31 juillet 2017

Francophonie

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Au Québec, la langue française en recul (03.08.2017)
Québec : De plus en plus d'anglophones choisissent l'université en français (30.07.2017)


La Francophonie sur le terrain - Quand la langue de Molière supplante celle du grand Will (20.10.2010)



Au Québec, la langue française en recul (03.08.2017)

Selon la dernière étude de Statistique Canada, l'anglais progresse au détriment du français dans la province canadienne.

Le dernier rapport de recensement de l'année 2016 effectué par l'organisme Statistique Canada est formel. La langue française est en déclin au Québec. En 2011, 79,7% des Québécois avaient le français pour langue maternelle. En 2016, ces chiffres sont tombés à 78,4%. À l'échelle du Canada, ils étaient 22% en 2011, contre 21,3% aujourd'hui. La proportion de Canadiens utilisant l'anglais comme langue d'usage à la maison progresse quant à elle, passant de 74% en 2011 à 74,7%. Ainsi, pour la première fois au Québec, les allophones sont plus nombreux que les francophones.

Stéphane Bergeron, porte-parole pour la francophonie au Parti québécois (PQ), dénonce cette baisse, relate Le Journal du Québec. «Je suis alarmé, mais peu surpris, d'apprendre que le français est en déclin, et ce, même au Québec. Le gouvernement de Philippe Couillard [Premier ministre du Québec] a coupé de façon dramatique dans les services en francisation», s'est-il indigné.

Le français vraiment en déclin ?

Le PLQ (Parti libéral du Québec), au pouvoir dans la province, juge les inquiétudes de l'opposition «alarmistes», les statistiques ne concernant que l'usage de la langue dans la sphère privée.

En effet, le français et l'anglais, les deux langues officielles du pays, ne sont pas ennemies. Toujours d'après le rapport, le taux de bilinguisme de ces deux idiomes a crû de 0,5% entre 2011 et 2016, passant de 17,5% à 18%.

Ce n'est donc pas, en soi, un véritable déclin. Certes, le nombre de personnes parlant uniquement le français est en baisse, mais la langue de Molière est de plus en plus parlée conjointement avec une autre langue. De ce fait, entre 2011 et 2016, le pourcentage de Québécois sachant parler français mais aussi anglais est passé de 42,6% à 44,9%.

D'autre part, selon un rapport de l'Office québécois de la langue française, de plus en plus d'étudiants québécois dont la langue maternelle est l'anglais choisissent de venir étudier dans des universités francophones (9,5% en 2014 contre 5,9% en 2002). Le français n'est donc pas près de disparaître!

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Québec : De plus en plus d'anglophones choisissent l'université en français (30.07.2017)

  • Publié le 30/07/2017 à 06:00
Selon un rapport de l'Office québécois de la langue française, la proportion des étudiants québécois dont la langue maternelle est l'anglais est de plus en plus en importante dans les établissements francophones. Ils étaient 9,5% en 2014 contre 5,9% en 2002.

Les chiffres sont éloquents. En un peu plus de trente ans, le nombre d'étudiants anglophones fréquentant une université francophone a pratiquement été multiplié par deux. Selon le dernier rapport de l'Office québécois de la langue française (OQLF), leur propension a sensiblement augmenté en parallèle de celle des universitaires de langue maternelle tierce, qui est passée de 41,9% en 1986 à 59,1% en 2014. Une croissance sans doute due à «l'apport migratoire» dans le pays.


C'est une augmentation qui se lit à tous les niveaux. Et à commencer par le nombre d'inscrits dans les universités québécoises. En 2014, indique l'OQLF dans son rapport, près de 300 000 étudiantes et étudiants ont fréquenté les couloirs des établissements de la région canadienne. Soit une hausse d'environ 90.000 élèves par rapport à 1986. Ils étaient un peu moins de 210 000 étudiants fréquentant l'université à cette date.

Une augmentation contrariée

Parallèlement, découvre-t-on dans ce rapport, le chiffre des universitaires québécois de langue maternelle anglaise a quasiment doublé en trente ans, passant de 5,9% en 1986 (contre 2,9% dans l'ensemble du pays) à 9,5% en 2014. Une croissance intéressante si l'on se plonge en détail dans ces résultats. Car, si les anglophones sont bien de plus en plus nombreux à s'inscrire dans des classes universitaires dans des établissements francophones, on constate surtout un véritable boom du nombre d'étudiants parlant un autre idiome que le français dans ces mêmes espaces éducatifs. Sur la même période, la proportion d'universitaires de langue maternelle autre que celles de Molière et Shakespeare s'est accrue. Selon l'OQLF, ce pourcentage a plus que doublé, passant de 6,4% en 1986 à 15,8% en 2014.

