On remarque, dans les milieux de gauche notamment, une certaine manière de dédouaner certaines minorités ethniques, religieuses ou culturelles de leurs discours et de leurs actes, aussi criminels et immoraux soient-ils.
Lorsqu'un individu perpètre un attentat au cri de Allah Ouakbar, on prendra en compte des explications recourant aux facteurs de la société, de la colonisation, des guerres, du milieu familial, tout sera pris en compte et on omettra assez bizarrement le facteur religion islamique.
Il n'y a qu'à (mais encore faut-il le faire) lire les sourates 4, 8 et 9 du Coran, soit une dizaine de pages, pour voir que de nombreuses violences commises par des musulmans y trouvent leur origine centrale.
(Je rappelle que le Coran est en ligne dans des dizaines de traductions et que ces sourates font en tout quatre-cinq pages. Les lire augmente et en tirer les conséquences permettra d'augmenter votre espérance de vie de 200 %.)
Les autres facteurs sont certes aggravants, mais la cause première est l'apprentissage des versets haineux à l'égard des autres religions, des femmes, de la libre expression, des homosexuels.
· Laurent Bouvet: l'islamisme, la gauche et le complexe colonial
Procès Bruckner: une défaite pour les «collabos» de l'islamisme
La gauche déchirée par le « racisme antiraciste »
"Touche pas à ma raciste"- (ces intellectuels qui soutiennent Houria Bouteldja)
Islamo-gauchisme : Un certain antiracisme raciste qui mène droit à la violence
L'islam et l'esclavage
Mohammed, le prophète blanc et ses esclaves noirs (David Wood)
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Le discours moral de l'Eglise
peut-il fonctionner face à l'islamisme ?
·
Par Shmuel Trigano
·
Publié le 10/08/2016 à 13:39
FIGAROVOX/ANALYSE -
Après les attentats, la volonté de l'Eglise de «pacification sociale» est
inquiétante, juge Schmuel Trigano. Pour le philosophe, ce positionnement laisse
une marge de manoeuvre à l'islamisme, notamment aux Frères musulmans.
Professeur émérite des
Universités, Shmuel Trigano est un philosophe et sociologue, spécialiste de la
tradition hébraïque et du judaïsme contemporain.
La réaction de l'Eglise de France comme
du Vatican à l'assassinat pour motif religieux du prêtre de Saint-Etienne-du-Rouvray
est étonnante et pour tout dire extrêmement inquiétante, en tout cas du point
de vue d'un observateur juif, autant sur le plan théologico-politique que sur
celui de l'Etat et de la citoyenneté républicaine. Certes, la réaction
officielle et celles que nous donnent à voir (sélectivement, comme on s'en
doute) les médias ne recouvrent pas tout ce que pensent les catholiques et on
ne peut pas préjuger de l'énorme pression que le pouvoir socialiste a dû
exercer sur ses représentants pour adopter ce que l'on peut définir comme la
posture du martyr et non celle du citoyen.
La réaction de
l'Eglise de France comme du Vatican à l'assassinat pour motif religieux du
prêtre de Saint-Etienne-du-Rouvray est extrêmement inquiétante.
Sublimer ce meurtre, en sortir par le
«haut» - cette posture vertueuse et pleine de hauteur morale, stoïcienne en un
mot - fournit, effectivement, à (très) court terme, le moyen d'éviter une
cassure et un clash dans la société française. L'assistance en signe de
solidarité de quelques musulmans (et Juifs) à la messe dominicale, a été
construite par les médias comme l'expression d'une concorde irénique.
Cependant, si on pensait dans les termes de René Girard on constaterait qu'elle
s'est nourrie du «sacrifice» du père Hamel, un sacrifice au propre, par la mort
rituelle qui lui a été donnée, et au figuré: mort pour la «paix». Sur sa mort,
sur sa dépouille, le lien social se serait ressoudé. C'est ce que les médias
veulent nous faire croire, selon un schéma anthropologique on ne peut plus
classique.
Cet état de fait est marqué néanmoins
par un télescopage de la morale chrétienne et de la raison politique. Appliquée
à la situation actuelle, cette morale s'avère effectivement problématique sur
le plan de la Cité. J'ai entendu un ecclésiastique aborder l'événement sur le
mode du «nous sommes tous coupables» (explicitement formulé de la sorte) et
appris qu'une prière avait été dite, dans l'Eglise même du drame, pour les deux
assassins. Nous avons entendu le pape déclarer que ce n'était pas cela l'islam
(étrange qu'il puisse parler en son nom) et que le christianisme était aussi
violent que l'islam, en disant donc une chose et son contraire). Qui est
coupable? Qui est innocent? On ne le sait plus.
