L’abattoir de Maiduguri, cœur saignant de l’Etat de Borno et vivier de recrues pour Boko Haram (29/06/2017)
Boko Haram, une bombe à fragmentation qui menace toute l’Afrique de l’Ouest (27/06/2017)
L’abattoir de Maiduguri, cœur saignant de l’Etat de Borno et
vivier de recrues pour Boko Haram (29/06/2017)
A cause de la crise, on tue moins d’animaux dans le nord-est
du Nigeria. Certaines petites mains des bouchers auraient rejoint la secte
djihadiste.
Par Joan Tilouine (Maiduguri, Nigeria, envoyé spécial)
LE MONDE Le 29.06.2017 à 17h47 • Mis à jour le 29.06.2017 à
22h18
L’abattoir de Maiduguri a été quatre fois visé par une bombe,
notamment en 2015. Beaucoup de jeunes y travaillent et certains, infiltrés, ont
été séduits par Boko Haram.
On ne tue plus assez à Maiduguri. Et ça tracasse des
centaines de jeunes gens dont c’est justement le métier. La plupart de ces
petites mains du grand abattoir de la capitale de l’Etat de Borno, dans le
nord-est du Nigeria, sont illettrées, pauvres et ont quitté les campagnes
désolées qui entourent Gwoza, à 130 kilomètres de là, pour tenter leur chance
en ville.
C’est le cas d’Aboubakar, 26 ans, regard affûté et corps
costaud, perlé de sueur et de sang. Chaque jour depuis 2008, après la prière de
l’aube, ce débrouillard enfile ses bottes et son débardeur usé pour aller
découper de la viande, porter des carcasses et pousser des brouettes débordant de
boyaux et de viscères. Il fait aussi les va-et-vient entre l’abattoir et le
grand marché de Maiduguri, le Monday Market, visé par une série d’attentats. Un
travail rude, éreintant et mal rémunéré.
« Boko Haram a tué le business »
« Personne ne m’a payé l’école et c’est tout ce que j’ai
trouvé, dit-il entre deux corvées interrompues par le muezzin. Mais avec la
crise, ça ne rapporte plus assez. Boko Haram a tué le business et, à Gwoza, ma
famille est dans la misère, d’autres ont été tués. »
Sous d’immenses hangars au sol écarlate, les quatre maalem
de l’abattoir sectionnent à la chaîne les veines jugulaires et les artères
carotides des bêtes selon le rite musulman. Crise oblige, on n’abat plus qu’une
centaine de vaches par jour, autant de chèvres et de moutons.
« Avant 2009, on faisait parfois trois cents vaches par jour
et près de huit cents chèvres et moutons, car il y avait deux cent quarante
mille bouchers enregistrés ici, issus de tout le Borno. Désormais, on en compte
moins de dix mille, certains sont morts, d’autres ont arrêté à cause du
conflit. On ne sait plus », dit dans un soupir Abubakar Gulla, le patron de
l’abattoir, qui reçoit dans un local près de la petite mosquée et du salon de
coiffure. « Avant la guerre, les acheteurs...
L’ACCÈS À LA TOTALITÉ DE L’ARTICLE
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http://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/06/29/l-abattoir-de-maiduguri-c-ur-saignant-de-l-etat-de-borno-et-vivier-de-recrues-pour-boko-haram_5153244_3212.html
Entre Maiduguri et Boko Haram, une lutte à mort (3/5).
Eclaté en plusieurs factions, le groupe djihadiste né au Nigeria cherche à
étendre son champ d’action.
Par Joan Tilouine (Maiduguri, Nigeria, envoyé spécial)
LE MONDE Le 27.06.2017 à 19h20 • Mis à jour le 27.06.2017 à
19h24
Après un attentat-suicide à Maiduguri, le 8 juin 2017.
« Celui qui dit “le conflit est fini” ment. Boko Haram est
loin d’être mort. » Dans son fastueux bureau, au premier étage d’une grande
villa surprotégée de Maiduguri, Kashim Shettima, le gouverneur de l’Etat de
Borno, dans le nord-est du Nigeria, ne peut que contredire l’armée et le chef
de l’Etat. Ceux-ci ont annoncé à plusieurs reprises avoir « défait
techniquement » le groupe terroriste qui, en 2009, après l’assassinat de son
fondateur, Mohamed Yusuf, par les forces de sécurité, avait lancé depuis cette
même ville son djihad meurtrier.
