14 juin 2017

Le discours moral raciste de complaisance face à l'islamisme : deux poids deux mesures


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On remarque, dans les milieux de gauche notamment, une certaine manière de dédouaner certaines minorités ethniques, religieuses ou culturelles de leurs discours et de leurs actes, aussi criminels et immoraux soient-ils. 

Lorsqu'un individu perpètre un attentat au cri de Allah Ouakbar, on prendra en compte des explications recourant aux facteurs de la société, de la colonisation, des guerres, du milieu familial, tout sera pris en compte et on omettra assez bizarrement le facteur religion islamique. 

Il n'y a qu'à (mais encore faut-il le faire) lire les sourates 4, 8 et 9 du Coran, soit une dizaine de pages, pour voir que de nombreuses violences commises par des musulmans y trouvent leur origine centrale. 

(Je rappelle que le Coran est en ligne dans des dizaines de traductions et que ces sourates font en tout quatre-cinq pages. Les lire augmente et en tirer les conséquences permettra d'augmenter votre espérance de vie de 200 %.) 

Les autres facteurs sont certes aggravants, mais la cause première est l'apprentissage des versets haineux à l'égard des autres religions, des femmes, de la libre expression, des homosexuels. 








Le discours moral de l'Eglise peut-il fonctionner face à l'islamisme ?
·         Par Shmuel Trigano

·         Publié le 10/08/2016 à 13:39

FIGAROVOX/ANALYSE - Après les attentats, la volonté de l'Eglise de «pacification sociale» est inquiétante, juge Schmuel Trigano. Pour le philosophe, ce positionnement laisse une marge de manoeuvre à l'islamisme, notamment aux Frères musulmans.


Professeur émérite des Universités, Shmuel Trigano est un philosophe et sociologue, spécialiste de la tradition hébraïque et du judaïsme contemporain.


La réaction de l'Eglise de France comme du Vatican à l'assassinat pour motif religieux du prêtre de Saint-Etienne-du-Rouvray est étonnante et pour tout dire extrêmement inquiétante, en tout cas du point de vue d'un observateur juif, autant sur le plan théologico-politique que sur celui de l'Etat et de la citoyenneté républicaine. Certes, la réaction officielle et celles que nous donnent à voir (sélectivement, comme on s'en doute) les médias ne recouvrent pas tout ce que pensent les catholiques et on ne peut pas préjuger de l'énorme pression que le pouvoir socialiste a dû exercer sur ses représentants pour adopter ce que l'on peut définir comme la posture du martyr et non celle du citoyen.

La réaction de l'Eglise de France comme du Vatican à l'assassinat pour motif religieux du prêtre de Saint-Etienne-du-Rouvray est extrêmement inquiétante.

Sublimer ce meurtre, en sortir par le «haut» - cette posture vertueuse et pleine de hauteur morale, stoïcienne en un mot - fournit, effectivement, à (très) court terme, le moyen d'éviter une cassure et un clash dans la société française. L'assistance en signe de solidarité de quelques musulmans (et Juifs) à la messe dominicale, a été construite par les médias comme l'expression d'une concorde irénique. Cependant, si on pensait dans les termes de René Girard on constaterait qu'elle s'est nourrie du «sacrifice» du père Hamel, un sacrifice au propre, par la mort rituelle qui lui a été donnée, et au figuré: mort pour la «paix». Sur sa mort, sur sa dépouille, le lien social se serait ressoudé. C'est ce que les médias veulent nous faire croire, selon un schéma anthropologique on ne peut plus classique.

Cet état de fait est marqué néanmoins par un télescopage de la morale chrétienne et de la raison politique. Appliquée à la situation actuelle, cette morale s'avère effectivement problématique sur le plan de la Cité. J'ai entendu un ecclésiastique aborder l'événement sur le mode du «nous sommes tous coupables» (explicitement formulé de la sorte) et appris qu'une prière avait été dite, dans l'Eglise même du drame, pour les deux assassins. Nous avons entendu le pape déclarer que ce n'était pas cela l'islam (étrange qu'il puisse parler en son nom) et que le christianisme était aussi violent que l'islam, en disant donc une chose et son contraire). Qui est coupable? Qui est innocent? On ne le sait plus.

Ce discours brise aussi la capacité morale et intellectuelle à combattre la maladie, en accusant les victimes d'être à la source de la violence qui les frappent.