Ce discours brise
aussi la capacité morale et intellectuelle à combattre la maladie, en accusant
les victimes d'être à la source de la violence qui les frappent.
Nous retrouvons, certes, là le discours
du «politiquement correct» qui déresponsabilise le monde musulman au lieu de le
pousser à se confronter à la maladie qui le ravage et met en danger la paix, un
discours qui brise aussi la capacité morale et intellectuelle à la combattre,
en accusant les victimes d'être à la source de la violence qui les frappent.
Nous croyions que cette «morale» sans
réciprocité relevait de l'idéologie dominante de notre temps, le
post-modernisme, mais nous découvrons qu'elle peut aussi se développer dans
l'Eglise. Cet état de fait rappelle irrésistiblement les observations que
Jean-Jacques Rousseau développe à propos de la religion catholique sous le jour
de son projet de fondation de la démocratie: «loin d'attacher les cœurs des
citoyens à l'Etat, elle les en détache comme de toutes les choses de la terre».
«Tout cela s'accorde mal avec la douceur du chrétien, et après tout
qu'importe qu'il soit libre ou serf dans cette vallée de misères? L'essentiel
est d'aller en paradis et la résignation n'est qu'un moyen de plus pour cela.
Survient-il quelque guerre étrangère?... Ils font leur devoir mais sans passion
pour la victoire. Qu'ils soient vainqueurs ou vaincus qu'importe? La Providence
ne sait-elle pas mieux ce qu'il leur faut? Qu'on imagine quel parti un ennemi,
fier, impétueux, peut tirer de leur stoïcisme».
Nous croyions que
cette «morale» sans réciprocité relevait de l'idéologie dominante de notre
temps, le post-modernisme, mais nous découvrons qu'elle peut aussi se
développer dans l'Eglise.
On comprend que le signal qu'envoie
l'Eglise puisse trouver un écho favorable dans les milieux islamistes et je
pense avant tout aux Frères Musulmans qui en sont la vitrine distinguée et
«politique», interlocuteur du Pouvoir en France. Un écho dont nous pouvons
mesurer la portée dans la tribune publiée par des «intellectuels musulmans»,
ainsi définis par eux-mêmes, dans le Journal du Dimanche du
3/7/2016. Je me réfère au fait que cette quarantaine de personnalités a tout
simplement «oublié» les victimes juives dans les actes terroristes commis au
nom de l'islam, qu'elles condamnent par ailleurs. C'est comme si la
«pacification» consécutive au meurtre du père Hamel se faisait sur la base du
refoulement des effets de la haine principale des islamistes: les Juifs. C'est
gros! Et c'est encore plus affligeant de voir les critiques de cet oubli ne
mentionner que le massacre de Merah et de l'Hyper casher, en «oubliant» eux
aussi, les centaines d'agressions antisémites commises depuis 2001, et sur
lesquelles eux-mêmes avaient gardé le silence. Depuis 2001, en tout cas, nous
n'avons entendu aucune condamnation claire et institutionnelle des agressions
antisémites commises, si ce n'est celle de quelques individus (comme l'imam
Chalgoumi ou l'Algérien Boualem Sansal).
Le signal qu'envoie
l'Eglise peut trouver un écho favorable dans les milieux islamistes et aux
Frères Musulmans qui en sont la vitrine distinguée et « politique ».
La condamnation quand elle existe
«équilibre» souvent la reconnaissance du caractère antisémite des actes avec
l'accusation d'Israël, rendu responsable de cet état de fait, argument dont
s'est prévalu en somme Mérah, vengeant (dixit) «les enfants de Gaza».
C'est comme si la condamnation des actes antisémites ne pouvait se faire qu'au
prix du «dédouanement» que permet un antisionisme de rigueur. Or, cette
tournure rhétorique devient de moins en moins possible, au regard de ce que
révèle la réalité. La façon dont les signataires de la lettre en question
tentent de rendre compte de leur silence abyssal jusqu'à ce jour est ainsi
plutôt spécieuse. «Nous musulmans étions silencieux parce que
nous avions appris qu'en France la religion est une affaire privée».
On se demande s'il faut rire ou pleurer. Agresser des concitoyens relèverait de
la sphère privée? La Burka dans l'espace publique, une affaire privée?
L'antisémitisme n'est pas un aspect marginal de la crise actuelle. Il en fut le
vecteur originel et structurel.
L'abnégation de l'Eglise fait miroiter
la possibilité d'une «pacification» sociale, mais c'est aux dépens d'un tiers
et de la confrontation avec le problème central auquel doit faire face l'Etat -
et lui seul, certainement.
