Les sectes, ennemis publics si français (03.07.2017)
Les sectes, ennemis publics si français (03.07.2017)
Dans « Raison d’Etat », le sociologue Etienne Ollion analyse
pourquoi, dans les années 1990, la France a lutté avec tant d’énergie contre le
phénomène sectaire.
LE MONDE | 03.07.2017 à 08h15 • Mis à jour le 03.07.2017 à
09h38 | Par Gilles Bastin (Sociologue et collaborateur du « Monde des livres »)
Au Mandarom, siège de la secte aumiste
(Alpes-de-Haute-Provence), en 2006.
Raison d’Etat. Histoire de la lutte contre les sectes en
France, d’Etienne Ollion, La Découverte, 272 p., 19 €.
Elles firent leur apparition dans le paysage social français
au milieu des années 1970 et portaient des noms étranges. Leurs membres
louaient l’utopie conservatrice Moon, chantaient avec dévotion le nom de
Krishna ou vivaient dans le mélange de peur apocalyptique et de prosélytisme
érotique qui était la marque des Enfants de Dieu.
Ces « nouvelles sectes » suscitèrent vite l’inquiétude,
notamment parmi les proches de ceux qui les rejoignirent. Les journaux
évoquaient alors un « racolage spirituel ». Les familles s’émouvaient de la
dépersonnalisation de leurs enfants et de l’incidence de la vie communautaire
sur leur santé. Mais l’époque était à la crise du catholicisme traditionnel, à
la remise en cause du modèle de la vie bourgeoise et au bourgeonnement des
mouvements alternatifs. Les sectes passèrent pour une manifestation comme une
autre de l’aspiration au changement de société qui caractérisait l’après-Mai
68.
Le massacre de l’Ordre du temple solaire dans le Vercors, en
1995
L’histoire à laquelle s’est intéressé le sociologue Etienne
Ollion, dans Raison d’Etat. Histoire de la lutte contre les sectes en France,
commence au moment où le phénomène sectaire devient un problème public dans
l’Hexagone. Le terme de « secte » perdit en effet peu à peu son sens
théologique pour désigner tout groupe pratiquant la manipulation mentale. Dans
les années 1970, la lecture psychologique de l’« emprise » sectaire sur les
individus fut largement construite par des universitaires et par les médias,
qui commencèrent à relater des phénomènes de groupe déviants comme le suicide
collectif des adeptes de la secte du People’s Temple, en Amérique du Sud, en
1978.
Pourtant, l’enquête montre que l’Etat ne s’est pas vraiment
intéressé au phénomène sectaire...
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/livres/article/2017/07/03/les-sectes-ennemis-publics-si-francais_5154642_3260.html
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Aidez-moi à améliorer l'article par vos remarques, critiques, suggestions... Merci beaucoup.