12 novembre 2011

Punitions à l'école

Pauline Kergomard, L'éducation maternelle dans l'école, deuxième série, 1895
Quatrième partie,

CHAPITRE III

Punitions.


Punitions injustes ou imprudentes. – Punitions n’ayant aucun rapport avec la faute commise. – Les fautes des petits doivent être réprimées au moment même du flagrant délit. – La punition doit être moralisatrice.


J’enregistre ici quelques notes prises sur le vif au sujet des punitions et des récompenses, et je les discute une à une.

Note I. – Ce qui frappe mes yeux en entrant dans la salle d’exercice de l’école de X…, c’est de voir trois ou quatre enfants assis par terre, pendant que leurs camarades comptent leurs bûchettes.
« Ce sont des enfants arrivés en retard, répond la directrice à la question que je lui adresse.
– Viennent-ils seuls à l’école ?
– Il n’y a pas de règle fixe : tantôt ils viennent accompagnés de leur mère ; tantôt ils arrivent mêlés à un groupe de petits camarades ; tantôt enfin ils viennent seuls, leur demeure étant voisine.
– Ce matin, étaient-ils seuls ou bien accompagnés ? »
La directrice ne le savait pas ; elle avait puni les enfants qui troublaient l’ordre de la classe en arrivant après l’exercice commencé, et c’était tout.
Raisonnons un peu ; examinons cette question de l’exactitude à l’école maternelle, et même à l’école primaire. A l’école primaire, elle est essentielle, sans elle il n’y a pas d’école possible : ni éducation, ni enseignement.
A l’école maternelle, ce principe ne saurait être rigoureux ; il faudrait y procéder par individus. Lorsqu’une mère, ordinairement occupée, peut garder son enfant, et qu’elle veut le garder, c’est pour tous les deux une bonne fortune, et la directrice avertie doit s’en réjouir.
Si le travail de la mère commence un peu plus tard que d’habitude, il est tout naturel encore que l’enfant aille plus tard à l’école ; enfin, en thèse générale, lorsque l’enfant ne peut venir seul, lorsqu’il est par conséquent solidaire de sa famille, c’est une injustice de le punir s’il a été inexact.
Et même pour l’école primaire, lorsque l’inexactitude n’est pas habituelle, il conviendrait de distinguer aussi. Les ménages d’ouvriers sont sujets à des difficultés qui n’atteignent pas ceux de la classe aisée ; mille occasions indépendantes de la volonté de l’enfant peuvent le retenir au moment du départ ; il me paraît donc injuste d’appliquer une discipline inexorable – injuste et très imprudent ; car fermer la porte aux retardataires, c’est les livrer aux dangers du vagabondage.
Revenons à nos enfants assis par terre ; ils sont punis. Pourquoi ce genre de punition plutôt qu’un autre ? Cette punition a-t-elle un rapport quelconque avec la faute commise (en admettant qu’il y ait une faute en effet) ? Moralisera-t-elle les petits coupables, c’est-à-dire les empêchera-t-elle demain de commettre la même faute ?
Être assis par terre n’a aucun rapport avec l’inexactitude. Je comprendrais, par exemple, que le retardataire vît sa récréation légèrement écourtée (je dis «légèrement», parce que les impressions sont fugitives à l’âge où l’on fréquente l’école maternelle). Cinq minutes de « détention » peuvent être profitables ; au bout de dix minutes, l’enfant ne saurait plus dire pourquoi il n’est pas avec ses camarades ; quelquefois même il ne s’aperçoit plus qu’il n’est pas avec eux : il s’est arrangé une petite récréation pour lui tout seul, s’il est industrieux, ou bien il rêve.
Je comprendrais encore que l’enfant arrivé en retard fût privé d’un jouet à l’heure de la récréation pendant un temps proportionné au retard dont il s’est rendu coupable ; mais l’asseoir par terre, ou bien lui mettre le nez contre le mur,… non ! cela me paraît déraisonnable.
Ah ! s’il avait voulu, étant à côté de ses camarades, empiéter sur leur place, s’il avait été un désagréable voisin, la punition me paraîtrait rationnelle, tandis qu’elle ne l’est pas du tout.
Si, du choix de la punition, nous passons à l’effet produit sur les coupables, nous pensons qu’il est très mauvais. En effet, si le retard est du fait de l’enfant lui-même, il est assez probable qu’il a été causé par le peu de goût que celui-ci prend à la classe : c’est sans doute un enfant qui préfère la flânerie aux occupations, la liberté de la rue à la contrainte relative de l’école, le désordre de ses pensées à la petite tension d’esprit que l’on exige de lui à certains moments. Or là, par terre, tous ceux qui ont commis la faute sont dans un état de somnolence qui aggrave leurs dispositions à l’oisiveté.
Hélas ! de l’école maternelle à la prison cellulaire tout notre système pénitentiaire endurcit le coupable au lieu de le moraliser.

