. Plusieurs ministres se sont
engagés devant le Sénat à valoriser la masse salariale des
établissements scolaires. Cela n'a pas encore été fait
pour des raisons techniques, mais les travaux se poursuivent. Il faut
réfléchir collectivement à la description du budget de
l'éducation nationale, en faisant converger les
contraintes. »
L'architecture budgétaire n'est pas neutre car
elle doit permettre de traduire des choix politiques et des stratégies.
Or, actuellement, elle ne sert réellement
d'appui ni aux décisions politiques nationales, ni aux décisions
des gestionnaires.
Votre mission souhaiterait que l'architecture
budgétaire soit adaptée aux enjeux politiques actuels
afin d'apporter des réponses structurelles aux
difficultés rencontrées par notre système
scolaire.
Pour cela, elle estime nécessaire de modifier
le découpage budgétaire et de redéfinir les
périmètres financiers des programmes de la mission
« Enseignement scolaire ». Il s'agit bien entendu de pistes
de réflexion, destinées à ouvrir le débat auquel en
tout état de cause le Parlement doit être associé.
Ainsi que l'a indiqué M. Pierre-Laurent Simoni :
« Il faut en effet rendre le budget de l'éducation
nationale plus lisible. La décomposition en actions ne répond
qu'imparfaitement aux souhaits de la représentation nationale. Le
découpage des programmes se fait à la fois par niveau
d'enseignement et par politique éducative ; ce choix, qui
répondait à des impératifs techniques, ne favorise pas la
lisibilité. Il y a là un travail à
mener. »12(*)
Le tableau ci-après présente le découpage
de ces programmes.
Programmes actuels de la Mission
« Enseignement scolaire »
|
Programme 140 : Enseignement scolaire public du premier
degré
|
Programme 141 : Enseignement scolaire public du second
degré
|
Programme 230 : Vie de l'élève
|
Programme 139 : Enseignement scolaire privé du
premier et du second degrés
|
Programme 214 : Soutien de la politique de
l'éducation nationale
|
Programme 143 : Enseignement technique agricole
|
La mission a fondé ses propositions :
- à partir des contraintes qui s'imposent au Parlement
lors de la discussion du projet de loi de finances ;
- à partir des consensus qu'elle a pu acter au cours de
ses auditions et de ses déplacements : mieux prendre en compte
l'existence du socle commun, fluidifier les parcours scolaires notamment entre
l'école et le collège, renforcer l'investissement dans
l'enseignement élémentaire et
pré-élémentaire, réaffirmer la
nécessité de la lutte contre les inégalités
scolaires, revaloriser l'enseignement professionnel.
? A partir de la maquette budgétaire
ci-dessus rappelée, les principales évolutions proposées
sont les suivantes :
- la reventilation des crédits du programme
relatif à la « Vie scolaire » : comme
cela l'a déjà été souligné par le CIAP, ce
programme a perdu la plupart de ses justifications premières avec le
transfert des crédits des personnels techniciens, ouvriers et de
services (TOS) aux collectivités territoriales. Par ailleurs, distinguer
les personnels enseignants des personnels d'éducation n'est pas, aux
yeux de votre mission, un choix pertinent eu égard à la
nécessité de renforcer l'émergence d'un collectif
pédagogique qui ne se résume pas à la seule action des
enseignants. En conséquence les crédits devraient être
reventilés, au sein des nouveaux programmes, proposés en fonction
de la mission de ces personnels ou de la finalité des crédits
(aide sociale) ;
- la répartition des crédits du
programme relatif à l'enseignement privé au sein d'actions
identifiées dans les nouveaux programmes proposés. Cette
suggestion peut paraître audacieuse ; toutefois elle ne fait que
témoigner de la conviction de votre rapporteur de l'insuffisante
complémentarité des différents types d'enseignements sur
notre territoire, aujourd'hui gérés sur des voies
parallèles qui, par définition, ne se croisent pas alors
même que les élèves connaissent de plus en plus des
parcours mixtes, avec des allers-retours
public-privé ;
- la scission du programme « Enseignement
scolaire public du second degré » qui, en raison de
sa taille (près de la moitié des crédits de la mission),
neutralise l'initiative parlementaire et nuit à la lisibilité des
priorités.
? Sur cette base, la nouvelle maquette
budgétaire pourrait être ainsi envisagée :
- maintenir le programme support actuel,
« Soutien de la politique de l'Éducation nationale »
sous réserve d'améliorer la pertinence de son
périmètre comme l'a recommandé le Comité
interministériel d'audit des programmes (CIAP) ;
- définir un programme
consacré à l'acquisition du socle commun. Votre
mission fait sienne la remarque de M. Jean Picq qui avait souligné
que : « (...) hier comme aujourd'hui, la priorité va
à l'articulation entre l'école et le collège, dés
lors que l'on a adopté le socle commun. Or, au ministère,
continuent de coexister un programme LOLF pour les collèges et
lycées et un autre pour l'école. » La
création d'un programme dédié au socle permettra non
seulement de mieux asseoir le socle commun dans notre système scolaire,
d'améliorer la fluidité des parcours en identifiant,
éventuellement, une action propre aux réseaux du socle commun que
soutient votre mission, mais aussi de redéfinir ce que doit être
l'investissement dans l'école primaire et le collège ;
- dédier un programme aux lycées
d'enseignement général et technique (LEGT) dont l'objectif est de
préparer aux études supérieures. Le coût du
lycée a été abondamment commenté, la France se
démarquant des autres pays de l'OCDE par un
« sur-investissement » dans l'enseignement secondaire du
second cycle. Au regard des critiques relatives au caractère
onéreux de la carte des options pour une valeur ajoutée non
établie, il serait opportun que les actions de ce programme retracent le
coût des enseignements obligatoires et le coût des enseignements
optionnels afin d'engager une réflexion de fond sur cette
question ;
- identifier deux programmes consacrés aux
apprentissages qualifiants avant l'entrée dans la vie
professionnelle. L'article 7 de la LOLF interdisant de créer un
programme interministériel, la mission propose de regrouper dans un
premier programme les crédits de l'Éducation nationale relatifs
à l'enseignement professionnel et à l'apprentissage, et dans un
second programme les crédits concernant l'enseignement technique
agricole placé sous la tutelle du ministère de l'agriculture, de
l'alimentation, de la pêche, de la ruralité et de
l'aménagement du territoire. Votre rapporteur estime que
l'identification budgétaire de ces enseignements contribuera à
leur revalorisation ;
- créer un programme réservé
à la lutte contre les inégalités scolaires
afin d'améliorer l'égalité des
chances en s'assurant de la reconnaissance de légitimes
surcoûts. Il ne s'agit pas de stigmatiser tel ou tel poste de
dépenses mais de connaître leurs paramètres, leurs
justifications et, éventuellement définir leur niveau
optimal. Lors de ses déplacements aux Pays Bas et en Belgique,
la mission a constaté que les différents pouvoirs publics
identifiaient le surcoût lié à un élève en
« éducation spécifique », voir se fixaient
des normes plus élevées de dépense par élève
lorsque ce dernier était en éducation spécifique. Ce n'est
pas le cas de la France où le ministère ne peut offrir en
réponse aux questions des parlementaires que des reconstitutions de
coût dont la fiabilité n'est pas garantie. Ce programme
concernerait :
· l'éducation prioritaire ;
· le service public de l'éducation nationale dans les zones rurales, ou plus largement dans les territoires à fortes contraintes géographiques. Ces zones présentent de facto un surcoût qu'il est nécessaire d'appréhender afin de différencier les moyens en fonction de la nécessaire adaptation de l'Éducation aux réalités locales ;
· la prise en charge d'enfants handicapés. Depuis la loi n° 2005-102 du 11 février 2005 pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, la scolarisation des enfants handicapés en milieu ordinaire a très sensiblement augmenté13(*) obligeant l'Éducation nationale à faire face à des charges nouvelles. La politique du handicap étant devenu une action de l'Éducation nationale à part entière, il est nécessaire de l'identifier ;
· le financement d'établissements spécifiques tels que les internats d'excellence ou les établissements de réinsertion scolaire. Une présentation séparée s'impose compte tenu de leurs modalités de financement - peu claires à ce jour - et la concentration des moyens par élève.
· les bourses et les fonds sociaux des établissements.
Une nouvelle architecture budgétaire :
Pistes de réflexion pour une mission interministérielle « Éducation et formation »
- Programme 1 : Acquérir le socle
commun
Action A : L'école maternelle
Action B : L'école
élémentaire
Action C : Le collège
Action E : Les réseaux du socle commun
Action F : L'enseignement privé
...
- Programme 2 : Préparer aux études
supérieures
Action A : Les enseignements obligatoires
Action B : Les enseignements optionnels
Action C : L'enseignement privé
...
- Programme 3: Entrer dans la vie professionnelle par une
formation qualifiante
Action A : L'Enseignement professionnel
Action B : L'apprentissage
- Programme 4: L'enseignement technique
agricole
Actions existantes
- Programme 5 : Lutter contre les
inégalités scolaires
Action A : L'éducation prioritaire
Action B : La géographie des
territoires
Action C : Les établissements
spécifiques
Action D : La politique du handicap
Actions E : L'action sociale
...
- Programme 6 : Soutien de la politique de
l'éducation nationale
Actions existantes
|
Le décalage année civile/année scolaire a
pour principale conséquence de fausser le débat en loi de
finances. Ce dernier se déroule en effet après la rentrée
scolaire, et donc souvent après la mise en oeuvre de décisions
prises par le ministère au printemps lorsque ce dernier prépare
techniquement cette rentrée, décisions sur lesquelles le
Parlement n'a aucune prise puisqu'elles n'étaient pas encore connues
lors du précédent débat budgétaire.
Compte tenu de l'importance du budget de l'Éducation
nationale - premier poste de dépense de l'État -, de
l'impact de cet investissement sur l'avenir de notre pays, du caractère
faiblement législatif de ce service public et eu égard aux
contraintes matérielles qui s'imposent au ministère, votre
mission propose que le Parlement puisse débattre des orientations
budgétaires concrètes de cette mission au cours du
premier trimestre de chaque année. Votre mission rappelle que
l'instauration d'un tel débat d'orientation budgétaire
consacré au premier investissement de la Nation avait déjà
été proposée par la commission d'enquête
précitée du Sénat, en 1999.
II. CONSTRUIRE UNE RÉGULATION DES PRATIQUES ADMINISTRATIVES ET PÉDAGOGIQUES AU SERVICE DES POLITIQUES NATIONALES
A. METTRE FIN AU MODÈLE PYRAMIDAL DE DÉCISION
1. Prendre conscience de la nécessaire articulation de l'administratif et du pédagogique
Restaurer la capacité d'arbitrage budgétaire est
un préalable indispensable à la définition d'une politique
éducative cohérente, lisible et centrée sur des
priorités claires. Une fois l'impulsion politique donnée, encore
faut-il qu'elle atteigne les pratiques pédagogiques et influe sur les
résultats des élèves. En retour, l'évaluation des
performances des élèves devra servir de boussole au
législateur et au Gouvernement pour adapter la politique nationale.
C'est donc la triple articulation du politique, de l'administratif et
du pédagogique qu'il faut préciser pour que chacun reste dans son
rôle en travaillant harmonieusement à l'ambition
collective. Des trois maillons, c'est certainement l'administratif qui
suscite le moins d'intérêt, pris entre la décision
politique nationale et la liberté pédagogique reconnue à
chaque enseignant dans sa classe. Il est pourtant essentiel à la fois
pour la gestion efficace des ressources et la définition de
stratégies adaptées aux caractéristiques et aux
défis locaux.
Votre mission partage le sentiment de la Cour des comptes et
de l'Institut Montaigne, dont les représentants ont appelé lors
de leurs auditions à ne pas gaspiller nos forces dans des
bouleversements administratifs dépourvus de lien direct avec les
apprentissages et la vie scolaire. La structure administrative
adoptée par un système éducatif ne commande pas les
performances des élèves. Il serait donc vain de vouloir
déterminer, aussi bien a priori qu'empiriquement, les
détails d'une administration de l'éducation optimale en tout
temps et en tout lieu. Comme le relevait Mme Nathalie Mons en 2007
après une analyse des politiques de décentralisation, de
déconcentration et d'autonomie scolaire dans les pays de l'OCDE,
« il n'y a pas une bonne pratique ou un schéma optimal en
matière d'organisation des pouvoirs en éducation. Si certaines
configurations sont positivement associées à des niveaux
élevés d'efficacité, d'autres organisations
institutionnelles semblent davantage garantes d'une meilleure
égalité scolaire. »14(*) Parmi les pays qu'on s'accorde
aujourd'hui à louer pour les résultats de leur politique
éducative, il n'en est pas deux qui aient adopté la même
organisation. Il est difficile de voir sur quoi peuvent s'accorder les
systèmes japonais, coréen, finlandais ou australien, chacun
porteur d'une histoire et fruit d'un compromis social bien différents.
La transposition à l'identique de tel ou tel de ces modèles en
France semble dénuée de tout fondement.
La tentation paraît dès lors grande
d'abandonner les problèmes de gestion et d'organisation du
système éducatif pour se concentrer sur le seul face à
face de l'élève et de l'enseignant dans la classe et pour engager
un grand débat sur les méthodes d'enseignement. Votre rapporteur
estime qu'il faut y résister. Chaque année qui passe
charrie déjà son lot de querelles pédagogiques sur
l'apprentissage de la lecture ou la suppression des notes. Pendant ce temps, le
lent affaissement des performances scolaires de nos enfants se poursuit
silencieusement. La focalisation excessive sur le seul travail individuel de
l'enseignant fait porter sur chacun d'eux une responsabilité excessive,
tout en décourageant les dynamiques collectives au sein des
établissements. Elle freine la prise en compte de la vie scolaire dans
sa globalité et des parcours des élèves dans la
durée. Elle nous pousse aux affrontements stériles et nous
condamne aux politiques morcelées, mouvantes et illisibles.
Il ne faut donc pas renoncer au levier structurel et
convenir que les champs administratifs et pédagogiques se recouvrent et
interagissent étroitement, si bien que le fonctionnement et
l'organisation des organes de gestion et d'administration du système
éducatif ne sont pas indifférents pour les apprentissages en
classe et la scolarité des élèves. Il n'est en
effet pas discutable que, selon les termes de M. Jean Picq,
président de chambre à la Cour des comptes, « bien
des opérations administratives, relatives à l'organisation des
établissements, la composition des classes, l'emploi du temps, etc. ont
un fort contenu pédagogique. »15(*) La réforme du
lycée professionnel semble comporter essentiellement un volet
pédagogique appuyé sur la refonte des parcours en trois ans,
l'accompagnement personnalisé et l'acquisition en cours de formation
d'une certification intermédiaire. L'investissement des enseignants est
donc essentiel. Mais la définition de l'offre de formation par les
rectorats, essentiellement la répartition entre certificat d'aptitude
professionnelle (CAP) et baccalauréat professionnel et la carte
d'implantation des filières, ainsi que l'organisation des passerelles et
la gestion par les chefs d'établissement de la fraction de dotation
horaire non fléchée, sont des éléments cruciaux
pour réussir le pari de la réduction des sorties sans
diplôme et de l'élévation des niveaux de qualification.
C'est bien l'ensemble de la chaîne administrative du ministère
(administration centrale, rectorats et IA, établissements) qui doit
contribuer au succès de la réforme.
Plus largement, il convient d'admettre que n'importe quelle
structure administrative n'est pas nécessairement adaptée aux
évolutions souhaitables de l'enseignement, comme la personnalisation et
la fluidification des parcours des élèves. L'inefficience
administrative peut sévèrement brider l'efficacité
pédagogique. Même les initiatives les plus
intéressantes, appuyées sur une recherche rigoureuse et
dotées d'un fort effet de levier, par exemple en matière
d'acquisition et d'enrichissement du langage en maternelle, ont besoin de
s'inscrire dans un cadre et d'être dotées de ressources
suffisantes, avant d'être évaluées, diffusées et
transposées.
En outre, si l'on considère que l'allocation
différenciée des moyens et leur reventilation souple en faveur
des élèves qui en ont le plus besoin doivent constituer
l'instrument de choix pour redresser notre école, force est d'admettre
que cette politique dépend de la capacité de l'administration
d'agréger et d'analyser les demandes, d'arbitrer entre les projets, de
répartir les fonds, d'évaluer l'impact sur les
élèves et d'en tirer les conséquences.
Les pratiques pédagogiques ne se
déploient pas dans un espace intellectuel désincarné et
leurs conditions matérielles, administratives et juridiques d'exercice
pèsent aussi sur les résultats des élèves.
La pédagogie s'incarne dans des personnels dotés d'un statut,
intervenant au sein d'établissements ou d'écoles, eux-mêmes
dotés de fonctions et d'une organisation spécifique, sous la
tutelle hiérarchique des rectorats et des inspections d'académie.
On ne peut donc pas faire l'économie d'une réflexion sur
les organes du système éducatif : sont-ils adaptés
à une allocation des moyens différenciée en fonction des
besoins des élèves et des territoires ? Servent-ils de
supports efficaces aux équipes pédagogiques
locales ?
Une illustration de l'influence des structures sur les
performances scolaires :
le système suisse
Le système éducatif suisse fait l'objet d'un
partage de compétences complexe entre les différents
échelons territoriaux, qui reflète lui-même la structure
politique particulière de la confédération
helvétique :
- au niveau de l'enseignement primaire et secondaire
obligatoire, la décentralisation vers les cantons est totale (art. 62 de
la Constitution fédérale) et concerne aussi bien les programmes,
les rythmes scolaires journaliers, hebdomadaires et annuels que la
préscolarisation ou le recrutement des enseignants ; d'où un
système extrêmement hétérogène en
organisation et en performance, à tel point qu'on peut parler d'une
juxtaposition de 26 systèmes éducatifs distincts ;
- la scolarité secondaire non obligatoire fait
l'objet d'un accord entre les cantons et la
confédération ;
- les universités et les deux écoles
polytechniques de Lausanne et de Zurich sont du ressort de la
Confédération.
Le financement du primaire et des secondaires I et II est du
ressort des cantons, sans participation de la Confédération, sauf
pour les écoles professionnelles.
Exemples de disparités
intercantonales :
- sur les 9 premières années d'enseignement
correspondant à l'enseignement obligatoire, il existe plus de 10 %
d'écart de temps scolaire entre le Valais ou le Tessin et Genève
ou Neuchâtel. Concrètement, on consacre l'équivalent d'un
an et demi de plus à l'apprentissage du français dans le Valais
qu'à Genève ;
- en termes de dépenses par élève
dans le secondaire I, Berne ou le Jura dépensent environ 7 000
francs suisses de moins que Genève pour une moyenne nationale de
15 500 francs suisses environ (données 2006) ;
- le Jura n'a que 10 % de ses classes de primaire dans
lesquelles les élèves possèdent des niveaux fortement
hétérogènes, contre 68 % à Bâle et
77 % à Genève (données 2008) ;
- aux tests PISA 2006, environ 17,5 % des
élèves à Zurich ou Genève, contre seulement
8,5 % à Fribourg, n'atteignent que le plus bas niveau de lecture.
Chaque canton peut ensuite donner plus ou moins de
responsabilités aux communes et aux établissements. A
Genève, les 46 communes ne s'occupent que de la construction des
écoles primaires, le canton possédant tous les
établissements secondaires, tandis que dans le Valais, elles ont aussi
la main sur les commissions scolaires et interviennent plus massivement. De
même, le canton de Genève achète tous les manuels du
primaire et du secondaire I ; dans d'autres cantons, les communes et les
familles participent pour certains niveaux.
C'est en partie grâce au choc des tests PISA, comparable
à celui causé en Allemagne, que les Suisses ont pris conscience
des risques potentiels de l'éparpillement du système :
d'importants écarts intercantonaux reflétant de fortes
inégalités territoriales, une évaluation très
difficile du système global qui, en retour, gêne la comparaison
des structures cantonales et favorise l'immobilisme, le manque de transparence
pour les familles et les professionnels.
C'est pourquoi la Constitution fédérale a
été modifiée en 2006 par un référendum
populaire afin d'inciter les cantons à harmoniser les
politiques « concernant la scolarité obligatoire,
l'âge d'entrée à l'école, la durée et les
objectifs des niveaux d'enseignement et le passage de l'un à l'autre,
ainsi que la reconnaissance des diplômes ». A
défaut d'harmonisation d'ici 2015, la Confédération est
autorisée à légiférer sur ces matières.
L'harmonisation vise à améliorer la
perméabilité intercantonale et la qualité de
l'enseignement, ainsi qu'à accroître la lisibilité,
l'équité et l'efficience. Elle implique de définir par
disciplines des connaissances et des compétences de bases
(« standards de compétence ») et des niveaux
d'exigence pour chaque cycle afin de permettre une évaluation
monitorée nationalement.
Entre la Confédération et
l'établissement, se superposent progressivement trois niveaux de
responsabilité dans une logique d'harmonisation sans centralisation
imposée :
- au niveau intercantonal (accord HarmoS) revient la
définition des structures de base, des finalités, des domaines et
des standards d'instruction, ainsi que la fixation d'un cadre minimal pour la
formation des enseignants ; en particulier, l'accord HarmoS en cours de
ratification impose une obligation scolaire de 4 à 15 ans,
définit les éléments du socle commun, prévoit des
indicateurs qualité ;
- au niveau régional (la Suisse romande, par exemple)
revient la définition d'un Plan d'études qui définit les
objectifs d'enseignement pour chaque degré et chaque cycle et qui fixe
les proportions accordées à chaque domaine d'études, en ne
laissant aux cantons qu'une marge d'appréciation à hauteur de
15 % du temps d'enseignement ; cette liberté d'action permet par
exemple au Valais de conserver un enseignement d'éthique et de culture
religieuse ;
- le canton gère les politiques d'égalité
des chances, d'intégration et d'insertion professionnelle, fixe des
priorités d'action publique, organise matériellement les
prestations, définit le statut et la rémunération des
personnels recrutés et contrôle l'enseignement privé
(6 % des effectifs globalement en Suisse ; il n'est pas
conventionné et ne reçoit aucune subvention publique).
|
La comparaison avec l'organisation des systèmes
éducatifs étrangers retrouve sa pertinence, une fois
débarrassée de toute volonté de reproduction
mimétique. Sans tracer une voie unique vers la réussite
scolaire, elle permet de préciser en quoi la structure du système
influe sur les performances des élèves et les
inégalités sociales ou territoriales.
Mme Nathalie Mons, sociologue, a pu ainsi résumer les travaux de
recherche récents sur l'impact des politiques de décentralisation
au sens large, y compris la déconcentration et l'autonomie scolaire, qui
indiquent plutôt que :
- la répartition des compétences en
matière d'éducation affecte les performances des
élèves, sans que ni une décentralisation totale, ni une
parfaite concentration dans les mains de l'État ne permettent
d'atteindre les meilleurs résultats ;
- avant la décentralisation politique, c'est
l'autonomie des établissements qui joue favorablement sur les
apprentissages ;
- l'autonomie pédagogique est particulièrement
efficace ;
- l'État doit conserver un rôle de
contrôle dans toute réforme décentralisatrice ;
- les décentralisations tendent à
accroître les inégalités de performance scolaire, si elles
ne sont pas accompagnées d'un contrôle national et de
mécanismes de péréquation.16(*)
L'aiguillon des comparaisons internationales aide à
desserrer l'étau des habitudes, permet de revenir sur des choix anciens
tacitement reconduits d'année en année et ouvre l'éventail
des possibles sans nous forcer pour autant à renier notre histoire ou
ignorer les traits caractéristiques de notre société.
C'est pourquoi votre rapporteur regrette vivement que la France soit le
seul pays de l'OCDE à ne pas avoir réalisé une
enquête sur l'autonomie de ses établissements en complément
du test PISA 2009. Cette enquête a permis dans les autres pays
de construire deux indicateurs, l'un mesurant l'autonomie pédagogique
des établissements, c'est-à-dire leur responsabilité
propre en termes de cursus, de programmes et d'évaluation des
élèves ; l'autre mesurant l'autonomie de gestion, tant pour
les ressources humaines que pour le budget.17(*) Reprenant les analyses récentes du cabinet
McKinsey sur les systèmes ayant le plus progressé ces
dernières années aux tests PISA, M. Thierry Bossard, chef du
service de l'inspection générale de l'administration de
l'Éducation nationale et de la recherche (IGAENR), a conclu devant les
membres de la mission que « pour passer de résultats
faibles à des résultats moyens, la centralisation est efficace,
mais que pour passer de résultats moyens ou bons à de
très bons résultats, la responsabilisation et l'autonomie des
équipes locales sont les bonnes
réponses. »18(*)
Les déplacements de la mission en France et à
l'étranger, au contact des acteurs de terrain, l'ont convaincu
également que c'était le bon chemin à emprunter.
Cependant, il est nécessaire d'affiner cette conclusion
générale pour clarifier les responsabilités des
différents maillons de la chaîne administrative et identifier les
voies possibles d'une autonomie scolaire efficace et équitable.
2. Une organisation encore étroitement hiérarchisée et réglementée
Au fur et à mesure de ses auditions, de ses
déplacements et de l'analyse des systèmes étrangers, la
mission a acquis la conviction que le ministère de l'Éducation
nationale, par-delà les discours de réforme récurrents
d'année en année, souffrait encore d'être une
administration construite pour assurer un service uniforme dans le respect
d'une réglementation très extensive et
détaillée. Le culte de la circulaire y
perdure, si l'on en juge par les 66 textes adoptés par le
ministère sur la seule année 2010 qui couvrent, au même
niveau d'intervention, la préparation de la rentrée, la
22e journée de la presse et des médias, la mise en
place de Ciné-lycée, l'enseignement de la natation dans le
premier et le second degré, le programme « Collèges et
lycées pour l'ambition, l'innovation et la réussite »
(CLAIR), l'extension de la « Mallette des parents » ou
encore la mise en oeuvre du droit individuel à la formation.19(*) De même, les programmes
restent beaucoup plus détaillés et leur élaboration plus
centralisée que dans d'autres pays comme les Pays-Bas.
La gestion des personnels est gouvernée par le
même principe, ainsi que le note Mme Josette Théophile,
directrice générale des ressources humaines des ministères
de l'Éducation nationale et de l'enseignement supérieur :
« le recrutement et la gestion des affectations des enseignants
dans le système éducatif sont extrêmement
standardisés, en cohérence avec le principe de traitement
identique de tous les élèves et l'objectif de délivrer les
mêmes programmes partout. La centralisation excessive des ressources
humaines transparaît d'ailleurs davantage depuis que 100 % d'une
classe d'âge est accueilli à
l'école. »20(*)
Cette logique de réglementation,
répondant à la tradition centralisatrice de notre pays, est peu
propice au développement d'une culture de l'initiative au sein des
établissements. De plus, elle tend à transformer
l'évaluation en contrôle et à privilégier ainsi le
respect formel des textes sur une régulation des pratiques en fonction
des besoins et des progressions des élèves. Malgré la
déconcentration et la naissance d'une nouvelle sensibilité au
contexte local et à l'évaluation, que la mission salue, cette
culture imprègne encore trop les structures et les habitudes des acteurs
du système éducatif.
Les expérimentations pilotées par le
ministère se présentent dès lors comme l'envers d'un
système pyramidal, très hiérarchisé et sans acteurs
véritablement autonomes. Sur la méthode
expérimentale, Mme Agnès Van Zanten, sociologue de
l'éducation et directrice de recherche au CNRS, remarque qu'
« au cours des dernières années, nous avons
assisté au développement de cette manière de
procéder, qui est a priori assez étrangère au
modèle français et qui est incontestablement plus répandue
dans d'autres pays. Or, je ne pense pas qu'il s'agisse d'une configuration de
travail optimale, car les expérimentations mises en oeuvre sur le
terrain le sont très rarement à l'initiative de la base. Elles
résultent en effet davantage d'une impulsion venue d'en haut et se
conduisent très rarement en association avec les chercheurs
spécialistes. »21(*)
En outre, les expérimentations ne font pas toujours
l'objet d'une concertation suffisante, notamment avec les collectivités
territoriales comme le relève M. Matthieu Hanotin, au nom de
l'Assemblée des départements de France (ADF) :
« les expérimentations de l'Éducation nationale
sont menées de manière verticale. Ainsi, nous avons appris par la
presse que le programme CLAIR serait mis en oeuvre en Seine-Saint-Denis, et,
par un discours présidentiel prononcé en préfecture, que
seraient créés des Établissements de réinsertion
scolaire (ERS). Cette démarche n'est pas la plus
judicieuse. »22(*) Les internats d'excellence, de même, ont
été mis en oeuvre dans le cadre du Grand Emprunt, alors
même que la compétence des régions est directement
concernée.
Sur le plan de la méthode, votre mission
s'interroge donc sur la multiplication des expérimentations
lancées par le ministère, d'autant plus que leurs objectifs
paraissent parfois flous. Elles s'apparentent parfois à une
préréforme dont la généralisation est
déjà actée quels que soient les résultats, le
caractère expérimental servant de justification paradoxale aux
choix antérieurs. C'est sans doute le cas de la réforme du
lycée professionnel. Dans d'autres cas, comme « Cours le matin
- Sport l'après-midi », les expérimentations
correspondent à des initiatives très ciblées,
coûteuses et dont on sait dès le début qu'elles ne sont pas
généralisables. Dans les deux cas, quel que soit
l'intérêt intrinsèque et le contenu des dispositifs,
l'expérimentation affichée ou réelle pourrait braquer les
acteurs de terrain auxquels elle est imposée et les rendre
réfractaires à toute évolution.
Galvaudée et dispersée ainsi,
l'expérimentation risque de ne plus apparaître comme un mode de
transformation souple et fécond, ce qu'elle devait être
théoriquement, mais plutôt comme un moyen de perpétuer une
certain emprise de l'administration centrale. Plutôt que d'impulser des
grands projets ministériels imposés d'en haut et contraires
même au discours d'autonomie, il convient plutôt de
s'appuyer sur les nombreuses initiatives nées aux échelons
locaux, dans les établissements et dans les collectivités, pour
les évaluer et en tirer des conséquences utiles pour l'ensemble
du système éducatif. Concertation et évaluation
sont les deux mamelles qui doivent nourrir toute rénovation
cohérente et efficace du système éducatif.
3. Acter le rôle pivot des recteurs, acteurs stratégiques régionaux
Rien dans les travaux de la mission ne l'a convaincu qu'il
fallait s'engager dans une restructuration des services du ministère,
laquelle ne paraît ni nécessaire, ni utile pour améliorer
la réussite des élèves. De même, la trame des
rectorats et des inspections académiques doit être
préservée, l'instabilité née d'éventuels
bouleversements des équilibres administratifs risquant en tout
état de cause de pénaliser les élèves.
En revanche, la mission s'est penchée sur les
évolutions possibles de leur rôle et de leur interaction avec les
écoles et les établissements. Tous les observateurs s'accordent
pour constater, s'en féliciter le plus souvent ou parfois s'en
inquiéter, la montée en puissance des recteurs,
non seulement dans le domaine de la gestion et de la répartition des
emplois et des dotations horaires, avec l'appui des services
départementaux, mais aussi dans le domaine de la stratégie
éducative. Parallèlement, le champ d'intervention de
l'administration centrale s'est resserré pour se concentrer sur le
lancement des initiatives et des expérimentations nationales, ainsi que
sur la répartition des moyens entre les académies. Le dialogue de
gestion engagé entre le ministère et les recteurs lors de la
construction du schéma d'emplois, pour le budget 2011 a plutôt
encore renforcé le désengagement de l'administration centrale.
Une fois identifiés les leviers de suppressions d'emplois, les
arbitrages ont été, en effet, laissés à la
discrétion des recteurs.
Si la déconcentration de gestion était
inévitable en raison de la masse salariale de l'Éducation
nationale et de la densité d'implantation des lieux d'enseignement, le
rôle des recteurs doit prioritairement être de nature
pédagogique. Il leur revient de définir d'une stratégie
éducative cohérente à un niveau régional,
déclinée en bassins de formation, évaluée
périodiquement et ajustée en conséquence. Tous les
recteurs que les membres de la mission ont pu auditionner dans les
académies d'Aix-Marseille, d'Amiens, de Créteil, de Grenoble, de
Lille et de Rennes se sont montrés très conscients de cette
transformation de leur métier qui leur demande désormais
d'articuler les instruments administratifs et financiers et les dispositifs
pédagogiques au service d'objectifs clairs.
Les réponses écrites que la mission a
collectées auprès d'autres recteurs convergent vers l'affirmation
consciente de leur rôle de pilote académique à double
compétence gestionnaire et pédagogique. Par exemple, le recteur
de l'académie, de Lyon affirme ainsi que « le recteur a
avant tout une mission de pilotage pédagogique. Elle vise à
coordonner l'action des différents services et délégations
et à harmoniser les pratiques départementales et territoriales
tout en tenant compte des spécificités locales. Pour autant, la
gestion fait partie intégrante du « métier de
recteur » et les différents volets de la politique tant
budgétaire que de ressources humaines doivent être portés
en interne et assumés vis-à-vis de l'extérieur par le
recteur lui-même. »23(*)
Son collègue de Versailles partage la même vision
d'un recteur comme stratège régional : « le
rôle du recteur est à mes yeux d'organiser et d'animer [la]
stratégie académique, en mobilisant au mieux les ressources
disponibles. Cet exercice n'est possible qu'en conciliant les tâches de
gestion et la conduite des évolutions souhaitables ; en ce sens, le
recteur est à la fois un gestionnaire et un pilote... La fonction est
devenue de plus en plus stratégique ces dernières années,
au fur et à mesure que diverses réformes (LOLF,
décentralisation, réorganisation territoriale de l'État,
RGPP,...) confortaient le niveau régional comme niveau
stratégique. Cette tendance devrait s'accentuer encore à l'avenir
si, comme il est souhaitable, le management de l'Éducation nationale
tend vers plus de déconcentration.»24(*)
La multiplication des projets académiques
témoigne également de cette déconcentration des politiques
éducatives. La mission ne peut que se féliciter de cette
évolution, qui résulte d'une
géographie de l'école, très marquée par les
disparités territoriales. Il s'agit ainsi de rompre
avec des traitements nationaux uniformes pour mieux lutter contre les
difficultés scolaires. L'égalité des chances passe alors
par une inégalité de traitement. En outre, les
projets académiques peuvent servir de base et de cadre
cohérent au niveau de bassins de formation, à la
contractualisation avec les établissements et à
l'évaluation de leurs performances.
Cependant, M. Thierry Bossard, chef de service de
l'IGAENR, note « la persistance d'une logique de
déclinaison nationale. »25(*) Votre rapporteur ne souhaite pas que les rectorats
soient de simples lieux d'application locale de schémas nationaux et
préfère inverser la logique afin que
d'authentiques stratégies académiques naissent et contribuent
à dessiner, par agrégation, les contours de la stratégie
nationale. Les risques de contradiction ou de désajustement
entre les objectifs académiques et les priorités définies
par le Parlement et le Gouvernement paraissent très faibles pour au
moins trois raisons. Premièrement, les recteurs ne sont pas
maîtres de leur dotation qui dépend de la loi de finances de
l'année. Ensuite, la définition des cursus et des programmes
demeure nationale. Enfin, la prégnance de la culture centralisatrice au
sein de l'Éducation nationale tempère les velléités
d'indépendance des recteurs, qui ont souvent eux-mêmes
exercé des fonctions au sein des services de la rue de Grenelle ou du
cabinet du ministre.
S'il est possible et même extrêmement souhaitable
de faire confiance aux recteurs, dont notre mission a pu apprécier
globalement la disponibilité, l'énergie et la lucidité, il
conviendra d'éviter quelques écueils qui
mineraient l'efficacité du mouvement stratégique de
déconcentration pédagogique.
Il serait, tout d'abord, particulièrement
contreproductif que les rectorats reproduisent à plus petite
échelle le mode de gestion centralisé,
uniformisé et verticalisé du ministère de
l'Éducation nationale. Le système éducatif français
n'a pas besoin que le pilote académique se comporte en
« autocrate », pour reprendre le terme d'un
recteur. Le fonctionnement interne des rectorats devrait être
amélioré afin de pallier la tendance au cloisonnement et au
morcellement des informations et des actions, que Mme Agnès Van
Zanten a critiqué en des termes sévères :
« Plus les rectorats sont grands, plus ils fonctionnent sur un
mode bureaucratique classique, où le cloisonnement des services est de
rigueur. Le nombre d'interlocuteurs par établissement scolaire est par
conséquent très élevé et peu
d'établissements ont une vision d'ensemble du fonctionnement global de
cette institution. A l'inverse, aucun service, au sein même du rectorat,
ne dispose d'une vision d'ensemble de la diversité des problèmes
rencontrés au sein d'un même établissement scolaire. Les rectorats fonctionnent en effet encore selon un
modèle taylorien et les fonctionnaires en poste ignorent jusqu'à
la nature de l'activité de leurs voisins de bureaux. Une telle situation
débouche sur une importante perte d'informations et sur une
débauche de temps et d'énergie totalement dépourvue
d'efficacité. »26(*)
La déconcentration doit s'accompagner d'un
renforcement du dialogue avec les établissements, les
collectivités territoriales et les milieux
socio-économiques. Cela serait sans doute facilité par
l'association plus étroite des IA-DSDEN à l'élaboration de
la politique académique, pour valoriser leur proximité avec les
écoles et les établissements, d'une part, avec les élus,
d'autre part. Pour l'instant, selon l'IGAENR, « la gestion des
moyens d'enseignement du second degré et les capacités
réelles de pilotage des IA-DSDEN sont des points forts de clivage entre
académies, et notamment entre recteurs, clivage dans lequel la
personnalité de ces derniers compte autant que la géographie des
académies. »27(*) Les IA constituent des relais essentiels de la
politique académique, dont la mission souhaite voir le rôle
renforcé car ils peuvent en développer une version transversale
et territorialisée, inaccessible aux services du rectorat.
Un autre écueil peut apparaître avec
l'aggravation des disparités entre les académies
en raison de politiques rectorales divergentes. Cela vaut non seulement pour
des programmes, des expérimentations et des initiatives purement
académiques mais aussi pour des politiques nationales appliquées
très différemment. L'examen de la mise en oeuvre de la
réforme du recrutement et de l'entrée en fonction des enseignants
en fournit une excellente illustration. Ainsi, c'est surtout une impression de
grande diversité interacadémique, qui se dégage sur cette
question dans le rapport de l'IGAENR.28(*) Par exemple, dans le premier degré, une
majorité d'académies ont affecté les stagiaires en brigade
de remplacement, comme le recommandait une circulaire du 25 février
2010, mais Grenoble, Limoges, Nice, Paris et Strasbourg ont fait le choix de
les affecter pour toute l'année scolaire sur une même
école.29(*) De
même, en matière de formation continue des stagiaires, on a pu
constater qu'un tiers des académies avait mis en place dans le second
degré des allégements de service pour les stagiaires, sur un jour
de la semaine par exemple, pour permettre des formations continues
filées. Certaines organisent, à l'inverse, des formations
groupées sur trois ou quatre semaines consécutives, ce qui
entraîne un besoin de suppléance qui n'a pas toujours
été correctement anticipé, d'où d'importants
problèmes de remplacement dans certaines disciplines pour ces
académies. En outre, les compagnonnages de tuteurs varient entre
36 heures et 108 heures selon les académies, et les formations
hors du temps de classe entre 60 heures et 160 heures.30(*) Parfois, la phase d'accueil
des enseignants stagiaires par les inspecteurs est injustement
décomptée de leur temps de formation continue.
Les divergences de politique académique sont la
contrepartie inévitable d'une adéquation plus étroite aux
problématiques des académies et d'une volonté d'innover
des recteurs ; elles ne sont donc pas en elles-mêmes un
symptôme de désagrégation ou de dénationalisation de
l'éducation. Mais, toutes ne sont pas pour autant
nécessairement justifiées. Certains écarts persistants de
politique ne peuvent pas être toujours reliés à des
spécificités académiques et pourraient empêcher une
convergence relative vers de bonnes pratiques partagées. Aux yeux des
membres de la mission, afin d'éviter tout risque d'accroissement
incontrôlé des inégalités scolaires qui menacerait
de fragmentation le système éducatif, le ministère
doit impérativement agir comme le garant de l'équité sur
l'ensemble du territoire national. Équité ne signifie
pas égalité mais bien différenciation des moyens en
fonction des besoins réels des élèves, ainsi que la
mission le proposera par ailleurs. Le maintien de programmes, d'examens et de
diplômes nationaux constitue en l'état un verrou suffisant pour
écarter le spectre d'une divergence radicale, que votre rapporteur juge
très peu plausible.
Voir une menace dans toute différence
d'appréciation et d'action, c'est confondre l'unité avec
l'uniformité, trait malheureusement encore trop prégnant de la
culture française. À cette logique de défiance, la
mission souhaite substituer une logique de confiance. Mais, pour cela, encore
faudrait-il que les équipes demeurent stables et que leurs
stratégies s'inscrivent dans la durée. Plus que les
disparités interacadémiques, ce sont les changements de cap au
sein d'une même académie à chaque changement de recteur qui
doivent être évités. La trop grande fréquence des
rotations de recteur d'une académie à l'autre paraît
très nuisible car elle tend à bouleverser inutilement les
orientations stratégiques et à diminuer drastiquement la
cohérence intertemporelle des politiques menées. En outre, elle
diminue leur capacité à nouer des partenariats pérennes
avec les collectivités, ce qui peut expliquer certaines tensions
récurrentes lors de la refonte de la carte des formations ou de la
fermeture de classes. Tout recteur devrait, aux yeux de la mission,
rester en poste au moins pour la durée complète d'un projet
pluriannuel de performance, sauf raison impérieuse.
En outre, il faut établir des contreparties à
l'autonomie stratégique et pédagogique renforcée des
recteurs, c'est-à-dire construire des instruments d'évaluation et
de régulation des politiques académiques. Pour l'instant, on ne
rencontre qu'une autoévaluation sanctionnant les projets
académiques ou, en cas de changement de recteur, l'évaluation par
ce dernier des résultats de son prédécesseur.31(*) Même si
l'autoévaluation est assurément nécessaire, sous peine de
rendre caduque la démarche, cette situation n'est pas satisfaisante.
L'évaluation des performances de
l'académie en fonction des objectifs et des indicateurs retenus
dans le cadre de son projet pluriannuel pourrait être
confiée conjointement à l'IGEN et à l'IGAENR.
À l'issue d'une procédure contradictoire, au cours de laquelle
les recteurs pourraient présenter leurs observations, les
rapports seraient ensuite rendu publics dans
un souci légitime de transparence. Les futurs projets
académiques tiendraient compte des rapports d'évaluation des
résultats atteints, de façon à instaurer un chaînage
vertueux. La comparaison interacadémique en serait rendue plus
aisée, de même que l'identification et la diffusion des bonnes
pratiques. L'ensemble des partenaires de l'Éducation nationale
disposeraient d'un document de référence pour apprécier
les effets des politiques académiques, débattre de leurs
évolutions possibles et adapter en conséquence leur propre
action.
B. FAIRE DES ÉTABLISSEMENTS LE CoeUR DU « MOTEUR SCOLAIRE »
a) Développer le travail collectif et l'esprit d'équipe dans les établissements
Si l'échelon national est garant de la cohérence
et de l'équité globale, et si le niveau académique assume
une fonction de pilotage stratégique, l'établissement demeure le
lieu essentiel de l'action, le point précis d'articulation des actes
pédagogiques sur la structure administrative, là où
s'opèrent les apprentissages et se joue véritablement la
réussite des élèves. L'établissement est la
cellule de base du système éducatif. Une
précision s'impose immédiatement pour éviter toute
confusion. Sauf mention contraire, la notion d'établissement sera prise
ici au sens fonctionnel, c'est-à-dire que l'on comprend dans ce terme
toutes les organisations pédagogico-administratives de base, quels que
soient leur structure interne et leur statut juridique. On inclura donc
temporairement sous ce vocable générique d'établissement
à la fois les écoles primaires, les collèges et les
lycées qui possèdent en propre le statut d'établissement
public local d'enseignement (EPLE), et que les réseaux
d'établissement résultant d'une intégration verticale ou
horizontale. Il s'agit en effet ici de dégager le rôle et les
modalités de contrôle et d'évaluation des cellules
pédagogiques de base. On tiendra compte ensuite des différences
actuelles de structure et de statut pour suggérer des réformes
organisationnelles susceptibles de permettre aux différents types
d'établissement d'assumer au mieux leur rôle, notamment dans le
premier degré. En d'autres termes, il convient d'abord de penser
l'autonomie pédagogique de l'établissement comme projet humain
résultant d'une dynamique collective, avant de se préoccuper du
statut juridique et de l'organisation administrative.
En prenant appui sur le principe de la liberté
pédagogique individuelle des enseignants, garantie par le code de
l'éducation, il est parfois soutenu que c'est la classe et non
l'établissement qui constitue la brique fondamentale du système
éducatif. Votre rapporteur y voit une illusion, née à la
fois d'une conception trop tranchée du partage entre les
responsabilités administratives et pédagogiques, et d'un
individualisme diffus qui touche le corps enseignant comme le reste de notre
société. Il serait déraisonnable de compter uniquement sur
la juxtaposition de séquences de face à face entre l'enseignant
et ses élèves pour répondre à la difficulté
scolaire et aux défis relevés par les enquêtes nationales
et internationales. Comme l'a relevé un proviseur rencontré par
votre mission en Bretagne, « on ne peut pas imaginer que
l'enseignement de demain soit cloisonné car la vie des
élèves ne l'est pas. »
Un large consensus se dessine à
l'inverse sur quelques principes : le parcours de
l'élève doit être pris en compte dans sa globalité,
en gommant les ruptures et en lissant les transitions ; la qualité
du climat scolaire contribue à la qualité de
l'apprentissage ; il faut miser sur des équipes pédagogiques
réfléchissant collectivement et adaptant constamment leurs
pratiques, plutôt que sur des individus isolés, laissés
à eux-mêmes, après une formation les ayant insuffisamment
préparés à l'exercice de leur métier. Tout cela
plaide pour que la réflexion se concentre sur l'établissement, au
sens générique, où personnels de direction, administratifs
et enseignants s'investissent collectivement.
L'établissement est bien la cellule fondamentale mais
complexe où doit émerger un « collectif
pédagogique » mobilisé autour d'objectifs
partagés, issus d'une réflexion commune sur les besoins
spécifiques des élèves. Cette définition ne
relève pas d'un irénisme utopique, puisque la mission a pu
visiter des écoles, collèges et lycées, en des lieux
divers de notre territoire, y correspondant et dont les résultats
plaident pour l'extension de leur modèle. Au niveau international,
l'analyse des résultats de PISA 2009 montre une relation claire entre le
degré d'autonomie curriculaire (choix des cours offerts et de leurs
contenus, choix des manuels, choix des modalités d'évaluation)
des établissements et les performances globales du système
éducatif.32(*)
L'effet établissement existe bel et bien et l'on peut tenir pour acquis
« qu'à contexte et caractéristiques identiques,
certains établissements font la différence, notamment en ce qui
concerne la progression des acquis des élèves les plus
défavorisés. »33(*)
Promouvoir l'action collective dans les établissements
non seulement ne remet pas en cause la liberté pédagogique des
enseignants, mais constitue même une condition nécessaire de son
exercice réfléchi et fécond. Comme Mme Josette
Théophile, directrice générale des ressources humaines des
ministères de l'Éducation nationale et de l'enseignement
supérieur, la mission pense qu'il faut rompre avec une conception de la
liberté pédagogique « réduite à
l'isolement du professeur dans sa classe, l'inspection étant la seule
autorisée à y pénétrer. »34(*) Pour cela, il convient
d'accroître la collégialité du travail des
enseignants au sein d'un établissement, ce qui vaut aussi bien
au sein d'une même discipline que dans un cadre interdisciplinaire, voire
entièrement généraliste dans le primaire. Cela se
révèle particulièrement crucial pour faciliter
l'arrivée en poste des stagiaires, mais l'échange de bonnes
pratiques et le dialogue entre pairs demeurent pertinents tout au long de la
carrière. Les chercheurs auditionnés ont confirmé ces
analyses. Ainsi, M. Romuald Normand, maître de conférences
à l'École normale supérieure de Lyon, précise que
« la liberté pédagogique ne doit pas servir
à éviter de rendre compte de son action dans la classe
vis-à-vis de ses collègues. Un changement de
professionnalité semble indispensable dans la jeune
génération d'enseignants. »35(*)
Regrettant le manque de régulation collégiale
entre enseignants, Mme Agnès Van Zanten, directrice de recherche
à l'Institut d'études politiques de Paris, propose de
créer dans les collèges et les lycées « des
collectifs d'enseignants, qui seront davantage en mesure de dialoguer tant avec
les parents qu'avec les chefs d'établissement, que chaque individu pris
séparément. »36(*) Le canton de Genève pourrait servir de source
d'inspiration à cet égard. En effet, dans chaque
établissement, les enseignants y sont organisés par groupes
disciplinaires avec un responsable élu parmi ses pairs servant de
référent pour ses collègues et pour le directeur de
l'établissement. Au niveau cantonal, les représentants
élus désignent ensuite un président du groupe
disciplinaire qui sert d'interlocuteur à l'administration centrale.
L'organisation de groupes disciplinaires répond également
à un objectif de régulation par les pairs des pratiques
pédagogiques, doublée par des entretiens d'évaluation
individuels menés par le directeur.
De l'expression de la liberté individuelle des
enseignants, qui doit être préservée, il faudrait donc
passer au sein des établissements à « l'autonomie
collective »37(*). Les personnels de direction ont un
rôle éminent à jouer dans cette transformation culturelle
et sont parfaitement légitimes pour assumer un rôle de pilotage
pédagogique. C'est particulièrement vrai dans le secondaire,
où le chef d'établissement dispose d'instruments comme le conseil
pédagogique dont il nomme les membres ou comme la part de dotation
globalisée dont les réformes du lycée lui laisse la
répartition. Dans le premier degré, les conditions d'une
véritable autonomie collective des équipes éducatives dans
les écoles ne sont pas encore réunies, étant donné
l'absence de personnalité juridique, les faiblesses du statut de
directeur d'école et la double compétence des communes et des
inspecteurs d'académie. C'est pourquoi la mission proposera des pistes
spécifiques pour les écoles afin de les faire entrer dans le
même processus d'autonomisation et de responsabilisation qui se
déploie encore timidement dans le second degré.
L'autonomie pédagogique des établissements ne
concerne, dans notre pays, ni le choix des programmes et des disciplines
à enseigner, ni les modalités d'évaluation des acquis des
élèves, qui restent fixés au niveau national. Cependant,
votre rapporteur se félicite que la mise en place du socle commun et du
livret de compétences, d'une part, les modalités de la
réforme du baccalauréat professionnel, puis du lycée
général et technologique, d'autre part, tendent à accorder
plus de souplesse et de liberté aux équipes locales. Il n'est
pour autant pas proposé de suivre des exemples comme celui des Pays-Bas
où les réseaux fixent très librement les cursus des
élèves, ce modèle étant trop éloigné
du nôtre pour présenter une voie d'évolution
crédible. L'autonomie pédagogique des
établissements se manifeste donc plutôt dans la
différenciation des actions pédagogiques en fonction des besoins
des élèves et concerne en particulier le traitement de la
difficulté scolaire, ainsi que la préparation des choix
d'orientation.
Pour la concrétiser et utiliser les marges de manoeuvre
prévues par la réglementation, qui existent mais ne sont pas
suffisamment exploitées, il est essentiel que chaque
établissement analyse finement son public d'élèves et ses
spécificités et se fixe sur cette base un nombre restreint
d'objectifs clairs et partagés orientant la politique globale collective
pour les années à venir. À cet égard, le projet
d'établissement dans les collèges et les lycées sous sa
forme actuelle ne paraît pas constituer l'instrument de pilotage idoine.
Même sans considérer l'absence d'évaluation finale pourtant
cruciale, le constat des inspections générales est
extrêmement sévère : « [Le projet
d'établissement] est trop souvent encore un document volumineux, qui
vise à l'exhaustivité, fixant des objectifs peu ou mal
hiérarchisés, se présentant comme un catalogue d'actions
sans réelle cohérence. Le volet pédagogique pourtant
essentiel est marginalisé. Exercice obligé, c'est parfois le
projet du seul chef d'établissement qui s'efforce de répondre
à une injonction de sa hiérarchie en produisant un document
purement formel, destiné à obtenir quelques moyens
supplémentaires. »38(*) Si l'autonomie pédagogique doit se formaliser
dans un document, il est important que celui-ci se concentre sur
quelques priorités, identifie précisément les leviers
d'action et définisse des cibles à moyen terme.
Dans la mesure où les rectorats élaborent une
stratégie académique et gardent la main sur la répartition
des moyens, l'autonomie pédagogique de l'établissement ne peut se
déployer que dans un cadre contractuel. Plus que sur le projet
d'établissement, dont on peut constater la faible efficacité pour
orienter les actions locales et infléchir les performances des
élèves, c'est sur l'élaboration et le suivi de
contrats d'objectifs entre les recteurs et les établissements que
doivent porter les efforts. Ainsi, la démarche suivie dans
l'académie d'Aix-Marseille est particulièrement séduisante
puisqu'elle mise sur une déclinaison poussée et structurée
de la logique de performance initiée par la LOLF. Chaque
établissement du second degré définit avec le rectorat un
projet annuel de performances de l'établissement (PAPEt),
cohérent avec le projet annuel de performance académique (PAPA)
et donnant lieu à un rapport d'évaluation annuel. Sur place, la
mission a pu apprécier les fruits de cette démarche dans le cas
particulier du Lycée Victor Hugo de Marseille qui, en accord avec les
autorités académiques, s'est concentré avec succès
sur l'élargissement de son bassin de recrutement dans les
collèges avoisinants et l'amélioration globale de son
attractivité pour les élèves et les parents, ce qui tend
à accroître la mixité sociale et à favoriser les
apprentissages.
Cependant, la démarche de contractualisation est
parfois freinée par la rigidité caractéristique du
financement des établissements. Le contrat d'objectifs engage certes
l'ensemble de l'équipe pédagogique mais, en contrepartie, l'appui
académique ne doit pas se cantonner à des promesses d'appui
méthodologique.39(*) Comme le remarque la Cour des comptes,
« la contractualisation [...] exige des marges de manoeuvre
budgétaires : or, la répartition des moyens via la dotation
globale horaire est si rigide que les marges de manoeuvre sont d'environ 5
à 10 %. En même temps le système français a,
quant aux résultats des élèves, l'écart-type le
plus élevé de l'OCDE. Il y a là une contradiction
interne ! »40(*) Votre rapporteur recommande d'identifier dans
les dotations des établissements une part variable
réservée à la mise en oeuvre des actions concourant
à la réalisation du contrat d'objectifs signé avec le
recteur. On privilégierait ainsi à la fois
l'émergence d'un « collectif pédagogique »
tendu vers les mêmes buts et une allocation plus souple des moyens
financiers dans un contexte général de restriction
budgétaire.
b) Jeter les bases d'une évaluation des établissements
Le corollaire nécessaire de l'autonomie et de
la responsabilisation des équipes est l'évaluation des
établissements. C'est déjà une
réalité dans la très grande majorité des pays
européens, la France, la Bulgarie et la Grèce demeurant
les seuls à ne pas avoir mis en place des dispositifs
systématiques d'évaluation des
établissements.41(*) Les analyses des tests PISA permettent pourtant
d'établir que l'autonomie des écoles en matière
d'allocation des ressources a un impact positif sur les performances
des élèves, si les écoles sont
responsabilisées via la publication des
résultats des évaluations.42(*) Hormis quelques expériences menées
ponctuellement dans telle ou telle académie43(*), notre pays se concentre sur
les inspections individuelles des enseignants, qui s'apparentent à un
contrôle de conformité à la réglementation
ministérielle et ne sont pas susceptibles d'améliorer les
performances du système éducatif. Éplucher les emplois du
temps, vérifier que les grilles horaires sont bien respectées par
les chefs d'établissement, contrôler le parc informatique,
etc. : autant de tâches qui mobilisent des inspecteurs dont
l'expérience pourrait être mise à profit plus utilement,
tout cela pour constater le plus souvent que les établissements
dérogent systématiquement - ou presque - à des
prescriptions pointilleuses, mais de manière intelligente, en tenant
compte de la réalité des élèves.44(*)
Votre mission rejoint donc pleinement les appréciations
de M. Jean Picq, président de chambre à la Cour des
comptes : « l'inspection traditionnelle, individuelle, a
vécu, chacun le sait - dans nombre de pays elle n'existe plus. Mieux
vaudrait concevoir une évaluation de l'établissement. En Suisse,
en Écosse, ce sont des équipes d'enseignants qui évaluent
les performances de leurs pairs, comme dans la recherche.
L'auto-évaluation comporte un élément vertueux : elle
oblige les intéressés à se donner eux-mêmes des
indicateurs, à se fixer des objectifs liés aux types
d'élèves mais respectant aussi les objectifs nationaux. Le corps
d'inspection effectue alors sa tournée pour évaluer les
résultats [...]. L'évaluation est moins une institution qu'une
pratique, les acteurs doivent être eux-mêmes convaincus de son
utilité. »45(*)
Il serait particulièrement intéressant
de développer en France deux modalités complémentaires
d'évaluation des établissements. En premier lieu,
devrait être mise en place une évaluation externe
effectuée par les corps d'inspection repositionnés sur cette
nouvelle mission après l'abandon de l'inspection individuelle des
enseignants. Ceci vaudrait à la fois pour le premier et le second
degrés. Il serait également possible, à plus long terme,
de réfléchir à une modulation de l'avancement
individuel dans la grille en fonction des résultats collectivement
atteints dans l'établissement. Étant donné le
nombre de lieux d'enseignement concernés et le temps que
nécessite une analyse approfondie de chaque situation,
l'évaluation externe ne pourrait avoir lieu tous les ans, mais
plutôt tous les trois ou quatre ans. Les rapports
d'évaluation pourraient être rendus publics, comme c'est
le cas au Portugal notamment. Votre rapporteur y verrait plus d'un
avantage : une transparence accrue qui augmenterait la confiance des
parents et des collectivités territoriales dans l'Éducation
nationale ; l'obsolescence des classements publiés dans la presse,
qui offrent une image biaisée et appauvrie du travail accompli ; la
possibilité pour certains établissements injustement
délaissés de rétablir leur réputation en faisant
connaître leurs réalisations.
