Bensoussan relaxé : la victoire du véritable antiracisme face au communautarisme
L'islam et les minorités religieuses : tolérance ou oppression ? (David Wood) : ne pas opposer aux minorités ethniques en Occident des critiques sur la religion, c'est ne pas les juger dignes de penser, c'est être raciste au moment même où l'on croyait faire preuve de tolérance et de bienveillance.
Voici les conséquences de la vulgate antiraciste dominante :
"Sale noir", c'est raciste.
"Sale blanc", ce n'est pas raciste, c'est l'expression d'un malaise dû à la pauvreté et à l'exclusion.
"Sale arabe", c'est raciste.
"Sale juif", ça dépend : c'est raciste si c'est un skinhead qui le dit, mais si c'est un pro-palestinien ou un anti-sioniste, alors là, rien à voir, ce n'est plus raciste.
C'est ainsi que j'ai pu lire, dans un débat sur l'islam, l'insulte faite par un musulman à quelqu'un qui critiquait l'islam : "Sale race de racistes".
Eh oui, il fallait le faire... Comment condamner le racisme en 4 mots dans un commentaire parfaitement raciste ? C'est possible avec "sale race de racistes."
Première erreur : celui qui critique l'islam en prenant bien soin de citer les versets appelant au meurtre des juifs, chrétiens, non-musulmans, apostats ou homosexuels, est forcément raciste, alors qu'il est question de religion et non d'ethnie ou de couleur de peau.
La deuxième erreur est de sous-entendre que tous les blancs sont racistes, ce qui est raciste. Certains sont racistes, d'autres non.
Troisième erreur : s'il y a plusieurs ethnies ou peuples, il n'y a pas de races humaines au pluriel, il y a une race humaine.
Le racisme qui se drape dans la robe immaculée de l'antiracisme, c'est aussi ce que fait aussi le PIR (Parti des Indigènes de la République) et sa porte-parole Houria Bouteldja qui condamne racistement le racisme dans un livre intitulé - accrochez-vous ! - Les Blancs, les Juifs et nous (2016). C'est normal, dirons certains juges et certains journalistes, son racisme n'est pas du racisme, c'est de l'indignation, son racisme n'est pas un appel à la haine pouvant débouchant sur des meurtres, c'est de la saine colère.
Bensoussan relaxé : la victoire du véritable antiracisme face au communautarisme
Par Caroline Valentin Mis à jour le 13/03/2017 à 18:10 Publié
le 13/03/2017 à 16:56
FIGAROVOX/TRIBUNE- Le Tribunal correctionnel de Paris a
relaxé Pascal Bruckner et Georges Bensoussan, accusés respectivement
d'islamophobie et de provocation à la haine. Pour Caroline Valentin, ces
«décisions salutaires» doivent mettre fin à la dénaturation de la lutte contre
le racisme.
Caroline Valentin est coauteur de Une France soumise, Les
voix du refus
En relaxant successivement Pascal Bruckner et Georges
Bensoussan, le Tribunal correctionnel de Paris a redonné ses lettres de
noblesse à la lutte contre le racisme et au-delà de celle-ci, à la notion de
débat d'idées. Ces décisions salutaires viennent mettre un point que l'on
espère final à la dénaturation calamiteuse dont le concept même de lutte contre
le racisme, pourtant a priori plutôt élémentaire, faisait l'objet jusque-là
dans le débat public, et à l'instrumentalisation de la justice par les
associations communautaristes pour réduire leurs opposants au silence. Il est
aujourd'hui clair que dénoncer l'intolérance, fut-elle le fait d'une minorité,
ne constitue ni du racisme, ni de la diffamation. On est surpris qu'il ait
fallu attendre aussi longtemps pour se l'entendre dire, en termes enfin clairs.
Ce rappel est d'autant plus salutaire que l'évidence en question
n'en est aujourd'hui pas une pour tout le monde. La lutte contre le racisme a
été tellement dévoyée que toute une partie de l'élite médiatique, politique et
intellectuelle, dont le rôle premier est pourtant de penser ces concepts et de
participer à leur nécessaire actualisation, en est arrivée à considérer qu'en
matière de racisme et d'intolérance, la sévérité requise contre la population
majoritaire n'était pas applicable à l'encontre des minorités. Considérées
comme des victimes éternelles d'une ségrégation sociale que d'aucuns n'ont pas
hésité à assimiler à l'Apartheid, leur manifestation de haine, leurs violences,
leurs outrances sont analysées comme l'expression d'une souffrance qui justifie
tout ou presque et les dispense de la maîtrise de soi pourtant indispensable à
la vie en collectivité. Il s'agit en définitive d'effectuer une partition de
l'humanité en deux groupes sur un critère ethnique, distinguant ceux qui
peuvent et donc doivent gérer leur impulsivité et ceux que l'on dispense de
cette exigence. Ainsi aboutit-on à créer, au nom de l'antiracisme, une
distinction quasi anthropologique entre les citoyens ; l'Enfer est décidément
pavé de bonnes intentions.