Nous retrouvons, certes, là le discours du «politiquement correct» qui déresponsabilise le monde musulman au lieu de le pousser à se confronter à la maladie qui le ravage et met en danger la paix, un discours qui brise aussi la capacité morale et intellectuelle à la combattre, en accusant les victimes d'être à la source de la violence qui les frappent.
Nous croyions que cette «morale» sans réciprocité relevait de l'idéologie dominante de notre temps, le post-modernisme, mais nous découvrons qu'elle peut aussi se développer dans l'Eglise. Cet état de fait rappelle irrésistiblement les observations que Jean-Jacques Rousseau développe à propos de la religion catholique sous le jour de son projet de fondation de la démocratie: «loin d'attacher les cœurs des citoyens à l'Etat, elle les en détache comme de toutes les choses de la terre». «Tout cela s'accorde mal avec la douceur du chrétien, et après tout qu'importe qu'il soit libre ou serf dans cette vallée de misères? L'essentiel est d'aller en paradis et la résignation n'est qu'un moyen de plus pour cela. Survient-il quelque guerre étrangère?... Ils font leur devoir mais sans passion pour la victoire. Qu'ils soient vainqueurs ou vaincus qu'importe? La Providence ne sait-elle pas mieux ce qu'il leur faut? Qu'on imagine quel parti un ennemi, fier, impétueux, peut tirer de leur stoïcisme».

Nous croyions que cette «morale» sans réciprocité relevait de l'idéologie dominante de notre temps, le post-modernisme, mais nous découvrons qu'elle peut aussi se développer dans l'Eglise.

On comprend que le signal qu'envoie l'Eglise puisse trouver un écho favorable dans les milieux islamistes et je pense avant tout aux Frères Musulmans qui en sont la vitrine distinguée et «politique», interlocuteur du Pouvoir en France. Un écho dont nous pouvons mesurer la portée dans la tribune publiée par des «intellectuels musulmans», ainsi définis par eux-mêmes, dans le Journal du Dimanche du 3/7/2016. Je me réfère au fait que cette quarantaine de personnalités a tout simplement «oublié» les victimes juives dans les actes terroristes commis au nom de l'islam, qu'elles condamnent par ailleurs. C'est comme si la «pacification» consécutive au meurtre du père Hamel se faisait sur la base du refoulement des effets de la haine principale des islamistes: les Juifs. C'est gros! Et c'est encore plus affligeant de voir les critiques de cet oubli ne mentionner que le massacre de Merah et de l'Hyper casher, en «oubliant» eux aussi, les centaines d'agressions antisémites commises depuis 2001, et sur lesquelles eux-mêmes avaient gardé le silence. Depuis 2001, en tout cas, nous n'avons entendu aucune condamnation claire et institutionnelle des agressions antisémites commises, si ce n'est celle de quelques individus (comme l'imam Chalgoumi ou l'Algérien Boualem Sansal).

Le signal qu'envoie l'Eglise peut trouver un écho favorable dans les milieux islamistes et aux Frères Musulmans qui en sont la vitrine distinguée et « politique ».

La condamnation quand elle existe «équilibre» souvent la reconnaissance du caractère antisémite des actes avec l'accusation d'Israël, rendu responsable de cet état de fait, argument dont s'est prévalu en somme Mérah, vengeant (dixit) «les enfants de Gaza». C'est comme si la condamnation des actes antisémites ne pouvait se faire qu'au prix du «dédouanement» que permet un antisionisme de rigueur. Or, cette tournure rhétorique devient de moins en moins possible, au regard de ce que révèle la réalité. La façon dont les signataires de la lettre en question tentent de rendre compte de leur silence abyssal jusqu'à ce jour est ainsi plutôt spécieuse. «Nous musulmans étions silencieux parce que nous avions appris qu'en France la religion est une affaire privée». On se demande s'il faut rire ou pleurer. Agresser des concitoyens relèverait de la sphère privée? La Burka dans l'espace publique, une affaire privée? L'antisémitisme n'est pas un aspect marginal de la crise actuelle. Il en fut le vecteur originel et structurel.

L'abnégation de l'Eglise fait miroiter la possibilité d'une «pacification» sociale, mais c'est aux dépens d'un tiers et de la confrontation avec le problème central auquel doit faire face l'Etat - et lui seul, certainement.