Mais, l'intérêt de l'évaluation externe
réside aussi dans l'incitation supplémentaire qu'elle procure aux
établissements pour s'engager eux-mêmes dans un processus
d'autoévaluation. C'est le second volet mis en place
communément dans les pays européens. Il s'agirait de stimuler
dans notre pays les évaluations réflexives menées par
l'équipe pédagogique sur la base du projet d'établissement
ou, mieux encore, du contrat d'objectifs signé avec les autorités
académiques. Par rapport à l'évaluation externe,
l'autoévaluation a l'avantage d'être en prise directe et
constante, sur une longue durée, avec les pratiques concrètes des
acteurs. Sans doute serait-ce là également le meilleur moyen de
dépasser véritablement le cadre de la classe, de faire tomber les
barrières disciplinaires et de constituer le « collectif
pédagogique ». Enfin, potentiellement mieux acceptées
que les préconisations d'un organe de contrôle extérieur,
les conclusions partagées de l'autoévaluation seront moins
ignorées et, dès lors, infléchiront davantage les
pratiques. Avec l'autoévaluation, c'est en interne que se déroule
pour l'essentiel la discussion. Mais cela n'interdit pas le recours à
des experts extérieurs - comme en Écosse - ou l'appui
du rectorat et des inspections, en particulier lorsque l'évaluation est
adossée à une démarche de contractualisation, comme le
souhaite la mission.
Sur ce point, nous ne partons pas tout à fait de rien
et il devrait être tiré profit de l'expérience de
l'académie de Strasbourg. Depuis la rentrée 2006, tous
les établissements secondaires disposent d'un guide
d'autoévaluation que les inspections générales jugent
« suffisamment précis pour aider les chefs
d'établissement à conduire ces opérations, mais aussi
suffisamment souple pour laisser place à une certaine inventivité
du terrain. »46(*) Un tiers des établissements de
l'académie réalisent une autoévaluation sur le fondement
du contrat d'objectifs signé avec le recteur. Votre mission souhaite que
soient tirées les conséquences de cette expérience afin de
l'étendre dans les meilleurs conditions à d'autres
académies. Elle est, en effet, convaincue que
l'autoévaluation peut devenir un mode très efficace de
régulation pédagogique dont les acteurs locaux ont la pleine
maîtrise et responsabilité, au lieu de devoir purement et
simplement appliquer des directives hiérarchiques. Là
réside une des clefs d'amélioration des performances globales de
notre système éducatif.
Le développement d'une culture de l'évaluation
des établissements au Portugal
Depuis 2006, le Gouvernement portugais a entrepris
d'acclimater une culture de l'évaluation dans le système
éducatif en articulant l'autoévaluation des établissements
- sans obligation mais sous incitation ministérielle - avec
l'évaluation externe des établissements sous l'égide de
l'inspection générale.
De l'aveu du secrétaire d'État à
l'éducation, rencontré par une délégation de votre
mission, l'autoévaluation n'est pas encore assez
développée. Elle est entièrement laissée à
l'appréciation des établissements, sans que le ministère
n'offre de programmes ou de suggestions particulières. Progressivement,
néanmoins, de plus en plus d'établissements développent
des instruments internes, notamment sous l'aiguillon de l'évaluation
externe.
Les inspections externes, inspirées des
expériences anglaise, écossaise et irlandaise, donnent lieu
à des rapports publiés sur Internet sur chaque
établissement mais sans classement. Chaque année, un rapport
annuel de synthèse est publié. Il n'a pas été
constaté une augmentation des demandes de dérogation à la
carte scolaire après la publication des rapports d'inspection des
établissements. Les évaluations externes de
l'établissement sont reliées à l'évaluation
individuelle des enseignants au motif que la performance individuelle d'un
enseignant doit être liée à la performance collective de
l'équipe de l'établissement afin d'en renforcer la
cohésion et la mobilisation. C'est pourquoi il est prévu que plus
un établissement présente de bons résultats et plus grand
sera le nombre d'enseignants qui pourront recevoir les mentions maximales
prévues par le barème de notation, mentions qui se traduisent par
des gains financiers substantiels pour les enseignants ainsi distingués.
Le premier cycle complet d'évaluation de toutes les
écoles portugaises s'achève au printemps 2011. Le second cycle
est prévu pour la période 2011-2014 avec quelques
modifications : il visera en particulier à mesurer sur une base
commune la valeur ajoutée scolaire pour évaluer la
capacité des écoles à améliorer les
résultats des élèves en fonction du contexte social.
|
a) Adapter la régulation des affectations des personnels
(1) Mieux prendre en compte l'intérêt général dans les mouvements inter et intra académiques
Lors de son audition par votre mission d'information, le 18
janvier 2011, Mme Josette Théophile, directrice
générale des ressources humaines du ministère de
l'Éducation nationale reconnaissait que « le
système d'affectation [était] aveugle et ne permet pas de tenir
compte des capacités professionnelles des personnes
concernées. Les jeunes enseignants sont affectés sur des
postes vacants qui sont précisément ceux désertés
par la génération plus âgée de professeurs. Nous
avons fait en sorte de les affecter désormais sur des postes moins
exposés. Cette tendance est observable dans les données
concrètes. Nous ne parviendrons que progressivement à surmonter
les difficultés liées à l'affectation des jeunes
enseignants. »
Lors de ses déplacements dans les académies de
Créteil et d'Aix-Marseille, votre mission a relevé la
préoccupation liée à la constitution des équipes
dans les établissements de l'éducation prioritaire :
si l'affectation par défaut des jeunes enseignants est
importante, il convient également de retenir le taux élevé
de rotation des équipes, les personnels cherchant dans la
quasi-totalité des cas à être affectés dans un
établissement « moins difficile » dès que
leur barème le permet. Le système du barème
consiste à satisfaire aux demandes de mutation en tenant compte du
nombre de points attribués à l'enseignant en fonction de
différents critères, come le précise l'encadré
ci-après.
Le mouvement national à gestion
déconcentrée dans le second degré :
barèmes et prise en compte de l'affectation dans les établissements peu demandés
Extraits de la circulaire n° 2010-200 du 20 octobre
2010
« Un barème interacadémique
défini nationalement et des barèmes académiques
arrêtés par les recteurs et le vice-recteur permettent le
classement des demandes ainsi que l'élaboration des projets de
mouvement. Néanmoins, ils n'ont qu'un caractère
indicatif. (...).
« Les barèmes traduisent les
priorités légales et réglementaires de traitement des
demandes de certains agents : rapprochements de conjoints, fonctionnaires
handicapés et agents exerçant dans les quartiers urbains
où se posent des problèmes sociaux et de sécurité
particulièrement difficiles, mesures de carte scolaire. (...) Ils
prennent également en compte les éléments liés
à la situation des personnels : la situation familiale ou
civile ; la situation de carrière (ancienneté de service et
de poste) ; la situation individuelle de l'agent.
« Les barèmes valorisent aussi la
stabilité des affectations, notamment par le dispositif des affectations
à caractère prioritaire justifiant une valorisation
(APV).
« La prise en compte de situations personnelles
et professionnelles particulières justifie de traiter prioritairement
certaines demandes. Compte tenu de leur spécificité, ces
affectations se feront sans s'appuyer sur des critères de classement
barémés. Conformément au 2e alinéa
du paragraphe I.3.1 « Critères de classement des
demandes », dans toute la mesure compatible avec le bon
fonctionnement du service, les priorités de traitement des
demandes de mutation définies par l'article 60 de la loi
n° 84-16 du 11 janvier 1984 pourront être examinées,
lors de la tenue des instances paritaires, en dehors des
critères de classement « barémés ». Il
s'agit des demandes formulées par des personnels handicapés, des
agents séparés de leur conjoint ou qui se sont investis
dans les établissements les plus difficiles pendant au moins cinq
ans. »
Toutefois, il convient de noter que certains
éléments de barème sont liés à l'objectif de
stabilité des affectations, en particulier les affectations à
caractère prioritaire justifiant une valorisation (APV).
« L'objectif du dispositif de l'affectation à
caractère prioritaire justifiant une valorisation (APV) est de
contribuer au renforcement de la stabilité des équipes
pédagogiques dans les établissements les moins demandés
par les candidats au mouvement ou qui sont fragilisés par un taux de
rotation élevé de leurs équipes
pédagogiques.
« Ce dispositif permet de reconnaître le
caractère prioritaire de certaines affectations et de valoriser, dans le
cadre de la mobilité, le parcours professionnel des enseignants qui se
seront investis durablement dans ces affectations.
« Cette valorisation a pour but, d'une part, de
rendre plus attractives les affectations à caractère prioritaire
auprès des participants au mouvement et, d'autre part, en favorisant la
motivation des personnels qui auront obtenu ce type d'affectation, de les
inciter à s'investir durablement pour une période d'au moins cinq
ans dans le poste et dans l'établissement où se situe
l'APV. »
|
Ce constat n'est ni nouveau ni isolé.
Le rapport annuel du médiateur de l'Éducation nationale et de
l'enseignement supérieur pour l'année 2010, rendu public le 30
mai 2011, consacre plusieurs développements à cette question. A
ce jour, le rapport du médiateur n'étant pas encore disponible,
les éléments ci-dessous reprennent la présentation du
rapport effectuée par le ministère de l'Éducation
nationale.
Conclusions du rapport du médiateur de
l'Éducation nationale
Selon le rapport du médiateur de l'Éducation
nationale pour 2011, les réclamations des personnels concernent pour
18 % d'entre elles les mutations et les affectations. Les principales
conclusions du rapport sont les suivantes :
- dans le premier degré, l'existence de concours
locaux permet en principe aux enseignants d'exercer dans l'académie
qu'ils ont choisie, mais elle restreint fortement les possibilités de
mutation. Au total, le système tend à une concentration des
enseignants les plus expérimentés dans les départements
attractifs ;
- dans le second degré, la majorité des
enseignants parviennent à exercer dans l'académie de leur choix
quelques années après leur réussite au concours
national. Pour ses premières années,
l'enseignant nouveau titulaire se trouve affecté le plus souvent dans un
établissement difficile, parfois dans une académie qu'il ne
choisit pas. Assez rapidement, il obtient une mutation dans le secteur de son
choix, au sein d'un établissement difficile où il restera une
dizaine d'années. Enfin, l'enseignant parvient à
être muté dans un établissement qui lui convient, où
il exercera jusqu'à la fin de sa carrière. Ainsi, dans leur
grande majorité, les enseignants connaissent dix à quinze ans de
relative insatisfaction professionnelle avant d'être enfin
stabilisés ;
- les règles du mouvement
conduisent à affecter les débutants dans les
établissements et sur les postes difficiles. Cela constitue la
principale source d'insatisfaction liée au mécanisme du
barème. Les enseignants les moins expérimentés
sont amenés à exercer dans les établissements les plus
difficiles et cette situation se double parfois d'une
affectation dans les classes les plus exigeantes ou délicates,
telles que le cours préparatoire (CP) ou les sections d'enseignement
général et professionnel adaptées (SEGPA) ;
- les établissements
sensibles sont confrontés à la difficulté d'obtenir une
stabilité suffisante des équipes d'enseignants. Les
enseignants affectés dans des établissements difficiles aspirent
à se stabiliser dans un poste moins exposé et tendent à
demander rapidement leur mutation.
|
Toutefois, force est de constater que les critiques se
sont renforcées avec la mise en place de la masterisation,
où les futurs enseignants se trouvent en responsabilité devant
une classe dès leur première année de stage alors
même qu'ils ne maîtrisent pas encore les gestes professionnels pour
tenir une classe. Votre mission d'information fut étonnée de voir
que la plateforme Neopass, destinée à promouvoir l'innovation des
pratiques enseignantes, était à maints égards
« un rappel du B.A.-BA du métier
d'enseignant »47(*).
Au regard de ces éléments, qui ne font que
traduire la persistance de maux identifiés depuis plusieurs
années, votre rapporteur souhaite que le législateur prenne ses
responsabilités au regard de l'absolue nécessité d'assurer
une meilleure prise en charge scolaire des élèves en
éducation prioritaire et, au-delà, de l'ensemble des
élèves, grâce à des enseignants entrés
normalement dans la carrière et non pas par des traumatismes. A ce
titre, il propose d'interdire l'affectation d'enseignants stagiaires ou
d'enseignants néo-titulaires dans un établissement relevant de
l'éducation prioritaire. Il recommande également que les
mouvements de personnels soient davantage encadrés en vue de mieux
prendre en compte :
- l'intérêt des élèves, afin de
permettre les progrès escomptés au titre du socle commun ;
- celui des enseignants, dont l'entrée dans la vie
professionnelle doit être apaisée ;
- et celui des établissements, qui ont besoin des
équipes stables afin de pouvoir mettre en oeuvre des actions collectives
et durables.
A ce titre, pourraient être envisagées les
deux pistes de réflexion suivantes :
- lors des mouvements inter et intra académiques,
le recteur veillerait à ce que, dans chaque établissement, au
moins la moitié des effectifs enseignants et la moitié des
personnels de direction, aient au minimum cinq années
d'ancienneté dans ledit établissement ;
- par dérogation, le recteur serait
libéré de cette obligation si les candidats susceptibles
d'intégrer l'établissement disposaient d'au moins dix
années d'ancienneté dans la carrière.
(2) Revaloriser l'affectation en éducation prioritaire
A Marseille, lors de la visite du collège Belle de Mai,
les membres de la mission ont eu un dialogue éclairant sur les
conditions de travail des enseignants en éducation prioritaire et les
limites des dispositifs incitatifs actuellement mis en place. Trois
éléments ont notamment retenu l'attention de votre
rapporteur :
- reconnaître que le fait d'enseigner en
éducation prioritaire est un métier à part ;
- acter la difficulté psychologique des postes,
qui conduit à décourager après quelques années
même les enseignants les plus motivés ;
- la nécessité absolue de revaloriser
l'investissement des personnels dans ces zones, valorisation qui ne passe pas
seulement par des primes financières qui, tout au mieux,
« paient les séances chez le psy » selon
l'expression de l'un des enseignants rencontrés. Ainsi que l'a
suggéré un proviseur rencontré en Bretagne,
« les personnels ont besoin d'une autre forme de
considération, qui passe par une différenciation dans les
carrières ».
S'agissant des postes en éducation prioritaire, votre
rapporteur est convaincu de la pertinence de reconnaître la
spécificité de l'enseignement dans ces territoires. En
conséquence, il estime que le recrutement sur profil des enseignants
avec droit de regard du chef d'établissement, dans le cadre du programme
Clair (futur Eclair) est une orientation pertinente : il est
indispensable que l'engagement des enseignants soit davantage formalisé
et en adéquation avec le projet de l'établissement, dont
la dimension collective est fatalement importante.
Toutefois, votre rapporteur doute de
l'effectivité de la mesure dans sa configuration
actuelle : à deux reprises, il lui a été
indiqué que, de facto, la gestion des ressources humaines est
inexistante dans l'éducation prioritaire et qu'un chef
d'établissement ne voit jamais plus d'un candidat pour un poste, quand
candidat il y a...
Compte tenu de cette situation, il convient de trouver les
moyens de revaloriser de manière forte les postes de
l'éducation prioritaire afin d'ouvrir le vivier de recrutement
des établissements. Votre rapporteur propose que deux
pistes soient examinées conjointement :
- d'une part, moduler les maxima des
services hebdomadaires non plus en fonction des concours obtenus mais en
fonction de la difficulté de la prise en charge des
élèves, plus élevée en éducation
prioritaire, tant en termes éducatifs (qualité de la vie
scolaire) que scolaires (acquisition des savoirs) ;
- d'autre part, labelliser une « classe
exceptionnelle » en ne réservant ces niveaux de
rémunération qu'aux seuls personnels ayant enseigné ou
exercé au moins quinze années en éducation
prioritaire lors de leur carrière.
S'agissant de la première proposition, votre rapporteur
est conscient qu'elle conduit à modifier la représentation des
corps enseignants.
Néanmoins, il estime nécessaire de s'interroger
sur la pertinence des différences de service hebdomadaire entre
agrégés et certifiés ou des différenciations de
service liées aux heures de « première
chaire 48(*)» ou
encore des heures de « laboratoire 49(*)».
Le rapport de la Cour des comptes de 2005 sur la gestion, par
le ministère chargé de l'enseignement scolaire, des personnels
détachés dans des fonctions autres que d'enseignement ou
demeurant sans affectation constatait d'une façon
particulièrement cinglante :
« Les principes, la motivation, et dans la
plupart des cas la quotité des décharges, réductions, et
autres compensations d'horaires de service, datent des années 1950.
(...) On ne discutera pas ici chacune des catégories de décharge
ou de réduction de service. Mais, après avoir remarqué que
persiste le principe selon lequel plus un professeur est supposé
hautement formé moins il est censé restituer chaque semaine aux
élèves le bénéfice de cette haute
formation, on observera que pour certaines de ces décharges la
justification, souvent obsolète, héritière d'un
système éducatif désuet, peut laisser perplexe.
En ce qui concerne la « première chaire »
par exemple, on ne voit pas ce qui aujourd'hui justifie cette sorte de
privilège accordé autrefois, quels que soient leur corps et leur
grade, aux supposés meilleurs des enseignants nommés en classes
supérieures du second degré ; on sait (ou on admet mieux)
aujourd'hui que la difficulté à enseigner (tant dans les phases
de préparation que de restitution des cours) n'est pas
corrélée au niveau formel des classes mais à des
paramètres psychosociologiques indépendants de ce niveau. Si donc
les services rendus doivent incontestablement être
rémunérés en fonction de leur qualité et de leur
niveau (dont on peut admettre en principe qu'ils soient plus ou moins
liés au niveau de la formation initiale de l'enseignant), la
justification d'une réduction de l'obligation de service paraît
moins évidente.50(*) »
La Cour des comptes a réitéré ses
observations devant la mission en ces termes : « Nous avons
également soulevé la question des obligations de service des
enseignants. Il est paradoxal que les jeunes héritent des postes les
plus difficiles - les remplacements ou les zones d'éducation
prioritaire. Les obligations de service qui datent de 60 ans - à
l'époque où 5 % d'une classe d'âge arrivaient au bac -
doivent être revues à l'aune des enjeux du
XXIe siècle, et notamment de l'indispensable
personnalisation de l'enseignement face à des publics
hétérogènes. »
Au regard de ce constat, que votre rapporteur partage
pleinement, il serait souhaitable que les différences
d'obligation de service soient revues à l'aune de critères
« actualisés » et ce d'autant plus
que les modalités de formation des enseignants sont au
demeurant similaires depuis l'entrée en vigueur de la
mastérisation. Cette modernisation devrait permettre de revaloriser
effectivement les personnels qui prennent en charge les élèves
les plus difficiles et qui contribuent de ce fait le plus à la
réduction des inégalités scolaires.
(3) Lutter efficacement contre les inégalités
A l'occasion des débats sur les établissements
situés en éducation prioritaire, l'attention de votre mission a
été attirée à plusieurs reprises sur
l'évolution de la lutte contre les inégalités scolaires,
politique qui tend à se confondre avec la lutte contre la
difficulté scolaire ou la politique de renouvellement des élites.
Ainsi, pour Mme Agnès
Van Zanten, « la problématique de renouvellement
des élites est tout à fait différente de celle consistant
à lutter contre les inégalités
d'éducation. Aux États-Unis notamment, nous
avons assisté à un grand mouvement de renouvellement des
élites, grâce aux politiques d'affirmative action, et ce alors
même que la situation des élèves noirs dans les
lycées les plus défavorisés n'a fait que se
dégrader au fil des ans.
« De fait, il est beaucoup plus facile
de travailler avec un petit groupe d'élèves très
motivés et bien encadrés, issus de milieux sociaux pas
nécessairement très défavorisés, plutôt que
de s'attaquer aux difficultés du plus grand nombre. A cet
égard, les enseignants très militants que j'ai connus dans les
ZEP dans les années 1980 sont aujourd'hui ceux qui enseignent dans les
lycées partenaires de Sciences Po ou qui participent activement à
toutes ces expériences plus ciblées et dont le retour sur
investissement est plus directement visible. Pour intéressantes
qu'elles soient, toutes ces expériences n'en sont pas moins
problématiques dans la mesure où elles ont tendance à se
substituer à une réelle politique de lutte contre les
inégalités. »
La transformation de la lutte contre les
inégalités scolaires a également été
abordée par M. Jean Yves Rochex, sociologue enseignant à
l'université Paris VIII, qui estime que cette dernière se dilue
dans la lutte contre l'échec scolaire :
« Une remarque préliminaire :
la permanence du vocable utilisé - politique
d'éducation prioritaire - masque une forte discontinuité de
l'objet. Celui-ci est marqué par des relances gouvernementales,
qui sont autant d'extensions successives de son périmètre.(...)
En France comme en Europe, on lui assigne désormais pour
objectif la « promotion » des
« potentiels » individuels avec un
référentiel psychologisant, et non plus la lutte contre les
inégalités sociales fondée sur une analyse
sociologique - courant auquel j'appartiens - comme à ses
débuts dans les années 1981 à 1983. »
« L'extension démesurée de
la carte des ZEP a abouti non seulement à une dilution de l'effort mais
aussi à une modification du projet initial. Le sigle de ZEP est
désormais uniquement associé à la politique de lutte
contre l'échec scolaire ; leurs
concepteurs poursuivaient un autre but : transformer les territoires les
plus en difficulté, ceux où les missions mêmes du service
public étaient menacées, en des laboratoires du changement social
où l'on inventerait d'autres manières de faire afin de
réussir la démocratisation du système scolaire. Fait
significatif, on ne parle plus de production d'inégalités
à l'école, mais de politique ZEP. »51(*)
Votre mission s'inquiète de ces analyses au
regard des conclusions de l'enquête PISA, évoquées
dans l'introduction du présent rapport, qui constatent l'accroissement
des inégalités scolaires et indiquent que l'échec scolaire
en France s'explique essentiellement par l'environnement
socio-économique de l'enfant : à cet égard, la perte
du référentiel sociologique au profit du
référentiel psychologisant n'est pas satisfaisante. Il
serait donc souhaitable que la politique de l'éducation prioritaire se
recentre sur l'objectif de réduction des
inégalités, ce qui justifie les propositions ci-dessus
présentées par votre rapporteur de faire de l'affectation en
éducation prioritaire une mission particulière.
|
b) Confier au chef d'établissement l'évaluation individuelle des enseignants
Aux termes de ses auditions, votre mission est convaincue que
la notation et l'inspection des enseignants nécessitent d'être
revues dans le sens où aujourd'hui elles ne tiennent quasiment pas
compte du travail collectif des équipes, alors même que cette
dimension apparaît être déterminante dans la progression des
apprentissages cognitifs et comportementaux des élèves.
Actuellement, les enseignants sont évalués sur
la base d'une note administrative, attribuée par le chef
d'établissement, qui compte pour 40 % de la note globale, et d'une
note pédagogique qui est délivrée par l'inspection
d'académie, comptant pour 60 %. Les enseignants sont quasiment les
derniers à conserver leur double système de notation alors
même qu'un
décret
du 28 juillet 2010 prévoit la fin du système actuel de
notation des fonctionnaires dans leur ensemble d'ici le 1er janvier 2012 et son
remplacement par un dispositif notamment fondé sur un entretien annuel
avec l'autorité hiérarchique.
Votre mission propose que la notation de l'enseignant
ne soit plus fondée sur la dichotomie administration/pédagogie
mais sur une complémentarité travail individuel/travail
collectif. Le chef d'établissement, qui voit ses fonctions
évoluer parallèlement à la revalorisation de
l'établissement au sein du système scolaire, serait chargé
de la notation individuelle des enseignants. Cette notation, qui comporterait
aussi bien une dimension administrative que pédagogique,
représenterait 50 % de la notation du fonctionnaire. Elle serait
établie au terme d'un entretien annuel avec le chef
d'établissement, conformément aux prescriptions du décret
précité.
La seconde moitié de la note serait attribuée
par l'inspection d'académie qui serait chargée de
l'évaluation de l'établissement. Sur la base du rapport triennal
proposé par votre rapporteur, les inspecteurs d'académie
noteraient annuellement l'ensemble de l'équipe d'un
établissement.
L'appréciation de la valeur professionnelle des
personnels de l'Éducation nationale doit, selon votre mission, comporter
nécessairement une dimension collective car on ne peut plus expliquer la
réussite scolaire et éducative par le seul face à face de
l'enseignant avec ses élèves. Cette dimension est
également un moyen efficace de concrétiser la
responsabilité collective des personnels de l'Éducation nationale
dans la réussite scolaire.
Les ressources humaines de l'établissement dans le
canton de Genève :
le rôle central du directeur d'école
En termes de ressources humaines dans le secondaire, si l'on
considère le maillon crucial qu'est le cycle d'orientation,
correspondant au collège français de la 5e à la
3e environ, l'ensemble du canton de Genève comprend, en
2010-2011, 13 086 élèves pour 1767 enseignants sur 20
établissements.
Dans chaque établissement, le personnel d'encadrement
compte un directeur, 4 ou 5 doyens ou maîtres-adjoints (enseignants
déchargés au maximum à mi-temps pour des tâches
administratives ou pédagogiques), 2 emplois de
secrétariat, 1 bibliothécaire, 2 assistants techniques, 1
magasinier comptable et 1,5 emploi-temps plein (ETP) de conseiller social. Sont
également rattachés à l'établissement à
temps partiel, un chargé des remplacements qui recrute à partir
de listes d'aptitude avec l'appui du département de l'Instruction
publique (DIP), un responsable de la formation qui suit les nouveaux
enseignants pour les aider sur toute question matérielle ou
pédagogique, un référent
« harmonisation » qui permet aux enseignants d'assimiler
les innovations apportées par le Plan d'études romand.
Enfin, il faut aussi compter un psychologue scolaire à
temps plein, ainsi qu'à temps partiel, un conseiller d'orientation
professionnelle et une infirmière. Un médecin de ville sert de
référent pour chaque établissement.
De surcroît, un conseil d'établissement associe
les parents d'élèves. Il est présidé par le
directeur, qui dispose d'un droit de véto sur toutes les
décisions du conseil.
Le temps de service des enseignants est de 28 périodes
d'enseignement de 45-50 mn par semaine dans le primaire et de 22
périodes dans le secondaire. Leur rémunération est de
142 500 francs suisses par an au dernier échelon à
Genève. Les enseignants font en moyenne partie des 10 % des
salariés les mieux payés en Suisse. Ils sont
rémunérés par le canton qui fixe la grille des
salaires.
Les enseignants sont recrutés, tant dans le primaire
que dans le secondaire, par le directeur, chargé en amont de
définir le profil du poste. La titularisation, appelée
nomination, ne peut intervenir qu'à la fin d'une période
probatoire minimale.
Elle confère le statut de fonctionnaire, est valable
pour tout le canton et relève de l'exécutif cantonal (le Conseil
d'État) ; elle repose sur le dossier établi par le directeur
dans le primaire et sur l'avis de la commission de nomination dans le
secondaire.
Plus précisément, pour une nomination dans le
secondaire général, le DIP ouvre une période d'inscription
d'au moins 15 jours pour permettre aux candidats de se faire connaître.
Dans chaque école concernée par une possible nomination, le DIP
met en place une commission de 5 membres comprenant obligatoirement le
directeur, un représentant des associations de parents et un
représentant des associations représentatives d'enseignants. Pour
les deux derniers membres, le DIP peut nommer dans cette commission des
représentants du monde socioprofessionnel ou toute personne qu'il juge
qualifiée. Elle examine les titres des candidats et se prononce,
à l'exception du représentant enseignant, sur les aptitudes
personnelles et pédagogiques des candidats.
Dans chaque établissement, les enseignants sont
organisés par groupes disciplinaires avec un responsable élu
parmi ses pairs servant de référent pour ses collègues et
le directeur de l'établissement. Au niveau cantonal, les
représentants élus désignent ensuite un président
du groupe disciplinaire qui sert d'interlocuteur à la DIP.
L'organisation de groupes disciplinaires répond également
à un objectif de régulation par les pairs des pratiques
pédagogiques, doublée par des entretiens d'évaluation
individuels menés par le directeur.
Le directeur joue un rôle manifestement pivot dans tous
les établissements. Il est recruté sur profil parmi d'anciens
enseignants ayant préalablement assumés d'autres charges à
responsabilité (doyens par exemple). Il est nommé par le Conseil
d'État sur proposition du directeur général
compétent pour le cycle d'enseignement auquel appartient
l'établissement visé. Le directeur général du cycle
d'orientation du canton de Genève, M. Schürch résume
ainsi la tâche du directeur : « il est responsable de
tout, sauf de la pluie et du beau temps, et c'est précisément ce
qu'on va lui reprocher. »
En résumé, quel que soit le niveau
d'enseignement, le directeur est le responsable hiérarchique de
tout le personnel. Il est directement subordonné aux directeurs
généraux du département de l'instruction publique. Il est
responsable du bon fonctionnement et de l'évolution de son
établissement, du suivi des élèves en collaboration avec
les enseignants, de la gestion des ressources humaines et de la gestion
administrative, ainsi que de toutes les relations extérieures de
l'établissement. Spécifiquement, en termes de pédagogie,
c'est lui qui est chargé - en concertation avec l'équipe
enseignante - d'assurer la qualité de la formation, de
l'évaluation et de l'orientation des élèves ; il doit
aussi contrôler l'application des plans d'études et des programmes
et intégrer les résultats des évaluations dans la gestion
de l'école.
|
c) Attribuer la présidence du conseil d'administration à une personnalité extérieure
Votre mission regrette que les lycées professionnels ne
se soient pas davantage saisis de l'opportunité qui leur a
été donnée en 2005, par la loi sur l'avenir de
l'école, d'expérimenter la dissociation des fonctions de
président du conseil d'administration et de chef d'établissement.
Votre rapporteur considère, en effet, que ce mode de
gestion bicéphale permettra de cimenter la communauté
éducative locale, de conforter la légitimité de la
politique de l'établissement et de mieux prendre en compte
l'environnement socio-économique de ce dernier. Les
succès de l'enseignement technique agricole, qui a fait sienne cette
dualité fonctionnelle à l'instar du modèle portugais, ne
peuvent que corroborer son analyse (cf. infra).
Par cohérence avec les propositions de la mission, ce
modèle expérimental ne devrait pas être maintenu. En effet,
compte tenu du nouveau rôle du chef d'établissement, votre
rapporteur estime que la présidence du conseil d'administration ne peut
plus lui être confiée dans la mesure où l'évolution
de sa fonction implique qu'il rende des comptes devant le conseil
d'administration. Celui-ci devrait être désormais
nécessairement présidé par une personnalité
extérieure de l'établissement afin d'éviter
d'éventuels conflits d'intérêts, les personnels des
équipes pédagogiques étant, dans le cadre des propositions
de la mission, notées par le chef d'établissement.
Directeurs et conseils d'administration au Portugal
Dans les établissements, qu'ils soient ou non
déjà sièges d'un regroupement scolaire, le directeur est
un enseignant expérimenté élu depuis 2008 par le
« conseil général » (l'équivalent du
conseil d'administration en France) sur la base d'un projet. Il est
assisté par un conseil pédagogique dont la composition lui
incombe, sous réserve que ses membres appartiennent à
l'établissement.
Le « conseil général »
rassemble des représentants des collectivités territoriales, des
enseignants et des parents d'élèves. Il se prononce sur les
projets pédagogiques des directeurs, notamment sur les dispositifs
d'autoévaluation mis en place par l'établissement ou sur les
programmes expérimentaux auxquels ils pourraient participer. Les
fonctions de président du « conseil
général » et de directeur sont nécessairement
distinctes.
Dans un des regroupements visités par une
délégation de votre mission, qui proposait notamment des
formations commerciales ou en tourisme, le président du
« conseil général » rencontre
fréquemment des entreprises locales afin de proposer, en concertation
avec le directeur, des adaptations des formations ou des filières pour
qu'elles correspondent mieux aux besoins de l'économie locale.
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III. RESTRUCTURER L'OFFRE SCOLAIRE EN DÉVELOPPANT LES RÉSEAUX D'ÉTABLISSEMENT
A. CONFORTER LA LOGIQUE DE RÉSEAU INITIÉE DANS L'ÉDUCATION PRIORITAIRE
Une fois réaffirmée la responsabilité
pédagogique essentielle des établissements au sens
générique et précisée son articulation avec les
rôles dévolus à l'administration centrale, au recteur et
aux corps d'inspection, reste à en tirer les conséquences sur
leur structure interne. Votre mission considère qu'à bien des
égards, l'organisation actuelle des établissements gêne
l'accomplissement de leur mission pédagogique. Des problèmes
lancinants et abondamment documentés, comme les effets dans le premier
degré de l'absence de personnalité morale des écoles et
des lacunes du statut de directeur, n'ont pas encore trouvé de solutions
opérationnelles, malgré des initiatives éparses du
Gouvernement ou de parlementaires. De même, la césure entre
l'école et le collège a souvent été
dénoncée car rédhibitoire pour assurer la
progressivité des apprentissages et/ou répondre utilement aux
difficultés scolaires.
Votre mission plaide ainsi pour la mise en place de
réseaux d'établissements réalisant dans des bassins de
recrutement et de formation une intégration verticale, entre niveaux
d'enseignement différents, et horizontale, à un même niveau
d'enseignement. Votre rapporteur est convaincu qu'il s'agit là
d'un des éléments essentiels permettant de répondre de
façon adéquate à des défis aussi divers que la
fluidification des parcours des élèves et le lissage des ruptures
pédagogiques, la vivification des écoles rurales et la
réussite de l'éducation prioritaire. M. Luc Chatel, ministre
de l'Éducation nationale, en a convenu : « les
établissements doivent être mis en réseau, comme c'est
déjà le cas pour l'éducation prioritaire avec les
Réseaux ambition réussite (RAR). Le réseau est horizontal
lorsque, dans un même lieu, on associe les établissements
scolaires qui, à eux tous, proposent une offre de formation
complète, avec des enseignements d'exploration en seconde, des options,
etc. [...] Mais le réseau peut aussi être vertical : je pense
aux réseaux d'acteurs pour la réussite éducative (RARE),
qui associent lycées, collèges et écoles, mais aussi
à « l'école du socle »52(*).
C'est d'ailleurs l'éducation prioritaire qui
peut servir de modèle à l'ensemble de l'Éducation
nationale en ce domaine, puisque depuis sa relance officielle en 2006,
elle a renforcé sa logique de réseau grâce à la
constitution des Réseaux « ambition
réussite » (RAR) et des Réseaux de réussite
scolaire (RRS). La circulaire qui détaille la mise en oeuvre de cette
relance le précise : « Le réseau
structure la nouvelle organisation de l'éducation
prioritaire. Piloté localement par un comité
exécutif, il fédère les
établissements scolaires et ses partenaires autour d'un projet
formalisé par un contrat passé avec les autorités
académiques, afin d'assurer la réussite scolaire de tous les
élèves. Pour l'ensemble de l'éducation prioritaire,
il convient qu'un collège devienne l'unité de
référence du réseau qu'il crée avec les
écoles élémentaires et maternelles d'où proviennent
ses élèves. (...) Pour faciliter le travail en
concertation dans les réseaux de l'éducation prioritaire,
des « comités exécutifs » seront
créés, avant le 1er mai 2006 pour les réseaux
« ambition réussite » et d'ici la rentrée
2007 pour l'ensemble de l'éducation prioritaire.
Chaque comité exécutif est constitué du principal
de collège, du principal-adjoint et de tous les directeurs des
écoles élémentaires et maternelles rattachées.
L'IEN (inspecteur de l'éducation nationale) de la
circonscription peut également faire partie de cette structure qui se
substitue progressivement à toutes les instances de l'éducation
prioritaire en devenant, dès à présent, l'instance de
pilotage local de la politique mise en oeuvre dans le réseau
« ambition réussite », et à terme, dans
l'ensemble des réseaux de l'éducation prioritaire. (...)
53(*)»
Le ministère de l'Éducation nationale a rendu
public, en janvier 2011, le bilan national des Réseaux
« ambition réussite » qui avait été
effectué au cours de l'année 2010. Si la plus-value
apportée par les actions du réseau à la réussite
des élèves, en particulier du point de vue des acquis scolaires,
reste encore mal évaluée, le rapport indique que la
politique de réseau a intensifié le travail en équipe au
sein du collège et entre les écoles et le
collège. A cet égard, les collaborations
inter-degrés permettraient de mieux penser et organiser le cursus
scolaire des élèves, notamment leur entrée en
sixième. Par ailleurs, les comités exécutifs des
réseaux apparaissent comme de véritables instances
d'échanges et de débats dont la dynamique pourrait toutefois
être améliorée, si les liens avec les autres dispositifs
institutionnels, tels que le conseil pédagogique du collège,
étaient renforcés.
« Si d'une façon générale
la politique RAR influe de façon positive sur les pratiques
pédagogiques, force est de constater que les enseignants ne sont pas
tous investis dans cette dynamique, certains restant très en retrait. Le
travail d'équipe nécessite d'opérer des changements
profonds dans ses pratiques, sa vision du métier. Ces changements de
culture professionnelle sont probablement plus longs à mettre en oeuvre
pour les enseignants du collège, en raison de la prédominance des
disciplines et du clivage traditionnel entre pédagogie et vie scolaire
dans le second degré. » 54(*)
La réflexion sur la difficulté scolaire, qui
constitue un axe majeur du travail d'équipe en RAR, a permis aux
équipes d'établir un diagnostic plus fin des acquis des
élèves, de mieux identifier leurs besoins et de proposer des
prises en charge plus pertinentes. « La dimension plus
collective du travail enseignant en RAR conduit, de façon paradoxale,
à une plus grande individualisation des parcours d'apprentissage des
élèves, le plus souvent dans le cadre de petits groupes
d'apprentissage. Cette dynamique à l'oeuvre dans les RAR permet parfois
d'initier un changement de logique dans la gestion des difficultés
scolaires avec le passage d'une logique de la remédiation à celle
de l'anticipation des difficultés
d'apprentissage. »55(*)
La mission s'inquiète toutefois de l'évolution
annoncée des Réseaux « ambition
réussite » (RAR) qui ont vocation, aux termes de la circulaire
relative à la préparation de la rentrée 201156(*), à être
intégrés dans le programme Éclair, ce dernier étant
lui-même la nouvelle appellation du programme Clair :
« À la rentrée 2011,
le
programme Clair, expérimenté dans 105 EPLE en
2010-2011, est élargi au premier degré et devient le programme
Éclair » : « écoles,
collèges et lycées pour l'ambition, l'innovation et la
réussite ». Il a pour objectif la réussite de
chaque élève et la réduction des écarts dans les
résultats. La liste nationale établie pour la rentrée
2011 concernera en priorité les établissements ayant
expérimenté le programme en 2010-2011, les réseaux
« ambition réussite » et, le cas
échéant, quelques établissements proposés par les
recteurs. L'ensemble des collèges concernés par le programme
s'organisera en réseaux avec les écoles
élémentaires et maternelles de leur secteur et dont la liste sera
également arrêtée à partir des propositions des
recteurs. »
Si la circulaire mentionne bien la nécessité
pour ces établissements de s'organiser en réseaux, elle reste
toutefois elliptique sur ces derniers. Or, le programme Clair ne comportant
initialement aucune référence au travail en
réseau57(*), il
serait regrettable que, sous couvert d'une énième relance de
l'éducation prioritaire, la politique de réseau renforcée
en 2006 ne soit plus une priorité ou qu'elle conduise, compte tenu de la
modification de la cartographie de l'éducation prioritaire, à
désorganiser ce qui vient à peine d'être
réalisé.
A l'occasion de son déplacement en Suisse le 28 mars
2011, la mission a été favorablement impressionnée par la
politique mise en oeuvre dans le canton de Genève dans ce domaine.
Le Réseau d'enseignement prioritaire (REP) du canton
de Genève
La politique de la ville ne fait pas l'objet dans le canton de
Genève d'un traitement véritablement distinct,
bénéficiant d'un service à part entière et de
dispositifs absolument propres. Il s'agit d'une mission transversale
assumée par le département de l'instruction publique (DIP) parce
qu'elle s'appuie en particulier sur une politique d'enseignement prioritaire,
ciblée sur le primaire et engagée depuis la rentrée 2006.
Le canton et les communes se sont engagés parallèlement au
développement du REP à travailler sur l'amélioration du
logement et du cadre de vie.
Le REP du canton de Genève - la même politique
est suivie dans le canton de Vaud mais, dans ce second cas, la liste des
établissements en REP n'est pas rendue publique afin d'éviter la
stigmatisation et la fuite des élèves - comprend
17 établissements primaires sur 89, soit 19 % de la population
scolaire en primaire. Il ne répond pas à une logique de zonage.
Pour entrer dans un REP, un établissement doit se caractériser
par une proportion d'élèves appartenant à des milieux
défavorisés supérieure à 55 % de la population
scolaire de l'établissement. Lorsque l'établissement est proche
du seuil, on examine le taux d'enfants allophones (globalement plus de 40 % des
élèves de Genève).
Mais, l'inscription dans un REP n'est pas du ressort
unilatéral de la DIP : il s'agit d'une possibilité
proposée à l'établissement. La validation de
l'entrée dans le REP dépend, en dernier ressort, de l'engagement
volontaire de l'ensemble de l'équipe d'enseignants à demeurer
dans l'établissement pour au moins trois ans. Le canton
conditionne donc l'allocation de ressources supplémentaires à la
stabilité de l'équipe pédagogique.
Les ressources supplémentaires allouées aux
écoles faisant partie du REP leur permettent de bénéficier
d'un meilleur taux d'encadrement (1 enseignant pour 15 élèves,
contre 1 enseignant pour 18 élèves dans les autres
établissements) et d'un moindre nombre moyen d'élèves par
classe (18,5 contre 20,75 élèves dans les classes des
écoles hors REP). Un accent particulier est mis sur l'apprentissage de
la langue française pour favoriser l'intégration des allophones.
Enfin, un éducateur spécialisé est
nommé dans chaque école du REP. En collaboration avec les
enseignants, ce dernier sert d'interface entre les familles et l'école.
Il est chargé de favoriser l'installation d'un climat scolaire propice
à l'apprentissage et d'apporter un soutien éducatif aux
familles ; il agit donc à la fois dans l'école et en-dehors,
notamment en soutien des services sociaux.
Les résultats du REP sur les performances scolaires
sont difficiles à évaluer dans la mesure où le dispositif
est tout récent et l'échantillon réduit. Il semble
néanmoins que la fonction d'éducateur spécialisé
soit bien accueillie à la fois par les familles et les écoles et
contribue à l'amélioration du climat scolaire. Le canton
réfléchit à l'extension du dispositif à
l'enseignement secondaire.
|
La mission souligne qu'il peut y avoir une contradiction entre
le développement des réseaux, qu'elle prône, et la nouvelle
dynamique des aires d'attraction des établissements scolaires depuis
l'assouplissement de la carte scolaire. Le travail des réseaux
nécessite de la stabilité ; or la carte scolaire
n'est plus une garantie de stabilité de la population scolaire,
notamment pour les établissements situés en zone
d'éducation prioritaire.
M. Jean Picq, président de chambre à La
Cour des comptes, a également constaté58(*)»- au vu des chiffres
fournis par le ministère - « qu'à la suite de
l'assouplissement de la carte scolaire, des collèges
« Ambition, réussite » avaient vu partir leurs
meilleurs élèves, ce qui favorise un processus de
« ghettoïsation ». Comme, depuis, il n'y a pas eu
d'enquête sur ce point, il serait intéressant que votre mission
d'information pose publiquement la question de la carte scolaire et de son
assouplissement. » (10 janvier 2011)
Dans son rapport sur l'articulation des dispositifs
éducatifs, la Cour des comptes a en effet démontré, en
2009, que « sur les 254 collèges « Ambition
réussite », 186 établissements ont perdu des
élèves, ce qui s'est traduit par une plus grande concentration
dans ces collèges des facteurs d'inégalités contre
lesquels doit lutter la politique d'éducation prioritaire (...) et la
création de ghettos scolaires ».
Un an auparavant, un rapport des inspections
générales du ministère de l'Éducation nationale sur
« les nouvelles dispositions de la carte scolaire », remis en octobre 2007, a
rappelé que « les familles renseignées et
intéressées par l'assouplissement de la carte scolaire agissent
aussi pour échapper à la mixité sociale ».
Or, ce rapport a souligné que « ce sont moins les
performances du collège et son offre d'enseignement qui sont
dissuasives, que son implantation ».
Ces risques de dérive ont
alerté le Conseil national des villes, qui, dans son avis du 10
février 2009 relatif à « la mise en oeuvre des
mesures de la dynamique Espoir Banlieues relatives à
l'éducation », a exprimé des réserves
sur les récentes mesures d'assouplissement de la carte scolaire :
« Le Conseil exprime ses réserves sur des mesures
d'assouplissement de la carte scolaire qui ne seraient pas fortement
encadrées par des dispositions volontaristes permettant
d'accroître la mixité sociale. Il considère que ces
dispositions devraient être plus largement connues et faire l'objet d'une
information des collectivités locales intéressées, afin
que soit élaboré avec elles un véritable projet
éducatif d'ensemble permettant de faire bénéficier ces
établissements des ressources des uns et des autres. (...) Il souhaite
en outre qu'un premier bilan des nouvelles mesures soit dressé à
la fin de la présente année scolaire, notamment dans les
quartiers relevant de la politique de la ville, afin de mieux connaître
les caractéristiques des établissements qui ont perdu des
élèves et de ceux qui ont été les plus
demandés, les motivations des familles, l'effet des nouvelles
dispositions sur la mixité sociale dans les établissements, les
mesures qui ont été prises pour aider les établissements
les plus en difficulté. »
Notre collègue Alain Dufaut a d'ailleurs
témoigné de la réalité de ces dérives en
Avignon, lors de l'audition par la mission de membres de la Cour des comptes,
le 11 janvier 2011 : « L'assouplissement de la carte
scolaire a eu des effets pervers dans les quartiers sensibles, comme j'ai pu le
constater. Il a entraîné un écrémage des meilleurs
élèves et une ghettoïsation accrue. »
L'ensemble des conséquences de l'assouplissement de la
carte scolaire sont délicates à apprécier. Toutefois,
s'agissant des établissements situés en éducation
prioritaire, votre mission estime nécessaire de revenir à une
carte scolaire stricte permettant la stabilité des réseaux et la
mise en place d'actions durables par les équipes
pédagogiques. Cette recommandation est
cohérente avec les propositions qu'elle formule, par ailleurs, sur la
revalorisation des équipes pédagogiques affectées en
éducation prioritaire. S'agissant des établissements
situés hors éducation prioritaire, votre mission souhaite qu'un
bilan précis de l'assouplissement de la carte scolaire soit
effectué afin d'évaluer objectivement la pertinence de cette
politique au regard des contraintes qu'elle pose en termes de
gestion.
B. PARACHEVER LA RÉFORME DE 2005 PAR LA CRÉATION DE RÉSEAUX DU SOCLE COMMUN
1. Des structures administratives peu propices à la diffusion du socle commun
L'une des avancées majeures de la loi du 23 avril 2005
pour l'avenir de l'école fut d'établir un socle commun de
connaissances et de compétences que tout élève est
censé maîtriser à la fin de la scolarité
obligatoire. En tentant de gommer la rupture entre le premier et le second
degré, cette loi d'orientation brise, pour la première fois, la
logique issue de la loi Haby de 1975 qui faisait du collège un
« petit lycée » et non une prolongation de
l'école primaire. La mission estime que le socle commun est l'instrument
le mieux à même de préparer la construction d'un parcours
continu du cours préparatoire au brevet, orienté par des
objectifs d'apprentissage clairs et précis. Même si toutes les
conséquences pratiques n'en ont pas été tirées, la
raison d'être du collège doit être désormais de
parachever l'acquisition du socle commun engagée à
l'école. Il est significatif que la direction générale de
l'enseignement scolaire (DGESCO) du ministère de l'Éducation
nationale se soit dotée, en 2010, d'une sous-direction du socle commun,
de la personnalisation des parcours et de l'orientation, qui envisage enfin
comme un ensemble cohérent la scolarité de ses débuts
jusqu'au brevet.
Rappelons qu'aux termes de l'article L. 122-1-1 du
code de l'éducation, le socle commun comprend :
- la maîtrise de la langue
française ;
- les mathématiques
élémentaires ;
- les bases d'une culture humaniste et
scientifique ;
- la pratique d'une langue
étrangère ;
- la maîtrise des technologies les plus courantes
de l'information et de la communication.
L'annexe à l'article D. 122-1 du code de
l'éducation issu du décret n° 2006-830 du
11 juillet 2006 décline précisément les exigences du
socle commun et y ajoute deux volets, l'un sur les compétences sociales
et civiques, et l'autre relatif au développement de l'autonomie et de
l'initiative des élèves.
Après une phase de latence où le socle commun
n'a pu véritablement modifier les pratiques pédagogiques, faute
de trouver une déclinaison opérationnelle suffisante dans les
instructions ministérielles, la réforme du primaire
engagée en 2008 projette sur cette base une profonde rénovation
pédagogique. Les nouveaux programmes fixés par un
arrêté du 9 juin 2008 placent l'apprentissage
structuré de la lecture et de l'écriture au premier rang des
priorités, mais les sept grands domaines de compétences du socle
commun y apparaissent explicitement. Des progressions sont définies en
français et en mathématiques afin de fixer des objectifs
précis que doivent avoir atteints les élèves à la
fin de chaque année. C'est le premier pas vers une recomposition de la
nature des apprentissages et leur progression jusqu'à la fin du
collège pour promouvoir l'interdisciplinarité et la
continuité des parcours, plutôt que le cloisonnement, le
séquençage et les ruptures.
Malheureusement, si le socle commun commence à
s'acclimater dans le primaire comme en témoigne les rapports des
inspections générales, il n'est pas encore entré dans les
moeurs du collège, où les programmes et les pratiques des
enseignants n'en ont subi aucune altération. L'articulation avec le
brevet des collèges n'est pas clarifiée et le remplissage du
livret de compétences tend, dans les établissements, à
être considéré comme une formalité administrative de
plus. Une relance du collège passera nécessairement par
l'installation en son coeur du socle commun et de la logique transversale
d'acquisitions de compétences qu'il valorise, au mépris des
chapelles et des prés carrés disciplinaires, encore si
prégnants au sein de l'Éducation nationale.
Cependant, le mouvement pédagogique d'ampleur
articulé en 2005 autour du socle commun aura d'autant plus de
difficultés à s'installer que les structures administratives
actuelles sédimentent la rupture entre l'école et le
collège et dissolvent les responsabilités, sans qu'une
équipe pédagogique donnée n'ait une vision globale de
l'évolution d'une cohorte d'élèves sur l'ensemble de la
séquence. Selon l'expression de M. Patrick Roumagnac,
secrétaire général du Syndicat de l'inspection de
l'Éducation nationale (SIEN), qui regrettait lors de son audition le
manque de porosité entre le premier et le second degré et les
obstacles que représentent les structures actuelles :
« Nous découvrons chaque année l'histoire des
élèves, pourtant suivis depuis l'école
maternelle. »59(*) Les principaux et les enseignants de collège
ne se sentent pas responsables du niveau atteint par les élèves
à l'entrée en 6e et du fonctionnement des
écoles primaires formant leur bassin de recrutement. L'animation
collective des écoles pâtit de la faiblesse du directeur que ne
peut que partiellement compenser l'IEN de la circonscription, confronté
à l'accumulation de tâches administratives.
Des transformations administratives semblent donc
nécessaires pour parachever l'installation du socle commun et
remédier au défaut patent de pilotage local. La réflexion
de votre mission s'est portée essentiellement sur le statut des
écoles et de leurs directeurs, et, sur les moyens d'accentuer la
collaboration des structures du premier et du second degré, dans une
logique de réseau.
C'est un fait bien connu que les écoles ne disposent
pas aujourd'hui du statut d'établissement public, contrairement aux
collèges et aux lycées. Dépourvues de personnalité
juridique, elles ne disposent ni de l'autonomie administrative, ni de
l'autonomie financière. Le budget et la sectorisation relèvent du
conseil municipal, tandis que les inspecteurs d'académie et les recteurs
gèrent les affectations d'enseignants et les questions
pédagogiques. L'autorité hiérarchique sur les enseignants
est exercée au plus près par les inspecteurs de
l'Éducation nationale, ce qui les rapproche des chefs
d'établissement du second degré.
Cette organisation est peu propice au développement
d'un effet établissement appuyé sur l'émergence d'une
dynamique des équipes pédagogiques autonome, responsable et
évaluée, ce que la mission - encore une fois -
considère comme essentiel pour améliorer les résultats des
élèves et les performances globales du système
éducatif.
En outre, elle tend à se traduire par des
différences de traitement importantes, en termes de moyens
alloués par la collectivité territoriale, les budgets de
fonctionnement et d'investissement étant très variables d'une
commune à l'autre.
Tant en termes d'efficacité pédagogique,
d'efficience financière que d'équité, le défaut de
structuration du premier degré et, corrélativement, la faiblesse
de l'animation pédagogique locale sont
préjudiciables.
Dans le but d'améliorer le fonctionnement des
écoles, notamment en milieu rural, et d'instituer un véritable
pilotage pédagogique local, susceptible d'accroître la
réactivité du système éducatif,
l'article 86 de la loi n° 2004-809 du 13 août
2004 relative aux libertés et aux responsabilités locales
prévoyait la création à titre expérimental
d'établissements publics d'enseignement primaire (EPEP). Les
établissements publics de coopération intercommunale ou plusieurs
communes d'un commun accord, ou une commune, pouvaient, après avis des
conseils des écoles concernées et accord de l'autorité
académique, mener, pour une durée maximum de cinq ans, un
regroupement d'écoles au sein d'une structure institutionnelle commune.
Il s'agissait ainsi d'accroître les synergies entre les
écoles et de mutualiser leurs moyens sans avoir à faire
disparaître les sites physiques où se déroulaient les
cours. Le conseil d'administration de l'EPEP devait comporter des
représentants des collectivités territoriales, des enseignants et
des parents d'élèves, sur le modèle des
établissements du second degré. L'ensemble des parties prenantes
auraient été ainsi associées au fonctionnement du nouvel
établissement public, ce qui aurait notamment
permis de resserrer la coopération entre les communes
et l'Éducation nationale, et de progresser vers l'exercice
concerté des compétences de chacun. Cette
expérimentation était cependant soumise à la publication
d'un décret en Conseil d'État précisant
les règles d'organisation et de fonctionnement des EPEP, qui n'a
toujours pas été publié. Votre rapporteur a de
nombreuses fois déploré l'inaction du ministère de
l'Éducation nationale, qui a empêché la mise en oeuvre
d'initiatives novatrices voulues par le législateur.
Une proposition de loi relançant la création
d'EPEP a été déposée à l'Assemblée
nationale en octobre 2008, mais elle n'a toujours pas été
inscrite à l'ordre du jour. Un rapport remis au Premier ministre en
septembre 2010 par l'un des signataires, M. Frédéric Reiss,
propose de relancer une expérimentation d'établissement public du
primaire (E2P) dans les écoles de 14 classes et plus, sans imposer
des modalités décidées en amont mais en labellisant des
projets portés et façonnés par les acteurs locaux. Cette
piste est intéressante, même si votre rapporteur regrette le temps
déjà perdu depuis 2004 et espère que cette initiative ne
restera pas lettre morte comme les précédentes, alors que
l'ampleur de la réforme pédagogique entreprise dans le primaire
appelle plus que jamais une redéfinition parallèle de la
gouvernance.
Le projet d'EPEP ou d'E2P ne s'est pas encore
réalisé sous la conjonction de différents facteurs qu'il
faut prendre en considération : l'inertie du ministère qui,
longtemps, n'a pas fait du primaire sa priorité budgétaire ni
pédagogique ; l'hostilité des professeurs des écoles
et des élus rassemblés dans l'Association des maires de France
(AMF) qui se sentent directement contestés dans l'exercice de leurs
fonctions traditionnelles ; la difficulté de doter les petites
écoles de trois classes ou moins d'un statut adapté en
réalité adéquat pour des structures plus
importantes ; le traitement délicat des regroupements
pédagogiques intercommunaux, concentrés ou dispersés,
adossés ou non à un EPCI. Ces résistances et ces
difficultés réelles incitent bien à rester dans une
démarche expérimentale volontaire, en la réservant
à des écoles ou des groupements de taille critique, sans
l'imposer aux acteurs de terrain, ni trop la normer dans le détail. Ces
principes, déjà posés par le législateur en 2004,
restent plus que jamais valables et la mission les reprend volontiers à
son compte.
Reste que l'expérimentation du statut
d'établissement public dans le premier degré ne répond pas
au souci de favoriser la porosité et la fluidité des
apprentissages entre l'école et le collège. Il ne faudrait pas,
au contraire, qu'une nouvelle structure administrative vienne renforcer
plutôt que gommer la rupture entre le premier et le second degré,
en la cristallisant définitivement. Le renforcement de l'autonomie des
écoles par une transformation de leur statut ne doit pas aboutir
à l'isolement et au cloisonnement des structures. C'est pourquoi
la mission propose de compléter l'expérimentation des EPEP,
réservés de toute façon à de grosses structures,
par la constitution des réseaux du socle commun.
Sur le modèle des RAR, ces réseaux du socle
commun réuniraient un collège et l'ensemble des écoles de
son bassin administratif de recrutement. En effet, il ne paraît pas
justifié de cantonner cette structuration à la seule
éducation prioritaire, puisque l'acquisition du socle commun de
connaissances et de compétences concerne tous les élèves.
Cette rénovation aurait le mérite de ne pas nécessiter de
réforme juridique préalable du statut des écoles pour les
doter de la personnalité morale. Elle n'impliquerait que peu de
modifications réglementaires, ni de grandes restructurations
urbanistiques puisqu'elle n'impose pas de regroupement physique en un seul lieu
commun. Elle pourrait donc être mise en oeuvre rapidement à petite
échelle60(*).
Un comité directeur rassemblerait le
chef d'établissement et les directeurs des écoles du secteur, et
associerait les partenaires locaux, tandis que l'IEN de la circonscription et
les inspecteurs d'académie - inspecteurs pédagogiques
régionaux (IA-IPR) constitueraient un « pôle externe
d'évaluation et d'accompagnement »61(*), ce qui reviendrait à
une première mouture du projet des RAR. Les réseaux seraient
dotés dès leur naissance d'une cible nationale commune,
précisément la maîtrise du socle par tous les
élèves en fin de 3e, complété par des
contrats d'objectifs plus ciblés avec les autorités
académiques. Les élèves seraient suivis sur l'ensemble de
leur parcours par une même équipe de direction sous la houlette du
principal, qui devrait aussi - en concertation avec les directeurs
d'écoles - s'engager dans l'animation pédagogique dès
le CP. La continuité du parcours de l'enfant deviendrait
évidente, sans hiatus. Une pédagogie différenciée
et selon des rythmes d'apprentissage différents pourrait se
déployer sur le long terme pour résoudre les difficultés
scolaires. La stabilité des interlocuteurs sera également
précieuse pour les parents, avec lesquels se nouera plus facilement un
dialogue dans la confiance réciproque.