Ce postulat idéologique affecte jusqu'aux enquêtes de la
pourtant très respectée Commission Nationale Consultative des Droits de l'Homme
(CNCDH). Cette dernière, qui dispose d'un mandat législatif pour l'exercice de
sa mission, produit chaque année un rapport annuel sur le racisme,
l'antisémitisme et les discriminations qui reçoit un large écho dans la presse.
Comme l'explique toutefois Michèle Tribalat dans le livre Une France soumise.
Les voix du refus publié en janvier dernier, dirigé par Georges Bensoussan,
préfacé par Elisabeth Badinter et dont je suis coauteur, les rapports de la
CNCDH n'étudient que le racisme de la majorité vis-à-vis de la minorité: dans
le rapport publié en 2016, les auteurs indiquent qu' «il s'agit au premier chef
des attitudes du groupe majoritaire à l'égard des différentes minorités qui
composent la société, mais elles peuvent concerner les perceptions entre
groupes minoritaires». Le racisme des minorités à l'égard du groupe majoritaire
est donc exclu d'emblée. Par exemple, l'une des questions - posées à toute la
population, minorités comprises - du sondage sur lequel repose l'analyse de la
CNCDH est de demander aux sondés s'ils estiment qu'il est grave «d'être contre
le mariage de ses enfants avec une personne d'origine maghrébine». Une réponse
positive à cette question - oui, il est grave d'être contre le mariage de l'un
de ses enfants avec un(e) maghrébin(e) - sera interprétée comme un signe de
tolérance, y compris si le sondé est lui-même maghrébin (!).
Outre son fondement raciste, les conséquences de cette vision
de la société reviennent à abandonner l'idée d'inculquer à toute une partie de
nos concitoyens un interdit aujourd'hui inhérent à l'identité culturelle
française, revenant à leur fermer les portes d'une intégration à la Nation sans
laquelle une vie paisible et heureuse en France est en pratique impossible.
Pourtant, il est possible de changer ses repères culturels.
La France elle-même a fait ce chemin nécessaire vers l'interdit de
l'essentialisation. Jusqu'à la première moitié du XXème siècle, la société
française était pénétrée d'un antisémitisme bon teint illustré notamment par la
désolante affaire Dreyfus ; une personnalité aussi éminente que Coco Chanel
pouvait tranquillement y déclarer qu' «il existe trois catégories: les Juifs,
qui sont mes amis que j'adore et je l'ai prouvé, les Israélites, dont il faut
se méfier comme de la peste, et les Youpins, qu'il faut exterminer tout de
suite» sans déclencher d'indignation particulière. Mais la guerre et la Shoah
sont arrivées et ont conduit les civilisations européennes qui avaient
participé au conflit, et notamment la France, à se remettre profondément en
question et à aboutir à ce qu'aujourd'hui, la condamnation du racisme, de
l'antisémitisme et de toute autre forme d'essentialisation soit partie
intégrante de notre identité culturelle.
Force est de constater qu'une partie de notre population
issue de l'immigration, venant de cultures différentes avec leurs propres
trajectoires historiques et arrivée en majorité bien après la Seconde Guerre
mondiale, n'a pas intégré ces interdits. Pour différentes raisons - un prisme
idéologique de gauche reposant sur une division binaire simpliste de l'humanité
entre oppresseurs et opprimés, un mondialisme arrogant, un électoralisme
cynique, une tendance culturelle à l'évitement des conflits, une médiocrité
patente, -, l'élite intellectuelle, les acteurs de la lutte contre le racisme,
les responsables politiques et l'École, qui n'est finalement que l'émanation de
la société, n'ont à cet égard clairement pas rempli leur rôle. La propagande
d'un islam politique offensif et agressif a prospéré sur ces indulgences, ces
évitements et ses compromissions. L'enclavement géographique d'une partie de
ces minorités, pas uniquement subi quoi qu'on en dise, les prive d'une
expérience de l'Autre qui leur permettrait de réaliser l'illégitimité de leur
haine. L'attachement traditionnel de ces minorités à l'islam comme référent
culturel personnel les rend particulièrement réceptifs à un discours habile qui
instrumentalise la religion et les hommes au service d'objectifs beaucoup plus
politiques que spirituels, comme en témoigne par exemple l'ex Frère Musulman
Farid Abdelkrim. Enfin, l'individualisme qui règne en France comme dans toutes
les sociétés occidentales neutralise peu à peu le contrôle social, c'est-à-dire
l'ensemble des réactions spontanées d'approbation ou de réprobation des
individus dans l'espace public. Toute tentative de contenir l'expression du moi
dans les limites de la décence commune est vue comme une insupportable atteinte
aux droits et libertés fondamentaux. Ce contrôle social est pourtant l'outil
majeur de constitution et de transmission des us, coutumes et mœurs propres à
notre identité culturelle, et un vecteur d'intégration des minorités tout à
fait essentiel.