Le gouverneur Shettima se montre préoccupé à la lecture d’un
rapport confidentiel recensant la longue liste des derniers « incidents » – au
moins un par semaine. La « saison » des attentats-suicides, interrompue entre
septembre et janvier, a en effet repris de plus belle à Maiduguri, même si le
nombre de victimes est en diminution. Les forces de sécurité viennent de
démanteler deux unités de fabrication d’explosifs en plein centre-ville, ce qui
ravive la crainte d’attentats de grande ampleur.
Maiduguri fait toujours figure de citadelle assiégée dans
cette région dévastée par la mort de plus de 20 000 personnes et qui compte plus
de 2,6 millions de déplacés depuis le début du conflit. Dans le territoire de
cet Etat grand comme deux fois la Belgique, frontalier du Tchad, du Cameroun et
du Niger, de nombreux espaces échappent toujours au contrôle de l’armée. Les
djihadistes continuent de se déplacer, de se ravitailler, de s’introduire dans
les réseaux économiques et d’opérer militairement.
Le Borno, « province » de l’Etat islamique
Si Boko Haram a pu sembler affaibli, c’est parce qu’il a
éclaté en plusieurs factions. Le mouvement djihadiste, dépourvu de commandement
central, se divise désormais en deux ou trois groupes. Selon plusieurs sources,
ces factions discuteraient depuis mars d’une éventuelle réunification sous la
houlette d’un certain Mamman Nur.
On sait...
L’ACCÈS À LA TOTALITÉ DE L’ARTICLE EST PROT
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http://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/06/27/boko-haram-une-bombe-a-fragmentation-qui-menace-toute-l-afrique-de-l-ouest_5152069_3212.html#z91rsYvEwdzwJppg.99
A Maïduguri, au Nigeria, l’amour au temps de Boko Haram (15.02.2017)
La Saint-Valentin a été célébrée dans la ville qui a vu
naître la secte terroriste avec la même ferveur que dans beaucoup d’autres
parties du monde.
Le Monde.fr avec AFP Le 15.02.2017 à 10h53 • Mis à jour le
22.03.2017 à 10h56
A l’occasion de la Saint-Valentin, des Nigerians dansent
dans un hôtel de Maiduguri, le 14 février 2017.
Audu Suleiman Salomon est tombé amoureux de Lucy au premier
regard, assure-t-il. Mais il a mis cinq ans à convaincre sa douce de le
rejoindre, à Maïduguri, le cœur de l’insurrection de la secte islamiste
nigériane Boko Haram.
Quelques mois plus tard, il épousait la femme de sa vie.
C’était « le 24 octobre 2015 », lance-t-il avec fierté. En ce jour de
Saint-Valentin, un nouveau-né dans le porte-bébé, ils sont venus immortaliser
leur amour dans un studio photo poussiéreux du centre de la capitale de l’Etat
du Borno, en proie aux attentats et aux attaques sanglantes depuis près de huit
ans.
Ce 14 février, le studio de photographie ne désemplit pas.
Les employés impriment les clichés à la chaîne ou les envoient en copie
numérique. Accoudés au comptoir, couples et familles unies attendent,
impatients d’afficher enfin leur amour sur les murs de leur salon ou de leur
profil Facebook. Ces murs, ternis par l’humidité, seraient presque une
parenthèse enchantée : le reste de la région souffre toujours de la guerre et
de la faim. Le conflit a fait 20 000 morts depuis 2009 et 2,6 millions de
personnes ont fui leur foyer.
En un coup de Photoshop, les génies de l’image transportent
leurs modèles de la journée dans un appartement de luxe ou dans les sous-bois
de Central Park. Il n’y qu’à choisir son décor. « L’amour est important, nous
avons eu à affronter beaucoup d’épreuves ici, surtout au niveau de la sécurité
», explique Audu Suleiman Salomon devant les yeux admiratifs de son épouse. «
Il y a beaucoup de déplacés. Mais si les familles sont déplacées ensemble, si
elles peuvent rester unies, je pense que même le manque de sécurité n’est pas
une épreuve. »
Sous la loi coranique de la charia
Evangeline, Sira et Helen sont venues entre copines pour se
faire tirer le portrait. Leurs petits amis n’ont pas pu se libérer. « Mon
fiancé est en voyage, mais où qu’il soit, je sais qu’il est en train de
célébrer avec moi », confie Helen, les traits maquillés et habillée d’une robe
jaune.
En un clic, les clichés sont envoyés directement sur
WhatsApp à l’autre bout du pays. « La crise n’aide vraiment pas [à entretenir
des relations amoureuses]. Mais, aujourd’hui, nous voulons oublier les
problèmes et célébrer », explique son amie Sira.