La rédaction vous conseille
Shmuel
Trigano
Une mosquée « libérale », ouverte aux femmes et aux
homosexuels, inaugurée à Berlin
http://www.lemonde.fr/religions/article/2017/06/17/une-mosquee-liberale-ouverte-aux-femmes-et-aux-homosexuels-inauguree-a-berlin_5146310_1653130.html
Le lieu de culte, qui veut accueillir hommes et femmes,
sunnites, chiites ou alévis, homosexuels ou trans, est installé dans un
bâtiment de la communauté protestante.
LE MONDE | 17.06.2017 à 15h21
image:
http://s2.lemde.fr/image/2017/06/17/534x0/5146309_6_7c9f_seyran-ates-vendredi-16-juin-lors-de_3681164224ce471663b1829b01e14c4a.jpg
Seyran Ates, vendredi 16 juin, lors de l’inauguration de la
mosquée Ibn Rushd-Goethe.
Des musulmans ont fondé à Berlin une mosquée « libérale »,
qui a été inaugurée vendredi 16 juin en présence de l’Américano-Malaisienne Ani
Zonneveld, l’une des rares femmes imams dans le monde, et sous l’œil de
nombreux médias allemands et étrangers, comme le montre un reportage vidéo de
France Télévisions.
« Nous voulons lancer un signal contre la terreur islamiste
et le détournement de notre religion », dit l’une des fondatrices de ce nouveau
lieu de culte musulman, Seyran Ates, avocate et militante des droits des femmes
très connue en Allemagne. Elle a notamment été critiquée par les conservateurs
pour avoir appelé l’islam à une révolution sexuelle.
Ouverte aux sunnites
et aux chiites
Dans la mosquée Ibn Rushd-Goethe, hommes et femmes prient
ensemble et prônent un islam moderne, débarrassé de ses tabous. Certaines
fidèles portent le voile, d’autres pas. Le prêche se fait en allemand. Les sept
membres fondateurs de la communauté veulent ouvrir les portes de leur salle de
prière aux sunnites, aux chiites, aux alévis mais aussi aux homosexuels et aux
transsexuels. «Seuls niqabs et tchadors seront interdits», précise Seyran Ates,
à qui Libération a consacré un portrait.
Tous les courants de l’islam sont les bienvenus dans cette
mosquée progressiste, qui porte intentionnellement le nom du poète allemand
Goethe et du médecin et philosophe arabe andalou du XIIe siècle Ibn Rushd
(aussi connu sous le nom d’Averroes).
Signe de son ouverture, ce lieu de culte musulman, qui
s’ajoute aux quelque quatre-vingts mosquées que compte Berlin, est installé au
troisième étage d’un bâtiment de la communauté protestante. Cette « mosquée »
n’est pour l’instant qu’une salle de quatre-vingt-dix mètres carrés, annexe de
l’église évangélique Johanniskirche, comme l’explique le site Deutsche Welle.
Contexte de tensions
Devant l’entrée du bâtiment, la présence policière est
visible. Les fondateurs assurent néanmoins n’avoir jusqu’ici reçu aucune
menace. Mais ils savent que leur communauté ne fera pas que des heureux.
L’avocate berlinoise d’origine turque Seyran Ates, 54 ans, vit sous protection
policière et a dû interrompre ses activités depuis qu’elle a défendu des victimes
de crimes dits d’« honneur ». Ce qui n’entame pas sa détermination, puisqu’elle
s’apprête, selon Libération, à entreprendre des études de théologie islamique
pour devenir la première femme imam en Allemagne.
Le pays, qui compte plus de quatre millions de musulmans, a
été la cible d’attaques djihadistes, notamment le 19 décembre 2016, jour où un
attentat au camion-bélier a fait douze morts sur un marché de Noël de Berlin.
L’arrivée de plus de un million de réfugiés, pour beaucoup musulmans, depuis 2015
a également exacerbé les peurs de certains Allemands, notamment lorsqu’il s’est
avéré que des djihadistes avaient profité de ce vaste mouvement de migration
pour gagner l’Europe.
En savoir plus sur
http://www.lemonde.fr/religions/article/2017/06/17/une-mosquee-liberale-ouverte-aux-femmes-et-aux-homosexuels-inauguree-a-berlin_5146310_1653130.html#GGKPo8douFqLMMwZ.99
commentaire : Millenium 17/06/2017 - 15h43
Ca rappelle les "camps modèles" que les nazis faisaient visiter aux délégués de la croix-rouge.