Cet antiracisme dévoyé a creusé la tombe de notre modèle
français d'intégration.
Cet antiracisme dévoyé a creusé la tombe de notre modèle
français d'intégration, alors même que notre expérience, désormais séculaire,
en matière d'accueil d'immigrés nous en avait confirmé la pertinence. L'impact
dans les «quartiers» de la rhétorique haineuse des militants identitaires,
dénoncée par Pascal Bruckner et qui, comme en a témoigné au procès de ce
dernier Siham Habchi, ancienne présidente de «Ni putes ni soumises», «propagent
(…) l'idéologie de l'opprimé et installent l'idée que ces jeunes ne sortiront
jamais de leur condition et que les coupables sont la République et la France»,
est largement renforcé par le fait que ces militants sont généralement
considérés comme des interlocuteurs respectables et représentatifs par les
médias. Leurs propos les plus condamnables sont trop souvent tolérés sinon
approuvés.
Il est plus que temps de mettre un terme à ce jeu de massacre
et de regarder les choses en face. L'affaire Mehdi Meklat nous en a
malheureusement donné l'occasion.
Tout a déjà été dit ou presque sur Mehdi Meklat, ce jeune
journaliste du Bondy Blog, chroniqueur pendant 5 ans dans l'émission de Pascale
Clark sur France Inter puis sur Arte, dont les tweets chargés de haine
antisémite, homophobe, francophobe et misogyne ont refait surface il y a quelques
semaines: la personnalité détestable de Mehdi Meklat révélée par ces tweets, la
complaisance incompréhensible et révoltante dont une partie de l'intelligentsia
médiatique a fait preuve envers cette petite frappe haineuse, inculte et
ingrate.
Osons néanmoins une remarque: rien de tout cela n'était
imprévisible. La position de Monsieur Meklat était totalement schizophrénique:
son propos - et son gagne-pain - était de faire le procès à charge de la
société française, accusée d'être incurablement raciste, éternellement
colonialiste envers des minorités stigmatisées et reléguées socialement. Or
c'est à cette même société qu'il devait sa réussite et son accès aux médias et
au monde de l'édition. Il devenait ainsi la preuve vivante de l'inanité de son
propre discours: auto missionné pour exprimer haine et rancœur, il se trouvait
accueilli avec tendresse et bienveillance par «l'ennemi» et contraint de lui
témoigner de la gratitude, de l'amitié, au risque d'être considéré comme un
traître par ceux dont il prétendait porter la voix.
C'est là que les fameux tweets de Monsieur Meklat prennent
toute leur signification. La vérité est que, comme Georges Bensoussan l'a
déploré, comme «une France soumise..» le montre, est que cette partie des
musulmans que Mehdi Meklat prétend représenter, sous l'effet conjugué de
l'entre-soi géographique et d'un islam politique actif et fin stratège, s'est
constituée en véritable contre-société qui se définit sur des bases
identitaires. La victimisation communautaire et le rejet de l'identité
culturelle française et de la société qui l'incarne y sont ses éléments de
cohésion. Les individus qui composent ce groupe social revendiquent une
identité africaine et musulmane non pas corrélative à leur identité française
mais exclusive de celle-ci. Ce fondement identitaire se retrouve dans leur
lecture fondamentaliste de la religion musulmane selon laquelle, comme
l'indique Waleed Al-Husseini dans notre livre, «le musulman, l'oumma, le Dar
al-Islam sont supérieurs à tout autre homme, groupe social ou nation non
musulmane». Ce discours est également porté par Marwan Muhammad, président du
Collectif contre l'Islamophobie en France (CCIF), association soutenue par
Mehdi Meklat et son acolyte Badrou. Si tous les musulmans de France ne prennent
fort heureusement pas au pied de la lettre cette logique essentialisante,
celle-ci est en revanche au cœur de cette contre-société. Les membres de ce
groupe s'interpellent par des «mon frère», «ma sœur» qui, sous des apparences
bonhommes, sous-entendent bien la distinction très claire qu'ils souhaitent
manifester entre eux et le reste de la société, en contradiction frontale sinon
revendiquée avec les principes d'égalité et de fraternité universelles
inhérents à l'identité culturelle française. La soumission au groupe y occupe
une place essentielle, là encore en opposition avec les principes fondateurs de
la société française que sont la liberté et l'émancipation.