Note II. – Les enfants jouent dans la cour sous la surveillance d’une adjointe, et je cause dans la classe avec la directrice. Une pierre est lancée contre une des vitres.
La directrice se précipite :
« Qui a fait cela ? demande-t-elle.
– C’est Henri, répondent plusieurs voix.
– Rentre immédiatement dans la classe ! »
L’enfant obéit, s’assied sur un banc, et nous reprenons notre conversation. Elle dure longtemps. De temps à autre je jette un coup d’œil sur l’enfant puni. D’abord il attrapait des mouches ; maintenant il semble sommeiller. Je l’appelle et dès qu’il est près de moi :
« Tu ne sais donc pas que c’est mal de jeter des pierres contre les vitres ? »
Il ne répond pas.
« Est-ce la première fois que tu le fais ?
– Non, j’en ai jeté une à la maison.
– Que t’a dit ta mère ?
– Elle m’a battu. »
Cet enfant avait donc commis deux fois la même faute, il avait été puni deux fois sans avoir entendu un seul mot propre à le faire réfléchir, et le prémunir contre une nouvelle récidive.
Que la mère ignorante se soit contentée d’une correction manuelle, passe encore ; mais que l’institutrice soit restée muette, c’est attristant.
« A-t-on fait remplacer la vitre que tu as cassée chez toi ? demandai-je à l’enfant.
– Oui.
– Qui a payé le vitrier ?
– Maman.
– Eh bien ! ta pauvre maman et ton papa ont de la peine à gagner leur argent ; ils en ont besoin pour acheter du pain, de la viande, des souliers. Ta maman t’a battu pour que tu te souviennes de ta faute. C’est bien dommage que tu l’aies oubliée. Ici, tu n’as pas cassé la vitre, mais tu as manqué la casser, et puis tu aurais pu blesser un de tes camarades. »
L’enfant avait l’air de comprendre ; deux petits écoliers venus dans la classe pour quelques arrangements étaient aussi très attentifs.
Conclusion : lorsque vous punissez un enfant en âge de comprendre, expliquez-lui pourquoi vous le punissez.
Je sais bien ce qu’aurait fait la directrice – elle me l’a dit : elle aurait attendu que tous les enfants fussent réunis, et elle leur aurait raconté l’histoire d’un petit garçon qui jetait des pierres contre les vitres ; mais personne, pas même le petit coupable, ne se serait soucié de l’allusion.
Les fautes doivent être prises sur le vif, et la leçon donnée au moment même du flagrant délit, si l’on veut qu’elle porte.

Note III. Nous entrons dans une classe enfantine située dans un adorable paysage, d’autant plus adorable que le printemps est venu tard cette année : les arbres fruitiers sont encore blancs et roses ; les blés tout jeunes sont moirés de teintes vert pâle ; le feuillage des châtaigniers et des hêtres projette sur le sol de petites plaques d’ombre pailletées par l’or des rayons du soleil ; la frêle ramure des bouleaux frissonne, caressée par la brise ; tout est riant, tout est embaumé. Les enfants ont, pendant une partie de la matinée, gardé leurs bestiaux dans ce paradis, ils ont humé le grand air, ils se sont grisés de liberté, et ils ont appris beaucoup de choses.
« Ça, c’est du blé, m’a dit l’un, que j’ai rencontré sur la route. Ça, c’est des choux ; je viens en chercher tous les jours pour mes lapins. » Ils apprennent aussi le respect de la propriété d’autrui, puisqu’ils empêchent leur bétail de sortir des limites de leur champ. Mais l’heure de la classe a sonné, ils sont rentrés, et, lorsque j’arrive, ils sont là depuis une heure environ. Les volets sont aux trois quarts fermés, les fenêtres sont complètement closes, l’atmosphère est lourde ; je trébuche sur des enfants à genoux par terre : il y a quatre garçons d’un côté, trois filles de l’autre. « Ils ont oublié quelque chose chez eux : un cahier, un porte-plume, un livre. – Où demeurent-ils ? – Dans le village, pour la plupart, sauf une petite fille qui vient d’une ferme éloignée. » Or le village est grand comme ma main. En cinq minutes les petits étourdis, les petits négligents auraient pu réparer leur étourderie ou leur négligence ; on aurait peut-être pu suppléer au manquement de la petite fille dont la demeure est plus éloignée, sans préjudice, si on le croyait nécessaire, d’une punition ultérieure, mais d’une punition moralisatrice. Que n’a-t-on pas dit, depuis dix ans surtout, contre les punitions infamantes ! contre ces punitions qui humilient, avilissent, font germer la haine au lieu d’ouvrir l’âme aux bonnes influences ! Tout a été dit ; il semble que nous en avons fini pour toujours avec ce vieux système pénitentiaire, et tout d’un coup, au milieu d’un paysage radieux, fait pour élever l’âme vers les régions les plus pures, on se trouve précipité dans un trou noir !