En outre, l'échange d'enseignants entre les
écoles et le collège, notamment à la charnière
CM2-6e, serait facilité. Plus généralement un
dialogue sur les pratiques pédagogiques entre professeurs
généralistes et spécialistes disciplinaires se nouera, ce
qui devrait rendre plus aisée la diffusion de
l'interdisciplinarité, de la transversalité et d'une approche par
compétences des apprentissages. Ces nouvelles possibilités
d'échanges au sein du réseau devraient également se
révéler très utiles pour le développement de
l'apprentissage d'une langue étrangère en primaire ou
l'épanouissement d'activités d'initiation à la
démarche scientifique.
La valeur ajoutée d'une meilleure articulation entre
école et collège hors éducation prioritaire est d'ores et
déjà recherchée par les acteurs de terrain. Ainsi, le
recteur de l'académie de Versailles, M. Alain Boissinot, a
annoncé que son académie expérimenterait cinq
écoles du socle commun à compter de la rentrée
2011 : « Il est essentiel d'avancer sur la relation premier
degré-collège. Les dispositifs RAR et Clair ont permis d'aller
dans ce sens. Et l'académie expérimentera dès la
rentrée prochaine sur cinq sites des « écoles du socle
commun » afin que collèges et écoles travaillent le
plus étroitement possible, qu'ils puissent échanger leurs
enseignants. » Des professeurs des écoles pourront
notamment se rendre en collège et être chargés de
l'accompagnement éducatif et des enseignants de collège pourront
assurer l'aide individualisée, en classes de primaire.
Toutefois, l'évolution des structures ne suffira pas
seule à acclimater le socle commun et lui faire porter tous ses fruits.
Il est nécessaire qu'elle soit portée et animée par des
acteurs investis. Que les réseaux du socle commun voient le jour ou non,
il ne pourra pas être fait l'économie d'une rénovation du
statut du directeur d'école et d'un renforcement de sa capacité
à remplir pleinement sa mission d'orchestration pédagogique. La
question du pilotage local de la politique éducative est cruciale tant
pour la réussite de la réforme entreprise que pour l'avenir
à plus long terme de l'accroissement des performances, de
l'équité et de l'efficience financière du système
éducatif.
L'OCDE indique ainsi, en s'appuyant sur de récents
travaux62(*) valant aussi
bien pour le primaire que le secondaire, que : « la
direction d'établissement joue un rôle clé dans la
qualité de l'enseignement scolaire, en créant les conditions
organisationnelles et éducatives propices à l'efficacité
et à l'amélioration. [...] Ce rôle est néanmoins
complexe dans la mesure où les chefs d'établissement agissent
surtout en dehors de la classe, où se déroulent les
activités d'enseignement et d'apprentissage. C'est pourquoi, au lieu
d'avoir une influence directe sur la qualité, les chefs
d'établissement agissent en créant les conditions
appropriées pour bien enseigner et bien apprendre, en influant sur des
facteurs tels que les motivations professionnelles, les compétences et
l'environnement de travail. Leur influence est particulièrement
importante dans quatre domaines principaux : l'amélioration de la
qualité des enseignants ; la fixation des objectifs,
l'évaluation et l'obligation de rendre compte ; la gestion
stratégique des ressources ; la collaboration avec les partenaires
extérieurs. »63(*)
La direction des écoles maternelles et
élémentaires est assurée actuellement par un directeur
d'école appartenant au corps des instituteurs ou à celui des
professeurs des écoles. Les directeurs d'école sont régis
par les dispositions du décret n° 89-122 du
24 février 1989 modifié. Primus inter pares, le
directeur est un professeur comme les autres qui n'exerce pas de pouvoir
hiérarchique. L'un des maîtres de l'école est nommé
dans l'emploi de directeur par l'inspecteur d'académie, en principe
après son inscription sur une liste d'aptitude. La seule autorité
hiérarchique est l'IEN de la circonscription, dans un milieu dont
M. Bruno Racine, président du Haut Conseil de l'éducation, a
relevé « la culture individualiste très
prégnante »64(*).
Le directeur d'école exerce des missions très
diverses : il doit non seulement veiller à la bonne marche de
l'école et au respect de la règlementation, assurer la
coordination entre les enseignants et animer l'équipe
pédagogique, mais il est aussi l'interlocuteur des autorités
locales, des parents d'élèves, du monde économique et des
associations périscolaires. Pour faire face à l'ensemble de ses
tâches, le directeur dispose de peu de moyens. Les témoignages de
responsables académiques du rectorat de Caen sont à cet
égard très éclairants. L'IA-DSDEN du Calvados estime que
« son efficacité repose sur son charisme, son engagement,
sa bonne volonté, donc limitée dans un univers restreint
dominé par un fort « égalitarisme ». Il n'incarne pas
une autre culture susceptible de mettre en question les représentations
dominantes freinant l'innovation et le changement. Dépourvu de toute
autorité hiérarchique, il n'est pas en mesure de faire valoir
efficacement les intérêts, les besoins et les orientations des
politiques éducatives, d'où la lenteur du changement
observé dans le premier degré (par exemple, la politique des
cycles) [...]. Par ailleurs, la multiplication des charges et
responsabilités dévolues au directeur, sans modification du
régime de décharge, atteint sa limite et contribue à la
« sous-organisation » du 1er degré, cause de son
déficit d'efficacité. »65(*)
Son homologue de la Manche confirme les inconvénients
de la faiblesse structurelle des directeurs et les difficultés
concrètes qu'elle fait surgir au quotidien, indépendamment de
leur engagement personnel : « L'absence de chef
d'établissement (ou de statut de directeur) suppose avec l'IEN et
l'équipe de circonscription un travail en lien très
étroit, voire sous le signe de ce qui peut être
considéré comme une certaine « dépendance », mal
vécue dans certains cas. Dans une équipe dynamique, qui accepte
d'être pilotée, l'absence de relation hiérarchique peut
parfois favoriser, d'une certaine manière, la cohésion du groupe.
Mais, on en voit aussi les limites : tout enseignant peut, en l'absence de
« supérieur » au sens strict, user d'une liberté qui
peut éventuellement nuire à un fonctionnement optimisé de
l'école. Par ailleurs, pour les partenaires, les parents, notamment, il
y a là un manque de lisibilité et donc de compréhension :
un directeur est quelqu'un qui dirige, et qui a donc autorité sur les
adjoints. [...] Une clarification du statut, demandée depuis longtemps,
constituerait sans nul doute une avancée à bien des
égards. »66(*)
L'extension importante des responsabilités qui sont
confiées aux directeurs d'école avec la mise en oeuvre de la
réforme du primaire depuis 2008 vient aggraver une situation
déjà difficile qui se traduisait notamment par une pénurie
de candidats. Selon les statistiques fournies par le ministère de
l'Éducation nationale à la Cour des comptes, 4 196
directions d'école étaient vacantes à la rentrée
2005, la continuité du service étant assurée, par un
enseignant chargé de l'intérim. Pour les écoles de deux
à quatre classes, souvent situées en zones rurales, les vacances
représentaient 70 % des postes.67(*)
Il convient de noter qu'à partir de 2006, le
régime indemnitaire et le système des décharges ont
été revus pour pallier cette carence. Les directeurs
d'école bénéficient d'un quart de décharge entre
quatre et neuf classes, et d'une demi-décharge pour dix à treize
classes. Au-delà, ils sont totalement déchargés de leur
enseignement. Le problème demeure cependant et la désaffection
persiste. 42 % des directeurs ne bénéficient d'aucune
décharge spécifique, que ne compense pas la décharge de
rentrée scolaire de deux jours fractionnables à prendre dans les
quinze jours qui suivent la rentrée des élèves. Les
inspections générales relèvent que « le
système de décharges devient obsolète et sans doute
inéquitable du point de vue de l'adaptation de la décharge
à la réalité des fonctions
exercées.»68(*)
Le régime indemnitaire des directeurs
d'école
L'indemnité de sujétions spéciales (ISS),
instituée par le décret n° 83-644 du 8 juillet
1983, a fait l'objet de revalorisations successives.
Ainsi, une première revalorisation de 20 % (soit
185,09 €) de cette indemnité a été mise en oeuvre au
1er septembre 2006. Le montant de l'ISS des directeurs
d'école a été de nouveau revalorisé de 185,09
€ pour atteindre un montant annuel de 1 295,62 € hors ZEP et de
1 554,74 € en ZEP, soit une augmentation de 40 %.
Une nouvelle revalorisation de l'ISS est intervenue à
la rentrée 2008 permettant de mieux reconnaître l'engagement des
directeurs d'école dans la réussite de l'école primaire
qui connaît en 2008/2009 des transformations organisationnelles
importantes. Les montants de référence de l'indemnité sont
portés, au moyen d'une part complémentaire variable, à
1 495,62 € pour les directeurs d'écoles comportant de 1
à 4 classes, 1 695,62 € pour les directeurs
d'écoles comportant de 5 à 9 classes et
1 895,62 € pour les directeurs d'école de dix classes et
plus.
Le régime indemnitaire des directeurs comprend, outre
l'ISS revalorisée, une nouvelle bonification indiciaire uniforme de
8 points et une bonification indiciaire d'un montant de 3, 16, 30 ou 40
points, selon le nombre de classes dans l'école.
|
À l'heure actuelle, le régime indemnitaire total
annuel des directeurs d'école s'échelonne donc de
2 100 euros environ pour les directeurs d'école d'une classe
à environ 4 540 euros pour ceux qui dirigent une école
de 10 classes et plus.
En conséquence, votre mission estime que la
rénovation du statut des directeurs d'école devrait être
très rapidement entreprise, afin de leur attribuer un plein statut de
chef d'établissement en adéquation avec leurs nouvelles
responsabilités. Cette transformation serait naturelle dans les
EPEP, s'ils voyaient le jour. Elle serait aussi recommandable en cas de
création de réseaux du socle commun : associés au
comité directeur du réseau, ils deviendraient les relais du
principal de collège dans les écoles et pourraient
éventuellement être assimilés à des adjoints du chef
d'établissement. En tout état de cause, comme l'indique
l'Institut Montaigne fort justement, « la création de ce statut
nécessite une professionnalisation du recrutement des
directeurs d'école »69(*) qui faute de formations spécifiques et de
volontaires en nombre suffisant sont trop souvent désignés par
l'administration.
IV. MOBILISER EFFICACEMENT LA COMMUNAUTÉ ÉDUCATIVE
Aux termes de l'article L. 111-3 du code de
l'éducation, la communauté éducative
« réunit les personnels des écoles et
établissements, les parents d'élèves, les
collectivités territoriales ainsi que les acteurs institutionnels,
économiques et sociaux, associés au service public de
l'éducation. »
Au cours de ses déplacements et de ses auditions, la
mission a constaté l'implication de nombreux acteurs, au premier rang
desquels les enseignants.
A. OUVRIR LES ÉTABLISSEMENTS SUR LEURS ENVIRONNEMENTS
1. Conforter l'école comme lieu d'échanges avec les parents
a) Un dialogue à renforcer
(1) Les parents ne sont pas absents du code de l'éducation...
Parce qu'ils sont les premiers éducateurs, les parents
ont a priori un lien privilégié avec
l'école : ils font partie de la communauté éducative.
A ce titre, « leur participation à la vie scolaire et le
dialogue avec les enseignants et les autres personnels sont assurés dans
chaque école et dans chaque établissement. 70(*)»
A ce stade, il est important de rappeler que la notion de
« parents d'élèves » comporte une double
dimension :
- soit les parents d'élèves pris comme
une communauté dont les positions sont exprimées par des
représentants élus au sein de différentes
associations. Dans l'enseignement primaire, il y a autant de
représentants de parents d'élèves au conseil
d'école que de classes dans l'école. Au total, les écoles
maternelles et élémentaires comptent environ 221 000
représentants de parents d'élèves. Au collège et au
lycée, il y a, selon le type de l'établissement et sa taille,
cinq, six ou sept représentants de parents d'élèves dans
chaque conseil d'administration. Environ 48 000 représentants de
parents d'élèves sont dénombrés dans l'enseignement
secondaire ;
- soit les parents d'élèves pris
individuellement.
Collectivement, les parents
d'élèves jouent théoriquement un rôle important dans
la vie scolaire. Représentés aux conseils académiques et
départementaux de l'Éducation nationale ainsi qu'au Conseil
supérieur de l'Éducation nationale, leur implication dans la vie
scolaire se matérialise par leur présence, via leurs
délégués, aux conseils d'école, conseils
d'administration des établissements scolaires et conseils de classe. Ils
participent à la définition du projet d'école
d'établissement, qui est élaboré avec l'ensemble des
membres de la communauté éducative. Relevons que le projet
d'école ou d'établissement « précise les
voies et moyens qui sont mis en oeuvre pour assurer la réussite de tous
les élèves et pour associer les parents à cette
fin.71(*)
»
Le décret n° 2006-935 du 28 juillet 2006,
relatif aux parents d'élèves, aux associations de parents
d'élèves et aux représentants des parents
d'élèves, permet aux représentants des parents de mieux
exercer leur mandat :
- les heures de réunion des conseils d'école,
d'administration et de classe doivent être fixées de
manière à permettre la représentation des parents
d'élèves ;
- les représentants des parents
d'élèves doivent disposer des informations nécessaires
à l'exercice de leur mandat ;
- ils ont le droit d'informer et de rendre compte des travaux
des instances dans lesquelles ils siègent.
Le rôle des associations de parents
d'élèves a également été
précisé par le décret précité. Les
associations disposent ainsi du droit d'informer, de communiquer et de disposer
de moyens matériels d'action (boîtes aux lettres, panneaux
d'affichages, éventuellement locaux), de diffuser des documents
permettant de faire connaître leur action, d'intervenir, pour les
organisations représentées au Conseil supérieur de
l'éducation, au conseil académique et au conseil
départemental de l'Éducation nationale, dans toutes les
écoles et tous les établissements publics d'enseignement.
Résultat des élections des
représentants des parents d'élèves pour l'année
2010-2011
(Élections du 15 ou 16 octobre 2010)
Nombre de votants
Premier degré : 3 899 701
Second degré : 1 859 092
Nombre de sièges pourvus
Premier degré : 232 257 sièges pourvus sur 240 205
à pourvoir (96,69 % des sièges pourvus)
Second degré : 45 015 sièges pourvus sur 46 631
à pourvoir (96,53 % des sièges pourvus)
Taux de participation
Premier degré /participation moyenne : 44 %
Second degré / participation moyenne : 24,71 %
Répartition des sièges attribués aux
représentants des parents d'élèves
Premier degré
- listes de parents d'élèves non constituées
en association : 57,73 %
- FCPE : 18,19 %
- listes d'associations locales non affiliées :
13,73 %
- listes d'union : 6,05 %
- PEEP : 2,89 %
- UNAAPE : 1,41 %
Second degré
- FCPE : 49,62 %
- listes de parents d'élèves non constituées
en association : 15,80 %
- listes d'associations locales non affiliées :
15,77 %
- PEEP : 11,24 %
- listes d'union : 5,61 %
- UNAAPE : 1,95 %
Source : ministère de l'Éducation
nationale
|
Individuellement, en tant que
co-éducateurs, les parents d'élèves sont associés
à la scolarité de leurs enfants en étant
informés des résultats mais également du comportement
scolaire de leurs enfants. Le décret précité, relatif aux
parents d'élèves, aux associations de parents
d'élèves et aux représentants des parents
d'élèves, a énoncé plusieurs éléments
du suivi scolaire :
- des réunions chaque début d'année,
pour les parents d'élèves nouvellement inscrits avec le directeur
d'école et le chef d'établissement ;
- des rencontres parents-enseignants au moins deux fois par
an. Dans les collèges et lycées, l'information sur l'orientation
est organisée dans ce cadre ;
- une information régulière à destination
des parents sur les résultats et le comportement scolaires de leurs
enfants ;
- l'obligation de répondre aux demandes
d'informations et d'entrevues présentées par les
parents ;
- un examen des conditions d'organisation du dialogue
parents-école, notamment à l'occasion de la première
réunion du conseil d'école et du conseil d'administration.
Le code de l'éducation prévoit également
certains cas de dialogue obligatoire avec les parents, comme lors de la mise en
place d'un programme personnalisé de réussite éducative
(PPRE)72(*) ou des
conditions de poursuite de la scolarité73(*).
(2) ... mais sont-ils des interlocuteurs pour l'Éducation nationale ?
Lors de ses déplacements en province mais aussi
à l'étranger, votre mission n'a pas manqué de s'entretenir
avec des parents d'élèves, dont les principales
fédérations ont été, en outre, entendues lors de la
table ronde du 5 avril 2011 consacrée aux élus et aux
parents d'élèves ainsi que lors du colloque organisé le
4 mai 2011 au Sénat.
Elle a constaté que les évolutions
décidées par le ministère ne s'appuyaient que très
rarement sur une consultation effective et approfondie des parents
d'élèves. Lors de la table ronde précitée,
M. Jean-Jacques Hazan, président de la Fédération des
conseils de parents d'élèves des écoles publiques (FCPE),
a présenté en ces termes son analyse :
« Souvent, les expérimentations sont menées dans le
cadre des projets d'établissement ; les parents y sont alors
associés. (...) En revanche, les parents d'élèves
- et les élus - sont peu associés aux
expérimentations nationales. Par exemple, les réformes
introduites en 2008, dont le passage à la semaine de quatre jours, n'ont
pas fait l'objet d'une concertation approfondie. Nous connaissons le
résultat de ces réformes. En février 2009, six mois
après l'instauration de la semaine de quatre jours, nous avons
engagé une campagne intitulée « Six mois, ça
suffit ! ». Il est difficile de revenir sur une
réforme, surtout si l'on a contraint les collectivités
territoriales et les parents d'élèves à l'exécuter
contre leurs souhaits. L'association des parents
d'élèves à la réforme des programmes du primaire
aurait sans doute abouti à de meilleurs programmes que ceux qui ont
été adoptés et qui ne sont pas appliqués - parce
que n'étant pas applicables. L'aide individualisée, qui a
désorganisé le temps du midi, l'heure de début de classe
et parfois l'enfant lui-même, n'a pas été mise en oeuvre de
façon partenariale. Je citerai encore une
expérimentation, celle de la « Mallette des
parents ». Celle-ci étant fondée sur le contact, il est
normal qu'une discussion ait été menée. On peut toutefois
regretter qu'elle n'ait pas été plus profonde et plus
précoce, et que les résultats de cette expérimentation
n'aient pas été partagés. »
La faiblesse de la concertation lors des
expérimentations a été actée par d'autres
participants, comme Mme Béatrice Chesnel,
présidente de l'Union nationale des associations autonomes de parents
d'élèves (UNAAPE) : « Nous participons
très peu aux expérimentations scolaires, que nous
découvrons bien souvent une fois mises en place.
L'UNAAPE souhaite que les parents d'élèves soient
consultés sur le bien-fondé, le lieu, la durée des
expérimentations, ainsi que sur l'évaluation de leurs
résultats. (...). Nous avons
été écartés de l'expérimentation
cours le matin - sport l'après-midi. Les parents n'en ont pas
été informés préalablement. »
D'autres critiques ont attiré l'attention de la
mission :
- l'association des parents
d'élèves aux projets d'école et aux projets
d'établissement serait très inégale74(*) ;
- les horaires des conseils d'école et des
conseils d'administration ne permettraient pas toujours aux parents
d'élèves d'y assister, contrairement aux
préconisations du décret de 2006 précité.
Mme Claudine Caux, présidente de la Fédération des
parents d'élèves de l'enseignement public (PEEP), a ainsi
déclaré devant la mission que : « Les parents,
mais également les collectivités territoriales, doivent
être mieux représentés dans les conseils d'administration.
Il faut donner aux parents d'élèves toute leur place, ce qui
n'est pas le cas, par exemple, lorsqu'on organise un conseil d'école
à 14 heures. » ;
- la complémentarité du rôle des
parents avec le travail accompli en classe n'est pas suffisamment
étudiée. Selon M. Hazan, « les
parents ne sont pas des partenaires mais des membres à part
entière de la communauté éducative. Ils sont
co-éducateurs mais il ne s'agit pas de leur demander de faire la
même chose que les enseignants. La sous-traitance des devoirs aux
familles est une mauvaise chose. Il faut réfléchir avec eux et
leur donner les moyens de faire, chez eux, un travail complémentaire
à celui de l'école. »
Les positions exprimées par les représentants
des associations de parents d'élèves n'ont pas surpris la
mission :
- s'agissant des décisions prises par le
ministère, que ce soit dans le cadre du lancement
d'expérimentations nationales ou de nouvelles réformes,
l'absence de réelle concertation avec les parents
d'élèves ne fait que témoigner du modèle pyramidal
de décision qui caractérise le ministère de
l'Éducation nationale. D'aucuns ont pu mentionner
l'expérience de la « Mallette des parents »
initiée dans l'académie de Versailles. Il s'agit d'un
contre-exemple car, faut-il le rappeler, cette expérience n'a pas
été présentée par le ministère de
l'Éducation nationale mais par M. Martin Hirsch, alors Haut
Commissaire aux solidarités actives. Par ailleurs, eu égard
à son intitulé, il est heureux que les parents aient
été associés...
« La Mallette des parents » : un
contre-exemple positif
Constatant que le lien entre les parents et les enseignants se
distend entre le CM2 et la 6e, du fait de l'éloignement du
collège, de la multiplication des interlocuteurs et de
l'indépendance accrue de l'enfant, l'académie de Créteil a
initié un programme d'accompagnement à destination de parents,
dénommé « la Mallette des parents ».
Ce projet vise à consolider le lien entre le
collège et les parents d'élèves volontaires, en favorisant
la compréhension du système éducatif et de son
fonctionnement dans une dynamique de co-éducation.
Pour atteindre ces objectifs, la Mallette propose une
boîte à outils composée d'un DVD et de fiches
thématiques permettant d'aborder un ensemble de questions propres
à l'entrée en 6e (comment se tenir au courant de ce
qui se passe au collège concernant son enfant ? Qu'attendent les
professeurs des élèves et de leurs parents ? Comment les
parents doivent-ils s'y prendre pour aider leurs enfants dans leurs
devoirs ? etc) et permettant à chaque établissement
d'exposer son fonctionnement propre.
La Mallette comporte également un cycle
d'ateliers-débats : trois fois dans l'année, des ateliers de
deux heures permettent aux parents d'avoir un échange sur le
fonctionnement du collège, le temps des devoirs, l'accompagnement
éducatif, mais aussi sur des questions plus générales
telles que les dangers d'Internet, le sommeil, l'alimentation... Ces ateliers
sont animés par des personnels de l'établissement, des parents et
des intervenants extérieurs spécialisés qui peuvent, s'ils
le souhaitent, utiliser tout ou partie de la boîte à outils.
|
Le changement de processus décisionnel souhaité
par votre mission devrait diminuer les frustrations des parents
d'élèves ;
- s'agissant des critiques relatives à la
gestion des établissements, votre mission estime
également que ses propositions tendant à revaloriser
l'établissement en tant que tel et donc, à donner toute son
importance aux projets d'école ou d'établissement, permettront
de facto une amélioration de la cohésion de la
communauté éducative et un approfondissement du dialogue entre
ses membres.
b) L'École, une « agora » à promouvoir
Si les développements ci-dessus ont surtout
été consacrés au lien entre l'École et les
organisations représentatives des parents d'élèves, votre
mission s'est également interrogée à
plusieurs reprises sur la qualité des liens entre les
équipes des établissements et les parents pris
individuellement, notamment en zone d'éducation prioritaire
où de nombreuses familles sont allophones. Votre mission estime qu'il
est temps d'ouvrir, au sens physique du terme, l'école sur son
environnement immédiat : l'ouverture de l'école ne doit plus
être corrélée au seul temps scolaire strictement
entendu.
Lors de son déplacement dans la Somme, la mission s'est
félicitée de l'initiative prise par le regroupement
pédagogique intercommunal (RPI) d'Ailly-le-Haut-Clocher pour faire
« entrer » les parents d'élèves dans la
classe pour une raison ne tenant pas uniquement au suivi stricto sensu
de la scolarité : il s'agissait de montrer aux parents une
exposition artistique préparée par leurs enfants. Cet exemple,
qui n'est certainement pas isolé, illustre pour votre mission
l'importance « d'apaiser », de
« normaliser » les relations individuelles avec les
parents, ces derniers pouvant parfois être sur la défensive compte
tenu de la nature traditionnelle de leurs échanges avec les
équipes pédagogiques. Les faire entrer dans l'enceinte
scolaire en dehors des rendez-vous habituels est de nature, selon votre
mission, à fluidifier les échanges entre les différents
membres de la communauté éducative mais aussi entre enfants et
parents.
L'école est avant tout un lieu scolaire ;
toutefois, dans certains territoires, elle est plus que cela, et sa valeur
ajoutée à la politique d'intégration des familles
immigrées pourrait être plus forte si certaines pratiques
étaient généralisées. A deux reprises, il a
été signalé à votre mission combien il pouvait
être symboliquement important que l'établissement scolaire
soit le lieu d'apprentissage de la langue française pour les parents
d'enfants issus de l'immigration. Tous élèves de la
République, les enfants et les parents issus de l'immigration
matérialiseraient leur effort d'intégration à
l'École qui constitue, selon la mission,
« une greffe identitaire 75(*)» idéale.
En effet, l'École n'est pas un service public comme les autres, c'est
également une institution dont les missions, parce qu'elles touchent
à la formation de la citoyenneté, dépassent les seuls
intérêts particuliers des élèves.
Par ailleurs, la « scolarisation » des
parents et des enfants dans un lieu commun représenterait un trait
d'union entre enfants et parents permettant une meilleure compréhension
mutuelle. Souvent les parents d'enfants issus de l'immigration rechignent
à venir aux rendez-vous scolaires traditionnels. En prenant l'habitude
de venir régulièrement dans les établissements scolaires,
les parents allophones seraient certainement plus réceptifs aux messages
de l'institution scolaire concernant leurs enfants. M. Hervé
Masurel, secrétaire général du Comité
interministériel des villes, estimait ainsi devant la mission
qu'il était
« psychologiquement important que les cours se
déroulent dans les locaux de l'école : cela renforce le lien
entre les parents et les établissements scolaires.76(*) ».
2. Généraliser les liaisons entre l'école et le monde professionnel
a) Impliquer les employeurs publics dans la formation professionnelle
C'est parfois un travers du débat contemporain de
parler uniquement des relations entre l'école et l'entreprise,
plutôt qu'entre l'école et l'employeur en général,
privé ou public. D'une part, une fraction significative des
élèves rejoindra l'une des trois fonctions publiques
d'État, territoriale ou hospitalière ; d'autre part, la
focalisation sur l'entreprise tend à dégager tacitement tous les
employeurs publics de leur responsabilité en matière de formation
des jeunes. Ainsi que M. Claude Thélot, ancien président de
la commission du débat national sur l'avenir de l'école, le
résumait devant votre mission : « Depuis une
vingtaine d'années, les employeurs publics n'ont pas été
suffisamment présents sur le terrain de la formation et de l'insertion
de la jeunesse : cette question-là me paraît donc importante. Il
faut penser l'articulation entre l'école et les employeurs publics de la
même manière qu'est pensé le lien entre l'école et
les employeurs privés. »77(*)
De nombreux jeunes engagés dans la voie
professionnelle, soit sous statut scolaire, soit en apprentissage, peinent
à trouver un employeur prêt à les accueillir. Votre mission
souhaite donc que l'État, les collectivités, les hôpitaux
publics, en tant qu'employeurs potentiels au même titre que les
entreprises, ne se défaussent pas de leurs responsabilités et
s'investissent dans la formation professionnelle pour accueillir des stagiaires
en lycée professionnel et des apprentis.
L'apprentissage dans le secteur public non industriel et
commercial est encore extrêmement peu développé. La
direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques
(DARES) a ainsi estimé que 6 058 nouveaux contrats
d'apprentissage y ont été conclus en 2007, contre 278 000
dans le secteur marchand.78(*) Les communes ont conclu 56,5 % des nouveaux
contrats, contre 6,5 % pour les services de l'État. Parmi les
contrats conclus par les communes, 39 % visent des jeunes de niveau V bis
et V79(*), soit un
pourcentage équivalent à celui qui prévaut dans le secteur
marchand, contre 16 % pour ceux conclus par l'État. Ces ratios de
flux d'entrée n'ont pas sensiblement varié depuis.
L'analyse des obstacles au développement de
l'alternance dans le secteur public a fait l'objet d'une mission confiée
en 2009 par le Président de la République à notre
collègue député Laurent Hénart, qui résumait
ainsi les enjeux : « Avec 5,2 millions d'agents, le
secteur public, premier employeur de France, est appelé à jouer
un rôle décisif dans le développement de l'emploi et de la
formation des jeunes. A l'instar de l'effort consenti par les branches
professionnelles, il doit se mobiliser pour augmenter son potentiel d'accueil
en alternance. Les collectivités territoriales consultées se sont
d'ailleurs déclarées conscientes de la nécessité de
participer activement à l'effort national de
formation. »80(*)
Les freins à l'alternance dans les
services de l'État ou des collectivités territoriales sont
désormais bien identifiés. La culture de l'apprentissage dans le
secteur public est encore limitée, sans compter que certains services ne
savent pas toujours comment appréhender le contrat lui-même, qui
reste de droit privé. En outre, le principe du recrutement par concours
rend très difficile la transition entre le contrat d'apprentissage et
l'entrée dans la fonction publique. Du point de vue des charges
financières pesant sur le maître d'apprentissage, il faut signaler
la majoration des rémunérations de l'apprenti du secteur public
visant un diplôme de niveau IV (baccalauréat) ou III (licence) et,
par extension, de niveau II (master). Enfin, par construction, les
contrats conclus dans le secteur public ne peuvent pas ouvrir droit aux
mêmes incitations financières que celles dont
bénéficient les entreprises, telles que les déductions de
taxe d'apprentissage, les indemnités forfaitaires versées par les
régions et les mécanismes de crédit d'impôt.
Cependant, sous l'impulsion de votre rapporteur, le
Sénat a d'ores et déjà contribué au
développement de l'apprentissage dans le secteur public en levant un
obstacle législatif majeur. En effet, la loi du 17 juillet 1992
portant diverses dispositions relatives à l'apprentissage, à la
formation professionnelle et modifiant le code du travail encadre
l'apprentissage dans le secteur public non industriel et commercial, selon des
modalités spécifiques s'écartant pour partie du droit
commun défini par le code du travail. Initialement, elle soumettait en
particulier à l'agrément du préfet les personnes morales
de droit public souhaitant conclure des contrats d'apprentissage, ce qui
alourdissait inutilement la procédure de conclusions de contrats
d'apprentissage dans le secteur public. Lors de l'examen du projet de loi sur
l'orientation et la formation professionnelle à l'automne 2009, le
Sénat a adopté un amendement supprimant l'agrément
préfectoral obligatoire pour les organismes de droit public souhaitant
recruter des apprentis.
Notre mission constate que la levée de ce frein
juridique et administratif, pour être nécessaire, n'est
malheureusement pas suffisante pour acclimater la formation en alternance dans
la fonction publique. Elle souhaite donc que l'État prenne une
initiative ambitieuse, dans le cadre de la rénovation de la
voie professionnelle, pour accueillir en apprentissage dans ses
services des jeunes qui souhaiteraient préparer en alternance
un CAP ou un bac professionnel mais ne parviendraient pas à trouver
d'entreprise pour signer leur contrat du fait de la conjoncture
économique. Les réseaux déconcentrés de
l'État doivent ainsi renforcer leur engagement, aux côtés
de l'Éducation nationale, en faveur de l'élévation
générale du niveau de qualification et de la diminution des
sorties sans qualification.
b) Accompagner la rénovation de la voie professionnelle dans l'apprentissage
La classe de terminale professionnelle sera atteinte à
la rentrée prochaine par la rénovation du lycée
professionnel, généralisée en 2009. Rappelons que cette
refonte profonde, construite autour du raccourcissement à trois ans du
parcours vers le baccalauréat professionnel, visait notamment à
harmoniser la durée de la formation avec celle prodiguée au
lycée général et technologique. Pour accompagner les
élèves et individualiser leur parcours, il a été
mis en place un accompagnement personnalisé, diverses
possibilités de passerelles et un dispositif de sécurisation,
via l'obtention d'un diplôme intermédiaire se substituant
aux anciens BEP. Parallèlement, sont maintenus les CAP pour les
élèves qui ne pourraient pas ou ne voudraient pas s'engager vers
un baccalauréat professionnel et entreprendraient de s'insérer
dans l'emploi à niveau V. C'est en 2012 que la première cohorte
de diplômés ayant bénéficié de la
réforme entreront sur le marché travail. Votre mission a donc
souhaité faire un point avec les représentants des entreprises
qui recruteront ces jeunes dès l'année prochaine.
En particulier, il a paru impératif de comprendre les
contraintes des très petites entreprises (TPE) et des petites et
moyennes entreprises (PME), dont les secteurs de recrutement sont par nature
plus étroits et les capacités de formation en interne plus
faibles que dans une grande entreprise. M. Francis Petel, membre de la
commission formation et éducation de la Confédération du
patronat des petites et moyennes entreprises (CGPME), a rappelé ainsi
à la mission que : « la caractéristique d'une
PME-TPE, lorsqu'elle décide d'embaucher, consiste à trouver les
compétences dans le bassin d'emploi où elle se trouve. Le manque
d'attractivité des PME limite la mobilité des postulants. La
dimension du territoire s'avère donc essentielle. [...] [La PME TPE] a
besoin d'embaucher des jeunes immédiatement opérationnels. Elle
n'est pas à même de former un jeune qui ne serait pas directement
employable. [...] Ce contexte suppose une relation de proximité
géographique et un minimum de préprofessionnalisation de la part
du système éducatif. »81(*) Ceci doit faire
réfléchir non seulement à l'adéquation de la carte
des formations aux caractéristiques économiques du territoire,
mais aussi au degré de professionnalisation réel des jeunes
à l'issue de leur parcours. C'est sur ce dernier point que se situe une
inquiétude majeure des employeurs.
Il faut saluer la revalorisation réelle et
incontestable de la voie professionnelle auprès des élèves
et des familles qu'a permise la réforme. Cependant, cette revalorisation
s'est traduite par une modification significative des profils des nouveaux
entrants en seconde professionnelle. Il s'agit de plus en plus
d'élèves jeunes, de moins de 16 ans, sans retard scolaire et de
meilleur niveau dans les matières générales que la
population moyenne des lycées professionnels. Cet effet s'explique par
l'arrivée d'élèves qui traditionnellement auraient
été orientés vers la filière technologique. Ces
nouveaux élèves ont été séduits par la
possibilité de poursuite d'études vers le BTS, sur laquelle il a
été sans doute été trop insisté au
début du processus de rénovation, alors que la vocation
même du lycée professionnel est de préparer directement
l'insertion dans l'emploi. Dès lors, votre mission souhaite
qu'il soit veillé très soigneusement à ne pas affaiblir la
vocation professionnalisante et qualifiante de la voie
professionnelle. Les périodes de formation en milieu
professionnel jouent à cet égard un rôle capital, si bien
qu'elles devraient être plutôt renforcées qu'affaiblies, Il
faut permettre aux élèves les moins à l'aise à
l'école de valoriser leurs aptitudes grâce à
l'apprentissage d'un métier et également créer un vivier
de recrutement de qualité pour les entreprises, notamment dans le
secteur industriel.
En outre, deux autres risques symétriques
doivent être conjurés : la hausse des sorties sans
qualification et la transformation du CAP en une voie de relégation
choisie par défaut. C'est le problème global de
l'équilibre entre le CAP et le baccalauréat
professionnel qui est ainsi posé, tant quantitativement qu'en
termes de positionnement respectif des diplômes. M. André
Marcon, président de l'Assemblée des Chambres françaises
de commerce et d'industrie (ACFCI) s'est inquiété devant la
mission que, dans la nouvelle architecture, « la marche entre le
CAP et le baccalauréat professionnel, trop haute, relègue le CAP
à un sous-titre ».82(*) L'affaiblissement de la valeur relative du CAP
affaiblirait par contrecoup toute perspective d'insertion professionnelle au
niveau V, alors même que c'est encore à ce niveau que certains
secteurs, comme le bâtiment et la réparation automobile par
exemple, recrutent beaucoup. En outre, Mme Brigitte Doriath, qui assure
pour l'IGEN le suivi de la réforme de la voie professionnelle depuis
l'origine, fait remarquer qu'« à force d'inciter un
maximum d'élèves à s'orienter vers un parcours en trois
ans, nous risquons de nous retrouver avec davantage de sorties en cours de
parcours. Nous nous trouvons donc confrontés, de fait, à une
tension très importante entre l'objectif d'élévation des
qualifications et celui de réduction des sorties du système sans
aucune qualification. »83(*)
Du point de vue quantitatif, les recteurs semblent être
parvenus à un équilibre global satisfaisant, évitant
à la fois l'orientation massive de précaution vers le CAP et un
sous-dimensionnement de l'insertion professionnelle à niveau V,
préjudiciable tant pour les élèves que pour les employeurs
dans les bassins d'emploi. Après une forte hausse de l'offre de CAP
à la rentrée 2009 dans la plupart des académies,
destinée à absorber les flux dirigés jusqu'alors vers le
BEP, la répartition des flux d'élèves entre le CAP et le
baccalauréat professionnel n'a évolué qu'à la marge
à la rentrée 2010. Alors que la plupart des académies
augmentent un peu leur offre de CAP, d'autres comme Bordeaux, Créteil et
Dijon la diminuent légèrement en visant une stabilisation pour
les années suivantes. À Rouen, il est même prévu un
recentrage sur le seul baccalauréat professionnel et, par suite, un
désengagement du CAP, qui paraissent excessifs.84(*)
Mais il est difficile d'interpréter ces données
brutes, qui ne tiennent pas compte des effectifs préparant les
diplômes en alternance. Mme Brigitte Doriath a fait le constat
que « si l'on additionne la formation initiale sous statut
scolaire et l'apprentissage, les formations de niveau V représentent
entre 40 et 50 % de l'offre de formation professionnelle globale.
Ces chiffres ne correspondent pas à ceux qui sont publiés par les
académies car nous nous heurtons, de fait, à un problème
de suivi statistique des jeunes qui partent en apprentissage, dans la mesure
où nous les perdons de vue
systématiquement. »85(*) Votre mission voit là une illustration du
défaut de coopération et d'information réciproque non
seulement entre les services déconcentrés de l'État, en
l'espèce les inspections d'académie et les directions
départementales de l'emploi et de la formation professionnelle, mais
aussi entre l'État et les branches professionnelles qui gèrent
les centres de formation d'apprentis (CFA). Elle souhaite vivement que
la mise en place des contrats de plan régionaux de développement
des formations professionnelles (CPRDF) soit l'occasion de dépasser des
cloisonnements néfastes pour la définition d'une offre de
formation optimale sur l'ensemble du territoire.
C'est dans le défaut d'adaptation de la réforme
à la spécificité de l'apprentissage que se situe le
dernier point d'achoppement important avec les employeurs. La mission a acquis
la conviction que la réforme, quels que soient ses
mérites, a été pensée par
l'Éducation nationale en référence à la seule voie
scolaire et au seul lycée professionnel, en négligeant
les contraintes particulières de la formation en alternance qui s'appuie
sur la signature d'un contrat de travail. Ce point a été
souligné à de nombreuses reprises, tant par les Maisons
familiales et rurales (MFR) de Rhône-Alpes que par M. Gilbert
Rebeyrolle, président de la Chambre régionale des métiers
et de l'artisanat du Limousin, selon qui « les employeurs se
montrent réticents à signer des contrats de trois ans avec des
jeunes qui sortent du collège et qui ne connaissent pas le
métier. »86(*) De même en juge M. Bernard Falck pour le
MEDEF : « force est de constater que les entreprises
s'engagent difficilement dans la signature d'un contrat d'apprentissage sur
trois ans. Dans le cadre de l'établissement de la carte de formations,
un travail de fond permettrait de cerner des ajustements permettant une
meilleure complémentarité entre la voie scolaire et
l'apprentissage.»87(*)
Pour résoudre cette difficulté, votre
mission n'exclut pas la possibilité d'autoriser l'accueil d'un jeune
successivement par plusieurs entreprises le long des trois
années de son parcours d'apprenti, si une réelle
continuité est garantie. Elle souhaiterait, en outre, proposer
d'accroître la complémentarité entre la formation
scolaire et l'apprentissage par la construction de cursus mixtes. Il
pourrait être judicieux de s'inspirer du Dispositif d'initiation aux
métiers de l'alternance (DIMA) qui permet aux centres de formation
d'apprentis (CFA) d'accueillir pour un an, et sous statut scolaire, les jeunes
âgés de plus de quinze ans pour leur faire découvrir
l'apprentissage en approchant plusieurs métiers d'une même
filière. À l'issue de cette année de découverte, le
jeune peut retourner dans la voie scolaire ou signer un contrat
d'apprentissage. Ainsi, les jeunes peuvent mûrir leur choix et les
employeurs tester leur motivation, ce qui contribuera à faire baisser en
aval le taux de rupture des contrats d'apprentissage, souvent important.
Dans le même esprit, votre rapporteur propose de
construire, après le collège, un parcours jusqu'au
baccalauréat professionnel, articulant une première
année sous statut scolaire en lycée ou en CFA, puis deux
années en contrat d'apprentissage. L'année de seconde pourrait
dans ce cas constituer une sorte de période de préapprentissage.
S'il était retenu, ce dispositif souple nécessiterait une
réelle coopération entre l'Éducation nationale et les
branches professionnelles, afin d'assurer la complémentarité des
formations et de garantir des possibilités effectives de
réorientation entre l'apprentissage, le lycée professionnel et,
le cas échéant, la voie générale ou
technologique.
c) Approfondir les partenariats locaux avec les entreprises pour préparer l'orientation des élèves
En amont du lycée professionnel, de l'apprentissage et
de l'insertion sur le marché du travail, c'est en matière
d'orientation que les partenariats entre l'Éducation nationale trouvent
le plus de sens. Divers dispositifs ont été récemment mis
en place au collège pour préparer cette étape importante,
encore trop souvent perçue par les élèves et leur famille
comme une sanction subie, plutôt que comme un choix positif et
éclairé. Inscrits dans un parcours global de découverte
des métiers et des formations de la 5e à la
3e, les options de découverte professionnelle de 3 heures et
6 heures, l'entretien personnalisé d'orientation, la
séquence d'observation en milieu professionnel, et parfois
l'accompagnement éducatif, constituent des outils intéressants,
quoiqu'encore peu coordonnés les uns avec les autres.
Ces dispositifs nécessitent l'appui des entreprises
pour leur donner chair et les rendre utiles pour une véritable
préparation progressive à l'orientation, alors que la
connaissance du monde de travail demeure insuffisante dans le système
éducatif, notamment chez les conseillers d'orientation-psychologues et
chez les enseignants de collège. C'est pourquoi votre mission souscrit
largement aux remarques suivantes de M. Claude Thélot :
« il faut également apporter une aide aux
élèves pour qu'ils apprennent à mieux connaître les
entreprises et pour favoriser leur orientation : mieux vaut confier cette
fonction à des employeurs qu'à des conseillers d'orientation,
déjà très occupés et qui connaissent insuffisamment
le monde professionnel. Dans les collèges, l'information doit donc
être organisée avec l'appui des professionnels mais aussi des
parents d'élèves. [...] Enfin, les échanges avec
les enseignants doivent être renforcés. Ceux-ci doivent aller
davantage à la rencontre du monde professionnel, soit lors de leur
formation, soit durant leur carrière. »
Les entreprises se sentent encore souvent
considérées avec méfiance et trop rarement comme des
partenaires. Ce sentiment paraît particulièrement répandu
parmi les artisans, ainsi qu'en témoigne M. Gilbert
Rebeyrolle : « pour que le monde socio-économique
puisse contribuer efficacement à une rénovation du système
éducatif, il faut que celui-ci traite le monde socio-économique
à parité, qu'il accepte de lui ouvrir ses portes, qu'il
reconnaisse ses besoins et accepte de les traiter. Il doit manifester la
volonté de le considérer comme un véritable partenaire.
Malheureusement, à l'heure actuelle, ce n'est pas toujours le cas. Un
véritable dialogue s'est instauré dans des instances comme la
Commission nationale de la certification professionnelle (CNCP) et au sein du
Conseil national de la formation professionnelle tout au long de la vie
(CNFPTLV). Néanmoins, sur le terrain, l'intensité de la
coopération dépend trop souvent de la volonté des
inspecteurs d'académie. »
Votre mission ne peut qu'appeler de ses voeux une
ouverture réciproque de l'école et de l'entreprise, l'une sur
l'autre, dans l'intérêt bien compris de chaque partenaire. Les
parents d'élèves peuvent y contribuer en jouant un
rôle d'interface et de facilitateur. L'organisation des stages de
3e reflète bien l'importance des réseaux familiaux
pour trouver une entreprise d'accueil. Les enfants développent leur
perception du monde du travail en parlant avec leurs parents et ceux de leurs
camarades soit dans la sphère privée, soit lors de visites
destinées à présenter leur métier devant la classe.
En impliquant davantage les parents d'élèves dans le
fonctionnement de l'établissement, on renforce indirectement les liens
avec le monde professionnel.
C'est au niveau le plus local, là où se
chevauchent bassins de formation et bassins d'emploi, qu'un dialogue à
parité entre l'école et les entreprises doit se nouer. C'est
là qu'il serait le plus fructueux, mais c'est là qu'il semble
encore le plus faire défaut. Toutefois, la mission a aussi pu constater
au cours de certains déplacements, notamment en Haute-Savoie, que les
organisations professionnelles et les services académiques savaient
travailler en profondeur et en bonne intelligence. Les initiatives locales de
forum des métiers, de journées portes ouvertes, de constitution
de comités locaux école-entreprise se multiplient un peu partout,
et plus particulièrement dans les bassins de tradition industrielle. Les
recteurs manifestent souvent le souhait de faire du lien entre l'école
et l'entreprise l'un des axes majeurs de leur politique académique,
notamment en matière de préparation à l'orientation par la
découverte des métiers en situation. Votre mission reprendra
volontiers la formule de M. Jean-Louis Mucchielli, recteur d'Amiens :
« l'entreprise est l'avenir de l'école, mais
l'école est le futur de l'entreprise »88(*).
B. COORDONNER L'ACTION DES SERVICES DE L'ÉTAT : L'EXEMPLE DE LA POLITIQUE DE LA VILLE
1. Deux politiques publiques qui peinent à développer des synergies
Depuis 2003 et l'adjonction de la notion de réussite
éducative à celle de réussite scolaire, le
ministère de l'Éducation nationale a perdu son monopole en
matière d'éducation prioritaire : d'autres
départements ministériels interviennent explicitement dans ce
domaine. Ainsi, la lutte contre l'échec scolaire, qui est au coeur de la
réduction des inégalités socio-économiques,
rassemble en particulier la politique de la ville et l'Éducation
nationale dans les quartiers sensibles. Politique transversale et territoriale,
dont un des objets est de réduire la vulnérabilité sociale
et économique des habitants des quartiers dits sensibles, la politique
de la ville comprend des priorités éducatives et est, à ce
titre, appelée à interagir avec l'Éducation nationale. De
même, le ministère de l'Éducation nationale ne peut ignorer
la politique de la ville dans sa lutte contre les inégalités
d'éducation et de culture, et ce d'autant plus qu'il a
décidé d'investir le hors temps scolaire avec la mise en place de
l'accompagnement éducatif. Cette situation a motivé la
création de nombreux dispositifs dont la pertinence, la cohérence
et la lisibilité ne sont pas établies, comme a pu le
démontrer le rapport demandé en 2008 à la Cour des comptes
par la commission des finances du Sénat sur « L'articulation entre les dispositifs de
la politique de la ville et de l'Éducation nationale dans les quartiers
sensibles ».
Ce rapport montre notamment que les interventions
éducatives dans les quartiers sensibles se juxtaposent plus qu'elles ne
se complètent.
En effet, les critères d'intervention des deux
ministères ne sont pas identiques : d'une part, si le zonage constitue un mode
d'action commun aux deux politiques, il ne repose pas sur les mêmes
référentiels puisque, dans un cas, il conduit à classer
des territoires alors que, dans le second cas, il débouche sur une
cartographie des établissements. D'autre part, la meilleure prise en
compte des difficultés se traduit par l'extension du
périmètre d'action de ces deux politiques selon des logiques
différentes, à savoir la contractualisation de la politique de la
ville et l'individualisation des politiques éducatives.
Cette pluralité des modes
d'intervention a pour conséquence un découplage partiel des
territoires dit « prioritaires ». Compte tenu de
l'étendue de la cartographie de l'éducation prioritaire, seuls
1,9 % des établissements situés en zone urbaine sensible
(ZUS) ne sont pas dans le périmètre de l'éducation
prioritaire, mais 71 % des collégiens relevant de
l'éducation prioritaire sont inscrits dans des établissements
situés hors ZUS.
Ce découplage ne surprend pas la direction
générale de l'enseignement scolaire du ministère, pour qui
« l'éducation prioritaire n'est pas une
réalité urbaine », l'aire d'attraction des
établissements scolaires dépassant le cadre de la
proximité géographique immédiate. Votre mission
estime en revanche que ce découplage est préoccupant et
souhaite qu'une certaine cohérence soit recherchée dans la
définition des territoires dits « prioritaires ». A
ce titre, elle rappelle que la révision de la géographie
prioritaire de la politique de la ville, qui devrait être engagée
incessamment sous peu (cf. encadré), pourrait
être l'occasion idéale de procéder à cette
« mise en cohérence » en ouvrant une
réflexion sur les critères des territoires et des populations
« prioritaires ».
Par ailleurs, la coordination,
tant nationale que locale, entre les dispositifs de chaque politique et entre
politiques est aléatoire et perfectible. La Cour des comptes
estime dans son rapport précité que « la
participation de l'Éducation nationale aux instances nationales de la
politique de la ville ne suffit pas à créer les conditions d'une
coordination suffisante ». L'éducation prioritaire serait
notamment insuffisamment prise en compte par les ministères partenaires
de l'Éducation nationale. De même au niveau
déconcentré, la coordination entre la politique de la ville et
l'Éducation nationale reste incertaine en raison des faiblesses de
coordination internes à la politique de la ville ou au ministère
de l'Éducation nationale, mais aussi de l'imprécision des
missions attribuées à certains personnels. Toutefois, la Cour
indique que les acteurs de terrain ont su mettre en oeuvre des
mécanismes de coordination opérationnels. Au total, cette
coordination resterait tributaire de la bonne volonté individuelle des
acteurs locaux et serait donc soumise à un aléa.
L'efficacité des dispositifs est remise en
cause. La Cour des comptes relève que « le
foisonnement et l'empilement des dispositifs d'intervention éducative en
direction des quartiers sensibles induisent une complexité qui constitue
un obstacle à l'appropriation, et donc à l'efficacité et
à l'efficience des dispositifs ».
Ainsi huit configurations sont possibles selon que
l'élève est scolarisé, ou non, dans un
établissement de l'éducation prioritaire (EP) ou qu'il
réside, ou non, dans le périmètre d'un contrat urbain de
cohésion sociale (CUCS) ou d'une ZUS, comme le montre le tableau
présenté ci-après.
Synthèse des différents
dispositifs
Scolarisation ou non dans un établissement
d'EP
|
Situation ou non dans le périmètre d'un
CUCS
|
Situation ou non dans le périmètre d'une
ZUS
|
Armature des dispositifs éducatifs de
l'État en direction des quartiers sensibles
|
Scolarisé dans un établissement de
l'éducation prioritaire
(1 571 586 jeunes scolarisés, soit 20 % du
total des élèves)
|
Vivant dans un quartier prioritaire du CUCS
|
Cas 1 : vivant en ZUS
|
Politique de la ville :
PRE* ; École ouverte ; IE* ; accompagnement
scolarité ; 100 000 élèves, 100 000
tuteurs ; « Oser l'excellence » ; busing ;
VVV*
|
Éducation nationale : accompagnement
éducatif primaire ; RSL* ; banque de stages ;
médiateurs de réussite scolaire
|
|||
Cas 2 : ne vivant pas en ZUS
|
Politique de la ville :
PRE ; École ouverte ; IE ; accompagnement
scolarité ; 100 000 élèves, 100 000
tuteurs ; « Oser l'excellence » ; busing ;
VVV
|
||
Éducation nationale : accompagnement
éducatif primaire ; RSL ; banque de stages ;
médiateurs de réussite scolaire
|
|||
Ne vivant pas dans un quartier prioritaire du CUCS
|
Cas 3 : vivant en ZUS
|
Politique de la ville :
PRE ; École ouverte ; IE ;
100 000 élèves, 100 000 tuteurs ;
« Oser l'excellence »
|
|
Éducation nationale : accompagnement
éducatif primaire ; RSL ; banque de stages ;
médiateurs de réussite scolaire
|
|||
Cas 4 : ne vivant pas en ZUS
|
Politique de la ville :
PRE ; École ouverte ; IE ;
100 000 élèves, 100 000 tuteurs ;
« Oser l'excellence »
|
||
Éducation nationale : accompagnement
éducatif primaire ; RSL ; banque de stages ;
médiateurs de réussite scolaire
|
|||
Non scolarisé dans un établissement de
l'éducation prioritaire
|
Vivant dans un quartier prioritaire du CUCS
|
Cas 5 : vivant en ZUS
|
Politique de la ville :
PRE ; École ouverte ; IE ; accompagnement
scolarité ; « Oser l'excellence » ;
busing ; VVV
|
Éducation nationale : RSL ;
médiateurs de réussite scolaire ; accompagnement
éducatif possible sous condition
|
|||
Cas 6 : ne vivant pas en ZUS
|
Politique de la ville :
accompagnement scolarité ; « Oser
l'excellence » ; busing ; VVV + école ouverte
|
||
Éducation nationale : RSL ;
accompagnement éducatif
|
|||
Ne vivant pas dans un quartier prioritaire du CUCS
|
Cas 7 : vivant en ZUS
|
Politique de la ville :
PRE ; École ouverte ; IE ; « Oser
l'excellence »
|
|
Éducation nationale : RSL ;
médiateurs de réussite scolaire ; accompagnement
éducatif possible
|
|||
Cas 8 : ne vivant pas en ZUS
|
Politique de la ville : École
ouverte
|
||
Éducation nationale : RSL ;
accompagnement éducatif possible
|
* PRE : programme de réussite
éducative ; VVV : ville, vie, vacances ; IE :
internat d'excellence ; RSL : réussite scolaire au
lycée
Source : rapport de la Cour des comptes
« L'articulation entre les dispositifs de la politique de la
ville et de l'éducation nationale dans les quartiers
sensibles » effectué au titre de
l'article 58 alinéa 2 de la loi organique n° 2001-692 du
1er août 2001 relative aux lois de finances, septembre
2009.
La prolifération des interventions
éducatives dans les quartiers sensibles pose des
difficultés : méconnaissance des dispositifs,
effets de concurrence ou de redondance entre ceux-ci, problèmes de
coordination entre des intervenants nombreux qui ne peuvent de surcroît
agir que dans un laps de temps par définition limité :
l'optimisation du hors temps scolaire est, à ce titre, une vraie
question.
Votre mission a relevé que peu de suites avaient
été données au rapport de la Cour des comptes. En effet,
selon M. Hervé Masurel : « En ce qui concerne la
coordination entre le ministère de l'Éducation nationale et celui
de la ville, nous avons fait des progrès, mais les marges de
progression restent encore importantes... En septembre 2009, nous
avons disposé d'un excellent rapport de la Cour des comptes sur
l'articulation des dispositifs de la politique de la ville et de
l'Éducation nationale dans les quartiers sensibles (...) qui a mis en
lumière des dispositifs redondants. Des élagages sont
encore nécessaires, surtout au niveau national. Une circulaire
a été adressée aux préfets pour qu'ils examinent,
site par site, si les dispositifs en place sont vraiment
complémentaires. Reste qu'au niveau central, il conviendrait de
s'interroger sur la pertinence de certains dispositifs. 89(*)»
2. Retrouver l'ambition de l'égalité des chances en éducation prioritaire
Votre mission a déjà
exposé les raisons qui l'ont conduite à proposer une
modernisation des obligations de service d'enseignants compte tenu de la
difficulté actuelle d'enseigner en éducation prioritaire. Plus
largement, elle estime que les paramètres de la politique en
éducation prioritaire doivent être redéfinis
afin de lutter efficacement contre les inégalités
scolaires et de créer les conditions d'une réelle
égalité des chances.
Le rapport de la Cour des comptes souligne à de
nombreuses reprises la présence d'un aléa dans la mise en oeuvre
des différentes interventions éducatives. Elle relève
ainsi que « l'intégralité des dispositifs n'est pas
toujours mise en oeuvre, car leur offre dépend de la mobilisation des
acteurs locaux, ou bien elle ne peut être proposée que sur des
territoires ou établissements ciblés ».
- premièrement, un aléa propre aux
politiques locales qui ne peuvent pas, par définition, être
identiques sur l'ensemble du territoire national. Les interventions
éducatives dans les quartiers sensibles peuvent ainsi être plus ou
moins soutenues financièrement et être organisées
différemment ;
- deuxièmement, un aléa propre à la
mise en oeuvre de la politique de la ville qui ne conduit une action que sur
des territoires ciblés ou en fonction d'une contractualisation
spécifique ;
- troisièmement, un aléa propre aux
dispositifs qui ne sont pas, pour la plupart d'entre eux, d'application
immédiate, mais tributaires de l'accord d'une ou plusieurs personnes.
A l'aune des conclusions de la Cour des comptes
rappelées ci-dessus et de ses déplacements, votre mission formule
trois propositions dont l'objectif est de minimiser les
aléas portant atteinte à l'égalité des chances.
Premièrement, il est indispensable que les
cartes « prioritaires », élaborées
par le secrétariat chargé de la politique de la ville et du
ministère de l'Éducation nationale soient
cohérentes et centrées sur les territoires les plus en
difficulté. Votre mission suggère que soit mise
en cohérence la carte de l'éducation prioritaire et celle de la
géographie de la ville.
