7 juillet 2017

Guerre en Syrie

La propagande et la guerre de l’information ont tenu une place essentielle dans la bataille d’Alep (07.07.2017)
Syrie: deux morts dans un attentat à Hama (06.07.2017)
Syrie: Damas met en garde Washington (03.07.2017)
Attentat-suicide dans le centre de Damas (02/07/2017)
La Syrie balaie les accusations de recours au gaz sarin (01/07/2017)
Syrie : l'OIAC confirme une attaque au gaz sarin (30/06/2017)
Syrie : 100 000 civils piégés à Raqqa (28/06/2017)
Washington menace Damas, accusé de préparer une autre attaque chimique (27/06/2017)
Guerre en Syrie : qui sont les responsables de la tragédie ? (18/10/2016)
Acteurs, enjeux : les clés pour comprendre la guerre en Syrie (12/09/2016)


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Kurdistan syrien ou Rojava


La propagande et la guerre de l’information ont tenu une place essentielle dans la bataille d’Alep (07.07.2017)
En Syrie, les forces pro-Assad ont pratiqué une désinformation permanente. Cette stratégie a désorienté les opinions publiques occidentales et paralysé leurs gouvernants
LE MONDE IDEES | 07.07.2017 à 08h00 • Mis à jour le 07.07.2017 à 13h50 | Par Christophe Ayad

Un soldat du gouvernement syrien fait le V de la victoire sous le drapeau national, à Alep, le 28 novembre 2016 (image fournie par Sana, l’agence de presse officielle de la Syrie)
Un soldat du gouvernement syrien fait le V de la victoire sous le drapeau national, à Alep, le 28 novembre 2016 (image fournie par Sana, l’agence de presse officielle de la Syrie)

La bataille d’Alep, qui s’est achevée, le 16 décembre 2016, par la chute du principal bastion de la rébellion syrienne, sera, à n’en pas douter, largement étudiée dans les écoles de guerre. L’aviation russe et l’armée ­syrienne, assistée au sol par diverses milices chiites (libanaises comme le Hezbollah, mais aussi ­irakiennes et afghanes), sont venues à bout, au terme de six mois de siège, de 10 000 rebelles bien équipés et retranchés dans les quartiers orientaux de la grande métropole syrienne. Mais la stratégie militaire ne peut seule expliquer cette défaite, qui a viré à la débâcle dans les dernières semaines. Certes, le pilonnage incessant par l’aviation et l’artillerie ont joué un rôle essentiel, au prix de milliers de morts civils. Mais la propagande et la guerre de l’information ont tenu une place tout aussi essentielle dans cette bataille.

Jamais comme à Alep on n’a assisté à une telle transformation des victimes en bourreaux, des sauveteurs en terroristes, et des massacreurs en libérateurs

Chute, reconquête ou libération : le vocabulaire n’est jamais neutre du moment qu’il s’agit d’un conflit. Mais, si les guerres ont toujours mis en branle l’affrontement de deux narrations, jamais comme à Alep on n’a assisté à une telle transformation des victimes en bourreaux, des sauveteurs en terroristes, et des massacreurs en libérateurs. Autre spécificité de la bataille d’Alep : alors qu’en général, dans l’histoire de la guerre, le camp du vainqueur sur le champ de bataille impose a posteriori son récit, la propagande du camp des forces pro-régime, dans le cas d’Alep, s’est imposée avant même leur victoire sur le terrain.

A ce titre, la bataille d’Alep peut être assimilée à un nouvel épisode de la « guerre hybride », théorisée par les stratèges russes depuis le milieu des années 2000 et mise en œuvre en Crimée et dans l’est de l’Ukraine. Elle consiste, entre autres, à brouiller la perception du camp adverse avec un bombardement d’informations...



Syrie: deux morts dans un attentat à Hama (06.07.2017)
Par Le Figaro.fr avec AFPMis à jour le 06/07/2017 à 13:21 Publié le 06/07/2017 à 13:14


Au moins deux personnes ont été tuées et neuf blessées aujourd'hui dans un attentat suicide dans une station de bus à Hama, dans le centre de la Syrie ravagée par la guerre, selon les médias officiels. "Un terroriste a fait exploser sa ceinture explosive" à la station de bus de la ville, a indiqué la télévision d'Etat.

L'agence officielle Sana a fait état de deux morts et neuf blessés dans l'explosion. La ville de Hama, chef-lieu de la province du même nom, est sous contrôle du régime syrien en guerre contre les rebelles et les jihadistes dans le pays meurtri par un conflit dévastateur depuis mars 2011.

Le mois dernier, le président Bachar al-Assad avait fait à Hama une rare apparition publique, pour la prière de l'Aïd el-Fitr, qui marquait la fin du mois sacré musulman du ramadan. Même si des violences y ont eu lieu, Hama a dans l'ensemble été épargnée par les destructions ayant touché d'autres grandes villes du pays depuis le déclenchement du conflit qui a fait plus de 320.000 morts.

En octobre 2016, au moins deux personnes ont péri à Hama dans des attentats suicide revendiqués par le groupe jihadiste Etat islamique (EI) qui occupent plusieurs régions en Syrie.

Ailleurs dans la province de Hama, les forces progouvernementales soutenues par la Russie affrontent des jihadistes rivaux de l'EI, alliés à des rebelles. Elles ont lancé en juin une offensive d'envergure dans des zones rurales de cette province d'une importance stratégique pour l'armée.

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Syrie: Damas met en garde Washington (03.07.2017)
Par Le Figaro.fr avec AFPMis à jour le 03/07/2017 à 16:14 Publié le 03/07/2017 à 16:08

Le régime syrien a mis en garde aujourd'hui les Etats-Unis contre toute nouvelle attaque américaine contre ses positions, affirmant que Washington provoquerait une "riposte" de Damas et de ses alliés.
"Nous ne serons pas surpris si les Etats-Unis mènent de nouvelles agressions en Syrie", a affirmé lors d'une conférence de presse à Damas Fayçal Moqdad, vice-ministre syrien des Affaires étrangères.

"Mais ils doivent tenir compte des possibilités de riposte et doivent savoir que la réponse de la Syrie et de ses alliés sera différente de celle après la première attaque", a-t-il indiqué.


Il y a une semaine, les Etats-Unis ont accusé Damas de préparer une nouvelle attaque chimique après celle en avril dernier à Khan Cheikhoun, dans le nord-ouest de la Syrie imputée par Washington au régime Assad. Washington, qui dit se baser sur une activité suspecte sur la base aérienne syrienne d'où était partie la précédente attaque, a menacé Damas de représailles.

L'avertissement a été "pris au sérieux" par le régime d'Assad selon le secrétaire à la Défense, Jim Mattis.

