5 juillet 2017

Relations Algérie et France

Bouteflika presse Paris de reconnaître les crimes de la colonisation (05.07.2017)

Bouteflika presse Paris de reconnaître les crimes de la colonisation (05.07.2017)
Par Le Figaro.fr avec AFPMis à jour le 05/07/2017 à 17:04 Publié le 05/07/2017 à 16:48

Le président algérien Abdelaziz Bouteflika a de nouveau demandé à la France d'admettre officiellement les "souffrances" infligées au peuple algérien sous la colonisation, dans un message à l'occasion des 55 ans, aujourd'hui, de l'indépendance de l'Algérie.

"Notre peuple exige toujours une reconnaissance de ses souffrances de la part du colonisateur d'hier, la France", a affirmé M. Bouteflika dans ce message diffusé par l'agence de presse officielle APS.

"Le partenariat d'exception" dont l'Algérie et la France ont engagé la construction depuis la visite à Alger fin 2012 du président français François Hollande, "gagnera en sérénité et en élan dans une reconnaissance des vérités de l'Histoire", a poursuivi le chef de l'Etat algérien. L'Algérie a par le passé réclamé que la France reconnaisse officiellement ses "crimes" en Algérie et s'en excuse, après 132 ans de colonisation française et une guerre d'indépendance sanglante.


Cette question avait très rarement été soulevée ces dernières années, notamment depuis que le président Hollande avait le 20 décembre 2012, solennellement reconnu devant le Parlement algérien "les souffrances" infligées par "la colonisation française", sans toutefois formuler d'excuses ou de repentance.


Commentaire JohnG : on aimerait que Bouteflicka presse aussi Istanbul de reconnaître les crimes de la colonisation ottomane (1530-1830) et presse également Ryad, Le Caire, Abu Dhabi de reconnaître les crimes de la colonisation arabo-musulmane.
On aimerait que Macron presse Alger de reconnaître les bienfaits de la colonisation française et la très mauvaise gestion des dirigeants algériens depuis l'Indépendance.
On aimerait que Bouteflicka reconnaisse que l'obscurantisme de l'islam n'est pas profitable aux hommes et femmes et qu'il faudrait se débarrasser de cette plaie.
On se demande qui a colonisé qui : plus d'Européens en Algérie, des millions d'Algériens en France.
    (source ?)



Cours: Cours n°5 La conquête arabo-musulmane de l'Afrique du nord 649-715, 1ere partie

Publié le par Dio

Ce cours fait partie d'un grand ensemble, le cours n°'5 du programme du 1er semestre en Histoire des mondes extra européens et fait suite au  Cours: Carthage et les berbères  . Il est ici mis en ligne de façon rédigée et est commenté de sorte à ce que tous les lecteurs -non pas seulement élèves- puissent s'approprier le cours. On notera cependant qu'outre les commentaires et renvois, la prise de note se fait sentir et l'explication va au plus important. Une connaissance minimale du contexte est donc requise pour saisir l'ensemble des explications. Sachez pour finir qu'un cours, comme toutes autres sources en Histoire n'est pas à l'abris de coquilles, et peut être revu et corrigé à tous moments. Il doit donc faire l'objet d'une recherche comparative. Ne prenez jamais une unique source pour argent content!
Cours 5 La conquête arabo-musulmane de l'Afrique du nord 649-715Cette conquête semble avoir été foudroyante. La réalité historique est différente. L'intérieur des terres va mettre des décennies à être soumis, avec de nombreux retournements de situations, où jusqu'au bout, les arabes seront battus avant de s'imposer.

La conquête arabe se fait dans 4 directions. Cf carte p 60 de l'Atlas historique de l'Afrique des origines à nos jours.


I. les premières campagnes.

641-642, les arabes, sortis d'Arabie, prennent le Caire et Alexandrie. En 649, les byzantins subissent une très grave défaite dans l'actuelle Tunisie. Les arabes devront faire 8 campagnes pour soumettre la région.

a) La première phase, 642.

