Farid Ikken a été mis en examen et écroué samedi soir

Un jihadiste "néophyte" fasciné par la propagande de Daesh : quatre jours après l’attaque au marteau d’un policier devant Notre-Dame de Paris, le profil de l’assaillant se précise.

Radicalisation rapide et discrète

Farid Ikken, doctorant algérien de 40 ans, inconnu des services de police et de renseignement, est "un néophyte que les services antiterroristes redoutent cependant tout autant que les profils aguerris", a relevé le procureur de Paris François Molins, évoquant "un processus de radicalisation extrêmement rapide sur internet". 
L’enquête a mis en lumière une personnalité "imprégnée par la propagande jihadiste", mais cette radicalisation s’est faite à l’abri des regards : aucun de ses proches n’en a perçu le moindre signe, a ajouté le magistrat.
Des images de l’attentat de Londres, le 3 juin, des vidéos "glorifiant" ceux de Paris (13 novembre 2015) et Bruxelles (22 mars 2016), un "manuel d’action des loups solitaires" édité par Daesh, des éléments sur les années de sang en Algérie, l’Irak et les Frères musulmans ont été retrouvés dans son ordinateur et sur plusieurs clés USB. Un guide à destination des candidats au jihad en France intitulé "Les soldats du califat en terre des Francs", dont il semble être l’auteur, selon François Molins, a également été découvert. Une vidéo d’allégeance à Daesh a aussi été saisie dans sa résidence étudiante à Cergy (Val-d’Oise).
Quand il a agressé au marteau une patrouille de trois policiers le 6 juin vers 16H20, sur le parvis de la cathédrale Notre-Dame, blessant légèrement l’un d’entre-eux, Farid Ikken, également muni de deux couteaux de cuisine, a crié "c’est pour la Syrie" puis revendiqué être "un soldat du califat", terme utilisé pour désigner le califat autoproclamé en juin 2014 par Daesh.

Comment tout a basculé ?

Les enquêteurs vont désormais s’attacher à comprendre quand et comment, il a pu basculer. Benjamin d’une fratrie de 12 enfants, il poursuivait une thèse en sciences de l’information et de la communication à l’université de Lorraine à Metz, après un parcours universitaire en Suède. Entendu par les enquêteurs, son directeur de thèse a décrit un garçon "ouvert", "travailleur", "fervent défenseur de la démocratie occidentale", soulignant toutefois n’avoir plus de contact avec lui ces derniers mois, ce qui l’avait "surpris". Un ami d’enfance en Algérie a pour sa part mis en avant "une situation personnelle et sociale isolée".

Une pratique religieuse "dure"

"Tout laisse à penser qu’il a agi seul, mais il entendait faire partager son passage à l’acte" puisqu’il a tenté, sans succès, de diffuser sa vidéo d’allégeance via la messagerie cryptée Telegram, a relevé François Molins. Blessé par un tir de riposte des policiers, Farid Ikken avait été placé mercredi dans une unité dédiée à l’hospitalisation des gardés à vue. Devant les enquêteurs, "il a immédiatement reconnu les faits" et s’est décrit comme "un musulman sunnite" qualifiant sa pratique religieuse comme "plutôt dure (…) depuis environ dix mois". Il a ajouté avoir "pris la décision d’agir quelques jours auparavant".
Présenté à un juge antiterroriste samedi après-midi, il a été mis en examen pour "tentative d’assassinats sur personne dépositaire de l’autorité publique" et "association de malfaiteurs terroriste criminelle". Conformément aux réquisitions du parquet de Paris qui a ouvert une information judiciaire, il a été placé en détention provisoire.