Ceci conduirait à définir la carte de
l'éducation prioritaire exclusivement en fonction de critères
socio-économiques, ce qui ne parait pas insensé compte
tenu de la prévalence de facteurs socio-économiques dans les
inégalités scolaires. Par ailleurs, cette
« externalisation » aurait le mérite de
mettre fin à la fiction selon laquelle les établissements
scolaires doivent sortir de l'éducation prioritaire dès que les
indicateurs scolaires et éducatifs s'améliorent,
car cela revient non seulement à sanctionner
un établissement qui a su optimiser les moyens qui lui ont
été affectés mais aussi à pénaliser les
nouvelles générations d'élèves dont l'environnement
socio-économique n'a pas nécessairement évolué par
rapport à leurs prédécesseurs.
Cette cohérence de la géographie prioritaire
permettrait également de concentrer des moyens. D'aucuns ont pu
souligner l'extension continue de la carte de l'éducation prioritaire
depuis la création des zones d'éducation prioritaire. Cette
extension, dont la lisibilité est entravée par la multiplication
des acronymes, pose la question d'une éventuelle dilution de la
politique en éducation prioritaire (cf. supra) et un manque de
concentration des moyens, comme le relève la Cour des comptes.
La deuxième proposition vise à
définir la mission de la politique de la ville en matière
éducative au regard de l'action du ministère de
l'Éducation nationale et des collectivités
territoriales. La mission fait sienne la préconisation de la
Cour des comptes selon laquelle l'un des premiers objectifs de la coordination
entre les dispositifs de la politique de la ville et de l'Éducation
nationale devrait être de veiller à apporter des
correctifs afin d'éviter que l'inégalité des moyens mis en
oeuvre par les acteurs locaux n'aggrave les différenciations.
Cet objectif pose néanmoins
la question de la connaissance précise des
dispositifs financés au niveau local. Mais cette cartographie n'est pas
aujourd'hui disponible, comme l'a indiqué M. Hervé
Masurel devant votre mission : « L'idée [de la LOLF]
était bonne de vouloir identifier les contributions de chacun des
ministères dans ces quartiers. Hélas, tous n'ont pas joué
le jeu, d'autant que les règles n'étaient pas très
claires. Ainsi, le fait que la géographie de l'Éducation
nationale ne soit pas identique à celle de la politique de la ville ne
permet pas d'établir des comparaisons exactes. Le document de politique
transversale (DPT) est donc nécessairement limité et il a
été vertement critiqué dans le rapport de MM. Pupponi
et Goulard sur la politique de la ville. Le comité
interministériel des villes (CIV) nous a demandé de missionner
plusieurs inspections générales, dont celle des finances, pour
adapter les systèmes d'information des ministères afin de
parvenir à une vision exacte des moyens affectés aux
quartiers. »
Votre mission souhaite que ce recensement se fasse
avec toute la célérité possible. En effet, il
constituerait un point essentiel du futur « contrat de
stratégie éducative régional » qu'elle proposera
afin de mobiliser de manière pertinente les membres de la
communauté éducative.
La troisième proposition affirme la
nécessité d'assurer un déploiement homogène
des dispositifs de l'Éducation nationale en éducation
prioritaire. Ceci implique d'organiser la généralisation
effective de certains d'entre eux. Actuellement, de nombreuses mesures
périscolaires assurées par l'Éducation nationale sont
soumises à un principe de volontariat. Plusieurs exemples peuvent
être cités, comme l'accompagnement éducatif, les stages
pendant les vacances scolaires, ou « École
ouverte », trois dispositifs qui reposent sur le volontariat aussi
bien des enseignants que des élèves.
Si le volontariat se comprend dans son principe, il peut poser
deux catégories de problèmes :
- d'une part, il ne permet pas de toucher l'ensemble de la
cible prioritaire des élèves, ce qui remet en cause la
capacité de l'Éducation nationale à accroître la
réussite scolaire de chacun, et notamment de conduire tous les
élèves à la maîtrise des compétences. De
fait, le déploiement des dispositifs est relatif, ce qui nuit à
leur efficacité : seulement 62 % des établissements
situés en éducation prioritaire ou en ZUS profitent de la mesure
« École ouverte », et moins de 20 % des
élèves de l'éducation prioritaire
bénéficient de l'aide aux devoirs dans le cadre de
l'accompagnement éducatif. De même, en 2009, afin de lutter contre
l'absentéisme scolaire, le ministère de l'Éducation
nationale et le secrétariat chargé de la politique de la ville
ont proposé la création de médiateurs de réussite
scolaire dont le déploiement dans les établissements est soumis
à l'accord des conseils d'administration : cette condition a pour
conséquence, en cas de refus, de priver ces établissements de
personnels, de réorienter ces derniers vers d'autres
établissements et donc d'aboutir à un éparpillement des
moyens ;
- d'autre part, le volontariat des enseignants peut
déboucher sur une inégalité de l'offre de soutien,
inégalité qui n'est pas nécessairement compensée
par les dispositifs de la politique de la ville ou les initiatives des
collectivités locales. Cette situation n'est pas satisfaisante. A cet
égard, votre mission note que dans le cadre des CUCS
expérimentaux, il a été demandé à
l'Éducation nationale « de veiller à ce que les
quatre volets de l'accompagnement éducatif soient proposés aux
enfants dans les zones expérimentales. 90(*)»
Votre mission estime nécessaire de
prendre une décision encore plus radicale, à savoir
que l'ensemble des enfants situés en zone
d'éducation prioritaire bénéficient
systématiquement d'une aide aux devoirs le soir. Les devoirs
sont en effet un marqueur efficace des inégalités scolaires comme
cela l'a été rappelé à votre mission. Ainsi, selon
M. Hervé Masurel : « Pour ce qui concerne
l'Éducation nationale, certains dispositifs sont très efficaces.
Je pense en particulier à l'accompagnement éducatif avec les
études du soir. Cette action était nécessaire et il est
indispensable de la poursuivre, quelles que soient les difficultés
budgétaires, car elle permet de renforcer l'égalité des
chances. » Votre mission estime que ce volet de
l'accompagnement éducatif devrait être pleinement
intégré aux missions de l'Éducation nationale, ce
qui permettrait sans doute à la politique de la ville de mieux
construire la complémentarité de son action par
rapport à un coeur d'action de l'Éducation nationale
défini autour de l'instruction scolaire. Ceci serait d'autant plus
pertinent que, pour être efficace, le soutien scolaire doit être
articulé avec les apprentissages effectués en classe. La
systématisation du soutien scolaire ajouterait à la
nécessité de revoir les obligations de service des enseignants,
comme cela a été évoqué précédemment.
C. ENRACINER L'ÉCOLE DANS LES TERRITOIRES, PRIVILÉGIER L'INTELLIGENCE TERRITORIALE
1. Reconnaître l'indispensable contribution des collectivités territoriales
a) L'inévitable extension du champ d'intervention des collectivités territoriales en matière éducative
(1) Un investissement dans le champ éducatif permis par la clause de compétence générale
Aux termes de l'article L. 211-1 du code de
l'éducation, « l'éducation est un service
public national, dont l'organisation et le fonctionnement sont assurés
par l'État, sous réserve des compétences attribuées
par le présent code aux collectivités territoriales pour les
associer au développement de ce service
public. »
Les lois de décentralisation ont ainsi
conféré à chaque échelon de collectivité un
pan obligatoire d'action en termes d'éducation. Lors de l'acte I de la
décentralisation en 1983, la construction l'entretien et le
fonctionnement des locaux ont été totalement
transféré aux collectivités territoriales, en particulier
aux départements (le collège) et aux régions (le
lycée), les communes ayant déjà la responsabilité
matérielle des écoles. A cet aspect désormais bien connu,
se sont ajoutés les transferts réalisés par l'acte II de
la décentralisation en 2004 : décentralisation de la gestion
des personnels techniciens ouvriers et de service (TOS) aux conseils
généraux et régionaux, sectorisation des
collèges (départements) et élaboration de la carte
des formations professionnelles (région et État).
Toutefois, les compétences éducatives des
collectivités territoriales ne se résument pas à leur seul
champ de compétences obligatoires. Depuis fort longtemps, les
collectivités territoriales ont investi le terrain des actions
éducatives facultatives, jugées essentielles : prêts
d'ordinateurs, double jeu de livres pour alléger le poids des cartables,
financement d'actions sportives ou culturelles de vacances, et, plus
récemment, mise en place de dispositifs en faveur des décrocheurs
scolaires ou renforcement du lien entre école et parents...
Cet aspect a été souligné à
maintes reprises par les personnes rencontrées par votre mission.
Lors de la table ronde du 5 avril 2011 consacrée aux
élus, M. Yves Fournel, adjoint au maire de Lyon et
vice-président de la commission éducation de l'Association des
maires des grandes villes de France (AMGVF) a présenté ce
phénomène : « Les grandes villes de France
développent des projets éducatifs locaux depuis plus de quinze
ans et leur intervention sur l'ensemble des temps éducatifs de
l'enfant, y compris le temps scolaire, se renforce. Leur intervention
a pris, lorsqu'elle a commencé, la forme d'un aménagement des
temps de l'enfant : classes à projet artistique et culturel,
conservatoires d'éducation musicale, éducation physique et
sportive, apprentissage de la natation, classes découverte. Il faut
également noter que quinze villes exercent pour l'État la
compétence de santé scolaire (...) En conséquence,
la plupart de nos villes sont engagées au-delà de leurs
compétences, parfois pour des budgets importants. Elles ne sont
pas seulement des guichets de financement ; elles constituent également
des points de convergence de l'ensemble des acteurs. »
M. Mathieu Hanotin, vice-président du conseil
général de Seine-Saint-Denis, en charge des collèges et
des questions de l'Éducation nationale, vice-président de la
commission Éducation et Jeunesse de l'Assemblée des
départements de France (ADF), donne un exemple concret de l'implication
des collectivités territoriales : « La nouvelle
politique d'accueil des élèves exclus que nous menons devrait
incarner ce partenariat. Cette politique ne relève pas de nos
compétences, mais nous la mettons en oeuvre car l'exclusion des
élèves est un problème important en
Seine-Saint-Denis - entre 800 et 1 000
élèves sont exclus de leur établissement chaque
année, et entre 500 à 600 mesures d'exclusion temporaire
sont prononcées chaque jour. »
De même, lors de son déplacement à
Scionzier, la mission a pu constater l'importance des interventions
éducatives pouvant être engagées par une
collectivité, notamment en lien avec la politique de la ville. Elle a
également pu vérifier l'implication du conseil
général de la Haute-Savoie, qui a développé une
politique éducative départementale volontariste allant
au-delà de ses compétences réglementaires. La
procédure du « dossier SIEL » (soutien aux
initiatives éducatives locales des collèges) permet ainsi de
financer de nombreux projets ayant trait à l'éducation au
développement durable, au travail de la mémoire, à la
santé, à la citoyenneté, etc. Pour l'année scolaire
2008-2009, plus d'un million d'euros a été engagé, soit
près de 36 euros par collégien. A titre de comparaison, les
crédits pédagogiques versés par l'État à
l'ensemble des collèges s'élèvent à
52 millions d'euros en 2011, soit 17 euros par élève, deux
fois moins que ce que consacre le conseil général de la
Haute-Savoie.
Ce souci de structurer une politique éducative
départementale efficace avait également marqué la mission
lors de son déplacement dans la Somme, où le conseil
général s'investit actuellement dans une structuration ambitieuse
de sa politique éducative avec une forte dimension transversale et
qualitative.
(2) L'impact de la réforme des collectivités territoriales adoptée en 2010
L'intervention éducative des
collectivités territoriales au delà de leurs blocs de
compétences s'est fondée sur la clause générale de
compétence des collectivités. En effet, selon les
dispositions du code général des collectivités
territoriales (CGCT), le conseil municipal « règle par ses
délibérations les affaires de la commune »
(article L. 2121-29 du CGCT), le conseil général
« règle par ses délibérations les affaires
du département » (article L. 3211-1 du code de
l'éducation), le conseil régional « règle
par ses délibérations les affaires de la
région. » (article L. 4221-1 du CGCT).
Par ailleurs, la loi n° 83-8 du 7 janvier 1983 relative
à la répartition de compétences entre les communes, les
départements, les régions et l'État, a introduit une
disposition transversale, aujourd'hui reprise à l'article L. 1111-2
du CGCT, selon laquelle « les communes, les
départements et les régions règlent par leurs
délibérations les affaires de leur compétence
».
Ainsi, toute collectivité locale peut, sans
excéder ses compétences agir dans tout domaine présentant
un intérêt local (communal, départemental ou
régional selon les cas), alors même qu'aucun texte
particulier ne serait venu lui reconnaître de vocation à traiter
la matière. La notion d'intérêt local traduit une
approche finaliste qui permet de dépasser ou
d'élargir les compétences strictement attribuées par les
lois en vigueur ; elle est susceptible de justifier les
décisions de création d'un service public local, l'octroi de
subventions ou d'aides matérielles, la réalisation de
travaux...
La clause de compétence générale
a été redéfinie par la loi
n° 2010-1563 du 16 décembre 2010 de
réforme des collectivités territoriales. En effet, elle
explique en partie l'augmentation des financements croisés qui ne
contribue ni à la stabilisation de la dépense publique, ni
à l'amélioration de la lisibilité de l'action publique.
Sans abandonner la clause de compétence générale, la
réforme opère une distinction entre les niveaux de
collectivités :
- les compétences des communes restent soumises
à la clause générale ;
- les compétences des départements et des
régions seront, à compter du 1er janvier 2015,
déterminées selon la logique des blocs, les assemblées
délibérantes étant appelées à régler,
par leurs délibérations, les affaires de leur collectivité
dans les domaines que la loi leur attribuera après le vote de projet de
loi relatif aux compétences qui devrait être
présenté avant la fin de l'année 2012. Cette
spécialisation des compétences des départements et des
régions connait toutefois deux limites : d'une part, elle
n'interdit pas aux collectivités concernées d'intervenir dans
tout objet d'intérêt local pour lequel la loi n'aurait
donné compétence à aucun autre échelon
territorial. D'autre part, des délégations de
compétences entre collectivités territoriales, ou d'une
collectivité vers un établissement public de coopération
intercommunale (EPCI), peuvent être prévues par des conventions de
partage qui permettront d'adapter au niveau local le schéma de
distribution des compétences décidées par la loi.
La réforme des collectivités territoriales a
soulevé de nombreux débats ; toutefois votre mission
tient à souligner que le texte adopté ne semblait pas
inquiéter outre-mesure les collectivités pour les actions
éducatives qu'elles mènent au-delà de leurs
compétences actuellement déléguées. Ceci
s'explique certainement par la difficulté pour le futur projet de loi
relatif aux compétences, soit de revenir sur le partage actuel par
niveau d'enseignement (une collectivité, un niveau), soit de
définir de manière pertinente et opportune une répartition
des actions éducatives qui ont été
développées au-delà des blocs de compétence. Or, si
la loi n'attribue pas la compétence, la clause de compétence
générale continue de s'appliquer selon les modalités
antérieures à la réforme pour toutes les
collectivités.
Au demeurant, il convient de remarquer que même si le
projet de loi relatif aux compétences procédait à une
répartition exhaustive des compétences éducatives entre
les collectivités, il ne constituerait en rien une réponse au
problème de la coordination de l'action de l'État et des
collectivités qui passe, selon votre mission, nécessairement par
une concertation approfondie entre l'ensemble des acteurs et une reconnaissance
des collectivités territoriales comme partenaires éducatifs
à part entière.
b) Consacrer les collectivités comme partenaires à part entière
Les élus locaux rencontrés par la mission n'ont
eu de cesse de souligner le manque de reconnaissance de leur engagement
éducatif par l'État.
M. Yves Fournel, adjoint au maire de Lyon et
vice-président de la commission éducation de l'Association des
maires des grandes villes de France (AMGVF), a ainsi déclaré
devant la mission lors de la table ronde du 5 avril 2011 :
« Nous souhaitons que l'État assume sa
responsabilité dans l'école, qui est une institution de la
République ; mais, s'il nous faut un État fort, il nous
faut également un État qui reconnaisse ses partenaires.
L'école seule ne peut pas grand-chose, elle a besoin de son
environnement et de son territoire. Nous souhaitons trouver les moyens de
structurer la coopération entre les différents partenaires au
niveau des territoires, de telle manière qu'ils soient à
égalité ».
M. Mathieu Hanotin, vice-président du conseil
général de Seine-Saint-Denis, en charge des collèges et
des questions de l'Éducation nationale, vice-président de la
commission Éducation et Jeunesse de l'Assemblée des
départements de France (ADF), a formulé le même voeu :
« Si le transfert de compétence ne paraît pas
nécessaire, il serait très utile d'institutionnaliser le
partenariat entre l'Éducation nationale et les collectivités,
afin de reconnaître les différents acteurs de l'éducation.
Une telle institutionnalisation permettrait aux collectivités locales de
se retourner vers l'État. Celles-ci éprouvent parfois le
sentiment qu'elles sont indispensables au fonctionnement des
établissements scolaires. Si les textes en vigueur étaient
strictement appliqués, aucun voyage scolaire ne pourrait être
organisé par les collèges de Seine-Saint-Denis, aucun programme
culturel ni programme sportif ne pourrait être mis en oeuvre, etc. En
outre, l'institutionnalisation du partenariat entre l'Éducation
nationale et les collectivités locales permettrait aux autres acteurs de
savoir à qui s'adresser. »
Cette demande a reçu un avis favorable de la
mission qui est convaincue que la mobilisation des membres de la
communauté éducative ne peut se faire que si chacun est
considéré à sa juste valeur. Peut être
convient-il ici de rappeler que la dépense intérieure
d'éducation (DIE)91(*) s'est élevée, en 2008, à 129,422
milliards d'euros - dont 25,2 % a été financée par
les collectivités territoriales -, soit 11 points de plus qu'en 1980 et
4,7 points de plus qu'en 2000.
2. Transformer les territoires ruraux en foyers d'innovation scolaire
a) Favoriser les regroupements par la concertation
La question des écoles rurales est
systématiquement présentée sous un jour très
pessimiste. Il n'est question que de tension et d'incompréhension
réciproques entre maires et inspecteurs d'académie ou recteurs,
de suppressions de postes entraînant des fermetures de classes et
d'écoles, de manque d'équipements notamment numériques, de
dévitalisation des territoires, etc. Votre mission est pourtant
convaincue que l'éducation en milieu rural est potentiellement un foyer
d'innovations susceptibles de se diffuser dans l'ensemble du système
éducatif. L'École rurale peut devenir le laboratoire d'un
nouveau mode de gestion partenariale axée sur une concertation et une
coopération intense entre l'Éducation nationale et les
collectivités territoriales au service d'un projet éducatif
partagé. Les démarches autoritaires,
centralisées, décidées unilatéralement par
l'Éducation nationale, pour répondre à des restrictions
budgétaires, sans considération pour les conséquences sur
le tissu social local, doivent être bannies ici encore plus
qu'ailleurs.
Le noeud du problème est de parvenir à
établir un lien de confiance durable et solide entre des acteurs ne
parlant pas toujours le même langage. Ensemble, élus, parents et
administration disposent de toutes les ressources d'inventivité
nécessaires pour trouver des solutions structurelles et pérennes
adaptées aux caractéristiques particulières des milieux
ruraux, conjuguant l'efficacité pédagogique, l'efficience
financière et le développement des territoires. L'exemple de
restructuration d'un ensemble de petites écoles isolées d'une
communauté de communes de la Somme, adossée à un ambitieux
projet numérique, a rendu les membres de votre mission très
optimiste, à cet égard. En outre, dans le second degré,
l'enseignement agricole, dont tous s'accordent à reconnaître
l'excellence, a un rôle majeur à jouer dans la reconfiguration de
l'offre scolaire en milieu rural, en complémentarité avec
l'Éducation nationale.
Plusieurs académies se caractérisent par une
dichotomie forte entre un pôle urbain central très attractif et de
vastes zones rurales peu denses, comme celles de Toulouse, de Reims ou
d'Amiens. Il serait illusoire et vain de prétendre traiter de la
même façon des situations aussi différentes. Votre mission
n'a rencontré aucun recteur, ni aucun inspecteur qui ne soit sensible
aux particularités des territoires ruraux. Le principal trait de
l'école rurale est la prédominance des petites structures
isolées, dont la sensibilité aux décisions
ministérielles et rectorales est plus grande. Par exemple, en Picardie,
53 % des écoles ont 3 classes ou moins, contre 39 % sur
l'ensemble du territoire national, et même 19 % sont des
écoles à classe unique, soit quasiment le double de la moyenne
nationale.
Les surcoûts du maintien de toutes les structures
à faible effectif sont évidents et ne peuvent être
ignorés dans un contexte budgétaire lourdement contraint. En
outre, les communes rurales ont parfois du mal à mobiliser des
ressources financières suffisantes pour équiper
adéquatement les écoles, qu'elles que soient leur engagement par
ailleurs. Mais, plutôt que sur les questions strictement
financières, il a été surtout insisté devant la
mission sur les inconvénients pédagogiques de la
dissémination des écoles rurales. Lors de son audition,
M. Bruno Racine, président du Haut conseil de l'éducation
(HCE), a ainsi déploré l'insuffisance du pilotage de
proximité dans le primaire, et plus particulièrement en zone
rurale en raison de la grande dispersion des implantations. Il relève
notamment que « cette dispersion - résultant de
l'attachement louable au maintien d'écoles dans des communes peu
peuplées - rend néanmoins plus difficiles les
échanges entre les maîtres d'un même cycle, la
possibilité d'interventions extérieures ou la pratique
d'activités collectives ou sportives. Une telle dispersion - la France
compte actuellement 7 000 écoles à classe unique sur un
total de 56 000 établissements - n'est donc pas toujours favorable
aux élèves. »92(*)
Le recteur de l'académie d'Amiens a
précisé que les petites structures empêchaient
paradoxalement la personnalisation des enseignements, alors que
celle-ci est la clef de l'amélioration des apprentissages dans la classe
et des performances globales du système éducatif. Selon son
argumentation, la différenciation pédagogique nécessite de
constituer une équipe dont les membres disposeraient collectivement de
compétences et de qualifications spécifiques pour repérer
les difficultés des élèves, pour identifier les techniques
de remédiation appropriées et les mettre en oeuvre. Plus
l'équipe est étoffée, plus le dialogue entre enseignants
devient fécond, plus leur capacité à adapter leur
pédagogie grandit. À l'inverse, plus l'enseignant est
isolé, plus le risque de la routine et de la répétition
mécanique grandit. Les écoles à classe unique constituent
la situation la plus tendue, compliquée par la nécessité
de faire progresser des élèves appartenant à des cohortes
différentes, sans véritable mixité et émulation
possible entre eux. Les élèves en difficulté retrouvent
chaque année le même maître qui n'a pas véritablement
d'autres ressources que de répéter les mêmes choses avec
les mêmes méthodes. Poursuivre dans la voie de l'éclatement
reviendrait à tout miser sur « l'effet
maître », avec les risques de loterie et d'accroissement des
inégalités qu'il comporte, et empêcher l'émergence
d'un effet établissement qui nécessite une structure de base plus
étoffée pour se déployer. Le recteur d'Amiens estimait, en
conclusion, que trois classes (une enfantine et deux
élémentaires, par exemple) constituait un seuil minimum
d'efficacité pédagogique, mais qu'il était
préférable de constituer des écoles d'au moins cinq
classes (deux maternelles et trois élémentaires, par exemple).
C'est sur des arguments similaires que les autorités
portugaises ont justifié devant une délégation de votre
mission la réforme radicale mise en oeuvre depuis 2006. Une
réorganisation complète du maillage territorial des écoles
a été opérée avec la fermeture de toutes les
écoles d'effectif inférieur à 21 élèves, au
double motif qu'elles enregistraient beaucoup d'échecs scolaires et de
redoublements, d'une part, et qu'elles étaient coûteuses à
maintenir, d'autre part. La mission est hostile à toute restructuration
de ce type en France parce que celle-ci ignorerait les souhaits des populations
concernées, accroîtrait l'antagonisme entre les élus locaux
et les autorités académiques, et conduirait à une
dévitalisation brutale et intolérable des territoires
frappés.
Les élus auditionnés par votre mission
déplorent surtout le défaut de dialogue et l'absence
d'une pérennité et prévisibilité suffisantes des
décisions académiques, alors même que le code de
l'éducation confie des responsabilités éminentes aux
communes dans l'entretien et le fonctionnement matériel des
écoles primaires et aux conseils généraux pour
l'organisation des transports scolaires. Selon l'Association des maires de
France (AMF), « il importe que les ouvertures et fermetures de
classe s'inscrivent dans le temps. Ces ouvertures et fermetures ne peuvent
être gérées à court terme et doivent être
décidées en concertation avec les communes, de telle
manière que les investissements qu'elles réalisent pour le
développement des activités scolaires soient rentabilisés
à moyen terme. »93(*) M. Pierre-Yves Jardel, président du
groupe de travail sur l'éducation de l'association, a rappelé que
cette exigence était intégrée dans la charte
relative à l'organisation de l'offre des services publics en milieu
rural adoptée en 2006, qui prévoit notamment que
l'annonce des fermetures de classe s'effectue deux ans avant la date
d'application effective. Votre mission ne peut que déplorer,
à l'instar des représentants des élus locaux, que
cette disposition n'ait jamais été appliquée, car
elle était de nature à désamorcer les perpétuels
conflits lors de la préparation de la rentrée scolaire et
à favoriser l'émergence de partenariats éducatifs
locaux.
Pour autant, votre mission considère que les
regroupements pédagogiques appuyés sur des structures
intercommunales peuvent constituer une solution intéressante,
conciliant l'efficacité pédagogique et l'efficience
budgétaire, dans la mesure où ils ne constituent pas une mesure
purement administrative mais offrent l'occasion d'articuler un projet
éducatif pertinent. A cet égard, l'exemple de la
communauté de communes du Haut-Clocher dans la Somme,
présidée par notre collègue Daniel Dubois, a
emporté la conviction des membres de la mission.
Les vingt communes concernées ont tout d'abord
transféré leur compétence scolaire à la
communauté qui gère le fonctionnement de l'école, la
restauration scolaire, l'accueil périscolaire et les personnels
d'intervention (agents territoriaux spécialisés des écoles
maternelle (ATSEM), accompagnateurs de car, agents périscolaire et
d'entretien). Les élus ont fait le constat que les treize écoles
de leur territoire comptaient peu de classes et peu d'élèves, les
bâtiments étaient vétustes et mal équipés, et
les transports scolaires difficiles à organiser. Chaque année, la
préparation de la rentrée et les décisions de l'inspecteur
d'académie étaient accueillies avec appréhension. La
passivité n'était plus une solution viable. Au terme d'une large
concertation au sein de la communauté de communes sur plusieurs
années pour prendre le temps de convaincre l'ensemble des maires, de
poser un diagnostic fin, de proposer une solution au rectorat et de trouver les
financements adéquats, il a été décidé de
fermer toutes les écoles dispersées existantes et de constituer
trois regroupements pédagogiques concentrés.
Trois nouveaux bâtiments de haute qualité
environnementale et adaptés à la pédagogique
numérique ont été construits regroupant de 8 à
12 classes pour 192 à 285 élèves par structure. Le
projet s'est progressivement mis en place depuis 2003 pour être
entièrement finalisé en septembre 2010. L'investissement total
s'est élevé à 10 millions d'euros, 3 millions
à la charge de la communauté dont la moitié sur emprunt et
7 millions relevant de subventions de l'État, de l'Union
européenne, de la région, du département, de la caisse des
allocations familiales et de l'agence de l'environnement et de la
maîtrise de l'énergie (ADEME). C'est désormais très
légitimement que les élus de la communauté peuvent
demander à l'Éducation nationale de leur fournir un suivi des
résultats des élèves, afin qu'ils puissent mesurer
l'impact sur les apprentissages de la réorganisation et des
investissements massifs qu'ils ont consentis.
De même, M. Pierre-Yves Jardel, président du
groupe de travail éducation de l'AMF, a fait part d'une initiative tout
aussi positive dans une zone très rurale de la Marne :
« la communauté de communes à laquelle appartient
ma commune a ainsi fermé sept écoles disséminées,
où les enseignants ne voulaient plus enseigner. En contrepartie, elle a
ouvert trois groupes scolaires de six classes où les enseignants sont
heureux de travailler. »94(*) C'est en créant une synergie sur le fondement
d'une collaboration efficace entre les élus, les enseignants, les
parents d'élèves et l'académie que la restructuration a
rencontré le succès. Ces deux exemples témoignent de
l'efficacité du dialogue à froid, en amont des décisions,
pour les mûrir conjointement entre partenaires égaux.
Votre mission ne peut que recommander l'extension de cette
démarche, souplement modulée en fonction des
caractéristiques de chaque territoire rural et des contraintes propres
à sa géographie.
b) Réunir les conditions optimales d'utilisation du numérique
Dans la communauté de communes du Haut Clocher, exemple
précité, la réorganisation complète de l'offre
éducative a massivement prise en compte la nécessité
d'adapter l'enseignement aux technologies numériques. Chacune des trois
nouvelles écoles est reliée directement à la fibre optique
pour une connexion à très haut débit. Toutes les classes
sont équipées de tableaux blancs interactifs, tandis qu'est
prévue également une « classe mobile »
constituées de trente ordinateurs portables. Des espaces
numériques de travail dans chaque école assurent le
développement d'un dialogue interactif entre les enseignants, les
parents et les élèves. La délégation de votre
mission a pu sur place apprécier l'implication et la maîtrise des
enseignants, l'engouement des enfants et la satisfaction des parents. La
réussite de ce projet a nécessité une étroite
collaboration avec l'opérateur départemental « Somme
numérique » et le conseil général de la Somme,
qui déploie parallèlement une stratégie éducative
globale pour structurer sa politique d'action sociale.
Votre mission estime que les politiques numériques,
quel que soit leur intérêt intrinsèque, ne peuvent à
elles seules pallier toutes les difficultés structurelles que
rencontrent les écoles rurales. Toutefois, en s'appuyant à la
fois sur la diffusion des ressources numériques et sur une
réorganisation globale de l'offre éducative, portées par
un consensus des élus locaux avec le soutien de l'Éducation
nationale, les territoires ruraux peuvent devenir un foyer d'innovations
pédagogiques et un modèle pour tout le système scolaire.
Encore faut-il que la mobilisation des élus autour de projets
éducatifs locaux définissant un diagnostic et une
stratégie d'action rencontre une réelle volonté
d'ouverture et de partenariat au sein de l'Éducation nationale. Devant
le risque de la multiplication des opérateurs et l'adoption de standards
incompatibles, il appartient en tout état de cause à
l'État de donner une impulsion nationale cohérente assurant le
développement harmonieux du numérique pédagogique sur
l'ensemble du pays. De même, la formation des enseignants et le
développement de ressources pédagogiques
adaptées, sans lesquelles le numérique ne peut que
rester lettre morte, relève incontestablement de la compétence de
l'Éducation nationale, quelle que soit la responsabilité des
collectivités en matière d'équipement.
Pour nouer des partenariats solides entre l'État et les
collectivités, il conviendra de ne pas reproduire les
hésitations du plan « écoles numériques
rurales » (ENR). Au printemps 2009,
a été lancé un programme d'équipement
numérique d'écoles situées dans des communes de moins de
2 000 habitants, dont les moyens financiers sont
généralement trop limités pour l'assumer seules. Il
s'agissait de doter les écoles rurales d'ordinateurs, de tableaux
interactifs et d'autres matériels informatiques, pour assurer
l'égalité de tous les élèves, sur l'ensemble du
territoire national, face à l'enjeu de la maîtrise des nouvelles
technologies. En contrepartie, il était demandé aux communes de
concourir au financement en assumant certaines charges comme l'abonnement
Internet à haut débit de l'école. Doté initialement
de 50 millions d'euros, pour financer l'équipement de
5 000 écoles, ce plan a finalement, compte tenu de l'ampleur
des demandes émanant de communes rurales volontaires,
bénéficié de 67 millions d'euros.
Alors même que de nombreuses communes rurales devaient
encore être équipées et malgré l'enthousiasme des
élèves, des parents et des enseignants pour ce dispositif, aucune
prolongation financière de ce plan n'était prévue dans le
projet de loi de finances pour 2011. C'est pourquoi à l'initiative de
notre collègue Jacques Legendre, président de la commission de la
culture et de l'éducation, le Sénat avait adopté, contre
l'avis du Gouvernement, un amendement tendant à prélever
25 millions d'euros sur le milliard d'euros provisionnés pour payer
les heures supplémentaires des enseignants du second degré.
Malheureusement, le texte issu des travaux de la commission mixte paritaire n'a
pas retenu cette disposition, si bien qu'il n'y aura pas de prolongation
prévisible du plan ENR.
Votre mission a le sentiment que le programme était mal
calibré dès le départ. Relevant d'une logique de guichet
difficile à maîtriser, il était financé
maladroitement sur le plan de relance, sans pérennisation, comme s'il
s'agissait d'une dépense exceptionnelle réalisée une fois
pour toutes. En outre, l'équipement numérique n'était pas
nécessairement articulé à une réorganisation de
l'école et à un projet éducatif global. Au moins ce plan
avait-il le mérite de donner un élan national et de gommer
partiellement la fracture numérique. En outre, il permettait de
rattraper un peu du retard général accumulé par la France
en matière d'équipement numérique non seulement par
rapport à la Finlande ou à la Corée du Sud mais aussi du
Portugal, qui a massivement investi en ce domaine en complément de la
restructuration drastique de la carte de ses établissements.
Malgré ses défauts, il aurait mieux valu poursuivre à
moindre voilure le plan ENR, au moins par souci d'équité, ainsi
que l'acclimatation du numérique en milieu rural. L'arrêt brutal
de cette politique a légitimement provoqué la frustration de
nombreux élus. Il faut impérativement éviter à
l'avenir de répéter de telles séquences qui entament la
confiance, déjà fragile, entre les élus ruraux et
l'Éducation nationale.
La réussite du numérique scolaire au
Portugal
Le plan technologique de l'éducation lancé
à partir de 2007 par le Gouvernement portugais s'est
déployé simultanément sur trois plans :
l'équipement, les contenus et la formation. Il a permis de :
- doter l'ensemble des écoles du pays de connexion
internet à haut débit
(pour toutes >64 Mbps et pour 10 % d'entre elles = 100 Mbps) ;
- d'arriver à un ratio de 2 ordinateurs par
élève dans les écoles ;
- de concevoir un ordinateur portable spécialement
adapté aux enfants du primaire (le
« Magalhães ») et d'en doter l'ensemble des
élèves ;
- fournir des contenus numériques adaptés aux
élèves du primaire et généraliser l'utilisation de
l'ordinateur et de l'Internet dès les premières années
d'apprentissage (92 % des enseignants utilisent le
« Magalhães » en salle de classe comme outil
pédagogique) ;
- de constituer un portail des écoles, point unique
d'entrée pour toutes les écoles du pays servant de centre de
ressources pour les directions, les enseignants, les élèves et
les parents pour mettre à leur disposition tous les services
pédagogiques ou périéducatifs de chaque
école ;
- de donner à tous les enseignants une certification
TIC garantissant leur maîtrise des compétences numériques
de bases.
L'ensemble du plan technologique a coûté environ
1,4 milliard d'euros, 400 millions à la charge de l'État et
1 milliard pour les entreprises. En particulier, la fabrication et la
distribution des « Magalhães » ont été
financées grâce à un partenariat entre l'État et les
entreprises privées réunis dans une fondation pour les
communications électroniques, les familles n'apportant qu'une modeste
contribution. L'ensemble du projet a été mené en une seule
phase couvrant simultanément les trois dimensions de
l'équipement, de l'élaboration des contenus et de la formation
des enseignants.
D'autres pays technologiquement très avancés,
comme la Finlande et la Corée du Sud, ont envoyé des
délégations pour bénéficier de l'expérience
portugaise. Le système éducatif portugais possède
désormais le plus vaste réseau Internet à haut
débit du monde, avec une très forte intégration des
équipements (ordinateurs, vidéoprojecteurs, tableaux interactifs,
portables) dans des réseaux scolaires locaux coordonnés. En
outre, des partenariats complémentaires ont été
établis avec de grandes firmes internationales - comme Microsoft ou
Cisco - pour qu'elles créent dans les établissements
secondaires des centres de formation où les élèves peuvent
acquérir des certificats professionnels de maîtrise d'instruments
numériques, notamment de logiciels.
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c) Décupler les synergies entre l'enseignement agricole et l'Éducation nationale
Au-delà du premier degré, l'enseignement
agricole doit être reconnu à la fois comme un pilier de l'offre
éducative en milieu rural et comme un modèle pour
l'Éducation nationale. Les excellents taux d'insertion professionnelle
des diplômés de l'enseignement agricole, quel que soit leur
niveau, est le signe le plus sûr non seulement de l'excellence des
formations dispensées dans ses établissements, des
capacités d'innovation pédagogique et de l'engagement
décisif des équipes de l'enseignement agricole, mais aussi de sa
capacité à rester à l'écoute des territoires et des
mutations du monde économique.
Les dernières enquêtes menées en 2008 et
2009 sur l'insertion des anciens élèves et apprentis de
l'enseignement agricole montrent que plus de 93 % des
diplômés d'un brevet de technicien supérieur agricole
(BTSA) et 90 % des titulaires d'un bac professionnel de l'enseignement
agricole sont insérés dans l'emploi, quarante-cinq mois
après leur sortie de formation. En outre, les poursuites d'études
dans le supérieur sont nombreuses. Après le baccalauréat
professionnel, plus de 55 % des élèves diplômés
poursuivent leurs études. 86 % d'entre eux demeurent dans
l'enseignement agricole en vue de préparer un BTSA qu'ils sont plus de
66 % à obtenir. Contrairement à l'image qu'il donne trop
souvent, l'enseignement agricole ne destine pas exclusivement ses
diplômés à s'installer comme agriculteurs. Il ouvre les
portes à une grande variété de carrières, y compris
dans les services et les métiers du développement durable, qui ne
manqueront pas de se développer rapidement dans les années
à venir.
Le rapport Pochard sur l'évolution du métier
d'enseignant signalait déjà, en 2008, l'intérêt de
s'inspirer de plusieurs traits caractéristiques de l'enseignement
agricole comme l'autonomie pédagogique des équipes, l'ancrage
territorial des établissements, la coexistence des différents
types de formation au sein des établissements, le profil et le
rôle des directeurs d'établissement et des présidents de
conseil d'administration, ou encore l'organisation souple de l'année
scolaire, via une part substantielle de la dotation globale horaire
consacrée au projet d'établissement. Dans le domaine de
la gouvernance des établissements, comme dans le domaine proprement
pédagogique, l'enseignement agricole a beaucoup à apporter et
peut constituer une source d'inspiration constante pour le système
scolaire classique.
La réforme du primaire engagée dès 2008,
la rénovation de la voie professionnelle
généralisée à la rentrée 2009, la
modernisation du lycée général et technologique en cours,
ont toutes en commun de donner une plus grande place à l'accompagnement
personnalisé des élèves. Or, l'enseignement agricole s'est
déjà forgé depuis longtemps une solide culture du suivi
individualisé des élèves, notamment dans le cadre des
actions de remédiation. Sur tout le territoire, les classes de
4e et de 3e de l'enseignement agricole forment, en effet,
un réseau de proximité au service des élèves les
plus en difficulté, leur permettant de retrouver peu à peu
confiance en eux-mêmes et dans le système scolaire. Le
ministère de l'Éducation nationale pourrait donc tirer profit des
expérimentations grandeur nature menées dans
l'enseignement agricole ; il pourrait ainsi calibrer au mieux les
différents dispositifs d'aide personnalisée, tant du point de vue
horaire que du point de vue didactique afin de personnaliser l'instruction au
plus près des besoins et des difficultés des
élèves.
En outre, la mixité des publics et la coexistence de
formations scolaires et en alternance au sein d'un même
établissement contribuent à l'originalité et à
l'efficacité du modèle agricole. Le label de
« lycée des métiers » reprend au sein de
l'Éducation nationale le même projet de créer des synergies
entre les formations professionnelles initiale et continue.
Enfin, l'enseignement agricole se caractérise par une
gouvernance plurielle et ouverte de ses établissements, au service d'un
véritable projet d'établissement donnant du corps à
l'autonomie pédagogique. La comparaison des articles L. 811-8 et
L. 811-9 du code rural et des articles L. 421-2 et suivants du code
de l'éducation permet de saisir toute la spécificité du
fonctionnement des établissements d'enseignement agricole par rapport
aux EPLE. Le conseil d'administration de l'établissement d'enseignement
agricole comprend systématiquement des représentants des
organisations professionnelles et syndicales, ce qui facilite la prise en
compte de l'impératif d'insertion professionnelle et empêche les
lycées agricoles de fonctionner en vase clos. La représentation
des collectivités territoriales garantit une harmonie entre les
différents niveaux, sans surreprésentation des communes.
L'ancrage territorial au niveau du bassin d'emplois n'en est que
facilité. De plus, le président du conseil d'administration est
élu par ses membres, ce qui ouvre la possibilité pour une
personnalité extérieure au monde éducatif mais connaissant
bien le monde de l'entreprise, par exemple, d'assumer cette fonction. Rappelons
que dans l'Éducation nationale, le chef d'établissement
nommé par l'administration devient obligatoirement président du
conseil d'administration.
Étant donné le rôle d'avant-garde de
l'enseignement agricole dans bien des domaines, une coopération
plus étroite avec l'Éducation nationale aurait tout son
sens. Tout en respectant la singularité de la culture propre
à chacun de ces deux systèmes d'enseignement, elle permettrait
à la fois d'accélérer la diffusion des bonnes pratiques
pédagogiques et administratives, et de générer des
économies grâce à la mutualisation des moyens. Il est
souhaitable que des relations solides et confiantes de partenariat et
d'échange se nouent entre les deux ministères et la
mission encourage vivement les deux administrations à coordonner leurs
actions au plan national, comme au plan régional.
Le remplacement des enseignants, l'apprentissage des langues,
l'information et l'orientation des élèves, l'organisation de
concours de recrutement et d'examens nationaux constituent des domaines dans
lesquels il est possible de progresser mutuellement. La voie de
l'expérimentation préalable permettrait, dans certaines
académies pilotes, d'enraciner une culture approfondie de dialogue et
d'échange. Outre leur intérêt du point de vue de la gestion
administrative et budgétaire, elles permettront également de
mieux faire connaître l'enseignement agricole et de développer
ainsi l'orientation vers ces filières, tout en offrant la
possibilité de construire des passerelles.
3. Mettre en place des « contrats de stratégie éducative au niveau régional » (CSER)
a) Des instruments de coordination encore imparfaits
Les collectivités territoriales sont de plus en plus
investies dans le domaine éducatif au sens large, au-delà de
leurs champs stricts de compétence, parce qu'elles ont compris que
l'école était un lieu structurant pour leur territoire, où
pouvaient s'articuler également les politiques économiques et
sociales qu'elles assumaient. Du côté de l'État,
l'Éducation nationale doit mieux coordonner son action avec celles
d'autres ministères pour tenir compte du contexte urbanistique, social,
familial, sanitaire et sécuritaire qui conditionne l'efficacité
de son action. Même si la démarche contractuelle tend
progressivement à se diffuser entre tous les acteurs concernés,
force est de constater un défaut de lisibilité, d'harmonie et de
pilotage stratégique. En d'autres termes, les partenariats se
multiplient mais ils ne sont pas organisés à un niveau
systémique global, d'où des risques de chevauchement, de
contradiction, de dispersion des efforts qui pourraient
déconsidérer progressivement l'idée même de contrat
et de partenariat.
Différents instruments ont été
mis en place pour remédier partiellement à cette
difficulté mais ils demeurent encore insuffisants. L'article
L. 214-1 du code de l'éducation, issu de la loi du 13 août
2004 sur les libertés et les responsabilités locales, jette les
bases d'une planification régionale des formations, en demandant
l'adoption par le conseil régional d'un schéma
prévisionnel des formations des collèges, des lycées et
des établissements d'enseignement agricole. Ce document, transmis au
préfet de région, doit tenir compte des orientations nationales,
formulation vague et très peu contraignante en elle-même,
même si, de fait, les lois de finances et leur exécution
- via les créations et les suppressions de poste par les
recteurs -- conditionnent nécessairement le schéma
régional. En outre, il doit rencontrer l'accord des départements
pour les collèges et prendre en considération l'enseignement
privé. Sur la base du schéma régional des formations, les
conseils généraux et le conseil régional
établissent, dans leur champ de compétences respectif, des
programmes prévisionnels d'investissement conformément aux
articles L. 213-1 et L. 214-5 du code de l'éducation.
Les effets juridiques du schéma prévisionnel
sont minces dans la mesure où il n'instaure pas d'obligation pour les
acteurs. Il s'agit plutôt d'un document assez lâche d'orientation
et de planification. Cette démarche est louable mais elle ne peut
remplacer l'élaboration d'un document stratégique de politique
éducative. En effet, elle se concentre sur la définition de
l'offre de formations sans développer une vision globale des
finalités et des moyens de la politique éducative globale
poursuivie sur le territoire régional. Elle ne prend de ce fait pas en
compte l'ensemble des interventions des collectivités dans le domaine
éducatif et périéducatif, ni les implications des autres
politiques sociales et économiques sur les décisions scolaires.
En conséquence, elle n'associe pas les communes, et seulement à
titre subsidiaire les services de l'État extérieurs à
l'Éducation nationale. Même dans ce champ restreint, elle
n'instaure pas de lien contractuel avec les autorités
académiques.
Le contrat de plan régional de développement des
formations professionnelles (CPRDF), tel qu'il résulte de l'article 57
de la loi du 24 novembre 2009 relative à l'orientation et à
la formation professionnelle tout au long de la vie, franchit une étape
suivante vers l'établissement d'une stratégie partagée
élaborée en commun par les acteurs concernés. Comme le
dispositif antérieur, il prévoit une programmation à moyen
terme des actions de formation professionnelle des jeunes et des adultes afin
d'assurer un développement cohérent de l'ensemble des
filières. Le CPRDF est élaboré par la région dans
le cadre du comité de coordination régional de l'emploi et de la
formation professionnelle (CCREFP) sur la base des documents d'orientation
présentés par le président du conseil régional, le
préfet de région, l'autorité académique et les
organisations d'employeurs et de salariés. Le comité doit
procéder à une concertation avec les collectivités
territoriales concernées et Pôle emploi. Le CPRDF est
adopté par le conseil régional après consultation des
départements, puis est signé par le président du conseil
régional, le préfet de région et par le recteur pour
ce qui concerne la formation initiale. Le suivi et l'évaluation de ce
contrat de plan sont assurés par le CCREFP selon des modalités
générales définies par le Conseil national de la formation
professionnelle tout au long de la vie (CNFPTLV).
C'est à l'été 2011 que les premiers CPRDF
seront signés. Le recul n'est pas encore suffisant pour juger de leur
efficacité. Pour autant, ils ont permis d'enclencher une dynamique
positive car les négociations au sein des CCREFP revitalisés
contribuent déjà par elles-mêmes à rompre avec la
logique de cloisonnement et de corporatisme dont souffre la formation
professionnelle. M. Jean-François Mézières,
représentant l'association des régions de France (ARF),
considère que, malgré le temps de négociation bref
imposé par le législateur, « les CPRDF
présentent l'avantage d'obliger les parties au dialogue. Il faudra
toutefois éviter qu'ils ne marquent qu'un accord sur des objectifs qui
sont des lieux communs - telle la lutte contre l'échec. Au contraire, il
faut réaliser un diagnostic fin des territoires et entrer
progressivement dans un véritable engagement de moyens et de
contractualisation pluriannuelle ».95(*)
Les représentants des employeurs ont suivi avec
attention l'élaboration des CPRDF et s'y sont investis, preuve que
l'esprit partenarial est bien accueilli par toutes les parties prenantes de la
formation professionnelle. M. Bernard Falck, responsable de
l'éducation et de la formation au Mouvement des entreprises de France
(MEDEF) a souligné que la démarche initiée par le
législateur avait fourni l'occasion « d'échanges
extrêmement denses entre l'ensemble des acteurs, qu'il s'agisse de
l'État, des conseils régionaux, des partenaires sociaux et des
organisations économiques. [...] Une évaluation sera
nécessaire pour construire un diagnostic partagé permettant
d'améliorer ce dispositif. En tout cas, il s'agit d'une occasion unique
d'approfondir le partenariat entre les différents
acteurs. » 96(*) C'est le premier pas déterminant un cadre
systémique qui devra être poursuivi par la négociation
d'autres instruments contractuels définissant finement, dans les bassins
d'emploi, les actions opérationnelles et les engagements de chaque
partie. Dans les termes de M. Bernard Falck, le principe vertueux du
CPRDF « doit se traduire par l'élaboration de conventions
d'objectifs et de moyens entre l'État, les régions, les chambres
consulaires et les branches professionnelles. Les déclarations
d'intention ne constituent qu'un accord-cadre, en amont de la
déclinaison opérationnelle que nous
souhaitons. »97(*)
b) Un « préfet éducatif » comme artisan des « contrats de stratégie éducative régionale » (CSER)
Votre mission propose de tirer profit des expériences
de concertation nouées à l'occasion de l'élaboration des
schémas prévisionnels des formations et des CPRDF en
développant des contrats régionaux de stratégie
éducative à visée plus large. Elle est
persuadée que pour rénover en profondeur le système
éducatif et relever le défi de la réussite de tous les
élèves, il faut sortir d'une vision cloisonnée de la
répartition des compétences et des missions pour passer à
un régime de compétences partagées. Pour cela, il
convient d'adopter enfin une vision panoptique de la politique éducative
et agir simultanément sur les trois leviers que sont l'urbanisme
et l'aménagement du territoire, la famille et l'école proprement
dite. Le « contrat de stratégie
éducative régionale » viserait
précisément à définir une
programmation pluriannuelle cohérente des actions et des
investissements de l'État et des collectivités
territoriales dans le domaine éducatif au sens le plus large,
ce qui peut faire intervenir certains éléments de la politique
familiale, de santé publique, de la ville, de sécurité et
des transports.
A titre d'exemple, votre mission estime qu'une telle
démarche permettra enfin de penser le continuum de la petite
enfance qui ne cesse de soulever des débats politiques
passionnés. Comme le soulignait M. Laurent Cros,
délégué général de l'association « Agir
pour l'école », « le maillage complexe du passage de
la crèche à la maternelle puis à
l'élémentaire n'est pas en mesure aujourd'hui de
mobiliser les adultes d'un territoire autour d'une cause
commune 98(*)». Une démarche contractuelle associant
l'ensemble des acteurs devrait permettre d'élaborer des réponses
adaptées à chaque territoire, notamment en ce qui concerne
l'accueil des enfants à partir de deux ans.
Le domaine du repérage et du traitement précoces
des problèmes de santé des jeunes élèves constitue
un autre exemple illustrant la nécessité de mieux coordonner les
responsabilités au plan local. Votre commission de la culture, de
l'éducation et de la communication l'avait relevé à
l'occasion de sa mission précitée au Canada en 2010. En effet, le
taux de décrochage étant plus marqué pour les
élèves souffrant de problèmes de santé (courants
dans le domaine de l'ouïe et de la vue) ou vivant dans un environnement
social défavorisé, des partenariats se sont
développés entre ministère de l'éducation et
ministère de la santé, en coordination avec les
collectivités territoriales, afin de conduire des actions pertinentes.
L'échelle régionale
paraît la plus judicieuse, compte tenu du renforcement de
l'autorité des préfets de région et des recteurs, et du
travail déjà accompli notamment pour l'élaboration des
CPRDF. En outre, il est nécessaire de distinguer le niveau de
réflexion et de planification stratégique du niveau
d'exécution. Le premier doit concerner une zone suffisamment large pour
permettre des arbitrages significatifs et définir un
périmètre de cohérence utile, tandis que le second doit,
au contraire, se rapprocher au plus près du destinataire final.
Le bon niveau d'exécution, surtout après le
développement des regroupements et des mises en réseaux
d'établissement que votre mission appelle de ses voeux, serait
sans doute le bassin de formation, ce qui impliquera un travail de
déclinaison des objectifs et des actions du contrat de stratégie
éducative par bassin.
Le « contrat de stratégie éducative
régionale » (CSER) serait constitué d'un ensemble de
documents conventionnels engageant l'État via
son représentant dans la région et l'autorité
académique, ainsi que l'ensemble des collectivités de la
région, via le président du conseil régional, les
présidents de conseils généraux et les présidents
des associations départementales de maires. Dans la mesure où la
responsabilité de l'État demeure prépondérante et
où il ne paraît pas légitime de privilégier une
collectivité en la désignant comme chef de file, votre mission
propose de confier l'organisation de l'élaboration du document
stratégique et le suivi de son application à un
représentant de l'État. Pour autant, ni le préfet
de région, ni le recteur ne doive se faire reconnaître une
autorité particulière l'un sur l'autre. C'est pourquoi la mission
propose de confier ces missions à un tiers : le
« préfet éducatif ».
Nommé spécialement dans chaque région par
le Premier ministre, le préfet éducatif aurait pour tâche
de faciliter la coordination de l'action éducative de l'État dans
toutes ses dimensions et de conduire la concertation avec les
collectivités territoriales, afin d'assurer la circulation
réciproque d'informations et de favoriser la mise en cohérence
des projets de chacun au service des objectifs partagés définis
dans le contrat de stratégie éducative. Dans les régions
les plus importantes, couvrant par exemple deux ou trois académies comme
l'Île-de-France, Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte-d'Azur,
il pourrait être assisté d'adjoints. Les préfets
délégués à l'égalité des chances,
nommés actuellement dans les départements des
Bouches-du-Rhône, de l'Essonne, du Nord, du Rhône, de
Seine-Saint-Denis et du Val-d'Oise, lui seraient directement rattachés
comme adjoints.
Concrètement, chaque signataire potentiel du nouveau
CSER, soit le préfet de région, le recteur, le président
du conseil régional, les présidents de conseils
généraux et des associations départementales de maires,
recenseraient indépendamment l'ensemble des actions concourant à
sa politique éducative, préciseraient les investissements
réalisés et prévisionnels et proposeraient des axes
prioritaires d'intervention pour l'avenir. Ces documents préparatoires
seraient tous transmis au préfet éducatif. Recteurs et
préfets transmettraient en particulier tous les documents contractuels
signés avec des établissements scolaires ou avec des
collectivités dans le cadre de la politique de la ville.
Le préfet éducatif ferait la synthèse de
l'ensemble des documents préparatoires et identifierait à la fois
les consonances et les interférences, les points d'accord et de
tensions, les orientations convergentes et contradictoires. Sur la base de ce
diagnostic, il proposerait un projet de CSER proposant des cibles
régionales de réussite éducative, les leviers d'action et
les moyens disponibles, ainsi qu'une méthodologie d'exécution.
L'ensemble serait soumis par le préfet éducatif, pour
concertation, à toutes parties prenantes jusqu'à
l'élaboration du contrat final. Devant l'ampleur et la complexité
de la tâche, la mission considère qu'au moins dix-huit mois
seraient nécessaires à partir de la nomination des préfets
éducatifs pour la mener à bien.
La tâche du préfet éducatif ne
s'arrêterait pas à l'élaboration du CSER mais se
poursuivrait durant toute la durée du contrat, pendant laquelle il devra
en suivre la déclinaison par bassin de formation et les
opérations concrètes de mise en oeuvre. Il devrait
également apporter son expertise à toute partie, qu'il s'agisse
d'un service de l'État ou d'une collectivité, qui le
solliciterait pour développer localement son action éducative
dans le respect des engagements rassemblés dans le CSER. Les
schémas prévisionnels des formations et les programmes
prévisionnels d'investissement des régions et des
départements devraient être élaborés notamment en
cohérence avec le CSER, à moins que ces anciens instruments de
planification ne soient tout simplement absorbés par le nouveau contrat.
En outre, le préfet éducatif rendrait compte
régulièrement de l'évolution de la situation à
l'ensemble des signataires, qui seraient en contrepartie tenus de lui
transmettre tous les documents utiles à l'exercice de sa mission. Enfin,
il aurait la charge de mener l'évaluation des résultats obtenus
au terme du contrat, ce qui servirait de base à l'élaboration du
prochain.
La conjonction d'un cadre contractuel régional et d'une
coordination sous la responsabilité de préfets éducatifs
devrait permettre de concilier l'exigence de cohérence et de
mobilisation judicieuse de moyens humains et financiers contraints avec
l'impératif de différenciation des politiques éducatives
selon les besoins et les spécificités des territoires.
EXAMEN EN COMMISSION
Réunie le mardi 21 juin 2011, sous la
présidence de M. Serge Lagauche, président, la mission
commune d'information examine son rapport.
M. Serge Lagauche, président. - Les
conclusions de notre mission seront présentées demain lors d'une
conférence de presse. Le rapport de plus de 100 pages que nous examinons
aujourd'hui est celui de la mission commune d'information - j'y insiste -, non
de la commission de la culture et de l'éducation.
M. Jean-Claude Carle, rapporteur. - Je
commencerai par le constat. L'école a globalement réussi sa
démocratisation : 100 % d'une classe d'âge est
scolarisée jusqu'à 16 ans et 65 % jusqu'au
baccalauréat, soit trois fois plus qu'en 1980. Les enseignants, ce dont
témoignent nos auditions, sont extrêmement impliqués et
motivés. Néanmoins, ils sont lassés des dysfonctionnements
du système. Les plus jeunes d'entre eux sont souvent affectés aux
postes les plus difficiles, notamment dans les zones d'éducation
prioritaire (ZEP), avec une formation insuffisante. L'école ne satisfait
pas à l'exigence républicaine, qui est la réussite de tous
les élèves. Aujourd'hui, un enfant d'ouvrier a 17 fois moins de
chances d'intégrer une grande école qu'un enfant d'enseignant ou
de cadre supérieur et la probabilité d'un échec scolaire
est quatre fois supérieure. Le creusement des inégalités
scolaires, un fait indéniable qui ressort des enquêtes PISA
(Programme for International Student Assessment) de 2000 et 2009, est
d'origine sociale. Contrairement à d'autres, la France n'a pas su tirer
profit du choc salutaire de la première enquête de l'OCDE.
Pourtant, dès 2000, la commission du débat national sur l'avenir
de l'école présidée par Claude Thélot l'avait
déjà constaté : « notre école va
bien pour les enfants qui vont bien ».
Comment expliquer cette évolution ?