La prise de Barca (642) et de Tripoli (649)

Dès les premières années de la conquête, l'armée n'est déjà plus majoritairement arabe. Elle est musulmane mais en grande partie composée d'égyptiens convertis.

Il est nécessaire ici de clarifier les déviances sémantiques actuelles qui confondent les notions d' ''arabe'', de ''musulman'', d' ''islam'' ou d' ''islamisme''. Les arabes viennent d'Arabie, ils sont musulmans car ils pratiquent l'islam. En dehors de ces frontières d'Arabie, les populations ne sont évidemment plus arabes, mais peuvent se convertir à l'islam, et devenir musulmanes. Il est capital de comprendre dans ce cours que les actuels algériens ne sont généalogiquement pas des arabes, ce sont des berbères, islamisés à la suite de la conquête arabe. Ces berbères étaient préalablement romanisés et christianisés avant de subir l'invasion des Vandales et de la décatholisation. Le terme islamisme lui nait du début du XXe siècle et de la volonté de certains radicaux musulmans de revenir aux sources et d'appliquer le dogme tel qu'il est édicté dans les textes. On les apellera plus tard des ''islamistes''.

En 642 le littoral de l'actuelle Lybie est conquis, et en 648, il est décidé de pousser vers l'ouest, vers Carthage. Pour se faire, une armée est levée dans la région de Médine, uniquement composée de cavaliers, confiée à Abdala Ben Saal. Cette armée passe en Egypte, enrôle des fantassins égyptiens et marche vers l'ouest en longeant le littoral de l'actuelle Libye et tente de remonter vers le nord.
Face à elle, les forces byzantines: nombreuses, bien équipées, bien entraînées, commandées par le patrice Grégoire qui va commettre une grande erreur. Les byzantins disposent de villes absolument imprenables, les arabes ne disposant d'aucun moyen pour assiéger des cités.
Au lieu d'y rester retranché, le patrice va rassembler une partie de son armée et se porter en avant de la colonne arabe. Il se retranche. Les arabes vont alors tendre un piège élémentaire à Grégoire, lui envoyant leur infanterie égyptienne puis feignant la débandade. Les byzantins, s'élançant à la poursuite des fuyards, dispersés en une longue colonne poursuivante, ouvrent leurs portes aux cavaliers arabes, qui ont tôt fait d'anéantir les byzantin et leur chef.
Byzantins et arabes vont négocier le repli de l'armée arabe sur la Tripolitaine. Les byzantins vont très vite payer, permettant aux arabes de constater non seulement la faiblesse stratégique byzantine militairement parlant, mais également l'extrême richesse de la région.

Il n'y aura pas dans l'immédiat de seconde offensive, car pendant 17 ans, la successions au sein du monde musulman va donner lieu à une guerre civile très importante. Il faudra attendre 660 pour que la califat de Damas rétablisse l'unité arabe.

Les byzantins, eux, pendant ce temps, n'ont pas amélioré leurs armée, se sont divisés, et mis en froid avec les berbères, leurs proches voisins.

b) Deuxième phase 661-663 et 669-672

La première campagne avait été une campagne de reconnaissance. La seconde est une campagne de conquête, commandée par Muhawiya ben Hudayi. Les byzantins font débarquer des renforts, commandés par un général venu de Grèce qui commettra la même erreur que le patrice Grégoire en combattant en rase campagne. Les arabes ne vont cependant pas avoir les moyens suffisants pour avancer plus avant, trop loin de leur base. L'idée d'occupation permanente est décidée, ce sera le but de la troisième campagne en 669 et 672, confiée à Uqba ben Nafi composée de 10k cavaliers et de plusieurs milliers de fantassins. Ils bâtissent Kairouan, il y a donc volonté de conquête de la région par l'implantation d'une base sûr moins éloignée que l'Arabie. En 672, le Uqba ben Nafi est remplacé par Abû al-Muhajir qui lance la première véritable campagne de conquête.

Ce remplacement est expliqué par des intrigues politiques au sein du califat, et de la suspicion de celui-ci sur une éventuelle volonté indépendantiste de Uqba ben Nafi, fondateur de Kairouan.