Lire aussi : BokoHaram perd du terrain au Nigeria
La Saint-Valentin est loin d’être une fête traditionnelle
dans le nord-est du Nigeria, où les musulmans, majoritaires dans le Borno,
vivent sous la loi coranique de la charia. La secte Boko Haram, fondée par
Mohamed Yusuf au début des années 2000 à Maïduguri, voulait imposer un mode de
vie ascétique, dans une ville réputée assez libre dans la région. « Mais les
gens se sont habitués peu à peu à fêter la Saint-Valentin », explique le
propriétaire du studio, Sani Danladi, à l’AFP. « Avant, personne ne savait ce
que c’était. Avec les réseaux sociaux, c’est partout. Alors, ils copient, sans
même savoir d’où ça vient. »
Et ce n’est pas le petit businessman qui s’en plaindra. «
C’est bon pour les affaires, j’aime beaucoup cette journée ! » s’amuse-t-il,
satisfait que les grands rituels de la société de consommation occidentale
soient adoptés dans cette partie du monde.
En hidjab ou en robes moulantes
Même si « la Saint-Valentin est pour tout le monde,
chrétiens et musulmans », comme l’affirme un autre père de famille venu se
faire tirer le portrait avec son épouse et ses deux filles, il est toujours
plus facile de parler d’amour et surtout de le montrer dans la minorité
chrétienne de la région.
Dans les quelques bars de la ville, on organise des fêtes «
spéciales Saint-Valentin » dès l’après-midi pour profiter des bières et des
basses avant le couvre-feu obligatoire de 22 heures. Au Lac Chad Hôtel ou au
Pinnacle, les filles, en hidjab ou en robes moulantes, fument et flirtent, sous
les regards habitués de leurs amis. « Ce n’est pas un crime de venir chercher
un petit ami », s’indigne Joy, jolie étudiante, née dans le sud du Borno. « On
vit dans un monde libre, non ? » ajoute-t-elle, comme si l’on pouvait en
douter. Joy a peut-être grandi en temps de guerre, et sous les interdits des
extrémistes, mais cela ne l’empêche pas de rêver du prince charmant.
« Un jour, je veux me marier au meilleur et au plus
extraordinaire des hommes. Il m’aimera, m’adorera, me chérira, et nous aurons
une belle maison. » Elle hésite. « Et aussi, j’ouvrirai ma propre entreprise. »
Même à Maïduguri, les contes de fées changent avec le temps.
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http://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/02/15/a-maiduguri-au-nigeria-l-amour-au-temps-de-boko-haram_5079919_3212.html#ivkFsLh4SJjoFWJt.99
Boko Haram n’a été « chassé de nulle part », affirme son
chef historique (29.12.2016)
Dans une vidéo publiée jeudi, Abubakar Shekau affirme que le
groupe djihadiste se trouve toujours dans la forêt de Sambisa, un de ses
derniers bastions.
Le Monde.fr avec AFP Le 29.12.2016 à 14h31 • Mis à jour le
29.12.2016 à 15h47
Un véhicule militaire nigérian à Bama, le 8 décembre.
Le chef historique de Boko Haram, Abubakar Shekau, a diffusé
jeudi 29 décembre une nouvelle vidéo dans laquelle il conteste les affirmations
du gouvernement nigérian selon lesquelles le groupe jihadiste a été chassé de
la forêt de Sambisa, un de ses derniers bastions dans le nord-est du pays.
« Nous sommes en sécurité, nous n’avons été chassés de nulle
part. Et les tactiques et les stratégies ne peuvent pas révéler notre position,
sauf si Allah le veut », affirme Shekau, entouré de combattants cagoulés et
armés, dans une vidéo de 25 minutes.
Lire aussi : Boko
Haram perd du terrain au Nigeria
Le président nigérian Muhammadu Buhari avait déclaré samedi
24 décembre que l’armée avait « écrasé » Boko Haram dans la forêt de Sambisa,
où l’armée mène des opérations depuis plusieurs mois.
« Vous n’avez pas encore de répit »
Shekau, annoncé mort à de nombreuses reprises par les
autorités nigérianes, apparaît en bonne santé physique sur cette nouvelle
vidéo. « Vous ne devriez pas mentir aux gens. Si vous nous avez écrasés,
comment pouvez-vous me voir ainsi ? Combien de fois nous avez-vous tués ? »,
fanfaronne le chef rebelle.
