En conflit avec le Hamas, Mahmoud Abbas vient chercher du soutien à Paris (05.07.2017)
Congrès de Versailles : le paroxysme de l'hyper-présidence (04.07.2017)
Monsieur le Président, maintenir Assad, c’est soutenir le terrorisme (02.07.2017)Congrès de Versailles : le paroxysme de l'hyper-présidence (04.07.2017)
Diplomatie : la politique étrangère de la France n’est pas « néoconservatrice » (03.07.2017)
Diplomatie : le néoconservatisme est une doctrine exclusivement américaine (03.07.2017)
Delphine Allès : « Réinventer une diplomatie autonome » (03.07.2017)
En écartant le départ d'Assad, l'Elysée choque les opposants syriens (22/06/2017)
Syrie : Poutine, Bachar el-Assad, Daech... le virage diplomatique à 180° d'Emmanuel Macron (22.06.2017)
Syrie : Poutine, Bachar el-Assad, Daech... le virage diplomatique à 180° d'Emmanuel Macron (22.06.2017)
Syrie : monsieur le Président, ne tombez pas dans le piège de Vladimir Poutine à Versailles (28/05/2017)
Jean-Yves Le Drian et ses nouveaux horizons diplomatiques (26/05/2017)
Non, le lien établi par Macron entre climat et terrorisme
n'est pas inepte (09.07.2017)
Par Dounia Hadni — 9 juillet 2017 à 16:50
La déclaration de Macron au G20 selon laquelle «on ne peut
prétendre lutter efficacement contre le terrorisme si on n’a pas une action
résolue contre le réchauffement climatique» a déclenché une avalanche de
critiques. Et s'il avait – en partie – raison ?
Alors que Macron annonce un nouveau sommet sur le climat au
G20, le 12 décembre, deux ans après l’entrée en vigueur de l’accord de Paris,
il déclare qu'«on ne peut pas prétendre lutter efficacement contre le
terrorisme si on n’a pas une action résolue contre le réchauffement
climatique». Un sujet qui sera vraisemblablement mis sur la table lors de la
visite de Donald Trump à Paris le 14 juillet.
Plusieurs personnalités politiques, notamment, se sont
contentées de s’indigner devant la petite phrase quand d’autres ont abdiqué,
non sans ironie, devant ladite complexité de la pensée macroniste. En réalité,
étabir une corrélation entre ces deux luttes n’est pas absurde : plusieurs études
scientifiques abondent dans ce sens depuis plusieurs années.
9 Jul
Paul Aveline ✔ @PaulAveline
En réponse à @PaulAveline
Sur le sujet, top papier d'Agnès Sinaï : comment les
récoltes en Chine (!!!) ont joué dans les Printemps Arabes https://www.monde-diplomatique.fr/2015/08/SINAI/53507
…
Paul Aveline ✔
@PaulAveline
C'est ennuyeux cette façon de traiter la petite phrase,
parce qu'il va vraiment finir par croire que sa pensée est trop complexe.
00:23 - 9 Jul 2017
Des scientifiques américains ont déjà fait le lien entre la
sécheresse en Syrie et l’émergence de l’EI
Si le Pentagone a dès 2003 établi un lien entre changement
climatique et sécurité dans un rapport rendu public, c’est en 2007 que la
Défense américaine a considéré officiellement le changement climatique comme un
«multiplicateur de menaces». Cela dit, cette requalification est plus nuancée
que le parallèle fait par Macron, comme le souligne le chercheur spécialisé
dans les impacts géopolitiques du dérèglement climatique Bastien Alex, dans une
interview qu’il nous a accordée en octobre 2015 : «Le lien entre changement
climatique et conflits n’est ni à surévaluer ni à négliger».
De son côté, en 2015, l’Académie des sciences américaine a
clairement corrélé la sécheresse syrienne, qui a eu lieu de 2006 à 2009, à la
naissance du conflit syrien en mars 2011 contre le régime de Bachar al-Assad,
et par ricochet à l’émergence du groupe Etat islamique. Par ailleurs, des
experts américains ont conclu, en analysant la carte des territoires victimes
de sécheresse et celle des territoires dominés par l’EI, qu’elles étaient quasi
identiques.
Selon les chercheurs de cette Académie, en provoquant le
déplacement de près d’1,5 million de Syriens vers des zones urbaines, la
sécheresse a conduit à la hausse des prix des denrées alimentaires et donc à
des tensions importantes fragilisant la stabilité de la société et du système
politique. Scientifique spécialisé dans le climat, Richard Seager précise :
«Nous ne disons pas que la sécheresse a causé la guerre […], mais que cela a
fait partie des facteurs de stress qui ont conduit à la naissance du conflit».
A LIRE AUSSI
Fin 2015, François Hollande, lors de son discours
d’ouverture de la COP21, avait déclaré devant quelque 150 chefs d’Etat : «Le
réchauffement annonce des conflits comme la nuée porte l’orage […]. Oui, ce qui
est en cause avec cette conférence sur le climat, c’est la paix».
Bernie Sanders, l’adversaire d’Hillary Clinton pour
l’investiture démocrate à la présidentielle américaine de 2016, affirmait, lors
du débat télévisé du 15 novembre, en citant des rapports du Pentagone et du
ministère de la Défense, que «le dérèglement climatique est directement lié à
l’expansion du terrorisme».
Dounia Hadni @douniahadni
En conflit avec le Hamas, Mahmoud Abbas vient chercher du
soutien à Paris (05.07.2017)
Le président de l’Autorité palestinienne doit être reçu
mercredi par Macron, resté en retrait sur le dossier israélo-palestinien.
LE MONDE | 05.07.2017 à 06h40 • Mis à jour le 05.07.2017 à
15h56 | Par Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant)
Des bulldozers palestiniens à Rafah (sud de la bande de
Gaza). Le Hamas a lancé le chantier d’une zone démilitarisée le long de la
frontière égyptienne. SAID KHATIB / AFP
Ne pas se soumettre à la médiation exclusive des Etats-Unis
: mû par cet objectif, le président de l’Autorité palestinienne (AP), Mahmoud
Abbas, doit être reçu par Emmanuel Macron à l’Elysée, mercredi 5 juillet. Le
vieux « raïs » aimerait que Paris poursuive son effort en faveur de la solution
à deux Etats, concrétisé par deux conférences internationales, en juin 2016 et
en janvier 2017. Depuis l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, Washington a
repris son rôle de parrain unique d’une paix introuvable. En coulisses, les
contacts s’intensifient pour relancer un processus régional, tandis que la
scène politique palestinienne est en ébullition.
M. Abbas espère que la France va accompagner l’effort
américain, en veillant à une forme d’équilibre. Pour l’heure, M. Macron est
resté en retrait sur ce dossier, même s’il a exprimé son hostilité à une
reconnaissance unilatérale de la Palestine. Il accueillera à Paris le premier
ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, le 16 juillet, à l’occasion du 75e
anniversaire de la rafle du Vél’ d’Hiv.
Abbas sous pression
M. Trump, lui, s’est rendu en Israël et dans les territoires
occupés les 22 et 23 mai. Dans la foulée, son avocat et envoyé spécial Jason
Greenblatt est revenu sur place. Il était à nouveau là le 22 juin, accompagné
du conseiller spécial et gendre du président, Jared Kushner. « Ils ont écouté
les deux parties, explique au Monde Majdi Al-Khaldi, le conseiller diplomatique
de M. Abbas. Mais le président Trump n’a pas encore reçu leur rapport sur les
différences existant de part et d’autre. »
M. Abbas a rencontré le président américain à deux reprises,
à Washington puis à Bethléem. « Il lui a dit clairement qu’il souhaitait la
solution à deux Etats basée sur les frontières de 1967, avec Jérusalem pour
capitale, poursuit M. Al-Khaldi. Il faut connaître l’épilogue avant d’entrer
dans les détails. » Mais M. Nétanyahou, lui, se garde bien de confirmer son
propre engagement en faveur d’un Etat palestinien. Il réclame en priorité la
fin du système de pensions versées aux « martyrs » palestiniens et à leurs
familles, qu’il assimile à des incitations au terrorisme.
A la Knesset, en juin, les députés ont adopté en lecture
préliminaire un texte visant à retenir 1,1 milliard de shekels (280 millions
d’euros) sur les taxes prélevées chaque année par Israël et reversées à
l’Autorité palestinienne. Ce montant correspond selon eux à celui des aides aux
« martyrs ». Pour le même motif, le Sénat américain pourrait adopter le Taylor
Force Act, un projet de loi visant à réduire l’aide versée aux Palestiniens. M.