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Attaques chimiques en Syrie : le récit édifiant du docteur Morad (02.07.2017)
Par Hala Kodmani — 2 juillet 2017 à 15:32

Des habitants de Khan Cheikhoun manifestent, le 7 avril, pour dénoncer l'usage d'armes chimiques dans l'attaque qui a eu lieu trois jours plus tôt.Des habitants de Khan Cheikhoun manifestent, le 7 avril, pour dénoncer l'usage d'armes chimiques dans l'attaque qui a eu lieu trois jours plus tôt. Photo Omar Haj Kadour. AFP 

  Attaques chimiques en Syrie : le récit édifiant du docteur Morad


Le Dr Morad n’avait pas besoin des conclusions des experts de l’Organisation internationale pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), révélées vendredi 30 juin, pour confirmer que du gaz sarin avait bien été utilisé dans l’attaque du 4 avril sur Khan Cheikhoun. Le directeur de l’hôpital de cette ville du nord-ouest de la Syrie a traité des centaines de victimes du gaz innervant pendant les vingt-quatre heures qui ont suivi la frappe par l’aviation du régime. De passage à Paris il y a quelques jours, le médecin d’une cinquantaine d’années, à la carrure imposante, parle avec l’assurance de celui qui cumule cinq années de pratique en terrain de guerre. «On n’arrive d’ailleurs plus à vivre sans les obus et les raids aériens», dit-il, avant de reconnaître son incrédulité et sa stupeur ce matin-là quand il entend tonner dans son talkie-walkie : «C’est du chimique !»

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Situé dans l’une des dernières zones contrôlées par la rébellion syrienne, Khan Cheikhoun, à mi-chemin entre Hama et Idlib, est une position stratégique sur l’autoroute Damas-Alep. La ville de 50 000 habitants est donc régulièrement visée par les raids aériens. Tellement que son nouvel hôpital a été aménagé et équipé dans des grottes, nombreuses dans la région. Il est 6h40, ce 4 avril, quand un bombardier lance deux premiers missiles sur le quartier nord de la ville. Le médecin roule alors en voiture en direction de l’hôpital d’une bourgade voisine. Il entend les appareils voler puis les voit tirer dans le ciel avant de recevoir l’appel urgent. «Du chimique ? Ce n’est pas possible !» Il croit d’abord qu’il s’agit de missiles traditionnels ou à vide, et n’imagine pas qu’ils puissent porter des têtes chimiques. «D’habitude, ce sont les hélicoptères qui lancent des barils contenant des produits chimiques, du chlore généralement. Or là, il s’agissait de chasseurs Soukhoï, de fabrication russe. D’ailleurs, on a retrouvé par la suite les carcasses des missiles avec des inscriptions en lettres cyrilliques», raconte-t-il.

Atropine
Sur la place centrale de Khan Cheikhoun, le Dr Morad découvre un spectacle d’horreur. «Les gens, souffrant d’arrêt respiratoire, étaient allongés par terre dans les rues, au centre de la ville. Il devait y avoir au moins des dizaines de morts et des centaines de personnes étaient touchées.» Il parle de ces familles qui ont péri chez elles dans leur sommeil. «Nous les avons découvertes vingt-quatre heures plus tard…» Il raconte surtout la course contre la montre entre les frappes et la mi-journée, pour tenter de secourir près de 400 civils, hommes, femmes, enfants, malgré le peu de moyens disponibles. «On a dû faire avec les moyens du bord : aucun centre médical dans la région n’était équipé pour faire face à une attaque chimique. Nous n’avions même pas de masques.» Pas d’outil non plus pour doucher les blessés. «On a dû utiliser les voitures des pompiers. Moi-même, j’ai été légèrement blessé par cette attaque.» Les médicaments, surtout, font défaut. «Nous n’avions même pas suffisamment d’atropine, qui sert d’antidote contre les gaz chimiques. Il y en avait environ 1 500 ampoules alors que certains blessés en requièrent 300 ou 400.»

Le chiffre de 87 morts, dont de nombreux enfants, avait été retenu comme bilan de cette frappe. L’ONG Human Rights Watch, qui a publié le 1er mai un rapport sur l’usage des armes chimiques en Syrie, «compte 92 morts, dont 30 enfants, qui auraient péri d’un gaz innervant le 4 avril à Khan Cheikhoun». Une attaque menée par «un avion du gouvernement syrien», dénonce l’association de droits de l’homme, qui rappelle que «c’est le bilan le plus lourd depuis l’attaque chimique qui avait tué des centaines de civils dans la Ghouta, près de Damas en août 2013». Le franchissement alors de «la ligne rouge» tracée par Obama face au régime de Bachar al-Assad, le menaçant de représailles en cas d’usage d’armes chimiques, avait finalement abouti à un accord international initié par la Russie. Le démantèlement de l’arsenal chimique syrien prévoyait notamment la livraison des stocks de gaz sarin.

Horreur
Il n’a apparemment pas été respecté, selon le nouveau rapport confidentiel de l’OIAC. Ses conclusions, révélées par les agences de presse, ont été communiquées aux pays membres de l’organisation. Londres, Washington puis Paris ont réagi successivement vendredi à ces preuves «sans équivoque» d’usage de sarin, selon les termes du Quai d’Orsay. Les trois capitales avaient rappelé la semaine dernière «la ligne rouge» que constituerait une nouvelle attaque chimique par l’armée syrienne. Moscou a estimé en revanche que le rapport de l’OIAC était fondé sur «des données très douteuses». Les jours qui ont suivi l’attaque au sarin, l’aviation a multiplié les raids sur la zone visée pour empêcher la collecte des preuves. «Ils nous bombardaient pour éliminer les traces de chimique et empêcher tout prélèvement. Au premier jour, trente raids. Deuxième jour, trente raids. Troisième jour, trente raids. Ils ont démoli la quasi-totalité de l’infrastructure de l’hôpital», témoigne le Dr Morad.

Le résultat du rapport sur l’attaque de Khan Cheikhoun va maintenant servir de base à une commission conjointe entre l’ONU et l’OIAC, qui devrait dire si les forces du régime syrien sont responsables de ce bombardement chimique. Reste à savoir pourquoi dans ce contexte l’aviation de Bachar al-Assad aurait à nouveau utilisé ces armes prohibées ? L’explication est claire pour le Dr Morad. Parce qu’au-delà de l’horreur des frappes qui ont fait des centaines de morts, elles sont une arme de dispersion massive : «Dès qu’ils entendent parler d’attaque chimique, les gens se mettent à fuir en masse. Le déplacement des populations qui s’opposent à lui est la nouvelle politique du régime dans les zones qu’il cherche à contrôler.» Khan Cheikhoun comptait plus de 50 000 habitants avant le 4 avril. Il en reste aujourd’hui à peine 10 000.


Hala Kodmani

Attentat suicide dans le centre de Damas (02/07/2017)
Par Le Figaro.fr avec ReutersMis à jour le 02/07/2017 à 09:11 Publié le 02/07/2017 à 09:09

Un attentat suicide à la voiture piégée a fait plusieurs morts et blessés ce matin sur la place Tahrir, dans le centre de Damas, rapporte la télévision d'Etat syrienne.

Le kamikaze s'est fait exploser après avoir été encerclé par les forces de sécurité. Deux autres voitures piégées ont été détruites par les autorités dans l'ouest de la capitale.

Selon la télévision, les services de sécurité ont empêché "les terroristes d'atteindre leurs objectifs", des quartiers animés en ce jour de reprise du travail après la fête de l'Aïd el Fitr, qui marque la fin du mois de jeûne de ramadan.