Festival afro-féministe : une dérive identitaire de
l'antiracisme
Par Eugénie Bastié Mis à jour le 30/05/2017 à 14:38 Publié le
29/05/2017 à 19:10
FIGAROVOX/ENTRETIEN - Après la polémique autour du festival
afro-féministe organisé par le collectif Mwasi, le politologue Laurent Bouvet
analyse les ressorts idéologiques de la « non-mixité » brandie par certaines
associations antiracistes.
Laurent Bouvet est
professeur de Science politique à l'Université de
Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines. Il a publié L'Insécurité culturelle chez
Fayard en 2015. Son dernier livre, La gauche Zombie, chroniques d'une
malédiction politique, est paru le 21 mars 2017 aux éditions lemieux. Il est
l'une des principales figures du Printemps Républicain.
FIGAROVOX.- Un festival
afro-féministe est organisé par le collectif Mwasi à Paris en juillet. Il se
tiendra en partie en non-mixité, c'est-à-dire que certaines activités seront
réservées aux «personnes racisées»(sic). Faut-il voir dans ce type d'événement
une forme de racisme inversé?
Laurent BOUVET. - On assiste depuis quelques années en France
- cela s'est déjà produit dans d'autres pays, aux États-Unis notamment - à la
radicalisation identitaire du combat contre les discriminations de la part de
certaines organisations et de certaines personnalités. Cette radicalisation
identitaire est très minoritaire dans le débat public et très «située»
politiquement, en général à l'extrême-gauche du spectre politique, mais elle
est bien relayée dans des médias de gauche généralistes ainsi que sur les
réseaux sociaux, ce qui lui donne une visibilité bien plus forte que la réalité
du phénomène politique et social dont elle témoigne.
Il s'agit là d'un processus classique d'essentialisation et
de généralisation à la fois qui est précisément celui du racisme.
Une partie de cette radicalisation identitaire conduit au
dévoiement de la lutte antiraciste jusqu'à en inverser le propos si l'on veut,
en désignant comme racistes potentiels toute une population au regard de la
couleur de sa peau - les «blancs» occidentaux -, et donc à l'exclure de toute
lutte contre la discrimination raciale. Ce qui conduit à la séparation dont il
est question ici. L'idée de fond étant qu'un «blanc» non seulement ne peut
comprendre le racisme (puisqu'il ne peut l'éprouver) mais ne peut comprendre la
lutte contre le racisme (puisqu'il est un raciste potentiel en tant que
«blanc»). Il s'agit là d'un processus classique d'essentialisation et de
généralisation à la fois qui est précisément celui du racisme.
Il n'y a plus ni individualisation du sujet autonome de
raison ni mobilisation collective contre le racisme qui tienne, il n'y a plus
que des présupposés à raison de la couleur de la peau: le «blanc» étant
toujours déjà constitué en raciste et le «noir» étant en victime du racisme.
Evidemment, et c'est pour cela qu'il ne faut jamais laisser
passer de telles initiatives ou les propos qui les accompagnent, un tel
«raisonnement» est aussi faux que dangereux. Outre qu'il fait fi de toute
l'histoire de la lutte contre le racisme et de toute logique de métissage et
des liens étroits et multiples que peuvent tisser des populations et des
individus de couleurs de peau différentes, il témoigne d'une conception
dangereuse pour la société et pour le fameux «vivre ensemble» que réclament
pourtant souvent bruyamment les mêmes qui la relaient - on peut penser ici aux
médias de gauche notamment.
Pourquoi la logique qui
sous-tend ces discours sur «l'intersectionnalité» est-elle dangereuse?
D'abord parce qu'un tel raisonnement sépare artificiellement
les individus et les groupes humains en fonction de ce qu'ils sont supposés
être, suivant des critères identitaires qui peuvent varier (la même logique
s'appliquant au genre, à l'orientation sexuelle, à la religion, à l'origine
ethno-raciale…) et non de ce qu'ils pensent, disent, font, vivent, etc. Ce qui
renvoie à la question-clef de qui produit et manipule ces catégories (la
sociologie contemporaine dirait qui «domine» l'établissement des catégories de
tri des individus et des populations). C'est d'ailleurs pourquoi les discriminations
lorsqu'elles existent doivent être combattues à rebours de la logique qui les
crée ou les diffuse.
Ce raisonnement
identitaire légitime mécaniquement tout raisonnement du même type, donc le
raisonnement raciste traditionnel.
Ensuite parce que ce raisonnement identitaire légitime
mécaniquement tout raisonnement du même type, donc le raisonnement raciste
traditionnel par exemple. Ce qui politiquement est très étonnant puisque ceux
qui prétendent combattre ainsi les discriminations (raciales ici) se retrouvent
user des mêmes méthodes et des mêmes conceptions que les racistes auxquels ils
revendiquent s'opposer!
