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Rubriques :
- Islamisation et politique
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- Idiots utiles, collabos et islamo-gauchistes (les politiques, juges, journalistes, etc. qui favorisent la propagation de la charia dans le monde)
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Un migrant irakien secouru au large de Dunkerque (16.07.2017)
Sur Twitter, le maire de Grande-Synthe interpelle sur le sort des enfants migrants (13.07.2017)
Le gouvernement fait de la réduction du délai de demande d’asile une des clés du plan migrants (12.07.2017)
Orly : manifestation contre des expulsions (12.07.2017)
Philippe présente un plan pour faire face aux migrations (12.07.2017)
Collomb veut régler le "problème fondamental" des demandes d'asile albanaises (12.07.2017)
Migrants : Hidalgo interpelle le gouvernement (07.07.2017)
Des campements de migrants de nouveau évacués à Paris (07.07.2017)
Le Panthéon accueille pour la première fois une cérémonie de naturalisation (06.07.2017)
Laurent Bouvet : « L'insécurité culturelle est toujours là » (06.07.2017)
A la Chapelle, les bénévoles inquiets du sort des réfugiés cet été (06.07.2017)
Obligations d'aide aux migrants à Calais: l'Etat fait appel (06.07.2017)
Édouard Tétreau : «Ce que j'ai vu porte de la Chapelle à Paris» (05.07.2017)
Calais : rixe entre des migrants africains (01.07.2017)
Comment l'extrême-gauche instrumentalise les migrants (30.06.2017)
Niger: 51 migrants probablement morts (30.06.2017)
Paris: 1200 migrants autour du centre La Chapelle (29.06.2017)
Pourquoi la délocalisation des audiences à Roissy pour les étrangers fait-elle polémique ? (28.06.2017)
Immigration : la grande faillite de l'Europe (23.06.2017)
«Calais, c’est pas mieux que la Libye» (21.06.2017)
Anne Hidalgo interpelle le gouvernement sur la crise migratoire qui reprend à Paris (20.06.2017)
Migrants : et si on les laissait passer en Angleterre ? (04.03.2016)
Migrants : l'Angleterre doit prendre ses responsabilités (30.07.2015)
Voir aussi Crise des migrants en Europe.
Rennes. Les migrants du squat s'installent Place de la
Mairie (17.07.2017)
Modifié le 17/07/2017 à 15:51 | Publié le 17/07/2017 à 13:35
Les migrants de la Poterie se sont installés place de la
mairie ce midi. Les migrants de la Poterie se sont installés place de la mairie
ce midi. | Ouest-France.
Samuel Nohra
Comme ils l’avaient promis, les 175 migrants du squat de la Poterie
ont quitté le lieu ce matin à 10 h. Ils se sont ensuite dirigés vers la place
de la mairie où ils sont toujours. Ils ont transformé l’opération transat en
ville en transat en migrants. Ils attendent que la ville ou la préfecture leur
proposent des solutions de logement, du moins pour les plus vulnérables et les
enfants.
Ils sont une centaine de migrants, après avoir quitté ce
matin le squat de la Poterie, à s’être rendus place de la mairie. Et ils ont
transformé l’opération transat en ville en transat en migrant.
Installés sur les marches de l’opéra pour profiter des zones
d’ombre, ils attendent d’éventuelles solutions de relogement. Notamment pour
les personnes les plus fragiles et les familles avec enfants.
Selon plusieurs sources, une réunion, à l’initiative de la
ville, serait organisée à 15 h. Et la ville pourrait proposer un gymnase en
solution provisoire.
Il paraît en effet peu probable que les autorités aient
envie que la place de la mairie se transforme en squat de longue durée.
Un migrant irakien secouru au large de Dunkerque (16.07.2017)
Mis à jour le 16/07/2017 à 14:59
Un migrant irakien, tentant de rejoindre l'Angleterre, a été
secouru dimanche matin par un plaisancier.
A bord d'un radeau de fortune, il dérivait au large de Dunkerque, selon
la préfecture du Nord.
» Lire aussi - Migrants : et si on les laissait passer enAngleterre ?
"Il serait parti seul hier aux alentours de 23h00
depuis Calais mais, ne pouvant guider son embarcation, il dérivait en direction
de l'est" non loin des côtes françaises, a précisé la préfecture.
Agé de 46 ans, l'homme tentait de rejoindre les côtes
anglaises à bord d'un radeau composé de simples planches en bois et de
bouteilles. Un plaisancier a repéré dans la matinée l'embarcation et a
recueilli à bord de son voilier le réfugié, en état d'hypothermie, avant de
prévenir le Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage
(CROSS) Gris-Nez.
» Lire aussi - Migrants : l'Angleterre doit prendre sesresponsabilités
"A 10h15, le voilier Citron Vert arrive à Dunkerque.
L'homme est pris en charge par un véhicule de secours et d'assistance aux
victimes du Service départemental d'incendie et de secours du Nord et confié à
la Police aux frontières", a indiqué pour sa part dans un communiqué la
préfecture maritime de la Manche et de la mer du nord.
A plusieurs reprises depuis 2016 et l'accentuation de la
crise migratoire dans le Calaisis, des réfugiés désespérés ont tenté de
rejoindre l'Angleterre à bord d'embarcations plus ou moins artisanales mais ont
dû, le plus souvent, être secourus en mer.
La densité de trafic, les courants importants, les hauts
fonds, du vent en permanence et une basse température de l'eau rendent la
traversée de la Manche très difficile et extrêmement dangereuse.
Défiance envers les migrants : les Français sont-ils racistes ? (13.07.2017)
Propos recueillis par Louis Hausalter
Publié le 13/07/2017 à 18:48
La réponse est bien plus complexe. Alors que le gouvernement
tente de reprendre la main dans la crise migratoire, une étude de l'Ifop met en
évidence les craintes des Français, liées à un sentiment global d'insécurité
physique, économique et culturelle. Entretien avec l'un de ses auteurs, Jérôme
Fourquet.
Le gouvernement a présenté mercredi 12 juillet un plan
destiné à rendre l’accueil des réfugiés plus efficace, alors que plus de
100.000 migrants sont arrivés cette année sur les côtes du sud de l'Europe,
selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Dans ce
contexte, une étude réalisée par l’institut Ifop pour l’association More in
common met en évidence un véritable malaise des Français vis-à-vis de
l’immigration. Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion et stratégies
d’entreprise de l’Ifop, en détaille les raisons.
Marianne : Comment résumer l’état d’esprit général des
Français vis-à-vis de l’immigration ?
Jérôme Fourquet : L’opinion publique est ambivalente sur la
question. Il y a une inquiétude, avec l’idée que les capacités d’accueil
seraient dépassées depuis longtemps, et en même temps une certaine sensibilité
à la dimension humanitaire. Ces deux sentiments rivalisent et l’un prend
l’ascendant sur l’autre en fonction du contexte.
Le contexte actuel semble favoriser une perception
défavorable, puisque selon votre étude, 56% des Français jugent que
l’immigration a un impact négatif sur la société française...
Oui. Il faut lire cette défiance à l’aune de quatre
paramètres.
Un paramètre économique, d’abord, sur le registre de la fameuse
phrase de Michel Rocard selon laquelle « la France ne peut pas accueillir toute
la misère du monde ». L’Etat a des problèmes budgétaires et les Français sont
pris dans des contraintes de pouvoir d’achat, ce qui ne dispose pas à la
bienveillance et à l’accueil.
Le deuxième paramètre est sécuritaire, puisque
l’opinion fait de manière plus ou moins nette un lien entre la maîtrise des
flux migratoires et la menace terroriste.
Le troisième paramètre est sociétal :
il recouvre la sensibilité aux problématiques d’intégration et à la présence de
l’islam sur notre territoire.
Enfin, il y a l’attitude des acteurs politiques :
est-ce que les décideurs suivent leur opinion publique ou est-ce qu’ils peuvent
faire évoluer le regard collectif ? Sur ce dernier critère, c’est un peu la
poule et l’œuf.
En Europe occidentale, les Français sont parmi les plus
réfractaires à l’accueil de migrants. Comment l’expliquer alors que des pays
comme l’Allemagne ou l’Italie en ont reçu bien plus que nous ?
Reprenons notre grille de paramètres.
Sur le plan
économique, l’idée que notre pays a les capacités financières d’accueillir des
migrants et que leur arrivée peut même être bénéfique est beaucoup plus
répandue en Allemagne que chez nous, en raison d’un taux de chômage deux fois
moins élevé, d’un budget à l’équilibre et d’une pyramide des âges
vieillissante.
Sur le plan sécuritaire, la France a été bien davantage touchée
que l’Allemagne et l’Italie par les attaques terroristes, d’où une sensibilité
plus aigüe sur ce sujet.
En ce qui concerne l’intégration, tous les pays
occidentaux sont confrontés à la question musulmane, mais ce sujet est
particulièrement sensible chez nous.
Enfin, sur le discours des décideurs, on
se souvient au moment de la crise migratoire de l’automne 2015 des déclarations
frileuses, voire hostiles de Manuel Valls et de toute une partie de la gauche.
Et à la différence de l’Allemagne, il existe en France un parti, le Front
national, qui pèse entre 20 et 30% des voix en investissant ces sujets.
Toujours selon votre sondage, 38% des Français jugent
l’islam incompatible avec la société française. Observez-vous une crispation
croissante sur cette question ?
De nombreuses autres enquêtes ont déjà montré que pour une
majorité de Français, la présence d’une importante communauté musulmane sur
notre territoire n’est pas sans poser problème. Une partie de la population
montrait déjà une attitude réfractaire avant les attaques terroristes. En
posant cette question après Charlie et le Bataclan, nous avions enregistré une
crispation supplémentaire parmi ceux qui étaient déjà convaincus que l’islam
posait problème. Dans cette partie de l’opinion, des passerelles assez étroites
se sont tissées entre la question migratoire et la question terroriste.
61% des Français estiment que la France doit davantage se
protéger du reste du monde. Cela signifie que l’inquiétude sur l’immigration
s’inscrit plus globalement dans une défiance vis-à-vis de la mondialisation ?
On aborde généralement la mondialisation uniquement sous son
aspect économique : les délocalisations, les travailleurs détachés, les droits
de douane... Il existe pourtant un autre aspect, celui des flux migratoires.
Or, ce sont souvent les mêmes publics qui sont inquiets de l’ensemble de ces
phénomènes de globalisation. Une part croissante de la population française,
dans les catégories populaires mais aussi désormais dans une partie des classes
moyennes, vit sa condition sous le registre de l’insécurisation – on retrouve
ici les thèses de Christophe Guilluy.
Ces Français estiment que leur cadre de
vie se dégrade à trois échelles. D’abord l’insécurité physique, c’est-à-dire la
petite ou la grande délinquance et désormais le terrorisme. Ensuite
l’insécurité économique : c’est la problématique des protections sociales
rabotées, de la mise en concurrence, des délocalisations. Enfin l’insécurité
culturelle : c’est la question de l’islam, des menus hallal, du port du voile,
des droits des femmes, etc.
D’une certaine façon, les migrants sont aux yeux de
l’opinion l’incarnation physique de ces processus anxiogènes. En France, le
lieu où ces trois formes d’insécurité sont concentrées de manière paroxystique,
c’est Calais, ville très populaire et ouvrière dont la population est très peu
issue de l’immigration. Les études que nous avons menées ces dernières années
montrent que l’explosion du vote FN à Calais est très clairement liée à la
pression migratoire, mais aussi aux fermetures d’usines et à la montée de la
petite délinquance. En effet, la force du FN est d’avoir réussi à amalgamer ces
trois formes d’insécurité de manière cohérente dans son discours, en pointant
des responsables : Bruxelles favoriserait ce processus avec le soutien complice
de nos dirigeants. Ce n’est pas propre à la France, on retrouve ce discours aux
Etats-Unis parmi la classe ouvrière blanche, qui a voté massivement pour Trump,
ou dans le discours des pro-Brexit au Royaume-Uni.
Votre étude met aussi en évidence le sentiment d’une «
compétition entre les plus démunis ». Qu’est-ce que cela signifie ?
Toute une partie de la population est très dépendante des
filets de protection sociale. Or, quand vous êtes déjà fragilisé, vous avez une
propension naturelle à vous inquiéter de ce qui peut vous fragiliser davantage.
C’est le discours : « Cet argent qu’on va dépenser pour les migrants, ce sera
en moins pour ceux qui en ont le plus besoin comme moi. » Ces catégories qui
sont le plus en demande des services publics voient donc arriver ces
populations nouvelles avec inquiétude. La situation Porte de la Chapelle, à
Paris, symbolise bien cette problématique.
Sur Twitter, le maire de Grande-Synthe interpelle sur le
sort des enfants migrants (13.07.2017)
Damien Carême a partagé sur Twitter des images d’enfants de
migrants qui survivent dans des conditions inhumaines dans une forêt située sur
le territoire de sa commune.
LE MONDE | 13.07.2017 à 17h02 • Mis à jour le 13.07.2017 à
19h58 | Par Violaine Morin
Un enfant de migrants dans le bois du Puythouck, à
Grande-Synthe, début juillet 2017. Capture d’écran du site
Observers.france24.com.
L’une des images partagées mardi 11 juillet sur Twitter par
Damien Carême, le maire de Grande-Synthe, a quelque chose de tristement
familier. On y voit un petit garçon habillé d’un pull rouge, endormi allongé
sur le ventre. Il a sans doute à peu près le même âge qu’Aylan, le petit Syrien
retrouvé mort, dans la même position, sur une plage turque en août 2015. La
photo avait ému l’Europe et contribué à interpeller sur le sort des migrants.
