Liban: 5 kamikazes se font exploser
Par Le Figaro.fr avec AFPMis à jour le 30/06/2017 à 10:54
Publié le 30/06/2017 à 07:56
Cinq kamikazes se sont fait exploser lors de raids de
l'armée aujourd'hui à l'aube dans des camps de réfugiés syriens dans l'est du
Liban, tuant un fillette et faisant sept blessés parmi les militaires, a
indiqué un communiqué de l'armée.
Les attaques ont été menées contre des unités militaires
intervenues dans les camps Al-Nour et Al-Qariya dans la région d'Aarsal,
frontalière de la Syrie ravagée par la guerre, a indiqué le commandement de
l'armée dans un communiqué. Les opérations militaires à la "recherche de
terroristes et d'armes" ont pris fin, selon une source de sécurité.
Une source militaire, interrogée par l'AFP, a affirmé qu'un
nombre indéterminé de personnes avaient été arrêtées. "L'objectif de
l'opération était d'arrêter un homme recherché et c'est cet homme qui s'est
fait exploser en premier".
"Lors de descentes dans le camp Al-Nour, un kamikaze a
fait détoner sa ceinture explosive à l'arrivée d'une unité de l'armée. Trois
soldats ont été blessés mais leur vie n'est pas en danger", a précisé la même
source. Trois autres kamikazes se sont ensuite fait exploser mais sans faire de
blessés. L'armée a saisi quatre engins explosifs.
Dans un autre camp de réfugiés à Aarsal, celui d'Al-Qariya,
"l'un des terroristes a fait exploser sa ceinture explosive sans faire de
blessés". Mais quatre soldats ont été blessés après qu'"un autre
terroriste a lancé une grenade en direction de leur unité".
La guerre civile qui ravage la Syrie depuis mars 2011
déborde sur le Liban voisin où la zone frontalière a été le théâtre de
multiples affrontements meurtriers entre l'armée libanaise et des groupes
jihadistes dont l'organisation Etat islamique (EI) et le réseau Al-Qaïda.
Le puissant mouvement chiite libanais Hezbollah aide
militairement le régime syrien de Bachar al-Assad dans sa guerre contre les
rebelles et les jihadistes.
LIRE AUSSI:
» Liban : à la rencontre des réfugiés syriens coincés dans la vallée de la Bekaa
Cette «petite Syrie» du Liban qui menace la stabilité du
pays
Par Julie Connan Mis à jour le 02/04/2017 à 18:03 Publié le
02/04/2017 à 18:00
http://www.lefigaro.fr/international/2017/04/02/01003-20170402ARTFIG00125-cette-petite-syrie-du-liban-qui-menace-la-stabilite-du-pays.php
http://www.lefigaro.fr/international/2017/04/02/01003-20170402ARTFIG00125-cette-petite-syrie-du-liban-qui-menace-la-stabilite-du-pays.php
REPORTAGE - La guerre qui déchire leur pays depuis six ans a
poussé 1,5 million de Syriens sur le sol libanais. Même si cet afflux massif
n'a pas suscité de heurts majeurs, ces «invités temporaires» font monter la
tension dans un petit pays à la stabilité déjà précaire. À terme, les
équilibres politiques et confessionnels pourraient être bousculés.
"Des Syriens attendent leur tour devant une clinique mobile, en décembre dernier dans un camp de réfugiés près de Taalabaya, dans la plaine de la Bekaa, au Liban.
Envoyée spéciale au Liban
Le ballet des Mercedes d'un autre âge est incessant. Une
fois franchi le checkpoint tenu par les militaires libanais et la tension des
contrôles retombée, les fresques, drapeaux et autres affiches laissent penser
que l'on arrive en territoire palestinien. Ici, un immense portrait d'Arafat,
là, une affiche à la gloire de Mahmoud Abbas. Là encore, une promesse peinte
sur un mur fatigué: «Palestine we will return» (Palestine, nous reviendrons).
Cliquez ici pour agrandir l'infographie
À 5 km de Tyr, au Liban-Sud, le camp de Rashidieh est l'un
des plus anciens du pays du ...
Liban : à la rencontre des réfugiés syriens coincés dans la
vallée de la Bekaa (25.01.2017)
Par Eugénie Bastié Mis à jour le 25/01/2017 à 16:07 Publié
le 24/01/2017 à 16:29
Femmes du camp informel n°099 à Bar Elias dans la Bekaa. Photo: Sandra Conan
REPORTAGE - Ils vivent depuis maintenant plusieurs années
dans des tentes, en attendant un improbable retour vers la Syrie. Nous avons
rencontré ces familles figées dans un quotidien fait de misère et d'ennui, qui
ne survivent que grâce à l'aide des ONG.