Inégalité, soumission, victimisation, rejet de l'autre,
influence d'un islam fondamentaliste salafiste politisé, attitude vindicative
et revendicative, rejet de la société française et de toutes les valeurs qui la
caractérisent, ce cocktail détonnant explique peut-être que toutes les formes
d'essentialisation que sont le racisme, l'antisémitisme, la xénophobie,
l'homophobie et le sexisme soient très prédominantes dans les codes culturels
de ce groupe. L'affaire Mehdi Meklat n'en est malheureusement qu'une
illustration parmi tant d'autres, trop d'autres: ainsi de la révélation des
tweets racistes et homophobes de la jeune actrice Oulaya Amamra, du tweet au
relent antisémite et complotiste de la réalisatrice Houda Benyamina, toutes
deux par ailleurs couronnées lors de la dernière cérémonie des Césars et qui
n'ont pas jugé utile de faire amende honorable. L'annulation du concert de
Black M, prévu à l'occasion du centenaire de la bataille de Verdun en 2016,
était dû exactement aux mêmes causes, savoir les paroles racistes, antisémites
et homophobes de certaines chansons du groupe de rap Sexion d'Assaut dont il
avait précédemment fait partie. Antisémitisme et références haineuses à Israël,
homophobie, sexisme, injures, on retrouve tous ces marqueurs dans les fameuses
éructations digitales de Monsieur Meklat ; les relayer, sachant que ses comptes
Twitter étaient vraisemblablement populaires au sein de cette contre-société,
ce n'était en définitive, pour Monsieur Meklat, qu'un moyen de faire allégeance
à celle-ci et d'affirmer qu'il n'avait pas cessé d'être «l'un des leurs» malgré
sa réussite médiatique et ses nouvelles accointances dans le «camp d'en face».
Encore une fois, rien de très surprenant en somme.
Attention, cette contre-société n'inclut pas tous les
musulmans vivant en France, ni même tous les musulmans vivant dans ces
quartiers, loin de là. Ces - nombreux - Français ou étrangers de confession
musulmane qui adhèrent au modèle républicain et vivent dans une démarche
d'intégration culturelle, ceux que le sociologue Tarik Yildiz appelle les
«musulmans discrets», sont fermement opposés à l'instrumentalisation qui est
ainsi faite de leur religion à des fins politiques. Ces musulmans-là ont leurs
porte-paroles, dont certains sont très présents, notamment sur les réseaux
sociaux (Mohammed Louizi, Nadia Remadna, Malika Sorel-Sutter, Amine El Khatmi,
Henda Ayari, Hocine Drouiche, l'imam Chalgoumi pour ne citer que quelques-uns
d'entre eux). Mais l'invisibilité sociale qu'ils revendiquent, leur refus de
faire l'objet d'une classification identitaire freinent leur coalition au sein
de groupements et d'associations susceptibles d'être une rampe d'accès aux
médias. Par ailleurs, les liens personnels, amicaux ou familiaux, qu'ils
peuvent avoir avec des coreligionnaires plus vindicatifs, l'esprit de clan
assez classique au sein des minorités culturelles de toute société et la peur
de se retrouver ostracisés socialement freinent l'expression de leur
réprobation. C'est le plus souvent en silence qu'ils souffrent d'un amalgame
ravageur pour eux-mêmes et pour la cohésion sociale et la paix de la société
tout entière. Les cris d'alerte que certains d'entre eux osent, malgré les
menaces, lancer restent sans écho auprès de nos institutions et de nos médias
dominants. Considérés par leurs coreligionnaires communautaristes comme des
renégats, des «collabeurs» (l'expression existe), ils courent le risque d'être
à terme rejetés par une société majoritaire dont le système de valeurs
chancelle déjà sous l'impact de ces polémiques absurdes et de la pénurie de
responsables politiques défendant la prévalence pourtant logique et légitime de
l'identité culturelle française en France.