Cet enfant-là est bien vivant, mais survit dans des
conditions sanitaires déplorables au bois du Puythouck, sur le territoire de la
commune de Grande-Synthe, dans le Nord. « On s’est tous indignés pour le petit
Aylan, commente le maire. Mais j’ai l’impression que depuis, on s’habitue à
l’horreur, et je ne veux pas qu’on s’habitue. Quand j’ai vu ça, ça m’a
retourné. »
Ces images ont été transmises par les familles à une ONG
britannique, puis diffusées par France 24. Le maire confirme que les
associations et les agents de mairie de Grande-Synthe connaissent ces enfants,
dont un aurait apparemment réussi depuis à passer en Angleterre avec sa mère.
Cette tentative pour interpeller les pouvoirs publics via
les réseaux sociaux a connu un écho sur le Web, chaque photo étant retweetée
plusieurs centaines de fois. Le maire de Grande-Synthe dit aussi avoir reçu de
nombreux messages indignés ou demandant comment contribuer.
Côté gouvernement, cependant, rien de plus que l’audience
qui lui a été accordée, mardi 11 juillet, par la ministre déléguée auprès du
ministre de l’intérieur, Jacqueline Gourault, qui lui a répondu qu’elle « transmettrait
» l’information, sans rien ajouter.
Mercredi 12 juillet, le premier ministre, Edouard Philippe,a dévoilé le plan du gouvernement sur les migrations. Rien, dans ce plan, ne
concerne l’ouverture de centres humanitaires pour gérer les situations
d’urgence de migrants qui n’ont pas encore déposé de demandes d’asile ou ne
souhaitent pas le faire, comme ceux de Grande-Synthe.
« Il n’y a rien sur l’urgence, rien sur l’accueil. Quand le
premier ministre est interrogé sur ce point, il répond clairement qu’il n’a pas
de solutions pour nous », s’inquiète le maire.
Résultat, « je ronge mon frein tous les jours », dit Damien
Carême, forcé de gérer une question qui ne devrait pas, en théorie, rentrer
dans les prérogatives de la commune. Dans le bois de Grande-Synthe où vivent
environ 350 migrants, les associations et la mairie ont installé des points
d’eau et des douches, « au minimum », explique-t-il.
« De toute façon, je l’ai dit à la ministre, si vous ne
faites rien, je rouvrirai un camp. » Un camp construit à Grande-Synthe a
accueilli jusqu’à 1 400 migrants. Il a brûlé en avril après un an d’activité, àla suite d’une rixe.
Le gouvernement est contre la réouverture de camps, qui « ne
génèrent que des problèmes », selon les mots du ministre de la cohésion des
territoires, Jacques Mézard, lors de la présentation du plan sur les
migrations.
« Leur crainte, c’est l’appel d’air, l’idée que les gens
vont affluer si on crée des conditions à peu près correctes, s’énerve Damien Carême.
Mais c’est ridicule. Quoi qu’on fasse, il y a un appel d’air, qui s’appelle
l’Angleterre. »
« Les politiques passent, les non-solutions restent »,
déplore encore le maire, qui n’en est pas à sa première tentative pour faire
réagir les pouvoirs publics, après avoir interpellé le gouvernement Valls en
2015 et avoir publié une lettre ouverte au président Macron, le 7 juillet 2017.
Le gouvernement fait de la réduction du délai de demande
d’asile une des clés du plan migrants (12.07.2017)
Cette évolution, déjà engagée, ne résoudra pas tout. Le
texte doit être présenté en conseil des ministres mercredi 12 juillet.
LE MONDE | 12.07.2017 à 06h41 • Mis à jour le 12.07.2017 à
10h20 | Par Maryline Baumard
Protéger plus rapidement ceux qui ont besoin d’un statut de
réfugié ; renvoyer plus efficacement les autres. Central dans la politique
d’accueil d’Emmanuel Macron, ce double objectif passe par une réduction du
temps entre l’arrivée en France et la réponse finale à une demande d’asile.
C’est un des points clés du plan qui devait être annoncé en conseil des
ministres, mercredi 12 juillet.
Aujourd’hui, l’instruction d’un dossier dure treize mois et
ressemble à un parcours du combattant. La centaine de migrants qui arrivent
chaque jour en France commencent par tenter d’accéder à une plate-forme
d’enregistrement. A Paris, ils dorment des semaines à même le trottoir, devant
le boulevard de la Villette, pour espérer se glisser au plus vite dans les
bureaux de France terre d’asile, ou à La Chapelle, autour du centre d’accueil
d’où 2 800 personnes ont été évacuées vendredi 7 juillet. Ils doivent en passer
par là pour obtenir un rendez-vous devant le guichet unique de demande d’asile
(GUDA).
Lire aussi : Politique migratoire, le partage des rôles
« En moyenne, on leur fixe un rendez-vous 25 jours plus
tard. Mais cela varie considérablement puisque à Metz, il faut attendre 90
jours, 21 jours dans le Rhône », observe Gérard Sadik, coordinateur de l’asile
au sein de l’association de défense des migrants Cimade. C’est seulement lors
de ce second rendez-vous qu’un agent préfectoral prend les empreintes et qu’un
représentant de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII)
remet une attestation de demandeur d’asile, marque de l’entrée dans le
dispositif ; et rares sont ceux qui arrivent à ce point d’étape avant d’avoir
dormi un mois et demi dans la rue.
Augmenter les effectifs pour accélérer la cadence
Une fois ce processus lancé, le demandeur dispose de 21
jours pour introduire son dossier à l’Office français de protection des
réfugiés et apatrides (Ofpra), laps de temps utilisé par les associations pour
écrire le récit de leur vie. Puis il reçoit une convocation pour un entretien
avec un officier de protection instructeur. La plupart du temps, le rendez-vous
est fixé un mois et demi plus tard.
Au final, il faut compter cinq mois pour l’étape de l’Ofpra,
entre l’introduction du dossier et le départ de la lettre qui informe de la
réponse. S’il est refusé, l’exilé fait alors appel devant la Cour nationale du
droit d’asile (CNDA), qui, à son tour, a besoin de six mois et demi pour
statuer. Il s’agit là d’une procédure de droit administratif.
Ces données varient bien sûr d’un cas à un autre, mais le
ministre de l’intérieur, Gérard Collomb, souhaite faire tenir ce déroulé en six
mois en moyenne. Rien d’original, puisque c’est la suite du mouvement engagé
sous le quinquennat Hollande. « Nous sommes passés de neuf mois à cinq
aujourd’hui, et serons à trois en fin d’année. Avec des moyens supplémentaires
et une modification logistique, on se mettra en situation d’atteindre deux mois
», précise le directeur de l’Ofpra, Pascal Brice.
L’office est déjà passé de 60 000 décisions rendues en 2012
(avec, à l’époque, un stock de 30 000 dossiers à la traîne, dont 30 % avaient
plus d’un an) à une capacité à traiter 110 000 dossiers à la fin de cette année
(avec un stock de 10 000, dont 9 % seulement ont plus d’un an), rappelle son
directeur. Pour cela, ses effectifs ont été multipliés par deux et devraient
encore bénéficier de moyens nouveaux. Comme la CNDA et comme à l’étape du
guichet unique « qui traite actuellement 568 dossiers quotidiens, contre 435
fin 2016 », a calculé Gérard Sadik. Mais là encore, il va falloir augmenter les
effectifs des préfectures et de l’OFII pour accélérer la cadence.
Une autre approche de l’accueil à inventer
Reste que pour vraiment compresser les 45 jours avant
l’Ofpra, c’est une autre approche de l’accueil qu’il faut inventer. Comme le
rappelle Pierre Henry, directeur général de France terre d’asile, « on a mis
beaucoup de rustines pour faire tenir le système et pensé trop longtemps le
système par segments. Si on veut vraiment avancer, il faut penser globalement
et offrir un premier accueil réparti sur tout le territoire ». Un sujet
d’autant plus crucial que les campements de rue sont en train de se multiplier
en France, empêchés par la police comme à Calais, déjà enkystés comme à Metz, ou
latents comme dans la vallée de la Roya.
Sur ce point de l’hébergement, la réponse apportée par
l’Etat risque d’être très insuffisante, puisque pour Gérard Collomb, accueillir
dignement entraînerait un « appel d’air », comme il l’a fait comprendre aux associations
travaillant à Calais.
Son annonce, vendredi 7 juillet, à ces mêmes acteurs, de
créer 7 000 places d’hébergement pour les demandeurs d’asile a d’emblée été
jugée insuffisante. « Officiellement, nous sommes à 83 000 places ouvertes, en
additionnant tous les dispositifs qui existent. Il faut logiquement atteindre
les 110 000 si on veut que tous les demandeurs 2017 soient hébergés », ajoute
Gérard Sadik, qui observe que « 20 % de ces places ne sont pas occupées par des
demandeurs, mais par des déboutés, des “dublinés” [selon l’accord de Dublin, un
réfugié doit déposer sa demande d’asile dans le premier pays où il a été
contrôlé, souvent la Grèce et l’Italie] ou des réfugiés qui n’arrivent pas à
trouver un logement classique ». A ses yeux, ce sont donc « 140 000 places qui
seraient nécessaires » pour éviter la rue… Un total bien loin de la promesse de
Gérard Collomb.
Pour faire tenir son plan, le gouvernement table sur le
renvoi de ceux qui ont laissé des empreintes ailleurs en Europe ou ont été
déboutés de l’asile. Mais même avec une procédure à six mois, il y a peu de
chance qu’il fasse mieux que ses prédécesseurs. A l’heure actuelle, 10 % des «
dublinés » repartent et 3 % des déboutés sont renvoyés…
Quant à la baisse des entrées en France, attendue avec la
multiplication des accords bilatéraux de renvois et des conventions avec les
pays tiers, c’est du très long terme. Or, en attendant, 57 % des nouveaux arrivants
en Italie sont francophones…
Par Le Figaro.fr avec AFP
Mis à jour le 12/07/2017 à 20h56 | Publié le 12/07/2017 à
20h51
Près de 200 personnes ont manifesté aujourd'hui devant le
ministère de la Transition écologique contre l'expulsion de 150 habitants, dont
une majorité de Syriens, qui occupent des maisons vacantes appartenant à l'État
près de l'aéroport d'Orly.
Ces 150 personnes, dont 70 enfants, occupent depuis 2015 ces
logements, vides depuis plusieurs années selon les associations, qui
appartiennent à la Direction générale de l'aviation civile (DGAC), rattachée au
ministère de la Transition écologique.
Une procédure d'expulsion concernant 12 pavillons a été
engagée par la DGAC, selon l'association Droit au logement (DAL), qui affirme
qu'une cinquantaine d'habitants de la Cité de l'air à Athis-Mons ont reçu un
commandement à quitter les lieux. Mais tous "risquent l'expulsion",
précise l'association.
"Ils ont commencé à squatter il y a deux ans. Avant
l'endroit était désert, il y avait de la prostitution, du trafic", a
expliqué à l'AFP Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole du DAL, précisant que les
nouveaux habitants avaient fait du lieu un "endroit super chouette".
L'association a indiqué avoir demandé à rencontrer Nicolas
Hulot, le ministre de la Transition écologique, dans un courrier resté pour
l'instant sans réponse. "Montrez-vous, on veut un rendez-vous, Monsieur
Hulot", scandaient les manifestants devant le ministère.
"Il y a des enfants qui sont nés à la Cité de l'Air, il
y a des Syriens, des Bosniaques, des Roms, des Algériens, des Marocains, des
Italiens... on vit ensemble", s'est exclamé au haut-parleur Sid Touahri,
54 ans, qui se présente comme le "premier" des habitants de la cité.
Le DAL demande à ce que l'État mandate une association pour
gérer ce lieu, estimant qu'il n'y a "pas d'urgence" à expulser les
habitants et que les reloger à l'hôtel serait "la plus mauvaise
solution".
LIRE AUSSI :
Philippe présente un plan pour faire face aux migrations (12.07.2017)
Par Le Figaro.fr avec AFP
Mis à jour le 12/07/2017 à 14h08 | Publié le 12/07/2017 à
13h19
La France va créer d'ici 2019, 7500 places d'hébergement pour
les demandeurs d'asile et 5000 pour les réfugiés, a annoncé aujourd'hui le
premier ministre Edouard Philippe, jugeant que son pays n'était pas "à la
hauteur" sur le dossier des migrants.
"4000 places seront créées en 2018" pour les
demandeurs d'asile "et 3500 en 2019", et par ailleurs "5000
places" seront créées sur la même période pour aider les réfugiés à
accéder au logement, a indiqué Philippe en présentant un "plan d'action"
pour les migrants.
"Nous ne sommes pas à la hauteur de ce que doit être la
France" dans la façon "dont nous mettons en place des moyens pour
accueillir les demandeurs d'asile et ceux qui ayant obtenu l'asile deviennent
des réfugiés", a souligné le premier ministre.
Parallèlement, le chef de gouvernement a confirmé son
intention de vouloir raccourcir les délais de traitement des demandes d'asile,
qu'il souhaite voir passer de 14 à 6 mois.
Le gouvernement français entend bien distinguer les migrants
économiques de ceux qui viennent chercher refuge sur le territoire français, et
souhaite par conséquent se montrer ferme vis-à-vis de ceux qui seront déboutés
de leur demande d'asile. Ces migrants feront "systématiquement l'objet
d'une mesure d'éloignement" dès le rejet de leur demande, a déclaré
Philippe.
"En 2016, sur 91.000 étrangers interpellés en situation
irrégulière sur le territoire, seuls 31.000 se sont vus délivrer une obligation
de quitter le territoire français et moins de 25.000 ont effectivement quitté
le territoire, ces chiffres ne sont pas satisfaisants", a-t-il détaillé.
Un délégué interministériel, placé sous la houlette du
ministre de l'Intérieur, sera également nommé, a précisé M. Philippe, sans
toutefois donner de date. Le chef du gouvernement qui a déclaré que ces mesures
allaient faire l'objet d'un projet de loi "en septembre 2017", a
affirmé vouloir faire preuve de "beaucoup d'humilité" car, a-t-il
dit, "j'ai parfaitement conscience que la question qui nous occupe
aujourd'hui est une question difficile".