Premièrement, notre logique de moyens. Avec un budget de plus de 60
milliards, la France se situe dans la moyenne des pays de l'OCDE. En revanche,
notre manière de répartir les crédits diffère de
celle des pays qui réussissent : nous privilégions
l'enseignement secondaire. A mon sens, le problème n'est pas celui des
moyens - 35 000 professeurs supplémentaires en 2011 pour
140 000 élèves en moins -, mais de leur utilisation. Je
soutiens le principe du non-remplacement d'un départ à la
retraite sur deux car, disait Claude Thélot, il y a de la
fécondité dans la contrainte. Cependant, cette politique a des
limites. D'une part, une limite financière puisque la masse salariale
s'est stabilisée seulement en 2011 : de fait, les années
précédentes, l'impact a été atténué
par des mesures catégorielles, le glissement vieillesse
technicité (GVT) et le poids des pensions ; d'autre part, une
limite pédagogique : par facilité, on a supprimé des
classes en milieu rural. Mieux aurait valu s'attaquer aux options dans le
second degré, très consommatrices en personnel et peu efficaces
sur les résultats scolaires, d'après différents
intervenants auditionnés. Je souhaite une application du « un
sur deux » moins aveugle, qui soit accompagnée par une
véritable réforme structurelle.
Deuxième cause, l'opacité du budget de
l'Éducation nationale relègue le parlementaire au rôle de
« contemplatif » du système. Chaque année,
nous ne passons que trois heures à étudier un budget de
60 milliards, et n'avons aucun moyen d'action sur les 29,4 milliards
qui vont à l'enseignement du second degré. L'utilisation de ces
crédits, fort peu lisibles malgré la LOLF, est essentiellement
décidée au moyen de circulaires et de décrets relatifs au
statut des enseignants et aux obligations de service, quand ce ne sont pas des
expérimentations comme l'ex-programme Clair. Qui plus est, le recours
à « l'euro éducatif », cette dotation
d'emplois équivalent temps plein travaillés
déléguée aux académies et convertie en dotation
globale horaire affectée à chaque établissement, ainsi que
le décalage entre l'année civile et l'année scolaire,
ajoutent à la complexité d'un budget qui semble
réservé aux seuls initiés. Redonnons sens à
l'autorisation budgétaire, comme je le proposais déjà en
1999 dans le rapport « Enseignants - Mieux gérer, mieux
éduquer, mieux réussir ». Le Parlement est loin de
se désintéresser de la question scolaire : depuis un an, il
a adressé 403 questions au ministre de l'Éducation nationale,
soit deux fois plus qu'au Garde des Sceaux.
La troisième cause est d'ordre structurel.
L'organisation de notre système est très centralisée,
pyramidale : les décisions sont prises rue de Grenelle, où l'on
reste attaché à la culture du B.O. - le Bulletin
officiel - et de la circulaire ; les expérimentations
imposées d'en haut se concrétisent difficilement, tandis que les
initiatives locales donnent de bons résultats. Le ministère peine
à définir des priorités : en 2008, il en proposait
plus de 15 ; depuis, ce nombre a augmenté... Ce système, qui
ne favorise pas, suivant les mots de Thierry Bossard, la
« culture d'initiative dans les
établissements », n'est plus adapté ; notre
société a besoin de plus de souplesse, de
réactivité.
Enfin, autre difficulté, de nature culturelle, nous
avons longtemps pensé que l'égalité des chances passait
par l'égalité des moyens.
J'en viens à nos propositions. Leur but est de rompre
avec la logique de moyens pour instituer une logique de résultat. Cela
suppose d'évaluer, mais aussi de définir des priorités et
de s'y tenir -de nombreuses personnes auditionnées y ont insisté.
L'idée est également de bâtir une organisation
« cellulaire », si je puis m'exprimer ainsi, avec un
véritable pilotage : à l'État d'assurer le respect de
l'équité sur l'ensemble du territoire, à la région
de veiller à la cohérence du système ; enfin, aux
bassins de formation de mettre les établissements en réseau, et
non en concurrence. La méthode doit être le partenariat avec les
collectivités territoriales. Ces dernières sont prêtes
à s'investir pourvu qu'on ne leur demande pas d'être
réduites au rôle de simple contributeur.
Premier axe, redonner sens à l'autorisation
budgétaire, c'est-à-dire rendre au Parlement son pouvoir
d'arbitrage. « Trop de priorités tue la
priorité »... La réformite aiguë du
ministère et la « boîte noire » que constitue
son budget privent le Parlement de sa capacité d'arbitrage. Au vu du
montant du budget de l'Éducation nationale et de l'importance
stratégique du savoir, c'est pourtant à la représentation
nationale de décider, et non au ministère. Cela suppose de
refondre l'architecture budgétaire afin de hiérarchiser les
priorités et, donc, les moyens grâce à une
évaluation des actions éducatives exprimées dans la
monnaie de droit commun, et non en « euros
éducatifs ». L'organisation, six mois avant la rentrée
scolaire, d'un débat d'orientation budgétaire sur
l'adéquation des moyens de l'Éducation nationale aux objectifs
fixés participera du renforcement du rôle du Parlement. Enfin, il
faudra soumettre les expérimentations à une concertation
préalable et prévoir leur évaluation
systématique.
Deuxième axe, privilégier l'initiative locale,
la complémentarité des réseaux et le dynamisme des
partenariats. Pour parachever la réforme pédagogique de 2005, je
prône la constitution de réseaux du socle commun, pilotés
par un comité directeur associant le principal du collège et les
directeurs des écoles. Car quand les savoirs fondamentaux ne sont pas
acquis, l'échec scolaire, et souvent social, est au bout du chemin. Ces
réseaux s'accompagneront utilement de regroupement d'écoles
à condition de tenir compte de la géographie des territoires. De
fait, la proximité du service public, notamment en montagne, je le sais
pour être un élu de Haute-Savoie, s'évalue essentiellement
en temps de transport, et non en kilomètres. Ce constat vaut
également pour les territoires insulaires et ultra-marins. En outre, les
regroupements devront faire l'objet d'une concertation approfondie avec les
collectivités territoriales. C'est nécessaire pour favoriser
l'adhésion aux projets et la cohérence des politiques publiques
concourant à la prise en charge éducative de l'enfant, qu'il
s'agisse des transports scolaires, des cantines, des équipements
sportifs, de la santé, de la sécurité, mais aussi du
soutien scolaire, des aides sociales aux familles ou encore de l'apprentissage
de la langue française aux parents et aux enfants migrants. Le
regroupement de treize écoles rurales dans la Somme, le
département de notre collègue Daniel Dubois, pour créer
trois écoles modernes, équipées en technologies
numériques performantes, constitue, à mon sens, un exemple
à suivre. Cette expérience réussie, grâce à
l'initiative courageuse des élus locaux et à l'accompagnement
sans faille de l'Éducation nationale, prouve que les territoires ruraux
peuvent être de véritables foyers d'innovation scolaire. Pour
autant, il n'y a pas de recette miracle. La clé du succès est
l'adaptation aux territoires et la gestion partenariale.
Cette nouvelle stratégie territoriale, dans laquelle
les recteurs joueront un rôle pivot, reposera également sur des
partenariats stratégiques forts entre les services de l'État.
Politique éducative et politique de la ville, hélas parfois
divergentes, sont les deux bras armés de l'État. Or nous voulons
un État efficace, non un État manchot. Pour ce faire, il faut
mettre en cohérence la géographie de l'éducation
prioritaire sur celle de la politique de la ville et concentrer les ressources
sur les territoires les plus défavorisés. Assumons que
l'égalité des chances passe par une inégalité de
traitement budgétaire. Par exemple, dans les ZEP, les
élèves devraient bénéficier systématiquement
d'une aide aux devoirs le soir, laquelle serait partie intégrante des
missions de l'Éducation nationale.
Afin d'articuler les actions complémentaires
menées sur la famille, l'école et l'environnement
socio-économique de l'élève, nommons, dans chaque
région, un « préfet éducatif ».
Celui-ci élaborera le « contrat de stratégie
éducative régionale » (CESR), un nouvel instrument
juridique destiné à mettre en cohérence les actions des
collectivités et celles de l'État, ainsi qu'à suivre son
application. Ce document, par lequel sera enfin reconnue et valorisée la
contribution des collectivités, tiendra également compte des
milieux économiques.
Troisième axe, donner aux équipes
pédagogiques une responsabilité collective dans la
réussite des élèves. Cela suppose une évaluation
fiable de chacun des maillons de la chaîne : des réformes et
expérimentations, des académies et, enfin, des
établissements qui sont le coeur du « réacteur
scolaire ». Comme au Portugal, il faudrait charger le chef
d'établissement de l'évaluation pédagogique individuelle
des enseignants ; en contrepartie, la présidence du conseil
d'administration reviendrait à une personnalité
extérieure, ce qui donne de très bons résultats dans
l'enseignement agricole. Outre une évaluation externe des
établissements, qui serait rendue publique, développons
l'auto-évaluation, pratiquée à l'étranger mais
aussi dans l'académie de Strasbourg, chère à Fabienne
Keller. Enfin, je défends la contractualisation entre rectorats et
établissements. On pourrait imaginer, au sein de la dotation globale,
une enveloppe fléchée sur des objectifs collectifs à
atteindre par établissement en fonction desquels l'avancement des
enseignants pourrait être modulé.
Quatrième axe, reconnaître la
spécificité du métier d'enseignant en ZEP. Peut-on
continuer à accepter que les jeunes enseignants soient presque
systématiquement affectés dans les établissements les plus
difficiles, que les équipes tournent souvent trop vite pour qu'un projet
d'établissement soit porté dans la durée, que les
enseignants en éducation prioritaire bénéficient d'aussi
peu de contreparties, que les difficultés dans les ZEP s'aggravent avec
l'assouplissement de la carte scolaire ? Pour une politique efficace
d'égalité des chances, il faut interdire l'affectation de
fonctionnaires stagiaires ou néo-titulaires dans un établissement
classé en ZEP et réguler les mouvements intra et
inter-académiques afin de stabiliser les équipes
pédagogiques ; adapter les différences d'obligations de
service entre corps d'enseignants et entre enseignants du même corps en
fonction du degré de difficulté de prise en charge des
élèves, et non du concours passé ; revaloriser le
statut d'enseignant en ZEP par la création d'une classe exceptionnelle
accessible après quinze ans de service dans ce type
d'établissement ; revenir à une sectorisation plus stricte
des élèves dans l'éducation prioritaire.
Ces quinze propositions visent un but commun : sortir de
la « logique des silos » pour renforcer les
transversalités et « jouer collectif » à la
fois entre ministères, entre État et collectivités, entre
les différents niveaux de collectivités et au sein de
l'Éducation nationale. A chacun de prendre ses responsabilités et
de faire place au règne de l'intelligence territoriale et collective
pour, en un mot, restaurer la confiance de tous dans notre système
éducatif.
Pour finir, je veux remercier les membres de notre mission de
leur participation à ces travaux qui se sont déroulés dans
un climat serein. Nous avons su discuter dans le respect des opinions de
chacun, ce qui est le propre de la démocratie. Merci également au
président, pour la manière dont il a conduit nos débats,
et aux collaborateurs du Sénat.
M. Serge Lagauche, président. - Je
propose de consacrer les premières questions à des demandes de
précision avant de discuter les conclusions.
Mme Catherine Procaccia. - Quand vous parlez
de responsabilité collective des établissements, visez-vous
également les écoles ? En outre, que le premier axe porte
sur la revalorisation du Parlement me gêne. C'est important, mais
peut-être ne faut-il pas le placer ainsi en tête.
Mme Maryvonne Blondin. - La nouvelle
architecture budgétaire proposée prévoit un programme
consacré à la lutte contre les inégalités scolaires
et, en son sein, une action E, baptisée « action
sociale ». Je préférerai la nommer « action
socio-médicale » car il ne faut pas oublier le rôle des
médecins scolaires et des infirmières.
M. Daniel Dubois. - Une observation purement
formelle : la « classe mobile », dans la Somme, compte
30 ordinateurs portables, et non trois. Ensuite, parmi les co-financeurs, il
faudrait également citer la région Picardie.
M. Yannick Bodin. - Un rapport de plus de 100
pages, quel travail formidable ! Merci à tous ceux qui ont concouru
à son élaboration, quel que soit le contenu du document. Le terme
de « réacteur scolaire » n'est pas bienvenu par les
temps qui courent...
Mme Fabienne Keller. - Les propositions ont
une qualité prospective et un caractère très
structurant : elles portent sur l'organisation du système
éducatif. La constitution de réseaux du socle commun
améliorera la cohérence entre école primaire et
collège. Nous n'avons qu'à y gagner, comme l'ont montré
les réseaux ambition réussite (RAR) dans les quartiers
difficiles. Ce dispositif, au passage, résoudra l'éternel
problème de l'absence de statut de l'école primaire. D'ailleurs,
la mise en réseau entre écoles et collège existe
déjà pour les contrats aidés.
Vous proposez des mesures énergiques pour les ZEP.
Interdire l'affectation de stagiaires ou néo-titulaires est un bon
principe, tout en sachant que la pratique sera certainement différente.
De fait, les directeurs d'établissement disent tous avoir besoin de ces
« jeunes qui ont la foi ». Pour résoudre cette
question, ne faut-il pas s'en prendre également à l'absence de
mobilité des enseignants dans les établissements ? Certes,
revenir sur ce point est un tabou syndical...
Encore une fois, je salue l'engagement des membres de la
mission et ces propositions structurantes. De fait, le temps éducatif,
qui est un temps long, n'est pas celui du politique.
M. Jean-Claude Carle, rapporteur. - Madame
Procaccia, le terme d' « établissement »
recouvre aussi bien les établissements du secondaire que les
écoles. Plutôt que d'aborder le problème sous l'angle des
statuts, nous avons privilégié la fluidité entre les deux
niveaux. D'où les réseaux du socle commun dont la tête
serait le principal du collège. Le Parlement est peu associé
à la politique éducative : l'utilisation des
29,4 milliards de l'enseignement du second degré dépend du
seul ministère. Le Parlement doit retrouver sa place dans un domaine
aussi stratégique. Sinon, à quoi servons-nous ? Les quelques
avancées obtenues dans les débats parlementaires sont souvent
remises en cause par des décrets ou des circulaires du ministère.
Avec la circulaire, nos propositions sur le droit à la formation
professionnelle se sont réduites comme peau de chagrin. En 1999,
j'étais déjà le rapporteur d'une commission
d'enquête sur la gestion du ministère de l'Éducation
nationale. Le but était de rendre du sens à l'autorisation
parlementaire. Douze ans plus tard, rien n'a changé !
La simple logique de présentation nous fait partir du
niveau national pour aboutir à l'échelon local.
Madame Blondin, nous nous limitons à une simple
proposition en matière budgétaire, car la commission des finances
est seule compétente en ce domaine. L'action du programme que vous avez
évoquée recouvre les aspects médicaux et sociaux.
Nous n'oublierons pas la région Picardie, Monsieur
Dubois. Par ailleurs, je suis disposé à remplacer le mot «
réacteur » par celui de « moteur ».
M. Jean-Claude Carle, rapporteur. - Je
remercie Fabienne Keller pour ses commentaires. J'ai, en effet, passé
l'âge des rapports à l'eau tiède.
Mme Brigitte Gonthier-Maurin. - Je vous
rassure, celui-ci ne l'est pas !
M. Jean-Claude Carle, rapporteur. - La
commission propose, l'exécutif dispose et j'assurerai le service
après-vente. Si nous ne brisons pas les tabous, alors qui le fera ?
Il ne s'agit pas de provocation contre les acquis et l'on doit agir dans la
concertation. Il convient de se poser des questions.
M. Jean-François Humbert. - C'est la
moindre des choses.
M. Jean-Claude Carle, rapporteur. - En 1950,
il fallait dégager une élite ; l'objectif actuel est de
laisser le moins d'élèves possible sur le bord de la route et
d'assurer la justice sociale. Il est donc légitime de prendre en compte
le temps passé par certains enseignants dans des classes difficiles.
Cette reconnaissance est nécessaire ! D'où la suggestion
d'un échelon exceptionnel.
M. Daniel Dubois. - Je propose de
compléter la constitution de réseaux du socle commun,
proposée au point 1 de l'axe 2, par la création d'un conseil
exécutif local associant élus et travailleurs sociaux relevant du
conseil général. En apportant transparence et partenariat au
réseau de socle commun, ce conseil serait un facilitateur de diagnostic,
permettant d'être réactifs.
M. Jean-Claude Carle, rapporteur. - Je suis
un partisan convaincu des partenariats.
Mme Maryvonne Blondin. - On ne l'a pas assez
écrit.
M. Jean-Claude Carle,
rapporteur. - Je propose de mentionner « les
partenaires concernés ».
M. Serge Lagauche, président. - Il ne
faut pas être traumatisé par les enquêtes PISA :
n'oublions pas que de nombreux enseignants travaillent bien, qu'ils obtiennent
des résultats. N'indiquer que les remèdes à ce qui ne va
pas pourrait réveiller les susceptibilités du corps enseignant.
Il conviendrait de développer le constat, tout en insistant un peu plus
sur l'engagement des collectivités territoriales. Avant d'aborder les
difficultés, rappelons ce qui est positif.
Par ailleurs, les propositions du rapport ne sont pas
hiérarchisées, alors que certains objectifs peuvent être
atteints plus vite que d'autres. Pourquoi ne pas demander aux rectorats de
publier chaque année le bilan des expériences
réalisées ? Le rapport n'a pas pour ambition de
déboucher sur un texte fondateur. D'ailleurs, je me méfie des
grandes lois, qui ne recouvrent jamais l'ensemble du sujet. Indiquons une
progression. Pourrions-nous suggérer une méthode plus percutante
à propos des ZEP ? Nous n'avons guère trouvé trace
d'enseignants ayant signé pour cinq ans... On pourrait avancer assez
rapidement sur ce point, de même que sur l'attribution d'une prime
à ceux qui font cette démarche. De la même façon,
une meilleure coordination entre l'Agence nationale pour la rénovation
urbaine (ANRU) et la carte scolaire pourrait intervenir à brève
échéance.
M. Jean-François Humbert. - Le
président de la mission vient d'évoquer des
éléments qui figurent en introduction du rapport, notamment le
fait que l'Éducation nationale ait globalement réussi,
grâce aux enseignants, qui sont les piliers du système. Il
suffirait sans doute d'étoffer cette partie.
M. Jean-Claude Carle, rapporteur. - Je fais
amende honorable. J'ai mentionné sans doute rapidement, au début
de ma présentation, la massification de l'enseignement et l'implication
des enseignants, d'ailleurs souvent lassés par les dysfonctionnements
d'un système qui les dessert.
M. Serge Lagauche, président. - Cela
représente une page sur une centaine...
M. Jean-Claude Carle, rapporteur. - J'en
viens aux priorités du rapport. Limité à son organisation
territoriale, l'objectif de notre mission n'était pas de refonder
l'Éducation nationale. Dans ce cadre, on peut distinguer quatre
priorités.
La première consiste à supprimer l'organisation
pyramidale, qui ne répond pas aux besoins de souplesse et de
réactivité. Si la grande entreprise dont je suis issu avait
conservé son organisation pyramidale d'il y a 30 ans, elle aurait
disparu.
La deuxième priorité est d'y voir clair sur le
plan budgétaire grâce à l'euro de droit commun, afin de
rétablir le lien entre l'autorisation parlementaire et l'affectation des
enseignants.
La troisième priorité concerne
l'évaluation, inexistante aujourd'hui.
Enfin, nous voulons privilégier le recours au contrat
plutôt qu'à la loi. Dans ce domaine, seuls trois grands textes
sont intervenus en 30 ans, les lois Savary, Jospin et Fillon, mais des dizaines
de réformettes ont été introduites par décret ou
par circulaire. La décision est prise par l'administration, par
circulaire.
Mme Catherine Procaccia. - L'enquête
PISA n'est pas si catastrophique pour la France, car elle met notre situation
en parallèle avec celle de pays non comparables. Je suggère d'en
relativiser les conclusions.
M. Jean-Claude Carle, rapporteur. - PISA
n'est pas mon livre de chevet. L'herbe est toujours plus verte dans le
pré du voisin. En outre, tout progrès doit être
apprécié en fonction du point de départ.
Je ne le veux pas transférer en France tout ce que nous
avons observé au Portugal ou en Pologne, mais le conseil
d'établissement portugais, par exemple, mérite d'être
médité, car il associe les parents, le monde
socio-économique et les partenaires sociaux.
On peut éventuellement s'inspirer de ce qui se passe
ailleurs, non reprendre les mêmes dispositifs.
Mme Brigitte Gonthier-Maurin. - La mission et
son rapport sont importants. Je vais néanmoins émettre un avis
négatif.
Nous n'avons guère eu le temps d'examiner ce texte
très épais. Je souhaite que mon groupe y annexe une
contribution.
M. Serge Lagauche, président. - C'est
prévu.
Mme Brigitte Gonthier-Maurin. - Ce que nous
voulons, ce n'est pas revenir 40 ans en arrière, mais bien
réformer autrement. Bien que nous déplorions le peu de cas fait
des chercheurs, nos critiques ne visent pas les auteurs du rapport. Celui-ci
constate la multiplication de réformes tous azimuts, et correspondant
à un projet de société, que je ne partage pas. Je rappelle
leur effet déstabilisateur et leur généralisation
hâtive, comme pour le programme Clair. Après avoir souligné
à juste titre le fiasco de l'assouplissement de la carte scolaire, le
rapport propose de revenir à son respect strict.
M. Jean-Claude Carle, rapporteur. - Dans les
zones prioritaires !
Mme Brigitte Gonthier-Maurin. - Là
où l'assouplissement est source de ghettos. Ni le recrutement
d'enseignants sur profil par le chef d'établissement, ni la mise en
réseau ne sont à la hauteur du défi.
Le rapporteur estime que l'Éducation nationale a
globalement réussi la démocratisation de l'enseignement. Nous ne
sommes pas d'accord ! Seule la massification a été conduite
à bien... avec 160 000 sorties sans qualification et le creusement
des inégalités sociales. M. Jean-Yves Rochex parle de
démocratisation quantitative, déplaçant les
inégalités sociales sans les supprimer.
Enfin, le rapporteur estime que la part consacrée
à l'Éducation nationale va croissant. C'est vrai pour le pays,
pas pour l'État.
Quant aux propositions, elles sont pour l'essentiel de la
même veine que celle figurant dans les rapports de Frédéric
Reiss et de Jacques Grosperrin, voire de la circulaire ministérielle de
rentrée. D'ailleurs, le rapport fait référence à
l'économie de la connaissance la plus compétitive.
Si ces propositions étaient concrétisées,
le service public de l'éducation subirait une nouvelle
dégradation : l'élève a presque disparu, au profit
des besoins du territoire et de l'employabilité ; la formation des
enseignants est escamotée, à l'heure où tant de jeunes
sont envoyés devant des classes sans autre forme de procès.
M. Jean-Claude Carle, rapporteur. - Je l'ai
dit.
Mme Brigitte Gonthier-Maurin. - Cela me pose
problème, car le recrutement national par concours est un fondement de
l'Éducation nationale. Le recteur de l'académie d'Amiens a
conforté mon sentiment en nous disant : « l'entreprise est
l'avenir de l'école, mais l'école est le futur de
l'entreprise ». Je ne peux accepter que l'employabilité soit
désormais l'objectif principal, au détriment de la formation la
plus poussée pour tous. La maîtrise du savoir et
l'épanouissement individuel sont des enjeux démocratiques.
L'école et la communauté éducative ont un rôle
essentiel à jouer pour ceux qui n'ont aucun autre moyen d'accéder
à la connaissance.
Au risque d'être schématique, je dirai que ce
rapport propose de réaliser l'école du socle commun. Sans
être hostiles au principe de ce dernier, nous nous interrogeons sur sa
hauteur et sur sa forme, quand la nouvelle architecture budgétaire sera
mise au service de l'employabilité. Si j'ai bien compris, vous proposez
de mutualiser l'offre de formation publique et privée, alors que le
secteur public assume seul un certain nombre de missions : voyez
l'enseignement agricole. Mis en place au nom de l'équité, le
socle commun contrarie l'égalité réelle, car il constitue
l'horizon indépassable des uns, mais une simple étape pour ceux
ayant vocation à poursuivre leurs études. En outre, je
m'inquiète de l'évaluation binaire des connaissances dans un
livret de compétences devenant un fichier.
Concrètement, le contrat l'emporte sur la loi, alors
que les chefs d'établissement voient leur marge de manoeuvre fondre
pendant que leur autonomie s'étend. Lors d'un colloque, l'un d'eux a dit
que l'autonomie consistait à faire plus avec des moyens réduits
et moins prévisibles. Dans une conception restrictive des
dépenses, la proposition de l'euro ne permettra pas de faire face
à cette problématique.
Sur le plan pédagogique, je crains un retour en
arrière, sans le moindre bilan de l'autonomie.
Nous risquons une réelle dégradation de
l'égalité sociale et territoriale, car l'existence de programmes
nationaux ne suffit pas à l'assurer.
Je ne partage pas les orientations de ce rapport sur
l'école.
M. Jean-Claude Carle, rapporteur. - Je n'ai
lu ni le rapport Grosperrin, ni le rapport Reiss.
Mme Brigitte Gonthier-Maurin. - Il y a
pourtant une grande convergence de vos pensées. Vous pourriez
adhérer à l'UMP...
M. Jean-Claude Carle. - Dans un État
de droit, la loi prime sur le contrat, mais j'estime qu'elle doit se borner
à tracer le cadre imposé à celui-ci.
M. Yannick Bodin. - Le rapporteur a raison de
dire que notre mission s'est déroulée dans une ambiance
excellente. Il est également dans le vrai en affirmant que nous n'avons
pas tous la même façon de voir les choses.
Nous approuvons certaines de ses propositions, qui figurent
d'ailleurs dans des textes déposés par ma famille politique, mais
d'autres nous mettent mal à l'aise. Je pense notamment à
l'organisation proposée pour le monde rural, à la création
de « préfets éducatifs », au sens concret de
l'évaluation et à l'effectivité de la sectorisation dans
les seules zones d'éducation prioritaire. S'est-on bien compris ?
Nous ne voulons pas que la carte scolaire ne soit respectée que dans les
ghettos.
Les points positifs sont insuffisants à nous faire
voter le rapport ; les points négatifs ne peuvent suffire à
justifier un vote contre, bien que la balance penche du côté des
insuffisances. Par exemple, nous estimons impensable de ne pas évoquer
les métiers de demain, alors que le rapport aborde sans cesse les
nouvelles missions. Il faudra bien former les maîtres, les directeurs,
les chefs d'établissement, les inspecteurs d'académie, les
recteurs et même le ministre ! Comment aborder toutes ces questions
sans préciser le rôle de chaque acteur ? Il y a un
décalage surréaliste entre les bonnes intentions du rapport et
les reculs imposés par le ministre. Le rapporteur est lancé dans
une course sans fin. Avec les mesures annoncées, l'Éducation
nationale coûtera bien plus cher qu'aujourd'hui. Nous aimons trop le
rapporteur pour le mettre en difficulté. À en croire Le
Monde, la droite veut faire évoluer l'école en 2012 en lui
accordant l'autonomie, comme elle l'a fait pour l'enseignement
supérieur. Laissant le rapporteur prendre ses responsabilités,
nous lui souhaitons bon courage pour ses relations avec le futur candidat UMP
à l'élection présidentielle !
M. Jean-Claude Carle, rapporteur. - Je ne
crois pas aux « grands soirs » de l'éducation, mais
à l'évolution dans la concertation et la négociation. Il
revient au législateur de tracer la voie, pour laisser la
contractualisation s'opérer sur le terrain.
Je ne suis pas ministre et je n'ai pas placé ma mission
de rapporteur sous le signe des échéances électorales
à venir. Comme toujours, je suis parti sans a priori.
J'essaierai d'assurer le service après-vente en étant
fidèle à notre travail, tout en sachant que faire aboutir nos
propositions ne sera pas facile. Le succès viendra par le bas, non par
le haut.
Mme Catherine Procaccia. - Directement
concernée par les établissements situés dans les zones
d'éducation prioritaire, je sais que ces structures découragent,
sauf les professionnels qui les ont choisies. Dans le Val-de-Marne, on refuse
les mutations demandées par des enseignants dont les conjoints exercent
leur activité ailleurs. Résultat : les
intéressés quittent l'enseignement.
M. Serge Lagauche, président. - Le
rapport reflète bien l'ensemble des auditions et des opinions. Dans une
période de choix politiques et vu les récriminations qui montent
du terrain, nous ne pouvons croire à certaines orientations, ni en
accepter d'autres. Cela vaut pour la révision générale des
politiques publiques (RGPP) comme pour la formation des enseignants, pour
lesquels le ministre propose une orientation en deuxième année de
master. Nous ne participons pas au vote et déposerons une contribution
reflétant le découragement suscité par la politique
actuelle.
Les propos du président de la République,
rapportés dans Le Monde, nous restent en travers de la gorge.
Il faut regagner la confiance des gens dont on veut faire évoluer le
travail. À l'évidence, les collectivités territoriales
seront encore plus sollicitées, sans la moindre contrepartie. Dans le
secteur de Daniel Dubois, il a fallu s'arc-bouter pour obtenir quelque chose.
Partout, c'est la volonté des élus qui fait évoluer la
situation.
Nous reconnaissons que la mission a très bien
travaillé.
M. Jean-Claude Carle, rapporteur. - J'ai
été particulièrement sévère avec le ministre
quant à l'absence de formation des maîtres : je lui ai
même « tanné le cuir » !
M. Yannick Bodin, président. - C'est
pourquoi le sujet méritait un chapitre.
M. Daniel Dubois. - Je voterai ce rapport. Un
enseignant, très attaché à l'Éducation nationale,
l'a décrite comme un « véritable
laminoir ».
Ce rapport propose une déconcentration accrue, de
vraies évaluations et un partenariat à créer. Aboutir
à une véritable éducation est une ambition nationale
à partager. C'est vrai aussi sur le plan local, pourvu que les
territoires puissent s'engager dans la transparence.
Contrairement aux années précédentes,
aucun départ d'enseignant n'a été constaté cette
année dans mon territoire, ce dont je me félicite. Pour mieux
apprécier le fonctionnement de l'école, je souhaite une
évaluation, certes pas dans l'intérêt des élus, mais
dans celui des enfants. La situation actuelle n'est pas satisfaisante.
Les pistes tracées par le rapport méritent
d'être creusées. C'est un long chemin !
Mme Françoise Laborde. - Ne souhaitant
pas verser dans la politique politicienne, nous ne prendrons pas part au
vote.
Le rapport contient des idées intéressantes,
notamment grâce aux comptes rendus d'auditions ou de rencontres, en
France ou à l'étranger. Nous ne pouvons toutefois le voter, en
raison du problème de la formation. Il n'y aura pas de fermeture de
classes l'année prochaine, annonce le président de la
République, mais il a fait le ménage en 2011 ! Certains
enseignants restent sur le carreau, alors que l'on en cherche d'autres à
Pôle emploi. Pour moi, il n'y a qu'un enseignement, il est public !
Comme Mme Keller, je constate que nous sommes coincés
dans ce rapport, car nous aurions envie d'aller plus loin, alors que notre but
n'est pas d'élaborer une nouvelle loi d'ensemble sur l'Éducation
nationale. La frustration est réelle.
Mme Colette Mélot. - Cette mission a
fourni un travail remarquable, avec de nombreux déplacements en France
et à l'étranger. Nous avons tous constaté
l'inadéquation du système aux réalités du pays. Une
évolution est donc indispensable et, s'il n'y a pas de solution miracle,
certaines expérimentations ont fait leurs preuves. Je pense notamment
à la mise en réseau du système scolaire, des services
sociaux et des services municipaux au sein d'une même ZEP.
Déployer une offre éducative territoriale fondée sur la
complémentarité des réseaux et le dynamisme des
partenariats est une excellente idée.
Le rapport est adopté.
CONTRIBUTIONS DES GROUPES POLITIQUES
Contribution du groupe
socialiste
et des sénateurs radicaux de gauche
Les sénateurs socialistes et des sénateurs
radicaux de gauche saluent l'importance des travaux réalisés par
la mission commune d'information sur l'organisation territoriale du
système scolaire et sur l'évaluation des expérimentations
locales en matière d'éducation.
S'ils partagent, pour l'essentiel, le constat du rapporteur,
qu'il s'agisse du succès global de notre système scolaire en
matière de massification contrebalancé, ces dernières
années, par l'accroissement des inégalités scolaires,
ainsi que de son appréciation pour le moins critique de la
« réformite aigüe » du gouvernement actuel en
matière éducative, ils contredisent l'idée que notre pays
consacre des moyens croissants à la politique éducative. Certes,
comme le mentionne le rapporteur, la dépense intérieure
d'éducation représentait bien 6,9 % du PIB en 2009... mais
contre 7,3 % en 2000 ! De même, si le non remplacement d'un
fonctionnaire sur deux n'a pas permis l'assainissement des finances
escompté par le gouvernement, la RGPP, avec sa stricte logique
comptable, a surtout réussi à mettre l'école à
genoux, particulièrement en milieu rural ! Mais de cela, il n'est
point question...
Si les sénateurs socialistes et des sénateurs
radicaux de gauche souscrivent bien évidemment à l'objectif d'une
« nouvelle ambition en faveur de la réussite scolaire
de » TOUS « nos enfants dans une société qui
a considérablement évolué » (pour reprendre et
compléter les termes du rapporteur), ils ne pensent pas que la
priorité doit être donnée à un nouveau cadre
décisionnel et organisationnel livré clés en main à
la communauté éducative. Une vraie politique de lutte contre les
inégalités scolaires doit être fondée sur
l'évolution des pratiques pédagogiques.
Néanmoins, du fait des politiques de
démantèlement de l'éducation nationale (avec plus de
65.000 postes supprimés depuis 2007), d'expérimentations à
outrance, et de « réformite » à courte vue,
que la communauté éducative a dû absorber depuis 2007, et
qui a largement contribué à l'accroissement de l'injustice
scolaire, il ne peut être question de lui administrer une Nième
réforme venue d'en haut.
C'est pourquoi, nous proposons une grande concertation de
l'ensemble des acteurs de la communauté éducative (personnels de
l'Éducation nationale, collectivités locales, parents,
associations...) afin d'engager notre nation, dans un nouveau pacte
éducatif partagé, pour sortir d'un système scolaire qui
sélectionne par l'échec et assurer la réussite du plus
grand nombre.
Dans cette perspective, les sénateurs socialistes et
les sénateurs radicaux de gauche pointent six axes prioritaires, pour
remettre notre système scolaire sur les rails de la lutte contre les
inégalités et redonner à notre école
républicaine son rôle d'émancipation et d'ascenseur
social.
Six axes prioritaires pour une école
républicaine de la réussite pour tous :
1. Le rôle de la maternelle et de la
préscolarisation dans la lutte contre les inégalités
sociales et scolaires qui en découlent :
Tout se joue dès le plus jeune âge : le
rôle de la maternelle est essentiel dans la lutte contre les
inégalités sociales, tout particulièrement en
matière d'acquisition du langage et d'accès à la
pensée abstraite. Or, depuis 2007, la maternelle a été la
variable d'ajustement des coupes budgétaires du gouvernement. La
préscolarisation dès deux ans a ainsi payé un lourd tribut
à la RGPP : elle est passée de 35,4 % en 2000 à
environ 13 % actuellement. Cette tendance doit être inversée.
L'école maternelle doit être renforcée et
sécurisée dans son rôle d'enseignement
préélémentaire sur tout notre territoire, tout
particulièrement en milieu rural, première cible des fermetures
d'écoles, et dans les quartiers sensibles. C'est pourquoi, à
l'initiative de Mme F. Cartron, le groupe socialiste a
déposé une proposition de loi pour rendre la scolarité
obligatoire à trois ans.
2. Une refonte de la formation des enseignants,
initiale et continue, pour enseigner autrement :
Le niveau de formation des enseignants au grade de master
constitue une évolution positive, mais cette élévation ne
s'est pas accompagnée d'un développement de la formation
professionnelle en immersion, à la hauteur des attentes et des enjeux de
l'enseignement du XXIe siècle. Enseigner est un métier
qui s'apprend : là encore, l'aspect strictement comptable ayant
primé, les orientations de la « réforme » ont
semblé oublier ce principe fondamental. Nous devons donc renforcer la
formation pratique, par des stages en immersion suffisamment longs et
significatifs, qui permettent une prise de responsabilité progressive et
un accompagnement personnalisé. Il conviendrait également que les
masters comportent des enseignements spécifiques en sociologie,
psychologie et sciences de l'éducation, disciplines de soutien à
l'adaptation de la pédagogie de l'enseignant à des publics
divers, dont les élèves à besoins spécifiques, et
à la gestion de groupes d'élèves
hétérogènes.
3. Un véritable projet d'établissement
autour de la pédagogie différenciée, vecteur de la
réussite scolaire pour tous :
Contre la difficulté et le décrochage scolaires,
l'accent doit être mis, dans le cadre de l'horaire normal d'enseignement,
sur la pédagogie différenciée, les méthodes et la
personnalisation des apprentissages, portées par un projet
d'établissement partagé. Dans cette perspective, les
équipes pédagogiques pourront disposer d'une part de la dotation
en heures d'enseignement. L'autonomie pédagogique des
établissements scolaires doit se concrétiser à travers le
projet pédagogique et non pas, comme le propose le rapporteur, par un
« contrat d'objectifs entre les recteurs et les
établissements ». La question de la transmission des savoirs
et des compétences est au coeur du métier enseignant ; la
majorité, par dogmatisme « anti-pédagogie »,
l'a laissée de côté. Pour les sénateurs socialistes
et les sénateurs radicaux de gauche, ces questions priment : de
l'évolution de l'acte et du projet pédagogiques, doit
découler l'architecture organisationnelle et fonctionnelle de notre
système scolaire, et non l'inverse. C'est pourquoi, la concertation
à engager devra prioritairement traiter les questions du socle commun
des connaissances et compétences qui impliquent des apprentissages par
pôles thématiques pluridisciplinaires, d'un véritable
fonctionnement par cycles qui remet en cause le fonctionnement par classe
annualisée au profit de rythmes d'apprentissages
différenciés en groupes de travail, afin de tendre vers une
réelle continuité éducative.
4. La modulation des moyens et la mixité
sociale :
Les socialistes et les radicaux de gauche ont toujours
défendu le principe « donner plus à ceux qui ont
moins ». Aussi, ne peuvent-ils que partager l'objectif de garantie
d'une politique durable et efficace de lutte contre les
inégalités scolaires. Par contre, les sénateurs
socialistes et les sénateurs radicaux de gauche sont résolument
hostiles au retour à une sectorisation plus stricte pour les seuls
élèves de l'éducation prioritaire, qui ne peut conduire
qu'à l'aggravation de la ségrégation scolaire. Cette
proposition du rapporteur est une aberration : une carte scolaire
assouplie voire inexistante pour les plus favorisés, la contrainte pour
les plus fragiles ! Le rapprochement des dispositifs de la politique de la
ville et de l'éducation prioritaire est nécessaire pour
réduire l'empilement des mesures ; cependant aligner leur
géographie, comme le stipule le rapport, ne doit pas conduire à
écarter les zones rurales défavorisées du
bénéfice de l'éducation prioritaire. C'est pourquoi, nous
proposons une modulation de la dotation de moyens par établissement en
fonction des catégories sociales du public scolarisé, ainsi
qu'une nouvelle sectorisation comprenant un indice de mixité sociale.
5. Le partenariat éducatif pour une
éducation globale :
Les sénateurs socialistes et les sénateurs
radicaux de gauche plaident pour un développement des politiques
éducatives partenariales à l'échelon des bassins de
formation, pour une meilleure articulation des actions de tous les acteurs de
l'éducation au sens large (collectivités locales,
éducation nationale, associations...). Cette politique partenariale doit
garantir une cohérence des différents temps de vie de l'enfant,
dans une perspective d'éducation globale. Elle implique une école
plus ouverte sur son environnement. Il s'agit d'aboutir à un projet
éducatif partagé s'appuyant sur le territoire. Ce type de projet
partenarial est plus à même de coordonner les trois leviers :
famille, école et son environnement socio-économique, qu'un
pilotage par le nouvel échelon hiérarchique régional du
« préfet éducatif » via un
« contrat de stratégie éducative
régionale » prôné par le rapport.
6. La spécificité de l'école en
milieu rural :
Les sénateurs socialistes et les sénateurs
radicaux de gauche ne partagent pas l'analyse du rapporteur sur les
inconvénients pédagogiques des petites écoles rurales,
puisque les élèves en primaire des zones rurales y
réussissent globalement mieux, y compris ceux scolarisés dans des
classes uniques à plusieurs niveaux. Ces petites écoles du rural
isolé ou de montagne sont même celles qui ont
développé le plus tôt le fonctionnement en réseau,
grâce aux NTIC, pour rompre justement leur isolement. Nul besoin de
« transformer les territoires ruraux en foyers d'innovation
scolaire », ils le sont déjà ! Attelons nous
plutôt à créer les conditions de diffusion de
l'innovation !
Et si regroupement pédagogique il doit y avoir, il doit
répondre à un objectif pédagogique et être
initié par les collectivités locales dans une démarche
partenariale. Rappelons, à toute fin utile, que l'écart de
« coût » entre une école centralisée et
des écoles éparpillées dans les villages est faible (de
l'ordre de 5 %), seule la prise en charge du
« surcoût » diffère ! C'est pourquoi,
nous réclamons, avant toute chose, un moratoire sur les fermetures de
classes, et ce dès la rentrée 2011 !
Redonner au service public, et en premier lieu à celui
de l'Éducation nationale, son rôle de réduction des
inégalités sociales et territoriales, pour la réussite de
tous les élèves, telle doit être notre priorité. Le
sujet retenu pour cette mission impliquait un débat biaisé
dès le départ : comment lutter contre les
inégalités sociales et scolaires, sans aborder les pratiques
pédagogiques et la formation des enseignants ? Comment
réfléchir à une nouvelle organisation territoriale de
notre système scolaire sans inverser la logique budgétaire
actuelle et stopper le démantèlement de notre système
scolaire ? Aussi, les sénateurs socialistes et les sénateurs
radicaux de gauche n'ont-ils pas souhaité prendre part au vote de ce
rapport.
Coïncidence ? Au moment où est adopté
ce rapport, N. Sarkozy se lance dans une communication électoraliste -
à propos de laquelle personne n'est dupe - sur les fermetures de
classes en... 2012 ! De là, à penser que ce rapport a
été conçu par la majorité sénatoriale, en
mal de reconnaissance élyséenne, comme un moyen de contribuer
à la réflexion programmatique du
« Président-candidat »...
Contribution du groupe communiste, républicain, citoyen et des sénateurs du parti de gauche
Par Brigitte Gonthier-Maurin, sénatrice des
Hauts-de-Seine
L'éducation est profondément et avant tout une
question politique et l'institution qui l'organise fondatrice du projet de
société dans laquelle nous voulons vivre.
Les enseignants, les parents d'élèves, les
citoyens dans leur grande majorité s'interrogent aujourd'hui sur les
raisons profondes de la course à l'abîme qui semble avoir saisi
notre système éducatif, incapable de faire face aux
problèmes que pose l'évolution des jeunes et de notre
société : difficultés d'appropriation des savoirs
scolaires, refus d'apprendre, perte de repères, banalisation des
incivilités, actes de violence...
Pourquoi, avec le nombre et la diversité des
réformes entreprises, n'arrive-t-on pas à éradiquer
l'échec scolaire ? Comment donner du sens à l'apprentissage
des savoirs scolaires pour les élèves ?
Le rapport de cette mission commune d'information prend acte
de la situation dans laquelle la politique du gouvernement a
précipité notre système éducatif. Il souligne des
réalités indéniables. La multiplication des
réformes tous azimuts et la généralisation
d'expérimentations sans aucune concertation ni évaluation, comme
par exemple le label CLAIR devenu ECLAIR, ont profondément
déstabilisé et fragilisé la communauté
éducative.
Si le diagnostic est à maints égards lucide, les
remèdes avancés pourraient conduire à une nouvelle
dégradation de la situation. En ce sens qu'ils sous-estiment le
véritable enjeu : celui de la démocratisation.
Je ne partage pas l'idée avancée dans le rapport
selon laquelle « l'Éducation nationale a globalement
réussi sa mission de démocratisation ». Non, ce qui
s'est opéré, et c'est très bien, c'est la massification,
sinon, on ne parlerait pas ici des 160 000 sorties sans qualification et
du creusement des inégalités.
Le chercheur Jean-Yves Rochex ne dit pas autre chose lorsqu'il
explique qu'il y a bien eu une démocratisation, mais
« quantitative », démocratisation qui ne s'est pas
accompagnée d'une diminution des inégalités sociales,
elles se sont justes décalées dans le temps.
Le défi est donc de relancer la démocratisation
de notre système scolaire, pour qu'elle aboutisse.
L'ampleur de la crise, des difficultés sociales,
économiques, écologiques qui en découlent, appellent un
autre mode de développement humain.
Dans cette perspective, la maîtrise des savoirs et
l'émancipation culturelle des individus deviennent des enjeux
décisifs pour la démocratie, pour lesquelles l'école et la
communauté éducative ont un rôle déterminant
à jouer.
Il s'agit, en effet, de refonder les capacités des
hommes et des femmes à maîtriser collectivement les
évolutions de la société et de leur propre vie. Pour cela,
il faut commencer par le commencement : c'est-à-dire par la culture
scolaire. Autrement dit, la part de la culture dont la société
confie à l'école la responsabilité de sa transmission aux
jeunes générations.
Comment penser que les propositions avancées
majoritairement par la mission commune99(*) pourront y répondre quant elles recommandent
de poursuivre la fuite en avant dans les restrictions budgétaires et la
RGPP et instaurent une organisation nationale de l'école du socle commun
quand il faudrait une organisation nationale d'un système
éducatif public rénové.
Le concept de socle commun de connaissances et de
compétences, issu de la loi Fillon de 2005 sur l'École, est
déployé au nom de l'équité. Or, ce concept dont se
réclame le rapport a fait peu à peu disparaître celui
d'égalité réelle. L'équité avec le socle
commun est définie en termes de « minimum » à
acquérir, créant de fait deux types d'élèves :
ceux pour qui ce socle constituerait un horizon indépassable et ceux qui
seraient naturellement destinés à la poursuite d'études au
lycée et dans l'enseignement supérieur. Au sein de ce socle, les
connaissances et compétences sont évaluées selon un mode
binaire, acquis/non acquis, alimentant un livret de compétences,
destiné à devenir un fichier informatisé, tout au long de
la vie.
S'appuyant sur la réalité des investissements,
au motif louable, des collectivités territoriales déjà
conséquents et de partenariats locaux existants, le rapport veut
présenter l'accroissement de l'autonomie des
« établissements » et l'instauration d'une
contractualisation, comme une évidence susceptible de réduire
l'échec scolaire. Mais reste bien posée la question de
l'égalité des droits, partout, dans tous les territoires et tout
le temps.
Au menu donc du rapport : casse du recrutement national
et instauration d'un recrutement des enseignants sur profil ;
création des EPEP et de réseaux d'établissements afin
d'inscrire dans le marbre l'autonomie des établissements alors
même qu'aucun bilan n'en est tiré, selon le propre constat du
rapport ! ; mise en place de contrats de stratégies
éducatives régionaux ; nouvelle architecture
budgétaire et gestion à l'euro courant destinées à
répondre à la seule logique d'économies et de restrictions
des moyens ; mutualisation des moyens entre public et privé pour
l'offre de formation, au mépris de toutes les missions assurées
gratuitement par le seul service public...
De fait, les propositions contenues dans le rapport sont
conformes au projet de la majorité présidentielle pour
l'École et s'inscrivent dans les préconisations de Lisbonne
« d'une économie de la connaissance la plus
compétitive ». Il s'agit notamment de tirer un trait sur
l'idée d'une seule et même école pour tous et d'avancer
vers l'école de l'employabilité.
La mission ne dit-elle pas faire sienne les propos du Recteur
d'Amiens : « L'entreprise est l'avenir de l'École,
mais l'école est le futur de l'entreprise ». Autrement
dit, glisser d'une conception du plus haut niveau de connaissances pour tous
à une conception d'employabilité.
Ce n'est pas ma conception de l'école. D'une part,
parce que je reconnais à chaque enfant les capacités
d'acquérir un haut niveau de qualifications dès lors que la
Nation s'en fixe l'ambition et que l'État s'en donne les moyens. Et
d'autre part, parce que démocratiser réellement l'école
implique de comprendre les ressorts des difficultés scolaires. Il s'agit
dès lors de concevoir, de construire un système public
d'éducation ancré sur cet objectif de réussite de tous et
toutes, quels que soient l'origine et le lieu de résidence.
Le traitement des difficultés et de l'échec
scolaires ne peut se faire en dehors de l'école, et encore moins
dispensé par des sociétés privées. Les
difficultés scolaires ne sont pas prédéterminées.
Elles prennent racines dans les inégalités sociales et se
construisent aussi tout au long du cursus scolaire. C'est donc un
système au service de la réduction des inégalités
scolaires et de promotion des potentiels de chacun, dès les
premières années, qu'il faut mettre en place, fait de
capacités d'écoute et d'adaptation à l'enfant, de
passerelles, d'accompagnement et de remédiation.
On voit l'importance des enseignants RASED qu'il faut
impérativement maintenir et développer, celle des conseillers
d'orientation psychologues et celle non moins déterminante de la
formation pédagogique et disciplinaire, initiale et continue des
enseignants afin de stimuler un retour réflexif sur leurs pratiques et
des temps de réflexion pédagogique inclus dans leur service.
Enseigner est un métier qui s'apprend !
Il est à ce titre très regrettable que la
question de la formation des enseignants soit évacuée de ce
rapport, au motif qu'elle ne fait pas partie du périmètre de la
mission, alors qu'elle est pour moi une question centrale et cruciale. Et
qu'elle doit demeurer fondée sur des concours et un recrutement
nationaux, pour une reprise de sens, pour la place de l'école et des
enseignants dans la société.
Tout ceci passe par une amélioration des conditions
d'enseignement, tout d'abord en allongeant la scolarité, ouvrant un
droit à scolarisation dès 2 ans et obligatoire de 3 à
18 ans, appuyée sur un programme unique jusqu'à la fin du
collège, le maintien de filières véritables et ambitieuses
comme outil supplémentaire à la démocratisation et non
à la sélection des meilleurs, des diplômes nationaux. Alors
que notre époque se caractérise par l'ampleur et
l'accélération des innovations technologiques, l'essentiel des
savoirs techniques, technologiques et professionnels ne font pas partie de la
culture scolaire générale. Il reste confiné au cadre quasi
exclusif des filières technologiques et professionnelles des
lycées.
Une véritable démocratisation scolaire passe
impérativement de surcroît par une redéfinition des
programmes à partir du référent de
l'enfant-élève qui n'a que l'école pour acquérir
les savoirs.
De même, outre la nécessité de
rétablir une véritable mixité sociale dans les
établissements via le retour à la carte scolaire,
l'éducation prioritaire ne doit pas devenir une « autre
école ». Bien au contraire, il s'agit de mettre les moyens
dans ces établissements pour y faire la même école
qu'ailleurs.
L'École pour tous, dont celles et ceux qui n'ont que
l'école pour apprendre, doit demeurer nationale, publique et
laïque. Car à travers elle, c'est aussi l'ambition et la
volonté d'une Nation d'éduquer tous les élèves,
tous les jeunes, sans distinction d'origine, de lieux de vie, qui s'affirme, et
non l'adaptabilité à des réalités territoriales,
budgétaires et/ou économico-entrepreneuriales.
MISSION « ENSEIGNEMENT
SCOLAIRE » :
L'EXERCICE DU DROIT D'AMENDEMENT DEPUIS 2006
Projet de loi de finances
|
Auteur
|
Objet
|
Sort en séance
|
2011
|
MM. Bernier et Gaudron au nom de la commission des affaires
culturelles (AN)
|
Financement des emplois de vie
scolaire : majoration des crédits HT2 du
programme « Vie de l'élève » à hauteur
de 20 millions d'euros, diminution à due
concurrence des crédits T2 du programme relatif à l'enseignement
du second degré (diminution des crédits fléchés sur
les heures supplémentaires).
|
Adopté
|
2011
|
Mme Faure et les membres du groupe socialiste, radical, citoyen
et divers gauche
|
idem
|
Adopté
|
2011
|
MM. Bernier et Gaudron au nom de la commission des affaires
culturelles (AN)
|
Demande d'un rapport sur la scolarisation des enfants
handicapés en milieu ordinaire.
|
Adopté
|
2011
|
M. Gaudron (AN)
|
identique
|
Adopté
|
2011
|
M. Carle au nom de la commission de la culture du
Sénat
|
Revalorisation des carrières des personnels de
médecine scolaire : majoration des crédits T2 du
programme « Vie scolaire » à hauteur d'un
million d'euros. Diminution à due concurrence des
crédits T2 du programme « Soutien de la politique de
l'éducation nationale ».
|
Adopté
|
2011
|
M. Carle au nom de la commission de la culture du
Sénat
|
Moindre suppressions de postes dans l'enseignement
privé en permettant le rétablissement de 100 ETPT pour
2012 : majoration des crédits T2 du programme
« Enseignement privé du 1er et du 2nd
degrés » à hauteur de 4 millions
d'euros. Diminution à due concurrence des crédits T2 du
programme « Soutien de la politique de l'éducation
nationale ».
|
Adopté
|
2011
|
M. Legendre au nom de la commission de la culture du
Sénat
|
Développement des écoles numériques
rurales : majoration des crédits HT2 du programme
« Soutien de la politique de l'éducation nationale»
à hauteur de 25 millions d'euros.
Diminution à due concurrence des crédits T2 du programme
« Enseignement scolaire public du second degré »
(diminution des crédits consacrés aux heures
supplémentaires).
|
Adopté
|
2011
|
Le Gouvernement
|
Minoration à hauteur de 400 273 euros les
crédits de la mission compte tenu de l'ajustement des transferts de
compétences à certaines régions et au STIF
|
Adopté
|
2011
|
Mme Gonthier-Maurin et les membres du groupe CRC et les
sénateurs du Parti de Gauche (Sénat)
|
Demande de rapport sur l'enseignement technique agricole.
|
Rejeté
|
2010
|
M. Gaudron (AN)
|
Demande d'un rapport sur la scolarisation des enfants
handicapés en milieu ordinaire avant le 30 juin 2010.
|
Adopté
|
M. le Mèner au nom de la commission des affaires
culturelles (AN)
|
idem
|
Adopté
|
|
2010
|
MM. Carle, Humbert et Beaumont (Sénat)
|
Modification de la suppression des crédits
adoptée par l'Assemblée nationale.
|
Rejeté
|
2010
|
MM. Longuet et Legendre (Sénat)
|
Majoration des crédits du programme
« Enseignement technique agricole » à hauteur de 1,8
million d'euros afin de rétablir 50 ETPT.
|
Adopté
|
2010
|
M. Longuet au nom de la commission des finances du
Sénat
|
Précision apportée au contenu du rapport
demandé sur la scolarisation des enfants handicapés
|
Adopté
|
2009
|
Le Gouvernement
(AN)
|
Ajustement du droit à compensation des transferts
aux régions et aux départements des personnels TOS. Diminution
des crédits de la mission de 2,6 millions
d'euros.
|
Adopté
|
2009
|
MM. Rouault, Bouvard, Christ, Fourgous (AN)
|
Financement de l'enseignement privé :
majoration des crédits du programme concerné de 15 millions
d'euros, diminution à due concurrence des crédits du programme
« Soutien de la politique de l'éducation
nationale »
|
Retiré
|
2009
|
M. Reiss (AN)
|
Acquisition de matériel pédagogique
adapté : majoration des crédits du
programme « Vie de l'élève » de 2
millions d'euros ; diminution à due concurrence des
crédits du programme « Enseignement scolaire public du second
degré »
|
Adopté
|
2009
|
MM. Rouault, Bouvard, Giscard d'Estaing, Prévost et
Richard (AN)
|
Financement de l'enseignement technique
agricole / majoration des crédits du programme
« Enseignement technique agricole » de 1,2 million
d'euros ; diminution à due concurrence des crédits
du programme « Soutien de la politique de l'éducation
nationale »
|
Rejeté
|
2009
|
M. Lachaud, Jardé, Baguet et Leteurtre (AN)
|
Création de 10 emplois de médecins
scolaires : majoration des crédits du programme
« Vie de l'élève » de
151 000 euros, diminution à due concurrence
des crédits du programme « Enseignement scolaire public du
second degré »
|
Adopté
|
2009
|
M. Durand, Mme David
(AN)
|
Demande de rapport sur les conséquences de
la décentralisation des personnels TOS.
|
Rejeté
|
2009
|
Mme Férat au nom de la commission des affaires
cultuelles du Sénat
|
Majoration des crédits T2 du programme
« Enseignement technique agricole »
à hauteur de 48,5 millions d'euros. Diminution à
due concurrence des crédits du programme « Enseignement
scolaire du second degré »
|
Adopté
|
2009
|
M. Muller
(Sénat)
|
Rétablissement des 3 000 postes de
RASED supprimés par le PLF pour 2009. Majoration des
crédits T2 du programme « Enseignement scolaire public du
second degré » à hauteur de 56 millions d'euros,
diminution à due concurrence des crédits T2 du programme
« Enseignement scolaire public du second degré »
|
Rejeté
|
2009
|
Le Gouvernement
|
Ajustement du droit à compensation des
transferts aux régions et aux départements. Minoration
des crédits du programme « Enseignement technique
agricole » de 5,6 millions d'euros.
|
Retiré
|
2009
|
Le Gouvernement
|
Majoration des crédits de l'enseignement
technique agricole à hauteur de 3 millions d'euros. Diminution
des crédits de la mission « Agriculture, pêche,
alimentation, forêt et affaires rurales »
|
Adopté
|
2008
|
M. Apparu (AN)
|
Intégration des CPO et des directeurs des entres
d'information et d'orientation dans la fonction publique territoriale :
diminution des crédits du programme « enseignement scolaire
public du second degré » de 275 millions d'euros au profit du
programme « Vie de l'élève »
|
Retiré
|
2008
|
Mme Mazetier, M. Durand, Mme Pinel (AN)
|
Développement de la pré-scolarisation
à deux ans : diminution des crédits du programme
« enseignement scolaire privé du premier et du second
degrés » de 255 millions d'euros au profit du programme
« « Enseignement scolaire public du premier
degré »
|
Rejeté
|
2008
|
Mme Mazetier, M. Durand, Mme Pinel (AN)
|
Renforcement de la pré-scolarisation à deux
ans : diminution des crédits T2 du programme
« enseignement scolaire public du second degré »
(réduction des HS) de 27,9 millions d'euros au profit des crédits
T2 du programme « Enseignement scolaire public du premier
degré »
|
|
2008
|
Le Gouvernement
|
Accompagnement des élèves handicapés
par le recrutement d'AVS I . Diminution de 15 millions d'euros des
crédits du programme « Soutien » pour augmenter
à due concurrence ceux du programme « Vie de
l'élève »
|
Adopté
|
2008
|
M. Censi
|
Ventilation des moyens entre l'enseignement technique
agricole public et enseignement technique agricole privé. Diminution de
8 millions d'euros des crédits T2 au profit des crédits
HT2
|
Retiré
|
2008
|
M. Censi au nom de la commission des finances (AN)
|
Financement de l'enseignement technique agricole
privé : diminution des crédits du
programme « Enseignement scolaire public du second
degré » à hauteur de 8 millions d'euros pour majorer
les crédits du programme « Enseignement technique
agricole ».
|
Retiré
|
2008
|
M. Lachaud
|
Financement des transports scolaires :
augmentation de 7 millions d'euros des crédits du
programme « Soutien de la politique de l'éducation
nationale » gagée par une diminution équivalente des
crédits du programme « Vie de
l'élève ».
|
|
2008
|
M. Lachaud
|
Accompagnement des élèves
handicapés : augmentation de 5 millions d'euros
des crédits du programme « Vie de
l'élève » gagée par une diminution à due
concurrence des crédits du programme « Soutien de la politique
de l'éducation nationale ».
|
Retiré
|
2008
|
M. Censi au nom de la commission des finances (AN)
|
Financement des AVS dans l'enseignement technique
agricole. Transfert de 800 000 euros du programme
« Vie de l'élève » vers le programme
« Enseignement technique agricole ».
|
Adopté
|
2008
|
M. Censi au nom de la commission des finances (AN)
|
Financement de l'enseignement technique agricole
public. Transfert de 780 000 euros du programme
« Enseignement scolaire public du premier degré »
vers le programme « Enseignement technique
agricole ».
|
Adopté
|
2008
|
M. Longuet au nom de la commission des finances du
Sénat
|
Diminution des crédits du programme « Vie de
l'élève » à hauteur de 8 millions d'euros. Prise
en compte de l'audit de modernisation sur les aides financières aux
élèves.
|
Adopté
|
2008
|
M. Longuet au nom de la commission des finances du
Sénat
|
Améliorer la transparence budgétaire s'agissant
de la ventilation de la provision constituée afin de préparer la
revalorisation de la fonction enseignante. Majoration de 22 millions
d'euros les crédits du programme « Enseignement
scolaire public du premier degré » et diminution à due
concurrence des crédits du programme relatif au second degré.
|
Adopté
|
2008
|
M. Longuet au nom de la commission des finances du Sénat
|
Diminution de 24 millions d'euros des crédits du
programme « Enseignement scolaire public du second
degré » compte tenu de l'insuffisante justification du
doublement des crédits consacrés aux vacations et aux
suppléances.
|
Retiré
|
2008
|
Le Gouvernement
|
Ajustement du droit à compensation des transferts aux
régions et aux départements des personnels TOS. Diminution des
crédits de la mission de 165 millions d'euros.
|
Adopté
|
2007
|
Le Gouvernement
|
Ajustement du droit à compensation des transferts
aux régions et aux départements des personnels TOS. Diminution
des crédits de la mission de 2,6 millions d'euros.
|
Adopté
|
2007
|
M. Rouault
|
Financement de l'enseignement privé :
majoration de 15 millions d'euros du programme « Enseignement
privé du premier et du second degrés ». Diminution
à due concurrence des crédits du programme « Soutien de
la politique de l'éducation nationale »
|
Rejeté
|
2007
|
M. Reiss
|
Acquisition de matériel pédagogique
adapté pour les élèves handicapés. Majoration de
deux millions d'euros des crédits du programme « Vie de
l'élève » gagée par une diminution à due
concurrence des crédits du programme « Enseignement scolaire
public du second degré ».
|
Adopté
|
2007
|
M. Rouault
|
Financement de l'enseignement technique agricole.