Il est aujourd'hui temps de mettre un terme à ces dérives.
Dans la France de 2017, où vivent encore des témoins de la
Seconde Guerre Mondiale, du nazisme, de la collaboration et des camps, il est
honteux, scandaleux, inacceptable que les tweets de Monsieur Meklat ne
provoquent pas la levée de boucliers unanime qu'ils auraient dû susciter.
De même, il est extrêmement alarmant que la polémique qui a
entouré le procès de Georges Bensoussan et les débats sur la maladresse de la
formulation utilisée par ce dernier aient si commodément permis de faire
l'impasse sur le message fondamental, savoir l'existence de cet antisémitisme
spécifique. Le sociologue algérien Smaïn Laacher l'avait pourtant confirmé dans
le documentaire «Prof en territoire perdu de la république?» de Georges
Benayoun. Les propos de Smaïn Laacher, auxquels d'ailleurs Georges Bensoussan
avait fait explicitement référence, ont été accueillis dans un silence
assourdissant. C'est ce même silence qui a suivi la publication le 31 janvier
2017 par le JDD d'un sondage Ipsos sur l'antisémitisme en France. Le compte
rendu de ce sondage, qui traduit l'existence de préjugés antisémites plus
importants chez les musulmans que dans l'ensemble de la population, cite
l'écrivain algérien Boualem Sansal: ««Je constate avec regret que
l'antisémitisme ne fait pas que s'étendre dans la communauté musulmane, il se fait
âpre. Il se construit, se radicalise en même temps que l'islamisme se développe
et se radicalise lui-même. (…) l'antisémitisme, qui, jusque-là se tenait un peu
dans le vague, se donne, chez des jeunes en rupture avec la culture et
l'identité françaises, de plus en plus d'images précises sur lesquelles
prospère tout un discours d'exécration: le Crif, la Licra, des personnalités
juives ou supposées telles, et même des synagogues. Il se donne aussi des héros
connus pour leur position antisioniste, anti-Israël, et supposés viscéralement
antisémites - Dieudonné, Soral, Houria Bouteldja…».
Si aucune des associations antiracistes majeures - MRAP,
Ligue des Droits de l'Homme (LDH), SOS Racisme, Licra - ne s'est à ce jour
saisie de ce combat, elles ont en revanche toutes répondu présent quand il
s'est agi d'aller attaquer pour incitation à la haine un Georges Bensoussan qui
en définitive avait uniquement fait leur travail à leur place. Leur présence à
ce procès aux côtés du CCIF, sans doute l'une des pires associations de
propagation de l'islamo-fascisme, était symboliquement aussi désastreuse que
révélatrice du bourbier idéologique dans lequel l'antiracisme a sombré. Et ces
associations n'ont pas encore fait leur aggiornamiento, si l'on en juge par la
tribune louvoyante de Dominique Sopo, président de SOS Racisme, sur l'affaire
Meklat, ou le silence de la LDH qui, à l'heure où j'écris ces lignes, ne s'est
toujours pas exprimé sur l'affaire Meklat. «Ils y réfléchissent» paraît-il. Ils
réfléchissent au point de savoir si «Faites entrer Hitler pour tuer des juifs»,
c'est vraiment de l'antisémitisme, ou si «vive les PD! Vive le Sida! avec
François Hollande», c'est vraiment de l'homophobie … Consternant.
Cette bienveillante indifférence à la haine est un poison
social violent qui, en falsifiant le concept même de racisme dans
l'intelligence collective, encourage sa désinhibition et attise les divisions.
Si nous persistons à «ne pas voir ce que l'on voit», comme l'écrivait Charles
Péguy, à ne pas faire le diagnostic de ce «fascisme vert», nous nous privons de
la possibilité de réfléchir aux moyens de le combattre. Nous condamnons alors
de facto une partie vraisemblablement croissante de nos concitoyens issus de
l'immigration à une impossibilité de s'intégrer qui sera leur malheur, et le
nôtre. C'est ce que notre expérience historique de plus vieux pays
d'immigration d'Europe nous a appris. C'est aussi ce qui vient d'être confirmé
par le chercheur Boussad Boucenna dans son livre Ces enfants d'immigrés qui
réussissent où il démontre la corrélation entre la réussite professionnelle et
le degré d'intégration des familles - et au passage, qu'il existe toute une
population de musulmans qui ne se retrouvent pas du tout dans les discours
vindicatifs des militants identitaires et de l'islam politique. Ce ne sont pas
Tariq Ramadan, Marwan Muhammad, Les indigènes de la République ou le Bondy Blog
qui vont donner à leurs partisans une place dans la société: c'est le reste de
la communauté, encore très majoritaire sur le territoire, rappelons-le.