Abbas se trouve donc sous pression. « Les Israéliens veulent éviter la
discussion sur les vrais sujets, comme les frontières, l’occupation, les
réfugiés ou Jérusalem, dit M. Al-Khaldi. Ils savent que ces aides sont de
nature sociale. Si on doit les revoir et envisager des ajustements mineurs,
c’est envisageable. »
La priorité de M. Abbas est d’entrer à nouveau dans un cycle
de négociations multilatérales, qui lui donne une légitimité évanouie sur le
plan intérieur. A 82 ans, dans la douzième année de son quinquennat, faute
d’élections, il ne se fait pas d’illusions sur le potentiel de la médiation
américaine. Mais il n’a aucun intérêt à exprimer ses réserves, tant il a besoin
du soutien de Washington. D’autant que M. Abbas a lancé une offensive sans
précédent contre le Hamas, maître de la bande de Gaza depuis 2007. Dernier
épisode, mardi 4 juillet : l’AP a annoncé le départ à la retraite anticipé de
plus de 6 000 fonctionnaires de ce territoire.
Le Hamas et l’Egypte
Aux diplomates occidentaux venus le voir récemment, il a dit
sa détermination farouche et mentionné trois exigences : la suppression du
comité administratif, crée en mars par le Hamas pour gouverner Gaza ; le retour
effectif de l’AP dans ce territoire ; enfin, un gouvernement d’union nationale
en vue d’élections. « Pendant dix ans, on a essayé avec le Hamas le dialogue
direct et indirect, via l’Egypte et le Qatar. Aujourd’hui, notre stratégie est
claire, explique M. Al-Khaldi. La part totale de notre budget versée à Gaza
chaque année est de 1,5 milliard de dollars [1,3 milliard d’euros], pour
l’électricité, l’éducation, la santé, les salaires publics. On a déjà imposé
une coupe de 25 %. Et ce n’est qu’un début, si rien ne se passe de leur côté. »
Mais cette pression sur le Hamas va-t-elle se révéler
contre-productive ? Isolé, le mouvement islamiste s’est tourné vers l’Egypte
pour obtenir une aide d’urgence en fioul et répondre à la crise énergétique. Le
Caire, remonté contre M. Abbas pour son incapacité à réconcilier les factions
palestiniennes, semble déjà préparer la succession du « raïs ». A la fureur du
président de l’AP, l’Egypte a favorisé le rapprochement improbable entre le
Hamas et son ancien ennemi juré, Mohammed Dahlan. Celui-ci avait joué un
rôle-clé dans les règlements de comptes sanglants entre Fatah et Hamas en
2006-2007, lorsqu’il dirigeait la Sécurité préventive à Gaza.
Plusieurs réunions se sont tenues au Caire, en juin, entre
les deux parties. « Dahlan croit que, pour éviter une nouvelle guerre et une
crise humanitaire, il faut améliorer les relations entre le Hamas et l’Egypte,
explique l’un de ses proches, Soufiane Abou Zaideh, qui a participé aux
réunions du Caire. Le retour de Dahlan à Gaza est acté sur le principe, mais il
faut le préparer. »
Le signal spectaculaire de cette convergence d’intérêts
serait l’ouverture du point de passage de Rafah, qui mettrait un terme au
blocus égyptien. « Une fois les travaux d’aménagement effectués, j’espère que
ce sera possible d’ici à septembre », dit-il. En attendant, le Hamas a lancé le
chantier d’une zone démilitarisée de cent mètres de large, le long de la
frontière, pour rassurer les Egyptiens, dont la priorité est la sécurisation du
Sinaï, où sévissent toujours des centaines de djihadistes.
Congrès de Versailles : le paroxysme de l'hyper-présidence (04.07.2017)
Par Maxime Tandonnet Mis à jour le 04/07/2017 à 06:57 Publié
le 03/07/2017 à 16:58
FIGAROVOX/TRIBUNE - Pour Maxime Tandonnet, en réunissant le
Congrès à Versailles pour un discours solennel, le président de la République
«franchit un nouveau palier dans la présidentialisation du régime, qu'il porte
à un niveau jamais atteint ni par Sarkozy, ni par Hollande. »
Maxime Tandonnet, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, est
l'auteur d'Histoire des présidents de la République (éd. Perrin, 2013 et 2017)
et des Parias de la République (éd. Perrin, 2017).
Le Congrès de Versailles, réunissant l'Assemblée nationale
et le Sénat, n'est pas une institution nouvelle. Il a été créé par la
Constitution de 1875, établissant la IIIe République. Sous la IIIe et la IVe
république, il servait, en principe tous les sept ans, à élire le président de
la République. Sous la Ve république, son rôle a été profondément transformé.
Le chef de l'État était élu par un collège élargi de grands électeurs, puis à
partir de 1962, au suffrage universel. Le Congrès servait désormais à voter les
modifications constitutionnelles, chaque fois que le Gouvernement renonçait à
soumettre ces dernières au référendum.
Depuis la révision constitutionnelle de 2008, commencée par
le président Sarkozy, le chef de l'État est autorisé à s'exprimer devant le
Congrès. Cette réforme, d'apparence anodine, aboutissait à rompre avec une
tradition républicaine fondamentale. Depuis 1873 et la présidence d'Adolphe
Thiers, au titre de la séparation des pouvoirs, le président de la république
ne devait en aucun cas s'exprimer directement devant la Chambre. Nicolas
Sarkozy a fait usage de cette nouvelle possibilité en juin 2009, pour annoncer
son «grand emprunt», et François Hollande en novembre 2015, à la suite de
l'attentat du Bataclan. Emmanuel Macron innove en étant le premier président de
la République, depuis la réforme constitutionnelle de 2008, à ouvrir son mandat
par une déclaration devant le Congrès. Par ce geste solennel, il franchit un
nouveau palier dans la présidentialisation du régime qu'il porte à un niveau
jamais atteint ni par Sarkozy, ni par Hollande.
À l'origine, la Constitution de 1958 créait un régime
«semi-présidentiel» fondé sur un équilibre entre les pouvoirs. Le président de
la République se présentait comme une autorité supérieure, impartiale,
incarnation de l'unité, de la sécurité et du destin de la Nation, élu pour sept
ans (article 5). Le Premier ministre disposait d'un rôle fondamental,
complémentaire de celui du chef de l'État. Il était chargé de gouverner le
pays, de mettre en œuvre la politique économique et sociale de la Nation, avec
le soutien de sa majorité à l'Assemblée, et sous le contrôle du parlement
(article 20 et 21). Le Premier ministre et ses ministres avaient seuls la
mission de présenter et de défendre la politique du Gouvernement devant
l'Assemblée nationale et le Sénat. La répartition des rôles variait en fonction
de la personnalité des présidents et de leur premier ministre: de
Gaulle/Pompidou, Giscard d'Estaing/Barre, Mitterrand/Mauroy, Mitterrand/Rocard,
etc. Mais dans les grandes lignes, le partage entre les missions de nature
présidentielle (long terme, politique étrangère et de défense) et l'action
gouvernementale, la conduite d'une politique, se trouvait respecté.
Les années 2000 ont ouvert la voie à un processus de
présidentialisation du régime qui voit le pouvoir présidentiel écraser tout
autre pôle de responsabilité politique.
La prise de parole du président de la République devant le
Congrès, notamment en début de quinquennat, marque une étape nouvelle,
décisive, dans la présidentialisation du régime.
Déjà, le passage du septennat au quinquennat a bouleversé
les équilibres politiques. Le président de la République, élu juste avant
l'Assemblée nationale, pour un mandat coïncidant avec celui des députés,
devenait de facto le chef de la majorité parlementaire, responsable de la mise
en œuvre de son propre programme. Dès lors, le président de la République
perdait son rôle de sage au-dessus de la mêlée, se substituant au chef de
Gouvernement dont la mission se trouvait considérablement amoindrie. La prise
de parole du président de la République devant le Congrès, notamment en début
de quinquennat, marque une étape nouvelle, décisive, dans la
présidentialisation du régime. Autant sur le plan du symbole que de la
pratique, il s'impose à lui tout seul comme l'incarnation d'une politique
gouvernementale face au Parlement, à la place du Premier ministre qui parlera
après lui.
Le quinquennat qui s'ouvre en 2017 semble ainsi porter à son
paroxysme une présidentialisation engagée par les deux précédents qui tend vers
la disparition de fait (et un jour peut-être, de droit), du poste de premier
ministre. Est-ce un bien, est-ce un mal? Le phénomène de l'hyper-présidence
s'inscrit dans la tradition française de l'homme providentiel. L'image du chef
unique renvoie, dans l'inconscient collectif, à celle de l'autorité, du pouvoir
sans partage. La médiatisation de la politique, devenue un grand spectacle
quotidien, centrée sur un seul homme, décuple la personnalisation du pouvoir.