Deux campagnes suivirent, celle de 673-681, menée donc par Abû al-Muhajir, qui fut un échec, et celle de 681-683, conduite par Uqba ben nafi, de retour et chargé par le calife de destituer et emprisonner son prédécesseur. Comble de la défaite, celui-ci fut jeté à la geole avec le chef des résistants berbères, lui-même fait prisonnier à ce moment, Qusayla.
Les arabes vont s'épuiser en vain et ne plus avancer. Ils vont donc essayer d'isoler les byzantins dans un pays hostile, en essayant de convertir les berbères ou en les faisant passer de leur côté. Ils s'enfoncent donc à l'intérieur du Maghreb, mais les berbères, faute de les rejoindre, s'opposent aux arabes d'est en ouest. Les conquérants vont devoir combattre les tribus les unes après les autres jusqu'à la frontière du Maroc, d'autant que pour la première fois, les berbères vont se rassembler sous la conduite d'un seul chef: Qusayla, jusqu'à ce qu'il tombe dans un piège et soit fait prisonnier. Cette première résistance berbère s'effiloche, mais l'armée arabe décide tout de même de refluer pour se refaire en hommes. Ce retrait est désapprouvé par le califat et l'armée renvoyée en campagne de 681 à 683.
Lors cette 4e campagne, les arabes vont avoir deux adversaires: les byzantins, et les berbères, qui jusque là en retrait, vont devenir les principaux acteurs du conflit.
Les arabes rassemblent leurs troupes à Kairouan et avancent vers l'ouest, désireux d'aller plus loin que pendant la campagne précédente. Pour la première fois, ils vont devoir faire face à une alliance berbère / byzantins, ces derniers s'alliant à leurs anciens adversaires et sortant de leurs forteresses pour aider les berbères.
Le patrice Julien reçoit l'ordre de défendre la ville de Ceuta, sur la quelle marchent les arabes. Julien, lucide, voit que les deux armées, loin de leurs bases vont s'épuiser. Il propose donc une négociation, où il donne la ville, en échange de quoi, Uqba le reconnaît dans ses fonctions de commandant de la cité. Tingi à quelques km résiste et est prise rapidement, sa population vendue au marché aux esclaves.
Les arabes après être descendu vers le sud, retournent en direction de Kairouan. L'armée, composée de cavaliers, manque de fourrages, elle est donc dispersée en petits groupes et deux grands ensembles.
Les berbères et leur chef, évadé de prison, vont en profiter et se porter au devant des arabes, eux-mêmes au courant du soulèvement, et vont contourner les rebelles, donnant lieu à une grande bataille où la quasi totalité des arabes sont tués, dont leur commandant, Uqba. Les berbères sont vainqueurs, partout ils se rallient à Qusayla, et prennent Kairouan d'où les arabes sont chassés. La ville va rester pendant 5 ans aux mains des berbères.
Le califat n'allait pas rester sur un tel échec et des offensives majeures vont être lancées pendant les années qui vont suivre.


II. La campagne de conquête et la résistance berbère



Les deux campagnes de 687-688 et 693-698

En 687 débute une nouvelle expédition arabe confiée à Zuhair ben Qays, s'illustrant par la victoire arabe de Mems où Qusayla fut tué et son armée disloquée. Les berbères ne tardent pas à reprendre l'avantage en se dirigeant vers Kairouan qui est prise en 688. Zuhair est tué pendant cette bataille, et son armée se voit contrainte de se replier vers l'Arabie.

