Par Jean-Marie Guénois Mis à jour le 21/06/2017 à 08:30
Publié le 21/06/2017 à 00:02
VIDÉO - Le président de la République a appelé l'islam de
France à prendre sa part dans le combat contre le terrorisme, lors du dîner de
rupture du jeûne organisé mardi soir par le Conseil français du culte musulman.
C'est une première. Jamais aucun président de la République
n'était venu au dîner de rupture du jeûne - l'iftar, le soir après une journée
de ramadan - organisé annuellement par le Conseil français du culte musulman,
le CFCM. Mardi 20 juin, dans les salons Hoche, à Paris, le président de la
République, Emmanuel Macron, s'est ainsi présenté, accompagné de son ministre
de l'Intérieur, Gérard Collomb, chargé des cultes, pour fêter ce rituel avec la
communauté musulmane mais aussi pour lui faire passer un message, le premier en
la matière, de son quinquennat.
Lire la suite : http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2017/06/21/01016-20170621ARTFIG00001-macron-veut-un-islam-compatible-avec-la-republique.php
Emmanuel Macron a d'abord saisi l'occasion pour dire sa
«reconnaissance» au président sortant du CFCM, Anouar Kbibech - qui avait
appelé à voter pour lui au second tour de la présidentielle - pour rappeler que
son mandat a été marqué par les «terribles attaques terroristes» qui avaient
pour «objectif évident de créer entre les Français de toutes croyances et de
confession musulmane une déchirure profonde» et «de donner de l'islam, l'image
d'une religion cautionnant le meurtre et la terreur, de fanatiques». Ce que le
président a appelé une «perversion de l'image de l'islam». Mais, a-t-il
continué, «il nous fallait le concours d'autorités musulmanes fermes dans leurs
convictions, solides dans la dénonciation de ces crimes. Pas une fois le CFCM
n'a fait défaut». Concluant: «Grâce à vous, ce combat pour maintenir l'unité
nationale a été remporté et nous avons su tenir collectivement la voix de la
raison». Ce que le président Macron a défini comme une «attitude exemplaire»
qui «doit être celle de tous les acteurs de l'islam sur l'ensemble du
territoire».
Le défi à relever lui paraît immense
Après le passé, le président de la République a surtout
insisté sur l'avenir car le défi à relever lui paraît immense: «Nous vivons une
époque où tout est là pour nous diviser, où tout peut s'effondrer, les risques
géopolitiques, les fractures qui s'ouvrent, les béances régionales
intra-religieuses qui se jouent dans d'autres continents et le doute qui a
gagné notre société. Notre défi est, bien sûr, sécuritaire, face au terrorisme
qui sévit, mais il est aussi moral et civilisationnel. Et dans ce défi, votre
rôle est immense, tout comme votre responsabilité. Face à cette responsabilité,
il y aura celle de l'État et des pouvoirs publics. Et ma présence ici, ce soir,
à vos côtés, n'est là que pour vous remercier. Face aux responsabilités
immenses qui nous attendent, vous m'aurez à vos côtés.»
Pour aborder ces défis, le nouveau président a notoirement
insisté sur la représentativité du Conseil français du culte musulman qui
«réunit au moins la moitié de l'islam de France» avec ce constat: «Je suis
conscient que vous ne représentez pas la voix unique de l'islam de France parce
que votre religion pour unique qu'elle soit s'exprime dans une pluralité et une
polyphonie à laquelle il faut savoir faire toute sa place». Il a donc appelé
cette structure à être l'outil d'une «représentativité toujours plus large» en
vue de «l'exercice serein» de la religion musulmane.
Puis Emmanuel Macron a situé des combats majeurs à mener
pour l'islam de France. Le premier étant «le combat contre le fanatisme et sa
diffusion»: «notre combat déterminé contre le terrorisme de Daech et
l'idéologie totalitaire qui le supporte doit nous conduire avec détermination à
lutter contre ceux qui cherchent à faire de vos lieux de culte et de
transmission, de votre tradition religieuse, des lieux de prêche de haine,
voire d'appel à la violence».
Il a alors placé sur le même plan pour lutter la
réponse «sécuritaire» mais aussi «la réponse civilisationnelle et morale
qu'ensemble nous portons», appelant les musulmans à «combattre pied à pied sur
le terrain théologique et religieux, démasquer chaque fois que nécessaire,
l'usurpation de vos valeurs».
Un «combat de la pensée et de la foi» qu'il faut
poursuivre «sur le terrain, en particulier auprès des populations les plus
jeunes dont nous savons tous qu'elles ont des réticences à passer les portes de
vos institutions».
« La République vous aidera dans cette tâche dès qu'il
conviendra de prendre des mesures coercitives pour que cessent ces
détournements, mais elle ne peut se substituer à vous sur le terrain théologique
et religieux à votre indispensable travail. »
Et le président de lancer cet appel: «La République vous
aidera dans cette tâche dès qu'il conviendra de prendre des mesures coercitives
pour que cessent ces détournements, mais elle ne peut se substituer à vous sur
le terrain théologique et religieux à votre indispensable travail.»
L'autre «combat» à côté de celui de la formation, nommé par
le président devant les responsables musulmans, vise une «pratique de l'islam
organisant une ségrégation au sein de la République et contre tout ce qui
façonne un repli identitaire, parce que fonder son identité politique et
sociale sur sa seule foi, c'est, au fond, admettre que sa foi n'est pas
compatible avec la République». Or, a-t-il conclu: «Personne en France ne peut
faire croire que votre foi n'est pas compatible avec la République, personne ne
peut faire croire que la France et les Français rejetteraient sa composante de
foi musulmane. Personne ne peut demander à des Françaises et des Français, au
nom de cette foi, de se soustraire aux lois de la République.»
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