La Syrie balaie les accusations de recours au gaz sarin (01/07/2017)
Par Le Figaro.fr avec ReutersMis à jour le 01/07/2017 à 19:48 Publié le 01/07/2017 à 19:47

Le gouvernement syrien a dénué samedi "toute crédibilité" à un rapport de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) faisant état de l'usage de gaz sarin lors d'une attaque contre un village du nord de la Syrie en avril.

Cette attaque a fait des dizaines de morts à Khan Cheikhoune, dans la province d'Idlib, le 4 avril. Imputée aux forces du régime de Bachar al Assad par les Occidentaux, elle a conduit en représailles à des frappes de missiles américains contre une base aérienne syrienne.

Dans un communiqué, le ministère syrien des Affaires étrangères estime que le rapport de l'OIAC repose sur "les témoignages de terroristes en Turquie", ce qui lui ôte "toute crédibilité".

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Syrie : l'OIAC confirme une attaque au gaz sarin (30/06/2017)
Par Le Figaro.fr avec ReutersMis à jour le 30/06/2017 à 07:28 Publié le 30/06/2017 à 07:06

L'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) a confirmé que du gaz sarin avait servi dans l'attaque contre un village du nord de la Syrie en avril dernier, d'après les conclusions d'une équipe d'experts. Plusieurs dizaines de personnes ont péri dans le bombardement de Khan Cheikhoune, dans la province d'Idlib, le 4 avril. L'attaque, imputée aux forces du régime de Bachar al Assad par les Occidentaux, a conduit à des frappes de missiles américains contre une base aérienne syrienne.

Dans leur rapport, les experts de la Mission d'établissement des faits (FFM) de l'OIAC soulignent, après avoir interrogé des témoins et examiné des échantillons, qu'"un grand nombre de victimes, dont certaines ont succombé, ont été exposées au gaz sarin ou à une substance similaire au sarin". Aux Nations unies, l'ambassadrice des Etats-Unis, Nikki Haley, a réclamé qu'une commission d'enquête établisse à présent les responsabilités de cette attaque chimique. "Maintenant que nous connaissons la vérité irréfutable, nous voulons qu'une commission indépendante confirme avec exactitude qui est responsable de ces attaques brutales afin que nous puissions rendre justice aux victimes", écrit-elle dans un communiqué.

Elle demande notamment que le Mécanisme commun d'enquête de l'OIAC et de l'Onu (JIM), un organisme indépendant créé par le Conseil de sécurité en 2015, se saisisse des conclusions des experts pour identifier les auteurs de l'attaque contre Khan Cheikhoune.


Par le passé, le JIM a déterminé que les forces gouvernementales syriennes s'étaient rendues coupables de trois attaques au chlore en 2014 et 2015 et que les djihadistes de l'organisation Etat islamique avaient eu recours à du gaz moutarde. Fin avril, le ministère français des Affaires étrangères a déclaré que la responsabilité du régime syrien dans l'attaque contre Khan Cheikhoune ne faisait aucun doute compte tenu du procédé de fabrication du gaz sarin utilisé.



Syrie: 100.000 civils piégés à Raqqa (28.06.2017)


Par Le Figaro.fr avec AFPMis à jour le 28/06/2017 à 17:00 Publié le 28/06/2017 à 16:57

L'ONU a estimé aujourd'hui que près de 100.000 civils étaient encore "pris au piège" à Raqqa, principal bastion du groupe Etat islamique (EI) en Syrie, que les Forces démocratiques syriennes (FDS, antidjihadistes) tentent de reprendre.


"Avec l'intensification des frappes aériennes et des combats au sol, le nombre de victimes civiles augmente et les voies de fuite se ferment les unes après les autres", fait valoir le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme dans un communiqué.

Selon des données recueillies par le Haut-Commissariat, "près de 100.000 civils sont actuellement pris au piège" à Raqa et "au moins 173 civils - il s'agit ici d'une estimation prudente, et le nombre réel pourrait être bien plus élevé - ont été tués dans les combats depuis le 1er juin".

"Les bombardements de ces trois dernières semaines sur Raqqa ont laissé les civils dans un état de terreur et de confusion quant aux possibilités de trouver refuge entre les atrocités commises par les soldats de Daech (acronyme en arabe de l'EI) et la lutte acharnée pour les défaire, a relevé le Haut-Commissaire, Zeid Ra'ad Al Hussein, cité dans le communiqué. Le grand nombre de victimes civiles montre que les parties en présence doivent en faire beaucoup plus pour assurer la protection de la population civile."

M. Zeid exhorte les parties au conflit à mettre en place des mesures qui permettent aux civils qui souhaitent fuir les combats de le faire en toute sécurité. Il appelle aussi toutes les forces, y compris les troupes soutenues par la coalition internationale, à veiller à ce que leurs opérations soient pleinement conformes au droit international et à enquêter de façon "rapide et efficace" lorsqu'il y a des "rumeurs" faisant état de victimes civiles.

Selon le Haut-Commissariat, les FDS, qui sont formées de combattants kurdes et arabes, "se seraient elles-mêmes rendues coupables de violations des droits de l'Homme et d'abus de ces droits dans les zones qu'elles contrôlent, notamment dans la ville de Tabqa". Le communiqué cite ainsi "des actes de pillage, d'enlèvements, de détentions arbitraires dans le cadre des opérations de filtrage, ainsi que de recrutement d'enfants".

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Washington menace Damas, accusé de préparer une autre attaque chimique (27/06/2017)




Par lefigaro.fr Mis à jour le 27/06/2017 à 11:29 Publié le 27/06/2017 à 08:51

Le régime syrien de Bachar el-Assad préparerait une nouvelle attaque chimique, avancent les États-Unis, qui se disent prêts à riposter comme ils l'avaient fait après l'attaque du 4 avril à Idleb.

La tension va croissante entre les États-Unis et la Syrie. Dans la nuit de lundi à mardi, Washington a accusé Damas de préparer une nouvelle attaque chimique similaire à celle attribuée au régime qui avait fait88 morts le 4 avril dernier dans la province d'Idleb. «Les États-Unis ont identifié de potentiels préparatifs d'une autre attaque chimique par le régime syrien d'Assad qui pourrait provoquer le massacre de civils, y compris des enfants innocents», écrit le porte-parole de la Maison-Blanche Sean Spicer dans un communiqué. Ces activités «sont similaires aux préparatifs du régime avant son attaque à l'arme chimique du 4 avril», ajoute-t-il.

Cette attaque avait provoqué une riposte militaire des États-Unis, qui avaient tiré 59 missiles contre une base aérienne en Syrie, marquant la première intervention armée de Washington contre le régime de Damas. Si le président syrien lançait une autre attaque à l'arme chimique «lui et son armée paieraient le prix fort», a prévenu Sean Spicer.

«Toute nouvelle attaque lancée à l'encontre de la population syrienne sera attribuée à Assad, mais également à la Russie et à l'Iran qui l'ont aidé à tuer son propre peuple», a pour sa part prévenu, lundi soir, dans un tweet, Nikki Haley, l'ambassadrice américaine à l'ONU.

L'attaque chimique présumée du 4 avril à Khan Cheikhoun, dans la province rebelle d'Idleb (au nord-ouest du pays) avait fait 88 morts, dont 31 enfants, provoquant l'indignation de nombreuses capitales qui avaient mis en cause le régime de Bachar el-Assad. Ce raid était, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), la deuxième «attaque chimique» la plus meurtrière depuis le début du conflit en 2011 après celle au gaz sarin quiavait fait plus de 1400 morts dans la banlieue de Damas en 2013.