LIRE AUSSI:
Collomb veut régler le "problème fondamental" des
demandes d'asile albanaises (12.07.2017)
Par Le Figaro.fr avec AFP
Mis à jour le 12/07/2017 à 17h22 | Publié le 12/07/2017 à
17h11
Le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb a assuré
aujour'hui vouloir résoudre "dans les prochaines semaines" le
"problème fondamental" de la demande d'asile albanaise en France, qui
concentre "75%" des dossiers albanais au niveau européen.
"Il y a évidemment une question qui est tout à fait
fondamentale, dans la mesure où aujourd'hui (ces ressortissants albanais) n'ont
plus besoin de visas. Mais dès qu'ils arrivent dans notre pays ou d'autres pays
européens, ils demandent l'asile", a affirmé M. Collomb, lors des
questions au gouvernement à l'Assemblée nationale.
Au niveau européen, "aujourd'hui, 75% de la demande
d'asile albanaise se fait en France", a affirmé M. Collomb.
En 2016, l'Albanie a été le premier pays d'origine des
demandeurs d'asile en France, avec 7.432 dossiers (mineurs compris), soit un
doublement sur un an, selon l'Office français de protection des réfugiés et
apatrides (Ofpra).
"Evidemment, pour notre pays, en particulier pour la
frontière est, depuis Metz jusqu'au sud, c'est un problème fondamental", a
ajouté M. Collomb. Près de 700 demandeurs d'asile, essentiellement albanais,
passent chaque jour par le camp de Blida à Metz, aménagé en avril par l'Etat.
Paris : le campement de migrants évacué vendredi à porte de la Chapelle commence à se reformer (10.07.2017)
« Plus de 250 personnes » ont été recensées dimanche dans
les divers campements porte de la Chapelle, selon Pierre Henry, directeur
général de France Terre d’asile.
Le Monde.fr avec AFP | 10.07.2017 à 14h11 • Mis à jour le
10.07.2017 à 15h51
Lors de l’évacuation du campement de La Chapelle, le 7
juillet 2017.
L’évacuation de près de 2 800 migrants à peine terminée
vendredi, plus de 200 Afghans et Soudanais ont recommencé à s’installer, lundi
10 juillet, aux alentours du centre de premier accueil porte de la Chapelle,
dans le nord de Paris.
« Plus de 250 personnes » ont été recensées dimanche dans
les divers campements de ce quartier populaire, selon Pierre Henry, directeur
général de France Terre d’asile. « On était à 300 petits-déjeuners hier
[dimanche] et on devrait en faire autant aujourd’hui [lundi] », témoigne
Francoise Davisse, du collectif Solidarités Migrants Wilson, qui distribue
chaque matin pain et thé aux abords du centre de la porte de la Chapelle.
A 9 h 30, une file d’hommes patientait devant les tréteaux
dressés sous un pont, à l’abri de la pluie, a constaté une journaliste de
l’Agence France-Presse. Quelques tentes sont installées sur les trottoirs, des
hommes dorment entre les blocs de pierre du boulevard Ney, à l’endroit même où
le campement a été évacué vendredi.
Lire aussi : A laporte de la Chapelle, « la répétition des évacuations de migrants tourne àl’absurde»
« Avant la fin du mois, ils seront mille »
« Il y a des nouveaux, et d’autres, qui reviennent des
gymnases [où ils avaient été logés vendredi] parce que c’était trop excentré ou
qu’ils voulaient retrouver des gens qu’ils connaissent », explique Mme Davisse,
pas surprise de ce phénomène. « Avec l’été, on sait qu’il y a plus de monde,
dit-elle. Avant la fin du mois, ils sont mille. »
Hamza, un Soudanais de 25 ans, est arrivé la veille de
Vintimille. « On m’avait dit qu’ils prendraient les gens pour leur donner un
abri, mais je suis arrivé trop tard », raconte-t-il, installé sous les voies de
l’autoroute A1. « Cela fait une semaine que je ne me suis pas lavé. Je veux
demander l’asile, mais j’ai mes empreintes en Italie », ajoute le jeune homme
qui s’interroge : « C’est comme ça la France ? »
Les migrants évacués vendredi ont été mis à l’abri en
Ile-de-France, notamment dans des gymnases. Cette grosse opération, la 34e en
deux ans à Paris, intervenait deux mois après l’évacuation de 1 600 personnes
au même endroit, le 9 mai. « Je suis ici depuis un mois mais j’ai raté
l’évacuation vendredi, j’étais à Nanterre », dit Rachid, un Afghan. « Moi
j’avais rendez-vous », raconte Morseid, un autre Afghan qui dort « près de la
gare de l’Est ».
La maire de Paris, Anne Hidalgo, a appelé à l’ouverture
d’autres centres en région, et mercredi le gouvernement doit présenter un plan
sur l’asile et l’immigration.
Mis à jour le 07/07/2017 à 08:42
VIDÉO - Les préfectures de police de Paris et d'Île-de-France
évoquent une opération de «mise à l'abri» pour mettre fin à des campements qui
présentent des risques importants pour la sécurité et la santé de leurs
occupants et des riverains.
Pour la 34e fois en deux ans, les autorités procédaient ce
vendredi matin à l'évacuation de plusieurs campements dans le nord de Paris, à
quelques jours de la présentation par le gouvernement d'un «plan migrants».
Plus de 2000 migrants s'étaient installés depuis plusieurs semaines porte de La
Chapelle, près d'un centre humanitaire très vite saturé. «Cette opération
mobilise près de 350 effectifs de la préfecture de Police ainsi qu'une centaine
de personnels de l'État et de ses partenaires», affirment la préfecture de
police et la préfecture d'Ile-de-France dans un communiqué commun, précisant
que les migrants se verront «proposer une solution d'hébergement provisoire en
Île-de-France».
Plusieurs centaines d'Afghans, Soudanais, Somaliens se
pressaient vers 6 heures en groupes serrés près du centre humanitaire pour
migrants ouvert en novembre porte de la Chapelle dans l'attente de leur
évacuation imminente. Cette opération mobilise une soixantaine de bus, selon la
préfecture d'Île-de-France. Des journalistes présents sur place ont pu filmer
l'opération de police.
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07:55 - 7 Jul 2017 · Paris, France
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Paris - Grosse opération de police en cours à Porte de La
Chapelle. Évacuation de 1500 migrants. #Refugees
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Conditions de vie dégradées
Milat, un Afghan de 19 ans, petit sac à dos pour tout
bagage, est arrivé porte de la Chapelle il y a deux mois. «On a appris hier
qu'il se passerait quelque chose. On va monter dans des bus et ils vont nous
emmener dans des hôtels, des centres. Je ne sais pas où mais ce sera bien. Ici
la vie n'était pas bien. Je dormais près de l'autoroute», raconte-t-il. La
préfecture a indiqué qu'elle procédait à «la mise à l'abri» des occupants de
plusieurs campements de voie publique «illicites, qui présentent des risques
importants pour la sécurité et la santé de leurs occupants comme des
riverains».
Cette évacuation était très attendue alors que le campement
ne cessait de grossir et les conditions de vie s'y dégrader, aussi bien d'un
point de vue sanitaire que pour les tensions communautaires. Les associations,
redoutant pour la vie même des migrants, ne cessaient d'y dénoncer des
conditions de vie déplorables et l'absence de structures sanitaires.
» Lire aussi - Paris: le camp de migrants de la Chapelle
touché par une épidémie de gale
» Lire aussi - Qu'est-ce que la gale?
Un dispositif d'accueil saturé
Jeudi, le préfet d'Ile-de-France Michel Cadot avait parlé de
1600 migrants décomptés dans les quartiers nord de Paris, en promettant qu'une
opération de mise à l'abri serait «rapidement» organisée. Selon Pierre Henry,
directeur général de France terre d'asile, association chargée des maraudes, le
campement grossissait chaque semaine avec «200 personnes supplémentaires». Le 9
mai, un peu plus de 1600 migrants avaient déjà été évacués de campements
insalubres installés au même endroit, dans ce qui constituait la plus grosse
opération de mise à l'abri en six mois.
Compte tenu de l'accélération des arrivées de migrants dans
la capitale, le dispositif d'accueil sature malgré les orientations vers des
centres d'hébergement ailleurs en France, qui s'avèrent insuffisantes. Face à
cette situation, la maire de Paris a voulu prendre les devants, en
court-circuitant le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, qui prépare
actuellement un plan sur l'asile. Jeudi, Annne Hidalgo a envoyé au gouvernement
et aux parlementaires une proposition d'une dizaine de pages dans l'optique
d'une «loi d'orientation et de programmation pour l'accueil des migrants
humanitaires et pour une politique nationale d'intégration». Son projet
comporte trois axes: l'accueil des migrants, la politique d'intégration et la
refonte des structures de pilotage. Reste à voir lequel des deux projets
l'emportera...L'exécutif pourrait bien être tenté de faire la synthèse entre la
maire de Paris et le locataire de la place Beauvau.
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ports
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Migrants : Hidalgo interpelle le gouvernement (07.07.2017)
Mis à jour le
07/07/2017 à 08:18
Anne Hidalgo lors d'une conférence de presse consacrée à
l'accueil des migrants, jeudi, porte de la Chapelle, à Paris.
Anne Hidalgo lors d'une conférence de presse consacrée à
l'accueil des migrants, jeudi, porte de la Chapelle, à Paris. Crédits photo :
GEOFFROY VAN DER HASSELT/AFP
Face à l'afflux de clandestins à Paris, la maire fait des
propositions, quelques jours avant les annonces de Collomb.
Un coup de com? Au cabinet du ministre de l'Intérieur, nul
ne se hasarde à commenter plus avant l'initiative prise jeudi midi par la maire
socialiste de Paris, Anne Hidalgo, sur le dossier des migrants. Celle-ci vient,
en effet, de communiquer une proposition d'une dizaine de pages dans l'optique
d'une «loi d'orientation et de programmation pour l'accueil des migrants
humanitaires et pour une politique nationale d'intégration». Le document a été
adressé aux parlementaires et au gouvernement l'après-midi même.
L'affaire jette tout de même un léger froid. Car Mme Hidalgo
n'est pas membre de la représentation nationale et, jusqu'à nouvel ordre, c'est
l'hôte de Beauvau qui a en charge la politique migratoire, sous l'égide de
Matignon. La «proposition» Hidalgo sort donc du chapeau alors que les équipes
de ...
Le Panthéon accueille pour la première fois une cérémonie de naturalisation (06.07.2017)
Cent quatre-vingt-trois personnes ayant demandé la
nationalité française ont été accueillies jeudi par le préfet de police de
Paris, Michel Delpuech, dans le monument.
LE MONDE | 06.07.2017 à 19h44 • Mis à jour le 07.07.2017 à
06h39 | Par Anne Guillard
Une cérémonie de naturalisation était organisée, jeudi 6
juillet en fin de matinée, au Panthéon, à Paris. Une première pour les
récipiendaires, bien sûr, mais également dans ce monument de la République.
Ils étaient 183, venus des cinq continents et de soixante
pays différents, à se presser sous la coupole du Panthéon pour voir entériné
leur accès à la nationalité française, en présence du préfet de police de
Paris, Michel Delpuech, et de la maire Les Républicains (LR) du 5e
arrondissement, Florence Berthout. Etaient aussi présents pour l’occasion
l’ensemble musical de la préfecture de police de Paris, la Musique des gardiens
de la paix, et le chœur de l’armée française.
« Un vrai symbole »
Habituellement, ce genre de cérémonie se déroule à la
préfecture de police de Paris, salle Marianne, et accueille une cinquantaine de
personnes, venant clôturer, après un séjour de plusieurs années en France, la
longue procédure administrative afin d’acquérir leur nouvelle nationalité.
Ils sont 140 000 environ chaque année à demander à être
naturalisés Français. « Avant je passais devant, maintenant j’y suis rentré »,
sourit timidement Kamel, originaire de Tizi Ouzou, en Algérie, pour qui le
Panthéon « est un vrai symbole ».
Cette cérémonie exceptionnelle a été en partie rendue
possible grâce au président du Centre des monuments nationaux, Philippe
Bélaval, qui, dans un rapport intitulé « Pour faire entrer le peuple au
Panthéon » remis à François Hollande en octobre 2013, préconisait de rendre son
attractivité au monument, d’en faire davantage usage dans la vie républicaine,
tout en continuant d’y faire entrer des personnalités importantes.
« Je me sens enfin Français »
Parmi les personnes recevant leur livret de nationalité
contenant, entre autres, le précieux décret de naturalisation, David, un jeune
Chilien de 25 ans, est invité à prendre la parole. Rescapé de l’attaque du
Bataclan le 13 novembre 2015, son histoire s’est tragiquement inscrite dans
celle du pays.
« Il y a un et demi, j’ai été pris en otage par deux
personnes qui se sont senties dériver dans les valeurs de la France (…). Me
sentant profondément Chilien, je ne voulais pas être Français, mais aujourd’hui
grâce à ce que la France a fait pour moi, je me sens enfin Français. Les hommes
de la BRI [brigade de recherche et d’intervention] m’ont libéré de l’assaut
sanguinaire des terroristes. Je ne saurais comment remercier la France, les
fonctionnaires et toutes les personnes qui m’entourent tous les jours. »
Son échange avec l’un des terroristes, Ismaël Omar Mostefaï,
qui lui a demandé ce qu’il pensait de la politique française l’« a profondément
marqué », explique-t-il par la suite. « A la question “Que penses-tu de
François Hollande ?”, j’ai répondu “Je ne pense rien, je ne suis pas Français”.
» Le terroriste lui demande alors d’où il vient. « Je suis Chilien », réplique
David. Le terroriste lui laisse alors la vie sauve.
« J’ai senti un désintéressement, quelque chose qui s’est
déconnecté dans son regard », se souvient David, encore troublé. « Un
traumatisme provoque des transformations, explique-t-il. On veut se séparer de
ce qu’on était avant. Devenir français est une forme de résilience. » Même s’il
dit « détester ce mot-valise » et évoque plutôt « sortir du placard », tentant
de mettre en mots des ressentis que l’on devine forcément complexes.