Transfert de 1,2 million d'euros du programme « Soutien de la
politique de l'éducation nationale » vers le programme
« Enseignement technique agricole ».
|
Rejeté
|
2007
|
M. Lachaud
|
Recrutement de médecins scolaires à la
rentrée scolaire de 2007. Transfert 151 000 euros du programme
« Enseignement scolaire public du second
degré » vers le programme « Vie de
l'élève ».
|
Adopté
|
2007
|
M. Durand, Mme David
|
Demande de rapport sur les conséquences de la
décentralisation des TOS.
|
Rejeté
|
2007
|
M. Longuet au nom de la commission des finances du
Sénat
|
Diminution d'un million d'euros les crédits du
programme « Soutien de la politique de l'éducation
nationale » compte tenu des conclusions de la Cour des comptes sur le
CNED. Majoration à due concurrence des crédits HT2 du programme
« Enseignement scolaire public du second degré »
afin d'améliorer le financement du matériel pédagogique
des établissements classés ZEP.
|
Retiré
|
2007
|
M. Seillier
|
Majoration de 15 millions d'euros des crédits de
l'enseignement privé. Diminution à due concurrence des
crédits du programme « Soutien de la politique de
l'éducation nationale)
|
Retiré
|
2007
|
MM. Texier, Esneu, Martin, de Broissia et Trillard
|
identique
|
Retiré
|
2007
|
MM. Texier, Esneu, Martin, de Broissia et Trillard
|
Majoration des crédits de l'enseignement technique
agricole à hauteur de 1, 2 million d'euros
|
Rejeté
|
2007
|
M. Richert au nom de la commission des affaires culturelles du
Sénat
|
Revalorisation des bourses au collège. A cette fin
majoration des crédits du programme « Vie de
l'élève » à hauteur de 3,6 millions d'euros et
du programme relatif à l'enseignement privé de 400.000 euros.
Diminution des crédits du programme « Enseignement scolaire
public du second degré » de 4 millions d'euros
|
Adopté
|
2007
|
Le Gouvernement
|
Ajustement du droit à compensation des transferts aux
régions et aux départements des personnels TOS. Diminution des
crédits de la mission de 553,5 millions d'euros.
|
Adopté
|
2007
|
MM. Carle, Emin, Humbert et Martin
|
Revalorisation des bourses au collège. A cette fin
majoration des crédits du programme « Vie de
l'élève » à hauteur de 8,9 millions d'euros et
du programme relatif à l'enseignement privé de 900.000 euros.
Diminution des crédits du programme « Enseignement scolaire
public du second degré » de 4 millions d'euros
|
Retiré au profit de l'amendement de la
commission
|
2006
|
M. Chamard au nom de la commission des finances de
l'Assemblée nationale
|
Diminution de 80 millions d'euros les crédits du
programme « Enseignement scolaire public du second
degré » : tirer les conséquences du rapport de la
Cour des comptes sur les enseignants sans classes.
|
Retiré
|
MM. Chamard, Méhaignerie, Carrez et Loïc Bouvard
(AN)
|
Diminution de 40 millions d'euros les crédits du
programme « Enseignement scolaire public du second
degré » : tirer les conséquences du rapport de la
Cour des comptes sur les enseignants sans classes.
|
Retiré
|
|
Le Gouvernement
|
Diminution de 40 millions d'euros les crédits du
programme « Enseignement scolaire public du second
degré ». Augmentation de 35 millions des crédits du
programme « Vie de l'élève » afin de
développer les bourses au mérite, recruter des assistants
d'éducation. Majoration de 5 millions d'euros des crédits du
programme « Soutien » afin d'appuyer certaines associations
en zones sensibles
|
Adopté
|
|
M. Chamard au nom de la commission des finances (AN)
|
Financement des MFR. Majoration des crédits du
programme « Enseignement technique agricole » de 15,5
millions d'euros gagé par une diminution des crédits du programme
« Enseignement scolaire du second degré ».
|
Retiré
|
|
Le Gouvernement
|
Financement des MFR. Majoration des crédits du
programme « Enseignement technique agricole » de 8 millions
d'euros gagé par une diminution des crédits du programme
« Enseignement scolaire du second degré ».
|
Adopté
|
|
2006
|
Mme Férat au nom de la commission des affaires
culturelles
|
Majoration des crédits de l'enseignement technique
agricole à hauteur de 12 millions d'euros. Diminution des crédits
du programme « Enseignement scolaire public du second
degré » de 7 millions d'euros et du programme
« Vie de l'élève » à hauteur de 5
millions d'euros.
|
Retiré
|
2006
|
M. Carle et les membres du groupe UMP
|
Majoration des crédits de l'enseignement technique
agricole à hauteur de 5 million d'euros. Diminution à due
concurrence des crédits du programme « Enseignement scolaire
public du second degré »
|
Retiré
|
2006
|
Mmes Voynet, Blandin et Boumediene-Thiery
|
Accompagnement des enfants handicapés. Majoration des
crédits du programme « Vie de
l'élève » à hauteur de 10 millions d'euros en CP
et 15 millions d'euros en AE. Diminution à due concurrence des
crédits du programme «Enseignement scolaire privé du premier
et second degrés »
|
Rejeté
|
2006
|
Mmes Voynet, Blandin et Boumediene-Thiery
|
Création de nouvelles UPI. Majoration des
crédits du programme « Enseignement scolaire public du second
degré » à hauteur de 5 millions d'euros. Diminution
à due concurrence des crédits du programme « Soutien de la
politique de l'éducation nationale »
|
Rejeté
|
2006
|
Mmes Voynet, Blandin et Boumediene-Thiery
|
Financement d'une action pédagogique pour
l'éducation à l'environnement. Majoration des crédits
programme « Enseignement scolaire public du premier
degré » à hauteur de 300 000 euros. Diminution à
due concurrence des crédits du programme «Enseignement scolaire
privé du premier et second degrés»
|
Rejeté
|
2006
|
Mme Férat, MM. Amoudry et Arnaud
|
Majoration des crédits de l'enseignement technique
agricole à hauteur de 8 millions d'euros. Diminution à due
concurrence des crédits du programme « Enseignement scolaire
public du second degré ».
|
Retiré
|
2006
|
M. Lagauche et les membres du groupe socialiste,
apparentés et rattachés
|
Remise en cause de la décision de transformer les
emplois mis à disposition des associations en emplois
détachés. Majoration de 42 millions d'euros le programme Soutien
grâce à la diminution des crédits du titre 2 de trois
programmes.
|
Rejeté
|
2006
|
Mme Létard, MM. Vallet et Mme Férat
|
Revalorisation des médecins scolaires. Majoration des
crédits du programme « Vie de
l'élève » de 370 000 euros.
Diminution à due concurrence des crédits du programme
« Enseignement scolaire public du second degré ».
|
Adopté
|
2006
|
Mme David, MM. Ralite, Renar et Voguet
|
Remise en cause de l'amendement adopté à
l'Assemblée nationale suite à la crise des banlieues.
|
Rejeté
|
2006
|
Mme David, MM. Ralite, Renar et Voguet
|
Majoration des crédits du programme
« Enseignement scolaire public du second degré »
à hauteur de 8 millions d'euros. Diminution à due concurrence des
crédits du programme « Enseignement technique
agricole ». Remise en cause de l'amendement voté par
l'Assemblée nationale.
|
Rejeté
|
2006
|
Mme David, MM. Ralite, Renar et Voguet
|
Majoration des crédits de l'enseignement technique
agricole à hauteur de 8 millions d'euros. Diminution à due
concurrence des crédits du programme « Enseignement scolaire
privé du premier et du second degrés ».
|
Rejeté
|
2006
|
Le Gouvernement
|
Mise à disposition de personnels enseignant à
l'ENSMIC. Majoration de 257 000 euros.
|
Adopté
|
2006
|
Le Gouvernement
|
Majoration des crédits du programme
« Enseignement technique agricole» à hauteur de
10 millions d'euros : 6 millions par
redéploiement de crédits des programmes « Enseignement
scolaire public du premier degré » et « Enseignement
scolaire public du second degré ». et 4 millions
d'euros en provenance de la mission « Agriculture, pêche et
affaires rurales ».
|
Adopté
|
2006
|
M. Seillier
|
Majoration des crédits de l'enseignement technique
agricole à hauteur de 5 million d'euros. Diminution à due
concurrence des crédits du programme « Soutien de la politique
de l'éducation nationale »
|
Rejeté
|
CIRCULAIRES RELATIVES À L'ENSEIGNEMENT SCOLAIRE PUBLIÉES PAR LE MINISTÈRE CHARGÉ DE L'ÉDUCATION NATIONALE EN 2010
N°
|
Date de signature
|
Titre
|
1
|
30/12/2010
|
Formation continue - Présentation des priorités
du plan national de formation en direction des cadres pédagogiques et
administratifs de l'Éducation nationale
|
2
|
23/12/2010
|
Actions européennes - Appel à propositions
relatif au programme d'action dans le domaine de l'éducation et de la
formation tout au long de la vie (2007-2013) - année scolaire et
universitaire 2011-2012
|
3
|
22/12/2010
|
Formation - Formation à la tenue de classe des
professeurs et conseillers principaux d'éducation stagiaires et des
personnels enseignants et d'éducation des établissements relevant
du programme Clair
|
4
|
20/12/2010
|
Autorisations d'absence - Calendrier des fêtes
religieuses de l'année civile 2011 pour lesquelles des autorisations
d'absence peuvent être accordées
|
5
|
12/11/2010
|
Sécurisation des établissements scolaires -
Diagnostics de sécurité, mise en oeuvre et suivi des
préconisations
|
6
|
12/11/2010
|
Éducation à la santé - Journée
mondiale de lutte contre le sida - 1er décembre 2010
|
7
|
09/11/2010
|
Indemnité pour fonctions d'intérêt
collectif - Modalités d'attribution
|
8
|
02/11/2010
|
Activités éducatives - 22e semaine de
la presse et des médias dans l'école
|
9
|
28/10/2010
|
Actions éducatives - Actions éducatives en
faveur de la langue française
|
10
|
19/10/2010
|
Natation - enseignement dans les premier et second
degrés
|
11
|
30/09/2010
|
Aide aux étudiants - Aides spécifiques aux
étudiants se destinant au métier d'enseignant - année
universitaire 2010-2011
|
12
|
23/09/2010
|
Relations école-famille - Reconduction et extension de
l'opération « Ouvrir l'École aux parents pour
réussir l'intégration »
|
13
|
17/09/2010
|
Compte épargne-temps - Services et
établissements relevant du ministre chargé de l'Éducation
nationale et du ministre chargé de l'Enseignement supérieur
|
14
|
13/09/2010
|
Actions éducatives - Concours
« Trophée civisme et défense « et
« Prix armées-jeunesse » - édition
2010-2011
|
15
|
06/09/2010
|
Outils numériques - Le cahier de textes
numérique
|
16
|
06/09/2010
|
IEN-ASH Missions
|
17
|
31/08/2010
|
Élèves handicapés - Mission
d'accompagnement scolaire effectuée par des personnels employés
par des associations
|
18
|
26/08/2010
|
Bourses - Bourses nationales d'études du second
degré de lycée
|
19
|
24/08/2010
|
Vie lycéenne - Responsabilité et engagement des
lycéens
|
20
|
20/08/2010
|
Vie lycéenne - Composition et fonctionnement des
instances de la vie lycéenne
|
21
|
18/08/2010
|
Activités sportives et éducatives -
Développement du sport scolaire
|
22
|
03/08/2010
|
Personnels civils de l'État - Règlement des
frais occasionnés par leurs déplacements temporaires
|
23
|
26/07/2010
|
Activités éducatives - Mise en place de
« ciné-lycée »
|
24
|
22/07/2010
|
Certificat de formation générale - Mise en
oeuvre
|
25
|
22/07/2010
|
Commissions administratives paritaires - Élections aux
CAP compétentes à l'égard de certains corps de personnels
administratifs, sociaux et de santé relevant du ministre de
l'Éducation nationale
|
26
|
15/07/2010
|
Vie de l'élève - Extension du dispositif la
« Mallette des parents »
|
27
|
13/07/2010
|
Définition des compétences à
acquérir par les professeurs, documentalistes et conseillers principaux
d'éducation pour l'exercice de leur métier
|
28
|
13/07/2010
|
Organisation de stages pour les étudiants en master se
destinant aux métiers de l'enseignement
|
29
|
13/07/2010
|
Missions des maîtres formateurs et des maîtres
d'accueil temporaire
|
30
|
13/07/2010
|
Missions des professeurs conseillers pédagogiques
contribuant dans les établissements scolaires du second degré
à la formation des enseignants stagiaires
|
31
|
08/07/2010
|
Internats - Internats d'excellence et développement des
internats scolaires
|
32
|
07/07/2010
|
Programme « Clair » -
Expérimentation - année scolaire 2010-2011
|
33
|
07/07/2010
|
Formation continue des enseignants - Modules de formation
d'initiative nationale dans le domaine de l'adaptation scolaire et de la
scolarisation des élèves handicapés - année
scolaire 2010-2011
|
34
|
05/07/2010
|
Bourses - Bourses de collège
|
35
|
29/06/2010
|
Établissements de réinsertion scolaire -
Ouverture durant l'année scolaire 2010-2011
|
36
|
18/06/2010
|
Évaluation - Mise en oeuvre du livret personnel de
compétences
|
37
|
18/06/2010
|
Scolarisation des élèves handicapés -
Dispositif collectif au sein d'un établissement du second
degré
|
38
|
17/06/2010
|
Personnels enseignants, d'éducation et d'orientation -
Mise en oeuvre, pour l'année scolaire 2010-2011, du droit individuel
à la formation
|
39
|
08/06/2010
|
École primaire - Accompagnement en sciences et
technologie - Présentation du dispositif et modalités de mise en
oeuvre
|
40
|
02/06/2010
|
Personnels enseignants du premier degré - Obligations
de service
|
41
|
28/05/2010
|
Enseignement spécialisé - Organisation des
« Pôles pour l'accompagnement à la scolarisation des
jeunes sourds »
|
42
|
26/05/2010
|
Activités éducatives - Opération
« Un livre pour l'été »
|
43
|
11/05/2010
|
Activités éducatives - Manifestation
« A vous de lire ! » - diffusion du jeu
« Mon livre préféré » aux classes de
CM1 et CM2
|
44
|
07/05/2010
|
Calendrier des fêtes religieuses de l'année
civile 2010 pour lesquelles des autorisations d'absence peuvent être
accordées
|
45
|
14/04/2010
|
Actions éducatives - Séminaire des Rencontres
internationales de la photographie d'Arles
|
46
|
02/04/2010
|
Éducation à la santé -
Déplacements à l'étranger dans le contexte
d'épidémie de grippe A/H1N1
|
47
|
02/04/2010
|
Aides aux élèves et aux familles - Fournitures
scolaires
|
48
|
30/03/2010
|
Partenariat culturel - Missions des personnels enseignants au
sein des services éducatifs des Institutions culturelles
|
49
|
29/03/2010
|
Bourses et aides aux étudiants - Modalités
d'attribution des bourses d'enseignement supérieur sur critères
sociaux et des aides au mérite et à la mobilité
internationale pour l'année 2010-2011
|
50
|
16/03/2010
|
Préparation de la rentrée 2010
|
51
|
12/03/2010
|
Formation continue - Présentation des priorités
du programme national de pilotage de la formation continue des corps
d'inspection territoriaux et des personnels de direction
|
52
|
05/03/2010
|
Éducation artistique et culturelle - Charte
nationale : la dimension éducative et pédagogique des
résidences d'artistes
|
53
|
01/03/2010
|
Programme des opérations statistiques et de
contrôle de gestion des directions d'administration centrale pour 2010
|
54
|
25/02/2010
|
Activités éducatives - Lycéens en
Avignon
|
55
|
25/02/2010
|
Enseignants et personnels d'éducation stagiaires -
Dispositif d'accueil, d'accompagnement et de formation des enseignants
stagiaires des premier et second degrés et des personnels
d'éducation stagiaires
|
56
|
22/02/2010
|
Activités éducatives - Opération
École ouverte pour l'année 2010 - appel à projets
|
57
|
19/02/2010
|
Programme des opérations statistiques et de
contrôle de gestion des directions d'administration centrale - 2010
|
58
|
15/02/2010
|
Protection du milieu scolaire - Plan de sécurisation
des établissements scolaires : actions prioritaires
|
59
|
29/01/2010
|
Accompagnement personnalisé au lycée
d'enseignement général et technologique
|
60
|
29/01/2010
|
Le tutorat au lycée
|
61
|
29/01/2010
|
Mise en place des stages de remise à niveau et des
stages passerelles à compter de la rentrée 2010
|
62
|
29/01/2010
|
Langues vivantes au lycée d'enseignement
général et technologique
|
63
|
29/01/2010
|
Favoriser l'accès de tous les lycéens à
la culture
|
64
|
29/01/2010
|
La Maison des lycéens
|
65
|
28/01/2010
|
Séjours professionnels à l'étranger -
Programme « Jules Verne » pour l'année scolaire
2010-2011
|
66
|
14/01/2010
|
Actions éducatives - Prix de l'Éducation
nationale « Cannes 2010 »
|
LISTE DES PERSONNES AUDITIONNÉES
Association « Agir pour
l'école »
M. Laurent CROS, délégué
général
Centre national d'enseignement à distance
(CNED)
M. Michel LEROY, recteur d'académie, directeur
général du CNED
Centre national de la recherche scientifique
(CNRS)
Mme Agnès VAN ZANTEN, directrice de recherche,
Observatoire sociologique du changement, laboratoire de recherche de l'Institut
d'études politiques de Paris
Centre de recherche sur l'éducation, les
apprentissages et la didactique
M. Yves CAREIL, maitre de conférences à
l'IUFM de Bretagne
Comité interministériel des villes
(CIV)
M. Hervé MASUREL, secrétaire
général
Mme Isabelle de FRANCE, responsable du département
Éducation, santé et développement social (DESDS)
Cour des comptes
M. Claude THÉLOT, conseiller maître
honoraire, ancien président de la Commission du débat national
sur l'avenir de l'école
M. Jean PICQ, président de la troisième
chambre
Mme Marie-Ange MATTEI, conseiller
référendaire, responsable du secteur « enseignement scolaire
» à la troisième chambre
M. Pascal DUCHADEUIL, conseiller maître,
président de la deuxième section de la troisième
chambre
École normale supérieure (ENS) de
Lyon (ex-Institut national de recherche pédagogique - INRP)
M. Yves WINKIN, directeur adjoint de l'ENS, professeur
des universités, chargé de mission INRP
M. Romuald NORMAND, chercheur, agrégé en
Sciences sociales, maître de conférences en sociologie,
coordinateur du séminaire national sur les évaluations et leurs
expérimentations à partir des apports de la recherche
internationale
Mme Catherine PÉROTIN, responsable du Centre Alain
Savary
M. Luc RIA, responsable du programme
Professionnalité
Enseignement catholique
M. Éric de LABARRE, secrétaire
général
M. Yann DIRAISON, délégué
général (département ressources humaines)
M. Fernand GIRARD, délégué
général (département relations politiques et
internationales)
Haut conseil de l'éducation
M. Bruno RACINE, président
M. Pierre MAUREL, secrétaire
général
Institut Montaigne
M. Laurent BIGORGNE, directeur
Ministère de l'agriculture, de l'alimentation,
de la pêche, de la ruralité et de l'aménagement du
territoire
Direction générale de l'enseignement de la
recherche (DGER)
Mme Marion ZALAY, directrice générale
M. Jean-Pascal FAYOLLE, chef du service de l'enseignement
technique
Ministère du budget, des comptes publics, de la
fonction publique et de la réforme de l'État
M. Jean-Philippe d'ISSERNIO, conseiller technique au
cabinet du ministre
M. Vincent MOREAU, sous-directeur
Mme Maud PHÉLIZOT, chef du bureau de
l'enseignement scolaire à la 3e sous-direction du budget
Ministère de l'éducation nationale, de
la jeunesse et de la vie associative
M. Luc CHATEL, ministre de l'éducation nationale,
de la jeunesse et de la vie associative
M. Jean-Michel BLANQUER, directeur général
de l'enseignement scolaire (DGESCO)
M. Michel QUÉRÉ, directeur de la direction
de l'évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP)
M. Pierre-Laurent SIMONI, chef de service, adjoint au
directeur des affaires financières
Mme Josette THÉOPHILE, directrice
générale des ressources humaines
Inspections
M. Thierry BOSSARD, inspecteur général,
chef du service de l'inspection générale de l'administration de
l'éducation nationale et de la recherche (IGAENR)
M. Erick ROSER, doyen de l'inspection
générale (IGEN)
Mme Brigitte DORIATH, inspectrice générale
sur la rénovation de la voie professionnelle
Organisation de coopération et de
développement économiques (OCDE)
M. Eric CHARBONNIER, expert à la direction
Éducation
Syndicat national de l'édition
Mme Sylvie MARCÉ, présidente du groupe des
Éditeurs scolaires, vice-présidente du Syndicat national de
l'Édition
Mme Isabelle MAGNARD, présidente de l'Association
Savoir Livre, Mme Pascale GÉLÉBART, directrice,
chargée de mission pour les Éditeurs scolaires au Syndicat
national de l'Édition
Université Paris VIII
M. Jean-Yves ROCHEX, responsable de l'équipe
ESCOL
TABLES RONDES ET COLLOQUE
ORGANISÉS
PAR LA MISSION COMMUNE D'INFORMATION
Participants à la table ronde du 8 mars 2011
avec les représentants syndicaux de l'Éducation
nationale
- Mme Fabienne BELLIN, secrétaire nationale
du Syndicat national des enseignants du second degré (SNES FSU), en
charge des questions de politique scolaire
- M. Christian CHEVALIER, secrétaire
général du Syndicat des enseignants (SE UNSA)
- M. Michel GONNET, secrétaire
général du Syndicat national des personnels d'inspections (SNPI
FSU)
- M. Pierre GARNIER, secrétaire national du
Syndicat national unitaire des instituteurs professeurs des écoles et
Pegc (SNUipp FSU)
- M. Christian LAGE, secrétaire
général du Syndicat national de l'enseignement technique Action
autonome (SNETAA)
- M. Jean-Marie LE BOITEUX, secrétaire
général du Syndicat national de l'enseignement technique agricole
public (SNETAP)
- M. Jean-François LE BORGNE,
président sortant du Syndicat national des inspecteurs d'académie
- Inspecteurs pédagogiques régionaux (SNIA IPR)
- Mme Anne-Marie MARTIN, secrétaire
fédérale du Syndicat général de l'éducation
nationale (Sgen CFDT)
- M. Albert Jean MOUGIN, vice-président du
Syndicat national des lycées et collèges (SNALC)
- M. Philippe PÉCHOUX, secrétaire
national du Syndicat Educ'Action CGT, Fédération de
l'éducation, de la recherche et de la culture (FERC CGT)
- M. Patrick ROUMAGNAC, secrétaire
général du Syndicat de l'inspection de l'éducation
nationale (SIEN)
- M. Philippe TOURNIER, secrétaire
général du Syndicat national des personnels de direction de
l'Éducation nationale (SNPDEN)
- Mme Corinne VAILLANT, secrétaire
générale du Syndicat national des médecins scolaires et
universitaires (SNMSU UNSA)
Participants à la table ronde du 5 avril
2011 avec les représentants des élus locaux et des parents
d'élèves
S'agissant des élus locaux :
- M. Jean BOINET, président des maires ruraux
de Corrèze, maire de Rosiers d'Egleton et membre de la commission
école, Association des maires ruraux de France (AMRF)
- M. Emmanuel DURU, responsable des questions
institutionnelles à l'Assemblée des communautés de France
(AdCF)
- M. Yves FOURNEL, adjoint au maire de Lyon et
vice-président de la Commission Éducation de l'Association des
maires des grandes villes de France (AMGVF)
- M. Mathieu HANOTIN, vice-président du
Conseil général de Seine-Saint-Denis, en charge des
collèges et des questions de l'éducation nationale,
Assemblée des départements de France (ADF)
- M. Pierre-Yves JARDEL, maire d'Orbais-l'Abbaye,
président du groupe de travail éducation de l'Association des
maires de France (AMF)
- M. Jean-François MÉZIÈRES,
directeur général délégué à
l'Association des régions de France (ARF)
- Mme Renée NICOUX, sénatrice de la
Creuse et membre du Bureau et du Comité directeur de l'Association
nationale des élus de la montagne (ANEM)
- M. Alexandre TOUZET, chargé des relations
avec le Parlement à l'Association des maires de France (AMF)
S'agissant des parents d'élèves
:
- Mme Claudine CAUX, présidente de la
Fédération des parents d'élèves de l'enseignement
public (PEEP)
- Mme Béatrice CHESNEL, président de
l'Union nationale des associations autonomes de parents d'élèves
(UNAAPE)
- M. Jean-Jacques HAZAN, président de la
Fédération des conseils de parents d'élèves des
écoles publiques (FCPE)
- Mme Caroline SALIOU, vice-présidente de
l'APEL, Association des parents d'élèves de l'enseignement
libre
Participants à la table ronde du 26 avril
2011 avec les représentants des milieux socio-économiques
M. Bernard FALCK, directeur de l'éducation et de
la formation, Mouvement des entreprises de France (MEDEF)
M. André MARCON, président de
l'Assemblée des chambres françaises de commerce et d'industrie
(ACFCI)
M. Francis PETEL, membre de la Commission formation et
éducation, Confédération des petites et moyennes
entreprises (CGPME)
M. Gilbert REBEYROLE, président de la chambre
régionale des métiers et de l'artisanat du Limousin,
Assemblée permanente des chambres de métiers et de l'artisanat
(APCMA)
M. Claude THÉLOT, conseiller maître
honoraire à la Cour des comptes, ancien président de la
Commission du débat national sur l'avenir de l'École
Participants au colloque du 4 mai 2011
1re table ronde : « Les
expérimentations en matière scolaire : discours ou levier de
réforme ? »
M. Olivier AUDEOUD, recteur de l'académie de
Grenoble
M. Rémy GUILLEUX, vice-président de l'Union
nationale des associations familiales (UNAF), président du
département Éducation de l'UNAF
M. Éric de LABARRE, secrétaire
général, Enseignement catholique
Mme Catherine MERCIER-BENHAMOU, proviseur, Lycée
polyvalent Maximilien-Perret, Alfortville
Mme Bénédicte ROBERT, chef du
Département « recherche-développement, innovation et
expérimentation », Direction générale de
l'enseignement scolaire (DGESCO), ministère de l'éducation
nationale, de la jeunesse et de la vie associative
M. Claude THELOT, Conseiller-maître honoraire
à la Cour des comptes, ancien président de la Commission du
débat national sur l'avenir de l'école
2nde table ronde :
« Fonctionnement du service public de l'éducation : du
cloisonnement au partenariat »
M. Daniel DUBOIS, président de la
communauté de communes d'Ailly-le-Haut-Clocher (Somme), membre de la
mission commune d'information
M. Jean-Jacques HAZAN, président de la
Fédération des conseils de parents d'élèves des
écoles publiques (FCPE)
M. William MAROIS, recteur de l'académie de
Créteil, et M. Pierre MOYA, inspecteur d'académie, directeur
des services départementaux de l'Éducation nationale du
Val-de-Marne
M. Jean MONIÉ, premier- adjoint, mairie de
Scionzier
Mme Carla VAN CAUWENBERGHE, inspectrice senior de
l'Éducation aux Pays-Bas, et M. Eugène BERNARD,
président du conseil d'administration d'un réseau
d'établissements aux Pays-Bas (« Ons Middelbaar Onderwijs
»)
M. Jean-Yves ROCCA, secrétaire
général du Syndicat des personnels administratifs (UNSA) de
l'éducation nationale et de l'enseignement supérieur
Mme Agnès VERDIER-MOLINIÉ, directrice de
l'Institut français pour la recherche sur les administrations et les
politiques publiques (IFRAP)
DÉPLACEMENTS EFFECTUÉS PAR LA MISSION
Déplacement dans le Val-de-Marne
(7 février 2011)
Composition de la
délégation : M. Serge LAGAUCHE,
président de la mission, sénateur du Val-de-Marne,
M. Jean-Claude CARLE, rapporteur de la mission, sénateur de
Haute-Savoie, M. Yannick BODIN, vice-président de la mission,
sénateur de Seine-et-Marne, Mme Brigitte GONTHIER-MAURIN,
vice-présidente de la mission, sénatrice des Hauts-de-Seine, Mme
Maryvonne BLONDIN, secrétaire de la mission, sénatrice du
Finistère, Mme Catherine PROCACCIA, sénateur du Val-de-Marne
· Visite du lycée polyvalent Maximilien Perret à Alfortville et table ronde en présence de :
- M. Pierre MOYA, IA-DSDEN du Val-de-Marne
- Mme Catherine MERCIER-BENHAMOU, proviseur
- M. Emmanuel TEXIER, proviseur adjoint
- M. David BLUZAT, chef de travaux
- Mme Julie RABOTEUR, MM. Guillaume CAILLON,
Frédéric REMOND, enseignants.
- MM. Mickaël POIZET, Antoine LASSALLE, Ali
MARAHOUI, Shali MAROUANE, élèves.
· Réunion au rectorat de Créteil et table ronde, en présence de :
- M. William MAROIS, recteur d'académie
- M. Pierre MOYA, IA-DSDEN du Val-de-Marne
- Mme LE LUYER, chef de la DE
- M. DOUDEMENT, DAET
- Mme Christine MOULIN, IA-IPR (MAPIE)
- M. DUMONT, IA-IPR (Cours le matin, Sport
l'après-midi)
- M. CLAUX, IA-IPR (bureau du policier
référent)
- Mme LAJAUNIE, principale du collège de La
Pyramide à Lieusaint (77)
- Mme MENEZ (PEEP).
Déplacement aux Pays-Bas
et en Belgique
(15 et 16 février 2011)
Composition de la délégation :
M. Jean-Claude CARLE, rapporteur de la mission, sénateur
de Haute-Savoie, Mme Françoise CARTRON, vice-présidente de
la mission, sénatrice de la Gironde, Mme Brigitte GONTHIER-MAURIN,
vice-présidente de la mission, sénatrice des Hauts-de-Seine,
M. Jean-François HUMBERT, vice-président de la mission,
sénateur du Doubs, Mme Maryvonne BLONDIN, secrétaire de la
mission, sénatrice du Finistère
Mardi 15 février : Journée aux
Pays-Bas
Accueil par M. Lionel MESNIER, attaché de
coopération pour le français
Déjeuner offert par M. Bart EIGEMAN,
échevin de s'Hertogenbosch / Bois-le-Duc
Rencontres avec des personnalités du monde
éducatif néerlandais :
- Mme Carla van CAUWENBERGHE,
inspectrice de l'Éducation nationale, présentation du
système éducatif néerlandais
- M. Eugène BERNARD, président du
Conseil de gestion OMO qui regroupe 48 établissements d'enseignement
dans la région de Bois-le-Duc (le Brabant), dotation des
moyens, évaluation des innovations et des projets
- Mme Marjo van IJZENDOORN, proviseur de
collège, direction de l'enseignement et attribution des tâches
pédagogiques (le statut des professeurs/ les espaces professionnels,
les tâches pédagogiques), autonomie
- Mme Margot BAKKER, professeur,
professionnalisation, amélioration de la qualité des
enseignants
- Mme Miep van HEES, responsable de l'enseignement
spécialisé au ministère de l'Éducation nationale,
la notion d'enseignement adapté
Mercredi 16 février : Journée en
Belgique
Accueil par M. Benoît LE DÉVÉDEC,
attaché culturel et M. Hugues DENISOT, attaché de
coopération pour le français
Réunion avec les représentants de la
Communauté flamande :
- Mme Micheline SCHEYS, secrétaire
général du département de l'enseignement et de la
formation
- Mme Natalie VERSTRAETE, chef de la division des
relations internationales de l'enseignement et de la formation
- M. Jean-Louis LEROY, inspecteur-coordinateur de
l'agence pour la gestion de la qualité dans l'enseignement et la
formation
- M. Jozef Van THIELEN, expert-adjoint de la
division des relations internationales de l'enseignement et de la formation
Rencontre avec M. André CALLEWAERT, chargé
de mission au département de l'enseignement au ministère
de la Communauté germanophone.
Déjeuner offert par Mme l'Ambassadeur Michèle
BOCCOZ avec les représentants des 3 Communautés linguistiques de
Belgique
Réunion avec les représentants du
ministère de la Communauté
française :
- Mme Marie-Dominique SIMONET, ministre de l'enseignement
obligatoire et de la promotion sociale
- M. Jean-Luc ADAMS, chef de cabinet adjoint -
enseignement fondamental
- M. Jean-Pierre HUBIN, administrateur
général de l'enseignement et de la recherche scientifique
- Mme Martine HERPHELIN, directrice
générale adjointe du service général du pilotage du
système éducatif
- Mme Hélène JACQMIN, conseillère
juridique
Déplacement au
Portugal
(22 et 23 mars 2011)
Composition de la
délégation : M. Jean-Claude CARLE, rapporteur
de la mission, sénateur de Haute-Savoie, M. Yannick BODIN,
vice-président de la mission, sénateur de Seine-et-Marne,
Mme Bernadette BOURZAI, sénatrice de Corrèze,
Mme Marie-Thérèse BRUGUIÈRE, sénateur de
l'Hérault, Mme Catherine PROCACCIA,
sénateur du Val-de-Marne
Mardi 22 mars
Accueil par Mme Sophie LASZLO, conseillère de
coopération et d'action culturelle
Réunion au ministère de
l'éducation sur les thèmes suivants :
- la législation éducative et les politiques
éducatives
- l'autonomie des établissements d'enseignement et
le statut des enseignants
- l'organisation administrative et territoriale du
système éducatif
- le financement du système éducatif et le
coût des politiques éducatives
en présence de :
- M. João DA MATA, secrétaire
d'État de l'éducation
- M. Mário PEREIRA,
directeur-général des ressources humaines de
l'éducation
- M. António LEITE, directeur régional
de l'éducation de Lisboa et Vale do Tejo
- M. Carlos PINTO FERREIRA,
directeur-général du Bureau des statistiques et planning de
l'éducation, Gabinete de Estatística e Planeamento da
Educação (GEPE)
- Mme Janine COSTA, directrice du service des
relations internationales, Gabinete de Estatística e Planeamento da
Educação (GEPE), ministère de l'éducation
- Mme Rosalina RODRIGUES
- M. Edmundo GOMES, directeur
Visite d'une école siège d'un
réseau d'établissements d'enseignement
Agrupamento de Escolas Filipa de Lencastre, Av.
Magalhães Lima - Lisboa
Visite d'une école ayant un contrat d'autonomie
Escola Secundária de D. Luísa de Gusmão,
Rua Penha de França, 193 - Lisboa
Diner à la Résidence de France offert par
M. Pascal TEIXEIRA DA SILVA, Ambassadeur de France, et son épouse
Mercredi 23 mars
Réunion au Bureau des Statistiques et Planning
de l'Éducation sur les thèmes suivants :
- l'évaluation des résultats des
élèves et prise en charge de la difficulté
scolaire
- les mesures expérimentales
éducatives
- l'offre de formation professionnelle dans le second
cycle de l'enseignement du second degré
en présence de :
- M. Nuno POUSINHO, directeur de
services au Bureau des statistiques et planning de l'éducation
- Mme Alexandra MARQUES, directrice
générale de l'innovation et du développement du
curriculum, ministère de l'éducation
- Mme Antonieta FERREIRA, directrice de services des
examens au bureau de l'évaluation de l'éducation,
ministère de l'éducation
- Mme Cristina DUARTE, Agence nationale pour la
qualification, ministère de l'éducation
Réunion dans une école sur le
thème des TIC dans l'éducation - Le Plan Technologique de
l'éducation (PTE), en présence de :
- M. Nuno de AVELAR PINHEIRO, représentant de
la direction régionale de l'éducation de Lisboa et Vale do Tejo,
ministère de l'éducation
- Mme Sofia CORDEIRO, Gabinete de Estatística
e Planeamento da Educação (GEPE), ministère de
l'éducation
Visite d'un établissement d'enseignement
lié au TEIP (Territoires éducatifs d'intervention prioritaire) et
au PTE
Déjeuner offert par Mme Sophie LASZLO,
Conseillère de coopération et d'action culturelle
Visite d'un établissement ayant une offre de
formation professionnelle
Offre de formation professionnelle dans le second cycle du
2nd degré Escola Secundária Marquês de Pombal,
Rua Alexandre Sá Pinto - Lisboa
Déplacement en Suisse et
en Haute-Savoie
(28 et 29 mars 2011)
Composition de la
délégation : M. Jean-Claude CARLE,
rapporteur de la mission, sénateur de Haute-Savoie, M. Yannick
BODIN, vice-président de la mission, sénateur de Seine-et-Marne,
Mme Maryvonne BLONDIN, secrétaire de la mission, sénatrice du
Finistère, Mme Catherine PROCACCIA, sénateur du Val-de-Marne
Lundi 28 mars 2011
Genève
Accueil au Département de l'instruction
publique, de la culture et du sport (DIP) par
Mme Françoise MOESCHLER
Rencontre avec MM. Frédéric WITTWER,
directeur de projet, Mehdi AOUDA, secrétaire adjoint responsable de la
politique de la ville, Bernard RIEDWEG, directeur du réseau
d'enseignement prioritaire (enseignement primaire) et Sylvain RUDAZ, directeur
général de l'enseignement postobligatoire (secondaire II)
Déjeuner offert par M. le conseiller d'État
Charles BEER, en présence de Mme Marianne FRISCHKNECHT,
secrétaire générale, MM. Frédéric
WITTWER et Mehdi AOUDA
Visite du Cycle d'orientation (CO) de Pinchat
et présentation du secondaire I par Mme FERNANDEZ SONINO,
directrice du CO de Pinchat et M. Georges SCHÜRCH, directeur
général du cycle d'orientation (secondaire I)
Discussion autour des thèmes suivants : PISA et
place des nouvelles technologies dès l'enseignement primaire en
présence de MM. Christian NIDEGGER, chercheur au Service de
recherche en éducation (SRED) et spécialiste pour PISA et Manuel
GRANDJEAN, directeur du Service des systèmes d'information et service
Ecole-Média
Haute-Savoie
Visite de l'école de production (Escaut)
à Viuz-en-Sallaz
En présence de : MM. Serge PITTET, maire de
Viuz en Sallaz, Paul CUSIN, président du conseil d'administration
d'Ecaut, Jean François GAVARD, Bernard LAVERGNAT, Michel BARBE,
Charles-Édouard CORDONNIER, Noël GENTRIC, Claude BOUCHEZ, membres
du conseil d'administration, Mme Anne-Marie VAUDAUX, directrice d'Ecaut,
M. Thierry MEYNET, directeur adjoint d'Ecaut et quelques maîtres
professionnels et élèves
Mardi 29 mars 2011
Réunion à la préfecture de la
Haute-Savoie
Rencontre avec les Maisons Familiales Rurales
(MFR)
Table ronde sur les partenariats avec :
- Les représentants de
l'État : MM. Philippe DERUMIGNY, préfet,
Olivier AUDÉOUD, recteur de l'académie de Grenoble, Dominique
MARTINY, secrétaire général de l'académie de
Grenoble, François CHARLON, directeur de cabinet du recteur, Jean-Marc
GOURSOLAS, inspecteur d'académie, Mme Nathalie COSTANTINI,
inspecteur d'académie adjoint
- Les représentants des
collectivités territoriales : MM. Christian MONTEIL,
président du Conseil général de la Haute-Savoie, Claude
FAUCHER, directeur général des services, Georges FOURNIER,
directeur général adjoint chargé de l'éducation, de
la culture, des sports et du tourisme
- Les acteurs du monde
éducatif : MM. Daniel SALACROUP, proviseur du LP
Porte des Alpes à Rumilly, Dominique PROSSER, proviseur du lycée
Lachenal à Argonnay
- Les acteurs du monde
économique : M. Philippe LUCOTTE,
délégué général du Medef, Mme Donatella
GRILLET, membre de la Confédération de l'artisanat et des petites
entreprises du bâtiment (CAPEB), M. Lionel BAUD, président du
syndicat national du décolletage
Déjeuner au Conservatoire d'art et d'histoire offert
par M. Christian MONTEIL, président du Conseil
général de la Haute-Savoie
Réunion dans l'école primaire,
maternelle et collège de Scionzier sur le partenariat de
l'Éducation nationale et de la commune : exemple de mise à
disposition de personnel communal en lieu et place d'assistants de vie scolaire
(AVS).
En présence de :
MM. Dominique MARTINY, secrétaire général de
l'académie de Grenoble, François CHARLON, directeur de cabinet du
recteur, Mmes Nathalie COSTANTINI, inspecteur d'académie adjoint,
Véronique CLERC, directrice de l'école maternelle du Crettet,
Françoise REVILLOD MARQUES, directrice de l'école maternelle du
Crozet, MM. Cédric MAYOL, directeur de l'école
élémentaire du Château, Richard MARTINEZ, inspecteur de la
circonscription de Cluses, Mme Bernadette DUBY, principale du
collège MM. Jean Claude GALLAY, Cyrille MANGIN, principal adjoint
du collège Jean Claude GALLAY, Jean MONIÉ, 1er adjoint
au maire de Scionzier
Visite au lycée professionnel de la
Vallée de l'Arve : modèle d'un réseau
d'établissements, lycée des métiers sur 3 sites
différents et UFA
En présence de : MM. Pierre
PESCHIER, proviseur du lycée professionnel de l'Arve Paul Béchet
à Cluses, Thierry DOSCH, proviseur du lycée Charles Poncet de
Cluses, Dominique CHARBONNIER, proviseur du lycée du Mont Blanc de Passy
à Cluses
Déplacement dans la
Somme
(12 avril 2011)
Composition de la délégation :
M. Jean-Claude CARLE, rapporteur de la mission, sénateur
de Haute-Savoie, M. Jean-François HUMBERT, vice-président de
la mission, sénateur du Doubs, Mme Bernadette BOURZAI,
sénatrice de la Corrèze, M. Daniel DUBOIS, sénateur
de la Somme
Réunion-table ronde au rectorat
d'Amiens, en présence de :
- M. Jean-Louis MUCCHIELLI,
recteur de l'académie d'Amiens, présentation de
l'état des lieux
- M. Claude LEGRAND, inspecteur
d'académie, directeur des services départementaux de
l'Éducation nationale de la Somme, analyse des politiques :
présentation du schéma pluriannuel de développement de
l'école
- M. NICOLAS, inspecteur de
l'Éducation nationale, chargé de mission et Mme DERAMBURE,
adjointe au conseiller TICE du rectorat, le développement du
numérique en milieu rural : TICE
- Mme Dominique MAIRE, inspectrice
de l'Éducation nationale adjointe à M. l'inspecteur
d'académie, Vers l'École du socle : la liaison
école-collège à Ailly-le-Haut-Clocher
- Mme Sandrine AUTHOUART,
principale du collège Alain Jacques d'Ailly-le-Haut-Clocher
- Mme Sandrine DELOBELLE,
inspectrice de l'Éducation nationale, circonscription du Ponthieu
Marquenterre
- M. Jean-Louis MUCCHIELLI,
recteur de l'académie d'Amiens, mises en
réseaux :
ROLL (Réseau des Observatoires Locaux de la
Lecture)
REVE (Réseau d'Établissements à
Vocation Européenne)
ECLAIR (Écoles, Collèges,
Lycées pour l'Ambition, l'Innovation et la Réussite)
Déjeuner offert par le Conseil général
Présentation du projet de 3 RPC par
M. Daniel DUBOIS, sénateur, en présence de MM. Antoine
BERTHE, maire d'Ailly-le-haut-Clocher, Yves MONIN, maire de Saint-Riquier, Mmes
MARTIN, conseillère municipale de Saint-Riquier, Annie ROUCOUX, maire de
Pont-Rémy
Visite de l'école communautaire Victor Hugo
d'Ailly-le-haut-Clocher
Présentation du fonctionnement du tableau blanc
interactif, de la classe mobile numérique et de l'Environnement
Numérique de Travail (ENT) : échange avec les
enseignants.
Visite l'école communautaire Robert Mallet de
Pont-Rémy
Présentation d'Histoire des Arts dans une classe de CP
avec tableau blanc interactif
Visite de l'école communautaire Becquestoile de
Saint-Riquier
Échange avec des parents élus.
Déplacement à Cambrai
(2 mai 2011)
Composition de la délégation :
M. Serge LAGAUCHE président de la mission, sénateur
du Val-de-Marne, M. Jean-Claude CARLE, rapporteur de la mission,
sénateur de Haute-Savoie, M. Daniel DUBOIS,
sénateur de la Somme
Présentation des problématiques propres
à l'académie de Lille, en présence de :
Mme Marie-Jeanne PHILIPPE, recteur de l'Académie
de Lille, M. Marc GOSSELIN, directeur de cabinet, M. Jacques
CAILLAUT, inspecteur d'académie adjoint Nord
Entretien sur la situation de l'arrondissement de
Cambrai, en présence :
Des élus :
- M. Jacques LEGENDRE, sénateur,
vice-président de la Communauté d'agglomération de
Cambrai
- M. François-Xavier VILLAIN,
député-maire de Cambrai, président de la communauté
d'agglomération de Cambrai
- M. Guy BRICOUT, maire de Caudry, conseiller
général du Nord
- M. Gérard DEVAUX, président de la
communauté de communes du Caudrésis-Catésis, maire de
Beauvois en Cambrésis
- Mme Isabelle PIERARD, 1re adjointe au
maire de Cateau chargée des affaires scolaires
Des chefs d'établissement :
- Mme SAYDON, proviseur du lycée
professionnel Jacquard de Caudry
- M. BEAUVOIS, proviseur du lycée
professionnel Camille Desmoulins de Le Cateau-Cambrésis
- Mme FAYOLA, proviseur du lycée Paul Duez de
Cambrai
- M. PELTIER, proviseur du lycée
Fénélon da Cambrai
- M. BLAS, principal du collège Lamartine de
Cambrai
- M. GRAS, principal du collège Jules Ferry
de Cambrai
Réunion avec une délégation
d'enseignants des établissements Lamartine et Jules Ferry de Cambrai et
les élus concernés :
- M. Jacques LEGENDRE, sénateur,
vice-président de la Communauté d'agglomération de
Cambrai,
- Mme Sylvie LABADENS, adjointe au maire de Cambrai
chargée de l'éducation.
Déplacement à Marseille
(5 mai 2011)
Composition de la mission :
M. Jean-Claude CARLE, rapporteur de la mission, sénateur de
Haute-Savoie, Mme Brigitte GONTHIER-MAURIN, vice-présidente de la
mission, sénatrice des Hauts-de-Seine, M. Jean-François
HUMBERT, vice-président de la mission, sénateur du Doubs,
Mme Maryvonne BLONDIN, secrétaire de la mission, sénatrice
du Finistère, Mme Bernadette BOURZAI, sénatrice de
Corrèze, Mme Marie-Thérèse BRUGUIÈRE,
sénateur de l'Hérault, Mme Fabienne KELLER, sénateur
du Bas-Rhin
Accueil par M. Vincent VALÉRY, directeur de
cabinet du recteur
Réunion de travail au
Centre régional de documentation pédagogique (CRDP), en
présence de :
- M. Jean-Paul de GAUDEMAR, recteur de
l'académie d'Aix-Marseille
- Mme Martine BURDIN, secrétaire
générale
- Mme Blandine BRIOUDE, secrétaire
générale adjointe
- M. Vincent VALERY, directeur de Cabinet
- M. Jean-Luc BENEFICE, IA-DSDEN des Bouches du
Rhône
- M. Léon FOLK, IA-DSDEN des Alpes de Haute
Provence
- M. Pierre BARRIÈRE, IA-DSDEN des Hautes
Alpes
- M. Bernard LELOUCH, IA-DSDEN du Vaucluse
- Mme Maryse BUISSON, chargée de mission
à l'IA 13
- M. Éric BRUNDU, chargé de mission
égalité des chances au cabinet du recteur
- Mme Élisabeth PORTIGLIATTI, proviseure du
lycée professionnel La Floride
Déjeuner offert par M. Jean-Claude GAUDIN,
sénateur-maire de Marseille
Visite du collège Belle de Mai (Marseille 3e)
en présence de :
M. Jean-Paul de GAUDEMAR, recteur, Mme Martine
BURDIN, secrétaire générale, M. Jean-Luc BENEFICE,
IA-DSDEN des Bouches-du-Rhône, M. Vincent VALERY,
directeur de Cabinet, Mme Maréna TURIN, correspondante
académique éducation prioritaire,
M. Laurent LUCCHINI, principal du collège Belle de mai, de
l'équipe de direction et d'enseignants
Réunion de travail sur les
expérimentations pédagogiques avec :
Mme Martine BURDIN, secrétaire
générale, M. Jean-Luc BENEFICE, IA-DSDEN des
Bouches-du-Rhône, Mme Maréna TURIN, correspondante
académique éducation prioritaire, M. Laurent LUCCHINI,
principal du collège Belle de mai , M. Jean-Roger RIBAUD,
proviseur du lycée Victor Hugo et Mme Maryse BUISSON,
chargée de mission à l'IA 13
Déplacement à Rennes
(25 mai 2011)
Composition de la délégation :
M. Jean-Claude CARLE, rapporteur de la mission, sénateur
de Haute-Savoie, M. Yannick BODIN, vice-président de la mission,
sénateur de Seine-et-Marne, Mme Maryvonne BLONDIN, secrétaire de
la mission, sénatrice du Finistère, Mme Bernadette BOURZAI,
sénatrice de la Corrèze, Mme Marie-Thérèse
BRUGUIÈRE, sénateur de l'Hérault
Accueil par M. Claude ROUSSEAU, inspecteur chargé
du premier degré pour l'Ille-et-Vilaine
Visite du collège Renée Récipon
d'Orgères dont le projet d'établissement est axé
sur le développement durable, en présence de M. Gilles
TORTELLIER, principal du collège, ainsi que des membres de la
communauté éducative et d'élèves.
Visite du collège Pierre-Olivier Malherbe de
Chateaubourg qui est investi dans des projets européens
- surtout avec l'Allemagne - avec échanges
d'élèves en CM2 et en collège et échanges
d'enseignants, en présence de Mme Maryannick AVRIL, principale du
collège, ainsi que des membres de la communauté éducative
et d'élèves.
Réunions au rectorat :
Echange avec M. Alexandre STEYER, recteur,
M. Jean-Pierre MALENFANT, directeur de cabinet du recteur,
Mme Chantal LE GAL, secrétaire générale adjointe,
M. Jean-Yves BESSOL, inspecteur d'académie d'Ille-et-Vilaine et
M. Marc VAULÉON, directeur des ressources humaines
Rencontre avec des proviseurs de lycée
« Karta » :
- Rencontre avec M. Bertrand ELISE, proviseur du
lycée Pierre Mendès France de Rennes et
M. Jean-François DANGUILLAUME, proviseur du lycée
Coëtlogon de Rennes sur la rédaction en commun par les
élèves d'un roman « Le jour où j'ai eu
30 ans ».
- Rencontre avec M. Jean-Pierre MONLAURENT,
proviseur du lycée Victor et Hélène Basch à Rennes,
sur l'échange culturel entre élèves
« Rennes-Poznan : regards croisés »
Entretien avec Mme Caroline
LOMBARDI-PASQUIER, inspectrice d'académie adjointe d'Ille-et-Vilaine sur
les thèmes suivants : présentation des
spécificités de l'académie, l'école innovante de
Rennes, l'enseignement du breton, l'enseignement privé...
Déplacement en Pologne
(30 et 31 mai 2011)
Composition de la
délégation : M. Serge LAGAUCHE,
président de la mission, sénateur du Val-de-Marne,
M. Jean-Claude CARLE, rapporteur de la mission, sénateur de
Haute-Savoie, M. Yannick BODIN, vice-président de la mission,
sénateur de Seine-et-Marne, Mme Maryvonne BLONDIN,
secrétaire de la mission, sénatrice du Finistère,
Mme Marie-Thérèse BRUGUIÈRE, sénateur de
l'Hérault, Mme Catherine PROCACCIA, sénateur du
Val-de-Marne,
Mme Émilie LEGENDRE, journaliste rédactrice
au pôle « Enseignement scolaire et Jeunesse »
à l'Agence de presse spécialisée (AEF) a accompagné
la délégation.
Lundi 30 mai
Accueil et déjeuner de travail avec M. Gilles
CARASSO, conseiller culturel et Mme Mireille CHEVAL, attachée de
coopération éducative
Entretien avec M. Miroslaw SIELATYCKI, secrétaire
d'État, au ministère de l'Éducation nationale
Entretien avec Mme Joanna BERDZIK, directrice et
Mme Marlena FALKOWSKA, directrice adjointe de l'Agence pour le
développement de l'éducation (ORE)
Entretien avec le Prof. Dr hab. Ryszard GORECKI,
vice-président de l'Académie polonaise des Sciences
Dîner offert par M. François BARRY
DELONGCHAMPS, Ambassadeur de France en présence de personnalités
du monde éducatif
Mardi 31 mai
Petit déjeuner de travail avec des
représentants de l'Institut de recherche en éducation :
M. Micha SITEK, directeur, Mme Magdalena KRAWCZYK-RADWAN, chef du
service de recherche sur les enseignants, Mme Anna WOJCIUK, analyste,
Mme Dorota WISZEJKO-WIERZBICKA, chef du service des recherches sur les
institutions, M. Silvio DIVINA, relations internationales
Rencontre avec Mmes Jolanta LIPSZYC, directrice du
département de l'éducation à la ville de Paris, et Joanna
GOSPODARCZYK, directrice adjointe
Visite d'une école primaire, rencontre
avec Mme Jolanta ZAUER NOWAK, directrice et avec l'équipe
éducative
Déjeuner avec des chefs d'établissement,
des enseignants et des représentants de syndicats d'enseignants
(Mme Joanna CHRAPKOWSKA, directrice du Lycée et Collège
n° 67, Mme Bogusawa PIEÑKOWSKA, directrice de l'Ecole
d'hôtellerie, tourisme et restauration, Mme Sylwia SAWICKA,
enseignante de français, M. Radosaw KUCHARCZYK, enseignant de
français, M. Andrzej PIEGUTKOWSKI, représentant d'un
syndicat enseignant)
ÉTUDE DE LA DIRECTION DE L'INITIATIVE PARLEMENTAIRE ET DES
DÉLÉGATIONS
SUR L'ORGANISATION DU SYSTÈME
ÉDUCATIF
ET LE STATUT DES ÉTABLISSEMENTS
DE L'ENSEIGNEMENT
PRIMAIRE ET SECONDAIRE
L'Australie (Nouvelle-Galles du Sud), l'Italie, la Pologne et
l'Angleterre auxquelles est consacrée la présente note ont mis en
oeuvre, au cours de ces dernières années, d'importantes
réformes de leurs systèmes scolaires primaire et secondaire.