Note IV. – Classe des grands (quatre ans et demi à six ans, ne l’oublions pas). Tous les enfants sont penchés sur leurs cahiers ou leurs ardoises ; « penchés » n’est pas tout à fait exact ; c’est « couchés » qu’il aurait fallu dire ; ils écrivent enfin dans les plus mauvaises conditions du monde. D’ailleurs, très absorbés par leur travail ; on entendrait une mouche voler. Qu’écrivent-ils ainsi ? Le modèle se détache en grosses lettres sur le tableau noir : NOUS SOMMES DES BABILLARDS. Je devine qu’un orage a passé sur la classe et je demande à la jeune maîtresse (remarquez, je vous prie, en passant que c’est une jeune maîtresse) si cet exercice est marqué sur son emploi du temps. « Non », me répond-elle sans aucun embarras, ce qui prouve qu’elle croit avoir bienfait. «Nous aurions dû jouer avec les cubes ; mais comme ils ont parlé, je les ai punis, je leur ai donné un pensum. »
Oui ! ces enfants, dont l’aîné n’avait pas dépassé six ans, faisaient un pensum!
J’étais tellement triste et indignée, que je ne trouvai rien à dire tout d’abord ; je me mis donc à examiner les pages. Des hiéroglyphes, vous n’en doutez pas. Dès la troisième ligne, il était impossible de déchiffrer de quel méfait chacun des enfants s’était rendu coupable. Étaient ce des lettres ? Étaient-ce des figures ? Étaient-ce des chiffres ? Tous les défauts que nous signalons si souvent à propos des pages d’écriture étaient aggravés.
D’ailleurs, les pensums, c’est fait pour être griffonné.
Mais, me diront les lecteurs naïfs, nous croyions que le pensum avait été supprimé ! En effet ; traduit devant le tribunal des gens qui ont à cœur l’éducation des enfants, c’est-à-dire le développement normal de leur corps, de leur intelligence et de leur cœur, il a été déclaré coupable, sans aucune circonstance atténuante. Coupable de fatiguer le corps, coupable d’endormir l’esprit, coupable de ne s’adresser ni à la réflexion ni au sentiment. Depuis que ce verdict sévère mais juste a été rendu, le pensum se cache honteusement dans les lycées et les écoles sous le faux nom de devoir supplémentaire, et comme il était inadmissible que l’on vînt le traquer dans l’école maternelle, il y est entré, et s’y est installé cyniquement sous son vrai nom.
Oui ! j’ai trouvé le pensum à l’école maternelle ! Et la maîtresse qui avait imposé ce pensum est une jeune maîtresse ! La circonstance est aggravante. Une institutrice âgée, imbue des principes disciplinaires que nous ne pouvons plus accepter aujourd’hui, serait jusqu’à un certain point excusable de ne pas entrer dans nos vues ; mais une jeune fille ou une jeune femme ! Elle a donc sitôt oublié que naguère elle en a subi de ces punitions qui excitent les mauvais sentiments au lieu de provoquer un retour du coupable sur lui-même et vers le bien ? Or sans retour sur soi-même il ne peut exister de repentir.

NOTE V. – En entrant dans une salle d’exercices, j’aperçois un enfant dans un coin ; son attitude était celle d’un enfant « buté ».
« Qu’a-t-il fait ?
– Il a mordu son camarade.
– Et alors… ?
– Alors, je l’ai mis dans ce coin, en lui disant, qu’il y resterait jusqu’à ce qu’il ait demandé pardon.
– Y a-t-il longtemps qu’il est puni ?
– Environ une demi-heure. »
L’enfant était « buté », ai-je dit. On lui avait parlé sèchement, on l’avait interné dans un endroit où il ne pouvait s’asseoir ; on ne lui avait pas donné d’occupation ; il s’ennuyait depuis une demi-heure et n’avait pas l’air disposé à l’expansion. Cependant je l’attirai vers moi. « La maîtresse t’a éloigné de tes camarades parce que tu mords ; on éloigne aussi les chiens qui mordent, même on les attache ou bien on les enferme. On ne t’a pas enfermé, on ne t’a pas attaché, on a été bon pour toi ; on n’a pas voulu te rendre malheureux, on a seulement voulu t’empêcher de mordre… Sais-tu que cela fait mal, les morsures? »
L’enfant hocha la tête, ce qui voulait dire oui.
« Mordrais-tu ta petite sœur si mignonne ? »
Deux larmes coulèrent sur les joues du petit coupable.
« Tu ne mordras plus jamais ?
– Non.
– Veux-tu embrasser ton petit camarade ?
– Oui.
– Demande-lui s’il te veut maintenant à son côté. »
Le colloque avait duré quelques minutes, car il avait fallu faire naître l’émotion dans ce petit cœur qui s’était cadenassé. Mais ces minutes avaient été bien employées, même pour les autres enfants..
Ai-je convaincu aussi la maîtresse de cette vérité qu’un mot allant droit au cœur moralise plus que tous les pensums et toutes les exclusions du monde ? Je voudrais le croire.