Ce n'est donc ni très rationnel ni très raisonnable.
Pourtant, cela tend à se développer et, encore une fois, ce type de manifestations
bénéficie du soutien actif de certains médias, de certains universitaires et
chercheurs, de certaines organisations politiques ou syndicales. Toute une
partie de la gauche espérant sans doute trouver là une forme de rédemption à
son abandon en rase campagne du prolétariat classique et des «couches
populaires».
Quelles sont les
origines idéologiques du concept de «non-mixité»? Est-ce un principe de plus en
plus invoqué? Cela vous inquiète-t-il?
On peut repérer la généalogie de cette idée de «non-mixité»
comme manière de lutter plus efficacement contre les discriminations dans le
tournant identitaire du mouvement social à la fin des années 1960 et au début
des années 1970, aux États-Unis notamment, lorsqu'après la reconnaissance des
droits civiques et la déségrégation (lois de 1964 et 1965), un nouveau
mouvement noir américain s'est développé, revendiquant non plus l'égalité des
droits comme c'était le cas de la génération de Martin Luther King ou Rosa
Parks mais une identité spécifique pour les noirs américains. Identité à la
fois esthétique («Black is beautiful», cinéma de la blacksploitation…) et
politique («Black Power», Black Panthers…) pour simplifier. À la suite de cette
évolution radicale, une partie du féminisme, du mouvement gay mais aussi à
l'époque du mouvement latino par exemple, ont suivi le même chemin de la
revendication identitaire plutôt que d'une égalité des droits.
Dans ce contexte, et au-delà des États-Unis, notamment dans
cette deuxième vague du féminisme, s'est développée l'idée d'une «non-mixité»
(des réunions et des rassemblements) plus propice à l'examen de la spécificité
identitaire féminine puis à sa revendication publique. Dans toute une partie du
mouvement féministe (c'était le cas des réunions du MLF dans les années 1970),
les hommes n'étaient plus admis au-delà de l'âge de la puberté lors de telles
occasions. Certains groupes sont allés encore plus loin en essayant de vivre en
communauté uniquement en suivant ces principes de «pureté» identitaire.
Il serait d'ailleurs idiot de nier que cela peut aider
certains individus, cela a pu aider certaines femmes par exemple à témoigner de
questions intimes, entre femmes, hors la présence des hommes, mais s'il s'agit
d'organiser la lutte politique, de vouloir combattre telle ou telle
discrimination ou dénoncer telle ou telle pratique, alors la non-mixité paraît
bien moins pertinente, tant pour une simple raison d'efficacité que pour une
question de principe, comme on l'a vu plus haut.
La gauche apparaît
divisée sur le sujet: tandis que l'UNEF estime que «la non-mixité militante
n'est pas une discrimination», Anne Hidalgo a affiché la volonté d'interdire
l'événement (avant de se rétracter). Y a-t-il un malaise à gauche sur ce sujet?
La dérive identitaire de certaines organisations de gauche
(comme de certains intellectuels ou de certains médias) est patente en effet.
Elle conduit à exercer un chantage sur les responsables publics notamment, sous
la forme: puisque vous vous opposez à notre manière de voir, c'est que vous
êtes raciste, misogyne, «islamophobe», homophobe, etc. Toute critique, toute
opposition, toute tentative même de montrer qu'il y a d'autres voies plus
efficaces et plus légitimes à la fois de lutte contre les discriminations… est
condamnée comme une négation des discriminations et des spécificités
identitaires discriminées! C'est un raisonnement étrange de la part de ces
acteurs de la société civile tout de même qui ressemble fort au pire sectarisme
politique.
Derrière de telles manifestations et revendications se
déploient désormais tout un ensemble d'entrepreneurs identitaires, c'est-à-dire
de personnalités qui se construisent dans l'espace public - essentiellement
médiatique - sur cette radicalisation autour de tel ou tel critère d'identité
individuelle ou collective. Soit pour se construire une carrière personnelle
soit pour faire du commerce (conseil, formation, vente de produits…) à
destination de telle ou telle «communauté» identifiée autour de ce critère. Ce
genre de pratique conduit à une succession de tensions et de provocations
orchestrées dans le débat public (les réseaux sociaux sont devenus le terrain
privilégié de ces entrepreneurs identitaires) afin de faire du buzz, du clic et
donc de mieux (se) vendre.
Il y a donc bien là un effet systémique de cette
radicalisation identitaire, sans pour autant que cela aide à la lutte contre
les discriminations ou même à la bonne tenue du débat public.
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