Que vont-ils devenir? C'est la question qu'on se pose
immédiatement en observant les dizaines de camps informels qui parsèment les
villages de la vallées de la Bekaa au centre du Liban. Là, à quelques
kilomètres seulement de la frontière syrienne délimitée par la crête enneigée
de l'Anti-Liban, patientent dans des tentes balayées par le vent des dizaines
de milliers de réfugiés syriens, arrivés pour la plupart au début de la crise,
en 2012. Ils sont 360.000 venus de Syrie disséminés dans la vallée de la Bekaa
a attendre un improbable départ. En tout, ce sont plus d'un million de réfugiés
qui stationnent dans un pays de 4 millions d'habitants, grand comme le
département de la Gironde. 71% d'entre eux vivent sous le seuil de pauvreté.
Le jour tombe vite, et à 16h30 il fait presque nuit. La
température chute en dessous de dix degrés, en ce mois de janvier, et, dans le
camp de Marj à proximité de la ville de Barelias, les réfugiés rassemblent du
bois pour se chauffer.
Depuis combien de temps sont-ils là? «J'ai perdu la notion
du temps» dit Turkya, qui a fui avec son mari aveugle et ses enfants Homs. La
plupart sont arrivés en 2012, au début de la crise. Cinq ans dans de maigres
cabanes recouvertes d'affiches publicitaires. Au début, les allers-retours
étaient encore possibles entre Liban et Syrie, mais depuis la fermeture de la
frontière en janvier 2015, ils sont coincés. Alors ils restent là. Le Liban,
qui n'a pas signé la convention de Genève sur les réfugiés ne reconnait pas
leur existence. Contrairement à la Turquie ou en Jordanie, ils vivent dans des
camps informels (informal settlements), sorte de mini Jungle faites de nylon et
de bâches. Une existence monotone et misérable dans la boue et l'ennui. Les
hommes louent occasionnellement leurs bras. Les femmes s'occupent des enfants.
«Notre vie quotidienne est une perte de temps.» raconte Eid, chewish (chef) du
camp 003 de Barelias, qui vit dans une tente avec sa femme et ses cinq enfants.
«Nous visitons d'autres familles de la communautés. Les enfants regardent la
télévision ou
Les réfugiés syriens vivent dans des «informal settlments»,
des cabanes faites de nylon, de carton et de plastique. Ils n'ont pas le droit
de construire en dur. Crédit: Sandra Conan.
jouent dehors.» «Depuis 2012, je ne fais rien, je déambule
entre les tentes toute la journée. Je mange, je bois, je dors», raconte Issam,
40 ans, qui vit aussi là avec sa femme et ses trois enfants. Une existence en
suspens dans des bidonvilles malsains, que vient seulement égayer la vie des
enfants. Le taux de natalité est très élevé, environ cinq enfants par femme.
«Le taux de fécondité en Syrie était de 5-6 enfants par femme avant la guerre»,
observe le chercheur spécialiste de la Syrie Fabrice Balanche. «En temps de
crise dans un climat de violence et d'instabilité, on observe un retour des
mariages précoces, il est hors de question pour une jeune fille de rester
seule» . Dans le camp n°99 de Majr, il y a 47 tentes pour 150 enfants. Ils
pataugent pieds nus dans des sandales en plastique, dans la boue. La majorité
d'entre eux sont déscolarisés. «On vit au jour le jour. Comme tous les parents,
on aimerait offrir des choses à nos enfants, mais on ne peut pas. L'autre jour
ma fille a pleuré car elle voulait un pyjama», raconte Attalah, la cinquantaine,
qui vit dans une tente-cabane avec ses cinq filles, sa femme et sa mère
handicapée. «Quand ils voient passer des avions, les enfants, souvent
traumatisés, rentrent vite dans les tentes, et ils éteignent la télévision dès
qu'on met les nouvelles», raconte le père de famille.
Au loin, on aperçoit la chaine de l'Anti-Liban, la frontière
avec la Syrie, fermée depuis janvier 2015. Crédit: Sandra Conan.
Retour improbable et rêves d'occident
Dans des telles conditions, envisagent-ils le retour en Syrie?