En 688, les berbères sont en première ligne. Une bataille en rase campagne les opposent aux arabes. Le combat est rude, le chef des berbères est tué et l'armée se disloque et se replie vers l'ouest avant de contre-attaquer vers Kairouan. Les tribus se soulèvent dans tout le Maghreb, et les arabes ne peuvent plus faire place, et se replient, vers Kairouan, puis vers la Libye: 688, les arabes sont une nouvelle fois vaincus.
Une armée considérable pour l'époque est alors levée, forte de 40k hommes, confiée à Hasan ben Numa qui ne pourra se représenter devant le calife qu'à condition de revenir victorieux.
Le chef des arabes change totalement de technique, voyant que les berbères, excellents combattants, étaient aussi très désorganisés, se reposant dans les moments de débandades sur la solide infanterie byzantine, il va donc s'attaquer en priorité aux byzantins, reprenant Kairouan, puis attaquant Carthage, techniquement imprenable. Les arabes vont néanmoins prendre la ville, suite à une nouvelle erreur des byzantins, qui vont de nouveau se porter au devant des arabes, en rase campagne.
Les arabes vont se retourner contre les berbères, qui avancent vers Carthage, et les battre. Les berbères se ressaisissent, et les byzantins contre-attaquent et reprennent Carthage pour quelques mois seulement. Les arabes reprennent une nouvelle fois la ville et l'armée byzantine, affaiblie, ne résiste plus que dans quelques petites garnisons, incapables de porter secours aux berbères. L'essentiel des combat vont maintenant opposer les arabes aux berbères, qui vont subir défaite après défaite, les vaincus se ralliant aux conquérants arabes.
La résistance va se liguer entour d'une femme, la Kahina, et s'organiser en guérilla, incapable de lancer une attaque frontale. La commandante des berbères sera capturée et décapitée. La résistance berbère est soumise et la conquête de l'Afrique du nord se continue dans la foulée par la conquête de la péninsule ibérique.

Un point demeure totalement inconnu dans l'histoire de l'actuel Maroc: Comment ont-ils été intégrés? Ont-ils résisté? Absorbés?

Effectivement, on ne sait rien sur l'intégration de l'ancienne Mauretanie aux conquêtes arabes, cette région étant pourtant située entre les territoires berbères et la péninsule ibérique.

[suite à venir]

Je vous recommande pour faciliter la compréhension de ce cours de regarder ce numéro du Dessous des Cartes, intitulé Histoire et évolution de l'Islam
Cours Magistral donné à Lyon III par B. Lugan, pris en note, rédigé et commenté par K. Roche.
Référence: Atlas historique de l'Afrique des origines à nos joursB. Lugan


Cours: Carthage et les berbères

Publié le par Dio


Ce cours fait partie d'un grand ensemble, le cours n°'4 du programme du 1er semestre en Histoire des mondes extra européens. Il est ici mis en ligne de façon rédigée et est commenté de sorte à ce que tous les lecteurs -non pas seulement élèves- puissent s'approprier le cours. On notera cependant qu'outre les commentaires et renvois, la prise de note se fait sentir et l'explication va au plus important. Une connaissance minimale du contexte est donc requise pour saisir l'ensemble des explications. On rappellera également les 3 systèmes de datations: BP pour Before Present, BC pour Before Christ, et AD pour Anno Domini (comprendre, après JC). Sachez pour finir qu'un cours, comme toutes autres sources en Histoire n'est pas à l'abris de coquilles, et peut être revu et corrigé à tous moments. Il doit donc faire l'objet d'une recherche comparative. Ne prenez jamais une unique source pour argent content.

Carthage et les Berbères


Les berbères nous sont connu par l'archéologie et l'antiquité.
On connait donc les berbères par les Grecs, qui lorsqu'ils parlaient des berbères, parlaient des « libyens », faisant références à tous les blancs depuis la méditerranée, jusqu'au pays des Noirs.

Libyens était donc le terme générique. Les Grecs étaient incapables de savoir jusqu'où s'étendait le territoire des libyens au sud. Ils savaient qu'après eux au sud habitaient des noirs « à la peau brulée » d'où les « éthiopiens ».

Pour les Grecs, toutes ces populations étaient apparentés. Il ne s'agissait que d'un seul et même ensemble culturel et linguistique, mais certainement pas une unité politique.

Les berbères appartiennent à la famille afrasienne* (cf Atlas historique de l'Afrique des origines à nos jours, B. Lugan, carte p18). L'archéologie et la linguistique avancent dans la même direction et amènent au même résultats: migration d'une population du sud est vers l'ouest, les Capsiens.