« Un moment inoubliable »
Le plus jeune de ces Français de fraîche date a à peine 18
ans, il vient du Cameroun ; le plus âgé a 87 ans et vient de Tunisie. Tous
expriment leur émotion d’être Français et « d’être honorés aujourd’hui au
Panthéon », dit Henri-Joël, 35 ans. Cela fait dix ans que cet Ivoirien
d’origine vit et travaille en France, comme responsable comptable dans un
cabinet d’audit.
« Ce n’est pas tous les jours qu’on vit ce genre de moment,
ça fait chaud au cœur », dit Lilia, 37 ans, venue d’Algérie et responsable des
ventes, ébahie de se trouver au Panthéon. Saima, 31 ans, arrivée du Pakistan à
l’âge de 18 ans, « est contente pour ses quatre enfants. C’est un moment
inoubliable », dit-elle, la voix encore empreinte d’émotion.
Il leur a fallu passer presque deux ans à fournir des
montagnes de papiers, justifier ses ressources, passer un entretien
d’assimilation à la préfecture ou prouver qu’ils n’étaient pas en délicatesse
avec le fisc, ni avec la police et la justice, avant d’obtenir le précieux
sésame, qui leur permettra de voter aux prochaines élections et de se déplacer
librement.
A la fin de la cérémonie, le livre d’or à leur disposition
se remplit des mots, « honneur », « merci », « vive la France », « vive la
République »… Amine, 28 ans, ingénieur informatique, dit sa « grande fierté
d’appartenir à cette belle nation », quand Dounia, 27 ans, chercheuse, déclare
qu’« être près de Marie Curie, ça fait quelque chose ».
Laurent Bouvet : « L'insécurité culturelle est toujours là » (06.07.2017)
FIGAROVOX/ENTRETIEN - Selon l'enquête « Fractures françaises
» parue il y a quelques jours, 65% des Français estiment qu'il y a trop
d'étrangers en France et seuls 40% des citoyens ont une opinion positive de
l'islam. Laurent Bouvet analyse les raisons du silence des politiques sur ces questions
pourtant cruciales.
Laurent Bouvet est professeur de Science politique à
l'Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines. Il a publié L'Insécurité
culturelle chez Fayard en 2015. Son dernier livre, La gauche Zombie, chroniques
d'une malédiction politique, est paru le 21 mars 2017 aux éditions lemieux. Il
est l'une des principales figures du Printemps Républicain.
FIGAROVOX.- Une enquête réalisée fin juin 2017 révèle
notamment que 65% des Français estiment qu'il y a trop d'étrangers en France et
qu'ils sont 61% à estimer que les étrangers ne font pas d'efforts pour
s'intégrer. Qu'est-ce que cela vous inspire?
Laurent BOUVET.- Une double réflexion. La première, c'est
que ces chiffres sont élevés et qu'ils témoignent d'une difficulté, pour dire
le moins, de la part de la majorité de nos concitoyens à appréhender
l'immigration comme un sujet neutre de politique publique (c'est-à-dire ni
comme un bien ni comme un mal en soi). On en reste à un doute qui non seulement
concerne les populations étrangères qui arrivent et s'installent en France mais
encore à l'égard des pouvoirs publics dans la gestion de cette immigration.
La seconde réflexion tient au fait que le sujet n'a pas été
abordé pendant la campagne présidentielle, pas davantage que les enjeux, plus
larges, du «commun», de ce que c'est aujourd'hui qu'être Français, des
frontières du pays, de notre «identité nationale». Et que cette occultation n'a
pas fait disparaître cet enjeu fondamental pour nos concitoyens, contrairement
à ce qu'ont voulu croire certains observateurs ou certains responsables
politiques.
Comment expliquez-vous un tel décalage entre les hommes
politiques et les électeurs? Pour la présidentielle, les candidats ont fait
campagne sur l'économie et ont délaissé le sujet de l'immigration...
Il y a plusieurs attitudes, plusieurs explications à cet
«économisme» très dominant chez les politiques aujourd'hui.
D'abord, la conviction, érigée en véritable dogme chez
certains, que les enjeux économiques sont premiers et déterminent tous les
autres. C'est le cas aussi bien dans l'héritage marxiste à gauche:
«l'infrastructure» détermine la «superstructure», les rapports de force dans la
production déterminent la nature de l'État autant que les rapports moraux et
les clivages politiques que dans l'héritage libéral: l'individu est réduit à un
homo oeconomicus dont les besoins, les capacités et les intérêts déterminent
les rapports sociaux, dans une société «civile» qui est avant tout un lieu
d'échange, à la manière d'une place de marché. L'État lui-même n'étant que le
régulateur extérieur de ce lieu premier, assurant son bon fonctionnement. Pour
ces deux faces de la même médaille économiciste, politique, religion, morale…
sont des conséquences de l'économie. Donc tout changement ou toute conservation
passe par cette sphère première de l'activité humaine. Toute solution, y
compris à une question comme celle de l'immigration, est économique.
Ensuite, il y a la crainte d'aborder des enjeux tels que
l'immigration ou la place de la religion dans la société par exemple. Crainte
de «faire le jeu du FN» dans le langage politique de ces 20 dernières années
suivant un syllogisme impeccable: le FN est le seul parti qui parle de
l'immigration dans le débat public, le FN explique que «l'immigration est une
menace pour l'identité nationale», donc parler de l'immigration, c'est dire que
«l'immigration est une menace pour l'identité nationale»! La seule forme
acceptable d'aborder le sujet étant de «lutter contre le FN» en expliquant que
«l'immigration est une chance pour la France» et non une menace. Ce qui
interdit tout débat raisonnable et raisonné sur le sujet.
Enfin, les partis et responsables politiques qui avaient
prévu d'aborder la question ont été éliminés ou dans l'incapacité concrète de
le faire: songeons ici à Manuel Valls et François Fillon. Et notons que le FN
lui-même n'a pas joué son rôle pendant la campagne, en mettant de côté cette
thématique de campagne pour se concentrer sur le souverainisme économique,
notamment avec la proposition de sortie de l'euro. Tout ceci a déséquilibré le
jeu politique et la campagne, et n'a pas réussi au FN d'ailleurs qui s'est
coupé d'une partie de son électorat potentiel.
D'après cette enquête, seuls 40% des Français ont une
opinion positive de l'islam, et 74% d'entre eux pensent que les musulmans
veulent imposer leur fonctionnement aux autres. Emmanuel Macron a déclaré lors
de la clôture du ramadan que «personne ne pouvait faire croire que l'islam
n'était pas compatible avec la République», balayant ces inquiétudes...
L'opinion majoritairement négative de l'islam de la part de
nos compatriotes vient de l'accumulation de plusieurs éléments. Le premier, ce
sont les attentats depuis le début 2015, à la fois sur le sol national et de
manière plus générale. Les terroristes qui tuent au nom de l'islam comme la
guerre en Syrie et en Irak ou les actions des groupes djihadistes en Afrique
font de l'ensemble de l'islam une religion plus inquiétante que les autres.
Même si nos compatriotes font la part des choses et distinguent bien malgré ce
climat islamisme et islam. On n'a pas constaté une multiplication des actes
antimusulmans depuis 2015 et les musulmans tués dans des attaques terroristes
depuis cette date l'ont été par les islamistes.
Un deuxième élément, qui date d'avant les attentats et
s'enracine plus profondément dans la société, tient à la visibilité plus
marquée de l'islam dans le paysage social et politique français, comme ailleurs
en Europe. En raison essentiellement de la radicalisation religieuse (pratiques
alimentaires et vestimentaires, prières, fêtes, ramadan…) d'une partie des
musulmans qui vivent dans les sociétés européennes - l'enquête réalisée par
l'Institut Montaigne l'avait bien montré.
Enfin, troisième élément de crispation, de nombreuses
controverses de nature très différentes mais toutes concernant la pratique
visible de l'islam ont défrayé la chronique ces dernières années, faisant
l'objet de manipulations politiques tant de la part de ceux qui veulent mettre
en accusation l'islam, que d'islamistes ou de partisans de l'islam politique
qui les transforment en combat pour leur cause. On peut citer la question des
menus dans les cantines, celle du fait religieux en entreprise, le port du voile
ou celui du burkini, la question des prières de rue, celle de la présence de
partis islamistes lors des élections, les controverses sur le harcèlement et
les agressions sexuelles de femmes lors d'événements ou dans des quartiers où
sont concentrées des populations musulmanes, etc.
En plus de tout cela et peut-être à cause de tout cela,
cette enquête montre aussi que la plupart des Français ne font pas confiance
aux institutions politiques. La classe politique est-elle de plus en plus
déconnectée de la réalité du pays? Jusqu'où pourrait aller cette crise de
légitimité?
C'est une question très importante, très grave devrait-on
dire, qui dépasse évidemment le cadre de la gestion plus ou moins réussie de
l'immigration. La défiance se concentrait jusqu'ici sur l'économie justement,
nos compatriotes jugeant majoritairement que les responsables politiques ne
pouvaient plus (pour des raisons d'évolution de la mondialisation) ou ne
voulaient plus (pour des raisons idéologiques par adhésion au libéralisme ou au
projet européen notamment) agir politiquement, qu'ils étaient ou qu'ils
s'étaient en fait dépossédés de leur pouvoir, et donc de la légitimité possible
que l'on pouvait leur accorder.
Aujourd'hui, cette défiance s'étend à de multiples sujets,
notamment aux enjeux sur l'identité commune et à l'immigration. Et, de ce point
de vue, l'occultation de ces enjeux à laquelle on a pu assister pendant ces
derniers mois, pendant la campagne dont cela aurait dû être un des points
essentiels, est une très mauvaise nouvelle. Cela va encore renforcer cette
défiance aux yeux de nos concitoyens car non seulement les responsables
politiques ne peuvent ou ne veulent plus agir sur l'économie mais en plus ils
tournent la tête dès lors qu'il s'agit d'immigration ou de définition d'une
identité commune pour le pays et ses citoyens.
La rédaction vous conseille
Par Rozenn Morgat — 6 juillet 2017 à 09:00
Collectifs et associations s'activent devant la non-prise en
charge des migrants qui affluent dans ce quartier parisien. Plus d'un millier
vivent à la rue à proximité d'un centre de premier accueil totalement débordé.
A la Chapelle, les
bénévoles inquiets du sort des réfugiés cet été
A la porte de la Chapelle, dans le nord de Paris, la
situation n’est plus tenable. Pour les réfugiés installés aux abords du centre
humanitaire totalement saturé, comme pour les bénévoles qui leur viennent en
aide. Depuis le début du mois de juin, les associations et collectifs présents
sur place alertent l’Etat et la mairie de Paris sur les conditions sanitaires
dans lesquelles vivent près de 1 200 migrants sans-abri, le centre ne pouvant
recevoir que quatre cents personnes. Or «une centaine de nouveaux
primo-arrivants s’installent chaque jour» explique Clarisse Bouthier, du
collectif Solidarité Wilson. En conséquence, le nombre de sans-abri dormant à
même le sol ou sous des abris de fortune ne cesse chaque jour d’augmenter.
«Avec les bénévoles, on est sur les rotules» souligne Clarisse Bouthier. Yann
Manzi, le vice-président d’Utopia 56, dénonce aussi le «déni du gouvernement» :
«Tous les gens à la rue sont pris en charge par des citoyens, alors que c’est à
l’Etat de s’en occuper !»
Le système solidaire improvisé par des centaines de
volontaires du quartier depuis novembre dernier fonctionne tant bien que mal.
Mais depuis que le centre est totalement débordé par les arrivées en continu,
tout ce petit monde peine à joindre les deux bouts. Mardi, le conseil de Paris
dirigé par Anne Hidalgo a de nouveau tiré la sonnette d’alarme auprès de
l’Etat, plaidant pour la «mise à l’abri» de ces réfugiés et l’ouverture de
nouveaux établissements, notamment dans les «métropoles situées sur les routes
migratoires».
Limite atteinte
En attendant des réponses concrètes, les volontaires de la
Chapelle sont sur le qui-vive. Chaque jour, en plus de leurs boulots, ils
distribuent le minimum vital : couvertures, sacs de couchage, eau. «Il n’y a
que trois sanitaires pour 1 200 personnes !» constate Yann Manzi, «c’est comme
si l’Etat ne voulait pas voir. On ne met pas de toilettes, comme pour dissuader
les gens de se fixer près du centre.» Le collectif Solidarité Wilson offre,
lui, un petit-déjeuner chaque matin. Les approvisionnements sont stockés chez
les volontaires, déchargés aux aurores, puis remballés vers l’heure du
déjeuner. «C’est une organisation de dingue» explique encore Clarisse Bouthier,
pour qui la dernière distribution a duré près de dix heures. Face à l’afflux de
nouveaux réfugiés à l’approche de l’été, la permanence des bénévoles atteint sa
limite : «Hier, j’avais neuf cents gobelets. J’ai dû aller en acheter d’autres.
Pareil pour le petit-déjeuner, j’ai fait trois allers-retours au supermarché.
Le tout de notre poche.» Une cagnotte en ligne a été mise en place par le
collectif, qui demande depuis des mois à la mairie un local pour stocker la
nourriture et l’eau.
Pour tous, l’arrivée des congés d’été est une vraie
préoccupation. «Pendant les vacances, nos effectifs vont beaucoup diminuer,
alors que les réfugiés seront de plus en plus nombreux» s’inquiète Clarisse
Bouthier. Pierre Henry, le directeur de France terre d’asile s’alarme aussi de
voir la porte de la Chapelle devenir «un gigantesque entonnoir» pendant la période
estivale, si aucun dispositif durable n’est créé. «On ne demande pas au
gouvernement de financer l’extérieur du centre» explique le directeur, «mais on
sait que l’Ile-de-France accueille 50 % des primo-arrivants, il faut absolument
de nouvelles structures réparties sur l’ensemble du territoire.»