Quand on leur pose la question, les vieux répondent: «Inch'allah». «C'est ma
patrie, c'est ma maison.» dit Attalah,. «On attends une solution, n'importe
quelle
De nombreux enfants jouent dans le camp 003 de
Barelias.Crédit: Sandra Conan
solution au conflit» martèle-t-il. Quand on lui demande
pourquoi il a quitté la Syrie, ce chauffeur de taxi d'Homs est si ému qu'il ne
peut pas répondre. La plupart des réfugiés de la Bekaa viennent de zones
aujourd'hui libérés par le régime, et en état de relative stabilité, comme Homs
qui a été évacué des rebelles il y a près de deux ans. Alors pourquoi ne
retournent-ils pas en Syrie? Les raisons sont diverses. Sunnites, ils craignent
la férule du Hezbollah. «On vivait en symbiose entre chiites et sunnites puis
le Hezbollah est arrivé et a tué aveuglement» affirme Issam, qui vient de
Babila, une banlieue de Damas théâtre d'affrontements violents entre les
rebelles et l'armée syrienne. Les parents craignent aussi de voir leurs enfants
enrôlés dans l'armée syrienne. Certains réfugiés étaient dans la rébellion et
sont donc sur les listes rouges du régime ; d'autres n'ont rien à voir avec les
combats mais viennent de zones actuellement libérées mais économiquement
sinistrées. Leurs maisons ont été détruites ou leurs biens volés. S'ils
repartent en Syrie, ils perdent leur statut de réfugiés du HCR, et toutes les
aides humanitaires.
Reste l'hypothèse d'un départ vers l'Europe. «Non, je ne
veux pas aller en Europe. J'ai un fils à Vienne. Il m'a dit que c'était
impossible de venir» dit Attallah. Mais d'autres, souvent les plus jeunes,
refusent de regarder du côté des monts enneigés de l'Anti-Liban derrière
lesquels se dessine la frontière syrienne et se tournent vers l'Ouest. Dans le
camp 003 de Bar-Elias, on se montre avec fierté sur les smartphone la photo du
frère de Suleiman, qui pose sur les marches de Montmartre à Paris. La jeune
femme syrienne, venue au Liban avec son mari et ses trois enfants a douze
frères et soeurs. Au début de la crise, ils se sont tous éparpillés aux quatre
coins du monde: un en Arabie Saoudite, un à Oman, un en Allemagne, un en
France, un en Jordanie, deux au Liban, un au Yémen. «Je n'envisage pas mon
futur ni celui de mes enfants en Syrie» dit son mari, qui voudrait rejoindre la
France, s'il arrive à se faire régulariser au Liban. Même s'il y a la paix?
«Espérer la paix en Syrie, c'est comme espérer que le diable accède au paradis»
dit-il en haussant les épaules.
Le précédent palestinien
Le Liban ne fait rien pour les retenir. Le permis de séjour,
au coût prohibitif (200 euros) , est un luxe que bien peu peuvent se permettre.
C'est la fragile balance démographique du pays qui est en jeu. «Il y a une
crainte parmi les Libanais chrétiens et les chiites de maintenir sur le sol
libanais des réfugiés à 90% sunnites. Cela pourrait faire voler en éclats le
fragile équilibre communautaire du pays.» explique le chercheur Fabrice
Balanche, qui a travaillé sur la question des réfugiés. «Les Libanais ont tous
en tête le précédent palestinien de 1948.» explique-t'il. A la suite de la
guerre israélo-arabe de 1948, environ 100.00 réfugiés palestiniens trouvent
refuge au Liban. Hébergés dans des camps en dur, leur exil censé être
temporaire se prolonge, exacerbant les tensions communautaires entre musulmans
et chrétiens. La tragique guerre civile des années 1980 qui a suivi est dans
toutes les mémoires.
«Avec la pauvreté, la déscolarisation de toute une
génération, il y a un processus naturel de radicalisation qui se met en œuvre
dans les camps, dont certaines franges peuvent être récupérées par des groupes
terroristes. Ça
Dans le camp 099 de Barélias, le sol est très boueux.
Crédit: Sandra Conan.
a été le cas d'Arsal à la frontière, où l'armée a du
intervenir à l'été 2014» ajoute Balanche.