Ne nous y trompons pas: l'islam politique a un objectif
affirmé de conquête. Sa stratégie consiste à détruire l'idée d'une nation et
d'une république une et indivisible pour la morceler en une série de
communautés aux intérêts distincts et potentiellement antagonistes, afin, dans
un temps plus long, de susciter des conflits intercommunautaires dont ils
espèrent un grand soir. Meklat et ses inspirateurs doivent être considérés pour
ce qu'ils sont, les agents de la libanisation des esprits, préalable tactique à
cette libanisation du pays. Les Français d'origine musulmane qui ont été
emportés dans ce combat identitaire sont, il est vrai, des victimes. Mais ils
sont moins des victimes du racisme de la société majoritaire que de la
propagande identitaire pilotée par l'islam politique et catalysée par nos
propres errements.
À chaque fois que nous décidons de nous taire alors que nous
aurions dû parler ou agir, nous participons à la dégénérescence de notre
patrimoine symbolique commun.
Il est urgent de retracer les lignes jaunes entre ce qui est
acceptable et ce qui ne l'est pas. Les élites doivent assumer leur
responsabilité en termes de cadrage, en ne laissant plus passer une occasion de
fustiger publiquement et de manière répétée des comportements en contravention
avec notre pacte républicain. Ils doivent s'atteler à désenclaver les quartiers
et à s'engager à faire respecter toutes les lois, toujours et partout sur le
territoire, y compris là où cela est le plus ardu. Ce sujet devrait être
central dans la campagne présidentielle. Il ne l'est malheureusement pas. Les
citoyens eux aussi ont un rôle qui ne se limite pas à l'exercice de leur droit
de vote. Ils doivent également reprendre la main sur cet outil d'intégration
très puissant qu'est le contrôle social, en étant conscients que chaque mauvais
comportement s'exprimant dans l'espace public sans susciter de réactions
d'indignations laisse une trace dans la définition commune de nos us et
coutumes ; à chaque fois que nous décidons de nous taire alors que nous aurions
dû parler ou agir, nous participons à la dégénérescence de notre patrimoine
symbolique commun. L'action est le prix à payer pour être à la hauteur des
valeurs que nous prétendons incarner.
Procès Bruckner : une défaite pour les «collabos» de
l'islamisme
Par Alexandre Devecchio
Publié le 19/01/2017 à 13:01
Crédits Photo: Jean-Christophe MARMARA/LE FIGARO
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FIGAROVOX/ENTRETIEN - Deux associations qui avaient attaqué
Pascal Bruckner pour diffamation suite à des propos sur l'islamisme ont été
déboutées par la justice. Pour Laurent Bouvet, c'est une victoire importante
pour la liberté d'expression.
Laurent Bouvet est professeur de Science politique à
l'Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines. Il a publié L'Insécurité
culturelle chez Fayard en 2015.
FIGAROVOX. - Pascal Bruckner comparaissait mercredi devant la
17e chambre pour des propos visant deux associations, selon lui, «complices
idéologiques» des terroristes: «Les Indivisibles» de la militante antiraciste
Rokhaya Diallo (qui n'en est plus membre) et «Les Indigènes de la République»
d'Houria Bouteldja. Le philosophe avait déclaré sur le plateau de «28 Minutes»,
une émission d'Arte, qu'il fallait «faire le dossier des collabos, des
assassins de Charlie» et accusé ces associations de «justifier idéologiquement
la mort des journalistes de Charlie Hebdo». Que pensez-vous de cette décision?
Est-ce une victoire de la liberté d'expression?
Laurent BOUVET. - Cette décision est importante. D'abord, en
effet, parce qu'elle est une victoire de la liberté d'expression. Une liberté
d'expression de tous ceux qui refusent de se laisser intimider par les
entrepreneurs identitaires, comme les Indivisibles ou le PIR, qui utilisent
tous les moyens possibles (des réseaux sociaux à la justice) pour faire
progresser leur vision communautariste et séparatiste sur une base
ethno-raciale dans la société française.
Cette décision met en évidence la continuité idéologique
entre les formes les plus violentes, terroristes et djihadistes, et les formes
les plus anodines de la dérive islamiste.