C'est pourquoi l'on a choisi de s'intéresser à leur situation
bien que certaines de ces transformations, en cours, n'aient pas produit tous
leurs effets.
Dans ces quatre cas, l'attention s'est concentrée sur
les établissements de l'enseignement public.
On examinera ci-après, pour chacun d'entre eux :
l'organisation administrative et territoriale du système
éducatif, les organes dirigeants des établissements, le
financement de ces derniers, le statut des enseignants et les modalités
d'évaluation. L'analyse comparée de ces monographies fait
ressortir que :
- l'organisation administrative et territoriale se
caractérise par un compromis entre la fixation par l'État des
objectifs généraux et la gestion locale de
l'éducation ;
- le statut juridique des établissements repose
sur la dualité des organes de direction et la responsabilité du
chef d'établissement ;
- l'essentiel du financement provient de
l'État ;
- le statut des enseignants est varié ;
- et que l'évaluation constitue une
préoccupation partagée.
1. L'organisation administrative et
territoriale : un compromis entre fixation par l'État des
objectifs généraux et gestion locale des
établissements
Dans chacun de ces quatre systèmes, l'État
détermine les objectifs généraux tandis que les
collectivités locales ou les établissements eux-mêmes
assurent la gestion de façon décentralisée et/ou autonome
(notamment en matière budgétaire et didactique).
La création et la suppression des
établissements, décentralisées en Italie et en Angleterre,
restent une compétence étatique en Nouvelle-Galles du Sud
(New South Wales, NSW) et partagée en Pologne.
De larges transferts de compétences en matière
d'administration et de gestion des établissements existent en Italie,
Pologne et Angleterre, tandis que l'Australie envisage de renforcer le pouvoir
local en la matière. Bien que les collectivités britanniques
jouissent de longue date de cette compétence, on y a, de surcroît,
créé des établissements indépendants : d'une
part les academies qui bénéficient du soutien de
sponsors aussi bien pour leur création que pour leur fonctionnement et,
d'autre part, des free schools qui, bien que financées elles
aussi par l'État, jouiront d'une indépendance encore plus
grande.
2. Le statut juridique des
établissements : dualité des organes
de direction et pouvoirs du chef d'établissement
de direction et pouvoirs du chef d'établissement
La dualité des organes de direction des
établissements caractérise les quatre systèmes, où
collaborent un organe collégial chargé de l'administration et un
chef d'établissement.
· Le conseil d'établissement
Le conseil d'établissement peut être
composé, dans des proportions variables, de représentants des
parents, des enseignants et des personnels non enseignants ainsi que des
élèves (ceux-ci étant parfois dépourvus de droit de
vote), outre des représentants désignés par la
collectivité locale intéressée dans les maintained
schools anglaises et les établissements de NSW où aucune des
composantes du conseil ne peut détenir à elle seule la
majorité. Du reste, dans cet État, il n'existe pas de norme
générale pour l'organisation du conseil dont le statut est
fixé « au cas par cas » pour renforcer la
participation des parents.
L'indépendance de ce conseil par rapport au chef
d'établissement est marquée en Angleterre (où le
secrétaire de l'instance collégiale ne peut être le
directeur de l'établissement) et en Italie (où le
président du conseil est élu parmi les représentants des
parents), comme en Pologne où le chef d'établissement participe
aux délibérations à titre consultatif.
Hormis en Pologne où il ne donne qu'un avis, le conseil
d'établissement détermine, sous réserve des objectifs et
des programmes nationaux, le projet d'établissement et le plan d'offre
de formation (en concertation avec les sponsors dans le cas des academies
anglaises). S'il vote le budget, son autonomie en la matière est
limitée parce que les crédits dont il dispose lui sont partout
attribués par l'État.
Des compétences particulières lui sont notamment
dévolues pour :
- procéder à des adaptations du calendrier
scolaire, des modalités didactiques et utiliser le quota horaire de
20 % qui est dévolu à l'établissement
(Italie) ;
- déterminer sa politique salariale, la politique
de gestion des performances des enseignants et apprécier le travail du
chef d'établissement (Angleterre) ;
- et demander une évaluation de l'école, du
directeur ou d'un enseignant à la collectivité qui gère
l'établissement (Pologne).
Alors que le respect des programmes nationaux, moyennant des
amodiations et dérogations ponctuelles (accordées aux enseignants
par le directeur de l'établissement en Pologne) constitue une
règle de droit commun dans les quatre pays, les academies
anglaises peuvent s'en affranchir sous réserve de déterminer leur
programme propre et se spécialiser dans une ou plusieurs
matières.
· Le chef d'établissement
Recruté par annonce en Angleterre (après
l'intervention d'un comité de sélection) et en Australie, et au
terme d'une procédure publique par la collectivité qui
gère l'école en Pologne, le chef d'établissement est
choisi à l'issue d'un concours national en Italie.
Il est investi de compétences étendues en
matière de direction de l'établissement et de son personnel dans
les quatre cas considérés, étant observé qu'en
Nouvelle-Galles du Sud on souhaite actuellement renforcer encore ses
pouvoirs.
Il peut de surcroît :
- recevoir du conseil d'établissement
compétence déléguée pour recruter les enseignants
(Angleterre) ;
- et apprécier les modalités de mise en
oeuvre des programmes nationaux (Angleterre et Pologne).
La faculté de le recruter en dehors du corps
enseignant, juridiquement ouverte en Pologne n'a, en pratique, quasiment pas
été utilisée.
En Italie, une fraction d'au moins 30 % de sa
rétribution est constituée de primes liées aux
résultats obtenus.
3. Un financement par l'État des
établissements d'enseignement
Dans les quatre cas, le financement provient pour l'essentiel
de subventions de l'État -y compris pour les academies et les
free schools anglaises-, étant observé que :
- les établissements peuvent aussi collecter des
fonds par eux-mêmes (Pologne, Angleterre et Australie) ;
- l'État accorde des subventions
spécifiques aux écoles qui mettent en oeuvre des programmes
particuliers (Australie) ;
- et que les collectivités locales peuvent abonder
ces crédits (notamment en Angleterre où une réforme du
financement est envisagée).
4. La variété du statut des
enseignants
Le statut des enseignants englobe leurs modalités de
recrutement, leur situation juridique, les obligations de service qui leur
incombent et leur rémunération.
· Recrutement et statut
L'Italie utilise le système du concours régional
et ouvre, dans des cas limitativement énumérés, aux
établissements la faculté de recruter des enseignants dans le
cadre de contrats de prestation de services. En Australie, le recrutement
relève d'un service du ministère de l'Éducation de
l'État fédéré. Les autres systèmes ont
recours au recrutement par le chef d'établissement d'enseignants qui
disposent des titres académiques et didactiques requis en vertu de la
réglementation nationale (Pologne et Angleterre à l'exception,
dans ce dernier cas, des free schools qui pourront recruter des
enseignants n'ayant pas le titre de « professeur
qualifié »).
Le statut juridique des enseignants relève :
- de la fonction publique de NSW ;
- en Pologne, d'un régime législatif
spécifique, intermédiaire entre la fonction publique et celui du
secteur privé ;
- d'une convention collective nationale en
Italie ;
- et de celui du personnel contractuel de la
collectivité locale qui assume la tutelle de l'établissement
scolaire en Angleterre.
· Obligations de service
Les enseignants ont l'obligation de respecter les programmes
nationaux tout en jouissant d'une autonomie didactique, notamment pour mener
des expériences innovantes (Angleterre) ou pour dispenser les cours qui
relèvent de la décision autonome de l'établissement (quota
de 20 % dont le contenu est déterminé compte tenu des
orientations fixées au niveau régional en Italie).
Les obligations de service sont fixées de façon
centralisée dans l'ensemble des cas considérés, exception
faite des free schools anglaises.
Elles comprennent notamment, à côté d'une
horaire minimum hebdomadaire variable selon les pays, le devoir de :
- remplacer les collègues absents dans le cadre de
règles propres à chaque situation, le cas échéant
moyennant le paiement d'heures supplémentaires (Pologne) ;
- de préparer les épreuves d'examens ou
d'effectuer des tâches administratives (Angleterre) ;
- de surveiller la récréation, le
déjeuner ou des activités sportives (NSW) ;
- d'effectuer des travaux destinés à
l'enrichissement de l'offre scolaire, à des sorties ou des
activités extrascolaires (Italie) ;
- ou de dispenser des cours supplémentaires dans
la limite de l'horaire légal (Pologne).
· Rémunération
Le système de rémunération est
fixé de façon centralisée tant en Angleterre qu'en Pologne
(document réglementaire), Italie (convention collective) et Australie
(document mixte).
Pour valoriser les mérites de certains enseignants, des
marges de manoeuvre sont ouvertes :
- au conseil d'établissement pour accorder des
majorations de rémunération compte tenu de l'expérience,
de la qualité ou du caractère supplémentaire du travail
accompli (Angleterre) ;
- aux services d'inspection académique, aux
collectivités locales et aux chefs d'établissement en Pologne
(où 1 % de la masse salariale est réservée à
cette fin et où, de surcroît, la délivrance du titre de
« professeur méritant » entraîne le versement
d'une prime importante) ;
- enfin aux free schools anglaises qui,
détermineront leur propre politique salariale et pourront accorder des
rémunérations au mérite.
5. L'évaluation, préoccupation
partagée
L'évaluation s'effectue aussi bien au niveau national
qu'à celui des établissements proprement dits. Elle concerne tant
les enseignants que les élèves.
· Évaluation des
établissements
Au niveau de chaque établissement s'y ajoutent des
évaluations faites :
- par l'administration de l'école elle-même
(autoévaluation annuelle) en Angleterre et en Australie où les
parents y sont associés ;
- tous les cinq ans par un organisme public
extérieur indépendant en Angleterre ;
- et dans le cadre d'inspections nationales et
régionales (Pologne).
Les parents sont informés des résultats de cette
évaluation en Angleterre et en Australie.
En Pologne, l'établissement doit présenter un
plan pour remédier aux lacunes relevées lors de ce
contrôle.
· Évaluation des enseignants
L'évaluation des enseignants relève d'un
comité d'évaluation présidé par le chef
d'établissement en Italie et du chef d'établissement lui
même en Pologne (où elle est le préalable à toute
promotion), et en Australie où elle peut aboutir à ce que
l'enseignant soit astreint à suivre une formation.
· Évaluation des
élèves
Les cohortes d'élèves sont soumises à des
évaluations nationales destinées à évaluer les
performances de l'ensemble du système scolaire.
Les compétences des élèves sont
évaluées individuellement au fil des apprentissages étant
observé que le redoublement :
- n'existe pas en Angleterre ;
- est possible dans une seule matière en
NSW ;
- reste exceptionnel en Italie en primaire et s'y limite
à des cas motivés dans le secondaire, de même qu'en Pologne
où des attestations de fin d'études normalisées au niveau
national sont aussi délivrées par les établissements
à chaque fin de cycle.
AUSTRALIE (Nouvelle-Galles du Sud)
En Australie, l'éducation fait l'objet d'un partage de
compétences entre la fédération ou Commonwealth,
d'une part, et les États qui la composent, d'autre part. Ces derniers en
assument l'essentiel tandis que le gouvernement fédéral apporte
des financements supplémentaires.
Un accord national sur l'éducation conclu entre les
parties précitées (National Education Agreement) fixe
notamment les compétences propres de l'État
fédéral, des États ainsi que celles qu'ils partagent, les
grands objectifs, les politiques et réformes à mettre en oeuvre,
le programme de travail, la mesure et la transmission des résultats
obtenus. Il est applicable depuis le 1er janvier 2009.
On a choisi d'étudier principalement, pour illustrer le
propos, les établissements scolaires de la Nouvelle-Galles du Sud
(New South Wales, NSW), État le plus peuplé d'Australie
avec un peu moins de 7 millions d'habitants.
1. L'organisation
administrative et territoriale de l'enseignement primaire et secondaire public
(government schools)
L'ouverture ou la fermeture d'un établissement scolaire
est du ressort du ministre de l'éducation de NSW.
L'accord national sur l'éducation précité
confie aux États l'organisation administrative et territoriale de
l'enseignement primaire et secondaire en les chargeant de veiller à ce
que « chaque enfant ait la possibilité de s'inscrire dans un
établissement dispensant un enseignement de qualité et à
ce qu'il le fréquente assidument pendant sa scolarité
obligatoire ». Sur leur territoire, ils sont responsables du
développement des politiques éducatives, de la mise en place du
service de l'enseignement, de la surveillance et du contrôle des
résultats des établissements ainsi que de la
réglementation applicable aux établissements scolaires afin
d'atteindre les objectifs nationaux décidés en commun au niveau
national.
Les établissements scolaires fonctionnent sous le
contrôle direct du ministre de l'Éducation de l'État
compétent conformément à la législation et à
la réglementation de cet État.
En Nouvelle-Galles du Sud, la loi de 1980 relative au service
public de l'éducation n° 23 modifiée (NSW Teaching
Service Act 1980 n° 23) définit les fonctions du
directeur du ministère de l'Éducation qui rend compte au ministre
de l'Éducation, détermine la typologie des établissements
scolaires, le statut des enseignants (carrières et
rémunérations), les conditions de recrutement et exerce le
pouvoir disciplinaire.
La loi sur l'éducation de 1990 n° 8
modifiée (NSW Education Act 1990 n° 8) prévoit
que des conseils d'établissements (School councils) peuvent
être institués dans les établissements scolaires de NSW
à l'initiative du chef d'établissement qui a pour mission de
promouvoir une véritable participation à la vie de
l'établissement des parents, des personnels, des élèves et
des habitants de la commune. 70 % des établissements scolaires en
sont dotés. Il n'existe pas de norme générale relative
à l'organisation des conseils d'établissements, qui sont ipso
facto très divers.
Les lignes directrices publiées par le ministère
de l'Éducation de NSW sur l'organisation de ces conseils sont en cours
de révision.
Depuis 2007, le partenariat entre l'établissement et
les associations de parents d'élèves est
privilégié. Le chef d'établissement doit leur transmettre
un certain nombre d'informations et dialoguer avec elles.
Le nouveau gouvernement, élu en juin 2010, a
décidé d'améliorer les résultats scolaires en
donnant plus de pouvoirs aux parents et à chaque communauté
scolaire par l'intermédiaire du programme « Empowering
local schools », évoqué infra. Celui-ci a
notamment pour objectif de mettre en place de nouvelles structures de direction
(school council, school board) dans lesquelles les parents joueront un
rôle décisif dans la fixation des priorités et des
objectifs de l'établissement.
· Composition
En règle générale, les conseils
d'établissement sont composés de parents d'élèves,
d'enseignants, de représentants de la collectivité et parfois
d'élèves. Aucune des catégories précitées ne
doit détenir à elle seule la majorité. Parents et
représentants de la collectivité y occupent une place
prépondérante. Le chef d'établissement en est membre de
droit.
Les associations de parents de l'établissement sont
responsables de l'organisation des élections des représentants
des parents.
Le conseil se réunit en moyenne huit fois par an.
· Mission
Le conseil d'établissement fixe les objectifs et les
orientations de l'établissement pour l'avenir.
Il analyse les problèmes de l'établissement et
les points sur lesquels celui-ci doit faire porter ses efforts.
Il évalue les besoins financiers.
Il donne son avis sur de nombreuses questions telles que
l'information les parents ou sur le bien-être des élèves.
Celles relatives aux enseignants, aux programmes scolaires et à la
pédagogie échappent toutefois à sa compétence.
· Recrutement
Le chef d'établissement est recruté à la
suite d'une annonce publiée sur le site de recrutement du gouvernement
de NSW et éventuellement dans la presse.
Il est nommé dans cet emploi public par le directeur du
ministère de l'Éducation qui apprécie ses
compétences au regard des caractéristiques du poste. S'il
n'appartient pas déjà à la fonction publique de NSW, il
effectue une période probatoire de douze mois.
· Mission
Selon le règlement de 2007 sur le service public de
l'enseignement (NSW Teaching Service Regulation 2007), le chef
d'établissement doit gérer son établissement de
manière « correcte, efficace, économique et
impartiale ». Il en rend compte à l'administration de
l'Éducation de NSW.
Parmi les obligations qui lui incombent, le règlement
indique qu'il doit :
- « mettre en oeuvre des procédures et
des plans d'action, des objectifs clairement définis, un programme
scolaire équilibré, séquentiel et adapté et des
mécanismes adéquats de surveillance, d'évaluation et de
collecte de données qui assurent la coordination de toutes les
activités scolaires, la continuité de la politique
d'éducation et une bonne communication ;
- encourager et faciliter le développement
professionnel du personnel du service public de l'éducation, qu'il soit
enseignant ou non, sans discrimination conformément à la loi
applicable en la matière ;
- utiliser de façon efficace et économique
ses ressources ;
- se charger de la discipline des personnels et des
élèves ;
- encourager les personnels du service public de
l'éducation (enseignants et autres) à faire des suggestions en
vue d'accroître l'efficacité de celui-ci ;
- former tous les personnels de ce service public en leur
offrant des possibilités et des facilités pour s'améliorer
dans des domaines en relation avec leurs obligations professionnelles :
- par la participation à des formations sur place
ou organisées par ou pour l'établissement ;
- par l'inscription dans des organismes de formation
extérieurs ;
- et respecter la réglementation en matière
de médecine du travail et de sécurité des conditions de
travail ».
Le mémorandum du ministère de l'Éducation
du 3 juin 2000 aux chefs d'établissements fait le point sur
leurs principales responsabilités en les classant selon qu'elles ont
trait au(x) :
- rôle de dirigeant de l'enseignement ;
- programmes d'enseignement ;
- résultats scolaires ;
- bien-être des élèves ;
- bien-être des personnels, gestion et
développement ;
- gestion des ressources matérielles et
financières ;
- et partenariats.
Le gouvernement élu en juin 2010 a décidé
d'améliorer les performances et les résultats des
élèves en donnant aux chefs d'établissement plus de
responsabilités budgétaires et de pouvoirs sur la conduite de
l'établissement, notamment sur le choix des différents types de
personnels et la fixation des priorités locales, par
l'intermédiaire du programme « Empowering local
schools », évoqué supra.
Les chefs d'établissement auront à l'avenir
davantage de contrôle sur la gestion de leur établissement, les
dépenses prioritaires et les orientations à suivre. Les
décisions prises à l'échelon local devraient ainsi mieux
refléter les besoins de l'établissement. Des aides tant
financières que d'autre nature leur seront octroyées pour assumer
ces nouvelles responsabilités.
Ce programme devrait commencer dans
1 000 établissements en 2012-2013 avant d'être
étendu à tous les établissements en 2018. Les
écoles choisies, sélectionnées sur dossier en 2011,
recevront l'équivalent de 29 100 d'euros à
36 400 d'euros.
3. Le financement des
établissements d'enseignement primaire et secondaire (budget de
fonctionnement)
En 2007-2008, le financement des établissements publics
provient pour la plus grande part (environ 89 %) des États et pour
11 % du Commonwealth soit, respectivement, l'équivalent de
17 et 2,2 milliards d'euros, sur un total de 20,2 milliards
d'euros.
Les établissements scolaires sont aussi financés
par des contributions des parents et de la collectivité estimées
en moyenne à environ 5 % du total de leurs dépenses. Elles
proviennent de frais supplémentaires appliqués aux fournitures,
livres scolaires et activités facultatives, de donations
d'équipements scolaires, de loyers de locaux scolaires... La majoration
des frais ne peut toutefois pas être imposée aux parents.
Chaque État adopte son budget annuel destiné
à l'éducation qui représente en moyenne un quart de ses
dépenses. Les mécanismes de répartition de ces budgets
diffèrent d'un État à l'autre. Des moyens
généraux sont, en général, affectés aux
établissements en fonction de l'évaluation des frais de
personnels enseignants et non enseignants ainsi que d'autres dépenses
récurrentes. Sont également attribuées des subventions
liées à la participation à certains programmes comme ceux
destinés aux enfants de milieux défavorisés ou
handicapés, aux zones rurales et aux communautés
indigènes...
Dans la plupart des États comme le NSW, le financement
est centralisé et les établissements ne gèrent pas leur
propre budget si bien qu'il est même difficile de connaître son
chiffrage. Ce système permet aux collectivités de réaliser
des économies d'échelle par une gestion centralisée des
personnels et des contrats de fournitures et d'entretien.
Depuis 2009 et la conclusion d'un accord intergouvernemental
sur les relations financières fédérales, le Commonwealth
verse aux États le « versement national à objectif
spécifique » (National Specific purpose Payment, national
SPP), pour la délivrance de prestations de service public
spécifiques. En 2009-2010, le versement au service public de
l'Éducation (National Schools SPP), s'élevait à
l'équivalent de 7 milliards d'euros. Les États disposent
d'une certaine latitude pour utiliser ces fonds dans le cadre des objectifs
fixés dans l'accord national de l'éducation (voir supra)
sous réserve de fournir les indicateurs chiffrés figurant dans
celui-ci. Des fonds supplémentaires sont accordés aux
États lorsqu'ils ont signé un des sept partenariats nationaux
associés à l'accord national de l'éducation, comme celui
destiné à améliorer les compétences des
enseignants, la lecture et le calcul...
En 2009, les sommes versées par le
Commonwealth à chaque État ont été
calculées sur la base des budgets précédents. A l'avenir,
elles seront revues pour tenir compte de l'évolution de la population
scolaire et du coût moyen récurrent par élève dans
les établissements publics du primaire et du secondaire (The Average
Government Schools Recurrent Cost, AGSRC) calculés à partir
des statistiques transmises par les États.
Ce système de financement appliqué depuis plus
de trente ans est critiqué et fait actuellement l'objet d'une
révision générale, annoncée le 15 avril 2010,
laquelle devrait s'achever fin 2011.
Les enseignants sont des personnels de la fonction publique du
NSW.
Leur statut est régi par les lois de 1980 relative au
service public de l'éducation n° 23 modifiée et de 2002
relative à la gestion et à l'emploi dans le secteur public
n° 43 modifiée (NSW Public Sector Employment and
Management Act 2002 n° 43), ainsi que par la décision
2009 applicable aux rémunérations et conditions de travail des
fonctionnaires (enseignants et personnels apparentés) dans le NSW
« Crown Employees (Teachers in Schools and related Employees)
Salaries and Conditions Award 2009 » de la Commission des
Relations Industrielles du NSW (Industrial Relations Commission of
NSW).
En vertu de la loi de 1996 relative aux relations
industrielles n° 17 modifiée « NSW Industrial
Relations Act 1996 n° 17 », la Commission des
Relations Industrielles du NSW qui est composée d'un président,
d'un vice-président, de trois présidents suppléants, de
sept juges et de sept membres « ordinaires »
nommés par le gouverneur du NSW (représentant de la reine
d'Angleterre) sur proposition de l'exécutif local fait partie du
ministère de la Justice et a, entre autres, pour mission de faciliter la
réglementation de l'emploi par des awards. Les awards
sont des instruments juridiques qui traitent des relations du travail
(durée, rémunération, congés, indemnités de
licenciement...) et qui résultent de la négociation collective ou
d'une décision rendue par la Commission des Relations Industrielles en
cas de conflit entre organisations patronales et salariales.
Dans les autres États, le statut des enseignants figure
dans des « awards », comme en NSW, ou dans des
accords collectifs.
· Recrutement
Leur recrutement suit la même procédure que celle
des chefs d'établissement décrite supra.
Jusqu'à présent, chaque État
détermine les diplômes et compétences requises pour
accéder à la profession.
Depuis septembre 2004, en NSW, les nouveaux enseignants
doivent suivre une procédure d'accréditation définie par
l'Institut des enseignants (NSW Institute of teachers), organisme
public indépendant créé en 2004 pour améliorer la
qualité de l'enseignement. A leur entrée en fonction, ils
reçoivent une accréditation conditionnelle pour enseigner. Ils
disposent d'un délai variable, déterminé de façon
individuelle en fonction de la situation de chacun d'entre eux, pour
acquérir les compétences professionnelles requises. A l'issue de
celui-ci et après vérification, ils obtiennent leur
accréditation définitive.
En décembre 2010, les différents ministres de
l'Éducation se sont entendus pour fixer des normes professionnelles
nationales applicables aux enseignants (National Professional Standards for
Teachers) qui doivent entrer en vigueur en 2011.
· Obligations de service
Pour la période du 1er janvier 2009 au
31 décembre 2011, les obligations de service sont
fixées par l'« award » de la Commission des
Relations Industrielles du NSW datant de 2009, complété par des
accords syndicaux.
Dans l'enseignement primaire, l'enseignant doit effectuer
21,75 heures d'enseignement par semaine auxquelles s'ajoutent des
permanences pour surveiller les cours de récréation à la
pause de la matinée (15 minutes) et à la pause
déjeuner (60 minutes). Il peut lui être également
demandé d'être présent 30 minutes avant le
début et/ou à la fin des cours pour surveiller les
élèves, assister à des réunions de travail ou
effectuer d'autres tâches. Pour certaines autres activités
professionnelles comme le travail sur les programmes et les matériels
pédagogiques, la formation des enseignants, la préparation des
évaluations, le conseil aux élèves, les relations de
l'école avec la communauté scolaire, l'enseignant peut obtenir
une dispense de cours de deux heures par semaine
Dans l'enseignement secondaire, un enseignant doit effectuer
20,66 heures d'enseignement par semaine. Il doit s'acquitter de
28 unités d'enseignement et superviser jusqu'à
3 unités de sport par semaine. Chaque unité a une
durée de 40 minutes. A la place de la surveillance
d'activités sportives, le directeur peut obtenir l'accord de
l'enseignant pour que celui-ci s'acquitte de 2 unités de cours
particuliers avec un élève pendant la semaine ou qu'il surveille
des activités sportives le week-end.
Les horaires d'ouverture de l'établissement secondaire
doivent permettre d'effectuer huit fois quarante minutes de cours par jour. Le
chef d'établissement peut, avec l'accord des enseignants
concernés, étendre l'emploi du temps au-delà des horaires
normaux d'ouverture pour les élèves des deux dernières
années du secondaire. Dans ce cas, l'enseignant a droit à une
période de repos équivalente dans la semaine, de
préférence en début ou fin de journée. Il ne peut
pas lui être demandé de venir avant et après les heures
normales d'ouverture le même jour.
Un enseignant a l'obligation de remplacer un collègue
absent pendant une durée pouvant aller jusqu'à 6 unités
par trimestre.
· Programmes scolaires
Les programmes scolaires diffèrent selon les
États.
En NSW, la loi sur l'éducation de 1990
précitée fixe le contenu minimum des programmes scolaires.
Ceux-ci peuvent être développés par le Conseil des
Études (Board of Studies) composé d'un président,
de trois membres de droit dont le directeur du ministère de
l'Éducation et de dix-neuf membres qui représentent les
professeurs, directeurs d'établissements, parents d'élèves
des établissements primaires et secondaires, publics et privés,
ainsi que des personnes ayant une expérience significative en
matière d'éducation.
Les programmes scolaires sont mis en oeuvre avec une certaine
flexibilité. L'enseignant n'est pas tenu d'appliquer une
pédagogie ou une approche particulière, ni de suivre une
progression prescrite. En primaire, les efforts portent sur l'anglais et les
mathématiques.
Un programme scolaire national (the Australian
Curriculum) qui définit les compétences devant être
acquises à la fin de chaque année scolaire est en cours de
préparation sous l'égide d'une autorité
indépendante (Australian Curriculum Assessment and Reporting
Authority, ACARA) qui travaille en collaboration avec tous les acteurs
concernés. La première phase 2010-2011 traite de l'anglais, des
mathématiques, des sciences et de l'histoire.
· Rémunération
Pour la période du 1er janvier 2009 au 31
décembre 2011, en NSW, le salaire des enseignants est fixé par le
document 2009 précité (award) de la Commission des
Relations Industrielles complété par des accords syndicaux. Il
prévoit un salaire de base indiciaire assorti de primes.
· Évaluation des
établissements
Elle varie selon les États, mais tous ont mis en place
un modèle que l'établissement doit suivre pour rendre compte de
son activité.
Depuis 1997, en NSW, tous les établissements scolaires
ont l'obligation de rédiger un rapport annuel pour rendre compte de leur
activité aux parents et à la communauté scolaire, au
ministère de l'Éducation de NSW ainsi qu'au ministère
australien de l'Éducation. En 2004, l'auditeur général du
NSW, équivalent de la Cour des comptes, a rédigé un
rapport de performance à partir de l'ensemble des rapports annuels
d'établissement 2003 et a adressé ses recommandations au
ministère de l'Éducation.
Le rapport annuel de l'établissement doit fournir un
certain nombre d'informations obligatoires qui portent sur :
- les élèves et les personnels ;
- les résultats des élèves aux
évaluations nationales et à celles de l'État de
NSW ;
- les performances sportives et artistiques des
élèves ;
- une auto-évaluation par l'établissement
des résultats obtenus et de sa progression vers les objectifs ;
- et les objectifs pour l'année suivante.
Le rapport annuel est préparé par le
comité d'autoévaluation de l'établissement qui est
composé de représentants de parents d'élèves et de
la communauté scolaire au sens large, de personnels enseignants et non
enseignants sous la direction du chef d'établissement.
Ce rapport, mis en ligne sur le site de
l'établissement, est distribué aux parents autour du 30 juin
de chaque année.
· Évaluation des enseignants
Elle varie selon les États.
En NSW, la loi de 1980 relative au service de l'enseignement
n° 23 modifiée prévoit que les prestations des
enseignants doivent être évaluées au moins une fois par an
et davantage si le directeur du ministère de l'Éducation l'estime
nécessaire.
L'évaluation annuelle est conduite par le chef
d'établissement qui reçoit les enseignants en entretien
individuel. Celui-ci prend également en compte la façon dont
ceux-ci suivent le programme scolaire ainsi que certains documents comme le
matériel pédagogique utilisé, les travaux et
évaluations des élèves... Il transmet toutes les
données relatives à l'évaluation annuelle au
ministère de l'Éducation.
Si cette évaluation n'est pas satisfaisante, le chef de
l'administration peut enjoindre à l'enseignant en question de suivre une
formation dont il définit l'objet et la durée.
Si en dépit de sa participation à celle-ci (ou
sa non-participation, ou une participation insuffisante), aucune
amélioration n'est constatée, le directeur de l'administration
peut prendre une mesure visant à corriger les insuffisances ou une
sanction disciplinaire, mais dans ce dernier cas, il doit avoir inscrit
l'enseignant dans un plan d'amélioration des performances et avoir
donné à celui-ci une véritable possibilité
d'améliorer son travail.
Le nouveau gouvernement australien élu en 2010 s'est
engagé à instituer un système national de gestion des
performances des enseignants à partir des normes professionnelles
nationales évoquées supra qui entrent en vigueur en
2011. Ce système national, appliqué à compter de 2013,
devrait être couplé avec une rémunération des
performances fondée sur les normes en question qui permettrait de
récompenser 10 % des meilleurs enseignants australiens selon leur
niveau d'expérience. Il est ainsi envisagé d'octroyer deux primes
d'un montant qui équivaut à 2 935 euros aux professeurs
les plus expérimentés.
· Évaluation des
élèves
Les méthodes d'évaluation varient selon les
États. En NSW, dans les premières années de
scolarité comprises entre les niveaux 1 et 10 (seize ans), on recourt
aux lettres A à E éventuellement assorties d'une des
mentions : excellent, haut, bon, élémentaire et
limité. Dans les deux dernières années de scolarité
(11 et 12, dix-sept et dix-huit ans), les établissements peuvent
utiliser une notation chiffrée de 1 à 100 ou alphabétique
comme supra.
Depuis 2008, les élèves dans les classes de
niveau 3, 5, 7 et 9 (neuf, onze, treize et quinze ans) font l'objet d'une
évaluation nationale en lecture, écriture, grammaire et calcul
dans le cadre du programme national d'évaluation (National
Assessment Program Literacy and Numerac, NAPLAN).
Une évaluation par échantillon qui porte sur des
groupes représentatifs d'élèves tirés au sort, des
classes de niveau 6 et 10 (douze et seize ans) et se déroule sur trois
années consécutives permet d'apprécier les connaissances
dans les matières scientifiques, en éducation civique ainsi qu'en
informatique et technologies de communication. Cette expérience a
commencé en 2003 avec l'évaluation des matières
scientifiques, suivie en 2005 par l'éducation civique et, en 2006, par
l'informatique et les technologies de communication.
Par ailleurs, il existe deux diplômes nationaux, le
certificat d'éducation (School Certificate) à la fin de
la classe de niveau 10 (seize ans) et le certificat d'éducation
supérieur (Higher School Certificate, HSC) à la fin de
la classe de niveau 12 (dix-huit ans) qui est requis pour l'admission à
l'université.
La politique en matière de redoublement varie selon les
États.
En NSW, les élèves peuvent redoubler une
année à la demande de l'établissement ou de la famille.
Dans l'enseignement secondaire, classe de niveau 7 à 10 (treize à
seize ans), ils peuvent redoubler dans une matière et une seule
où ils rencontrent des difficultés. Ceci pose des
problèmes pratiques d'organisation car les élèves suivent
alors la même matière dans deux niveaux différents au cours
d'une même année scolaire. Pour les deux dernières
années de l'enseignement secondaire supérieur, niveau 11 et 12
(dix-sept et dix-huit ans), les élèves peuvent valider les
matières pour obtenir le certificat d'éducation supérieur
sur une période de cinq années. Ainsi un élève qui
aurait des problèmes de santé pourrait choisir de valider
anglais, mathématiques et histoire une année, puis physique
l'année suivante et géographie l'année d'après.
ITALIE
Le système éducatif public italien primaire et
secondaire, relève d'une organisation nationale.
Il est régi par des textes législatifs et
réglementaires et une convention collective nationale applicable aux
personnels des établissements scolaires qui relèvent cependant du
secteur public.
Depuis 2006, les pouvoirs publics ont pris des mesures
pour :
- rationnaliser la carte scolaire ;
- augmenter le rapport
élèves/enseignants ;
- remodeler les programmes des lycées et des
autres établissements du secondaire, notamment pour rendre
l'enseignement technique et professionnel plus attractif ;
- et assurer une certification des acquis scolaires au
fil des cycles de formation successifs afin que tous les élèves
bénéficient du « droit-devoir » à
l'instruction.
Ces réformes se sont caractérisées par
une diminution du nombre des enseignants et des personnels de
l'éducation nationale qui n'ont touché ni l'organisation interne
des établissements scolaires, ni le statut juridique des enseignants.
La loi n° 59 du 15 mars 1997 a
déconcentré les fonctions antérieurement exercées
par l'État en matière d'instruction publique aux
établissements scolaires qui ont reçu la personnalité
juridique, l'autonomie didactique et un budget autonome géré
librement dont le montant est cependant fixé par les services de
l'État.
Le décret législatif n° 112 du 31 mars
1998 a réservé à l'État la compétence pour
fixer des critères d'organisation du réseau scolaire, pour
évaluer ses performances et pour déterminer les charges qui
incombent au budget national. Il a délégué aux
régions : la programmation de l'offre de formation ; la
programmation régionale du réseau scolaire ; la division du
territoire en secteurs afin d'améliorer l'offre et la fixation du
calendrier scolaire. Il a transféré aux provinces,
équivalent des départements, en ce qui concerne l'école
secondaire supérieure (lycées, établissements techniques
et établissements professionnels), et aux communes pour les autres
écoles d'un niveau inférieur :
- la création, le regroupement, la fusion et la
suppression des établissements scolaires, sur la base des plans de
programmation ;
- la rédaction des plans d'organisation du
réseau scolaire ;
- l'aide à la scolarisation des
élèves handicapés ou défavorisés ;
- la détermination du plan d'utilisation des
édifices et d'usage des équipements, en accord avec les
établissements ;
- la possibilité d'interrompre les cours en cas
d'urgence ;
- et la constitution, le contrôle et
éventuellement la dissolution des organes scolaires
collégiaux.
Les éventuels conflits de compétences entre
établissements sont tranchés par la province dans le cas
général et par la commune en ce qui concerne les écoles
maternelles et les écoles primaires.
Le décret n° 233 du 18 juin 1998
prévoit que les établissements scolaires doivent avoir un nombre
d'élèves prévisible stable pour cinq ans compris entre 500
et 900 sauf dans les petites îles et les communes de montagne où
ce chiffre peut s'établir à 300. Pour fixer la dimension optimale
des établissements ont prend en compte :
- l'importance de la population scolaire totale de la
zone territoriale ;
- les caractéristiques démographiques,
orographiques, économiques et socioculturelles du bassin de vie des
élèves ;
- la délinquance juvénile et la
criminalité des mineurs ;
- et la difficulté de direction, de gestion et
d'organisation didactique en fonction de la multiplicité des niveaux
scolaires et des filières dans l'école.
Les écoles dont la population est inférieure
à ces seuils sont réunies horizontalement aux écoles de
niveau identique de la même zone territoriale ou verticalement à
d'autres établissements en fonction des besoins d'éducation du
territoire.
Les plans de dimensionnement des écoles sont
établis par la conférence régionale du réseau
scolaire en fonction des filières et des critères adoptés
par les régions. Les provinces et les communes sont compétentes
pour supprimer ou transférer les sièges et les
établissements des écoles qui ont obtenu la personnalité
juridique.
Ces dispositions n'ont pas été parfaitement
appliquées. En 2008, environ 700 établissements scolaires avaient
moins de 300 élèves et 850 pas ou plus de titre au maintien d'une
dérogation relative au nombre d'élèves. Entre 15 et
20 % des écoles ne répondaient pas aux conditions
posées par la loi de 1998 pour obtenir leur autonomie. Pour
remédier à cette situation, le décret n° 81 du
20 mars 2009 a prévu que les critères et paramètres de
dimensionnement des établissements scolaires seraient fixés par
un arrêté ministériel après avis conforme de la
conférence unifiée qui réunit, sous la présidence
du Gouvernement, les membres de la Conférence État-Villes et ceux
de la Conférence permanente pour les rapports entre l'État, les
régions et les provinces autonomes. Cette réforme du
réseau scolaire doit permettre une économie d'au moins
85 millions d'euros avant l'année scolaire 2011-2012 qui sera
partagée entre État, régions, provinces et communes.
En pratique ces dispositions n'ont, pour le moment
semble-t-il, pas entraîné de fermeture d'établissement.
Les dispositions relatives à ce sujet figurent dans le
décret législatif n° 297 du 16 avril 1994.
· Composition
Le conseil d'établissement se compose de 14 à
19 membres en fonction de la taille de l'établissement,
désignés pour trois ans.
Dans les établissements jusqu'à
500 élèves, il compte 6 représentants
élus par le personnel enseignant, 1 par le personnel administratif,
technique et auxiliaire (ATA), 6 par les parents d'élèves et le
chef d'établissement. Dans les établissements du niveau du
lycée, le nombre des parents d'élèves est réduit
à trois, les trois sièges libérés étant
occupés par des représentants élus des
élèves. Le médecin et le psychologue scolaire peuvent
être appelés à participer à ses travaux à
titre consultatif.
Il est présidé par un membre élu,
à la majorité absolue parmi les représentants des parents
d'élèves. Le président désigne un
secrétaire.
Le conseil élit un bureau composé d'un
enseignant, d'un membre du personnel ATA et de deux parents. Le chef
d'établissement en est membre de droit et le préside.
· Mission
ü Un principe d'autonomie
Le conseil d'établissement établit, sur
proposition des professeurs, le plan de l'offre de formation et le
« curriculum » obligatoire des élèves qui
comprend, outre la quotité horaire nationale, la quotité dont il
définit librement le contenu aussi bien en termes de disciplines que
d'activités, sous réserve des lignes directrices fixées
par les régions (voir infra).
Il adopte le programme annuel des dépenses, sur la base
du montant des crédits qui lui est notifié par
l'équivalent du rectorat. Il vote son budget prévisionnel, ses
sources de financement propres et, à l'issue de l'exercice, adopte son
compte administratif. Il établit le règlement intérieur,
décide de l'acquisition des matériels, des adaptations du
calendrier scolaire, des contacts avec d'autres écoles, de l'aide
à délivrer aux élèves et des principes de
constitution des classes. Il adresse un rapport annuel à l'inspecteur
d'académie.
Le bureau prépare les réunions du conseil,
élabore le projet de budget, le projet de compte administratif et met en
oeuvre les délibérations du conseil. Il statue aussi sur les
mesures disciplinaires concernant les élèves.
Le décret n° 275 du 8 mars 1999
précise que l'autonomie didactique des établissements
concerne : l'organisation des quotas horaires prévus pour chaque
discipline ; l'utilisation des horaires résiduels ; les
parcours didactiques individualisés et la répartition des
disciplines en groupes disciplinaires. Cette autonomie s'exerce sous
réserve de règles nationales communes (nombre annuel de jours
d'activité, cours 5 jours par semaine, respect des charges de
service figurant dans la convention collective applicable aux enseignants).
ü Le respect de règles nationales et
régionales
Par delà l'autonomie reconnue aux
établissements, le ministère de l'Instruction publique
détermine :
- les objectifs généraux du processus de
formation ;
- les objectifs spécifiques des
apprentissages ;
- les disciplines et les activités constituant la
quotité nationale des curriculi obligatoires et leur montant
horaire annuel ;
- le niveau de l'horaire obligatoire annuel (qui comprend
la quotité nationale, soit 80 % et la quotité
réservée aux établissements, soit 20 %) ;
- les limites à la flexibilité temporelle
pour réaliser des compensations entre les disciplines et les
activités ;
- les critères d'évaluation des
élèves ;
- et les standards de qualité du service.
Les régions fixent les lignes directrices de
l'utilisation du quota horaire de 20 % du temps scolaire (dans le cas
général) que les établissements scolaires du primaire et
du secondaire précisent, chacun pour ce qui le concerne, dans le respect
des objectifs nationaux. Les établissements scolaires utilisent le quota
de 20 % pour :
- renforcer le dispositif national ;
- réaliser des compensations entre les
activités et les disciplines ;
- introduire de nouvelles disciplines enseignées
par des professeurs, sous réserve de l'équilibre de leur
budget.
· Recrutement
Les chefs d'établissement sont recrutés sur la
base de concours nationaux ouverts aux enseignants qui ont au moins cinq ans de
service, organisés tous les trois ans, par type d'école. Leurs
lauréats, qui suivent une formation appropriée, sont inscrits
dans des cadres d'emplois constitués au niveau régional (sans que
les chefs d'établissements soient employés par les
régions).
Le salaire du chef d'établissement est fixé par
la convention collective applicable aux établissements d'enseignement
(salaire indiciaire et primes). Depuis 2001, à l'instar de l'ensemble
des dirigeants des administrations italiennes, les primes liées aux
résultats obtenus représentent au moins 30 % de sa
rémunération totale.
Le décret législatif n° 165 du 30 mars
2001 prévoit que le chef d'établissement est évalué
par une unité créé au niveau de l'équivalent du
rectorat, au niveau régional, composée d'un chef et d'experts qui
n'appartiennent pas à cette administration.
Enfin la loi de finances pour 2007 (alinéas 610 et 613)
a prévu la création d'une Agence nationale pour le
développement de l'autonomie scolaire dotée de compétences
en matière de recherche éducative et
pédagogico-didactique, de formation professionnelle du personnel des
écoles et de documentation. Elle doit définir les
procédures d'évaluation des chefs d'établissement et
réaliser un suivi global du système d'évaluation.
· Mission
Le décret législatif du 30 mars 2001
précité confère au chef d'établissement, qui est le
représentant légal de celui-ci, une compétence
étendue en matière de gestion des ressources financières
et des moyens matériels et humains pour la mise en oeuvre des
orientations fixées par le conseil d'établissement. Il peut
déléguer ses compétences à des enseignants qu'il
choisit.
Il présente périodiquement au conseil
d'établissement un rapport motivé sur ses activités.
3. Le financement des
établissements d'enseignement primaire et secondaire (budget de
fonctionnement)
· Les ressources financières
Dans les régions, les responsables des
équivalents des rectorats répartissent les ressources entre les
provinces, en concertation avec les régions, les provinces et les
communes de façon cohérente avec le plan régional de
localisation des institutions scolaires. Ils tiennent compte :
- de l'importance et de la composition de la population
scolaire de chaque région y compris les besoins des élèves
handicapés ;
- de la densité démographique des
départements (provincie) et de la répartition de la
population entre les communes ;
- des caractéristiques géomorphologiques
des territoires concernés, de leur situation socioéconomique et
des difficultés qu'ils rencontrent ;
- de l'articulation de l'offre de formation ;
- de la répartition des élèves dans
les classes et les établissements dans le but d'atteindre une hausse de
0,4 point du rapport élèves/classe au plan national ;
- et des caractéristiques des constructions
scolaires.
Les ressources destinées à l'instruction des
premier et second degrés tiennent aussi compte des disciplines et des
activités proposées dans chaque établissement.
La conférence unifiée État-régions
est consultée sur la répartition des ressources entre les
différentes régions.
La loi de finances pour 2007 (alinéa 601) a
créé deux nouveaux chapitres budgétaires (l'un
destiné aux dépenses de personnel hors traitement et l'autre au
fonctionnement des écoles) dont les ressources seront directement
versées aux établissements scolaires, sans plus transiter par les
équivalents des rectorats.
Cette matière est régie par le décret
législatif n° 297 du 16 avril 1994 et la convention collective
nationale des personnels des établissements scolaires.
· Recrutement
Les enseignants sont recrutés sur la base de concours
organisés au niveau régional, à l'initiative du
ministère de l'Instruction publique. Ces concours comportent des
épreuves écrites (coefficient 40/100) orales (idem) et
une évaluation des titres académiques (coefficient 20/100). Ils
intègrent ensuite des cadres d'emplois provinciaux (sans pour autant
être des agents des provinces). La pratique des « listes
complémentaires » donne lieu à des
phénomènes de « file d'attente ».
Les établissement peuvent, pour organiser des
activités et des enseignements facultatifs, optionnels et gratuits dans
le cadre des 20 % (règle de base) du quota horaire dont elle
disposent, recruter par contrat de prestations de services des experts qui ne
sont pas des professeurs, mais qui disposent des titres définis par un
décret du ministre de l'Instruction publique (article 7 du
décret du 19 février 2004).
Le salaire des enseignants est fixé par la convention
collective applicable aux établissements d'enseignement, à savoir
un salaire de base indiciaire assorti de primes.
· Obligations horaires
Les obligations de service horaires sont fixées par le
décret n° 297 du 16 avril 1994 à :
- 24 heures hebdomadaires réparties sur 5
jours (y compris la surveillance de la cantine) dans les écoles
primaires, dont deux heures pour organiser des réunions des professeurs
en matière didactique ;
- et à 18 heures hebdomadaires dans le
secondaire.
· Contenu
La convention collective dispose que la nature des obligations
de service est fixée par chaque établissement dans le cadre de
son autonomie didactique étant entendu qu'au début de
l'année le chef d'établissement détermine le plan annuel
des activités de l'établissement et les obligations qui en
découlent. Ce plan est soumis à l'approbation du conseil des
enseignants. Il peut être modifié en cours d'année.
A l'école primaire, les enseignants peuvent être
amenés, dans le cadre de l'horaire légal, à fournir les
prestations pour l'enrichissement de l'offre d'enseignement, le soutien
scolaire individualisé ou en petits groupes à des
élèves en difficulté et à des élèves
étrangers venus de pays non membre de l'Union européenne, ainsi
qu'au remplacement de leurs collègues absents.
Dans le secondaire, les enseignants sont tenus, dans la limite
des 18 heures précitées, de dispenser leur enseignement dans
des classes dépourvues de titulaire, d'effectuer des remplacements et de
rester disponible pour des activités parascolaires ou interscolaires.
· Rémunération
La rémunération des enseignants est fixée
par la convention collective applicable aux établissements
d'enseignement (salaire indiciaire et primes).
Au plan national, l'INVALSI a sollicité, en 2009,
l'ensemble des écoles primaires afin de mener une enquête
statistique sur un échantillon d'élèves tirés au
sort dans la deuxième et dans la cinquième classe. Les
élèves retenus sont soumis à des épreuves d'italien
et de mathématiques. Cette expérience doit être
progressivement étendue à d'autres établissements.
· Évaluation des
établissements
Le décret législatif n° 286 du 19
novembre 2004 a créé l'Institut national d'évaluation du
système éducatif d'instruction et de formation (INVALSI)
Dans le cadre de la mise en oeuvre du
« droit-devoir » à la formation, il intervient avec
l'Agence nationale pour le développement de l'autonomie scolaire (ANSAS)
pour aider le ministre de l'Instruction à déterminer les lignes
directrices en matière d'orientation, de formation des professeurs, de
soutien scolaire, de suivi, d'évaluation et de certification des cursus
(arrêté ministériel du 22 août 2007, art. 5).
Les trois décrets relatifs aux lycées, aux instituts techniques
et aux instituts professionnels publiés en mars 2010 confient à
l'ANSAS et à l'INVALSI la mission de suivre et d'évaluer les
cursus qui s'y déroulent. L'INVALSI évalue, en outre,
spécifiquement la réussite des élèves par rapport
aux objectifs fixés pour les apprentissages par les indications
nationales.
· Évaluation des enseignants
Le décret législatif n° 297 du 16
avril 1997 prévoit qu'un comité pour l'évaluation des
services des enseignants est créé dans chaque
établissement. Il comprend le directeur qui le préside, et de
deux à quatre enseignants élus par leurs pairs, en fonction de la
taille de l'établissement. Il intervient à la demande d'un
enseignant dont il évalue l'activité durant les trois
dernières années.
· Évaluation des
élèves
A l'école primaire et dans le premier cycle du
secondaire, les notes sont données sur 10.
Le redoublement est exceptionnel dans le primaire. Il
n'intervient que dans des cas motivés dans le premier cycle du
secondaire.
A la fin du secondaire, le passage de l'équivalent du
baccalauréat n'est possible que si l'élève y est
autorisé par le conseil de classe au vu de ses résultats, le cas
échant après avoir « remboursé » les
« dettes de formation » (debiti formativi) sous la
réserve desquelles le conseil de classe a permis son passage dans la
classe supérieure au cours du cycle.
L'école est tenue, à la fin de l'école
primaire, de l'école secondaire de premier degré et du second
cycle du secondaire, de certifier les niveaux d'apprentissage atteints par
l'élève. A cette fin, un registre national des
élèves a été constitué afin de suivre leur
parcours scolaire.
· Les actions de lutte contre l'échec
scolaire
L'arrêté ministériel n° 92 du
5 novembre 2007 fait obligation aux établissements de mettre en
oeuvre les activités de « soutien » et, le cas
échéant, de « récupération »
afin de prévenir l'échec scolaire.
Ces activités, qui figurent dans le plan de l'offre de
formation de chaque établissement, sont décidées pour les
élèves concernés, par le conseil de classe à
l'issue des évaluations périodiques et avant le terme de
l'année scolaire. Elles entrent dans l'horaire normal des
élèves et sont obligatoires.
Le conseil des professeurs définit les critères
de composition des groupes d'élèves aidés et ceux
d'affectation des professeurs à ces groupes. Il peut aussi
désigner un professeur afin de coordonner ces activités. Les
professeurs en sont chargés, mais l'école peut y faire participer
des personnes extérieures à l'établissement, à
l'exclusion de celles qui travaillent dans le cadre d'entreprises à but
lucratif. Elles sont distinctes des activités supplémentaires
organisées durant le quota de 20 % que les écoles organisent
de façon autonome au bénéfice de l'ensemble des
élèves. Elles peuvent être mises en oeuvre dans un cadre
autre que celui de la classe, pour un groupe d'élèves qui
rencontrent les mêmes difficultés, par un enseignant qui n'est pas
celui de l'élève. Elles peuvent aussi être suivies de
l'assistance donnée par un professeur à un élève
pour l'aider à travailler seul.
A l'issue de l'action de
« récupération » ou de soutien, le professeur
qui en est chargé procède à une évaluation de
l'élève qui en a bénéficié pour s'assurer
que celui-ci a acquis les compétences qui faisaient défaut. A la
fin de la période scolaire, si conseil de classe constate que
l'élève ne dispose pas des compétences requises dans
certaines disciplines, il en informe la famille par écrit et propose les
mesures à prendre pour combler ces lacunes avant le 31 août
de l'année civile. A l'issue de celles-ci il s'assure que les
compétences sont acquises et procède à l'attribution des
crédits correspondant à l'année.
· Les actions pour la réussite des
formations et la prévention des abandons
Le ministre de l'Instruction adopte, après accord de la
conférence unifiée, des lignes directrices pour la
réalisation de plans d'intervention pour l'orientation, la
prévention et la remise à niveau (ricupero) des
élèves ayant abandonné le système.
POLOGNE
La réforme de l'école entreprise en 1989 a eu
pour objet d'accroître l'influence des collectivités locales et
des parents dans une organisation qui était, jusque là, soumise
à l'autorité exclusive de l'État. Les pouvoirs publics ont
de nouveau réformé le système scolaire en 1999 dans la
perspective de l'entrée du pays dans l'Union européenne puis en
2004 après l'adhésion à l'Union.
Du primaire au secondaire, le système éducatif
public polonais comprend :
- l'école primaire de 7 à 13 ans ;
- le premier cycle de l'enseignement secondaire de 13
à 16 ans ;
- et le second cycle de l'enseignement secondaire de 16
à 18 ou 19 ans (en fonction du type d'établissement,
général ou professionnel).
L'éducation est obligatoire de 7 à 18 ans.
Le ministère de l'Éducation est responsable de
la politique d'éducation nationale (procédure d'admission
à l'école, contenu des programmes de base, régime des
examens, des innovations et de l'inspection pédagogique,
détermination des types d'écoles), tandis que le fonctionnement
de l'administration de l'Éducation nationale (écoles primaires,
secondaires et lycées ou équivalents) est
décentralisé aux 2 478 communes. Les 379 districts ne
sont chargés que de l'administration des écoles après
lycée, des écoles d'art et des écoles spéciales
quel que soit leur niveau. Quant aux 16 régions, elles ne
gèrent que les écoles d'importance supra-régionale.
Les objectifs et contenus éducatifs des programmes de
base nationaux sont obligatoires, mais les enseignants peuvent, sous
réserve de l'accord du directeur de l'école, y apporter des
modifications adaptées aux besoins et aux capacités de leurs
élèves.
De surcroît, 16 inspections pédagogiques
régionales, dont les chefs sont nommés par le représentant
de l'État dans la région, lui-même désigné
par le Premier ministre, sont chargées de la supervision
pédagogique des écoles de leur ressort.
Ce conseil est créé par le chef
d'établissement en vertu d'une demande du conseil des parents (voir
infra) ou, à l'école secondaire, d'une demande des
représentants des élèves.
· Composition
Le conseil d'administration de l'établissement se
compose d'au moins 6 membres élus pour 3 ans, à savoir,
en nombre égal :
- des enseignants élus par leurs pairs ;
- des parents élus par les parents
d'élèves ;
- et des élèves également
élus dans le second cycle du secondaire (équivalent des
lycées).
Le chef d'établissement participe à ces
réunions à titre consultatif, de même que les
personnalités dont le conseil sollicite l'avis.
Les statuts de l'établissement, qui déterminent
les modalités d'élection, peuvent prévoir la participation
de membres qui n'appartiennent à aucune des catégories
énumérées supra et le renouvellement du conseil
par tiers tous les trois ans.
· Mission
Le conseil d'établissement adopte les statuts de
l'institution et son règlement intérieur. Il élit son
président.
Il peut voter des motions relatives au financement de
l'établissement et demander à la collectivité qui
administre celui-ci, laquelle a compétence liée, de
procéder à une évaluation de l'école, de son
directeur ou d'un professeur.
Il émet des avis concernant le projet
d'établissement et la mise en oeuvre d'expérimentations
pédagogiques, peut effectuer une évaluation des activités,
présenter des demandes au chef d'établissement, au conseil
pédagogique et à la collectivité qui administre
l'établissement, notamment en ce qui concerne des curiculi
particuliers.
Il peut collecter des fonds pour financer certaines
activités grâce à des dons ou à d'autres ressources,
tout en respectant les règles d'affectation des sommes prévues
par ses statuts.
· Recrutement
Le chef d'établissement est choisi, selon une
procédure publique, pour cinq ans par la collectivité locale
chargée de l'administration de l'établissement parmi :
- des enseignants dotés d'un emploi à
durée indéterminée ou parmi les professeurs les plus
gradés qui ont au moins cinq ans de services ;
- ou des personnes qui ne relèvent pas du corps
enseignant, avec l'accord des institutions de supervision pédagogique
(en pratique, moins de trente chefs d'établissement sur les 25 700
que comptait le pays en 2009 se trouvaient dans ce cas).
Il désigne son adjoint et les personnels de direction,
après consultation du conseil d'établissement, du conseil
pédagogique et de la collectivité locale qui administre
l'établissement.
· Mission
Le chef d'établissement est responsable de la direction
de l'établissement qu'il représente, de la supervision
pédagogique, du bien-être des élèves, de la mise en
oeuvre des décisions du conseil d'établissement, de la gestion
des crédits et de leur utilisation ainsi que de l'organisation des
examens. Il dirige le personnel enseignant et non-enseignant (embauche, gestion
et promotion).
Il décide du recrutement et du renvoi des personnels
enseignants et non-enseignants ainsi que, en coopération avec la
collectivité locale qui administre l'établissement, de la
discipline.
Il peut, dans la limite des sommes inscrites au budget de
l'établissement, accorder certaines primes à des enseignants.
Il bénéficie d'une décharge
d'enseignement qui varie en fonction de la taille de l'école (il doit
entre 12 heures de cours hebdomadaires si l'école ne dépasse
pas quatre classes et 3 heures hebdomadaires si l'école a plus de
17 classes).