(C'est entre autre l'étude des relations léxicologiques entre les différentes langues qui permet d'observer cette migration de population, corroborée par les découvertes archéologiques)

Ils n'arrivent pas dans une zone vide. Toute l'Afrique du nord est à cette époque peuplée par des populations parfaitement identifiées. Les mechtoïdes*, alors dans leur stade de développement dit Ibéromaurussiens (caractérisés des stades suivants par leurs activités de chasseurs-ceuilleurs et leur industrie d'outillage: la micro lame de pierre).

*Ils sont présents depuis au moins 30k ans BP. C'est au maroc que les preuves de leur présence les plus anciennes sont retrouvées. En algérie, les traces remontent à 18k ans BP.

Que vont faire les berbères face à ces populations mechtoïdes?

-les repousser
-les éliminer
-les absorber

On ne sait absolument pas comment cela s'est passé, mais à partir de 10k-9k BC, l'industrie mechtoïde disparait complètement.

A partir de la période grecque, nous commençons à avoir des noms associés à des populations géographiquement liées. Ces noms sont majoritairement grecs, sauf pour certaines tribus pour lesquelles les grecs vont helléniser les noms que l'on retrouvera dans des textes égyptiens.

Comment les grecs les nommaient-ils?
Les grecs reconnaissaient 3 grands groupes de l'est à l'ouest: le royaume Massyle , le royaume Masaesyle, le royaume Maure.

Au sud de ces royaumes, les grecs citaient deux ensembles sahariens: les Gétules et les Pharousiens.

De l'est vers l'ouest, entre l'Égypte et les territoires carthaginois: les Lebu, les Nasamon, les Maces, les Lotophages, les Garamantes.

Aux VIIIe-VIIe siècles BC:

Des colons venus de la méditerranée orientale vont prendre pied dans l'actuelle Tunisie, ce sont les phéniciens. Ils vont alors fonder un comptoir du nom de Carthage. A partir de ce moment, nous allons véritablement voir la participation de ces trois royaumes berbères (Massyle, Masaesyle, Maure) à la nouvelle histoire régionale qui va se mettre en place.

Carthage 814 BC – 146 BC

(Ce choix de dates référentes tiens de la création légendaire de Carthage et de sa chute historique à l'issu de la 3e guerre punique).

Légende: Carthage fondée par la reine de Tyr, Elissa, en 814, qui est un mot phénicien voulant dire « ville nouvelle » (vient de Quart Hadasth). Il s'agit à l'origine d'un comptoir dépendant directement de sa métropole, Tyr. Le comptoir est idéalement situé: à l'abri des tempêtes et facile à défendre par voie maritime, il va se développer très rapidement.

Nous sommes très mal renseignés jusqu'au VIIe siècle BC. Il s'agit d'une période confuse que les historiens appellent les siècles obscurs, qui vont prendre fin à partir du VIe siècle BC.

A partir de ce moment l'histoire va connaître un changement de nature, car en méditerranée à lieu un phénomène important: l'expansion du royaume assyrien et l'occupation de la phénicie par la Syrie, puis l'expansion Perse. Tyr est occupée et n'est plus en mesure de s'imposer sur sa colonie de Carthage qui prend véritablement son autonomie et va développer sa propre volonté d'expansion.

Dans ce premier temps, Carthage développe sa puissance et est dirigée par une assemblée d'anciens qui désignent les fonctionnaires, administrateurs ou militaires. Les principaux de ces fonctionnaires sont les magistrats. Derrière cette façade, la ville de Carthage est en fait dirigée par 3 ou 4 grandes familles qui vont héréditairement s'attribuer des fonctions. Les deux plus connues sont les Magonides (du nom de la famille Magon) et les Barsides. Carthage s'étend en méditerranée occidentale. Jusqu'à présent, Tyr ne le permettait pas ou ne donnait pas les moyens à Carthage de développer un impérialisme autonome. Carthage va dès lors sétendre aux Baléares, à la Sardaigne, et arracher une partie de la Sicile aux grecs, ce qui causera leur perte.