Shekau ne précise pas où il se trouve, mais affirme que la
vidéo a été tournée le 25 décembre, jour de Noël. S’exprimant tour à tour en
arabe et en haoussa, il profère de nouvelles menaces contre l’armée et les
Nigérians. « Vos soldats veulent avoir un répit, c’est pourquoi ils ont dit
qu’ils ont terminé le travail », ajoute-t-il. « La guerre n’est pas terminée
(…) Oh peuple du Nigeria, vous n’avez pas encore de répit ».
Lire aussi : Dans le
nord-est du Nigeria, un demi-million d’enfants menacés par la faim
L’annonce de la reprise de la forêt de Sambisa était une des
rares bonnes nouvelles pour l’administration Buhari en cette fin d’année, au
moment où le pays traverse d’importantes difficultés économiques. Après
plusieurs revers militaires, de nombreux combattants fidèles à Shekau s’étaient
retranchés dans cette forêt de quelque 1 300 km², située dans l’Etat du Borno.
L’année dernière déjà, le gouvernement nigérian avait
annoncé que la secte était « techniquement vaincue », après avoir perdu de
larges pans de territoire face à l’armée nigériane et ses alliés régionaux.
Mais les islamistes poursuivent des attaques ciblées et des attentats
meurtriers, principalement contre des civils.
Selon des spécialistes des questions de sécurité, Boko Haram
s’est scindé en deux cette année, avec une faction dirigée par Abubakar Shekau,
qui opère dans la forêt de Sambisa, et l’autre, alliée à l’Etat islamique et
dirigée par Abu Musab al Barnawi, qui est basée dans le bassin du lac Tchad.
En savoir plus sur
http://www.lemonde.fr/afrique/article/2016/12/29/boko-haram-n-a-ete-chasse-de-nulle-part-affirme-son-chef_5055343_3212.html#HtDYMEqgwR3oqFoF.99
Nigeria : Boko Haram, un péril toujours présent (16.05.2016)
Un sommet régional s’est tenu à Abuja, la capitale
nigériane, pour mieux lutter contre la secte djihadiste qui, bien qu’en recul,
conserve un certain pouvoir de nuisance dans la région du lac Tchad.
Par Aymeric Janier
LE MONDE Le 16.05.2016 à 07h36
Conférence de presse commune à l’issue du sommet régional
consacré à la lutte contre Boko Haram, à Abuja, le 14 mai. De gauche à droite,
les présidents Mahamadou Issoufou (Niger), François Hollande (France),
Muhammadu Buhari (Nigeria), Idriss Déby Itno (Tchad) et Paul Biya (Cameroun).
Ces dernières années, à grand renfort de déclarations
tonitruantes, les responsables politiques et militaires nigérians ont plusieurs
fois annoncé sa fin imminente. Las ! La secte djihadiste Boko Haram, toujours
vivante, poursuit son œuvre macabre.
Certes, les résultats obtenus par le
gouvernement de Muhammadu Buhari contre le groupe terroriste sont «
impressionnants », a estimé le président français, François Hollande, samedi,
lors d’un sommet régional à Abuja. Néanmoins, il demeure une « menace ».
BBC
Depuis le déclenchement de son insurrection armée, en 2009 (soit sept ans
après sa naissance, en opposition à l’éducation occidentale, considérée comme
un péché), Boko Haram est responsable de la mort de près de 20 000 personnes.
Sa violence a également poussé 2,2 millions de citoyens sur les chemins de
l’exil.Ces déplacements forcés de populations ne sont pas étrangers à la crise
alimentaire qui sévit dans le bassin du lac Tchad et touche près de 4,2
millions d’individus.Pour se soustraire à l’emprise du groupe, notamment à son
appétence mortifère pour les enlèvements de masse, de nombreux Nigérians ont
été contraints de fuir vers les pays environnants – le Cameroun, le Tchad et le
Niger. CNN
Mais ce qui préoccupe le plus la communauté internationale, à
commencer par le Conseil de sécurité des Nations unies, ce sont les liens
étroits entre Boko Haram et l’organisation Etat islamique (à laquelle les
zélotes d’Abubakar Shekau ont prêté serment d’allégeance en mars 2015). The
Independent
Eu égard à la volatilité géopolitique qui prévaut en Afrique
subsaharienne, le mouvement nigérian, qui, depuis son ralliement à l’EI, a pris
le nom de Wilayat d’Afrique de l’Ouest, peut-il être vaincu ? s’interroge
Al-Jazira.
Pour Vincent Foucher, analyste à l’International Crisis Group, la
bataille ne se gagnera pas seulement par les armes, mais aussi – et avant
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