Damas et Moscou réfutent les accusations occidentales. Le président américain Donald Trump avait fait part de son émotion après l'attaque du 4 avril notamment en raison du nombre élevé d'enfants tués. Les États-Unis avaient riposté dans la nuit du 6 au 7 avril, en tirant 59 missiles de croisière Tomahawk depuis deux navires américains en Méditerranée vers la base aérienne d'Al-Chaayrate, près de Homs.

Un Sukhoï-22 abattu par l'US Navy

Sean Spicer a tenu a rappeler dans son communiqué lundi que l'objectif des États-Unis en Syrie est uniquement de lutter contre le groupe Etat islamique et pas de lancer une guerre contre le régime d'Assad. Les États-Unis sont officiellement présents en Syrie pour conseiller et pour armer les Forces démocratiques syriennes (FDS) qui luttent contre le groupe EI.

Mais cette mise en garde a lieu dans un contexte de poussée de fièvre entre le régime syrien et les forces soutenues par les États-Unis dans le pays, qui fait planer le spectre d'une confrontation militaire avec le régime de Damas. Les États-Unis ont ainsi abattu le 18 juin un avion syrien dans l'est de la Syrie, expliquant que l'appareil menaçait des FDS alliées de la coalition.

Et à trois reprises au moins depuis le début mai dans la région d'Al-Tanaf, près de la frontière avec l'Irak et la Jordanie, les forces américaines ont bombardé des forces pro-régime qui menaçaient des soldats de la coalition. Ces tensions ont par ricochet détérioré les relations avec la Russie, alliée du régime syrien, qui avait dénoncé comme un «acte d'agression» la destruction de l'avion syrien, reprochant à Washington de ne pas l'avoir prévenue.

Guerre en Syrie : qui sont les responsables de la tragédie ? (18/10/2016)
Par Alexis Feertchak Mis à jour le 18/10/2016 à 15:08 Publié le 18/10/2016 à 10:48

FIGAROVOX/ENTRETIEN - Moscou et Damas ont annoncé avoir arrêté leurs raids aériens au-dessus d'Alep. Mais, pour le politologue franco-libanais Ziad Majed, il demeure que le régime de Damas et la Russie mènent un «lent génocide» dans les zones rebelles.

Ziad Majed est un politologue franco-libanais. Docteur en Science politique, il est professeur d'Études du Moyen-Orient et de Relations internationales à l'Université Américaine de Paris. Il a publié Syrie, larévolution orpheline (éd. L'Orient des Livres/Actes Sud, 2014).

FIGAROVOX. - Dans une interview au journal Le Monde, vous évoquiez des «presque crimes contre l'humanité» pour parler de la situation à Alep. Qui sont les responsables d'un tel crime ?

Ziad MAJED. - Il y a de manière certaine des crimes de guerre à Alep. Les Nations-Unies le reconnaissent, tout comme la plupart des capitales et des organisations de droits de l'homme (Amnesty International ou Human Rights Watch). J'ai parlé de «presque crimes contre l'humanité» en sachant précisément que la définition est différente entre ces deux catégories juridiques. Ce qui se passe à Alep depuis plus de deux ans, c'est un génocide lent. Nous avons une situation de blocage des convois humanitaires, de bombardement systématique des hôpitaux, des centres médicaux, des boulangeries, des écoles et des unités résidentielles. A tout cela s'ajoute aujourd'hui le siège. Ce ne sont donc pas des «dommages collatéraux», ou des «faits de guerre», mais bien le fruit d'une volonté systématique de l'aviation russe et de celle de Damas qui bombardent les quartiers Est de la ville. Les soldats du régime écrivaient sur les murs dans les localités autour d'Alep (comme dans les faubourgs de Damas) : «La faim ou la soumission». C'est la politique de la famine, de l'étranglement, de la terre brûlée afin de soumettre la population et les rebelles.

La population d'Alep-Est contrôlée par les rebelles est passée de plus d'un million d'habitants en 2011 à 200 000 aujourd'hui selon l'ONU. Les civils peuvent-ils quitter cette portion du territoire alépin et rejoindre l'Ouest de la ville, contrôlé par le régime, où vivent 800 000 personnes ?

Il y a dans l'Est d'Alep et ses périphéries entre 250 000 et 300 000 personnes. On ne peut pas connaître exactement les chiffres car il y a eu énormément de mouvements dans les deux sens avant le siège. Certaines personnes partaient vers la campagne, mais comme ils y étaient aussi bombardés, revenaient parfois vers la ville. D'autres se déplacent à l'intérieur même des quartiers Est. On a ainsi connu l'année dernière un mouvement vers les lignes de démarcation parce que celles-ci sont moins bombardées par l'aviation. Les chasseurs-bombardiers ne veulent pas prendre le risque de toucher les troupes du régime et ses alliés… En revanche, sur les lignes de démarcation, le grand danger pour les civils vient des snipers et des tirs directs.

Peuvent-il se déplacer dans les territoires contrôlés par le régime ?

Mais ils ne doivent pas quitter leurs maisons et leurs quartiers ! Ils doivent pouvoir rester chez eux. L'idée élémentaire, c'est que les gens ont le droit humain de ne pas être bombardés. Ils ne doivent pas être obligés de quitter leurs maisons pour devenir des réfugiés. Toute la politique du régime et des russes consiste justement à aggraver la crise migratoire. Il faut arrêter les bombardements et non pas créer 250 000 ou 300 000 nouveaux déplacés et réfugiés syriens.

Par ailleurs, même s'ils le souhaitaient, ils ne pourraient pas passer à l'Ouest d'Alep. Premièrement les accès entre les deux parties de la ville sont fermés. Deuxièmement, la majorité des civils ont peur de passer : ils ne veulent pas risquer d'avoir le sort des 17 000 prisonniers déjà torturés à mort dans les geôles du régime. Les hommes notamment ne veulent pas passer parce qu'ils sont arrêtés, humiliés, parfois emprisonnés ou même envoyés dans un service militaire obligatoire.

En décembre 2015, auditionné au Sénat, le Général Didier Castres s'est ainsi exprimé : « Les forces combattantes de Daech sont estimées à un effectif de 30 000 en Syrie et en Irak (…) En outre, il existe en Syrie une constellation de combattants très divers de l'ordre de 100 000 personnes, dont la France estime que 80 000 d'entre eux appartiennent soit à des groupes terroristes désignés comme tels par les Nations unies, soit à des groupes salafistes extrémistes ». Qui sont les rebelles qui se battent aujourd'hui en Syrie ?

