27 juin 2017

« Assassinats ciblés »: « Ces opérations ne peuvent pas être encadrées »

Pour le chercheur Olivier Chopin, spécialiste du renseignement, les « opérations homicides » relèvent avant tout de la raison d’Etat qui, par principe, est une négation du droit.

LE MONDE | 04.01.2017 à 06h39 • Mis à jour le 04.01.2017 à 14h00 | Propos recueillis par Gaïdz Minassian

« Ce n’est ni un réconfort ni une excuse, mais la France a ses « assassinats ciblés » comme nos alliés dans la lutte contre le djihadisme ont leur targeted killings » (Photo: un drone MQ-1B de l’armée de l’air américaine lors d’un entraînement au Nevada, en octobre 2015).
« Ce n’est ni un réconfort ni une excuse, mais la France a ses « assassinats ciblés » comme nos alliés dans la lutte contre le djihadisme ont leur targeted killings » (Photo: un drone MQ-1B de l’armée de l’air américaine lors d’un entraînement au Nevada, en octobre 2015).

Docteur en science politique, Olivier Chopin est chercheur associé à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) et chargé de cours à Sciences Po. Spécialiste de la raison d’Etat, il a publié Renseignement et sécurité, chez Armand Colin, en 2016.

L’expression « assassinats politiques » vous semble-t-elle appropriée ?




Olivier Chopin.- Les « opérations homicides » sont des décisions très politiques. En ce sens, l’expression est appropriée. On ne devrait cependant pas l’utiliser par analogie avec une oligarchie qui se protège de prétendants au pouvoir, ou avec un régime autoritaire qui emploie des moyens expéditifs pour éliminer des dissidents, ou encore avec une mafia qui tue un juge sur le point de prouver la corruption du pouvoir.

Car les djihadistes, puisque c’est eux qui sont visés dans les opérations « homo » (« homicides ») récentes, ne sont rien de tout cela. Ce n’est ni un réconfort ni une excuse, mais la France a ses « assassinats ciblés » comme nos alliés dans la lutte contre le djihadisme ont leur targeted killings (« assassinats ciblés »). L’expression « assassinats ciblés » est sans doute plus juste, par la notion de cible, pour restituer la dimension stratégique de ces opérations.

Lorsque le chef de l’Etat déclare avoir commandité ce type d’assassinat, qu’est-ce que cela vous inspire ?

De la surprise puis de la perplexité. La surprise vient de la rupture avec une tradition bien ancrée dans notre histoire. Indépendamment de leurs positions et de leur style politique, les présidents n’ont jamais reconnu ni même mentionné les opérations dites « homo » menées par les services secrets. La perplexité vient des motifs supposés qui ont poussé le président à parler ainsi de ce sujet à des journalistes. Car il ne l’a pas fait au titre de la « transparence » pour ouvrir un débat sur une pratique qui devrait cesser.

Il l’a fait pendant...


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Aidez-moi à améliorer l'article par vos remarques, critiques, suggestions... Merci beaucoup.

Follow on Bloglovin
 

Archives (2011 à 2014)

Vous aimerez peut-être :

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...