Note VI. – Dans quelques écoles maternelles, une des punitions en usage est la privation de dessert pour les enfants dont le panier contient quelques gâteries.
Examinons, s’il vous plaît, le procédé en lui-même ; cela en vaut la peine, car il est généralement adopté dans les familles et les pensionnats.
L’enfant est, sauf de très rares exceptions, porté à la gourmandise, et c’est tout naturel, puisqu’il est un être de sensations avant de devenir un être de sentiment et de raison. Les plaisirs intellectuels lui sont inconnus : sa « bête » se développe ayant sa tête et son cœur ; et s’il faut veiller à ce que l’un des développements n’étouffe pas les autres, il ne faut pas ajouter trop d’importance à une disposition naturelle qui n’a rien de répréhensible en soi. La réprimer sévèrement va, j’en suis sûre, à l’encontre du but qu’on se propose. Autant je trouve légitime de faire gagner son repas à l’enfant paresseux, en âge de comprendre que le travail est indispensable à la dignité de la vie, autant je trouve dangereux de priver un petit enfant soit d’une partie essentielle de son repas, soit d’une friandise, parce que c’est la lui faire désirer, et lui faire attacher une valeur disproportionnée à une chose qui n’en a pas ; c’est, en un mot, je le crains, le pousser à la gourmandise.
Ces idées-là me sont personnelles ; je n’ai pas l’intention de les imposer ; je les soumets seulement à la réflexion de mes lectrices et je reviens à mon point dé départ, c’est-à-dire à cette école maternelle où l’on prive de dessert les enfants qui ont mécontenté leurs maîtresses. Or voici ce que j’ai appris : la directrice déclare au petit délinquant qu’il ne mangera pas la friandise qui est dans son panier ; mais il est entendu avec la femme de service que celle-ci donnera le dessert en cachette.
Ce procédé est renouvelé de Victor Hugo :

Jeanne était au pain sec dans le cabinet noir,
Pour un crime quelconque, et, manquant au devoir,
J’allais voir la proscrite en pleine forfaiture,
Et lui glissai dans l’ombre un pot de confiture
Contraire aux lois. Tous ceux sur qui, dans ma cité,
Repose le salut de la société
S’indignèrent…

Et je suis bien tentée de faire comme eux, et de me récrier comme eux :

… « Cette enfant vous connaît,
Elle sait à quel point vous êtes faible et lâche ;
Elle vous voit toujours rire quand on se fâche,
Pas de gouvernement possible. »

Et pas d’éducation possible non plus. Ce qui est follement exquis chez le grand-père (surtout quand on le trouve exprimé en si beaux vers) ne peut vraiment être érigé en principe, ni dans la famille, ni dans l’école. Tâchez d’élever les enfants sans les punir ; mais, si vous les punissez, que la punition, quelque anodine qu’elle puisse être, soit une punition sérieuse : c’est une condition essentielle pour conserver votre autorité.
Et puis respectez l’enfant. Ce n’est pas le respecter que le faire assister à une sorte de comédie de l’éducation.

NOTE VII. – Deux enfants se disputent en classe, malgré la présence de la maîtresse, malgré la présence de l’inspecteur et de l’inspectrice… générale, s’il vous plaît ! A bout d’arguments, l’un crache à la figure de l’autre. Décidément le coupable ne respecte ni la classe, ni la maîtresse, ni les visiteurs.
L’inspecteur va vers lui et lui adresse un reproche très bref et très sévère.
L’enfant baisse la tête il est visiblement honteux de sa conduite.
La directrice intervient, voudrait faire de la morale, punir…
L’inspecteur l’arrête d’un geste. Pourquoi insister, puisque la première intervention a porté ?
L’exercice terminé, les visiteurs passent dans la classe voisine ; mais il n’y a pas de chaises dans cette salle.
Alors, l’inspecteur s’adressant au petit coupable encore tout contrit : « Veux-tu, lui dit-il avec bonté, apporter une chaise à Mme l’inspectrice ? » La figure de l’enfant s’éclaire, il comprend qu’il est pardonné, qu’on lui permet de se réhabiliter, et lorsqu’on l’envoie faire la paix avec son camarade, il l’embrasse de tout cœur.
Admonestation toute morale, réhabilitation toute morale… C’est l’idéal.


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