Pourtant, au-delà des illusions, l'hyper-présidence n'est aucun cas une
garantie d'efficacité ni d'autorité de l'État, bien au contraire. La
concentration du pouvoir à l'Élysée a pour effet de démotiver et
déresponsabiliser les autres pôles de décision. Mais surtout, élu sur une
image, dont il tient sa légitimité, le président de la République aura
inévitablement pour priorité de préserver celle-ci, voire de l'améliorer,
surtout s'il entend briguer un second mandat. Consciemment ou inconsciemment,
cette inclination l'emportera toujours sur l'intérêt général du pays.
L'hyper-présidence, en tant que système de pouvoir, favorise inévitablement la
communication, les postures et les illusions au détriment des choix de
gouvernement et de la confrontation avec la réalité. L'hyper-présidence, fondée
sur une forme d'idolâtrie médiatique, à la fois fragile et superficielle, risque
à tout moment de basculer dans le rejet et le lynchage d'un président devenu
bouc émissaire et d'engendrer ainsi une crise de confiance.
Depuis des décennies, il manque cruellement à la France un
chef de l'État au sens le plus noble du terme, autorité morale au-dessus de la
mêlée.
Depuis des décennies, il manque cruellement à la France un
chef de l'État au sens le plus noble du terme, autorité morale au-dessus de la
mêlée, visionnaire, impartial, exemplaire, incarnation du pays, parole de la
Nation et symbole de confiance. Il lui manque aussi un Premier ministre
puissant, autoritaire, responsable de ses choix, capable d'assumer le risque de
profondes réformes. Il lui manque enfin un Parlement respecté, indépendant,
représentatif du pays, expression de la démocratie, chargé de soutenir et de
contrôler la politique du Gouvernement.
Le débat sur la «VIe République» est totalement biaisé: nous
sommes déjà sous une VIe République, fausse imitation du régime américain, qui
n'a strictement plus aucun rapport avec la Ve République du général de Gaulle!
Cette dérive politique, de décennie en décennie, facteur d'indécision,
d'immobilisme, et de fuite dans la posture, explique en partie le décrochage de
la France en Europe et dans le monde. De fait, le bon sens devrait conduire à
un retour aux fondamentaux de la Ve République, à un septennat, rendu non
renouvelable, à un rééquilibrage des pouvoirs, à parts égales entre le chef de
l'État, le Gouvernement et le Parlement. Mais dans l'aveuglement, la béatitude,
l'abêtissement général et la dictature des illusions, qui y songerait?
La rédaction vous conseille
Diplomatie : le néoconservatisme est une doctrine
exclusivement américaine (03.07.2017)
Dans son ouvrage, le géopoliticien Hadrien Desuin n’évite
pas l’écueil de la simplification et traite du sujet avec un regard, hélas,
exclusivement souverainiste.
LE MONDE | 03.07.2017 à 14h57 • Mis à jour le 03.07.2017 à
18h55 | Par Gaïdz Minassian
French
President Emmanuel Macron waits for Indian Prime Minister Narendra Modi, before
their meeting at the Elysee Palace in Paris, France, Saturday, June 3, 2017.
Macron meets Modi as the world reels over Trump's withdrawal from the Paris
climate accord, and as Macron beefs up his diplomatic credibility by meeting
major world leaders. (AP Photo/Kamil Zihnioglu)
LE LIVRE. Dans l’entretien qu’il a accordé le 21 juin à
plusieurs quotidiens européens, Emmanuel Macron a lancé un pavé dans la marre
diplomatique : « Avec moi, ce sera la fin d’une forme de néoconservatisme
importée en France depuis dix ans. » En rompant ainsi avec le « sarkollandisme
», la France aurait pour ambition de sortir d’une décennie de diplomatie
atlantiste. Le géopoliticien Hadrien Desuin dresse un constat équivalent dans
l’ouvrage qu’il vient de publier en apportant toutefois une touche personnelle
qui l’éloigne – hélas – de tout discernement.
S’emparer d’une thématique aussi sensible est un exercice
difficile. La démonstration de cet ancien Saint-Cyrien est d’autant plus
méritoire qu’il n’existe quasiment pas d’ouvrages sur le sujet en France. Mais
aussi salutaire qu’elle puisse être, son initiative ne lui interdit pas
d’éviter la simplification, voire parfois la caricature souverainiste. En
effet, si la lecture est accrocheuse, le ton est souvent excessif et les
conclusions à charge. Bref, seuls les souverainistes devraient se satisfaire de
ce réquisitoire qui prône le retour intégral à l’indépendance des nations
fondée sur le principe de la non-ingérence dans les affaires intérieures des
autres Etats.
Il faut se réjouir de l’existence en France d’un débat
autour des différentes approches en relations internationales. A condition
toutefois de faire preuve de nuances. Placer, par exemple, dans une même
inspiration néoconservatrice toutes les interventions militaires occidentales
depuis dix ans relève au moins de la myopie ; chaque opération armée répondant
à une logique propre et un corpus idéologique différent.
Mais en fait, de quoi parle-t-on au juste ? Peut-on sortir
de ce brouhaha où les partisans du souverainisme voient du « néoconservatisme »
partout ? De même que le gaullo-mitterrandisme est un courant spécifiquement
français, le néoconservatisme...
En savoir plus sur
http://www.lemonde.fr/idees/article/2017/07/03/diplomatie-le-neoconservatisme-est-une-doctrine-exclusivement-americaine_5154917_3232.html
Diplomatie : la politique étrangère de la France n’est pas «
néoconservatrice » (03.07.2017)
Dans une tribune au « Monde », un collectif de spécialistes
estime qu’en passant de Jacques Chirac à Nicolas Sarkozy en 2007, il n’y a pas
eu de rupture diplomatique. Le réalisme est toujours de rigueur dans la
politique étrangère de la France.
LE MONDE | 03.07.2017 à 14h56 • Mis à jour le 03.07.2017 à
18h56 | Par Collectif
« La première séquence diplomatique d’Emmanuel Macron a été
unanimement saluée. Poignée de main virile avec Trump, réception franche de
Poutine à Versailles… Il s’inscrit dans le réalisme dont il se réclamait durant
la campagne » (Emmanuel Macron reçoit Vladimir Poutine au château de
Versailles, le 29 mai).
TRIBUNE. Depuis quelques années, le débat public de
politique étrangère prétend opposer deux camps : d’un côté, le «
gaullo-mitterrandisme » ; de l’autre, une école de pensée qui serait «
atlantiste », « occidentaliste », ou encore « néoconservatrice ». Dans un récit
porté par de nombreuses personnalités, la France aurait abandonné sa tradition
diplomatique en 2007 : il serait urgent de revenir à une politique «
d’équilibre » entre les puissances, que ce soit vis-à-vis de Washington et
Moscou ou au Moyen-Orient, et de cesser un interventionnisme militaire
dangereux. C’est à la fois une reconstruction de l’histoire et une vision
dépassée de notre diplomatie.
Peut-on vraiment dire qu’il y a eu « rupture » en 2007 avec
l’arrivée de Nicolas Sarkozy ? Le général de Gaulle n’a jamais confondu
l’indépendance et le non-alignement, comme on le vit notamment lors de la crise
de Cuba. François Mitterrand avait soutenu le déploiement des Euromissiles, et,
après la fin de la guerre froide, entamé un rapprochement avec l’OTAN. Tous
deux savaient « choisir leur camp ». Jacques Chirac avait tenté une manœuvre de
réintégration de la France dans le commandement militaire de l’Organisation. A
l’inverse, les quinquennats de Nicolas Sarkozy et François Hollande n’ont pas
manqué d’occasions d’agacement vis-à-vis de Washington et de tensions dans la
relation bilatérale.
Avons-nous vraiment changé de politique au Moyen-Orient ?
L’Arabie saoudite est un partenaire privilégié depuis la fin des années 1970,
et nous n’avons jamais eu de bonnes relations avec la République islamique
d’Iran. C’est sous Chirac que notre position « en pointe » sur le dossier
nucléaire fut élaborée.
En France, le réalisme prévaut
Sommes-nous subitement devenus, en 2007, « interventionnistes
» ? Comment alors qualifier la politique de François Mitterrand, qui engagea
trente fois nos forces à l’étranger, de l’Afrique aux Balkans en passant...