C'est aussi une décision importante parce qu'elle met en
évidence un phénomène souligné notamment par Pascal Bruckner dans son propos
incriminé: la continuité idéologique entre les formes les plus violentes,
terroristes et djihadistes, et les formes les plus anodines de la dérive
islamiste ou de l'islam politique. Il s'agit en effet d'une différence de degré
mais pas de nature entre les unes et les autres. On peut rappeler ici les
propos tenus par certains des entrepreneurs identitaires en novembre 2011, après
la première attaque contre les locaux de Charlie Hebdo au cocktail molotov: «Il
n'y a pas lieu de s'apitoyer sur les journalistes de Charlie Hebdo, que les
dégâts matériels seront pris en charge par leur assurance, que le buzz
médiatique et l'islamophobie ambiante assureront certainement à l'hebdomadaire,
au moins ponctuellement, des ventes décuplées, comme cela s'était produit à
l'occasion de la première «affaire des caricatures» -bref: que ce fameux
cocktail molotov risque plutôt de relancer pour un tour un hebdomadaire qui,
ces derniers mois, s'enlisait en silence dans la mévente et les difficultés
financières».
Ce qui est réconfortant, c'est que la justice n'est pas dupe
de la stratégie de ces gens.
Sur le fond, le mot «collabo» employé par Bruckner n'est-il
pas excessif?
Le mot paraît fort parce qu'il renvoie à la Seconde Guerre
mondiale et à l'Occupation, aux «collabos» français avec le nazisme. Mais
au-delà de cette évocation historique, il dit bien ce qu'est cette continuité
idéologique. Quand on justifie ainsi un premier acte de violence contre un
journal comme Charlie Hebdo parce qu'on n'en apprécie pas le contenu, on joue
un jeu dangereux dont la tuerie du 7 janvier 2015 sera l'aboutissement
tragique. Si les frères Kouachi sont passés à l'acte, ce n'est bien évidemment
pas en raison de telles déclarations mais elles font partie d'un contexte
général, d'un contexte défavorable à la liberté d'expression dont Charlie Hebdo
était déjà un symbole depuis l'affaire des caricatures de Mahomet.
Avec le recul, le débat déclenché par ce procès n'a-t-il pas
été salutaire ?
Tout débat de ce genre est salutaire.
Tout débat de ce genre est salutaire. Il permet d'éclairer,
publiquement, les positions des uns et des autres, de mettre à jour les
stratégies de ces entrepreneurs identitaires comme les islamistes. Il permet de
le faire de manière impartiale, devant la justice. Chacun peut alors
comprendre, on peut l'espérer, où est non pas la vérité mais la défense de la
liberté, d'un certain nombre de principes qui nous permettent de continuer,
malgré nos différences et nos différends, de partager l'essentiel, notre
commun. En France, en l'espèce, il s'agit de la laïcité, de la liberté
d'expression et du droit à la caricature y compris à propos de la religion - du
refus de toute idée de blasphème.
Lors du procès, Sihem Habchi, ancienne présidente de «Ni
putes ni soumises» a évoqué un «fascisme vert», mais aussi un «fascisme blanc»
- qui propage «l'idéologie de l'opprimé et installe l'idée que ces jeunes ne
sortiront jamais de leur condition et que les coupables sont la République et
la France». Certains intellectuels ont-ils aussi une responsabilité dans cette
dérive?
Oui, cette forme d'explication de tous les phénomènes dans la
société par le social, et plus précisément par les effets de domination
sociale, caractéristique aujourd'hui de tout un pan des sciences sociales
françaises fournit son carburant en quelque sorte aux entreprises identitaires.
Elle permet en effet à tous ceux qui agissent politiquement sous le couvert de
la religion - de l'islam politique tout spécialement - de justifier leur
idéologie par une forme d'empirisme qui serait incontestable et imparable. Les
jeunes qui versent dans le djihad, par exemple, seraient des dominés, des
exclus et des discriminés à la fois, «victimes» (avant donc d'être coupables de
quoi que ce soit) des inégalités et de «l'islamophobie» d'une société française
décrite comme fermée et figée dans une identité spécifique (laïque, «blanche»,
occidentale, chrétienne, etc.).
Cette rencontre de la sociologie dite critique et des dérives
idéologiques contemporaines conduisent à de bien étranges positionnements.
Cette rencontre de la sociologie dite critique et des dérives
idéologiques contemporaines conduisent, au sein de la gauche radicale ou encore
du féminisme notamment, à de bien étranges positionnements. Celui, par exemple,
qui consiste à expliquer que l'émancipation des femmes musulmanes passe par la
liberté de porter le voile. Une liberté non seulement totalement individualisée
mais qui ne s'embarrasse même plus de la question de la domination masculine.