Des chiffres donc très positifs pour l'avenir de la langue française dans un pays où la francophonie reste un combat de tous les jours. Mais est-ce toutefois suffisant pour rasséréner les déclinistes au Canada ? Pas sûr. Car, même si cette augmentation est favorable, rappelons que cette hausse est aussi, et sans doute, due à la Charte de la langue française de 1977. Une loi favorisant l'admission des élèves allophones et anglophones au primaire et au secondaire, rendant de fait plus contraignante celle des étudiants francophones.

Enfin, précise l'OQLF, si la hausse est indubitable, celui-ci ne cache pas une baisse (à hauteur de 2,1%) dans son ensemble de la proportion d'universitaires ayant étudié dans un établissement francophone entre 1986 et 2014.

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La Francophonie sur le terrain - Quand la langue de Molière supplante celle du grand Will (20.10.2010)


20 octobre 2010 |Christian Rioux            | Actualités internationales

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Pour apprendre la langue de Molière, les candidats sont souvent prêts à payer jusqu’à 425 $ par mois, une véritable fortune en Afrique.
Photo: Source Organisation internationale de la Francophonie

Pour apprendre la langue de Molière, les candidats sont souvent prêts à payer jusqu’à 425 $ par mois, une véritable fortune en Afrique.

Au Togo comme dans toute l'Afrique de l'Ouest, le français est en pleine explosion. Il séduit même les populations anglophones. Un portrait en deux temps, avant l'ouverture du Sommet de la Francophonie vendredi à Montreux, en Suisse.

Lomé — Lorsqu'on pénètre dans le Village du Bénin, il ne faut surtout pas se fier au paillasson sur lequel il est écrit en lettres majuscules «Welcome». Ce «village» est en réalité un grand bâtiment de l'Université de Lomé, capitale du Togo, qui abrite le Centre international de recherche et d'études de langues (CIREL), un centre de formation des maîtres où l'on vient de toute l'Afrique pour parfaire sa formation en français. Une grande partie des étudiants est d'ailleurs constituée d'anglophones du Ghana et du Nigéria, qui viennent au Togo pour six ou neuf mois d'immersion afin de mieux enseigner le français à leur retour.

C'est le cas de Rose, une étudiante nigériane de 21 ans. «J'étudie le français, dit-elle, parce que ce sera plus facile pour moi de trouver du travail. Dans le journalisme ou la diplomatie, il faut absolument parler le français. Si l'on veut voyager, c'est incontournable. Sans compter que j'aime beaucoup cette langue.»

Le déclin du français au profit de l'anglais, personne n'en a encore vraiment entendu parler en Afrique de l'Ouest. Ce serait même le contraire qui se produit puisqu'on assiste à une explosion de la demande de français dans toute la région. «Ici, on ne sent pas d'influence importante de l'anglais, explique Tharcisse Urayeneza, directeur du Bureau régional de la Francophonie de l'Afrique de l'Ouest, qui aide financièrement le Village du Bénin. Chez nous, c'est plutôt les pays anglophones, comme le Ghana, qui subissent la pression francophone. Même l'Afrique du Sud et le Nigéria sont demandeurs de français.»

Le CIREL a beau accueillir entre 1300 et 1500 étudiants par année, ses 40 professeurs ne fournissent pas à la demande. Pour apprendre la langue de Molière, les candidats sont souvent prêts à payer jusqu'à 425 $ par mois, une véritable fortune en Afrique. La tâche est telle que le CIREL vient de s'associer à des organismes semblables au Bénin, au Nigéria et au Ghana pour mieux répondre à la demande.

Une appropriation populaire

«Depuis 2004, on sent un regain d'intérêt pour la langue française dans toute l'Afrique de l'Ouest, explique Adjrankou-Glokpo Mawuena, directeur général du CIREL. Le Ghana et le Nigéria manquent cruellement de professeurs.» Signe de l'influence croissante du français, le Ghana et le Nigéria ont fait du français leur langue seconde.