En savoir plus sur
http://www.lemonde.fr/idees/article/2017/07/03/diplomatie-la-politique-etrangere-de-la-france-n-est-pas-neoconservatrice_5154914_3232.html
Delphine Allès : « Réinventer une diplomatie autonome » (03.07.2017)
Dans un entretien au « Monde », l’universitaire spécialiste
des relations internationales Delphine Allès analyse l’orientation donnée à la
diplomatie d’Emmanuel Macron
LE MONDE | 03.07.2017 à 15h00 • Mis à jour le 03.07.2017 à
16h05 | Propos recueillis par Gaïdz Minassian
« En revendiquant un héritage gaullo-mitterrandien, Emmanuel
Macron s’inscrit dans une tradition politique consistant à valoriser
l’autonomie de la France dans les relations internationales » (Emmanuel Macron
le 28 juin à l’Elysée).
Professeur en sciences politiques à l’université
Paris-Est-Créteil, Delphine Allès est l’une des meilleures spécialistes des
relations internationales de sa génération en France. Diplômée de Sciences Po,
cette jeune chercheuse travaille sur les conceptions extra-occidentales des
relations internationales.
Dans cet entretien, elle apporte d’utiles éclairages sur la
diplomatie macronienne, qu’elle juge à mi-distance entre approche réaliste et
approche libérale, et revient sur le débat entre néoconservatisme et gaullo-mitterrandisme,
qu’elle considère « incompatibles ». Delphine Allès est l’auteur de plusieurs
dizaines d’articles et d’ouvrages en relations internationales.
Comment analysez-vous les premiers pas du président Emmanuel
Macron sur la scène européenne et internationale ?
Delphine Allès.- Emmanuel Macron arrive en novice sur la
scène internationale. C’est un avantage, car il ne peut être tenu comptable des
contradictions de ses prédécesseurs. Porté par les attentes suscitées par son
élection, il va devoir ne pas surestimer sa capacité à peser sur les
événements. La question se pose au regard de la mise en scène du volontarisme
présidentiel – la poignée de main avec Trump, l’échange avec Poutine, couplés à
ses déclarations détonantes sur la Syrie où il a menacé d’employer
unilatéralement la force tout en revenant sur l’exigence de destitution de
Bachar Al-Assad.
En pratique, il semble vouloir une politique étrangère de
synthèse qui serait le pendant de sa politique intérieure. Conscient que
l’autonomie ne s’acquiert qu’en multipliant les partenaires, il s’est rapproché
de ses alliés naturels (Angela Merkel, Justin Trudeau) tout en engageant un
dialogue qu’il veut égalitaire avec les incontournables chefs d’Etat russe et
américain. Au Mali et au Maroc, il a inscrit l’impératif de lutte contre le
terrorisme dans le contexte plus large de politiques de développement.
De...
En savoir plus sur
http://www.lemonde.fr/idees/article/2017/07/03/delphine-alles-reinventer-une-diplomatie-autonome_5154921_3232.html
Monsieur le Président, maintenir Assad, c’est soutenir le
terrorisme (02.07.2017)
— 2 juillet 2017 à 17:27 (mis à jour à 18:04)
Le président syrien Bachar al-Assad au cours lors d'un
entretien avec l'AFP dans la capitale Damas, le 12 avril, 2017 Handout - Syrian
Presidency Press Office - AFP
Dans une interview donnée à la presse européenne le 21 juin,
Emmanuel Macron ne fait plus du départ de Bachar al-Assad un «préalable à
tout». Une centaine d’intellectuels et de spécialistes de la région réagissent.
Monsieur le
Président, maintenir Assad, c’est soutenir le terrorisme
Dans une interview récente accordée à huit journaux
européens, vous avez rendu public un revirement diplomatique majeur de la
France. Vous avez déclaré, à propos de la Syrie : «Le vrai aggiornamento que
j’ai fait à ce sujet, c’est que je n’ai pas énoncé que la destitution de Bachar
al-Assad était un préalable à tout. Car personne ne m’a présenté son successeur
légitime (1) !» Vous justifiez ce revirement au nom de la lutte contre le
terrorisme. C’est une erreur d’analyse majeure qui non seulement affaiblira la
France sur la scène internationale mais n’endiguera en aucune manière le
terrorisme.
En reconnaissant la légitimité de Bachar al-Assad, alors
même que ses crimes sont largement documentés, vous placez la France dans la position
d’Etat complice. Or, le peuple français ne vous a pas donné le mandat pour
mener cette politique, puisque vous avez fait campagne en défendant des
positions contraires. En réponse aux questions des associations
franco-syriennes, vous aviez notamment affirmé entre les deux tours de
l’élection présidentielle : «Bachar al-Assad a commis des crimes de guerre
contre son peuple. Son maintien au pouvoir ne peut en aucun cas être une
solution pour la Syrie. Il n’y aura pas non plus de paix sans justice et donc
les responsables des crimes commis, notamment les attaques chimiques, devront
en répondre. La France continuera d’agir au Conseil de sécurité en ce sens,
malgré l’obstruction systématique d’un des membres permanents (2).»
La diplomatie française s’est jusqu’ici distinguée par une
ligne politique cohérente en condamnant explicitement le régime criminel de
Bachar al-Assad. Les preuves ne cessent de s’accumuler (3) et plus de 90 % des
victimes civiles en Syrie sont le fait du régime et non de l’insurrection
syrienne, du PYD kurde (branche syrienne du PKK) ou même de l’Etat islamique
(4). Vous déclarez vouloir poser deux lignes rouges : «les armes chimiques et
l’accès humanitaire». Celles-ci ont été franchies depuis longtemps en toute
impunité. Vous en excluez d’autres : bombardements des populations civiles,
tortures et incarcérations de masse, y compris d’enfants, sièges de villes et
de quartiers qui affament les populations, enrôlements forcés, etc. Ces
exactions sont tout autant inacceptables.
Vous renoncez à l’exigence de justice que vous aviez
affirmée au nom d’un prétendu réalisme selon lequel il n’y aurait pas
d’alternative à Assad. Vous ajoutez que «la démocratie ne se fait pas depuis
l’extérieur à l’insu des peuples». Vous validez ainsi la thèse du régime syrien
selon laquelle ce n’est pas le peuple qui aspirerait à la démocratie mais des
puissances extérieures qui tenteraient de la lui imposer. La Syrie n’est pas
l’Irak, il ne s’agit en aucun cas «d’exporter la démocratie». La révolution
syrienne débute dans le contexte des «printemps arabes» et n’est pas le fait
d’une invasion occidentale. C’est justement pour obtenir la démocratie par
lui-même que le peuple syrien s’est levé contre Assad. S’il y a ingérence,
c’est plutôt parce que la Russie et l’Iran s’obstinent à entraver son droit à
l’autodétermination. Votre propos porte en lui l’infantilisation de tout un
peuple : vous n’envisagez pas qu’il puisse désigner lui-même un successeur
légitime à Assad.
Quoi pourtant de plus illégitime qu’un dictateur qui
pratique le gazage des populations civiles, l’usage des barils d’explosifs, les
exécutions sommaires, le viol collectif des femmes et des enfants, la
destruction intentionnelle des hôpitaux et des écoles ? Vous affirmez :
«Bachar, ce n’est pas notre ennemi, c’est l’ennemi du peuple syrien.» En
réalité, Bachar al-Assad n’est pas uniquement l’ennemi du peuple syrien : il
est l’ennemi de l’humanité tout entière. Non seulement du fait de ses crimes
contre l’humanité, mais aussi parce qu’il est l’un des premiers responsables de
la montée en puissance de Daech qui s’attaque à la France et au reste du monde.
Votre solution n’est pas nouvelle et aligne la diplomatie
française sur les positions américaine et russe : au nom de la lutte
antiterroriste, donner un blanc-seing au régime et cautionner l’élimination de
la rébellion issue des manifestations pacifiques de 2011. L’échec de cette
stratégie engagée par Barack Obama à partir de 2013 est pourtant patent. C’est
bien l’abandon de l’insurrection par l’Occident qui a donné à des groupes
jihadistes l’occasion de prospérer dans une partie de la Syrie. C’est pourquoi
la perpétuation de cette configuration ne laisse d’autre alternative à ceux qui
s’opposent au régime que l’exil, la mort ou le rapprochement avec les groupes
les plus radicaux.
Assad n’est pas l’ennemi du terrorisme, il en est le
promoteur. Le régime ne s’est pas contenté de créer le chaos permettant la
prolifération de groupes jihadistes : il a adopté une stratégie délibérée et
active consistant à faciliter leur implantation sur le territoire et à éliminer
dans le même temps les franges les plus démocratiques de l’insurrection. Il a
libéré en 2011 de sa prison de Saidnaya des centaines de jihadistes. Puis, avec
le concours de ses alliés, il a systématiquement bombardé et attaqué les zones
tenues par les rebelles et non pas celles tombées sous le contrôle de l’Etat
islamique.