Epuisés et agacés, les bénévoles attendent les solutions
promises par le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb, qui devrait dévoiler un
«plan» sur l’asile dans les prochains jours. Sans quoi, l’été à la Chapelle se
passera, selon Pierre Henry, «avec plus de sécurité [l’emploi de la force pour
déloger les réfugiés, ndlr]». Et moins d’humanitaire.
Obligations d'aide aux migrants à Calais: l'Etat fait appel (06.07.2017)
Par Le Figaro.fr avec AFPMis à jour le 06/07/2017 à 12:35
Publié le 06/07/2017 à 12:23
Le préfet du Pas-de-Calais Fabien Sudry a annoncé
aujourd'hui que l'Etat avait fait appel de la décision du tribunal
administratif de Lille ayant ordonné fin juin des mesures d'aide aux migrants à
Calais.
"L'Etat vient de faire appel de la décision du tribunal
administratif prise en référé", a déclaré M. Sudry en marge d'un
déplacement consacré à la "renaturation" de l'ex-Jungle de Calais.
"C'est une décision du ministère de l'Intérieur avec un appel devant le
Conseil d'Etat", a-t-il précisé.
LIRE AUSSI :
Édouard Tétreau : «Ce que j'ai vu porte de la Chapelle à
Paris» (05.07.2017)
Mis à jour le
05/07/2017 à 19:43
http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2017/07/05/31003-20170705ARTFIG00231-edouard-tetreau-ce-que-j-ai-vu-porte-de-la-chapelle-a-paris.php
Des milliers de migrants sont entassés porte de la Chapelle,
à Paris, dans des conditions déplorables. Crédits photo : CHRISTOPHE
ARCHAMBAULT/AFP
TRIBUNE - L'État est dépassé par l'afflux des migrants, qui
ne fait que commencer, s'inquiète l'essayiste.
Il est 12 h 15 en l'église Saint-Denys de la Chapelle. Le
père Hervé, Guinéen arrivé en France voici quatre ans, concélèbre la messe de
sa paroisse chargée d'histoire de France. Sainte Geneviève, en 475, construisit
cette chapelle après avoir soulevé le peuple de Paris contre les Huns. Elle
honorait ainsi la mémoire de saint Denys, premier évêque de Paris, décapité
deux siècles plus tôt. En 1429, Jeanne d'Arc est venue prier ici la veille de
son assaut pour libérer Paris des Anglais.
En ce jeudi de juin 2017, les fidèles, de tous âges,
viennent prier, communier et se ressourcer, avant, pour la plupart d'entre eux
bénévoles d'associations humanitaires, de repartir porter secours et assistance
aux 1600 migrants de la porte de la Chapelle. Ceux que les médias et les
autorités publiques ne semblent plus considérer ni nommer.
Nous ne voulons pas voir une réalité que nous essayons de
contenir en bricolant depuis des années, et qui est en train de nous dépasser
Comment ...
Calais : rixe entre des migrants africains (01.07.2017)
Par Le Figaro.fr avec AFPMis à jour le 01/07/2017 à 15:25
Publié le 01/07/2017 à 15:19
Une rixe opposant une centaine de migrants africains, des
Erythréens face à des Ethiopiens, armés de bâtons et de pierres, a débuté vers
13h15 dans la zone industrielle de Calais, indique la préfecture du
Pas-de-Calais.
"Il y a un blessé léger mais l'intervention était
toujours en cours", vers 15 heures, a indiqué le directeur de cabinet de
la préfecture, précisant que des précédentes violences hier soir, toujours
entre Érythréens et Éthiopiens, avaient fait neuf blessés légers.
LIRE AUSSI :
Comment l'extrême-gauche instrumentalise les migrants (30.06.2017)
Par Rachida Samouri Publié le 30/06/2017 à 09:00
Manifestation, le 11 juin dernier, en faveur de l'accueil des migrants, Porte de la Chapelle à Paris.
REPORTAGE - A Paris ou à Calais, ils sont nombreux à se mobiliser pour porter assistance aux migrants. Mais, sur le terrain, des riverains dénoncent l'entrisme d'activistes d'extrême-gauche qui, sous prétexte d'assistance humanitaire, visent à déstabiliser le vivre-ensemble et à en découdre avec les forces de l'ordre pour instaurer le chaos.
«Pas de quartier pour les racistes ! Pas de racistes dans nos quartiers ! Solidarité pour les sans-papiers !» Le mot d'ordre de cette manifestation organisée le 25 mai dernier au cœur du quartier de La Chapelle était clair : dénoncer la stigmatisation des migrants symbolisée, selon leurs organisateurs, par une pétition dénonçant le harcèlement de rue subi par les femmes et relayée par un article du Parisien daté du 19 mai. Le cortège, réuni place de La Chapelle, entame un petit tour du quartier, pancartes à la main. Quelques migrants intimidés sont mêlés au groupe. Encouragés à prendre la tête de la manifestation, ils sont aussi poussés à donner de la voix dans le mégaphone, répétant maladroitement quelques slogans soufflés à ...
Niger: 51 migrants probablement morts (30.06.2017)
Par Le Figaro.fr avec AFPMis à jour le 30/06/2017 à 07:14
Publié le 30/06/2017 à 07:13
Environ 600 migrants d'Afrique de l'Ouest ont été secourus
depuis le mois d'avril dans le désert nigérien après avoir été abandonnés par
des passeurs, a indiqué hier l'Organisation internationale pour les migrations
(OIM). L'organisation a toutefois estimé que les 51 migrants portés disparus la
semaine dernière, après avoir été abandonnés en plein désert sur la route de
l'Europe via la Libye, étaient probablement morts. Les 51 migrants "sont
(donc) présumés morts", même si "les corps n'ont toujours pas été
retrouvés", a-t-elle dit.
"L'opération de sauvetage de l'OIM a secouru depuis le
mois d'avril 600 migrants abandonnés dans le désert du Sahara" qui ont été
hébergés dans son centre du nord du Niger, dans le cadre de son projet
"Aide et secours aux migrants dans la région d'Agadez" (MIRAA)",
a indiqué l'organisation. La dernière partie de cette opération s'est déroulée
dimanche quand 24 migrants, dont des Gambiens, des Nigérians, des Sénégalais et
des Ivoiriens, ont été rescapés par l'armée nigérienne et transférés vers un
centre de transit de l'OIM.
Ces miraculés faisaient partie d'un groupe de "75
migrants" ayant embarqué à bord de trois véhicules à Agadez pour la Libye,
et ont alerté les autorités de la disparition de 51 de leurs compagnons,
désormais donnés pour morts, selon l'OIM. Les autorités sont retournées là où
elles avaient découvert les survivants dans l'espoir de sauver les autres
migrants "mais ne les ont pas retrouvés en raison d'une tempête de
sable", explique l'OIM.
Fatoumi Boudou, le préfet de Bilma (nord) a assuré que des
recherches effectuées par les forces de défense et de sécurité (FDS) "dans
un rayon de 65 km" ont permis de "découvrir une seule tombe" à côté
de laquelle elles ont trouvé "une carte d'identité d'un étudiant du
Nigeria". "Nous sommes restés dans le désert pendant dix jours. Après
cinq jours, le chauffeur nous a abandonnés. Il est parti avec toutes nos
affaires, en nous disant qu'il reviendrait nous chercher dans quelques heures
mais il n'est jamais revenu", a raconté à l'OIM, Adaora, une rescapée
Nigériane de 22 ans.
Début juin, 44 migrants, parmi lesquels des bébés, avaient
été retrouvés morts en plein désert dans la région d'Agadez, sur la route
menant à la Libye voisine.
Paris: 1200 migrants autour du centre La Chapelle (29.06.2017)
Par Le Figaro.fr avec AFPMis à jour le 29/06/2017 à 13:55
Publié le 29/06/2017 à 12:29
Près de 1.200 personnes vivent dans la rue aux alentours du
centre humanitaire pour migrants ouvert dans le nord de Paris, porte de la
Chapelle, selon l'association France terre d'asile (FTDA) qui a été mandatée
pour mener des maraudes.
"Nous avons décompté 1.178 personnes au cours de la
semaine du 19 au 25 juin", a indiqué Pierre Henry, directeur général de
FTDA, faisant état de "200 personnes supplémentaires par semaine".
"Plus on attend, plus la situation est dégradée", a-t-il ajouté,
jugeant une évacuation "obligatoire".
Le 9 mai, un peu plus de 1.600 migrants avaient déjà été
évacués de campements insalubres installés autour de la porte de La Chapelle,
dans ce qui constituait la plus grosse opération de mise à l'abri en six mois.
"Le vrai sujet est: que peut-on mettre en place pour
éviter d'y avoir recours d'ici un mois ?", a ajouté le responsable de
FTDA, plaidant pour l'ouverture d'autres centres humanitaires, ailleurs qu'à
Paris. "Si rien n'est fait d'ampleur, on va continuer à gérer le
bazar".
La maire de Paris Anne Hidalgo avait écrit au ministre de
l'Intérieur fin juin pour lui demander la création de nouvelles places
d'hébergement "sur toute la France", sans quoi "plusieurs
milliers" de migrants risquent de camper dans les rues de Paris cet été.
FTDA organise des maraudes pour signaler les cas les plus
vulnérables, à charge pour les gestionnaires du centre de premier accueil de
déterminer les critères d'entrée dans le dispositif, a précisé M. Henry.
Les migrants, dont beaucoup d'Afghans, d'Erythréens et de
Soudanais, se sont réinstallés dans des conditions d'hygiène et de sécurité
déplorables, sous les ponts de l'autoroute A1 et entre les voies d'accès au
périphérique. Ils campent autour du centre humanitaire, qui avait justement été
ouvert en novembre pour mettre fin au cycle des installations et évacuations de
campements en pleine crise migratoire. Mais faute de places où les orienter
ensuite, le dispositif sature.
LIRE AUSSI :
» À Paris, 1000 migrants dorment aux alentours du centre de
premier accueil
» Paris : le camp de migrants de la Chapelle touché par une
épidémie de gale
» Migrants : la pression monte au nord de Paris
Starbucks va embaucher 2500 réfugiés (21.06.2017)
Par Le Figaro.fr avec Reuters
Mis à jour le
21/06/2017 à 10:25 Publié le 21/06/2017 à 07:10
La
chaîne de cafés américaine Starbucks a dit mardi qu'elle allait embaucher 2.500
refugiés en Europe dans le cadre d'un plan de recrutement de 10.000 réfugiés
sur cinq ans dans 75 pays présenté fin janvier. Le groupe a précisé avoir
commencé à recruter des réfugiés dans huit pays européens, l'Allemagne,
l'Autriche, l'Espagne, la France, la Grande-Bretagne, les Pays-Bas, le Portugal
et la Suisse.
L'initiative de Starbucks, qui avait été prise
peu de temps après le décret, toujours bloqué, de Donald Trump interdisant
l'entrée aux Etats-Unis aux réfugiés de sept pays majoritairement musulmans,
avait été mal accueilli par certains aux Etats-Unis. Mais il semble qu'il n'y
ait pas de réaction similaire en Europe, avec seulement une poignée de
personnes exprimant sur Twitter leur désapprobation de l'embauche de réfugiés.
Ces derniers représenteront quelque 8% des
effectifs actuels de 30.000 personnes de Starbucks en Europe. Quelque 1,7
million de réfugiés et de migrants, en provenance surtout de pays ravagés par
la guerre et les violences tels que la Syrie, l'Irak, l'Afghanistan ou encore
l'Erythrée, ont afflué dans l'Union européenne depuis 2014.
L'engagement de Starbucks en faveur des
réfugiés "montre que des entreprises comme les nôtres peuvent utiliser
leur taille pour avoir un impact positif sur la vie des gens", a déclaré
Martin Brok, président de Starbucks Europe, Afrique et Moyen-Orient, cité dans
un communiqué.
Pourquoi la délocalisation des audiences à Roissy pour les
étrangers fait-elle polémique ? (28.06.2017)
A partir de septembre, les étrangers non admis sur le
territoire seront jugés à l’aéroport Charles-de-Gaulle. Des audiences tests se
déroulent mardi.
LE MONDE | 28.06.2017 à 17h27 • Mis à jour le 04.07.2017 à
11h49 |
http://www.lemonde.fr/societe/article/2017/06/28/pourquoi-la-delocalisation-a-roissy-des-audiences-pour-les-etrangers-fait-elle-polemique_5152613_3224.html
Par Jeanne Cavelier
L’annexe du tribunal de grande instance de Bobigny, près de
l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle, le 28 août 2013.
Les premières audiences expérimentales, samedi 24 juin,
n’ont pas éteint la polémique. La délocalisation, en septembre, des audiences
pour les étrangers non admis en France du tribunal de grande instance (TGI) de
Bobigny (Seine-Saint-Denis) vers une annexe, à l’aéroport
Paris-Charles-de-Gaulle, à Roissy-en-France, continue d’inquiéter.
Absence de visa, d’attestation d’accueil, titres de voyage
falsifiés, périmés… Certains étrangers, arrêtés à leur descente d’avion, ne
sont pas admis à entrer sur le territoire. S’ils ne sont pas réacheminés vers
leur pays d’origine ou de provenance au bout de quatre jours, c’est à un juge
de décider de leur maintien, ou non, dans la zone d’attente pour les personnes
maintenues en instance (ZAPI). Le temps pour l’administration d’évaluer, par
exemple, si leur demande d’asile est recevable.
Leurs situations étaient jusqu’ici examinées à Bobigny.
Après les premières audiences tests, samedi, dans une salle de l’aéroport
Roissy-Charles-de-Gaulle, celles prévues mercredi 28 juin ont été annulées, la
police aux frontières (PAF) ayant dû déplacer les personnes maintenues dans la
zone d’attente pour des « travaux de mise aux normes des locaux », selon la
police. Les prochaines et dernières audiences tests sont prévues le 4 juillet.
D’où vient le projet de délocalisation et quel est son
objectif ?