La vision de la scène militaire syrienne dans ce genre de discours est très partielle. Elle ne couvre pas notamment un autre cas de djihadisme. En effet, en matière de groupes djihadistes en Syrie, on évoque toujours Daech et le front Al-Nosra, mais on oublie que, du côté du régime el-Assad, il y a un chiffre bien supérieur de combattants qui sont des djihadistes chiites étrangers et des formations locales paramilitaires. Il y a aujourd'hui 8000 à 10 000 combattants du Hezbollah libanais, le même nombre de combattants chiites irakiens des mouvements «Al-Noujaba» et «Asaeb Ahl Al-Haq» et autres. Il y a encore la brigade hazara afghane «Fatemiyoun» directement contrôlée par les Gardiens de la Révolution iraniens. Tous ces djihadistes-là ne sont pas concernés par la territorialité et la temporalité du conflit. Comme les djihadistes sunnites, ils sont animés par une cause régionale, voire confessionnelle et historique. Le fait de ne pas les mentionner comme étant les vrais sauveurs du régime de Bachar el-Assad sur le terrain est déjà un problème de l'analyse.

Quid des islamistes sunnites ?

Par rapport aux chiffres que vous citez, je dirais qu'il y a beaucoup de raccourcis. C'est un logiciel très occidental qui ne tient pas compte des mutations de la société en question. Dans les guerres à caractéristiques civiles qui durent, on ne peut pas toujours compter sur des milices disciplinées disposant de positions idéologiques claires. Il y a des métamorphoses et les milices sont souvent hétérogènes. Ainsi il y a dans leurs rangs des gens qui sont conservateurs et pieux, mais qui ne sont pas idéologiquement islamistes ; il y en a qui viennent pour obtenir un bon salaire ; il y en a évidemment qui sont dans une lutte idéologique qu'ils soient salafistes ou frères musulmans et il y en a ceux qui ne souhaitent que tourner la page du régime el-Assad et sa répression. Qualifier un groupe de «modéré» ou d' «extrémiste», sans dire par rapport à quoi n'a pas vraiment de sens à la lumière de la réalité syrienne.

Concrètement, on peut être plus clair par rapport au front Al-Nosra ou à Daech, et ce même si Al-Nosra est beaucoup plus hétérogène idéologiquement et politiquement que Daech aujourd'hui. Mais c'est plus complexe pour les groupes rebelles, notamment pour les grandes formations que les Russes qualifient également de terroristes, comme Ahrar al-Sham et Jaïch al-Islam par exemple. Jaïch al-Islam est une formation salafiste qui peut aller d'un extrémisme au regard du contrôle social, envers les femmes, jusqu'à un certain opportunisme utilitaire, notamment envers le régime, la bourgeoisie de Damas et l'occident. Le deuxième groupe que je citais, Ahrar al-Sham, est très hétérogène : il y a des salafistes et des frères musulmans, et il y a aussi de jeunes ruraux non idéologiques, très attirés par la seule cause du combat contre le régime. Le groupe a des moyens, est bien armé et a attiré beaucoup de jeunes qui combattaient au départ au sein de l'Armée Syrienne Libre (ASL). Encore une fois, comment les qualifier d'extrémistes ou de modérés, et par rapport à quoi ?

Et sur les chiffres proprement dit ?

Il n'est pas vrai qu'il n'y aurait que 20 000 combattants qui n'appartiendraient pas aux grandes formations islamistes. Par exemple, il y a aujourd'hui le «Front du Sud» qui comprend 20 000 combattants qui sont tous sous le drapeau et sous le commandement de l'ASL et qui ne sont pas «islamistes». Il y a aussi à Alep comme à Hama et à Homs des milliers de combattants dans des brigades locales appartenant toujours à l'ASL. Récemment, dans la région d'Idleb, une nouvelle formation regroupe trois grandes brigades, encore une fois sous le drapeau de l'ASL. On parle là de 5000 combattants. Au total, en Syrie, on peut parler de 30 à 35 mille combattants qui ne sont pas dans des formations «islamistes».

Par ailleurs, il faut dire que dans le contexte syrien, être islamiste n'a rien de «choquant». La sociologie politique est plus importante que les catégorisations artificielles entre extrémistes et modérés. Il ne faut pas oublier de voir comment les combattants ont évolué dans leur discours, dans les noms de leurs brigades, dans leur rapport à la mort, comment les populations civiles ont le sentiment d'être abandonnées. Pour eux, il ne reste que Dieu pour les sauver! Plus il y a des morts quotidiennes, plus ils sont bombardés par les russes et par le régime et ses alliés (iraniens et djihadistes chiites) plus on verra de signes religieux qui peuvent aller d'un islam social (traditionnel) à un discours idéologique, voire nihiliste dans certains cas extrêmes.

Vous avez bien distingué les positionnements idéologiques très divers des différents rebelles, mais il y a des coalitions régionales au niveau des différents gouvernorats syriens. Quand on observe ces coalitions régionales, on y trouve presque systématiquement, notamment à Alep, l'ex-Front Al-Nosra, ancienne branche syrienne d'Al-Qaïda. C'est une alliance objective entre des groupes qui ne sont pas forcément islamistes et les djihadistes. Comment expliquez-vous cela ?

Pour les coalitions régionales, dans le Sud, ce n'est pas le cas. Il y a même des tensions fortes entre le Front du Sud et Al-Nosra. Les deux groupes se battent uniquement ensemble dans deux localités contre deux mouvements qui ont fait récemment fusion et qui portent allégeance à Daech.

Effectivement, dans la région d'Idleb, la coalition Jaïch al-Fatah (L'Armée de la conquête) est une alliance entre Ahrar Al-Sham, les groupes issus de l'ASL et le front Al-Nosra. La raison est d'ordre pragmatique. Al-Nosra est très puissant à Idleb. Pour se protéger du régime et des russes, les rebelles n'ont pas d'autre choix. Tant qu'ils sont abandonnés et qu'il n'y a pas suffisamment d'aide qui arrive, les rebelles, pour survivre, sont obligés de faire alliance avec Al-Nosra dans cette région. Les combattants sont parfois des frères, des cousins, des voisins du village, des jeunes qui avaient 15 ans quand la révolution a commencé et qui ont 20 ans aujourd'hui, qui n'ont pas de travail, qui sont bombardés, qui sentent que la seule solution, c'est de prendre les armes. Pour eux, tant que ce n'est pas Daech, il n'y a pas de tabou. Ils sont d'ailleurs soulagés maintenant qu'Al-Nosra a officiellement annoncé sa rupture d'avec Al-Qaïda.

C'est une rupture officielle, mais dans quelle mesure cette rupture est véritablement effective ?

Au niveau de la base d'Al-Nosra, je ne pense pas qu'il y ait vraiment des liaisons avec Al-Qaïda. C'est plutôt au niveau des chefs d'Al-Nosra que la liaison existe. 

Al-Julani, l'«émir» d'Al-Nosra, entretenait des contacts qui sont devenus plus forts après la création de Daech afin d'éviter le contrôle d'Al-Nosra par al-Bagdadi, le «calife» de l'Etat islamique. C'est à ce moment-là qu'il est devenu encore plus fidèle à Ayman al-Zawahiri, le leader d'Al-Qaïda. 

Mais pour la base militante d'Al-Nosra, c'est surtout un choix politique. Ils se sont séparés d'Al-Qaïda pour tenter d'éviter les possibles frappes américaines évoquées lors des négociations entre Kerry et Lavrov, pour avoir une mobilité politique dans l'espace syrien plus importante et pour disposer plus facilement d'alliances. La séparation d'Al-Nosra et d'Al-Qaïda a aussi soulagé certains acteurs régionaux comme l'Arabie Saoudite, la Turquie et le Qatar. Cela les aide maintenant à justifier leur soutien aux composants de l'Armée de la conquête sans qu'on les accuse de coopérer avec Al-Qaïda. 