Vous avez déclaré que vous ne voulez pas d’un «Etat failli».
Or, il l’est déjà. Le régime de Damas, désormais sous tutelle étrangère,
n’assure plus les missions régaliennes d’un Etat et ne contrôle plus son
territoire : l’armée est suppléée au combat par des milices ou des forces
armées étrangères omniprésentes, un quart de la population syrienne est exilée,
les zones insurgées qui demeurent libérées sont gérées de façon autonome (par
exemple, les soins et l’aide alimentaire y sont assurés soit par les ONG
internationales soit par les populations locales).
Il existe des alternatives à Bachar al-Assad en Syrie.
L’insurrection issue des groupes qui ont manifesté pacifiquement en 2011 pour
la fin de la dictature continue de résister. Daraya, Douma, Alep, Deir Ezzor,
Raqqa, Homs, Deraa, Idleb et bien d’autres villes insurgées ont mis en place
leurs propres conseils locaux et ont organisé des élections pour leur gestion.
Ce sont ces expériences démocratiques qui constituent le véritable terreau pour
que puisse émerger une transition politique.
Quant à lui, par la voix du journal du parti Baath, le
régime de Damas a d’ores et déjà instrumentalisé vos propos pour valider sa
thèse officielle du complot terroriste fomenté par l’Occident en déclarant :
«Après l’échec de tous les paris sur les mouvements terroristes pour porter
atteinte à l’Etat patriotique syrien, après l’échec du complot ourdi par les
soutiens du terrorisme et ses créateurs, après le retour du terrorisme à la
gorge de ses créateurs, les pays occidentaux commencent à faire volte-face et à
changer leur position sur la crise syrienne, afin de trouver une nouvelle
posture pour sauver la face (5).» Cela ne fait que confirmer qu’il n’y a pas de
négociation possible avec un tel régime. La seule solution de sortie du conflit
en Syrie est politique et doit se faire sans Bachar al-Assad.
Monsieur le Président, une realpolitik digne de ce nom,
c’est d’admettre que, s’il n’est pas une condition suffisante pour lutter
efficacement contre le terrorisme, le départ de Bachar al-Assad est du moins
une condition absolument nécessaire.
(3) Entre autres : dossier «César», rapports d’Amnesty
International, rapports de Human Rights Watch, témoignages et livres de
nombreux Syriens, qu’ils soient en exil ou encore en Syrie.
(4) Syrian
Network for Human Rights (mars 2017) : «207 000 Civilians Have Been Killed
Including 24 000 Children and 23 000 Females ; 94 % of the Victims Were Killed
by the Syrian-Iranian-Russian Alliance» ; ou Violation Documentation Center in
Syria : Monthly Statistical Report on Victims.
(5) «La presse officielle de Damas salue la
"volte-face" de Macron», Courrier international, 23 juin.
Les membres du comité Syrie-Europe, après Alep :
Racha Abazied Association Syrie moderne démocratique laïque
Hala Alabdalla Cinéaste syrienne Adam Baczko Doctorant en science politique à
l’EHESS Patrice Barrat Fondateur de l’ONG Bridge Initiative International,
producteur de l’émission Syrie maintenant Jonathan Chalier Secrétaire de
rédaction, revue Esprit Catherine Coquio Professeure de littérature, université
Paris-Diderot Frédérik Detue Maître de conférences, université de Poitiers Marc
Hakim Médecin hospitalier Santé publique Joël Hubrecht Juriste Sarah Kilani
Médecin anesthésiste-réanimateur hospitalier et auteure d’articles sur le
conflit syrien Charlotte Lacoste Maître de conférences, université de Lorraine
Véronique Nahoum-Grappe Anthropologue, EHESS Claire A. Poinsignon Journaliste
indépendante Manon-Nour Tannous Docteure en relations internationales,
spécialiste des relations franco-syriennes, ATER au Collège de France David
Tuaillon Traducteur et dramaturge Nadine Vasseur Auteur Caroline Zekri Maître
de conférences, université Paris-Est-Créteil.
Les autres signataires :
Zakaria Abdelkafi Photographe, correspondant de l’AFP Nadia
Leïla Aïssaoui Sociologue Maria al-Abdeh Chercheure et directrice exécutive de
Women Now for Development, Paris Majd al-Dik, Khalil al-Haj Saleh Intellectuel
et traducteur syrien Yassin al-Haj Saleh Intellectuel syrien Maabad al-Hassoun
Intellectuel syrien Fatima Ali Artiste et doctorante à Paris-X Zahra Ali
Chercheure au SOAS et à l’Ifpo Moustapha Aljarf Auteur, réfugié syrien Zaid
Alkintar Directeur informatique, militant pour les droits humains Janine
Altounian Auteure et psychanalyste Joseph Bahout Politologue spécialiste du
Moyen-Orient, chercheur au Carnegie Endowment, Washington DC Faraj Bayrakdar
Poète syrien Robin Beaumont Doctorant en science politique à l’EHESS Souhaïl
Belhadj Chercheur au Center on Conflict, Development and Peacebuilding de
l’IHEID à Genève Yohanan Benhaim Doctorant en science politique à l’université
Paris-1 Panthéon-Sorbonne Cécile Boëx Maître de conférences, EHESS Nathalie
Bontemps Ecrivaine et traductrice Hamit Bozarslan Historien, directeur d’études
à l’EHESS Edith Bouvier Journaliste, auteure de Chambre avec vue sur la guerre
Tal Bruttmann Historien François Burgat Politiste, CNRS, Iremam Manuel
Cervera-Marzal Sociologue, Archipel des devenirs Géraldine Chatelard Chercheure
spécialiste du Moyen-Orient Sophie Cluzan Archéologue spécialiste de la Syrie,
conservateur du patrimoine Leyla Dakhli Spécialiste du Moyen-Orient et du
Maghreb, chercheure CNRS au Centre Marc-Bloch Sonia Dayan-Herzbrun Professeure
émérite en sociologie politique, université Paris-Diderot Delphine de Boutray
Metteure en scène Gilles Dorronsoro Professeur de Science politique, membre
sénior de l’IUF Sakher Edris Journaliste syrien, membre fondateur du Working
Group for Syrian Detainees Jean-Pierre Filiu Professeur, Sciences-Po Thibaud Fournet
Ingénieur de recherche au CNRS, architecte, archéologue Mike Gadras Doctorant
en sciences de l’éducation, université Paris-13 Claire Gallien Maître de
conférences, université Paul-Valéry Montpellier-3, CNRS Xavier Garnier
Professeur, université Sorbonne Nouvelle - Paris-3 Vincent Geisser Chercheur au
CNRS, Institut de recherches et d’études sur le monde arabe et musulman Antoine
Germa Scénariste Hélène Gorkiewiez Avocate, barreau de Paris Antonin Grégoire
Chercheur en sociologie et Nadia Meziane Auxiliaire de vie scolaire, pour
l’association Mémorial 98 Agnieszka Grudzinska Historienne, université
Paris-Sorbonne Nacira Guénif Sociologue, université Paris-8 Vanessa Guéno
Chercheure à l’Ifpo, antenne d’Amman, Jordanie Omar Guerrero Psychologue
clinicien et psychanalyste, Centre Primo-Levi Raphaëlle Guidée Maître de
conférences, université de Poitiers Moiffak Hassan Consultant pétrolier et
trésorier de Souria Houria Isabelle Hausser Ecrivaine Fares Helou Acteur syrien
Joël Jovet Militant des droits de l’homme Shiyar Khalil Journaliste syrien,
membre fondateur du Working Group for Syrian Detainees Stéphane Lacroix
Professeur associé, Sciences-Po-Ceri Bérénice Lagarce-Othman Egyptologue,
chercheure associée à Paris-IV et à l’Ifpo Jacques LagarceArchéologie de la
Syrie, retraité du CNRS, Gérard Lauton, universitaire, syndicaliste, Garance Le
Caisne Journaliste indépendante, auteure de Opération César, au cœur de la
machine de mort syrienne Olivier Lepick Chercheur associé à la Fondation pour
la recherche stratégique et spécialiste des armes chimiques Agnès Levallois
Consultante spécialiste du Moyen-Orient et de la Syrie, vice-présidente de
l’Iremmo Camille Louis Philosophe et dramaturge, universités Paris-8 et Paris-7
Ziad Majed Politiste, spécialiste du Moyen-Orient et de la Syrie, universitaire
Farouk Mardam-Bey Editeur, écrivain et président de Souria Houria Claude Marill
Militant syndicaliste et humanitaire Philippe Marlière Politiste University
College London
Sarah Mazouz Sociologue Ined
Franck Mermier Anthropologue spécialisé sur le monde arabe,
directeur de recherche au CNRS
Barbara Métais-Chastanier Maître de conférences et
dramaturge, université d’Albi
Hélène Michalak Consultante indépendante
Samira Mobaied Chercheure en écologie
Olivier Mongin Editeur et écrivain Sarah MoonPhotographe et
cinéaste, Michel Morzières, Militant associatif,
Boris Najman Maître de conférences, université
Paris-Est-Créteil Ali Othman Archéologue, conservateur du patrimoine
Marie Peltier Historienne
Thomas Pierret Senior Lecturer, université d’Edimbourg
Pauline Piraud-Fournet Archéologue au Proche-Orient, chercheure contractuelle
au CNRS
Jean-Yves Potel Ecrivain Pierre Puchot Ecrivain et
journaliste spécialiste du Moyen-Orient
Arthur Quesnay Doctorant en science politique à l’université
Paris-1 Panthéon-Sorbonne
Martin Rass Maître de conférences, université de Poitiers
Candice Raymond Historienne, université Paris-1
Tiphaine Samoyault Auteure et professeure à l’université
Paris-3
Annie Sartre-Fauriat Historienne de la Syrie gréco-romaine,
professeure des universités émérite
Maurice Sartre Historien de la Syrie, université de Tours
Leïla Seurat Spécialiste du Moyen-Orient, postdoctorante à
l’Iremam
Béatrice Soulé Réalisatrice et directrice artistique
Alexis Tadié Professeur à l’université de Paris-Sorbonne
Etienne Tassin Professeur de philosophie, université
Paris-Diderot
Pierre Tevanian Professeur de philosophie, collectif Les
mots sont importants Sylvie Tissot Sociologue, université Paris-8
Laetitia Tura Photographe et réalisatrice Les membres de la
revue Vacarme
Anaïs Vaugelade Auteure et éditrice
Dominique Vidal Journaliste et historien Leïla Vignal
Géographe spécialiste du Moyen-Orient, université d’Oxford
Lise Wajeman Enseignante-chercheure
Emmanuel Wallon Professeur de sociologie politique,
université Paris-Nanterre
Frédéric Worms Philosophe, professeur à l’ENS
Samar Yazbek Journaliste et écrivaine.