L’idée d’une délocalisation des audiences à Roissy remonte à
2003. Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’intérieur, souhaite accélérer le
renvoi des étrangers non admis sur le territoire. En 2012, Manuel Valls, Place
Beauvau, reprend le dossier et finance la construction des locaux au sein de
l’aéroport, pour un coût de 2,7 millions d’euros. Mais la ministre de la
justice d’alors, Christiane Taubira, suspend ensuite le projet, affichant son
opposition « à titre personnel ».
Un rapport, remis à la garde des sceaux en 2013, préconise
plusieurs mesures préalables à l’ouverture de l’annexe afin de garantir les
droits des étrangers : déplacements de clôtures, amélioration de la
signalisation extérieure, séparation de la porte entre la ZAPI et la salle
d’attente de l’annexe, etc. C’est Jean-Jacques Urvoas, successeur de Mme
Taubira, qui demande la mise en service de la salle, à la fin de 2016. Ces
travaux d’aménagement auraient coûté 1 million d’euros supplémentaires, d’après
l’Association nationale d’assistance aux frontières pour les étrangers (Anafé).
La mise en service de cette annexe évitera, à partir de
septembre, d’avoir à conduire les étrangers en passe d’être jugés à la ville et
préfecture de la Seine-Saint-Denis. Jusqu’à présent, ils « doivent se lever très
tôt, sont transportés par un car de CRS jusqu’au tribunal, où ils sont conduits
au deuxième sous-sol, avant d’être groupés dans une petite salle d’attente
borgne » et ne repartent que « très tard en fin de journée », décrit le
président du tribunal, Renaud Le Breton de Vannoise, qui évoque des raisons «
humanitaires » à cette délocalisation.
L’opération permettrait aussi d’économiser sur les
allers-retours entre les deux lieux et sur la mobilisation des policiers pour
les convois. Un argument que contestent les opposants au projet, évoquant le
coût de la salle et des trajets des personnels du tribunal, ainsi que
l’embauche d’interprètes supplémentaires sur place.
Pourquoi la délocalisation fait-elle polémique ?
Les avocats du barreau de la Seine-Saint-Denis, qui
dénoncent une « justice d’exception », ont décidé de boycotter les audiences
expérimentales. Ils sont soutenus par des représentants du Conseil de l’ordre,
du Conseil national des barreaux, de la Conférence des bâtonniers, du barreau
de Paris et d’autres grands barreaux français, qui ont manifesté à Roissy le 29
mai.
L’Observatoire de l’enfermement des étrangers (OEE) s’oppose
aussi à cette salle d’audience délocalisée. Il compte parmi ses membres
l’Anafé, la Cimade, la Ligue des droits de l’homme ou encore le Syndicat de la
magistrature. La Commission nationale consultative des droits de l’homme
(CNCDH) a, quant à elle, émis de fortes réserves.
Cette délocalisation porterait atteinte au droit de la
défense, le lieu, situé à 35 kilomètres de Paris et mal desservi par les
transports, étant difficilement accessible aux avocats. Un éloignement qui
limite aussi de facto le principe de publicité des débats. « Si la justice
n’est pas rendue ailleurs que dans les palais de justice, au cœur des villes, c’est
qu’elle l’est au nom du peuple français, qui doit pouvoir y assister »,
souligne la bâtonnière de la Seine-Saint-Denis, Valérie Grimaud.
Présent à la première audience test, le président de
l’Anafé, Alexandre Moreau, a dû par exemple aiguiller des proches de personnes
maintenues, perdus à leur arrivée à l’aéroport faute d’indications claires. Les
difficultés se trouvent multipliées pour les non-francophones et les familles
disposant d’un revenu trop modeste pour payer le transport jusqu’à Roissy.
Pour les opposants à cette délocalisation, celle-ci menace
également le droit à un procès équitable des personnes jugées. La proximité du
tribunal avec la zone d’attente spéciale, un centre de rétention, et les liens
quasi quotidiens du juge avec le personnel de cette zone peuvent brouiller
l’apparence d’indépendance de la justice. « Après avoir rencontré le juge des
libertés et de la détention, certains étrangers nous disent qu’ils ont vu “le
juge de la police”, affirme Laure Palun, coordinatrice associative de l’Anafé.
Comment la personne peut-elle savoir qu’elle est présentée à un juge impartial,
et expliquer sereinement sa situation si le lieu est sous contrôle de la police
aux frontières (PAF) ? »
L’OEE a déjà pu constater des problèmes similaires dans l’annexe
du TGI de Meaux, mise en service à l’automne 2013 au Mesnil-Amelot, en
Seine-et-Marne, qui jouxte le centre de rétention administrative. Les membres
de l’OEE devraient publier une position commune à l’issue des audiences
expérimentales.
Qui sont les étrangers concernés par ces audiences ?
Environ sept mille étrangers passent chaque année par la
ZAPI. Leur maintien « est prononcé pour une durée qui ne peut excéder quatre
jours », selon le code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile.
Si la PAF ne parvient pas à les réacheminer vers leur pays d’origine ou de
provenance, elle saisit le juge des libertés et de la détention du tribunal de
Bobigny pour l’autoriser à prolonger de huit jours ce maintien dans la ZAPI.
Cette période étant renouvelable une fois, les personnes peuvent y rester
pendant vingt jours.
Les étrangers maintenus sont répertoriés en trois catégories
juridiques.
- Les « non-admis » ne remplissent pas les conditions nécessaires
pour accéder au territoire français.
- Idem pour les personnes « en transit
interrompu », qui ne sont pas en situation de poursuivre leur voyage vers un
pays étranger.
- Enfin, certaines personnes sollicitent leur admission au titre
de l’asile.
La PAF retient aussi parfois des mineurs non accompagnés. Le
procureur de la République doit alors lui désigner sans délai un administrateur
ad hoc, qui l’assiste et le représente dans toutes ses démarches.
Hongrie: dix accusés dans le procès du «camion charnier» (21.06.2017)
Par Florence La Bruyère, correspondante à Budapest — 21 juin
2017 à 10:57
Un des suspects dans l'enquête sur le camion charnier
découvert en Autriche, à son arrivée le 29 août 2015 au tribunal de Kecskemét
en Hongrie
Un des suspects dans l'enquête sur le camion charnier
découvert en Autriche, à son arrivée le 29 août 2015 au tribunal de Kecskemét
en Hongrie Photo ATTILA KISBENEDEK. AFP
C’est dans les environs de Kesckemét, ville située à
mi-chemin de Budapest et de la frontière serbe que des trafiquants avaient
embarqué des réfugiés dans un camion en 2015 pour un voyage mortel.
Hongrie: dix accusés
dans le procès du «camion charnier»
La tragédie avait provoqué une vive émotion en Europe. Le 27
août 2015, alors que des milliers de réfugiés affluent sur le continent, 71
personnes sont retrouvées mortes dans le compartiment étanche d’un camion
frigorifique abandonné sur la bande d’urgence d’une autoroute autrichienne, à
Parndorf, à 11 kilomètres de la frontière hongroise. A l’intérieur du véhicule
immatriculé en Hongrie, la police autrichienne découvre les cadavres de 59
hommes, huit femmes et quatre enfants dont un bébé de dix mois. Ils sont
syriens, irakiens, iraniens, et afghans. L’entassement des corps et leur état
de décomposition sont tel que les équipes médico-légales mettront une nuit
entière à les dégager. Les victimes, prises en charge par des passeurs au sud
de la Hongrie, non loin de la frontière serbe, sont mortes d’étouffement dans
des conditions atroces.
La découverte du camion charnier, ainsi que celle, quelques
jours plus tard, d’un enfant mort sur une plage turque, provoquent une onde de
choc en Europe. «Nous sommes tous bouleversés par ces terribles nouvelles,
réagit aussitôt Angela Merkel. Même les journaux allemands ultra-conservateurs
appellent au soutien des réfugiés. En phase avec l’opinion publique de son
pays, la chancelière prend l’initiative d’accueillir des centaines de milliers
de fugitifs en Allemagne.
«1000 à 1500 euros»
Dans le box des dix accusés comparaissant ce mercredi à
Kecskemét, neuf ressortissants bulgares et un citoyen afghan de 30 ans, chef
présumé du gang de trafiquants. Ce dernier, Samsoor L., vivait depuis 2013 en
Hongrie où il bénéficiait de la protection subsidiaire, un statut proche de
celui de réfugié. Il disposait de la complicité de compatriotes établis en
Serbie, qui lui adressaient des migrants transitant par ce pays.
D’après les enquêteurs, le réseau de trafiquants a généré
d’importants profits en convoyant de février à août 2015 au moins 110 personnes
à qui il était demandé «de 1000 à 1500 euros» chacune pour passer en Autriche.
Les gains étaient rapatriés en Afghanistan.
Le crime est «d’une nature exceptionnelle» selon le parquet
hongrois (l’affaire est jugée en Hongrie, lieu de décès des victimes selon les
autopsies). Le jour même de la découverte du camion charnier, les trafiquants
ont transporté un autre groupe de 81 migrants dans des conditions identiques ;
ces derniers ont échappé de peu à la mort en défonçant la porte du camion.
Le procès s’ouvre sur une controverse. La police hongroise
aurait-elle pu empêcher le drame ? C’est ce que soutiennent des journalistes
d’investigation allemands du Süddeutsche Zeitung et des chaînes NDR et WDR qui
ont eu accès aux transcriptions des écoutes. La police magyare avait en effet
repéré les trafiquants dès juillet 2015 et les avait mis sur écoute 13 jours
avant le drame.
«Pas question d’ouvrir la porte du camion»
Le matin de la tragédie, à 6h16, le chauffeur du camion, qui
roule encore en Hongrie, appelle un complice bulgare. «Ils font un boucan pas
possible à l’arrière. A la frontière, la police risque de les entendre,
qu’est-ce que je fais ?» Le complice appelle alors le chef afghan qui donne ses
ordres : «Pas question d’ouvrir la porte du camion […] ni de leur donner de
l’eau. Dis [au chauffeur] de continuer. Et s’ils meurent, dis-lui de se
débarrasser des corps dans la forêt, en Allemagne».
Mais si la police enregistrait bien ces conversations, qui
ont eu lieu en pachtoun, en bulgare et dans un dialecte serbe, elle ne les
écoutait pas en live. «Les autorités hongroises n’ont pu faire traduire et
analyser ces informations qu’après la découverte du crime» a indiqué à
Libération Gabor Schmidt, porte-parole du parquet de la région de Bacs-Kiskun.
D’après les données recueillies les jours précédents, rien n’indiquait que les
migrants étaient en danger de mort. «Les autorités hongroises n’auraient pas pu
empêcher ce crime, vu le déroulement extrêmement rapide des événements» ajoute
Gabor Schmidt.
Le procès devrait durer au moins jusqu’au 30 juin.
Aujourd’hui, les chefs d’inculpation retenus sont : trafic d’êtres humains,
crime en bande organisée, et assassinat commis avec une extrême cruauté. Des
crimes passibles de 30 ans de prison, voire de détention à vie.
Florence La Bruyère correspondante à Budapest
Immigration : la grande faillite de l'Europe (23.06.2017)
Par Vianney Passot
Publié le 23/06/2017 à 13:21
FIGAROVOX/ENTRETIEN - Jean-Thomas Lesueur, délégué général
de l'institut Thomas More, fait le point sur la politique migratoire de
l'Europe. Pour lui, on attend toujours une réponse claire et structurée de la
part des États membres de l'Union européenne.
Jean-Thomas Lesueur est délégué général de l'Institut Thomas
More. Il a publié en janvier le rapport «Propositions pour refonder la
politique migratoire française».
FIGAROVOX.- La mort d'un homme causée par un barrage de
migrants en début de semaine a remis la question migratoire au cœur de
l'actualité. En parallèle de cet événement, Anne Hidalgo a appelé le gouvernement
à l'aide, car elle n'arrive plus à faire face à ce problème à Paris. Où en
sommes-nous vraiment en France et en Europe? Les flux migratoires sont-ils
devenus ingérables?
Jean-Thomas Lesueur.- L'Organisation Internationale pour les
Migrations a enregistré 81 292 arrivées (y compris les décès en mer) en
Méditerranée pour le premier semestre 2017, contre 215 702 pour la même période
en 2016. La porte grecque est globalement refermée, avec un peu plus de 8 000
arrivées contre 158 000 l'an passé (essentiellement grâce à l'accord avec la
Turquie, que cela nous plaise ou non). L'Italie est toujours sous pression (69
000 contre 56 000) et certains s'inquiètent de ce qui se passe aux frontières
espagnoles, même si les chiffres restent proportionnellement bas (un peu plus
de 3 000).
On peut donc certes considérer que les flux migratoires à
l'échelle européenne sont moins «ingérables» qu'ils ne l'étaient en 2016 et
surtout en 2015. Mais le problème est qu'ils ne sont toujours pas sérieusement
gérés…
C'est vrai à l'échelle européenne où la pression reste forte
et les initiatives prises jusque-là, louables si l'on veut, mais insuffisantes.
L'Europe doit faire de la garde de ses frontières extérieures une véritable
politique structurée et coordonnée avec les États membres (et non contre eux)
dans une logique de double ligne de défense. C'est vrai aussi à l'échelle
française où les passes d'armes entre le maire de Paris et le ministre de
l'Intérieur montrent qu'on n'a toujours pas de solutions.
À quoi peut-on s'attendre durant l'été qui commence? Une
accalmie, ou au contraire une nouvelle augmentation des arrivées sur le
territoire?
Je l'ai dit, les chiffres d'arrivée sur les côtes
méditerranéennes sont en baisse mais restent importants. Les flux semblent à
peu près sous contrôle en Méditerranée de l'est mais la pression se déporte sur
la Libye, donc l'Italie. Flavio Di Giacomo, porte-parole de l'Organisation
Internationale pour les Migrations à Rome, a indiqué que plus 4 800 migrants
ont été secourus au large des côtes nord-africaines le week-end dernier… C'est
dire que l'accalmie ne semble pas à prévoir, hélas.