Pour reparler d'Alep, Al-Nosra est arrivé avec la coalition Fatah Halab (La conquête d'Alep) lors de l'offensive pour briser le siège début août dernier. L'émissaire onusien Stéphane De Mistura a bien reconnu récemment qu'il n'y a sur les milliers de rebelles à Alep que 900 membres d'Al-Nosra qu'il a appelés à quitter la ville et à «retourner» à Idleb. Cela montre que leur présence dans la ville martyre n'est que marginale.

Comprenez-vous néanmoins que des Etats occidentaux puissent soutenir des rebelles qui, sur le terrain, coopèrent avec des djihadistes membres d'une organisation comme Al-Qaïda ? On se souvient des propos de Laurent Fabius en 2012 : « Al-Nosra fait du bon boulot »…

Une des raisons pour laquelle Al-Nosra est devenu un groupe très fort en Syrie est l'absence de soutien efficace et décisif des Occidentaux à l'Armée syrienne libre, quand elle était presque le seul acteur de l'opposition sur le terrain entre fin 2011 et fin 2012. Après, c'est vrai que la situation est devenue plus délicate : on ne peut pas concevoir une aide par des acteurs occidentaux à Al-Nosra, qu'elle soit directe ou indirecte… Mais le problème est ailleurs : moins les Occidentaux soutiendront les forces qu'ils peuvent eux-mêmes qualifier de «modérées», plus Al-Nosra sera puissant. N'oublions pas que les monarchies du Golfe et certains réseaux islamistes non gouvernementaux ont soutenu des groupes islamistes dès 2012. Ceci montre que ce changement sur le champ militaire syrien est une responsabilité occidentale comme arabe, celle de ne pas avoir aidé dès le début les rebelles qui se battaient pour une Syrie démocratique. Et il y en avait, et il y en a toujours ! 

A mon avis, ce qui est important de comprendre, c'est qu'une très grande partie de la société syrienne ne veut pas un modèle du type que celui proposé par le Front al-Nosra, mais qu'en revanche, il ne faut pas oublier que certains rebelles islamistes ont soutenu l'ASL dans les combats contre Daech et l'ont aidé à chasser ses membres de plusieurs régions de Syrie, notamment d'Alep et d'Idlib en décembre 2013 et en janvier 2014. Pour battre Daech, il faut donc une «légitimité islamiste sunnite». Il faut comprendre aussi qu'en Syrie, comme dans tout le Moyen-Orient, il y aura toujours des forces se revendiquant politiquement de l'islam, et que la question «extrémistes» et «modérés» doit se poser de manière «réaliste» et par rapport à des questions politiques et sociétales spécifiques.

Dans le cadre du processus de paix de Genève, l'opposition syrienne au régime de Bachar el-Assad est représentée par le Haut comité des négociations. Qui en sont les membres ?

Deux générations de Syriens n'ont d'expérience politique que depuis 2011, date du début de la révolution. Le champ politique syrien a été réduit en ruine après le coup d'Etat militaire du parti Baath le 8 mars 1963, et surtout après la prise du pouvoir par Hafez el-Assad, le père de Bachar, en 1970. Les opposants étaient soit en exil, soit dans les prisons, soit dans la clandestinité. L'opposition politique est aujourd'hui une large coalition. Il y a des personnalités, des notables syriens. On y trouve un ancien Premier ministre de Bachar el-Assad qui a fait défection et qui est le chef de la délégation, mais aussi des anciens généraux, des technocrates, des intellectuels, des représentants de mouvances politiques islamistes et laïques ou de petites formations qui ont émergé ces cinq dernières années.

Quels sont les liens entre cette opposition politique et les forces militaires de la rébellion ?

Ce qui est nouveau depuis quelques mois, c'est qu'il y a un comité militaire qui, théoriquement, doit être le lien avec les groupes rebelles sur le terrain. Mais tous les groupes combattants ne reconnaissent pas la légitimité de cette coalition. Al-Nosra par exemple n'en reconnaît pas la légitimité. Ahrar al-Sham était d'accord au départ pour participer avant de s'en retirer, sans couper les liens. Jaïch al-Islam est représenté. D'ailleurs, un des porte-parole du Haut comité des négociations était Mohammed Allouche, un membre de ce groupe rebelle. Quant aux formations de l'Armée syrienne libre (ASL), elles sont théoriquement sous l'autorité de cette coalition.

Ce haut comité dispose-t-il d'un vrai pouvoir de négociation ?

Je ne pense pas que cette coalition maîtrise les décisions sur le terrain, ni ne maîtrise le sort des négociations. En cela, elle est en rien différente du régime de Bachar el-Assad qui a beaucoup moins d'autonomie et d'indépendance par rapport aux Russes et aux Iraniens qu'on ne le dit. C'est Moscou et Téhéran qui décident pour le régime ce qui est acceptable et ce qui ne l'est pas. Un des problèmes des négociations (qui agonisent) autour de la Syrie, c'est qu'elles deviennent de plus en plus l'affaire des forces régionales et internationales. Les Syriens des deux camps ne sont pas les maîtres du jeu.

La Turquie a lancé une opération au Nord de la Syrie baptisée «Bouclier de l'Euphrate» et très certainement autorisée par les Russes depuis le récent rapprochement entre Moscou et Ankara. Quel est l'objectif de la Turquie ?

Comme vous l'avez dit, la réconciliation avec les Russes a facilité la tâche des Turcs pour cette opération. Ont aussi joué leurs sentiments d'amertume voire leur colère face à la position ambiguë des Etats-Unis après le coup d'Etat manqué de juillet. Avec cette réconciliation russe, Ankara peut mener cette opération avec trois objectifs en tête, liés aux Kurdes et à Daech. 

La Turquie veut empêcher les Kurdes de créer une continuité territoriale entre leurs trois cantons pour former ce que ces derniers appellent le « Rojava ». Sachant que, dans ces territoires, les Kurdes sont une majorité, mais ils ne sont pas les seuls : il y a aussi beaucoup de villages arabes dont les populations ont été déplacées. Les propriétés et les terres de certains ont parfois été confisquées. L'opération turque a rendu la continuité territoriale kurde entre Afrin et Kobané quasi-impossible. 

Le deuxième objectif turc consiste à éloigner Daech de la frontière. Cela fait suite à la série d'attentats que l'État islamique a commis en Turquie. C'est aussi un moyen de répondre aux pressions internationales relatives au passage des djihadistes à la frontière turque. Pour la Turquie, Daech est donc à la fois une menace sécuritaire et un embarras politique. 

Enfin, Ankara veut créer de facto au Nord de la Syrie une zone tampon, protégée par l'Armée turque et les rebelles de l'Armée syrienne libre. On parle aujourd'hui de 1500 à 2000 combattants de l'ASL qui accompagnent les forces turques, mais le chiffre peut augmenter avec le temps. Si cette opération continue de s'élargir, les Turcs pourront se placer en position de force avec les rebelles de l'ASL dans la course à Raqqa (la capitale de l'Etat islamique en Syrie, ndlr). Ankara veut gagner avec l'ASL cette future bataille décisive. Les Américains commencent à comprendre que les Kurdes auront beaucoup de difficultés à reprendre Raqqa qui est une ville arabe. Dans l'hypothèse d'une course à Raqqa, les Turcs pourraient donc montrer qu'ils sont devenus l'acteur le plus important de la lutte contre Daech en Syrie et que les rebelles de l'ASL peuvent remporter des victoires tant militaires que politiques.