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Shmuel Trigano






Une mosquée « libérale », ouverte aux femmes et aux homosexuels, inaugurée à Berlin

http://www.lemonde.fr/religions/article/2017/06/17/une-mosquee-liberale-ouverte-aux-femmes-et-aux-homosexuels-inauguree-a-berlin_5146310_1653130.html

Le lieu de culte, qui veut accueillir hommes et femmes, sunnites, chiites ou alévis, homosexuels ou trans, est installé dans un bâtiment de la communauté protestante.

LE MONDE | 17.06.2017 à 15h21

image: http://s2.lemde.fr/image/2017/06/17/534x0/5146309_6_7c9f_seyran-ates-vendredi-16-juin-lors-de_3681164224ce471663b1829b01e14c4a.jpg

Seyran Ates, vendredi 16 juin, lors de l’inauguration de la mosquée Ibn Rushd-Goethe.
Des musulmans ont fondé à Berlin une mosquée « libérale », qui a été inaugurée vendredi 16 juin en présence de l’Américano-Malaisienne Ani Zonneveld, l’une des rares femmes imams dans le monde, et sous l’œil de nombreux médias allemands et étrangers, comme le montre un reportage vidéo de France Télévisions.

« Nous voulons lancer un signal contre la terreur islamiste et le détournement de notre religion », dit l’une des fondatrices de ce nouveau lieu de culte musulman, Seyran Ates, avocate et militante des droits des femmes très connue en Allemagne. Elle a notamment été critiquée par les conservateurs pour avoir appelé l’islam à une révolution sexuelle.

Ouverte aux sunnites et aux chiites

Dans la mosquée Ibn Rushd-Goethe, hommes et femmes prient ensemble et prônent un islam moderne, débarrassé de ses tabous. Certaines fidèles portent le voile, d’autres pas. Le prêche se fait en allemand. Les sept membres fondateurs de la communauté veulent ouvrir les portes de leur salle de prière aux sunnites, aux chiites, aux alévis mais aussi aux homosexuels et aux transsexuels. «Seuls niqabs et tchadors seront interdits», précise Seyran Ates, à qui Libération a consacré un portrait.
Tous les courants de l’islam sont les bienvenus dans cette mosquée progressiste, qui porte intentionnellement le nom du poète allemand Goethe et du médecin et philosophe arabe andalou du XIIe siècle Ibn Rushd (aussi connu sous le nom d’Averroes).

Signe de son ouverture, ce lieu de culte musulman, qui s’ajoute aux quelque quatre-vingts mosquées que compte Berlin, est installé au troisième étage d’un bâtiment de la communauté protestante. Cette « mosquée » n’est pour l’instant qu’une salle de quatre-vingt-dix mètres carrés, annexe de l’église évangélique Johanniskirche, comme l’explique le site Deutsche Welle.

Contexte de tensions
Devant l’entrée du bâtiment, la présence policière est visible. Les fondateurs assurent néanmoins n’avoir jusqu’ici reçu aucune menace. Mais ils savent que leur communauté ne fera pas que des heureux. L’avocate berlinoise d’origine turque Seyran Ates, 54 ans, vit sous protection policière et a dû interrompre ses activités depuis qu’elle a défendu des victimes de crimes dits d’« honneur ». Ce qui n’entame pas sa détermination, puisqu’elle s’apprête, selon Libération, à entreprendre des études de théologie islamique pour devenir la première femme imam en Allemagne.
Le pays, qui compte plus de quatre millions de musulmans, a été la cible d’attaques djihadistes, notamment le 19 décembre 2016, jour où un attentat au camion-bélier a fait douze morts sur un marché de Noël de Berlin. L’arrivée de plus de un million de réfugiés, pour beaucoup musulmans, depuis 2015 a également exacerbé les peurs de certains Allemands, notamment lorsqu’il s’est avéré que des djihadistes avaient profité de ce vaste mouvement de migration pour gagner l’Europe.


En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/religions/article/2017/06/17/une-mosquee-liberale-ouverte-aux-femmes-et-aux-homosexuels-inauguree-a-berlin_5146310_1653130.html#GGKPo8douFqLMMwZ.99

commentaire : Millenium 17/06/2017 - 15h43
Ca rappelle les "camps modèles" que les nazis faisaient visiter aux délégués de la croix-rouge.

Festival afro-féministe : une dérive identitaire de l'antiracisme
Par Eugénie Bastié Mis à jour le 30/05/2017 à 14:38 Publié le 29/05/2017 à 19:10
FIGAROVOX/ENTRETIEN - Après la polémique autour du festival afro-féministe organisé par le collectif Mwasi, le politologue Laurent Bouvet analyse les ressorts idéologiques de la « non-mixité » brandie par certaines associations antiracistes.