Syrie. La presse
officielle de Damas salue la “volte-face” de Macron (23.06.2017)
Dans un entretien accordé à plusieurs journaux européens,
publié le 22 juin, Emmanuel Macron a assuré que la destitution de Bachar
El-Assad n’était pas un préalable à la résolution du conflit syrien. Un
revirement de la diplomatie française remarqué par le régime en Syrie.
“Les pays occidentaux commencent à faire volte-face et à
changer leur position sur la crise syrienne”, titre Al-Baath ce 22 juin. Le
journal du parti Baas de Bachar El-Assad réagit ainsi aux propos tenus par
Emmanuel Macron sur la crise syrienne. Le chef d’État français a affirmé, dans
une interview accordée à huit journaux européens :
Et il y a la Syrie. Sur ce sujet, ma conviction profonde,
c’est qu’il faut une feuille de route diplomatique et politique. On ne réglera
pas la question uniquement avec un dispositif militaire. C’est l’erreur que
nous avons collectivement commise. Le vrai aggiornamento que j’ai fait sur ce
sujet, c’est que je n’ai pas énoncé que la destitution de Bachar El-Assad était
un préalable à tout. Car personne ne m’a présenté son successeur légitime !”
Le président français a établi ses priorités sur le sujet :
la lutte contre les groupes terroristes, la stabilité de l’État syrien,
l’interdiction des armes chimiques, la protection de l’aide humanitaire et le
respect des minorités en Syrie. Le journal Al-Baath retient en particulier deux
aspects de la position d’Emmanuel Macron, qu’il résume ainsi : “pas
d’alternative au Président Assad et nous ne pouvons pas exporter la démocratie
à l’étranger.”
Le quotidien syrien salue cette évolution de la diplomatie
française, qui jusqu’ici faisait d’un départ de Bachar El-Assad un préalable à
toute résolution du conflit :
"Après l’échec de tous les paris sur les mouvements
terroristes pour porter atteinte à l’État patriotique syrien, après l’échec du
complot ourdi par les soutiens du terrorisme et ses créateurs, après le retour
du terrorisme à la gorge de ses créateurs, les pays occidentaux commencent à
faire volte-face et à changer leur position sur la crise syrienne, afin de
trouver une nouvelle posture pour sauver la face.”
Syrie. Les avions de la coalition dans le viseur des forces russes
En écartant le départ d'Assad, l'Elysée choque les opposants
syriens (22/06/2017)
Annonçant un «aggiornamento» de la politique française sur
la Syrie, le président français Emmanuel Macron écarte officiellement l’idée
d’un départ de Bachar el-Assad. Une position qui va de pair avec une volonté
affichée de pactiser avec la Russie
Au sein de l’opposition syrienne à Bachar el-Assad, c’est la
consternation. Dans l’interview qu’il a accordée mercredi à plusieurs journaux
étrangers, dont Le Temps, le président français, Emmanuel Macron, a explicité
les lignes de force qui guideront sa politique étrangère, laissant une très
vaste place à la Syrie, comme si ce thème constituait en réalité le cœur même
de l’entretien.
A lire : l'interview d'Emmanuel Macron au Temps
Evoquant un «aggiornamento», le chef de l’Elysée a écarté
l’idée que «la destitution de Bachar el-Assad était un préalable» à une
solution en Syrie. La fin d’un retournement complet pour la France qui, jusqu’à
il y a peu, était encore parmi les rares Etats à réclamer avec véhémence le
départ du président syrien.
«Digne de Donald Trump»
La déception est d’autant plus grande pour les opposants
syriens que, au cours de la campagne présidentielle française, Macron
apparaissait pratiquement comme le seul candidat (avec Benoît Hamon) à défendre
une ligne ferme sur cette question. Aussi bien François Fillon que Jean-Luc
Mélenchon ou Marine Le Pen avaient démontré une grande compréhension à l’égard
de la Russie, alliée du régime de Damas. Mercredi, le nouveau président français
se plaisait à souligner, lui aussi, des «convergences» avec le président russe,
Vladimir Poutine, et disait partager avec lui deux priorités en regard de la
guerre syrienne: combattre le terrorisme et éviter que la Syrie ne «devienne un
Etat failli».
Comme d’autres, Salam Kawakibi, chercheur en sciences
politiques et directeur adjoint de l’Arab Reform Initiative établi à Paris,
n’en revient pas: «La Syrie est un Etat failli depuis très longtemps, depuis
bien avant le déclenchement de la révolution [dont la répression a conduit à la
guerre]. Ici, il n’y a pas d’Etat, mais un régime dictatorial qui s’est
approprié du pouvoir et des ressources. Tout cela, c’est le b.a.-ba de la
situation.»
Une phrase a particulièrement choqué ceux qui se battent
pour un changement de régime et qui y voient la seule option pour mettre fin à
la guerre. Emmanuel Macron en convenait: «Bachar el-Assad est l’ennemi du
peuple syrien.» Mais il ajoutait, en parlant de la France: «Il n’est pas notre
ennemi.» «Venant d’un Etat qui se proclame un pays de valeurs, c’est une
insulte à l’égard du peuple syrien», affirme Salam Kawakibi, qui fut aussi le
directeur de l’Institut français du Proche-Orient à Alep. «Cette manière de
faire la distinction entre les intérêts de la France et la défense des droits
de l’homme est digne de Donald Trump.»
Privilégier la lutte contre le terrorisme
Vis-à-vis de la Syrie, la France avait déjà entamé un virage
notable, à la suite des attentats qui l’ont frappée et qui l’ont amenée à
privilégier la lutte contre le terrorisme au-delà de toute autre considération.
Dans l’achèvement de cette volte-face, certains voient la patte d’Hubert
Védrine, l’ancien ministre des Affaires étrangères, qui prône la «realpolitik»
vis-à-vis de Damas et surtout de son protecteur russe.
Peu avant qu’Emmanuel Macron accorde ce premier entretien
depuis le début du quinquennat, son ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves
Le Drian, faisait assaut d’amabilité lors d’une visite à Moscou, appelant à
renouer les liens entre les deux pays et à travailler ensemble «dans un esprit
de confiance».
Dans l’immédiat, Emmanuel Macron a insisté sur le fait
qu’une destitution de Bachar el-Assad était d’autant plus difficile à envisager
que «personne ne m’a présenté son successeur légitime». Une formule qui laisse
planer le doute sur la pertinence, aux yeux des responsables français, de
poursuivre les discussions qui se tiennent à Genève depuis un lustre afin,
principalement, de mettre en place une «transition politique». Ces discussions
regroupent le pouvoir de Damas et une opposition qui, jusqu’ici, était
considérée précisément comme «légitime» par ses soutiens internationaux, dont
la France.