Ailleurs aussi, la demande explose. Les progrès constants de la scolarisation dans des pays comme le Sénégal, le Mali, le Burkina Faso ou la Côte d'Ivoire, où le français est souvent la seule langue d'enseignement, provoquent partout une explosion de la demande de professeurs de français. Au moment de l'indépendance, en 1960, le français n'était parlé pourtant que par moins de 25 % de la population. Il le serait aujourd'hui par plus de la moitié. Comme ailleurs en Afrique, le français est en concurrence au Togo avec les langues locales comme l'éwé, surtout parlé au sud, et le kabiyé, surtout parlé au nord.

Introduites dans l'enseignement primaire dans les années 1970, ces deux langues ne seraient cependant pas perçues comme unificatrices. Le kabiyé apparaît comme la langue du pouvoir (celle de la famille Eyadéma, qui dirige le Togo depuis plus de 40 ans) et l'éwé, comme celle de l'opposition. Elles n'ont pu freiner l'expansion du français qui connaît un regain de vie depuis les années 1990, époque où il s'est métissé de mots et d'expressions empruntées aux langues locales. On assiste donc à «une appropriation du français par les peu ou pas lettrés, phénomène pratiquement inconnu autrefois», écrivait la linguiste Isabelle Anzorge.

Le français se «vend» bien

«Les pays africains ont toutes les misères du monde à répondre à cette explosion de la demande», explique Adjrankou Glokpo. Au CIREL, à cause du manque de locaux, il faut souvent séparer les étudiants en groupes du matin et de l'après-midi. Mais la plus grande difficulté des étudiants qui viennent passer une année d'université à Lomé, c'est de se loger. C'est pourquoi le CIREL a entrepris la construction d'une cité universitaire qui pourra abriter 200 étudiants.

Il n'est pas rare que le Village du Bénin accueille des banquiers, des hommes d'affaires, des religieux et des militaires qui veulent apprendre le français. On y a même enseigné le français à des cadres de l'African National Congress (ANC), le parti de Nelson Mandela. Le CIREL devrait bientôt ouvrir une filière pour les spécialistes du tourisme.

Au début octobre, le centre accueillait une vingtaine de cadres du ministère de l'Éducation du Tchad, où le français partage le statut de langue officielle avec l'arabe. L'un d'eux, M. Djobaye, explique que, pour améliorer l'enseignement du français, le gouvernement a choisi 20 candidats parmi les meilleurs inspecteurs du ministère de l'Éducation. Une fois leur stage terminé, ces 20 formateurs auront la tâche de former ceux qui iront à leur tour dans chaque région du pays former les maîtres des écoles communales tchadiennes.

«Ici, le français, ça se vend bien, dit Paulus Ayayi Adanlete, qui enseigne la stylistique et la littérature au CIREL. Ça se vend beaucoup mieux que l'anglais. Mes étudiants disent que c'est une langue difficile, mais une grande langue d'excellence. Ils sont très motivés, car le français leur ouvre tout un univers. Avec le français, ils trouveront rapidement du travail.»

La bibliothèque du CIREL aurait de quoi faire rougir certains bibliothécaires des écoles du Québec. Outre l'essentiel de la littérature française et africaine, on y trouve les livres de Gabrielle Roy, de Geneviève Guèvremont et pas moins de dix exemplaires de L'Amélanchier de Jacques Ferron.

Dans une classe attenante à la bibliothèque, une quarantaine d'écoliers de 12 à 14 ans du Lagos Citizen Comprehensive College se relaient, deux par deux, devant la classe pour lire un dialogue en français. Leurs parents nigériens ont déboursé une fortune pour les envoyer à Lomé pendant un mois spécialement pour étudier le français.

Parler du déclin du français et de la menace de l'anglais au Togo, c'est un peu comme parler des Martiens. On sait que la rumeur existe, mais on n'en a jamais vu. «Nous sommes persuadés que plus le taux de scolarisation augmentera, plus le français se répandra en Afrique, dit Tharcisse Urayeneza. Au fond, c'est ici que se joue l'avenir du français.»

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Correspondant du Devoir à Paris

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Christian Rioux s'est rendu au Togo avec l'aide de l'Organisation internationale de la Francophonie.

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