Peut-on s'attendre à une réponse à la hauteur du problème de
la part du nouveau gouvernement? La question migratoire est-elle suffisamment
prise au sérieux en France aujourd'hui?
Il est un peu tôt pour en juger et je ne vais pas faire de
procès d'intention. Mais il est vrai que la réponse de Gérard Collomb à Anne
Hidalgo ressemble un peu à un vœu pieux. Et il est encore plus vrai que le
programme d'Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle ne laissait pas
entendre qu'il en faisait un sujet prioritaire.
C'est à une refondation du droit d'asile qu'il conviendrait
pourtant de travailler, dans deux directions. D'abord, un durcissement des
conditions d'accès - on a vu en 2015 que la fuite d'authentiques réfugiés a
créé un appel d'air dans lequel se sont engouffrées des centaines de milliers
de personnes qui, pour n'avoir sans doute pas une vie facile chez eux,
n'étaient pas pour autant des réfugiés. Ensuite, une accélération des
procédures de traitement des dossiers d'une part et une bien plus grande
exécution des procédures d'expulsion en cas d'OQTF (Obligations de quitter le
territoire français), d'autre part.
Ces mesures seraient à mettre en œuvre en même temps que la
politique de surveillance des frontières extérieures européennes, comme je l'ai
indiqué.
«Calais, c’est pas mieux que la Libye» (21.06.2017)
Libération
A Calais, le 15 juin, des hommes patientent près de la
station-service où les camions font le plein avant de traverser la Manche.
Photo Antoine Bruy pour Libération
Depuis le démantèlement de la «jungle», la situation
humanitaire des quelque 500 réfugiés qui errent dans la ville est devenue
intenable. Les forces de l’ordre les traquent sans répit et les associations
ont bien du mal à les aider.
«Calais, c’est pas
mieux que la Libye»
Calais, année zéro. Devenue depuis deux décennies un des principaux
lieux de regroupement sur le sol français des exilés du monde entier, les côtes
britanniques en ligne de mire, la ville du Pas-de-Calais vit un éternel
recommencement. Bien que bunkerisée - on ne compte plus les kilomètres de
clôtures et de fils barbelés déroulés à grands frais par les autorités - Calais
reste un eldorado pour des milliers de migrants. Hier soudanais, irakiens ou
kurdes, ils sont aujourd’hui principalement érythréens, afghans ou éthiopiens,
à errer dans la cité, sans cesse traqués par des forces de l’ordre presque
aussi nombreuses qu’eux.
RETROUVEZ NOTRE DIAPORAMA :
Migrants à Calais, la traque permanente
Spectacle absurde, aux premières lueurs de l’aube, de quatre
CRS postés au bord d’une voie rapide et dissuadant quatre migrants, installés
juste en face, de rejoindre une station-service où les poids lourds viennent
faire le plein avant de rallier l’Angleterre. Calais, c’est un ballet permanent
de silhouettes anonymes errant le long des bretelles d’autoroutes, un simple
sac sur le dos. Des camionnettes de gendarmes et de policiers comme incrustées
dans le bitume à certains points «stratégiques». Des discussions saisies à la
volée, comme ces six militaires de l’opération «Sentinelle», racontant à la
terrasse d’un café comment ils ont découvert, l’autre nuit, «sept Ethiopiens
dans une voiture» au terminal Eurotunnel.
Novlangue
Il y a huit mois, l’Etat organisait, devant les caméras du
monde entier, le démantèlement de la «jungle» de Calais, bidonville où vivaient
près de 7 000 personnes. La majorité avait bénéficié d’un relogement dans un
centre d’hébergement. François Hollande était président de la République,
Bernard Cazeneuve ministre de l’Intérieur. C’était il y a une éternité. La
seule obsession des autorités, depuis lors, est d’éviter la reformation d’un
«point de fixation», pour reprendre la novlangue administrative. Envolées, les
promesses de conserver un dispositif d’accueil dans le Calaisis.
«Cela fait huit ans que j’interviens ici et je n’avais
jamais vu ça, soupire Vincent de Coninck, chargé de mission pour le Secours
catholique. La politique renouvelée de Macron ? En réalité, il emploie des
politiques à l’œuvre depuis quinze ans, qui ont fait preuve d’inefficacité et
d’inhumanité.» La semaine dernière, le Défenseur des droits, Jacques Toubon, a
dénoncé des atteintes d’une «inédite gravité», demandant aux autorités de ne
pas s’obstiner dans ce qui s’apparente à un «déni d’existence» des exilés.
«Peut-être que Toubon est devenu no border…» ironise Vincent de Coninck.
«Des rescapés»
Quelque 500 migrants survivent aujourd’hui à Calais. A part
renforcer la répression policière, l’Etat n’a rien prévu pour eux. Pour
demander l’asile, ils doivent se rendre à Lille et risquer les contrôles, voire
un placement en rétention. Pour boire, manger, se laver, ils s’en remettent aux
associations. Le midi, la distribution de nourriture s’effectue dans la cour de
l’église Saint-Joseph. Le père Jean-Marie Rauwel, 52 ans, a décidé de mettre
l’espace à disposition des exilés et de leurs soutiens. Il explique : «Avant
d’être des migrants ou des réfugiés, ces personnes sont des rescapés. Pour une
grande majorité, ils ont perdu des proches au cours de leur périple, morts en
mer, dans le désert ou parfois lâchement assassinés. Rien que cela mérite le
respect et un minimum d’accueil.»
A l’ombre d’un mur, Haben, un Erythréen de 17 ans, patiente
avec ses amis, le temps que la distribution de ce jeudi commence. Ils écoutent
des chants religieux chrétiens sur le portable d’un des membres du groupe. «La
seule raison pour laquelle on veut aller en Angleterre, c’est qu’on a de la
famille là-bas, explique Haben. On essaie de monter dans des camions tous les
jours, jusqu’à ce que notre Dieu nous donne notre chance. Mais on est fatigués.
Certains sont là depuis un an ou deux.» Du français, il ne connaît que quelques
mots. Notamment ceux-ci, martelés par les forces de l’ordre chaque nuit :
«Allez, allez, allez, on bouge !» La traque ne s’interrompt jamais. Les
migrants en font tous le même récit. L’irruption de CRS, en pleine nuit, dans
les bosquets et fossés où les migrants tentent de grappiller quelques minutes
de sommeil. Les lampes torches dans les yeux, les coups de matraque dans les
jambes, les «sprays» de lacrymo dans les yeux et sur les duvets. «Si tu restes
trop longtemps à un endroit, ils deviennent très agressifs», résume Haben.
Juste à côté, Youssouf prend le relais. Il porte une veste
de jogging de la marque Macron, car les dons, ici, ne sont pas qu’alimentaires.
L’adolescent a l’air aussi épuisé que ses camarades, mais il a très bien
identifié les forces en présence dans le coin. Ainsi, raconte-t-il, les
gendarmes sont «OK, t u peux leur parler». Les CRS, en revanche, l’effraient.
Il montre une plaie sur le tibia, deux autres à chaque avant-bras. «Ça, c’est la
police, dit-il. Calais, c’est pas mieux que la Libye.» Un troisième Erythréen,
Mahari, complète : «Moi, mes blessures sont juste internes.» Il montre sa tête.
Quatre heures plus tard, dans la zone industrielle des
dunes. C’est là, à quelques centaines de mètres de l’ancienne «jungle», que
s’est organisé le démantèlement en octobre. Aujourd’hui, ils sont plusieurs
dizaines à s’y cacher. On croise un groupe d’Ethiopiens. Pour Natnael, la vie
se résume à «être en mouvement, tout le temps, sinon la police frappe». «On
dort trente minutes d’affilée par jour», glisse-t-il.
Il est l’heure de la distribution du soir, la seule tolérée
par les autorités, entre 18 et 19 heures. Pour s’y rendre, on serpente dans les
fourrés, jonchés de vêtements abandonnés, car recouverts de lacrymogènes. Une
longue file se forme devant les camionnettes de Refugee Community Kitchen,
l’organisation britannique qui confectionne les barquettes de salade de légumes
et de riz pilaf. Un groupe électrogène, auquel sont raccordées des multiprises,
permet de recharger les téléphones portables. Un jeune Erythréen confie qu’il a
pu appeler sa famille il y a trois jours : «Mais je n’ai pas dit grand-chose
sur ma situation, sinon elle serait anxieuse.» A 19 h 30, réglés comme du
papier à musique, les CRS font leur apparition. La foule se disperse dans le
calme.
L’inconnue du soir
21 heures, rendez-vous est pris au grand hangar
inter-associations, où sont stockés les dons et préparés les repas. La maraude
d’Utopia 56 ne va pas tarder à partir. A son bord, Youssef, David et Sophia.
Ils ont leurs habitudes et savent exactement où les réfugiés viennent demander
un repas. Comment se comporteront les forces de l’ordre ? C’est l’inconnue du
soir. Depuis des semaines, les bénévoles en sont réduits à un «jeu du chat et
de la souris», n’échappant pas, souvent, à des contrôles d’identité plus ou
moins cordiaux.
La camionnette marque son premier arrêt à «l’ancien Lidl»,
le long d’une voie de chemin de fer. A travers champs, on voit les migrants
arriver. Il y a Shakran, un Afghan de 25 ans. Il a vécu quelques années au
Royaume-Uni avant d’être expulsé, mais rêve d’y retourner, par la voie légale
cette fois. Sa compagne, britannique, a donné naissance il y a trois semaines à
leur premier enfant, prénommé Mohamad. L’homme espère obtenir un visa pour les
retrouver. Arrive Nassir, un Afghan de 15 ans. Il montre le ciel quand on lui
demande s’il a de la famille outre-Manche, puis lâche sur le ton de l’évidence
: «Je veux aller là-bas parce que les gens ici n’aiment pas les réfugiés.» La
camionnette repart. Elle circulera jusqu’au milieu de la nuit.
Cinq douches offertes
5 h 30, le jour se lève sur la rue des Mouettes, dans la
zone industrielle. Quatre fourgons de CRS sont déjà garés sur place. Extirpés
de leur sommeil, les migrants racontent que cette nuit a été plus calme qu’à
l’accoutumée. Conséquence, peut-être, du coup de gueule des associations contre
la répression policière. Déjà, des exilés se dirigent vers le «belgium
parking», l’endroit où la plupart tentent de s’engouffrer à l’arrière d’un
camion. Ils y vont comme certains vont au travail. On ne sait pas trop s’ils
croient vraiment en leurs chances. Trois heures plus tard, la camionnette de
l’association Salam se gare pour la distribution du petit-déjeuner. Il faut
faire vite, les CRS pourraient s’y opposer.
CRS venus stopper la distribution alimentaire pendant la
maraude de l’association Utopia sur « le parking de covoiturage »
Estelle et les autres bénévoles sortent les thermos de thé
et de café et des sacs entiers de viennoiseries, récupérés dans les invendus de
boulangeries amies. Un attroupement se forme vite autour de Brigitte, qui,
chaque jour, «offre» cinq douches chez elle aux migrants. Ils l’alpaguent
gentiment, s’accrochent à son bras, crient «Mamy, twenty days no shower !» Elle
rigole : «Les fayots !» Il faudra néanmoins n’en choisir que quelques-uns. Très
vite, des CRS déboulent, demandent aux bénévoles de remballer. Il y a cinq
membres de Salam, quatre policiers et… deux réfugiés. Le dialogue tourne court.
«Il faut qu’ils arrêtent tout», lâche un pandore. «Même de l’eau, on ne peut
pas en distribuer ?» demande Estelle. Le chef : «Oh, ils se débrouilleront, ne
vous inquiétez pas.»
Sylvain Mouillard Envoyé spécial à Calais Photos Antoine
Bruy
Anne Hidalgo interpelle le gouvernement sur la crise migratoire qui reprend à Paris (20.06.2017)
La maire de Paris adresse un courrier à trois ministres, dont celui de l'Intérieur Gérard Collomb, pour alerter sur une nouvelle crise migratoire qui s'amplifie dans la capitale, alors que 1000 migrants campent actuellement dans les rues du nord de Paris.
Avec l'arrivée des beaux jours, la pression migratoire monte à Calais, où un chauffeur est mort cette nuit dans un accident provoqué par un barrage installé par des migrants, mais aussi à Paris. Dans un courrier adressé vendredi aux ministres de l'Intérieur, de la Cohésion des territoires et de la Justice, Anne Hidalgo alerte sur une hausse importante des arrivées de migrants ces deux dernières semaines dans les rues de la capitale.
«Si ce rythme des arrivées se poursuivait sans augmentation du rythme des prises en charge, ce sont ainsi plusieurs milliers de personnes qui seraient contraintes de vivre dans des conditions indignes au sein de la capitale au cœur de l'été», explique la maire. «Or, la situation actuelle est déjà difficilement tenable en l'état.»
Un campement de 1000 personnes à Paris
Un campement d'un millier de migrants s'est de nouveau reconstitué dans le nord-est de Paris. En cause, la saturation des «centres d'accueil humanitaire» de la porte de La Chapelle et d'Ivry. «Environ 70 migrants arrivent chaque jour au centre d'urgence de La Chapelle, pour 40 à 50 prises en charge par l'Etat dans des Centres d'accueil et d'orientation», explique-t-on à l'Hôtel de ville.
«Les tensions à l'entrée du centre humanitaire sont désormais quotidiennes tant les frustrations sont grandes et les rixes se multiplient», peut-on lire dans le courrier d'Anne Hidalgo. Boulevard de La Villette, la file d'attente devant le plateforme d'accueil gérée par France terre d'asile «est en passe de se transformer en campement permanent», poursuit-elle.
La maire plaide donc pour la création de places d'hébergements supplémentaires sur toute la France. «Il y a une incohérence majeure aujourd'hui dans l'accueil des migrants», estime-t-on à la mairie. «Un migrant qui vient d'Italie doit aller jusqu'à Paris pour obtenir un premier accueil d'urgence, avant d'être placé par l'Etat dans des centres d'accueils qui seront potentiellement dans le sud du territoire...» Anne Hidalgo demande donc la création de centres similaires à celui de Paris dans toute la France.