Ils survivent grâce aux aides des multiples ONG, dont Vision
du Monde, qui s'occupe notamment de distribuer une aide en cash non
conditionnée à des milliers de familles vunérables. C'est assez pour les
dissuader de tenter un périlleux voyage pour l'Europe. Pas assez pour les
intégrer la société libanaise. Trop pour les encourager à rentrer en Syrie où
ils perdraient les subsides humanitaires. Coincés entre départ impossible et
retour improbable, figés dans l'ennui et la misère, ils attendent un dénouement
à cinq années de crise. «La grande majorité restera coincée au Liban ou
envisagera de partir en Europe» juge Fabrice Balanche. «Le Liban compte aussi
sur l'Europe pour se débarrasser des réfugiés syriens via le regroupement
familial». «Partir d'ici, n'importe où, c'est tout ce qu'on veut», dit Issam.
En attendant, «on compte les jours, c'est comme si on était morts».
Reportage illustré par la photographe Sandra
Conan.
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«Les réfugiés syriens sont une bombe à retardement» pour le Liban
Le Liban, dernier bastion des chrétiens en Orient (18/06/2016)
Par Adrien Jaulmes Mis à jour le 18/06/2016 à 11:07 Publié
le 17/06/2016 à 08:36
REPORTAGE - Au Moyen-Orient, des communautés nées avec la
chrétienté sont sur le point de disparaître, victimes de la vague islamiste qui
balaye la région. Seule exception: le Liban. Dans ce petit pays à part, les
chrétiens s'accrochent avec détermination à leur terre et à leur foi.
Accroché à la côte méditerranéenne, grand comme la Corse et
presque aussi montagneux, le Liban est redevenu pour les chrétiens ce qu'il fut
dans l'histoire à chaque période de trouble et de persécutions : une forteresse
et un refuge. Son donjon se situe dans la vallée de Qadisha. Accessible par de
petites routes de montagne qui grimpent vers les hauteurs du Mont-Liban, «la
Vallée Sainte» est constituée par deux étroits canyons, celui de Qanoubine et
celui de Qozhaya qui se rejoignent en formant un V. Au pied des falaises et
entre les champs en terrasse construits au fil des siècles par des générations
de paysans maronites, s'élèvent des monastères que l'on atteint par des
sentiers muletiers.
Le patriarche maronite s'installe il y a quatre siècles à
Qanoubine, fuyant la région d'Alep et les persécutions des mamelouks. ...
Quel est l'impact du conflit syrien sur le Liban ?
Par Sibylle Rizk , Service infographie du Figaro Publié le 25/10/2015 à 17:23
INFOGRAPHIE - Divisé entre communautés religieuses et sans vrai État, le Liban (4,5 millions d'habitants) a du mal à résister face au nombre de réfugiés syriens et aux pressions extérieures.
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Comment le Liban fait-il pour absorber 1,5 millionde réfugiés syriens dont le nombre représente plus du quart de sa population?
Plus d'un village libanais accueille à lui seul davantage de réfugiés syriens que toute la France réunie. Malgré cette pression démographique d'autant plus grande que l'espace géographique est réduit - le Liban fait la taille du département de la Gironde -, l'absorption s'est faite sans heurt majeur sur tout le territoire, seulement 16 % des réfugiés vivant dans des camps informels. Les solidarités ont joué, explique le sociologue Melhem ...
«Les réfugiés syriens sont une bombe à retardement» pour le
Liban (18/10/2015)
Publié le 18/10/2015 à 11:38
INTERVIEW - Ministre du Tourisme dans le gouvernement du
premier ministre Tammam Salam, Michel Pharaon affirme dans une interview au
Figaro que Beyrouth ne peut plus accueillir de nouveaux réfugiés syriens, alors
que l'offensive militaire russe fait planer la menace de nouvelles arrivées de
Syriens au Liban.
LE FIGARO - La stabilité du Liban est-elle menacée par
l'afflux de réfugiés syriens ?
MICHEL PHARAON - Les réfugiés syriens représentent le quart
environ des quatre millions de Libanais. C'est la raison pour laquelle nous
observons avec étonnement la réaction en Europe qui se débat pour accueillir 2
à 300.000 réfugiés dans des pays qui pèsent au total plus de 300 millions
d'habitants. Le Liban a reçu des promesses d'aide qui n'ont pas été tenues.
Nous sommes inquiets que ces réfugiés ne puissent pas retourner en Syrie. Dans
les années 70, le Liban a déjà payé le prix de la guerre israélo-palestinienne
en devant accueillir des centaines de milliers de réfugiés palestiniens. Nous
ne voulons plus payer pour les autres. Pour nous, le problème de ces réfugiés
est encore sous contrôle, mais c'est une véritable bombe à retardement. Il nous
pose des problèmes en termes d'accès à l'éducation ou à la santé. Mais au
moment où l'on parle de négociations sur l'avenir de la Syrie, notre crainte
est que sans président de la République pour défendre nos intérêts, la voix du
Liban ne soit pas entendue.