Laurent Bouvet est professeur de Science politique à l'Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines. Il a publié L'Insécurité culturelle chez Fayard en 2015. Son dernier livre, La gauche Zombie, chroniques d'une malédiction politique, est paru le 21 mars 2017 aux éditions lemieux. Il est l'une des principales figures du Printemps Républicain.

FIGAROVOX.- Un festival afro-féministe est organisé par le collectif Mwasi à Paris en juillet. Il se tiendra en partie en non-mixité, c'est-à-dire que certaines activités seront réservées aux «personnes racisées»(sic). Faut-il voir dans ce type d'événement une forme de racisme inversé?

Laurent BOUVET. - On assiste depuis quelques années en France - cela s'est déjà produit dans d'autres pays, aux États-Unis notamment - à la radicalisation identitaire du combat contre les discriminations de la part de certaines organisations et de certaines personnalités. Cette radicalisation identitaire est très minoritaire dans le débat public et très «située» politiquement, en général à l'extrême-gauche du spectre politique, mais elle est bien relayée dans des médias de gauche généralistes ainsi que sur les réseaux sociaux, ce qui lui donne une visibilité bien plus forte que la réalité du phénomène politique et social dont elle témoigne.
Il s'agit là d'un processus classique d'essentialisation et de généralisation à la fois qui est précisément celui du racisme.

Une partie de cette radicalisation identitaire conduit au dévoiement de la lutte antiraciste jusqu'à en inverser le propos si l'on veut, en désignant comme racistes potentiels toute une population au regard de la couleur de sa peau - les «blancs» occidentaux -, et donc à l'exclure de toute lutte contre la discrimination raciale. Ce qui conduit à la séparation dont il est question ici. L'idée de fond étant qu'un «blanc» non seulement ne peut comprendre le racisme (puisqu'il ne peut l'éprouver) mais ne peut comprendre la lutte contre le racisme (puisqu'il est un raciste potentiel en tant que «blanc»). Il s'agit là d'un processus classique d'essentialisation et de généralisation à la fois qui est précisément celui du racisme.

Il n'y a plus ni individualisation du sujet autonome de raison ni mobilisation collective contre le racisme qui tienne, il n'y a plus que des présupposés à raison de la couleur de la peau: le «blanc» étant toujours déjà constitué en raciste et le «noir» étant en victime du racisme.

Evidemment, et c'est pour cela qu'il ne faut jamais laisser passer de telles initiatives ou les propos qui les accompagnent, un tel «raisonnement» est aussi faux que dangereux. Outre qu'il fait fi de toute l'histoire de la lutte contre le racisme et de toute logique de métissage et des liens étroits et multiples que peuvent tisser des populations et des individus de couleurs de peau différentes, il témoigne d'une conception dangereuse pour la société et pour le fameux «vivre ensemble» que réclament pourtant souvent bruyamment les mêmes qui la relaient - on peut penser ici aux médias de gauche notamment.
Pourquoi la logique qui sous-tend ces discours sur «l'intersectionnalité» est-elle dangereuse?

D'abord parce qu'un tel raisonnement sépare artificiellement les individus et les groupes humains en fonction de ce qu'ils sont supposés être, suivant des critères identitaires qui peuvent varier (la même logique s'appliquant au genre, à l'orientation sexuelle, à la religion, à l'origine ethno-raciale…) et non de ce qu'ils pensent, disent, font, vivent, etc. Ce qui renvoie à la question-clef de qui produit et manipule ces catégories (la sociologie contemporaine dirait qui «domine» l'établissement des catégories de tri des individus et des populations). C'est d'ailleurs pourquoi les discriminations lorsqu'elles existent doivent être combattues à rebours de la logique qui les crée ou les diffuse.

Ce raisonnement identitaire légitime mécaniquement tout raisonnement du même type, donc le raisonnement raciste traditionnel.