Bref, nous assistons là à un naufrage idéologique de toute
une partie de la gauche, politique et intellectuelle qui, sous couvert de
poursuite de la lutte pour l'émancipation et contre la domination, se retrouve
à justifier les pires atteintes aux libertés. D'autant que cette fois,
contrairement à ce qui a pu se passer au XXème siècle notamment, ces atteintes
aux libertés se font au nom de la religion.
Cette affaire interroge aussi deux concepts qui ont été
banalisés par les médias: celui d'«islamophobie» et de «racisme d'État»…?
Exactement. Le déploiement dans le débat public ces dernières
années, sous l'impulsion de ces entrepreneurs identitaires (on pense aussi pour
«l'islamophobie» au CCIF notamment) et de certains intellectuels et chercheurs,
de tels «concepts» est le signe le plus frappant du naufrage dont je parlais à
l'instant. Qu'ils soient repris tels quels par certains médias qui les
propagent sans les interroger en dit long aussi sur la capitulation d'une
partie de la presse.
Ces «concepts» d'islamophobie et de racisme d'État ne sont
pourtant que des instruments au service d'un combat idéologique.
Ces «concepts» ne sont pourtant que des instruments au
service d'un combat idéologique. Ils servent en particulier, c'était tout
l'enjeu de ce procès, à tenter de décrédibiliser et de disqualifier - c'est le
cas aussi à l'Université - tous ceux qui refusent cette nouvelle doxa
identitaire qui divise et catégorise les uns et les autres en fonction de leur
religion, de la couleur de leur peau ou d'ailleurs aussi de leur genre. Le
processus est simple: toute critique de l'islamisme, de l'islam politique, des
délires «décoloniaux»… est une critique «islamophobe» ou raciste. Il s'agit d'une
pensée par amalgame: toute critique de l'islamisme est une critique de l'islam,
donc des musulmans ; toute critique du séparatisme racialiste «décolonial» est
une critique de la lutte contre le racisme, une pratique de «blanc» héritier du
colonialisme et de l'esclavage, donc nécessairement favorable à ceux-ci. Fausse
transitivité et syllogismes permanents sont à la base de ces procès permanents
intentés à quiconque se risque à la critique - une belle démonstration au
passage que l'idée même de critique serait réservée à certains chercheurs et
interdite à d'autres en fonction de l'orientation politique de ce qu'ils
disent!
Ultime étape, l'attribution de ces caractères
discriminatoires généralisants à l'État lui-même.
Ultime étape, l'attribution de ces caractères
discriminatoires généralisants à l'État lui-même. On retrouve là, au niveau
institutionnel, exactement le même processus que celui appliqué aux individus ;
un processus qui se situe toujours à la croisée de l'entreprise idéologique
identitaire et de sciences sociales au service, plus ou moins conscient, de
celle-ci. L'État est lui-même «islamophobe» et raciste, comme il est «colonial»
dans la double mesure où il a pu l'être par le passé (transitivité dans le
temps) et où il ne peut concrètement guérir par ses politiques publiques toutes
les meurtrissures identitaires contemporaines (transitivité dans l'action ou
l'inaction plus exactement). L'État est donc non seulement responsable mais
coupable, et il doit être à ce titre dénoncé, attaqué et, dans la version la
plus violente, abîmé ou détruit. On retrouve ici à la fois un discours assez
classique de l'ultra-gauche, en partie issu de l'anarchisme bien évidemment,
mais encore toute une rhétorique - souvent élaborée des agents publics
d'ailleurs! - anti-républicaine et très hostile au modèle laïque français. Une
rhétorique qui va le plus souvent puiser dans le libéralisme culturel à
l'anglo-saxonne un modèle alternatif.
La contradiction, au sein de cette gauche radicale ou
critique, entre d'un côté cette quête incessante d'un idéal libéral,
individualiste, séparatiste et différentialiste en matière identitaire, et de
l'autre un antilibéralisme militant en matière économique, est une source
perpétuelle d'interrogation ; en même temps qu'elle est un obstacle, ce dont on
ne peut que se féliciter, à la diffusion de telles idées au sein d'une
population plus large, au-delà des meetings et rassemblement de ces
associations identitaires, des séances de séminaire et les colloques de ces
chercheurs ou des pages des médias qui en livrent complaisamment le feuilleton.
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