Mais il y a un autre acteur, c'est Moscou ! Est-ce que vous pensez que Vladimir Poutine acceptera que l'Armée turque et les rebelles aillent jusqu'à Raqqa ?

Il se peut que les Russes créent des problèmes. C'est en partie ce qui ralentit l'opération militaire turque qui reste pour l'instant cantonnée autour de l'Euphrate. Avec les rebelles de l'ASL, les turcs sont en train d'élargir cette zone tampon au-delà de Jarabulus. Mais ils avancent lentement. La course à Raqqa fera de toute façon l'objet de négociations avec les Russes et les Américains. Après, je ne vois pas comment les Russes pourraient se justifier encore s'ils venaient à bombarder avec leur aviation ou celle du régime les rebelles de l'ASL accompagnés par les Turcs qui se dirigeraient vers Raqqa pour chasser Daech…

Est-ce que vous voyez aujourd'hui un début de commencement d'issue au conflit syrien ?

Il faut déjà remarquer la succession d'erreurs commises depuis cinq ans… En 2011, il y a eu trop d'hésitations par rapport à une révolution qui était encore pacifique. En 2012, avec la militarisation du conflit, on a vu entrer en action l'aviation du régime. Les américains ont interdit la fourniture de missiles sol-air aux rebelles de l'ASL. Cela a été une grave erreur. En 2013, ce fut encore une erreur terrible après le massacre chimique de la Ghouta. Les Occidentaux n'ont pas tenu leur engagement par rapports à la seule ligne rouge qu'ils ont eux-mêmes établie. Il a suffi à Bachar el-Assad de rendre «l'arme du crime» (900 tonnes du gaz Sarin dont il niait auparavant la possession) comme si rien n'avait eu lieu ! En 2014, quand les Américains sont intervenus contre Daech, ils pouvaient imposer pendant leur intervention une «no fly zone» pour empêcher l'usage de l'aviation par l'Armée de l'air du régime. Ils ne l'ont pas fait. En 2015, l'intervention russe a changé la donne. Elle rend concrètement toute solution encore plus difficile. En plus, pendant toute cette période, les Américains ont donné la priorité aux négociations sur le nucléaire avec les Iraniens. Ils considéraient qu'ils ne pouvaient pas se confronter aux Iraniens en Syrie tout en négociant avec eux à Vienne. A la fin, ceci a donné tous les moyens aux Iraniens chiites pour avoir le deal nucléaire, maintenir leur mainmise sur l'Irak et combattre en Syrie. Ce qui a aggravé les tensions confessionnelles et le malaise arabe sunnite.

Vous ne voyez donc pas de début de solution…

Je pense que non. Même si les Russes et le régime arrivent à récupérer plus de terrain dans les prochains mois, cela ne mènera pas à la fin du conflit. Le régime d'el-Assad dépend de plus en plus militairement, politiquement et financièrement de l'aide de l'Iran et de la Russie. Cette guerre se transforme de plus en plus donc en une occupation étrangère pour maintenir el-Assad qui, jusqu'à maintenant, ne contrôle que 25% du territoire syrien. L'espace syrien est fragmenté et 55 % des syriens sont aujourd'hui des déplacés internes ou des réfugiés à l'extérieur d'un pays dont plusieurs régions sont détruites. Daech peut être battu militairement mais sans solution politique cela ne réglera aucunement le problème. Un autre phénomène lui ressemblant pourrait émerger (comme ce fut en Iraq où Daech a émergé trois ans après la défaite d'Al-Qaida car il n'y a pas eu un changement et un règlement politique à Bagdad). Sans penser à une nouvelle majorité politique syrienne, sans un consensus politique qui passe par le dépassement du faux choix entre Daech et Assad, il n'y aura pas de solution. Il faut parvenir à faire comprendre que, pour combattre Daech de manière efficace, il faut tourner la page des Assad en Syrie. La lutte contre Daech et tout groupe qui lui ressemble doit être une lutte nationale, et cela ne serait possible tant qu'Assad est au pouvoir. Car pour beaucoup de Syriens, il est le premier responsable des crimes de guerre, des destructions et du pourrissement de la situation qui a permis à Daech et au djihadistes sunnites comme chiites de s'installer dans le pays.

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Un homme au milieu des ruines dans le quartier de Salaheddin, près d'Alep.
Un homme au milieu des ruines dans le quartier de Salaheddin, près d'Alep

ENQUÊTE - Le conflit syrien, commencé en 2011 comme une guerre civile entre le régime de Bachar el-Assad et les rebelles, est devenu depuis une guerre aux nombreux intervenants.

Régime syrien contre rebelles, islamistes chiites contre islamistes sunnites, Iraniens contre Saoudiens, Turcs contre Kurdes, Kurdes et Turcs contre djihadistes, Russes contre rebelles, Américains soutenant à la fois les Turcs et leurs ennemis kurdes, combattant ou soutenant diverses factions rebelles : le conflit syrien est devenu un champ de bataille à entrées multiples, où s'affrontent forces armées régulières et milices, acteurs locaux et puissances étrangères. 

En plus de cinq ans de guerre et un demi-million de morts, essentiellement civils, la Syrie est devenue un patchwork de fiefs ennemis qui se combattent ou s'allient dans un jeu compliqué qui défie jusqu'à présent toute solution diplomatique.

Le conflit syrien dépasse ...



[Décryptage] Syrie, une guerre aux multiples visages (25.08.2016)
Par Bruno Rieth
Publié le 25/08/2016 à 11:20

En Syrie, à la guerre contre Daech se superposent d'autres guerres où les alliés d'hier dont devenus les ennemis d'aujourd'hui. Et inversement.

Il n'y a pas une guerre mais des guerres en Syrie. Celle contre Daech, celle contre Bachar al-Assad et celle entre groupes rebelles. Au bout de cinq longues années de guerre civile, le pays est devenu une véritable mosaïque de factions armées. Forces Kurdes, islamistes ou rebelles "modérés", les alliances se font et se défont au gré des agendas politiques et militaires des uns et des autres, du rapport de force en présence ou des enjeux locaux. Les ennemis d'hier peuvent se retrouver les amis du jour et inversement. A cela s'ajoute les stratégies des puissances régionales et occidentales qui s'activent sur le terrain pour atteindre leurs objectifs parfois contradictoires : asseoir son hégémonisme régional ou lutter contre l'expansionnisme de Daech. Les deux pouvant s'entrechoquer. Décryptage.

Bachar al-Assad contre l'opposition (et Daech)

Influencée par la vague des printemps arabes, la Syrie, à partir de 2011, voit l'apparition d'un mouvement d'ampleur de contestation du régime en place. Mais face aux manifestations pacifistes, Bachar al-Assad fait le choix de la force, dans un premier temps, en réprimant par les armes cette opposition politique qui se constitue. Après avoir tenté de calmer le jeu en proposant un certain nombre de réformes, Assad se retrouve face à un mouvement qui se militarise peu à peu. C'est le début d'une guerre civile dont le nombre de morts est particulièrement dur à évaluer. Mais depuis cinq ans, on estime au bas mot que plus de 400 000 personnes ont péri sur le territoire syrien.