(C'est effectivement de très mauvais choix stratégiques et l'établissement en Sicile, créant une interface directe avec Rome, qui précipiteront la chute de Carthage).

Les carthaginois vont franchir les colonnes d'hercule (détroit de Gibraltar) et remonter les côtes jusque dans les îles britanniques où ils allaient se fournir en minerai d'étain.

Entre 535 et 450 BC, à l'époque de la domination des Magonides, Carthage est à la tête de possessions qui constituent un ensemble maritime qui englobe toute une zone s'étendant sur la méditerranée occidentale et dont le cœur sera les Baléares.

Carthage va dès lors voir apparaître au nord une nouvelle puissance: Rome.

En 510 BC, la république romaine et la cité de Carthage vont signer un traité de bonne relation, sorte de partage territoriale, les uns et les autres s'engageant à ne pas empiéter sur les territoires des alliés, et où Rome reconnaît le monopole commercial de Carthage en méditerranée orientale.

Rome: puissance continentale
Carthage: puissance maritime

(On a donc dès ce moment là la vision paradoxale d'une puissance maritime désirant s'étendre sur le continent, et d'une puissance continentale désirant s'étendre sur mer, les deux étant frontalières et signant des accords de bonne relation).

Les deux puissances sont donc assez complémentaires.

480 BC:

La Sicile appartient aux grecs. Elle est attaquée par les carthaginois, car est un grenier pour une partie de la région. Les carthaginois voient que le pouvoir des grecs vacille et s'inquiètent de l'expansion romaine et attaquent en Sicile. Leur calcul n'est pas le bon, car les grecs sont des soldats et les carthaginois se font écraser. Ils sont donc provisoirement obligés de renoncer à une expansion vers le nord et vont recentrer leur présence sur le littoral dans la région de Carthage au dépend des berbères. Au même moment, des réfugiés de la ville de Tyr, voulant échapper à la prise de contrôle Perse viennent trouver refuge à Carthage. Carthage va donc s'étendre au dépend des ses voisins les plus proches, les berbères. De fil en aiguille ils vont pousser loin vers l'ouest et englober à leur territoire une partie de l'actuelle Algérie, le royaume Massyle. Les Masaesyles et les carthaginois vont s'allier contre les Massyles (alliance purement géo stratégique: les Massyles se retrouvent pris en tenaille entre Carthage et le Royaume Masaesyle). Il est évident que lorsque les romains vont arriver, les Massyles vont s'allier à eux.

Les carthaginois vont avoir un comportement politique aberrant, voir suicidaire:

> Au lieu d'instaurer de bonnes relations avec leurs voisins, ils vont être très durs, et dans le même temps, recruter des soldats parmi eux, pour l'essentiel de leur troupes terrestres. (Cela causera leur perte).

Après cet échec face aux grecs de Sicile, Carthage reconstitue sa force, et se lance dans une expansion vers le nord. Pendant plusieurs dizaines d'années, ils vont développer une puissante armée berbère qui va être à leur service, composée d'un certains nombre de contingents dont les fameux éléphants de guerre carthaginois qui vont être capturés dans l'actuel Maroc.

Carthage décide de s'emparer de la Sicile, les grecs n'y sont plus, l'île est aux romains. Les deux puissances vont alors un temps se lorgner. Le contact frontalier est pour la première fois directement établi entre Rome et Carthage.

348 BC et 306 BC: les deux puissances signent des traités de partage de zone d'influence. Ceux là seront en décalage avec la réalité géo-stratégique.

272 BC, la situation change: Rome achève le contrôle de la péninsule italienne, et le contacte est établi en Sicile.

3 grandes guerres vont avoir lieu: les guerres puniques, à l'issue des quelles Carthage va être détruite.

254-241 BC: Première guerre punique en Sicile, maritime et terrestre. Guerre paradoxale car les romains sans traditions maritime vont l'emporter deux fois sur les carthaginois et vice et versa sur terre pour les carthaginois.