Deux lignes rouges
Comme il l’avait déjà fait lors de sa rencontre avec
Vladimir Poutine en avril, Emmanuel Macron a établi deux «lignes rouges» à ne
pas dépasser dans le conflit syrien, sous peine de représailles françaises:
l’utilisation d’armes chimiques et l’accès de l’aide humanitaire. On estime que
les armes chimiques ont causé la mort de quelque 2000 personnes en Syrie.
«C’est une mascarade», tempête Salam Kawakibi, en évoquant le chiffre d’un
demi-million de morts dus aux bombes du régime.
Quant à l’accès de l’aide humanitaire dans les zones
assiégées par l’armée syrienne et ses milices, il concerne au moins 600 000
personnes, et il est rendu impossible, depuis des mois, par les «empêchements
bureaucratiques, le manque de permis et d’autorisations délivrés par le
gouvernement», détaillait la semaine dernière le responsable de l’ONU Jan
Egeland.
Syrie : Poutine, Bachar el-Assad, Daech... le virage
diplomatique à 180° d'Emmanuel Macron (22.06.2017)
Par Bruno Rieth
Publié le 22/06/2017 à 18:55
Dans un entretien accordé à huit journaux européens,
Emmanuel Macron expose les grandes lignes de ce que sera sa diplomatie :
rapprochement avec la Russie, lutte contre l'Etat islamique comme objectif principal,
nécessité de "la stabilité de la Syrie". Autant de positions qui
détonnent avec les hésitations d'un François Hollande.
C'est bien plus qu'un entretien, c'est une véritable feuille
de route qui fait table rase du passé. Emmanuel Macron, tout juste installé
dans son fauteuil de président de la République, a décidé de ne pas perdre de
temps sur le dossier syrien. Dans un entretien donné à huit quotidiens
européens dont Le Figaro et Le Temps, publié ce jeudi 22 juin, le chef de
l'Etat s'exprime longuement sur ses aspirations européennes, la diplomatie
française et la place de la France dans un monde redevenu multipolaire. Et d'y
assumer un véritable tournant diplomatique sous le signe de la
"realpolitik" en ce qui concerne la crise politique et militaire qui
secoue le Moyen-Orient.
Sur l'analyse d'abord, Emmanuel Macron pose un constat clair
et précis (et nécessaire) sur les raisons qui ont vu la Russie devenir
incontournable en Syrie. "Les Etats-Unis ont fixé des lignes rouges mais
ont fait le choix in fine de ne pas intervenir. Qu’est-ce qui a affaibli la
France ? De définir politiquement une ligne rouge et de ne pas en tirer les
conséquences. Et qu’est-ce qui a du coup libéré Vladimir Poutine sur d’autres
théâtres d’opérations ? Le fait d’avoir constaté qu’il avait face à lui des
gens qui avaient des lignes rouges mais ne les faisaient pas respecter",
explique le chef de l'Etat. Ce qui le conduit, une fois ce constat posé, à
penser une stratégie diplomatique et politique dégagée des erreurs du passé pour
être la plus utile aux intérêts français.
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Emmanuel Macron défend un rapprochement avec la Russie
"Je respecte Vladimir Poutine. J’ai eu avec lui un
échange constructif. Nous avons de vrais désaccords, sur l’Ukraine en
particulier, mais il a vu aussi ma position", poursuit le président,
rappelant ainsi que la Russie est un partenaire de la France tout en actant les
désaccords existants. De quoi faire rougir un François Hollande ou un Jean-Marc
Ayrault qui en appelaient en permanence à des "sanctions" contre legéant Russe. Puis, Emmanuel Macron lâche : "Il y a la Syrie. Sur ce sujet,
ma conviction profonde, c’est qu’il faut une feuille de route diplomatique et
politique. On ne réglera pas la question uniquement avec un dispositif
militaire. C’est l’erreur que nous avons collectivement commise. Le vrai
aggiornamento que j’ai fait à ce sujet, c’est que je n’ai pas énoncé que la
destitution de Bachar el-Assad était un préalable à tout. Car personne ne m’a
présenté son successeur légitime !" Une déclaration qui tranche
radicalement avec la position qui a longtemps servi de boussole au ministère
des Affaires étrangères. Pour rappel, en 2012, Laurent Fabius, alors le patron
du Quai d'Orsay, tonnait contre un "M. Bachar el-Assad (qui) ne mériterait
pas d'être sur la Terre", estimant que "le régime syrien devait être
abattu et rapidement".
Interrogé fin 2012 sur TV5 Monde sur la position de la
France par rapport au groupe djihadiste Front Al Nosra (aujourd'hui rebaptisé
Front Fatah al-Cham), Laurent Fabius répétait le "souhait" de la
France de voir "Monsieur Bachar" tomber. Une ligne de conduite que
Jean-Marc Ayrault, son successeur, poursuivra à son tour avant que François
Hollande, après les attentats du 13 novembre, décide d'amorcer un rapprochement
avec la Russie et le régime de Bachar el-Assad pour lutter efficacement contre
l'EI.
Mais revenons à l'entretien, Emmanuel Macron, affirme ainsi
les objectifs de la France en Syrie. "Un : la lutte absolue contre tous
les groupes terroristes. Ce sont eux, nos ennemis. C’est dans cette région
qu’ont été fomentés des attentats terroristes et que se nourrit l’un des foyers
du terrorisme islamiste. Nous avons besoin de la coopération de tous pour les
éradiquer, en particulier de la Russie", rappelant ainsi un certain…
Jean-Luc Mélenchon lors de la campagne présidentielle.
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La stabilité de la Syrie plutôt que le départ de Bachar el-Assad
Puis, le chef des armées défend la nécessité de "la
stabilité de la Syrie, car je ne veux pas d’un Etat failli. Avec moi, ce sera
la fin d’une forme de néoconservatisme importée en France depuis dix ans. La
démocratie ne se fait pas depuis l’extérieur à l’insu des peuples. La France
n’a pas participé à la guerre en Irak et elle a eu raison. Et elle a eu tort de
faire la guerre de cette manière en Libye. Quel fut le résultat de ces
interventions ? Des Etats faillis dans lesquels prospèrent les groupes
terroristes. Je ne veux pas de cela en Syrie." Une position qui pourrait
être inspiré par l'ancien ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine selon
le chercheur Frédéric Pichon et le grand reporter Georges Malbrunot.
Frédéric Pichon
@Fred_Pichon
L'entretien très védrinien d'Emmanuel #Macron
https://www.letemps.ch/monde/2017/06/21/emmanuel-macron-leurope-nest-un-supermarche-leurope-un-destin-commun
…
2:29 PM - 22 Jun 2017
Georges Malbrunot ✔
@Malbrunot
XIV- On croit entendre Hubert Védrine qui conseille parfois
le jeune président qui pourrait avoir remis notre diplomatie sur les rails.
4:22 PM - 22 Jun 2017
Et qui rapproche de facto les objectifs de la France de ceux
de Vladimir Poutine : empêcher que l'Etat syrien de s'effondre. D'ailleurs plus
loin, Emmanuel Macron analyse très justement les raisons du soutien de la Russie
à Bachar el-Assad : "Je ne crois pas que [Vladimir Poutine] ait une amitié
indéfectible à l’égard de Bachar el-Assad. Il a deux obsessions : combattre le
terrorisme et éviter l’Etat failli. C’est pour cela que sur la Syrie des
convergences apparaissent. Longtemps nous avons été bloqués sur la personne de
Bachar el-Assad. Mais Bachar, ce n’est pas notre ennemi, c’est l’ennemi du
peuple syrien (…) Que peut-on faire ? Réussir à travailler ensemble sur la
Syrie pour lutter contre le terrorisme et déboucher sur une vraie sortie de
crise."
Un entretien étonnant et détonnant qui a le mérite de tirer
les leçons des errances diplomatiques françaises sur le dossier syrien. Et qui
laisse entrevoir la possibilité pour la France de revenir sur le devant de la
scène internationale. Affaire à suivre.
Syrie : monsieur le Président, ne tombez pas dans le piège de Vladimir Poutine à Versailles (28/05/2017)
Par Bassma Kodmani, Directrice exécutive de l’Arab Reform Initiative et membre de la délégation de l’opposition syrienne pour les négociations de paix — 28 mai 2017 à 10:28
Les ruines de la cathédrale arménienne des Quarante-Martyrs, à Alep, le 9 décembre. Photo George Ourfalian. AFP
La politologue Bassma Kodmani interpelle Emmanuel Macron en lui demandant de ne pas oublier les civils, toujours pris au piège de la guerre en Syrie, lors de sa rencontre lundi avec le président russe.