Bachar al-Assad porte une lourde responsabilité dans la situation actuelle. Notamment lorsqu'en mai 2011, il décide de libérer des centaines d'islamistes de ses geôles pour qu'ils viennent grossir les rangs de l'opposition. La formation de Katibas (bataillons) islamistes puis djihadistes, aux côtés des autres groupes rebelles, lui permet de désigner à l'Occident un autre ennemi que sa simple personne. La Russie saute sur l'occasion et lui apporte tout son soutien.

Et grâce à l'appui indéféctible de l'Iran, du Hezbollah libanais et de l'entrée en jeu récente de l'aviation Russe, Bachar al-Assad a repris du terrain. Contre l'opposition surtout, et contre les forces de l'EI un peu. Dernier exemple en date, la reprise de Palmyre aux mains de Daech depuis 2015. Mais pour l'universitaire Jean-Pierre Filiu, homme de terrain et ancien diplomate, Bachar al-Assad "est absolument incapable de reprendre des territoires stratégiques à Daech" car "95% de la violence d'Assad, de la Russie et de l'Iran, est concentrée contre l'opposition syrienne et une part marginale contre Daech."

L'Armée Syrienne Libre sur tous les fronts

A Alep, dans le nord-ouest du pays, ce n'est pas une guerre contre Daech qui se déroule. Mais celle qui voit s'affronter les forces armées de Bachar al-Assad aux différentes factions de l'opposition. Le groupe Etat islamique, lui, se tient pour le moment à l'écart et compte les points.

On retrouve l'Armée Syrienne libre (ASL), créée en 2011, qui, au fil des années, faute de moyens, a rapidement était détrônée par des groupes djihadistes et salafistes financés par l'Arabie Saoudite, le Qatar ou la Turquie. Encore bien présente dans le sud du pays, l'ASL se retrouve sur trois fronts. Contre les forces loyales à Assad, contre Daech et contre les groupes islamistes de l'opposition. Alors que dans le sud, l'ASL peut se retrouver aux côtés du Front Fatah al Cham - anciennement Front al Nosra - dans le nord, les deux groupes s'accrochent régulièrement. Dans un entretien accordé au Monde, Jamal Maarouf, ancien commandant du Front des révolutionnaires syriens, réfugié en Turquie, affirme même qu'" aujourd’hui, l’ASL est sous la coupe de Nosra (…) Les principaux chefs de l’ASL (…) sont obligés de se faire tout petits".

L'ex-Front al Nosra rival de Daech

Le Front Fatah al-Cham, qui a récemment rompu (sur le papier en tout cas) avec la maison mère Al Qaïda, est la force djihadiste, après Daech, la plus importante de Syrie. Eux aussi multiplient les fronts, principalement contre les troupes d'Assad, mais aussi contre celles de l'ASL et contre Daech.

Le groupe a bénéficié longtemps de la mansuétude des chancelleries occidentales. Laurent Fabius, en décembre 2012, alors ministre des Affaires étrangères, avait ainsi estimé que le groupe "faisait du bon boulot sur le terrain" contre Daech. Le Canard enchaîné affirmait même en 2015 que "les pilotes américains et alliés ont, voilà plus d’un an, reçu l’ordre de ne jamais balancer le moindre missile sur ces héritiers de Ben Laden. Une interdiction encore valable aujourd’hui". Mais depuis cet été, un accord de coopération militaire en Syrie entre les Etats-Unis et Vladimir Poutine contre les groupes djihadistes, Etat islamique et Front Fatah al-Cham compris, est sur la table. Un projet qui explique en grande partie le changement de nom du groupe.

Aux côtés des anciens du Front al Nosra, gravitent plusieurs groupes. Parmi eux, le groupe salafiste Ahar al-Cham ou les combattants de Jaich al-Islam.

Le 29 janvier dernier, des représentants de ces deux groupes s'étaient retrouvés à Genève, lors de très officiels pourparlers organisés par l'ONU sur la Syrie. Pourtant, ces factions ont été impliquées à plusieurs reprises dans des affrontements avec les Kurdes des YPG comme à Alep, pour le contrôle d'un quartier du nord de la ville. Autre groupe, le mouvement Nour al-Din al-Zenki s'est lui récemment illustré en décapitant au couteau, à l'arrière d'un pick-up, un jeune palestinien de 13 ans soupçonné de renseigner les forces loyalistes au régime. Des groupes soutenus par l'Arabie Saoudite, le Qatar et la Turquie. Soit financièrement, soit militairement.

Les Kurdes contre Daech et pour l'établissement d'un Kurdistan syrien

Dans le nord de la Syrie, les Forces de protection du peuple (YPG) du Parti de l'union démocratique (PYD), proche du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) turc, dominent le terrain. Depuis octobre 2015, les YPG font partie des Forces Démocratiques Syriennes (FDS), à dominante kurde, qui rassemble Kurdes, combattants arabes, Yézidis ou milices chrétiennes. Les FDS sont soutenus par Washington et Paris qui leur apportent l'appui de leurs aviations, du matériel (missiles, munitions) et formateurs sur le terrain dans leur guerre contre Daech. Particulièrement aguerris au combat, les Kurdes des YPG et des YPJ (les sections féminines Kurdes) apparaissent dans le radar médiatique des pays occidentaux fin 2014 lorsqu'ils réussissent l'exploit de tenir tête aux tentatives de Daech de prendre la ville de Kobané, dans le nord du pays. Assiégés par les soldats d'Abou Bakr al-Baghdadi, le "calife" autoproclamé de l'Etat islamique, les Kurdes finissent par les déloger de la ville fin janvier 2015.

Les YPG se sont aussi distingués lors de la bataille de Sinjar, dans le nord-ouest de l'Irak, en réussissant à ouvrir un corridor humanitaire aux Yézidis qui s'étaient réfugiés sur le mont Sinjar après la débandade des peshmergas, les forces armées du président du Kurdistan irakien Massoud Barzani, face aux troupes de l'Etat islamique. Naîtront les unités de résistance de Sinjar (YBS), milice yézidie formée et alliée par les YPG. Dans un récent entretien à Marianne, le Général Dominique Trinquand les qualifiait "d'alliés fiables". Ils viennent ainsi de libérer Manbij, ville de la province d'Alep dans le nord-ouest de la Syrie, des griffes de l'EI. Les YPG se sont donnés pour objectif la création d'un Kurdistan Syrien (Rojava) réunissant les trois cantons de Djézireh, Kobané et Afrin actuellement séparés des territoires kurdes par une zone de 65 km toujours aux mains de l'EI. Une réalisation que Recep Erdogan, le président Turc, ne veut voir aboutir pour rien au monde.


L'opération lancée le 24 août par l'armée turque sur le territoire syrien, sous couvert de frapper des positions de Daech, n'a pour objectif que de stopper l'avancée des YPG  vers le canton d'Afrin, au nord-ouest de la Syrie. Afin d'éviter tout possibilité de constitution de ce Rojava.






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