Le courrier aborde également la question des mineurs étrangers isolés, dont le nombre a «doublé en un an». Actuellement, la quasi-totalité de l'effort de prise en charge repose sur Paris et la Seine-Saint-Denis. La mairie de Paris pointe l'absence de coordination des différents services chargés de les prendre en charge sur le territoire français. «Il apparaît aujourd'hui essentiel de nationaliser la procédure d'évaluation de la minorité et de l'isolement, et que cette dernière soit confiée à des équipes disposant d'une taille suffisante», indique le courrier.
Anne Hidalgo appelle enfin à la création d'une instance qui associerait les services de l'Etat, les collectivités locales concernées et les principales associations afin de «construire une réponse collective» à la nouvelle crise migratoire qui se prépare pour cet été.
Lire aussi - Pas-de-Calais: un chauffeur tué dans un accident provoqué par un barrage de migrants
Migrants : et si on les laissait passer en Angleterre ? (04.03.2016)
Publié le 04/03/2016 à 12:37
Migrants : et si on les laissait passer en Angleterre ?
Crédits photo : PHILIPPE HUGUEN/AFP
FIGAROVOX/TRIBUNE - La jungle du Calaisis où s'accumulent
des clandestins qui veulent passer en Grande-Bretagne marque le paroxysme de
l'échec européen estime Alexis Théas. Pour lui, il est illégal d'enfermer les
migrants dans l'espace Schengen.
Alexis Théas est juriste et universitaire.
La jungle du Calaisis où s'accumulent des milliers de
migrants dans l'attente de passer en Grande-Bretagne marque le paroxysme de
l'échec européen en matière de politique d'immigration et de frontière. Il n'est
que la conséquence d'un dispositif absurde : la France a ouvert ses frontières
intérieure, avec l'Italie, l'Allemagne, la Belgique, en vertu du dogme de la
libre circulation, mais bloque la sortie des migrants qui veulent se rendre au
Royaume-Uni. Toutefois, dans le droit européen, en particulier le règlement
frontière du 15 mars 2006, rien n'oblige un Etat de l'espace Schengen à
interdire à des ressortissants étrangers de sortir de cet espace de libre
circulation. C'est même le contraire, en se penchant sur la question, il
apparaîtrait bien vite que la France est probablement dans l'illégalité la plus
totale en enfermant des migrants dans les frontières de cet espace Schengen.
En vérité, le dispositif policier et frontalier phénoménal
que la France consacre au blocage des migrants sur son propre territoire pour
protéger le Royaume-Uni est le fruit d'une histoire et des concessions
successives des différents gouvernements, Jospin (1997-2002) puis Raffarin en
2002/2003, destinées à amadouer les gouvernements britanniques et à mettre fin
aux tensions avec ce pays liées à l'immigration. Dans ce dossier, tous les
gouvernements français ont fait preuve de faiblesse, acceptant, sous la pression
de la Commission européenne et les menaces de la Cour de Justice, l'ouverture
totale des frontières françaises et sous la pression britannique, de protéger
la Grande-Bretagne de l'immigration. La situation est absurde, la France ouvre
ses frontières et protège celle d'un autre. Le fruit tragique de cette
faiblesse et de cette incohérence, dans un contexte de défaillance généralisée
de la frontière extérieure européenne, nous l'avons sous les yeux avec la
situation apocalyptique de Calais.
La France peut-elle envisager de mettre fin à la protection
de la Grande-Bretagne par des moyens policiers hors normes qu'elle y consacre ?
En droit, rien ne s'y oppose. La France n'encourt aucun jugement défavorable
des tribunaux européens, aucune sanction. Que se passerait-il ? Les migrants
parviendraient à passer massivement en Grande-Bretagne, par tous les moyens
possibles: tunnel, Eurostar, embarquement dans des camions... Ils seraient
interceptés de l'autre côté de la Manche où se mettraient en place de vastes
zones d'hébergement et de retenue. Le désastre français du Calaisis, cette
immense zone de non droit, serait dès lors transféré au Royaume-Uni. La France
serait en principe contrainte, en vertu du règlement Dublin, de reprendre
quelques demandeurs d'asile interpellés en Grande-Bretagne, mais cette
procédure est lourde et inefficace et ne jouerait que marginalement. Le risque
serait toutefois de provoquer dans le Calaisis un gigantesque appel d'air,
cette région devenant un couloir ouvert vers le Royaume-Uni. Il est aussi de
provoquer un chaos généralisé dans les transports vers Outre-Manche, Eurostar
paralysé, tunnel sous la Manche envahi, camions pris d'assaut.
Une telle décision serait pourtant dans l'intérêt national
de la France. Elle mettrait fin au chaos indescriptible du Calaisis. Mieux vaut
être un corridor de passage qu'un cul-de-sac, une zone de non droit, un
gigantesque bidonville à la fois désastre humanitaire et jungle livrée aux
passeurs criminels. Mais surtout, elle provoquerait un électrochoc en Grande-Bretagne
et une prise de conscience de ce pays pour prendre toute sa part à la
résolution globale de la crise migratoire de l'Europe. La véritable solution au
drame en cours, chacun la connaît aujourd'hui : une épreuve de force contre les
groupes criminels qui jettent à la mer des millions de malheureux pour amasser
des fortunes ou dans le but stratégique de déstabiliser le continent. Rien ne
se fera sans une volonté politique commune des grands Etats européens pour
assumer leurs responsabilités et prendre le contrôle des rivages de la
Méditerranée livrés aux passeurs esclavagistes, quitte à un bras de fer
diplomatique ou militaire. La Grande-Bretagne avec sa puissance navale doit
prendre toute sa part à ce défi. Elle doit enfin comprendre que, du fait de la
géographie, son destin est lié à celui du continent européen qu'elle le veuille
ou non. Elle s'en sortira avec lui ou se perdra avec lui.
Migrants : l'Angleterre doit prendre ses responsabilités (30.07.2015)
Par Eléonore de Vulpillières
Publié le 30/07/2015 à 10:47
FIGAROVOX/ENTRETIEN - Après la mort d'un Soudanais tentant
de rejoindre l'Angleterre, Henri Labayle décrypte la crise migratoire actuelle.
Selon lui, l'Europe est confrontée à un défi sans précédent.
Henri Labayle est professeur agrégé de droit à la faculté de
Bayonne et à l'université de Pau. Il dirige le CDRE, laboratoire de recherches
spécialisé en matière européenne et notamment en droits fondamentaux,
d'immigration et de sécurité intérieure. Il est membre du réseau Odysseus et
directeur du GDR «Droit de l'espace de liberté, sécurité, justice».
LE FIGARO. - Cet incident révèle-t-il un échec dans le
traitement des migrants en situation irrégulière, opéré par le gouvernement?
Comment ce dernier pourrait-il régler ce type d'incident?
Henri LABAYLE: - La responsabilité de la situation excède
largement celle du gouvernement actuel. Depuis plus de quinze ans, la question
de Sangatte, hier, et de Calais, aujourd'hui, empoisonne le débat public sur la
question migratoire. Elle coïncide avec l'ouverture du tunnel sous la Manche.
Nul n'a donc de leçon à donner en la matière, à droite comme à gauche. Quitte à
déplaire aux amateurs de solutions toutes faites, je crains d'ailleurs que la
gravité du problème excède largement la compétence des acteurs en présence. Ni
l'Europe dans sa globalité, ni la France dans sa singularité ne sont
aujourd'hui en capacité de faire face à une pression migratoire sans précédent,
directement issue des conflits qui nous entourent. Tant que l'on n'aura pas
assimilé cette donnée et accepté d'aborder lucidement une question qui est d'une
extrême complexié, nous serons réduits à contempler ce spectacle navrant. Il
n'est peut être qu'un spectacle pour nous mais bien une question de vie ou de
mort pour ceux qui en sont les victimes, comme dans ce cas. Gardons-le à
l'esprit.
Alors pour vous répondre clairement : échec consternant, oui,
évidemment. Echec de nous tous, Français comme Européens, à maîtriser les flux
migratoires et le contrôle de nos frontières. Deux tempéraments pourtant à ce
constat. D'abord, qui peut prétendre raisonnablement qu'un Etat pourrait
aujourd'hui faire face, seul, à une vague de cette importance? Contrairement à
ce que l'on prétend, Schengen n'est pas un échec mais n'a pas été conçu pour un
contexte aussi grave. Crédible par temps calme, son fonctionnement appelle un
renforcement dans les circonstances actuelles. De plus, la situation en Turquie
s'aggrave alors qu'elle héberge l'essentiel des réfugiés fuyant le conflit à sa
porte, quelle sera notre réponse demain ?
Ces migrants désirent rejoindre le Royaume-Uni, qui leur
refuse l'entrée sur le territoire ; ils demeurent donc à Calais, ou en
périphérie, dans la «nouvelle jungle», une ancienne décharge. Comment dénouer
le double problème qui se pose: précarité des migrants et insécurité pour les
Calaisiens?
C'est la quadrature du cercle. Rendez-vous compte: les
migrants de Calais rencontrent aujourd'hui presque autant de difficultés à
sortir de l'espace Schengen qu'ils en ont éprouvé à y pénétrer quelques
semaines plus tôt, là aussi souvent au péril de leur vie. Ceci pour accéder à
un Etat de l'Union, le Royaume Uni, qui refuse de faire partie de cet espace!
Comment le comprendre?
Nous sommes aujourd'hui les garde-frontières d'un autre
Etat, lequel est même prêt à nous aider à financer sa propre protection. Ici
encore, soyons francs: ce qui se passe à Calais est directement la conséquence
de la situation dérogatoire accordée à la Grande-Bretagne au regard de
Schengen, ajoutée aux différents arrangements relatifs au tunnel sous la
Manche, au début des années 2000, qui délocalisent les zones de contrôle
frontaliers britanniques en France. Point à la ligne.
Ces migrants ne désirent en rien demeurer en France, ils
sont en transit. Si nous étions aussi irresponsables que certains de nos
voisins, nous fermerions les yeux sur leur passage, malgré les accords passés.
Il serait donc peut être temps de gérer le dossier dans son intégralité, de
façon enfin politique, au lieu de se féliciter des deux kilomètres de barrière
que nos voisins vont bientôt nous livrer.
C'est dire l'impasse dans laquelle la politique migratoire
en Europe se trouve et je me reconnais souvent dans les appels au réalisme et à
l'équilibre que Maxime Tandonnet développe régulièrement dans vos colonnes. Il
est vain, même en allant à la pêche aux voix, de se défausser sur «Schengen» ou
sur l'Europe et de masquer ainsi les multiples défaillances des Etats ou leur
refus de s'attaquer aux causes immédiates de cette pression migratoire. La
première explication en l'espèce est en Syrie, au Soudan, en Irak, en Erythrée,
en Afghanistan d'où ces migrants proviennent en majorité. Comment nier que, le
plus souvent, leur vie soit en cause et que ce soit la justification de leur
fuite? Le reste n'est que conséquence. S'il est une solution, elle est à
l'extérieur, dans la recherche de la paix ou du développement.
Que font ces migrants durant des semaines voire des mois?
Ont-ils une activité? Pourquoi veulent-ils aller en Angleterre?
Ils attendent, entre les mains des passeurs qui les
oppriment et dont on pourrait se préoccuper davantage, en priorité absolue
d'une action répressive qui pourrait être plus déterminée. Ils survivent grâce
à l'action remarquable des associations caritatives, des ONG et de la ville de
Calais. Et ils essaient chaque jour de passer . Quant aux raisons de leur
attirance vers le Royaume Uni, on en connaît les causes, outre les facteurs
linguistiques ou communautaires relatifs aux pays que j'ai cités: facilité
d'emploi clandestin et absence de documents d'identité sont autant d'éléments
que les passeurs font miroiter à des populations déjà convaincues. D'autant
que, malgré le discours officiel de M. Cameron sur la «forteresse sécuritaire»
que serait le Royaume-Uni, ce dernier demeure ouvert et donc attractif:
Eurostat faisait ainsi état il y a quelques mois de ses 100 000 permis de
résidence accordés en 2013 pour raisons économiques à rapprocher des 18 000
Français et des 27 000 Allemands. Pour qu'il y ait des migrants clandestins, il
faut des employeurs.
Eurotunnel a renforcé sa sécurisation en augmentant son
«dispositif de moyens humains et technologiques», indique la direction.
L'entreprise demande à l'Etat de rembourser 9,7 millions d'euros liés à «cette
pression migratoire» a indiqué son PDG. Est-ce à l'Etat ou à un groupe privé de
payer pour les effets de cette immigration mal maîtrisée?
Poser la question est y répondre. Bien évidemment qu'il
appartient à l'Etat et à lui seul d'assumer des missions régaliennes telles que celle-ci, quoi qu'en dise un ministre
qui a, parfois, une fâcheuse tendance à reporter ses responsabilités sur ses
prédécesseurs ou ses partenaires. Cela étant, le contrat de concession comme
les différents accords applicables règlent vraisemblablement le débat et
Eurotunnel a certainement des obligations à satisfaire en la matière. L'Etat
aura sans aucun doute les moyens de l'y amener.
La réforme du droit d'asile - notamment l'assignation à
résidence des immigrés en situation irrégulière, qui remplace le placement en
centre de détention - portée par Bernard Cazeneuve est-elle appropriée?
La question du droit d'asile ne concerne pas Calais: ces
migrants ne souhaitent pas demander l'asile à la France. On a d'ailleurs
assisté, il y a quelques semaines, à un spectacle assez surréaliste où le
ministre de l'Intérieur les incitait à le faire! En revanche, s'il est question
de migrants effectivement inéligibles à l‘asile, c'est davantage de l'exécution
réelle des décisions d'éloignement qu'il faut se préoccuper que de
l'assignation ou pas à résidence. La question cruciale est alors de trouver un
Etat où les reconduire.
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