· Le conseil pédagogique
Présidé par le chef d'établissement, un
conseil pédagogique constitué d'au moins trois professeurs est
créé dans chaque établissement. Il approuve le projet
d'établissement, les décisions relatives au passage dans la
classe supérieure, les innovations et les expérimentations, la
formation, le projet de budget, la répartition des services des
professeurs entre les activités qui donnent lieu au paiement du
traitement de base ou d'heures supplémentaires. Il prépare aussi
les projets de modification des statuts de l'institution. Il peut demander la
démission du chef d'établissement. Ses décisions sont
prises à la majorité des suffrages si au moins la moitié
des membres qui le composent sont présents.
· Le conseil des parents
Ce conseil, qui représente les parents
d'élèves, comprend un représentant des parents de chaque
classe élu au scrutin secret au début de l'année scolaire.
Il établit son règlement intérieur et peut
déterminer, en collaboration avec le conseil pédagogique, le
programme d'aide sociale de l'école ainsi que des programmes de
prévention. Il émet des avis sur le programme
d'amélioration de l'efficacité de l'enseignement et sur le
programme social de l'établissement, ainsi que sur son budget.
3. Le financement des
établissements d'enseignement primaire et secondaire (budget de
fonctionnement)
Le financement de l'ensemble du fonctionnement du
système est assuré par l'État. Les crédits sont
répartis en fonction d'une règle de calcul publiée chaque
année par le ministre de l'Éducation qui prend en compte le
nombre des élèves pondéré par des facteurs tels que
les fonctions particulières de l'établissement (enseignement
général, spécialisé ou professionnel...), sa
situation en zone rurale ou dans de petites villes. Chaque collectivité
locale détermine les dépenses des établissements qu'elle
administre. Les investissements sont, quant à eux, cofinancés par
l'État et ces collectivités.
· Recrutement
Le ministère de l'Éducation détermine les
titres requis pour l'accès à la profession d'enseignant ouverte
aux titulaires d'un diplôme de l'enseignement supérieur
doublé d'une préparation pédagogique ou bien d'un
diplôme d'un établissement de formation à l'enseignement.
Tout nouvel enseignant suit un premier stage d'un an afin de devenir enseignant
contractuel, puis un second stage de 2 ans et 9 mois pour obtenir un
poste à durée indéterminée.
Relevant de l'autorité du chef d'établissement,
les enseignants ne sont pas soumis au statut de la fonction publique polonaise.
Ils sont embauchés dans le cadre d'un contrat de travail relevant d'un
régime légal spécifique qui leur assure la
stabilité de l'emploi car leur contrat de travail ne peut être
rompu que dans un nombre limité de cas (à leur demande, pour
incapacité notamment...) plus restreint que le contrat de travail de
droit commun. Ils bénéficient aussi de la protection
pénale dont jouissent les fonctionnaires.
· Rémunération
La rémunération est fixée par la loi du
26 janvier 1982 sur le statut des enseignants et un règlement du
ministre de l'Éducation consacré à leur
rétribution.
Elle se compose du salaire de base et d'indemnités
fonction de : l'ancienneté, la motivation, la nature des fonctions,
les conditions de travail, la rémunération des heures
supplémentaires et de celles de remplacement. S'y ajoutent des primes
diverses.
Un arrêté ministériel fixe le montant du
salaire de base des enseignants, le régime des primes et du paiement des
heures supplémentaires.
Le ministre et les inspecteurs d'académie peuvent
décider le versement de primes, également pour récompenser
des réussites didactiques ou pédagogiques, dans des conditions
qu'ils déterminent. En outre, 1 % de la masse salariale de chaque
établissement est destiné au versement de primes de motivation
soit par la collectivité locale responsable de l'établissement,
soit par le chef d'établissement. Elles récompensent un effort
d'un caractère exceptionnel en matière de qualité du
travail ou d'initiatives prises en dehors du programme obligatoire.
Enfin le titre de « professeur
méritant » - qui ouvre droit au versement d'une prime
exceptionnelle égale à six mois du dernier salaire de base -
est accordé aux plus méritants des enseignants.
Chaque collectivité locale détermine quant
à elle le montant des primes de motivation, de fonction et de celles
relatives aux conditions de travail, les modalités de calcul du paiement
des heures supplémentaires et de celles accomplies au titre de
remplacements ponctuels de collègues.
Outre un régime de retraite plus favorable que celui
des autres salariés, les enseignants disposent également de
droits sociaux spécifiques (prime d'habitation, congé maladie
spécial « pour rétablissement », prime de
déménagement, congés plus longs notamment).
· Obligations de service
La durée maximale du travail est de 40 heures par
semaine qui comprennent nécessairement une charge d'enseignement
proprement dite qui varie de 15 à 30 heures hebdomadaires (dans le
cas général, la durée de base de 18 heures peut
être portée, à la demande de l'enseignant, à
27 heures moyennant une hausse de salaire correspondante). Les enseignants
employés dans des services administratifs sont tenus de travailler
40 heures par semaine.
Les enseignants sont rémunérés pendant
les deux mois de vacances d'été. Ils peuvent, durant cette
période, être requis par le chef d'établissement pour
travailler à des opérations concernant la fin de l'année
scolaire en cours ou la préparation de l'année suivante.
Malgré l'opposition des enseignants, une réforme
adoptée en 2003 a prévu que dans le cadre du maximum hebdomadaire
de 40 heures, les enseignants doivent effectuer, outre leurs cours, les
tâches prévues par les statuts de l'école notamment des
cours supplémentaires à portée éducative ou
afférents à des opérations de prévention. Depuis
2008, la direction de l'école dispose à ce titre de la
faculté d'imposer 2 heures hebdomadaires aux enseignants de
l'enseignement primaire et du collège et 1 heure hebdomadaire aux
enseignants de l'équivalent des lycées.
En cas d'absence d'un enseignant, son service peut être
attribué à l'un de ses collègues :
- sans le consentement de celui-ci si le remplacement ne
dépasse pas un quart de l'horaire de travail hebdomadaire (l'usage est
de confier à l'enseignant 4,5 heures hebdomadaires de
remplacement) ;
- avec le consentement de l'enseignant remplaçant,
au maximum la moitié de l'horaire de travail hebdomadaire (la pratique
consiste à ne pas dépasser 9 heures de remplacement par
semaine).
Un enseignant dont la charge de travail est de 27 heures
de cours par semaine ne peut pas effectuer d'autres heures d'enseignement,
hormis pour des remplacements. Ceux-ci sont payés dans les conditions
prévues par le ministère de l'Éducation en plus du salaire
de base.
· Programmes scolaires
L'enseignant jouit de la liberté pédagogique
dans l'application des programmes de base nationaux, sous réserve de
l'accord du directeur de l'établissement pour y apporter des
aménagements.
· Évaluation des
établissements
L'évaluation pédagogique externe des
établissements scolaires s'effectue au niveau national et au niveau
régional par une inspection pédagogique. Elle concerne les
résultats éducatifs, les procédures au sein de
l'établissement, les relations de celui-ci avec l'environnement local,
notamment avec les parents d'élèves, ainsi que son management. Si
une appréciation négative est formulée dans l'un de ces
quatre domaines, l'établissement doit mettre en oeuvre un plan
destiné à remédier aux carences relevées.
De son côté, le chef d'établissement est
chargé de l'évaluation interne de la qualité de
l'enseignement dispensé. Il doit préparer, chaque année,
un plan de supervision pédagogique contenant les objectifs, les
modalités et le calendrier de sa mise en oeuvre.
· Évaluation des enseignants
Les enseignants sont évalués par le chef
d'établissement au moins une fois par an, soit pour obtenir de
l'avancement, soit à la demande de l'enseignant lui-même, des
services d'inspection pédagogique régionaux, du conseil
d'établissement ou du conseil des parents. L'évaluation contient
une description et une appréciation générale.
Pour l'avancement des professeurs stagiaires ou contractuels,
l'évaluation du chef d'établissement se fonde sur
l'appréciation du maître de stage et du conseil des parents. Pour
celle des enseignants dotés d'un contrat à durée
déterminée, elle prend en compte l'avis du conseil des parents.
L'enseignant peut faire appel de l'évaluation le concernant devant une
structure qui supervise le contrôle pédagogique, laquelle statue
en dernier ressort.
· Évaluation des
élèves
Les élèves sont évalués
individuellement par les professeurs en fonction des curriculi
établis par chaque école au cours de leur scolarité. Ils
le sont aussi à l'issue du primaire et du secondaire, par des
institutions extérieures, la commission centrale et les commissions
régionales des examens, sur la base de standards nationaux
définis par le ministère de l'Éducation.
Le redoublement n'est possible, pendant les trois
premières années de l'enseignement primaire, que pour des raisons
justifiées par des psychologues et acceptées par les parents. Par
la suite, les élèves passent dans la classe supérieure
s'ils n'ont pas reçu la note « non satisfaisant » au
terme de l'année dans les matières obligatoires. Cependant, le
conseil de classe peut les autoriser à passer dans la classe
supérieure s'ils ont obtenu la note « non
satisfaisant » dans une seule de ces matières. Les
élèves qui ont reçu une telle note peuvent aussi subir un
examen pour accéder à la classe supérieure.
Toutes les écoles délivrent une attestation de
fin d'études dont la forme est standardisée.
ROYAUME-UNI (Angleterre)
Les établissements scolaires primaires et secondaires
du secteur public sont désignés sous le terme de maintained
schools qui signifie écoles subventionnées. Cette
appellation regroupe plusieurs catégories d'établissements. On
étudiera, parmi celles-ci, dans une première partie, les
community schools qui sont les plus nombreuses. Elles disposent d'un
budget autonome. Elles ont été créées par les
collectivités locales100(*) et sont les seules à être exclusivement
financées par celles-ci. Tous les établissements scolaires
appartenant à cette catégorie disposent d'une grande
autonomie.
Depuis la formation du nouveau gouvernement, le
11 mai 2010, l'enseignement et le système éducatif sont
en pleine mutation dans le cadre de la « révolution
scolaire » annoncée dans le programme politique du Parti
conservateur qui s'inspire de l'expérience des « écoles
libres » suédoises et des charter schools
américaines.
Afin d'améliorer les résultats scolaires,
notamment dans les zones défavorisées, le Gouvernement a
l'intention d'autoriser de plus en plus d'établissements à
adopter le statut d'académie (academy) qui sera
présenté dans une seconde partie infra, de donner plus
de liberté aux enseignants par rapport aux programmes scolaires et de
permettre à de nouveaux prestataires de diriger des écoles
financées par l'État.
Depuis son élection et la promulgation, le 27 juillet
2010, de la loi sur les académies, le Gouvernement a :
- publié un livre blanc sur les écoles
intitulé « De l'importance de l'enseignement », en
novembre 2010 ;
- déposé, le 26 janvier 2011, devant le
Parlement un projet de loi sur l'éducation « Education
Bill 2010-2011 » qui est en cours de discussion ;
- lancé, le 20 janvier 2011, une étude sur
les programmes scolaires nationaux ;
- publié, le 3 mars 2011, le rapport du Professeur
Alison Wolf sur l'enseignement professionnel qui dresse le rapport accablant
d'un système101(*) décrit comme « extrêmement
complexe et contreproductif » et qui propose un changement radical
inspiré notamment des « bonnes pratiques danoises,
françaises et allemandes » ;
- et lancé une consultation, du 9 mars au 30 juin
2011, pour réformer l'enseignement dispensé aux enfants souffrant
de handicaps divers.
En application de la loi sur le cadre et les niveaux scolaires
de 1998, les collectivités locales sont chargées de
l'organisation administrative et territoriale de l'enseignement primaire et
secondaire.
La loi sur l'éducation de 1996 les charge de faire en
sorte que l'on dispose d'un nombre suffisant d'établissements scolaires
et de places pour la scolarisation des enfants et des jeunes sur leur
territoire. Elles ont également « l'obligation de promouvoir
un bon niveau d'enseignement, l'égalité des chances ainsi que la
réalisation du potentiel scolaire de l'élève ».
La création, la suppression, les modifications d'un
établissement scolaire font l'objet d'un appel d'offres lancé par
la collectivité locale intéressée sauf dérogation
accordée par le ministre. La décision finale est
arrêtée par la collectivité.
Les établissements scolaires sont administrés
par un conseil de direction (governing body) qui a la
personnalité morale.
Les dispositions relatives à ce conseil figurent dans
la loi sur l'éducation de 2002 et dans le règlement 2000 sur
l'éducation (conseil de direction) (termes de référence)
applicable en Angleterre.
La loi sur l'éducation de 2002 complétée
par le règlement 2002 relatif aux sociétés scolaires
permet à des conseils de direction, avec l'autorisation des
collectivités locales concernées, de se regrouper pour
créer une société commerciale (company) notamment
afin de bénéficier d'achats groupés de biens ou de
prestations de services et réaliser des économies
d'échelle.
· Composition
Le conseil de direction est composé de gouverneurs
(governors), qui sont des représentants :
- désignés par la collectivité
locale ;
- élus par les parents
d'élèves ;
- élus par le personnel enseignant ;
- élus par le personnel non enseignant ;
- et éventuellement d'autres personnes qui n'ont
pas le droit de vote (par exemple des élèves de
l'établissement).
Un règlement fixe leur nombre en fonction des effectifs
scolaires de l'établissement.
Les décisions y sont prises par un vote à la
majorité dans la plupart des cas à condition que la moitié
des gouverneurs soient présents.
Le conseil de direction nomme un secrétaire
(clerk) qui assure son secrétariat (convocation, tenue du
registre des membres et des présents, rédaction des
procès-verbaux des réunions, veille juridique). Ce ne peut
être ni un membre du conseil, ni le chef de l'établissement.
Les membres du conseil de direction et le secrétaire
reçoivent une formation adéquate.
Les employeurs doivent accorder à leurs personnels qui
sont membres d'un conseil de direction du temps, dans une limite raisonnable,
pour leur permettre d'accomplir leur mission.
· Mission
Le conseil de direction est chargé d'établir un
projet d'établissement qui fixe les grands objectifs de
l'établissement et les orientations permettant de les atteindre. Il
choisit notamment les enseignements offerts dans le respect des programmes
scolaires nationaux.
Il surveille et évalue la progression de
l'établissement vers ces objectifs. Il détermine une politique de
gestion des performances des enseignants utilisée pour leur
évaluation annuelle. Il apprécie aussi le travail du chef
d'établissement auquel il doit également apporter son soutien et
adresser des critiques constructives à l'instar d'un critical
friend.
Il décide de l'utilisation du budget de
l'établissement.
Le conseil de direction ou son comité des
rémunérations (Pay Committee) élabore la
politique salariale des personnels et procède à sa
révision annuelle (voir infra).
· Recrutement
Le chef d'établissement est recruté par le
conseil de direction par annonce. Ce conseil constitue en son sein un
comité représentatif d'au moins trois gouverneurs chargé
des entretiens de recrutement. Avant leur déroulement, il transmet
à la collectivité locale les informations relatives aux candidats
auditionnés. Celle-ci dispose de sept jours pour demander qu'un candidat
soit écarté. Si le comité persiste, la collectivité
peut demander à assister aux entretiens. Au terme de ceux-ci, le
comité établit une recommandation au conseil de direction qui
prend sa décision à l'unanimité après avoir
recueilli l'avis consultatif de la collectivité locale. Le candidat
ainsi sélectionné est embauché par la collectivité
locale.
· Mission
Le chef d'établissement est responsable de
l'organisation interne, de la gestion et du contrôle de
l'établissement dans le cadre fixé par le conseil de direction
auquel il rend compte.
Il a un rôle de conseil et de proposition auprès
de ce conseil de direction pour l'élaboration et la révision de
la politique stratégique globale de l'établissement.
Il fait des propositions sur la mise en oeuvre des programmes
scolaires nationaux en vue de leur validation par le conseil de direction. Il
dispose d'une marge de liberté pour les adapter en fonction de besoins
ou de circonstances particulières. Il peut, par exemple, y
déroger au profit d'enfants ayant des besoins spécifiques du fait
d'un handicap.
Le conseil de direction peut choisir de lui
déléguer certaines de ses compétences, comme le
recrutement des enseignants (à l'exclusion de celui de l'équipe
de direction) ou les licenciements.
3. Le financement des
établissements d'enseignement primaire et secondaire (budget de
fonctionnement)
Les collectivités locales reçoivent des fonds de
l'État pour financer les établissements scolaires situés
sur leur territoire. A partir d'avril 2011, elles percevront également
une autre subvention (pupil premium) correspondant à
430 £ par enfant défavorisé multiplié par le
nombre d'enfants bénéficiant de repas scolaires gratuits en
janvier 2011.
Elles les répartissent selon une clef qu'elles
déterminent en fonction des critères établis par le
règlement 2008 sur les crédits scolaires applicable en Angleterre
qui prévoit que la formule de calcul est obligatoirement fonction du
nombre et du niveau de pauvreté des élèves, mais peut
également incorporer des coefficients de pondération en fonction
de l'âge et de la classe. Cette clef peut également prendre en
compte de nombreux autres critères (besoins supplémentaires
liés aux handicaps, mauvaise connaissance de la langue anglaise, frais
de chauffage et d'électricité, assurances, transports
d'élèves, salaires des personnels...).
Depuis avril 2006, les collectivités locales sont
tenues d'indiquer à chaque établissement les projections de
budget pour les années n+1 et n+2.
Les collectivités locales sont libres d'abonder les
subventions gouvernementales.
Le livre blanc sur les écoles publié en novembre
2010 propose de réformer le financement des établissements pour
le rendre plus transparent et plus juste.
· Recrutement
Les enseignants sont des personnels de la collectivité
locale.
Le conseil de direction est responsable de la politique du
personnel qu'il conduit dans le cadre du règlement 2003 relatif aux
personnels des écoles, applicable en Angleterre. Il décide
notamment des effectifs et des remplacements éventuels. Il fixe
également les règles de conduite et de discipline des personnels.
Pour être recrutés par le conseil de direction
ou, par délégation, par le chef d'établissement, les
enseignants doivent avoir reçu une formation leur donnant le
« statut de professeur qualifié ». Le Gouvernement
projette d'exiger un niveau de formation supérieur pour l'entrée
dans la profession.
Les enseignants sont liés à la
collectivité locale par un contrat de travail qui régit tous les
points non prévus par les statuts comme le paiement des jours
d'arrêt-maladie.
· Rémunération
Le statut des enseignants et leurs rémunérations
figurent dans un document de valeur réglementaire publié chaque
année après une série de consultations, notamment
auprès des syndicats d'enseignants, le « Document relatif
à la rémunération des professeurs d'école et
à leur statut » (STPCD). Ce texte prévoit que chaque
conseil de direction détermine par écrit les règles selon
lesquelles seront payés les personnels, les conditions dans lesquelles
la décision relative aux salaires est prise, les critères
appliqués, les révisions annuelles effectuées, les
procédures de contestation mises en oeuvre. Cette politique fait l'objet
d'une révision annuelle après consultation du chef
d'établissement, des personnels et des syndicats.
En matière de rémunérations, le conseil
de direction dispose d'une marge d'appréciation discrétionnaire.
Il peut accorder des points d'expérience supplémentaires en
dérogeant au principe de l'acquisition d'un point par année
d'enseignement aux enseignants dont le travail a été jugé
« excellent » au cours de l'année scolaire
précédente, à ceux qui ont des expériences
professionnelles « enrichissantes » hors enseignement, ou
qui accomplissent des travaux supplémentaires. Il peut aussi verser une
prime pour favoriser un recrutement ou pour retenir un enseignant.
· Obligations de service
Le document 2010 relatif à la
rémunération des professeurs d'école et à leur
statut, « School Teachers'Pay and Conditions Document 2010,
STPCD » prévoit qu'un professeur à temps plein
doit être « disponible » (available) 195
jours par année scolaire :
- 190 jours pendant lesquels il lui est demandé
d'enseigner ou d'effectuer d'autres tâches ;
- et 5 jours exclusivement réservés
à l'exécution d'autres tâches.
Ces 195 jours lui sont spécifiés par la
collectivité locale qui est son employeur ou sur ordre de celle-ci, par
le chef d'établissement. En principe, aucun professeur n'est tenu de
travailler les samedis, dimanches et jours fériés, ni d'effectuer
la surveillance de la pause déjeuner.
L'enseignant doit demeurer disponible 1 265 heures par
année scolaire pour effectuer les tâches que le chef
d'établissement lui donne l'ordre d'exécuter. Ces heures doivent
être réparties de manière raisonnable sur les
195 jours précisés supra. L'enseignant ne peut
être contraint d'effectuer des heures en dehors des jours qui lui ont
été spécifiés.
Le terme « disponible » ne signifie pas
que l'enseignant soit obligatoirement présent. Ces quotas de jours et
d'heures sont en fait les limites supérieures à ne pas
dépasser, ce qui donne une certaine souplesse au chef
d'établissement pour organiser ses plannings.
Pendant les heures d'ouverture de l'établissement,
l'enseignant bénéficie de temps pour préparer ses cours et
corriger les copies (Planning, Preparation and Assessment,
PPA) d'une durée au moins égale à 10 % de ses
heures d'enseignement. Ce temps doit lui être octroyé par
période d'au moins 30 minutes et compte pour l'accomplissement des
1 265 heures.
Outre le travail d'enseignement proprement dit et la
participation à l'organisation de l'établissement, au choix de sa
politique éducative, l'enseignant a l'obligation de :
- remplacer à titre exceptionnel un
collègue absent si son absence est due à des circonstances
imprévisibles ;
- participer à la préparation
d'épreuves d'examens qui se déroulent dans l'établissement
comme les évaluations nationales ;
- et s'acquitter d'un certain nombre de tâches
administratives à condition qu'elles ne lui soient pas confiées
de manière habituelle (routinely) et qu'elles requièrent
véritablement les compétences et la capacité de jugement
d'un enseignant.
· Programmes scolaires
Les enseignants sont tenus d'appliquer les programmes
scolaires nationaux. En revanche, ils peuvent choisir le matériel
scolaire et la méthode pédagogique en concertation avec le chef
d'établissement et des professeurs référents dans la
matière enseignée. Le ministère de l'Éducation
publie des guides pour l'enseignement de certains sujets. Il a ainsi
réalisé, en 2007, un guide pour l'apprentissage de la lecture,
mais les enseignants sont libres de choisir la méthode et le
matériel qu'ils souhaitent appliquer à condition qu'ils
correspondent à ce type d'apprentissage.
Par ailleurs, les établissements et les
collectivités locales ont le « pouvoir d'innover »
depuis le 1er octobre de 2002 en application de la loi sur
l'éducation de 2002. Ils peuvent ainsi solliciter auprès du
ministre de l'Éducation une dérogation temporaire pour ne pas
appliquer certaines dispositions législatives en vue de mener une
expérience innovante afin d'accroître les niveaux scolaires. Le
ministère de l'Éducation précise la procédure
à suivre dans son guide mis à jour en janvier 2011.
Le Gouvernement, qui a lancé une révision des
programmes scolaires nationaux en mars 2011, estime que ceux-ci font
référence à trop de connaissances qui ne sont pas
essentielles et contiennent trop de directives quant à la façon
d'enseigner.
· Évaluation des
établissements
Les établissements sont inspectés en
général tous les cinq ans102(*) par l'Office pour les normes scolaires, les
compétences et les aptitudes pour s'occuper d'enfants (Office for
Standards in Education, Children's services et skills, Oftsed) mis en
place le 1er avril 2007 à la suite de l'adoption de la
loi sur l'éducation et les inspections de 2006. L'Ofsted est un
organisme public indépendant du ministère de l'Éducation.
Les inspections sont en général notifiées avec un
préavis d'au moins deux jours au chef d'établissement qui
prévient à son tour le conseil de direction. Celui-ci doit alors
informer les parents pour leur permettre de faire valoir leurs observations
auprès de l'inspecteur et prévenir la collectivité locale.
Le rapport d'inspection est transmis au conseil de direction, au chef
d'établissement et à la collectivité locale. Le conseil de
direction doit en adresser une copie à tous les parents dans un
délai de cinq jours ouvrables et le rendre public en le publiant sur le
site web de l'établissement, en disposant des exemplaires dans les
librairies locales et en l'adressant aux médias. Tous les rapports
d'inspection sont publiés sur le site web de l'Ofsted.
Chaque établissement procède par ailleurs
à une autoévaluation annuelle avec l'aide d'un
« partenaire à l'amélioration scolaire »
(school improvement partner ou SIP), désigné
par la collectivité locale, qui aide cette dernière dans
l'exercice de ses compétences en matière d'éducation. Il
s'agit le plus souvent d'un ancien chef d'établissement qui consacre
environ cinq jours par an à cette évaluation. Le SIP a
pour mission d'aider le chef d'établissement en fonction à
évaluer les performances de son établissement et à
déterminer les futures priorités en respectant une
procédure nationale de fixation d'objectifs. Le conseil de direction
reçoit directement le rapport du SIP. Le résultat final
de l'évaluation suit les rubriques d'un formulaire
d'autoévaluation établi par l'Ofsted. Ce formulaire est
utilisé per l'Ofsted lors des inspections externes décrites
supra.
Le livre blanc sur les écoles publié en novembre
2010 propose de supprimer l'obligation pour les établissements d'avoir
un SIP nommé par la collectivité locale ainsi que la
procédure nationale de fixation des objectifs d'établissement. Il
propose d'augmenter, en contrepartie, le nombre de responsables locaux et
nationaux d'éducation (national and local leaders of education)
qui sont des directeurs d'excellents établissements scolaires qui
s'engagent à apporter leur soutien à d'autres
établissements. Ce document propose également de favoriser les
échanges d'informations entre les établissements et de faciliter
l'accès de ceux-ci aux meilleurs outils et pratiques scolaires.
· Évaluation des enseignants
Le règlement de 2006 relatif à la gestion des
performances des enseignants applicable en Angleterre prévoit que le
conseil de direction doit établir, en coopération avec le chef
d'établissement, une politique de gestion des performances des
enseignants. Le projet relatif à cette politique est soumis pour avis
aux personnels et aux organisations syndicales avant adoption.
Les enseignants font l'objet d'une évaluation annuelle
menée par le chef d'établissement entre septembre et
octobre : entretien individuel avec fixation d'objectifs et examen de la
réalisation des objectifs précédents, inspection dans la
classe, appréciation des besoins en formation... Cette évaluation
donne lieu à la rédaction d'une fiche sur laquelle
l'intéressé peut porter ses observations.
Le chef d'établissement rédige un rapport annuel
sur le déroulement des procédures d'évaluation, leur
efficacité et les besoins en formation.
· Évaluation des
élèves
Les méthodes d'évaluation sont variables d'une
école à l'autre. Il peut s'agir de lettres, de notes de 1
à 10 ou de commentaires.
Les élèves passent en principe automatiquement
dans la classe supérieure.
Il existe des évaluations nationales des
élèves âgés de 7, 11 et 14 ans.
· Les académies
Les premières académies ont ouvert en 2002 sous
le gouvernement Blair avec l'objectif de relever le niveau scolaire de certains
établissements de l'enseignement secondaire et de participer au
redressement des territoires défavorisés en matière
d'éducation. 203 académies ont été
créées entre 2002 et janvier 2010.
En vertu de la loi promulguée en juillet 2010, les
académies sont des établissements indépendants de
l'enseignement primaire et secondaire qui accueillent des élèves
de tous niveaux scolaires et sont financées par l'État. Le
Gouvernement encourage le plus d'établissements possibles à
devenir des académies. Il a annoncé, dès juin 2010, que
1 000 établissements avaient demandé ce changement de
statut, dont 626 excellents établissements. Ces derniers
bénéficient d'une procédure
accélérée.
Les académies ont des sponsors d'origines
diverses : personnalités du monde des affaires ou entreprises,
universités et établissements de l'enseignement supérieur,
fondations, organisations caritatives, communautés religieuses dont les
motivations et le sérieux font l'objet d'un examen approfondi par le
Gouvernement avant acceptation. Ces sponsors s'engagent sur le long terme
auprès des académies, en y consacrant temps, argent et
réflexion pour améliorer l'éducation, l'enseignement et
pour « donner aux élèves de meilleures chances dans la
vie ». Au moment de la création de l'académie, ils
participent à l'élaboration du projet d'établissement, de
l'éthique de l'établissement ainsi qu'à la
définition des valeurs qui lui serviront de ligne de conduite. Par la
suite, ils travaillent en collaboration avec le chef d'établissement.
Le Gouvernement estime que ces sponsors jouent un
rôle-clef dans un redressement rapide des établissements scolaires
et dans la réduction des inégalités entre
élèves, parce que leur expérience professionnelle et leur
vision du monde leur permettent de proposer des méthodes de travail, des
façons de résoudre les problèmes auxquels, selon lui, les
enseignants ne penseraient pas de prime abord.
Les académies, qui échappent au contrôle
des collectivités locales, ne sont pas tenues de suivre les programmes
scolaires nationaux qu'elles peuvent adapter en fonction des besoins de leurs
élèves. En revanche, si elles exercent leur activité dans
l'enseignement secondaire, elles doivent se spécialiser dans une ou
plusieurs matières comme les langues, la technologie, le commerce, les
mathématiques ou la musique...
Elles sont également libres de choisir le rythme de
travail scolaire (durée de la journée, du trimestre et des
vacances).
Elles restent libres de fixer la politique salariale et les
conditions de travail des personnels enseignants. Elles n'ont pas à
respecter le document précité sur la rémunération
des enseignants et leurs conditions de travail (STPCD) et peuvent choisir de
rémunérer davantage leurs meilleurs enseignants.
Enfin, elles ont davantage d'autonomie dans la gestion de leur
budget et peuvent conclure des contrats de collaboration avec des organismes
publics et privés.
Leur budget est sensiblement équivalent à celui
des maintained schools.
· Les « écoles
libres » ou « free schools »
Pour lutter contre les inégalités et donner plus
de latitude aux parents et à leurs enfants dans le choix d'une bonne
école, le Gouvernement propose la création
d'« écoles libres » qui peuvent être
définies comme des établissements de l'enseignement primaire et
secondaire indépendants et financés par l'État.
Ces écoles peuvent être créées par
une grande variété de prestataires qui veulent faire une offre
nouvelle dans le paysage éducatif (entreprises, universités,
organisations caritatives, organismes scolaires, enseignants et parents
d'élèves). Ces prestataires ont l'interdiction de réaliser
des profits. Ces écoles nouvelles ne sont pas nécessairement
logées dans des bâtiments scolaires traditionnels.
Bénéficiant d'une plus grande autonomie que les
académies, elles peuvent, par exemple, embaucher des enseignants qui
n'ont pas le « statut de professeur qualifié » en
principe requis.
Leur budget est sensiblement équivalent à celui
des maintained schools.
Le Gouvernement a invité les intéressés
(entités et parents désireux de fonder un
établissement...) à lui soumettre leurs projets en vue
d'établir les premières
« écoles libres ». Leurs dossiers doivent
notamment prouver l'existence d'une demande parentale (pétition
signée par les parents) et fournir une « étude de
faisabilité ». Ces projets font l'objet d'un examen
très attentif de l'État.
Le Gouvernement a annoncé qu'il avait reçu,
à la date du 11 février 2011, 323 propositions
pour la rentrée scolaire 2011/2012, dont 40 avaient d'ores et
déjà réussi la première étape. Parmi ces
dernières, 11 étaient dans la phase de pré-ouverture
et une seule avait abouti à la signature d'un accord de financement avec
l'État.
a)Texte législatifs et
règlementaires
New South Wales (NSW) Teaching Service Act 1980
n° 23
loi de 1980 relative au service public de l'éducation
n° 23 modifiée de Nouvelle Galles du Sud (NSW)
NSW Education Act 1990 n° 8
loi de 1990 sur l'éducation n° 8
modifiée de NSW
NSW Industrial Relations Act 1996 n° 17
loi de 1996 relative aux relations industrielles n° 17
modifiée de NSW
NSW Public Sector Employment and Management Act 2002
n° 43
loi de 2002 relative à la gestion et à l'emploi
dans le secteur public n° 43 modifiée de NSW
NSW Teaching Service Regulation 2007
règlement de 2007 sur le service public de
l'enseignement de NSW
National Education Agreement 2009
accord national de 2009 sur l'éducation
b) Autres documents
Empowering local schools (2010-2014)
programme national visant à donner plus de pouvoirs
à l'échelon scolaire local (2010-2014)
NSW Crown Employees (Teachers in Schools and related
Employees) Salaries and Conditions Award 2009
décision de 2009 de la Commission des Relations
industrielles du NSW applicable aux rémunérations et conditions
de travail des fonctionnaires (enseignants et personnels apparentés)
dans le NSW
National Professional Standards for Teachers
(december2010)
normes professionnelles nationales applicables aux enseignants
(décembre 2010)
Costituzione, articolo 117
constitution, article 117
Decreto legislativo 16 aprile 1994, n° 297,
Approvazione del testo unico delle disposizioni legislative vigenti in materia
di instruzione, relative alle scuole di ogni ordine
décret législatif n° 297 du 16 avril
1994, portant approbation du texte unique des dispositions en vigueur en
matière d'instruction relatives aux écoles de tous types
Legge 15 marzo 1997, n° 59, Delega al Governo
per il conferimento di funzioni e compiti alle regioni ed enti locali per la
riforma della pubblica amministrazione e per la semplificazione
amministrativa
loi n° 59 du 15 mars 1997, délégation
au gouvernement pour l'attribution de compétences et de
responsabilités aux régions et aux collectivités locales
pour la réforme de l'administration publique et pour la simplification
administrative
Decreto legislativo 31 marzo 1998, n° 112,
Conferimento di funzioni e compiti amministrativi dello Stato alle regioni ed
agli enti locali, in attuazione del capo I della legge 15 marzo 1997
n° 59
décret législatif n° 112 du 31 mars
1997, dévolution de compétences et de responsabilités
administratives de l'État aux régions et aux collectivités
locales, pour l'application du chapitre I de la loi n° 59 du 15 mars
1997
Decreto del Presidente della Repubblica 18 giugno 1998,
n° 233, recante norme per il dimensionamento ottimale delle
istituzioni scolastiche e per la determinazione degli organici funzionali dei
singoli istituti
décret du président de la République
n° 233 du 18 juin 1998 portant règles pour le dimensionnement
optimal des institutions scolaires et pour la détermination des organes
fonctionnels des ces instituts
Decreto legislativo 30 marzo 2001, n° 165, Norme
generali sull'ordinamento del lavoro alle dipendenze delle amministrazioni
pubbliche
décret législatif n° 165 du 30 mars
2001, normes générales sur l'organisation du travail dans les
administrations publiques
Legge 28 marzo 2003, n° 53, Delega al governo
per la definizione delle norme generali sull'istruzione e dei livelli
essenziali delle prestazioni in materia di istruzione e formazione
professionale
loi n° 53 du 28 mars 2003, délégation
au gouvernement pour la définition des règles
générales sur l'instruction et les niveaux essentiels de
prestation en matière d'instruction et de formation professionnelle
Decreto legislativo 19 febbraio 2004, n° 59,
Definizione delle norme generali relative alla scuola dell'infanzia ed al primo
ciclo dell'istruzione [...]
décret législatif n° 59 du 19
février 2004, portant normes générales relatives à
l'école maternelle et au premier cycle d'instruction [...]
Decreto legislativo 15 aprile 2005 n° 77,
Definizione delle norme generali relative all'alternanza scuola-lavoro
[...]
Décret législatif n° 77 du
15 avril 2005, portant définition des normes
générales relatives à l'alternance école-travail
[...]
Decreto legislativo 17 ottobre 2005, n° 226,
Norme generali e livelli essenziali delle prestazioni relativi al secondo ciclo
del sistema educativo di istruzione e formazione [...]
décret législatif n° 226 du 17 octobre
2005, portant règles générales et niveaux essentiels des
prestations relatives au second cycle du système éducatif
d'instruction et de formation [...]
Decreto ministeriale 13 giugno 2006 n° 47
arrêté ministériel n° 47 du 22
juin 2006 [sur le quota de 20 % réservé aux
établissements scolaires]
Legge 27 dicembre 2006 n° 296, Disposizioni per
la formazione del bilancio annuale e pluriennale dello Stato (legge finanziaria
2007)
loi n° 296 du 27 décembre 2006, dispositions
pour l'établissement du budget annuel et pluriannuel de l'État
(loi de finances pour 2007)
Legge 11 gennaio 2007, n° 1, disposizioni in
materia di esami di stato conclusivi dei corsi di studio di istruzione
secondaria superiore e delega al Governo di materia di raccordo tra la scuola
et le università
loi n° 1 du 11 janvier 2007, dispositions en
matière d'examens d'État concluant les études secondaire
supérieure et délégation au gouvernement en matière
de lien entre l'école et les universités.
Decreto ministeriale 22 agosto 2007, Regolamento recante
norme in materia di adempimento dell'obbigo di istruzione
arrêté ministériel du 22 août 2007
règlement relatif à la mise en oeuvre de l'obligation
scolaire.
Decreto ministeriale 3 ottobre 2007 n° 80
arrêté ministériel n° 80 du 3
octobre 2007 [sur l'évaluation des élèves et la lutte
contre l'échec scolaire]
Decreto ministeriale 5 novembre 2007 n° 92
arrêté ministériel n° 92 du 5
novembre 2007 [sur l'évaluation des élèves et la lutte
contre l'échec scolaire]
Legge 6 agosto 2008, n° 133, conversione in
legge del decreto-legge 25 giugno 2008 n° 112 recante
disposizioni urgenti per lo sviluppo economico, la semplificazione, la
competitività, la stabilizzazione della finanza pubblica e la
perequazione tributaria
loi n° 133 du 6 août 2008, conversion en loi
du décret-loi n° 112 du 25 juin 2008 portant dispositions
urgentes pour le développement économique, la simplification, la
compétitivité, la stabilisation des finances publiques et la
péréquation fiscale
Decreto legge 1 settembre 2008 n° 137
disposizioni urgenti in materia di istruzione e università
décret loi n° 137 du
1er septembre 2008, dispositions urgentes en matière
d'instruction et d'université
Decreto del presidente della Repubblica 20 marzo
2009, n° 81, Norme per la riorganizazione della rete scolastica ed il
razionale ed efficace utilizzo delle risorse umane della scuola [...]
décret du président de la République
n° 81 du 20 mars 2009, règles pour la réorganisation du
réseau scolaire et l'utilisation rationnelle et efficace des ressources
humaines de l'école [...]
Decreto del presidente della Repubblica 20 marzo 2009,
n° 89, Revisione dell'assetto ordinamentale, organizzativo e
didattico della scuola dell'infanzia e del primo ciclo di istruzione
[...]
décret du président de la République
n° 89 du 20 mars 2009, révision du cadre réglementaire,
d'organisation et de didactique de l'école maternelle et du premier
cycle d'instruction [...]
Decreto del presidente della Repubblica 22 giugno 2009
n° 122, Regolamento recante coordinamento delle norme vigenti per la
valutazione degli alunni e ulteriori modalità applicative in
materia [...]
décret du président de la République
n° 122 du 22 juin 2009, règlement portant coordination des
règles en vigueur pour l'évaluation des élèves et
modalités ultérieures en la matière [...]
Decreto del presidente della Repubblica n° 87,
Regolamento recante norme concernenti il riordino degli istituti
professionali [...]
décret n° 87 du président de la
République du 15 mars 2010 portant règlement concernant la
réorganisation des instituts techniques [...]
Decreto del presidente della Repubblica 15 marzo 2010
n° 88, Regolamento recante norme concernenti il riordino degli
istituti tecnici [...]
décret n° 88 du président de la
République du 15 mars 2010 portant règlement concernant la
réorganisation des instituts techniques [...]
Decreto del presidente della Repubblica 15 marzo 2010
n° 89, Regolamento recante revisione dell'assetto ordinamentale,
organizzativo e didattico dei licei [...]
décret n° 89 du président de la
République du 15 mars 2010 portant règlement concernant la
révision du régime d'organisation et de didactique des
lycées instituts techniques [...]
Decreto 10 settembre 2010, n° 249, Regolamento
concernente : « Definizione della disciplina dei requisiti e
delle modalita' della formazione iniziale degli insegnanti della scuola
dell'infanzia, della scuola primaria e della scuola secondaria di primo e
secondo grado »
décret n° 249 du 10 septembre 2010,
règlement concernant le définition des règles applicables
aux obligations et aux modalités de la formation initiale des
enseignants de l'école maternelle, de l'école primaire et de
l'école secondaire de premier et second degré.
Corte costituzionale, sentenza 279/2005
cour constitutionnelle décision n° 279/2005
Camera dei deputati, XVI legislatura, Dossier di
documentazione, Servizio Studi, Dipartimento cultura, Piano per la
razzionalizzazione dell'utilizzo delle risorse umane e strumentali del sistema
scolastico, schema n. 36, 14/10/2008
Chambre des députés, XVIè
législature, dossier documentaire, service des études,
département de la culture, plan pour la rationalisation de l'utilisation
des ressources humaines et des équipements du système scolaire,
schéma n° 36, 14/10/2008
Commission européenne, EURYDICE, Schede nazionali
sui sistemi educativi e sulle riforme in corso un Europa, 2010
[...] fiches nationales sur les systèmes
éducatifs et sur les réformes en cours en Europe [...]
Ministero dell'Istruzione, dell'università e della
ricerca, Schema di regolamento recante Revisione dell'assetto ordinamentale,
organizzativo e didattico dei licei [...] Relazione illustrativa
ministère de l'Instruction, de l'université et
de la recherche, schéma de règlement portant révision du
régime d'organisation et de didactique des lycées [...]
étude d'impact
Ministero della pubblica Istruzione, Persona, tecnologie e
professionalità, Gli Istituti tecnici e professionali come scuole
dell'innovazione, Roma, marzo 2008
ministère de l'Instruction publique, personne,
technologie et profession, les instituts techniques et professionnels comme
écoles de l'innovation, Rome, mars 2008
Ministero della pubblica Istruzione, Istituti tecnici,
Linee guida per il passaggio al nuovo ordinamento
ministère de l'Instruction publique, instituts
techniques, lignes directrices pour le passage à la nouvelle
organisation
European Commission, Education, Audiovisual & Culture
Executive agency (EACEA), Organisation of the education system in Poland,
2009/2010
[...] organisation du système éducatif en
Pologne [...]
a) Texte législatifs et
règlementaires
Local Government Act 1972
loi de 1972 sur le gouvernement local
Education Act 1996
loi de 1996 sur l'éducation
School Standards and Framework Act 1998
loi de 1998 sur le cadre et les niveaux scolaires
The Education (School Government) (Terms of Reference)
(England) Regulations 2000
règlement de 2000 sur l'éducation (conseil
d'établissement) (termes de référence) (Angleterre)
Education Act 2002
loi de 2002 sur l'éducation
The school Companies Regulations 2002
règlement de 2002 relatif aux sociétés
scolaires
School staffing (England) Regulations 2003
règlement de 2003 relatif aux personnels des
écoles (Angleterre)
Education and Inspections Act 2006
loi de 2006 sur l'éducation et les inspections
The Education (School Teacher Performance Management)
(England) Regulations 2006
règlement de 2006 relatif à la gestion des
performances des enseignants (Angleterre)
The School Finance (England) Regulations 2008
règlement de 2008 sur les crédits scolaires
(Angleterre)
Academies Act 2010
loi de 2010 sur les académies
Education Bill 2010-2011
projet de loi sur l'éducation 2010-2011
b) Autres documents
School Teachers'Pay and Conditions Document, STPCD
document relatif à la rémunération des
professeurs d'école et à leur statut
The Importance of Teaching, the Schools White Paper 2010
de l'importance de l'enseignement, livre blanc sur les
écoles 2010
Power to Innovate : Guidance for applicants (Updated
January 2011)
pouvoir d'innover : guide à destination des
postulants (mise à jour janvier 2011)
Review of vocational Education - The Wolf Report »,
March 2011,
rapport du professeur Alison Wolf sur l'enseignement
professionnel, mars 2011
* 1 en
application de l'article 6 bis du Règlement du Sénat, introduit
à la suite de la révision constitutionnelle du 23 juillet
2008.
* 2
« De l'éducation au jeu vidéo, pourquoi le Canada
est-il parmi les premiers de la classe ? » - Rapport
d'information n° 183 (2010-2011) du 15 décembre 2010 - par MM.
Jacques LEGENDRE, Jean-Léonce DUPONT, David ASSOULINE, Jean-Pierre
LELEUX, Claude DOMEIZEL et Mme Brigitte GONTHIER-MAURIN.
* 3 « Finlande : le bon
élève des systèmes éducatifs occidentaux peut-il
être un modèle ? » - Rapport d'information n°
399 (2009-2010) du 7 avril 2010 présenté au nom de la commission
par Mme Colette MÉLOT, M. Pierre MARTIN, Mme Françoise CARTRON,
M. Claude DOMEIZEL et Mme Lucienne MALOVRY.
* 4 Commission
du débat national sur l'avenir de l'école, présidée
par M. Claude Thélot.
* 5 La
dépense intérieure d'éducation représente toutes
les dépenses effectuées, sur le territoire national, par
l'ensemble des agents économiques, administrations publiques centrales
et locales, entreprises et ménages, pour les activités
d'éducation.
* 6 «
Mieux gérer, mieux éduquer, mieux réussir. Redonner
sens à l'autorisation budgétaire », Rapport
n°328 (1998-1999), fait par MM. Adrien GOUTEYRON, Francis GRIGNON,
Jean-Claude CARLE et André VALLET, au nom de la commission
d'enquête sur la situation et la gestion des personnels des écoles
et des établissements du second degré.
* 7 Par exemple,
décret n° 50-581 du 25 mai 1950 modifié portant fixation des
maximums de service hebdomadaire du personnel enseignant des
établissements d'enseignement du second degré, décret
n° 72-580 du 4 juillet 1972 modifié relatif au statut particulier
des professeurs agrégés de l'enseignement du second degré
ou décret n° 72-581 du 4 juillet 1972 modifié relatif au
statut particulier des professeurs certifiés.
* 8 Projet de
loi de finances pour 2009- Annexe 13 « Enseignement
scolaire », rapport général
n° 99 (2008-2009) de MM. Gérard LONGUET et Thierry
FOUCAUD, fait au nom de la commission des finances.
* 9 Audition du
18 janvier 2011.
* 10 Audition
du 1er mars 2011.
* 11
Ibid.
* 12 Cf.
audition du 25 janvier 2011.
* 13 Article.
L. 112-1.du code de l'éducation : « Pour satisfaire
aux obligations qui lui incombent en application des articles L. 111-1 et
L. 111-2, le service public de l'éducation assure une formation
scolaire, professionnelle ou supérieure aux enfants, aux adolescents et
aux adultes présentant un handicap ou un trouble de la santé
invalidant. Dans ses domaines de compétence, l'État met en place
les moyens financiers et humains nécessaires à la scolarisation
en milieu ordinaire des enfants, adolescents ou adultes
handicapés. »
* 14 N. Mons,
Les nouvelles politiques éducatives. La France fait-elle les bons
choix ?, PUF, 2007, p. 82.
* 15 Audition
du 11 janvier 2011.
* 16 N. Mons,
Les nouvelles politiques éducatives. La France fait-elle les bons
choix ?, PUF, 2007,
pp. 80-81.
* 17 OCDE, PISA
2009 Results - What makes a school successful ? Vol. IV, pp.
68-71.
* 18 Audition
du 28 février 2011.
* 19
Annexe : Tableau des circulaires du ministère de l'Éducation
nationale publiées en 2010.
* 20 Audition
du 18 janvier 2011.
* 21 Audition
du 1er février 2011.
* 22 Table
ronde du 5 avril 2011 avec les représentants des élus
locaux.
* 23
Réponse du recteur de l'académie de Lyon au questionnaire
sénatorial, 18 avril 2011.
* 24
Réponse du recteur de l'académie de Versailles au questionnaire
sénatorial, 15 avril 2011.
* 25 Audition
du 28 février 2011.
* 26 Audition
du 1er février 2011.
* 27 IGAENR,
La réorganisation des services académiques, Rapport
n° 2009-045, Juillet 2009, p. 21.
* 28 IGAENR,
Synthèse sur la préparation de la rentrée scolaire
2010, Rapport n° 2010-095, Juillet 2010, p. 48.
* 29 Ibid., p.
45.
* 30 Ibid., p.
23.
* 31 Ibid., p.
33.
* 32 OCDE,
PISA 2009 Results - What makes a school successful ? Vol. IV, p.
41.
* 33
IGEN-IGAENR, Note sur la question de l'évaluation des
établissements en France, N° 2009-79, p. 9.
* 34 Audition
du 18 janvier 2011.
* 35 Audition
du 18 janvier 2011.
* 36 Audition
du 1er février 2011.
* 37 Expression
employée par Mme Agnès Van Zanten au cours de son
audition.
* 38
IGEN-IGAENR, Les contrats d'objectifs conclus entre les
établissements scolaires et les autorités académiques,
Rapport n° 2009-068, juillet 2009, p. 10.
* 39Ibid. p.
80.
* 40 Audition
du 11 janvier 2011.
* 41
IGEN-IGAENR, Note sur la question de l'évaluation des
établissements en France, n° 2009-79, p. 4.
* 42 OCDE,
PISA 2009 Results - What makes a school successful ? Vol. IV, p.
42.
* 43 À
titre d'exemple, on peut mentionner les évaluations menées dans
l'académie de Lille au début des années 1990 et les
initiatives plus récentes dans les académies de Strasbourg et de
Versailles.
* 44 Audition
du 1er février 2011 de Mme Brigitte Doriath (IGEN)
à partir de sa propre expérience d'IA-IPR dans l'académie
de Créteil.
* 45 Audition
du 11 janvier 2011.
* 46
IGEN-IGAENR, Note sur la question de l'évaluation des
établissements en France, n° 2009-79, p. 8.
* 47 Audition
du 18 janvier 2011, Mme Françoise Cartron, sénatrice de la
Gironde.
* 48 Les «
heures de première chaire » sont accordées
à certains enseignants (philosophie, mathématiques, lettres)
enseignant en classe de première, ou à ceux qui effectuent au
moins 6 heures de service par semaine dans les classes
préparatoires aux grandes écoles.
* 49 Ces heures
sont accordées pour le service d'un laboratoire lorsqu'il n'existe pas
de professeur attaché au laboratoire ni d'agent de service
affecté et que l'enseignant assure au moins huit heures de cours en
sciences physiques ou naturelles, ou que le laboratoire de technologie est
utilisé par au moins six divisions, ou si le laboratoire de langue
comporte au moins six cabines.
* 50 Rapport
demandé par l'Assemblée nationale au titre de l'article 58-2 de
la loi organique relative aux lois de finances du 1er août
2001.
* 51 Audition
du 7 juin 2011 de M. Jean-Yves ROCHEX
* 52 Audition
du 26 avril 2011.
* 53 Extrait de
la circulaire n° 2006-058 du 30-03-2006 sur les principes et les
modalités de l'éducation prioritaire.
* 54 Bilan
national des réseaux « Ambition réussite » -
juin 2010 - Ministère de l'éducation nationale, de la jeunesse et
de la vie associative.
* 55
Idem.
* 56 Circulaire
n° 2011-071 du 2 mai 2011 relative à la préparation de la
rentrée 2011.
* 57
Cf. la circulaire n° 2010-096 du 7 juillet 2010 relative au
programme Clair
* 58 Audition
du 10 janvier 2011.
* 59 Table
ronde du 8 mars 2011 avec les représentants syndicaux de
l'Éducation nationale.
* 60 Des
projets existent d'ailleurs dans l'Éducation nationale :
l'académie de Rennes tente, semble-t-il, une expérimentation dans
cette voie (table ronde du 8 mars 2011), tandis que l'inspecteur
d'académie, directeur des services départementaux de
l'Éducation nationale (IA-DSDEN) du Calvados suggérait à
la mission un rattachement administratif et financier général des
écoles à un collège (réponse du recteur de
l'académie de Caen du 19 avril 2011 au questionnaire
sénatorial).
* 61 Expression
de M. Patrick Roumagnac, secrétaire général du Syndicat de
l'inspection de l'éducation nationale (SIEN), qui a regretté que
cette formule n'ait finalement pas été retenue pour les RAR, lors
de la table ronde du 8 mars 2011.
* 62 B. Pont,
D. Nusche, H. Moorman, Améliorer la direction des
établissements scolaires, vol. 1 : politiques et
pratiques, OCDE, mars 2009.
* 63 OCDE,
L'éducation aujourd'hui, 2009, pp. 24-25.
* 64 Audition
du 1er février 2011.
* 65
Réponse au questionnaire sénatorial du recteur de
l'académie de Caen du 19 avril 2011.
* 66
Ibid.
* 67 Cour des
comptes, Les communes et l'école de la République,
décembre 2008, p. 65.
* 68
IGEN-IGAENR, Troisième note de synthèse sur la mise en
oeuvre de la réforme de l'enseignement primaire,
n° 2009-072, juillet 2009, p. 18.
* 69 Institut
Montaigne, Vaincre l'échec à l'école primaire,
avril 2010, p. 112.
* 70 Article
L. 111-4 du code de l'éducation.
* 71 Article
L. 401-1 du code de l'éducation.
* 72 Article
L. 311-3-1 du code de l'éducation : « A tout
moment de la scolarité obligatoire, lorsqu'il apparaît qu'un
élève risque de ne pas maîtriser les connaissances et les
compétences indispensables à la fin d'un cycle, le directeur
d'école ou le chef d'établissement propose aux parents ou au
responsable légal de l'élève de mettre conjointement en
place un programme personnalisé de réussite
éducative. »
* 73 Article
L. 311-7 du code de l'éducation : « Au terme de
chaque année scolaire, à l'issue d'un dialogue et après
avoir recueilli l'avis des parents ou du responsable légal de
l'élève, le conseil des maîtres dans le premier
degré ou le conseil de classe présidé par le chef
d'établissement dans le second degré se prononce sur les
conditions dans lesquelles se poursuit la scolarité de
l'élève. »
* 74 Mme
Béatrice Chesnel, présidente de l'UNAAPE :
« Nous souhaiterions que les parents d'élèves
soient davantage associés à l'élaboration des projets
d'établissement - nous constatons, dans ce domaine, de grandes
disparités entre établissements. »
* 75 « Une greffe
identitaire, c'est lorsque autour d'une personne, d'une instance, d'un lieu,
d'une institution, d'un moment, d'un temps - il faut du temps et de l'espace -
se construit quelque chose qui attache les personnes. » Jacques
Pain, Université Nanterre - Paris X.
* 76 Audition
du 7 juin 2011.
* 77 Table
ronde avec les représentants des milieux socioéconomiques du 26
avril 2011.
* 78 Ruby
Sanchez, L'apprentissage en 2007, DARES, Premières informations
et premières synthèses, n° 30.1, juillet
2009.
* 79
L'équivalent du CAP/BEP.
* 80 Laurent
Hénart, Développer les formations en alternance dans le
secteur public, rapport au Premier ministre, octobre 2009, p. 7.
* 81 Table
ronde avec les représentants des milieux socioéconomiques du 26
avril 2011.
* 82 Table
ronde avec les représentants des milieux socioéconomiques du 26
avril 2011.
* 83 Audition
du 1er février 2011.
* 84
IGEN-IGAENR, Synthèse sur la préparation de la
rentrée scolaire 2010, rapport n° 2010-095,
juillet 2010, pp. 35-36.
* 85 Audition
du 1er février 2011.
* 86 Table
ronde avec les représentants des milieux socioéconomiques du 26
avril 2011.
* 87
Ibid.
* 88 Colloque
« École et entreprises : partenaires pour la
réussite de tous », Amiens, 15 avril 2011.
* 89 Audition
du 7 juin.
* 90 Mme
Isabelle de France, responsable du département Éducation,
santé et développement social (DESDS) au Comité
interministériel des villes - audition du 7 juin 2011.
* 91 Total des
dépenses effectuées en France métropolitaine ou dans les
DOM pour les activités d'éducation (enseignement ou
activités annexes) et pour l'achat des biens et services liés
à l'éducation.
* 92 Audition
du 1er février 2011.
* 93 Table
ronde avec les associations d'élus locaux du 5 avril 2011.
* 94
Ibid.
* 95 Table
ronde du 5 avril 2011 avec les représentants des associations
d'élus locaux.
* 96 Table
ronde du 26 avril 2011 avec les représentants du monde
socioéconomique.
* 97
Ibid.
* 98 Audition
du 1er mars 2011.
* 99 Les
représentants du Groupe Communiste, Républicain, Citoyen et des
sénateurs du Parti de Gauche sont les seuls à s'être
prononcés contre ce rapport.
* 100 En Angleterre,
l'organisation des collectivités locales résulte de la loi sur le
gouvernement local de 1972 modifiée. Cette loi avait créé
deux niveaux de collectivités : le niveau supérieur
(comtés) et le niveau inférieur (districts). Les lois
postérieures ont modifié cette architecture de sorte que,
désormais, sur environ la moitié du territoire, en particulier
dans les agglomérations les plus importantes, il existe un seul niveau
de collectivités, tandis que, sur l'autre moitié, le
système prévu par la loi de 1972 subsiste. Dans cette seconde
moitié, le conseil de comté est compétent en
matière d'éducation.
* 101 Enseignement
professionel qui s'adresse à la tranche d'âge des
14-19 ans.
* 102 Et dans des
délais rapprochés, voire de manière inopinée, dans
les établissements posant problème.
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- 3 octobre 2012 :Débat sur la réussite à l'école du 3 octobre 2012 - Françoise Cartron, rapporteure de la mission d'information sur la carte scolaire
- 3 octobre 2012 :Débat sur la réussite à l'école du 3 octobre 2012 - Marie-Christine Blandin, présidente de la commission de la culture
Belles informations ici, je voudrais partager avec vous toute mon expérience en essayant d'obtenir un prêt pour développer mon entreprise de vêtements ici en Malaisie. C'était vraiment difficile pour mon entreprise de s'effondrer à cause de ma petite maladie de courte durée, puis quand j'ai été guérie, j'avais besoin d'un fonds pour le reconstituer pour que je puisse commencer, alors je suis tombé sur M. Benjamin, un conseiller en prêts au service de financement Il m'a demandé de mon projet d'entreprise et je lui ai dit que je possédais déjà One et que j'avais juste besoin d'un prêt de 200000,00 USD.Il m'a donné un formulaire à remplir et je l'ai fait aussi, il m'a demandé ma carte d'identité valide dans quelques jours.Ils ont fait le transfert et mon prêt a été accordé. Je veux vraiment apprécier cet effort et essayer de faire parvenir cela à tous ceux qui recherchent un prêt commercial ou d'autres problèmes financiers à contacter M., Benjamin Email: 247officedept@gmail.com Il est également disponible sur WhatsApp Contact: + 1-9893943740.
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