Monsieur le Président, souvenez-vous du 14 juillet 2008. Alors chef de l’Etat, Nicolas Sarkozy tentait de relancer les relations franco-syriennes en recevant avec les honneurs le président syrien Bachar al-Assad, venu présider les cérémonies de la fête nationale. La présence du dictateur syrien à la tribune présidentielle au pied des Champs-Elysées laisse aujourd’hui encore une marque indélébile sur le quinquennat de Nicolas Sarkozy, tant Bachar al-Assad a réduit la Syrie en cendre ces six dernières années.
Votre rencontre avec le président russe Vladimir Poutine lundi au Grand Trianon de Versailles est, elle aussi, hautement symbolique et susceptible de laisser une impression durable en France comme à l’étranger. Vous avez mis la Syrie à l’ordre du jour de votre première rencontre avec un chef d’Etat étranger et cela vous honore. Mais soyez assuré que votre invité tentera surtout de faire de cette visite en grande pompe à Versailles, un triomphe de communication dont les médias russes ne perdront pas une image.
Monsieur le Président, lorsque vous vous retrouverez en tête à tête avec votre homologue russe, souvenez-vous d’Alep. N’oubliez pas les millions de Syriens toujours pris au piège du conflit, qui attendent de trouver protection et aide humanitaire en l’absence d’une solution politique, tenue à distance par la stratégie de guerre totale menée par le régime syrien et son allié russe.
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Depuis le début de son intervention armée en septembre 2015, la Russie s’est illustrée par son soutien militaire aux crimes de guerre du régime syrien. L’aviation russe continue à bombarder sans discernement différentes localités syriennes. À coup de veto, Moscou sape tous les efforts diplomatiques au Conseil de Sécurité susceptibles d’améliorer le sort des civils.
J’étais à Genève la semaine dernière pour la sixième série des négociations de paix sous l’égide des Nations unies, en tant que membre de la délégation de l’opposition syrienne. J’y ai une nouvelle fois constaté comment Vladimir Poutine cherche à imposer les seuls pourparlers d’Astana, où la Russie n’a à traiter qu’avec l’Iran et la Turquie.
Au début du mois, ces trois puissances se sont accordées, dans la capitale kazakhe, sur l’établissement de quatre zones de «désescalade», qui suscitent de nombreuses interrogations et ne présentent pour l’heure aucune garantie de protection ou d’accès humanitaire pour les civils. Si des millions de personnes pourraient potentiellement bénéficier de zones de désescalade, il revient à la France et à ses partenaires de modifier la proposition faite à Astana pour en faire un véritable outil d’action internationale au service des négociations de Genève. Pour fonctionner, les zones de désescalade doivent être dotées d’un système de surveillance international et garantir l’arrêt des déplacements forcés de populations qui se sont accélérés à un rythme effréné ces derniers mois.
Pendant la campagne présidentielle, vous avez dit vouloir remettre la France au centre du jeu diplomatique. La France bénéficie d’une position forte et a été depuis le début au premier plan des efforts pour une résolution politique du conflit. Vous avez aujourd’hui un rôle décisif à jouer pour que la sécurité de tous les Syriens soit garantie, condition indispensable à une solution politique viable et une lutte efficace contre le terrorisme en Syrie.
Monsieur le Président, ne faites pas du Grand Trianon le 14 juillet 2008 de votre quinquennat : ne signez pas de chèque en blanc à Vladimir Poutine à Versailles. Vous risqueriez de tomber dans le piège du Kremlin et de perdre la confiance de vos partenaires les plus proches.
Bassma Kodmani Directrice exécutive de l’Arab Reform Initiative et membre de la délégation de l’opposition syrienne pour les négociations de paix
Jean-Yves Le Drian et ses nouveaux horizons diplomatiques (26/05/2017)
Publié le 26 mai 2017 à 09h59
Par Christophe Boisbouvier
Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le
Drian, a prévenu que la lutte contre le terrorisme resterait l’une de ses
priorités au Quai d'Orsay, comme lorsqu'il était à la tête du ministère de la
Défense. Reste à savoir s’il tentera la même approche que sur le continent.
L’homme est taiseux et se méfie de la presse. « Je suis une tombe
», répond-il souvent, un sourire en coin, aux indiscrets qui sollicitent une
confidence. Pourtant, un soir d’octobre 2014, dans un avion qui le ramenait de
Bamako à Paris, il s’est lâché un peu.
À la question : « Vous venez de dîner avec le président
malien et vous avez sans doute parlé de l’affaire Tomi [du nom du magnat corse
du jeu qui était alors en cour à Bamako], non ? », il nous a répondu : « J’ai
le regard du naïf. Je flirte, mais je ne couche pas. Je sais très bien comment
[les présidents africains] peuvent m’amener à… Je reste dans mon périmètre de
ministre. »
Jean-Yves Le Drian, c’est un petit-fils de docker breton
d’une grande prudence. Avec le Tchadien Idriss Déby, le Nigérien Mahamadou
Issoufou ou le Malien Ibrahim Boubacar Keïta, le président de la région
Bretagne sait jusqu’où créer une relation de confiance sans se compromettre. Du
grand art.
Rescapé du quinquennat Hollande
Il a effectué un quasi-sans-faute à la tête des armées
françaises. Les très longs applaudissements de tout l’état-major lors de sa
dernière cérémonie de vœux, en janvier, à Paris, en témoignent.
Ses qualités ? D’abord, un pragmatisme à rebours de toutes
les positions dogmatiques du Parti socialiste – dont il est issu –, d’où son
choix anti-Hamon et pro-Macron avant le premier tour de la présidentielle. Une
décision qui lui vaut aujourd’hui d’être l’un des seuls rescapés du quinquennat
Hollande, avec Annick Girardin, dans le premier gouvernement Macron.
Un marchand breton d’aliments pour bétail raconte : « Quand
il était député-maire de Lorient et qu’une grève des dockers ou des cheminots
bloquait mes livraisons de céréales, je l’appelais discrètement et il donnait
des consignes pour que mes marchandises passent. »
Pas bavard, toujours à la recherche du mot juste, l’ancien
professeur agrégé d’Histoire de l’université de Rennes ne promet que ce qu’il
peut réaliser. En Bretagne, on dit de lui qu’« il est carré ».
Le meilleur ministre de la Défense pour Serge Dassault
Autre atout, sa ténacité. À la Défense, il a gagné deux
batailles. D’abord celle du budget de son ministère. Après les attentats de
2015 en France, il a « sauvé » 28 000 emplois dans les armées.
Ensuite, grâce aux commandes d’avions Rafale par l’Égypte,
le Qatar et l’Inde et à l’achat de sous-marins par l’Australie, le socialiste a
triplé les prises de commandes par rapport à 2012, la dernière année du
quinquennat Sarkozy. Ce qui fait dire à l’industriel Serge Dassault, un
sénateur de la droite française, qui fabrique les Rafale : « C’est le meilleur
ministre de la Défense qu’on ait jamais eu. »
Le Drian restera-t-il le « ministre de l’Afrique », comme le
surnomme la presse parisienne depuis quatre ans ? Pas sûr. Désormais, il
passera beaucoup plus de temps à Bruxelles ou à New York qu’à Dakar ou à
N’Djamena.
Et Sylvie Goulard, la nouvelle ministre des Armées, sera
nécessairement la partenaire régulière des chefs d’État du G5, l’alliance
militaire qui regroupe la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le
Tchad.
Priorité à la lutte antiterroriste
Mais Le Drian prévient : la lutte antiterroriste sera l’une
des priorités de sa politique étrangère. « Je vais poursuivre d’une autre
manière le combat pour la sécurité des Français », a-t-il déclaré le 17 mai,
lors de la passation des pouvoirs au Quai d’Orsay.
Dans la continuité de ce qu’il a fait depuis cinq ans, la
construction d’une Europe de la défense sera aussi l’un de ses objectifs
communs avec Sylvie Goulard. L’homme, qui aura 70 ans le 30 juin, pensait sans
doute partir tranquillement à la retraite. C’est raté.
Pendant les cinq ans où il a sillonné le continent et le Moyen-Orient, le Breton a développé une diplomatie personnelle, « à l’africaine
», qui lui a plutôt réussi. Va-t-il tenter la même approche avec ses homologues
américains, russes ou chinois ? À suivre.
Réputé pour sa ténacité, il a effectué un quasi-sans-faute à
la tête des armées françaises.
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