Ensuite parce que ce raisonnement identitaire légitime mécaniquement tout raisonnement du même type, donc le raisonnement raciste traditionnel par exemple. Ce qui politiquement est très étonnant puisque ceux qui prétendent combattre ainsi les discriminations (raciales ici) se retrouvent user des mêmes méthodes et des mêmes conceptions que les racistes auxquels ils revendiquent s'opposer!
Ce n'est donc ni très rationnel ni très raisonnable. Pourtant, cela tend à se développer et, encore une fois, ce type de manifestations bénéficie du soutien actif de certains médias, de certains universitaires et chercheurs, de certaines organisations politiques ou syndicales. Toute une partie de la gauche espérant sans doute trouver là une forme de rédemption à son abandon en rase campagne du prolétariat classique et des «couches populaires».

Quelles sont les origines idéologiques du concept de «non-mixité»? Est-ce un principe de plus en plus invoqué? Cela vous inquiète-t-il?

On peut repérer la généalogie de cette idée de «non-mixité» comme manière de lutter plus efficacement contre les discriminations dans le tournant identitaire du mouvement social à la fin des années 1960 et au début des années 1970, aux États-Unis notamment, lorsqu'après la reconnaissance des droits civiques et la déségrégation (lois de 1964 et 1965), un nouveau mouvement noir américain s'est développé, revendiquant non plus l'égalité des droits comme c'était le cas de la génération de Martin Luther King ou Rosa Parks mais une identité spécifique pour les noirs américains. Identité à la fois esthétique («Black is beautiful», cinéma de la blacksploitation…) et politique («Black Power», Black Panthers…) pour simplifier. À la suite de cette évolution radicale, une partie du féminisme, du mouvement gay mais aussi à l'époque du mouvement latino par exemple, ont suivi le même chemin de la revendication identitaire plutôt que d'une égalité des droits.

Dans ce contexte, et au-delà des États-Unis, notamment dans cette deuxième vague du féminisme, s'est développée l'idée d'une «non-mixité» (des réunions et des rassemblements) plus propice à l'examen de la spécificité identitaire féminine puis à sa revendication publique. Dans toute une partie du mouvement féministe (c'était le cas des réunions du MLF dans les années 1970), les hommes n'étaient plus admis au-delà de l'âge de la puberté lors de telles occasions. Certains groupes sont allés encore plus loin en essayant de vivre en communauté uniquement en suivant ces principes de «pureté» identitaire.

Il serait d'ailleurs idiot de nier que cela peut aider certains individus, cela a pu aider certaines femmes par exemple à témoigner de questions intimes, entre femmes, hors la présence des hommes, mais s'il s'agit d'organiser la lutte politique, de vouloir combattre telle ou telle discrimination ou dénoncer telle ou telle pratique, alors la non-mixité paraît bien moins pertinente, tant pour une simple raison d'efficacité que pour une question de principe, comme on l'a vu plus haut.

La gauche apparaît divisée sur le sujet: tandis que l'UNEF estime que «la non-mixité militante n'est pas une discrimination», Anne Hidalgo a affiché la volonté d'interdire l'événement (avant de se rétracter). Y a-t-il un malaise à gauche sur ce sujet?

La dérive identitaire de certaines organisations de gauche (comme de certains intellectuels ou de certains médias) est patente en effet. Elle conduit à exercer un chantage sur les responsables publics notamment, sous la forme: puisque vous vous opposez à notre manière de voir, c'est que vous êtes raciste, misogyne, «islamophobe», homophobe, etc. Toute critique, toute opposition, toute tentative même de montrer qu'il y a d'autres voies plus efficaces et plus légitimes à la fois de lutte contre les discriminations… est condamnée comme une négation des discriminations et des spécificités identitaires discriminées! C'est un raisonnement étrange de la part de ces acteurs de la société civile tout de même qui ressemble fort au pire sectarisme politique.

Derrière de telles manifestations et revendications se déploient désormais tout un ensemble d'entrepreneurs identitaires, c'est-à-dire de personnalités qui se construisent dans l'espace public - essentiellement médiatique - sur cette radicalisation autour de tel ou tel critère d'identité individuelle ou collective. Soit pour se construire une carrière personnelle soit pour faire du commerce (conseil, formation, vente de produits…) à destination de telle ou telle «communauté» identifiée autour de ce critère. Ce genre de pratique conduit à une succession de tensions et de provocations orchestrées dans le débat public (les réseaux sociaux sont devenus le terrain privilégié de ces entrepreneurs identitaires) afin de faire du buzz, du clic et donc de mieux (se) vendre.

Il y a donc bien là un effet systémique de cette radicalisation identitaire, sans pour autant que cela aide à la lutte contre les discriminations ou même à la bonne tenue du débat public.

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