Comment sortir justement du vide institutionnel au sommet de
l'Etat depuis plus d'un an ?
L'actuel gouvernement, issu de négociations menées fin 2013,
repose sur deux accords : un arrangement politique sur la sécurité du Liban
conclu entre plusieurs parrains régionaux et un autre accord entre factions
politiques libanaises elles-mêmes. Ces deux avancées ont permis de faire passer
le Liban d'un pays de confrontation à un pays où tout le monde s'accordait pour
maintenir la stabilité. Mais le vide constitutionnel à la tête de l'Etat se
prolongeant, la paralysie commence à atteindre le gouvernement. Et cela nous
inquiète au moment où l'on évoque des négociations internationales pour sortir
de la crise syrienne.
Peut-il y avoir consensus sur un nouveau président de la
République sans un dialogue entre l'Arabe saoudite et l'Iran, les principaux
«grands électeurs» au Liban ?
L'an passé, nous avons eu une fenêtre d'opportunité qui
s'est malheureusement refermée. Si nous n'arrivons pas à nous mettre d'accord
rapidement sur un président de la République, le dossier viendra grossir les
contentieux régionaux au Moyen-Orient. Le problème, c'est que depuis un an, les
tensions sont montées entre l'Arabie saoudite et l'Iran, et qu'aujourd'hui, le
dossier libanais risque de se retrouver lié à la crise syrienne. Or pour un
camp comme pour l'autre, il n'y a pas de possibilité de victoire, ni de défaite
totale. L'issue passe nécessairement par un consensus entre Riyad et Téhéran.
L'an dernier, la France a tenté de faire avancer les choses. Hélas, même après
l'accord sur le nucléaire iranien cet été, le blocage demeure entre Saoudiens
et Iraniens sur le Liban.
Comment réagissez-vous à l'offensive militaire russe en
Syrie ? Craignez-vous un nouvel afflux de réfugiés ?
Nous avons assisté ces dernières années à la faillite du
système international en Syrie, qui a entraîné des problèmes humanitaires
dramatiques et la destruction d'une civilisation. Le Liban n'est pas hostile à
un accord pour une action concertée en Syrie. Mais la solution ne peut pas
venir du président Assad qui a été la source de beaucoup de problèmes, y
compris au Liban. Le problème avec l'offensive russe, c'est qu'elle ne
s'accompagne pas d'une offre politique acceptable. Les avions russes à eux
seuls ne peuvent pas régler la crise syrienne.
A partir de la Syrie, Daech et al-Nosra, la branche locale
d'Al Qaida, menacent-ils les frontières du Liban ?
Daech et Al-Nosra n'ont pas de racines parmi les communautés
libanaises, mais ils sont excessivement présents à nos frontières. Ils nous
menacent. L'an dernier, ils ont essayé de s'infiltrer au Liban pour y disposer
d'une base arrière à Ersal. Heureusement, l'armée a réussi à les repousser.
Aujourd'hui, je vous le répète, notre principale crainte, c'est qu'une partie
des réfugiés syriens ne puisse pas rentrer chez eux. Au printemps, nous avons
eu peur d'un nouveau débordement de réfugiés lorsqu'il y a eu une pression des
rebelles sur Damas et sur Lattaquié. Le Liban ne peut plus en accueillir.
Qu'attendez de la visite prévue de François Hollande au
Liban ?
La France a beaucoup œuvré ces dernières années pour
maintenir la stabilité dans notre pays, privé de président de la République. A
l'approche de négociations sur l'avenir de la Syrie, nous attendons que la
France continue de défendre le Liban. Pour nous, voisins de la Syrie, ces
négociations recèlent des enjeux très importants. La France au moins a une position
claire sur le dossier du président libanais. Ce n'est pas le cas de l'Iran qui
bloque la désignation d'un nouveau chef de l'Etat.
Le récit de Wafaa, réfugiée syrienne au Liban
Originaire de la région de Damas, cette mère de famille de
38 ans a quitté la Syrie avec ses quatre enfants il y a bientôt quatre ans.
Elle travaille aujourd'hui en tant que psychologue pour Médecins sans
Frontières. Sa mission : apaiser les traumatismes de ses compatriotes, réfugiés
comme elle au Liban.
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