En 255 les romains débarquent une armée en Afrique du nord. Ils sont défaits. Cf histoire de Regulus.

241 BC: les Romains coulent la flotte carthaginoise. 3e grande victoire de cette jeune marine romaine sur la marine considérable de Carthage. Carthage demande la paix.

Rome s'empare de la Sicile et Carthage s'engage à verser un tribu de guerre énorme sur 20 ans.
Carthage ne peut dès lors plus payer ses dizaines de milliers de mercenaires qui, mécontents de ne plus recevoir leur solde, assiègent la cité.

240-238 BC: Carthage assiégée par son armée de mercenaires.

Grâce à une alliance avec les Masaesyles, Carthage va lever le siège et capturer des milliers de mercenaires, tous mis à mort.

Plus tard, excédé par le tribu dû à Rome, Carthage rompt les accords de paix, Hannibal arrive jusqu'aux portes de Rome avec ses éléphants, défait les armées romaines, mais ne dispose pas de matériel de siège. Il s'installe dans une ville proche, mais ses rivaux de Carthage ne lui envoient pas le matériel de crainte qu'en devenant le vainqueur de Rome, il prenne le contrôle total à Carthage.

(Effectivement, le jeu de domination des grandes familles Carthaginoises est toujours actif, et Hannibal, membre de l'une d'elles, ne fait néanmoins pas partie de la plus puissante, ayant à ce moment la main mise sur Carthage. Les rivaux d'Hannibal vont donc volontairement rester sourds à ses appels afin d'assoir leur propre autorité sur Carthage au dépend de la pérénité de la cité).
Les romains commandés par Scipion Cornelius se reconstituent et débarquent en Afrique du nord alors qu'Hannibal est toujours aux portes de Rome.

Scipion décèle des tensions chez les voisins de Carthage, et s'allie aux Massyles contre les Masaesyles, alliés de Carthage.

("Diviser pour mieux régner". Scipion choisit de défaire dans un premier temps les alliés de Carthage, pour que coupée de leur soutien, la cité soit plus facile à prendre).

En 203 BC, les Masaesyles sont vaincus. Carthage est en danger et l'essentiel de son armée est toujours en Italie. Hannibal reçoit l'ordre de revenir en Afrique et rembarque son armée. Il débarque dans la région de Carthage et se porte au devant des Romains en octobre 202 BC prêt de Zama.
Hannibal est défait par les légions de Scipion, surnomé dès lors Scipion l'Africain.

Les conditions de victoires sont très dures:

un tribu colossal doit être versé à Rome
toute la flotte carthaginoise doit intégrer la flotte romaine
Carthage doit prendre l'avis du sénat romain pour toutes décisions importantes
Carthage abandonne toutes ses positions dans la péninsule ibérique
Carthage reconnaît l'indépendance Massyle.

Au lendemain de cet accord de paix, les Massyles vont harceler Carthage.

En 150 BC, Carthage décide d'entrer en guerre contre les Massyles. Les carthaginois sont battus, et Rome déclare la guerre à Carthage. C'est la 3e et dernière guerre punique. Pourquoi? Les Carthaginois ont violés le traité de paix, et les Massyles ont acquis une grande puissance, et Rome va décider de réduire l'autorité régionale de chacun à son minimum.

Les romains débarquent et Carthage résiste 3 ans, jusqu'au printemps 146 BC où les derniers défenseurs se retranchent dans la citadelle, jettent leurs familles des remparts puis s'immolent par le feu afin d'éviter de faire partie du triomphe, à Rome, et d'y être mis à mort.

Les romains prennent Carthage et y sèment du sel...
Certains faits précis sont occultés afin d'alléger le cours, on relèvera ainsi l'histoire de Regulus, consultable sur wikipédia. link
Cours Magistral donné à Lyon III par B. Lugan, pris en note, rédigé et commenté par K. Roche.
Référence: Atlas historique de l'Afrique des origines à nos joursB. Lugan

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